|
Informations sur vos actions...
![]()
Il n'y a pas de Mort...
Il n'y a pas de Mort, il n'y a que la Force
Avant, il avait été un Jedi. Il avait été de ceux-là qu'on respectait ou que l'on craignait, que l'on idolâtrait ou que l'on abhorrait. Il avait été de ceux qui pouvaient se prétendre être les Gardiens de la République, de la Paix et de la Justice Il avait été Chevalier Jedi Mais, de la République, de la Paix et de la Justice, il ne restait que des ruines, sur lesquelles le Nouvel Ordre Impérial s'était fondé. Il l'avait appris un matin, dans un bar mal famé des bas-fonds de Coruscant. Il l'avait appris, alors qu'il était déjà mort. Il faisait froid, ce jour-là Il semblait avoir toujours fait froid Depuis combien de temps n'y avait-il plus de chaleur ? Il ne le savait pas il ne le savait plus, il n'y avait plus de temps, il n'y avait plus de journées Il n'y avait plus qu'une longue nuit de douleur seul terriblement seul au milieu de plusieurs dizaines de milliards d'âmes, sur la planète capitale de l'Ordre Nouveau Il n'y a pas de Mort, il n'y a que la Force paraît-il Tout s'était effondré. Tout s'était terminé il y a si longtemps ou si peu de temps ? Peu importait, en vérité Peu importait, car le Monde s'était arrêté ce jour-là Il le savait car il l'avait ressenti. Il avait entendu, en son for intérieur, l'Univers hurler la complainte de la mort, et la Force le lui souffler. Il avait ressenti la douleur, la souffrance, la peur, la colère, le doute et la Mort dans chacun de ses membres, dans chacune de ses cellules, pour chacun de ses frères qui tombait quelque part dans la Galaxie, sous le feu meurtrier de ceux qu'ils avaient pris pour leurs éternels alliés et l'objet de leur victoire. Son esprit avait été submergé par cet instant, noyé dans un maelström interminable de sentiments qui ne lui appartenait pas Il avait été eux Et il avait été mort pour eux. Il s'était effondré, il avait pleuré toutes les larmes de son corps et avait hurlé Cette si forte Empathie qui l'avait toujours lié à ses pairs l'avait alors tué Puis, il avait entendu ces mots, prononcés par cette voix qu'il n'avait jamais ouïe, mais qu'il connaissait si bien. C'était la voix de la mort, celle de la fin d'un long rêve sans fin « Exécutez l'Ordre 66 » Et ce fut la fin de l'Ordre Jedi Ce jour-là, il fut vraiment seul pour la première fois seul avec les douleurs de tous ses frères comme unique fardeau Il n'y a pas de Mort, il n'y a que la Force et la douleur Depuis, son esprit embrumé ressassait cet instant fatidique, comme s'il avait voulu le punir Mais était-ce de sa faute ? Qu'aurait-il pu faire pour ne pas en arriver là? Qu'aurait-il fait face à l'Ombre qui les avait tous achevé? Rien personne n'y pouvait rien, car l'obscurité était plus forte. Elle avait été plus forte, cette fois, et les Jedi avaient perdu. Mais, il avait survécu il avait survécu pour revivre la fin à chaque instant. Quelques temps après, il avait aperçu son visage dans une fosse holo, quelque part Selon les nouvelles, les rares Jedi survivants devaient être traqués, et tués, jusqu'au dernier. Il avait vu défiler des visages et des noms de Jedi pouvant se trouver sur Coruscant. Il vit le sien apparaître à l'écran. Il ne lui fallut que cela pour ne plus faire fi de la réalité. Depuis ce jour, il fuyait. Il fuyait l'Ombre qui assombrissait la planète, il fuyait la mort qui le poursuivait. Et il fuyait les voix qui hurlaient en lui Il avait erré dans les rues, sans but, se cachant dans des ruelles sombres, buvant l'eau qui suintait des canalisations, se nourrissant des nuisibles qui venaient le gêner dans son sommeil S'il avait été Jedi, personne n'aurait pu l'affirmer car s'il n'était plus Jedi, il n'était pas plus un homme, désormais. Il n'était plus que le messager de la douleur qui sommeillait en lui. Seul son sabre laser témoignait de son passé Il avait évité la mort à de nombreuses reprises, évitant les patrouilles impériales qui circulaient dans les rues, à la recherche de survivants Jedi ou d'opposants. Il avait assisté à des pillages et à des meurtres. L'Empire était né et le Chaos avec lui. Il n'y a pas de Mort, il n'y a que la Force Vraiment ? Il aurait pu mourir. Il aurait pu tout arrêter maintenant, et en finir. Pourquoi continuer? Seul, qui plus est. Seul au monde. Peut-être parce qu'il restait un espoir. Il reste toujours un espoir, aussi fou soit-il. Il portait la mémoire de ses pairs en lui. Il était tout ce qui reste de l'Ordre... ce fardeau qu'il s'était offert jadis ne lui laissait pas la liberté de mourir. Il devait vivre. Il devait vivre, car il était peut-être la dernière mémoire des Jedi... Et parce qu'il avait si peur de mourir Un jour, cependant, une femme vint l'aborder, dans une de ces sombres ruelles qu'il avait fait siennes. Elle lui avait parlé d'une organisation secrète sur Coruscant, une résistance qui visait à renverser l'Ordre Nouveau. Combien de temps s'était-il passé après l'Ordre 66 ? Selon la femme, un mois s'était écoulé Cela faisait un mois qu'il était une ombre sans vie dans le paysage agité de la planète-capitale. Elle l'avait trouvé en suivant de nombreuses pistes de passants qui l'avaient entr'aperçu, de barman intrigué de sa conduite, ou autres encore. Elle venait lui proposer de venir faire partie de cette résistance cachée. Il avait accepté, car c'est tout ce qui lui restait comme espoir Alors, on l'avait emmené dans d'autres sombres ruelles, dans les quartiers industriels. La base de la résistance était un bâtiment miteux, croulant, entre deux usines rutilantes. On l'avait présenté à la poignée d'idéalistes qui voulait renverser l'Empereur, armés de quelques armes bon marché et d'une solide volonté. Ils souriaient, tous, à son arrivée. Il était le seul Jedi du groupe, et son arrivée était fort attendue. Il se souvenait avoir été surpris de cette réaction. Ils étaient heureux, ils croyaient en ce qu'ils clamaient. Ils croyaient que tout était possible Car, pour eux, tout était possible Tout de suite, les missions commencèrent. Ils attaquaient des convois impériaux, prenaient d'assaut des bâtiments d'administration importants, détruisaient quelques vaisseaux de guerres impériaux. Ils menaient une véritable guérilla urbaine, et ils étaient vraiment doués. Les Services de Sécurité de Coruscant étaient même à leur recherche, en vain. Après un mois, ceux qui formaient sa nouvelle famille d'accueil devinrent ses amis Mais, au fond, il le savait, tout cela ne menait à rien. Toutes ces courtes victoires n'étaient qu'illusoires. L'Empire ne tomberait pas. Il lui fallait juste une cause à défendre. Au moins, par respect pour ceux qui se sont battus avant lui. Mais quel respect? Et les attentats s'enchaînèrent, les uns après les autres. Quelle vie était-ce pour un ancien Jedi ? Quelle vie était-ce pour un homme ? Le moral de la résistance faiblissait, à mesure que les victoires acquises semblèrent de plus en plus inutiles. À tel point que l'Empire semblait les ignorer complètement, malgré leurs efforts. Et, au fond de lui, il entendait toujours les voix crier, hurler à la mort, à la douleur Au fond de lui, son âme déchiquetée souffrait toujours le martyr. Et lui ne voulait pas mourir. Il en avait peur. Il avait peur de devenir une de ces voix qui lui soufflait la douleur Il n'y a pas de Mort, il n'y a que la Force l'Enfer porte-t-il un autre nom ? Un matin, le leader de leur groupe arriva en trombe dans leur dortoir commun. Elle affichait un air plus que réjoui, et la nouvelle qu'elle s'apprêtait à annoncer allait redonner espoir à leur résistance. Elle avait reçu un appel de Mon Mothma elle-même, sénateur d'une République qui faisait désormais partie du passé. Elle, qui avait passé tant de temps depuis deux mois à essayer de contacter les nombreux groupes de résistance, qui les contactait tous afin de former une grande Union des mouvements rebelles Et c'est ce qui devait arriver qui arriva alors, avortant les espoirs des premiers rebelles. Les clonetroopers impériaux trouvèrent le Quartier Général de la résistance. Les lasers fusèrent, le périmètre fut bouclé Il n'y avait plus aucun échappatoire. Les résistants sortirent de leur cachette, armes en mains, prêts à défendre leur vain idéal. À nouveau, le feu Jedi voyait ceux qu'il avait appris à aimer se faire massacrer sous ses yeux. Les soldats impériaux furent sans pitié, et ce fut un carnage absolu. Les parfaites machines de guerre qu'étaient les clones firent scrupuleusement leur travail, sans réfléchir, sans discuter. L'ironie du sort, c'était que lors de la Guerre des Clones, il avait approuvé la création de cette armée. À l'époque, il avait trouvé que c'était une bonne idée Il ne chercha pas à fuir. Il avait continuellement fuit depuis l'Ordre 66, il avait fui ce qu' il était, il avait fui la réalité pour se cacher dans l'ombre, il avait fui sa propre voix pour se verser dans le terrorisme. Ce n'était pas ce qu'un Jedi souhaiterait être. Et à quoi bon ? Un jour ou l'autre, on le traquerait, et on le tuerait. Il tomberait, et disparaîtra dans les méandres de l'oubli, restant pour ceux qui s'en souviendront le Jedi qui n'en était plus un et qui mourut pour des idéaux qui n'étaient pas les siens. Alors, il dégaina son sabre pour la première fois depuis des mois, face aux soldats surpris. Et pour la mémoire qui sommeillait en lui et que l'Ordre Nouveau avait tenté de lui arracher, pour le peu d'Empathie qui lui restait et qui faisait renaître en lui les voix égarées de ses frères tombés sous le joug des Sith, il dit enfin ce qu'il avait toujours eu à dire : «Au nom de l'Ordre Jedi et de la République Galactique, vous êtes en état d'arrestation pour crime contre la Civilisation.» Les lasers fusèrent alors, parfaitement synchrones, parfaitement mortels. Il en para certains, tua quelques clones parmi tant d'autres avant de succomber au feu laser. Il fut vaincu par les traîtres qui avaient fait d'un instant dans l'Histoire une blessure dans son cur qui ne se refermerait jamais. Dans son esprit, les voix se turent alors, et ce fut le silence. Il comprit alors la vérité. Il comprit que les Voix qui lui criaient leur douleur n'était pas ces Jedi assassinés lors de l'Ordre 66. Elles venaient de lui. Elles étaient juste la résultante de ses propres angoisses, comme un écho du passé remontant le flux de la Force. Il n'y avait pas d'âme torturée... il n'y avait que son doute et la Force pour lui le lui rappeler... Il n'avait pas la Mémoire des Jedi en lui... Il faisait partie de cette Mémoire... Il tomba alors à genoux et sourit. Enfin, après ceux de ses frères, il vivait ses propres sentiments, sa propre douleur et son infini soulagement. Enfin, il vivait sa propre mort, en tant que Chevalier Jedi, représentant d'un Ordre Millénaire, éternel Gardien de la Civilisation, de la Paix, et de la Justice Quel que soit le contexte, et ce jusqu'à ce que les étoiles s'éteignent Il n'y a pas de Mort, il n'y a que la Force Voilà pourquoi il y aura toujours un Espoir Parce que les Jedi ne meurent pas |
|