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INTRODUCTION
IL Y A BIEN LONGTEMPS,

DANS UNE GALAXIE LOINTAINE, TRES LOINTAINE?


C'est une période de Guerre Civile. La chute de la République a amené l'Empereur Palpatine au pouvoir. Avec l'aide de Dark Vador, son âme damnée, il a éliminé presque tous les Chevaliers Jedi. Seuls quelques-uns ont survécu et se terrent en attendant un Nouvel Espoir.

Contestant ce nouveau régime de terreur, une Rébellion s'est organisée autour de Mon Mothma, Garm Bel Iblis et Bail Organa, unis par le Traité Corellien. Afin de corroborer la rumeur persistante d'une super-arme construite par l'Ordre Nouveau, l'opération SKYHOOK est lancée. Son but : aller au coeur de l'Empire, sur Coruscant, et trouver des renseignements sur cette menace ultime. Parmi les agents dépêchés se trouve un Jedi hanté par son passé, Lebad Katarn, qui s'est exilé sur BAKURA, un monde situé à la périphérie de la galaxie.

Alors que la bataille commence dans la Galaxie, une MENACE EXTERIEURE se profile à l'horizon.





« Pas une seconde de répit,
Pas une minute de repos.
Obligé de vivre cette vie
Qui fait de lui un héros. »

Laura Hayden

CHAPITRE PREMIER: Menace Extérieure
Le jeune colonel impérial Zaar Horla contemplait l'espace intersidéral derrière une immense baie de transparacier. Tout était immobile. Si beau. Si froid. Il adorait se remémorer les notions d'astronomie dispensées à l'Académie. Ces cours magistraux qui lui permettaient à présent de reconnaître aisément telle étoile, tel pulsar ou quasar. La Galaxie était immense, et sa carte ne cessait de se préciser depuis les conquêtes et les colonisations de la République. Elle s'organisait à partir d'un gigantesque trou noir, près duquel se dissimulaient les antiques planètes du Noyau Sombre. Autour de cette zone particulièrement dangereuse était le Noyau, la région stellaire la plus habitée et d'où les colons étaient originaires.

Autrefois le nid de la République, elle était devenue rapidement le symbole du pouvoir impérial émergé vingt ans plus tôt. Les Colonies correspondaient à la zone proche du Noyau. Peuplées et très industrielles, elles étaient exclusivement gérées par l'Ordre Nouveau. Les limites du Noyau franchies, la Bordure s'étendait dans l'infini. Divisée en trois, elle débutait avec la Bordure Intérieure, « le bord ». Ses territoires, bien qu'aussi civilisés que ceux du Noyau, n'avaient pourtant que peu de richesses et de planètes exploitables en dépit de leur terraforming.

Face aux exigences toujours plus importantes de l'Empereur Palpatine, nombre de ses habitants avaient émigrés vers la Bordure Extérieure - la Frange - lieu des ressources en minerais et en esclaves de l'Empire. Loin du contrôle du Noyau, cette zone était souvent soumise aux révoltes des populations, d'où une répression intense du gouvernement autoritaire et totalitaire qui renforçait un sentiment exponentiel d'oppression. Au-delà s'ouvrait l'Espace Sauvage, véritable frontière de la Galaxie qui donnait sur les Régions Inconnues.

Zaar Horla connaissait absolument tout cela par c?ur. Il vivait dans une station de la Frange, à la lisière du système de Bakura. Depuis des années, il attendait le débarquement d'envahisseurs extragalactiques, mais il savait qu'il s'agissait d'un rêve, une vieille réminiscence de ses désirs d'enfant. L'espace noir se montrait orgueilleux et capricieux et refusait égoïstement à cet homme de révéler ses secrets. Rien ne bougeait, comme s'il était hors du temps, hors de l'entropie qui régnait en maître sur cette Galaxie.

Le temps. Horla savait que le continuum ne dépendait pas seulement de l'espace mais aussi du temps, et il n'en maîtrisait pas aussi bien les caractéristiques. Sur Bakura, le temps n'était guère différent du reste de la Galaxie. Les mesures standard utilisées dérivaient toutes des mesures locales de Coruscant.

Au sein de ce qui avait été l'Ancienne République - mais qu'on appelait maintenant l'Empire Galactique - un jour standard consistait en vingt-quatre heures. Il y avait cinq jours standard dans une semaine standard et sept semaines standard dans un mois standard. Une année standard était composée de trois cent soixante-huit jours standard, divisés en dix mois standard, trois « semaines festives » et trois autres semaines de vacances, toutes en l'honneur de différents festivals, célébrations et autres rituels.

La plupart des mondes civilisés avaient adopté ces mesures générales, mais Bakura - isolée du Centre Impérial - restait attachée à son heure locale et à ses journées de près de vingt-trois heures. L'espace-temps restait donc un réel mystère pour Horla, obsédé par ces questions existentielles. Alors que l'encre noire refusait toujours de s'étaler, le colonel mit sa main devant la bouche et bailla. Ses yeux le piquaient, et il les essuya.

Soudain, il remarqua un point qui se rapprochait de la Station Garde III où il travaillait. Fasciné, il gagna une console d'ordinateurs pour vérifier sur le radar. Tout semblait normal. Il n'y avait aucune trace de ce mystérieux point. Pourtant, il voyait l'objet se rapprocher dangereusement. S'essuyant à nouveau les yeux pour chasser cette étrange hallucination, il constata rapidement que son esprit ne lui jouait guère de mauvais tour. Il s'agissait bel et bien de la réalité.

Allumant un comlink, il se brancha sur la fréquence de son supérieur et parla, alors qu'il ne pouvait s'empêcher de se réjouir. Mais bientôt, cette joie se mua en un stress émotionnel intense, puis en une peur paralysante.

- Amiral Zorg, annonça-t-il, anxieux. Un aérolithe a pénétré l'espace sectoriel bakuran et les détecteurs n'affichent rien.

- Comment ? répondit son interlocuteur ébahi.

Le Colonel Horla s'approcha de la vitre et regarda. Son esprit mathématique lui permit de donner une approximation des coordonnées spatiales de ce « point ».

- Il est en latitude moins trois par rapport à Graen Prime, précisa Horla.

L'autre aperçut enfin le « point » dans l'espace d'ébène. Sans perdre son sang froid, il fit volte-face et marcha vers son bureau. Rapidement, il mit fin à la communication.

- Merci, Colonel Horla.

Il coupa la transmission et déclencha l'alerte rouge, puis quitta ses quartiers pour le niveau inférieur. Un mouvement d'agitation ébranla rapidement Garde III. Nombre de soldats pensaient qu'il s'agissait d'un exercice de routine - comme ils en avaient l'habitude -, mais ils comprirent bientôt que ce n'était pas le cas. L'ambiance était effectivement moins détendue...

Zorg se plaça derrière le lieutenant Torie qui le salua, puis se mit au repos.

- Que se passe-t-il, mon Amiral ?

- Un vaisseau non-identifié nous fonce dessus. Faites lever le bouclier et armez les batteries de turbolasers.

- Bien, mon Amiral.

Torie s'activa et confirma le code d'activation qu'il venait d'entrer. En un clin d'oeil, une bulle translucide de couleur bleutée recouvrit la station. Des trappes s'ouvrirent dans les parois, et en émergèrent des dizaines de tourelles. Un énorme canon laser s'arma sur la face nord du vaisseau orbital qui se positionna face à l'agresseur.

Les officiers s'agitaient à cause du bruit de l'alarme. Pourtant, Zorg demeurait calme. Il gardait son sang froid afin de gérer le plus efficacement la crise qui se profilait. Bientôt, il vit se dessiner un vaisseau rectiligne visiblement issu d'une technologie inconnue.

- Lieutenant, envoyez un message d'identification.

L'autre s'exécuta sur l'instant.

- Aucune réponse, mon Amiral.

- Bien. Le canon est-il opérationnel ?

- La cible est verrouillée.

- Faites feu.

Torie pressa le bouton de mise à feu. Un trou apparut dans le bouclier et l'immense laser fila vers l'engin. L'explosion fut telle que tout l'équipage de la station fut aveuglé. Retrouvant progressivement la vue, Zorg jeta un oeil vers le lieutenant.

- Toujours rien sur nos scopes, dit l'Amiral encore perplexe.

Torie remarqua que l'engin n'avançait plus.

- Assurément, nous l'avons eu.

L'alarme se stoppa net.

- Envoyez l'équipe Chrysaor récupérer les débris de l'engin.

Zorg se retourna.

- Major Kar Nanos, informez les autorités de Bakura de cette visite inattendue. Qu'ils avertissent le Centre Impérial.

Le calme était revenu mais l'officier appela son supérieur.

- La liaison est coupée !

- L'engin a dû activer un brouillage. Envoyez donc un droïde messager.

Le Colonel Horla débarqua dans la pièce.

- Amiral, l'équipe Chrysaor arrive sur les lieux de l'explosion.

- Parfait, nous allons enfin voir à quoi ressemblent nos visiteurs inopportuns.

Après cinq minutes, le Capitaine Arsein, responsable du groupe d'exploration Chrysaor, contacta la station en direct. Zorg appuya sur un bouton et une image tridimensionnelle se dessina.

- Amiral, nous avons découvert les restes de l'appareil... mais il semble y avoir un problème. Ce n'est pas l'engin que nous avons vu mais un drone d'une taille bien moindre. Il n'y a aucune trace du...

La liaison se coupa. L'alarme s'enclencha à nouveau. Horla se figea.

- Là, Amiral !

Il montra un immense vaisseau qui larguait des drones de classe Swarm.

- Armez le canon ! Tirez. Tirez !

La panique le gagnait déjà. Les drones tiraient des salves orangées qui se heurtèrent au bouclier énergétique. Des trous se formèrent rapidement dans la protection. Le mur d'énergie semblait inefficace face aux tirs ennemis. Les défenses de la station se mirent à ouvrir le feu, mais les drones, particulièrement agiles, évitaient que les canons ne les verrouillent comme cibles.

- Leurs drones traversent le bouclier ! héla Torie.

- Quoi ! Mais comment est-ce possible ?

Le canon principal tira un nouveau projectile de lumière que le vaisseau esquiva. Les drones, quant à eux, poursuivaient leur travail de harcèlement et se regroupaient stratégiquement pour annihiler les nombreuses tourelles. Les explosions se faisaient de plus en plus rapides, signe du désarmement progressif de la station...

- On l'a manqué, Amiral. Il approche. Des tentacules sortent de la coque... ce sont des câbles d'abordage !

Les tuyaux se fixèrent sur la paroi de la station et la découpèrent grâce à une technologie particulièrement élaborée à partir de cristaux. Les câbles d'abordage se transformèrent en sas et les assaillants débarquèrent. Les drones firent un autre passage dévastateur, détruisant les dernières tourelles. Le chaos envahissait Garde III. La station était livrée à l'ennemi.

- Ils n'ont pas l'air de vouloir nous tuer, annonça Horla pour tenter de se rassurer.

Rapidement, ses rêves de découvrir une nouvelle civilisation extérieure à la Galaxie s'étaient transformés en un abominable cauchemar qui devenait bien réel.

- Non, ils veulent sans doute faire des prisonniers. Réunissez les hommes et tentez de fuir, ordonna froidement Zorg.

- Vous ne venez pas ?

- Non, je les attends.

- Comme vous voulez, Amiral. Bonne chance.

- La chance n'a plus rien à voir là dedans, termina l'Amiral sur un ton pessimiste.

Horla quitta son poste sans regret, empoigna son blaster et traversa les coursives. Des sas improvisés apparurent d'étranges créatures reptiloïdes. Des tirs paralysants traversaient la station, le colonel n'y échappa pas. Il fut pris entre deux feux et, sans avoir même tiré une seule salve, fut touché à l'épaule droite. Le rayon eut un effet anesthésiant et au bout de quelques secondes, Zaar Horla s'écroula. Son cortex ayant été touché, il tomba en catalepsie. Il n'était plus qu'un esprit perdu dans un corps qu'il ne pouvait plus diriger. Intérieurement, il hurla. Les envahisseurs d'une autre Galaxie ne lui avaient même pas laissé le temps de découvrir leur apparence.

L'Amiral Zorg - qui avait regagné ses quartiers - attendit patiemment. Bientôt la porte s'ouvrit.

Prenant une attitude hautaine, il se leva et dévisagea les intrus. Hauts de deux bons mètres, ils étaient presque nus. Tenant seulement ce qui semblaient être de gros blasters, ils étaient recouverts d'écailles et adoptaient une démarche maladroite sur leurs deux pattes postérieures. Une longue queue préhensible fouettait l'air de manière systématique, sans doute pour repousser un éventuel agresseur qui tenterait de les prendre en traître. Leur crâne allongé abritait deux yeux en amande particulièrement repoussants. Chose étonnante, des langues olfactives rougeâtres sortaient de leurs narines profilées et s'agitaient dans tous les sens.

Le premier des lézards leva la tête et siffla. Le râle était si aigu que les plus fines des vitres de transparacier vibrèrent et se fissurèrent sous l'effet des infrasons. Zorg, quant à lui, sentit ses oreilles éclater et il perdit l'équilibre. Le reptile s'arrêta et l'Amiral prit la parole.

- Voici ceux qui m'ont vaincu...

Il sortit son pistolaser de son holster. Craignant la menace, un des lézards pointa son arme vers lui mais le chef - celui qui avait sifflé - l'en empêcha. L'humain ne cherchait pas à les tuer.

- Je ne mérite donc pas de vivre.

Il pointa le canon de son arme sur sa tempe, détendit le chien et s'apprêta à presser la gâchette, mais il s'arrêta. Un jeune homme d'une vingtaine d'années vêtu d'une combinaison moulante l'avait interrompu.

- Non, ne faites pas ça.

Zorg voulut, en dépit de cette exigence, mettre fin à sa vie. Le garçon leva alors la main droite et l'Amiral fut propulsé contre le mur par une puissance invisible. Son arme tomba à terre et glissa hors de portée. L'humain - nommé Sibwarra - s'approcha du corps inerte. Il l'examina et vit qu'un filet de sang coulait de sa bouche.

- [Il faut faire vite, sinon il mourra. Emmenez-le, Aronass's !] ordonna-t-il dans un étrange dialecte composé de claquements de langue et de courts sifflements. Le guerrier reptiloïde s'approcha, mais attendit que son collègue humain en ait fini avant de soulever le corps de son ennemi.

Le blessé ouvrit les yeux et Sibwarra lui parla alors en langage basique, tout en bougeant la tête d'une manière animale qui renforçait tout le mystère de cet étrange jeune homme.

- Tu voulais te suicider, mais nous ne pouvions te laisser commettre cette erreur. Ta vie nous est très précieuse.

- Laisse-moi crever en paix, pourriture !

- Non, je t'offre un bien meilleur destin. [Emmenez-le !]

Sibwarra s'approcha du chef reptiloïde et lui souffla à l'oreille :

- [Cette étape a été bénéfique, mais nous avons dû sacrifier un drone et quelques-autres ont subi de graves dommages.]

- [C'était pour assurer notre survie à tous. Et notre survie est infiniment plus précieuse que celle de ces païens.]

Les étrangers firent demi-tour, traînant l'Amiral qui agonisait. Le grand reptiloïde siffla un dernier ordre à ses subalternes.

- [Faites sauter la station.]




*

* *




Le petit cargo corellien YV-666 baptisé Heidegger émergea de l'hyperespace. Le tunnel de lumière laissa alors place aux étoiles et à l'espace d'un noir menaçant. Le navire était un vaisseau obsolète bâti autour d'une coque prolongée, d'où émergeait à l'avant un cockpit fuselé. A l'arrière, d'immenses ailes jaillissaient de la partie caudale où était dissimulé un second moteur hyperpropulseur.

Aux commandes du bâtiment se trouvaient deux humains masqués, des mercenaires dont les noms de code étaient respectivement Aigle et Tigre. Un troisième homme se tenait debout derrière eux, calculant une trajectoire. Celui-là se faisait appeler Dragon.

- Tigre, enclenche le vecteur d'approche pour rejoindre les stations de surveillance Golan et transmets le code d'identification.

L'autre s'exécuta sans discuter les ordres et abaissa une manette.

Le vaisseau décrivit alors un quart de cercle et fonça vers la planète illuminée qui monopolisait la verrière du cockpit. Les ténèbres enfonçaient avec insistance leurs griffes acérées dans la sphère d'ébène, déchirant la cité qui la composait en une multitude de zones obscures entrecoupées de mers éclairées. Le vent glacial de l'espace envenimait cette ambiance déjà effrayante, composant une atmosphère oppressante pour les habitants de ce monde.

Coruscant.

Le Centre Impérial.

La planète-cité.

Cachée sous diverses dénominations, ce monde perdu à la frontière du Noyau était la capitale de la Galaxie. La ville était à la tête d'un Empire à l'échelle galactique. Quelques trois trillions d'habitants, autant de victimes de l'ombre agressive qui les recouvrait.

Respectant les distances de sécurité, l'Heidegger approcha lentement de l'essaim de vaisseaux qui entourait ce monde. Ils passèrent à proximité d'une plate-forme orbitale Skyhook, une de celles qui donnait son nom à la mission que les agents rebelles s'apprêtaient à remplir. Ces points de passage permettaient aux habitants les plus fortunés de gagner l'espace grâce à d'immenses tubes flexibles qui reliaient les résidences de l'espace à la surface. Les mercenaires patientèrent sans un mot. Tout à coup, la communication s'enclencha, et une voix aussi étouffée que fatiguée s'éleva.

- YV-666, immatriculé AX-19-0985, baptisé Heidegger, veuillez donner le but de votre visite.

Passible, Aigle prit la parole et se pencha sur le micro du tableau de bord.

- Nous venons pour affaires.

L'autre parut satisfait de cette réponse et ne demanda pas son reste.

- Combien de temps comptez-vous rester au Centre Impérial ?

- Quinze jours.

- Quelle est votre destination ?

- Le Corridor Ecarlate.

- Merci, vous avez l'autorisation de pénétrer dans l'espace impérial du Centre. Dirigez-vous sans écart vers le vecteur 04-03 et patientez trois journées en orbite. Nous vous contacterons à nouveau pour la traversée des champs de force.

- Bonne journée, termina Aigle en se disant que la tâche du contrôleur ne semblait pas si agréable.

Chaque jour, il devait guider des milliers de vaisseaux sans jamais se tromper dans les coordonnées vectorielles qui dirigeaient les navires vers leur destination. Cependant, cette réflexion s'effaça vite face à la situation présente.

Trois jours, repensa-t-il.

Ils avaient largement le temps de visionner à nouveau le briefing d'En Gee, la femme qui les employait, et de vérifier s'ils avaient le matériel nécessaire. Et bien sûr d'espérer que la mission se déroulerait comme prévu, car l'espoir jouait un rôle important dans une opération. La première règle des terroristes était de toujours partir gagnant, même si les probabilités jouaient contre eux.

Le vaisseau, guidé par les stations orbitales, se plaça derrière une file de quelques millions d'appareils sous la surveillance des imposants destroyers impériaux. Ces monstres de métal étaient l'incarnation suprême de l'Empire. Leur silhouette triangulaire figurait concrètement l'avatar de la doctrine agressive exaltée par l'Ordre Nouveau. En restant face à eux, les trois visiteurs se demandaient encore s'ils avaient bien fait d'accepter la mission qu'on leur avait confiée. Ils ne connaîtraient cependant la réponse qu'une fois qu'ils auraient été payés, ou bien quand leur cadavre flotterait dans un cercueil de verre au c?ur de l'espace sidéral.




*

* *




Les trois mercenaires étaient installés dans la salle de repos de l'Heidegger. Tigre était à genoux, un chalumeau à la main, en train de réparer soigneusement le droïde protocolaire C-5PO. Il l'avait déjà modifié et immatriculé de façon à ce qu'il corresponde à un droïde de traduction impérial. A présent, il exécutait les ultimes modifications dans le dos du robot où il avait installé une trappe, clé de l'une des opérations qu'ils avaient à mener.

Dragon, quant à lui, sirotait un brandy corellien, ne se posant pas de questions, tandis qu'Aigle nettoyait les circuits de son sabrelaser, une arme ancestrale qui permettait de créer une lame énergétique capable de découper le plus résistant des métaux. Malgré la concentration extrême qu'ils vouaient à leurs activités diverses - surtout Dragon, qui, les yeux fermés, buvait sa boisson à l'aide d'une paille, ce qui lui demandait beaucoup d'efforts -, tous trois gardaient une certaine attention au briefing de leur employeur. D'une table holographique, un portrait tridimensionnel de la jeune femme était projeté. Dragon ironisa sur le fait que même en image, elle était toujours aussi impressionnante.

En Gee commença alors à parler.

« Aigle, Dragon et Tigre. Je vous ai réunis dans le cadre d'une opération de la plus haute importance pour le Haut Commandement de l'Alliance Rebelle. Les ordres ont été donnés directement par Mon Mothma. »

La femme dont elle parlait était le chef de la Rébellion. Mon Mothma, une native de Chandrila, était la fille du gouverneur de sa planète. De sa mère, elle avait appris à administrer, organiser et diriger. Son père était l'arbitre général de la République. Il lui avait enseigné à écouter et faire des compromis. Grâce à une telle éducation, elle était devenue sénatrice en observant le sénateur Palpatine obtenir de plus en plus de pouvoir. Elle s'était efforcée de s'opposer à lui et à son Ordre Nouveau mais toujours d'un point de vue légal. Elle obtint alors finalement le titre de sénatrice supérieure de la République. Comme beaucoup d'autres politiciens, elle vit Palpatine neutraliser ses ennemis. Même quand il se déclara Empereur, Mon Mothma crut qu'elle pourrait contenir les pires excès en utilisant les dernières procédures légales. Le Massacre de Ghorman la poussa à rencontrer Bail Organa sur Cantham pour discuter de la possibilité d'une résistance organisée face à l'Empire. Elle s'était insurgée contre le Sénat Impérial depuis le début et participa finalement à la signature trois ans plus tôt du Traité Corellien, un accord qui structurait les cellules de résistance opposées à l'Empire.

Si cette femme cautionnait la mission présente, cela signifiait qu'elle était d'une importance capitale pour l'avenir de la Rébellion.

L'hologramme d'En Gee continuait d'exposer ses directives.

« Cette opération a été baptisée « Skyhook ». Votre but est de dérober les coordonnées du système stellaire où sont cachés les plans de la nouvelle arme ultime de l'Empereur. Pour cela, vous devrez infiltrer Coruscant et prendre contact avec un Vigo du Soleil Noir.»

Elle en montra une image tridimensionnelle, mais la résolution était assez médiocre. Pour les mercenaires, il s'agissait d'un hologramme d'un autre hologramme, d'où un résultat trouble et parasité.

« J'ai moi-même contacté le Twi'lek Lonay il y a une semaine. Il est au courant de la mission et il vous fournira de l'aide. Grâce à lui, vous prendrez contact avec le Mon Calamari Ackbar, esclave personnel du Grand Moff Tarkin. Il vous donnera les informations concernant les plans. Surtout, ne tentez pas de le libérer, il a encore un rôle à jouer. Pour infiltrer les archives, vous vous ferez passer pour le Grand Moff Muzzer et l'Amiral Barrh que vous aurez tous deux capturés précédemment. Dragon fabriquera les holo-déguisements à leurs effigies. »

En Gee s'adressa plus précisément à un autre membre du commando, et quand elle se tourna vers l'endroit où Aigle était assis, tous trois éclatèrent de rire. A croire qu'elle avait imaginé dans son enregistrement où seraient placés chacun de ses employés.

« Aigle, ta mission consiste à assassiner l'Empereur. Si tu échoues, fuis : ce n'est qu'une diversion. Dragon et Tigre, vous pénétrerez le Bureau des Services de Renseignements. En vous introduisant dans leur système informatique, vous volerez les coordonnées et laisserez un cadeau aux impériaux : le virus informatique Anticorps, conçu pour effacer les traces de votre passage. Vous gagnerez ensuite le centre de communication pour transmettre les données à Jan Ors, l'agent qui supervisera le vol des plans. Votre rôle à tous les deux sera alors fini. Vous prendrez l'Heidegger et pourrez fuir Coruscant pour Danatoon. »

- C'est déjà pas mal, poupée, plaisanta Tigre en brandissant son blaster et en faisant mine de tirer sur En Gee.

« Aigle, tu rejoindras le Vigo et paiera la Soleil Noir en organisant les transactions bancaires avant de prendre place sur le paquebot Reine de l'Empire, trois jours plus tard. La première escale te mènera sur Danatoon où tu rejoindras tes collègues. Ceci constituera la fin de la mission. Vous trouverez des compléments d'information sur le datapad contenant Anticorps. Bonne chance et que la Force soit avec vous ! »

La figure holographique disparut, laissant place à un silence rapidement rompu.

- Cette mission va nous en faire baver, s'esclaffa Dragon. Je n'en reviens toujours pas.

- J'ne te l'fais pas dire. La petite nous a trouvé un vrai boulot cette fois, renchérit Tigre, s'amusant toujours avec son arme.

Le dernier, quant à lui, ne dit rien. Il préférait ne pas s'avancer sur le déroulement d'une mission car il savait que tout dépendait de facteurs qui ne s'étaient pas encore dévoilés. Il y avait toujours une part de hasard, et Aigle n'aimait pas ce qu'il ne maîtrisait pas.

- T'en fais pas, Aigle, on va y arriver, fit Tigre en lui donnant une tape amicale dans le dos.

- J'ai un mauvais pressentiment en ce qui concerne un Jedi Noir.

Quand Aigle mentionna son inquiétude, l'ambiance devint alors plus grave. Les Jedi étaient des guerriers usant de la Force - un champ d'énergie mystique entourant tous les êtres vivants - pour protéger la Galaxie du Mal. Depuis des temps immémoriaux, ils étaient un exemple d'espoir et de sagesse. S'ils maniaient leurs sabrelasers avec une adresse sans égale, ils avaient pour credo de défendre la vie et tentaient souvent de résoudre les conflits sans recourir à la violence. Du temps de la République, il existait dix mille Jedi, voués à préserver la paix dans la Galaxie. Mais les Jedi Noirs, influencés par l'Ordre malfaisant des Sith tapis dans l'ombre, les avaient massacrés presque tous, et l'implication d'un de leurs représentants obscurs plombait l'atmosphère et risquait de menacer la mission.

- La Force ne régit pas tout, mon ami.

- En tout cas, elle régit ma vie. Mais j'espère que tu as raison.

Aigle se leva, essayant d'effacer l'image du guerrier de son esprit. L'image d'un souvenir de son passé.






CHAPITRE II: Entrée en scène
Après les trois jours d'attente en orbite, il fallut encore à l'Heidegger une journée pour traverser les différentes couches de boucliers planétaires. Les hommes avaient vaqué à leurs activités le premier jour, puis s'étaient relayés pour veiller. Pendant que deux d'entre eux dormaient, le dernier restait dans le cockpit pour voir s'il n'y avait aucun problème avec les contrôles.

Enfin, le dernier champ de force s'effaçait.

Enfin, l'YV-666 gagnait l'atmosphère du Centre Impérial.

Enfin, l'appareil filait au travers des immenses immeubles pour pénétrer les bas-fonds, la zone la plus peuplée de la planète. Ils se dirigèrent vers le Corridor Ecarlate, la zone malfamée du Troisième Quadrant du Secteur Zi-Kree de la cité, un endroit où ils pourraient aisément passer inaperçus. En effet, si l'obscurité régnait en maître absolu sur ce ghetto urbain où la lumière n'était invitée que quelques minutes par jour, tout au plus, il s'agissait du moindre des dangers qui y régnaient. Eu égard à l'extrême vétusté des anciennes constructions, le Corridor Ecarlate était infesté par les rebuts de la société, qu'il s'agisse de gangs, de criminels ou de prédateurs des rues.

Rapidement, le vaisseau arriva au hangar qui, comme à l'habitude, leur servait de repaire. La lourde porte de duracier s'ouvrit lentement dans un grincement de tonnerre, puis l'Heidegger s'avança, libérant vapeurs et gaz avant de se poser.

Le hangar - une vaste salle - était occupé par quelques autres vaisseaux : trois motospeeders, un swoop, et un landspeeder XP-38. Des droïdes de réparation DUM - utilisés autrefois dans le cadre des courses illégales de Podracing sur Coruscant - s'affairaient sur les motos.

Les trois mercenaires émergèrent alors de l'appareil. Tous étaient courbaturés malgré la musculation qu'ils avaient pratiquée assidûment durant le voyage.

- La terre ferme, génial ! hurla Tigre en se dégourdissant les jambes.

Comme un enfant, il s'amusa à déranger les droïdes dans leurs travaux. L'un des robots se leva et partit en courant, traqué par le mercenaire. A la fois exaspéré et amusé, Aigle enfila un long trench-coat gris et s'avança vers la porte. Il se retourna et donna quelques ordres. L'homme semblait agacé par les comportements immatures de ses collègues, mais il savait pertinemment qu'ils prenaient la mission très au sérieux.

- Préparez le matériel. Nous nous sommes assez reposés. Je vais rencontrer notre contact. D'après En Gee, je peux le trouver au Hutt fumant. C'est un holo-pub pas très loin d'ici. A tout à l'heure, et soyez prêts !

Aigle sortit du hangar et s'aventura dans les rues bondées de Coruscant. Le Corridor Ecarlate abritait une population polyglotte et multiraciale. Les clans s'affrontaient, les organisations se faisaient et se défaisaient. Le crime organisé y régnait en tyran, déjà du temps de la République.

Après deux brèves altercations avec des autochtones - comme il était de rigueur sur cette planète -, Aigle trouva finalement le pub en question.

En contraste avec le reste de la rue, illuminée par quelques vieux néons, l'entrée du bâtiment était encadrée par des publicités clignotantes selon des fréquences différentes, ce qui donna mal aux yeux au visiteur, car la répétition d'allumage était si intense, et les couleurs si vives, que l'agression visuelle ne pouvait échapper aux passants émergeant de l'ombre.

Il entra, descendit les quelques marches et se dirigea sans hésiter vers le bar, s'adressant d'une voix ferme au barman, un imposant Dévaronien. Cette race au physique impressionnant paraissait issue des légendes de démons des humains. Pourtant, ils étaient bien réels et aussi dangereux que les monstres des rumeurs populaires. De plus, ils collaient parfaitement avec le cadre de vie dans lequel ils évoluaient au sein du Corridor Ecarlate.

L'agent rebelle ne semblait pourtant pas impressionné.

- Je voudrais voir Lonay.

Condescendant, l'autre lui désigna une alcôve cachée par un rideau de velours de corail de Mon Calamari. Aigle le remercia en posant une pièce d'un crédit, puis il s'avança au travers de la foule éclectique. Il poussa le rideau qui retomba derrière lui, couvrant le brouhaha du jizz assourdissant de l'orchestre nikto. Deux gigantesques Gamorréens brandissant une vibro-hache lui barrèrent le passage. Cette espèce porcine était fréquemment utilisée par les caïds de la pègre car leur intelligence limitée ne les poussait pas à contester les ordres. Aigle fit un mouvement de la main droite et les deux mâles s'écartèrent.

La Force lui avait permis d'accomplir ce prodige. Elle lui permit aussi de savoir que le Twi'lek qui se baignait au fond de la salle était le personnage qu'il recherchait : Lonay.

Le mercenaire s'avança au bord du petit bassin à remous ampli d'un liquide verdâtre. Sans aucune pudeur, le Vigo se leva - entièrement nu - pour sortir de l'eau où nageaient des petites anguilles d'Alderaan. Il fit un geste de la main et, de suite, deux esclaves twi'lek lui enfilèrent un peignoir multicolore.

Les Twi'lek possédaient un physique anthropomorphe, mais ce qui les distinguait des humains était surtout leurs dents pointues et les deux tentacules de chair - parfois au nombre de quatre - qui tombaient du sommet de leur crâne. Ces lekkus, comme on les appelait dans le langage vernaculaire de la planète Ryloth, constituaient la fierté de cette race, car non seulement ses membres les trouvaient physiquement très attrayant, mais ils contenaient toute leur mémoire. Aussi, ils en prenaient particulièrement soin.

- Merci Saryaa, Eryaa. Amenez-nous un verre de liqueur.

Les deux beautés lui obéirent sur l'instant.

- Qui êtes-vous, noble étranger ? l'interrogea-t-il dans un basique presque parfait.

Le Non-humain, en plus d'être incroyablement charismatique, manipulait cette langue avec une prestance rare pour un membre de son espèce. Il semblait maîtriser pleinement les subtilités du langage basique. Il savait qu'il ne s'agissait pas seulement de poser les mots côte à côte mais bien de donner un sens à ses phrases. Il avait compris ce qu'était un oxymore par l'apposition dans une même expression du mot « Hutt » et du mot « honnête ». Au contraire, la notion de pléonasme l'avait difficilement convaincu malgré l'exemple fort concret de l'expression « Hutt criminel ». Peut-être aurait-il dû préciser à son professeur que lui aussi trempait dans le crime organisé, ce qui aurait expliqué ses doutes, mais il aurait ensuite dû l'éliminer.

- Tu dois certainement avoir une bonne raison de te présenter à moi, ajouta-t-il en écartant les bras.

Les deux femelles twi'lek revinrent, tendant un verre à leur maître ainsi qu'à Aigle.

- Excellence, mon nom de code est Aigle. Vous avez dû recevoir un message vous annonçant mon arrivée ainsi que celle de mes deux compagnons.

- Aigle, vous dites ? Je m'en souviens maintenant. Suivez-moi, nous serons plus à l'aise pour parler.




*

* *




Le système de Bakura était situé dans la bordure galactique. Ses exploitations de quartz et ses fabriques de répulseurs BakRep faisaient autrefois la gloire du secteur. Mais les ressources de minerais s'épuisèrent et lors des guerres cloniques, Bakura fut coupée du reste de la Galaxie. Ce n'est qu'après de la mission de surveillance impériale 6-0-7-7-4 que la planète participa à nouveau aux échanges commerciaux.

Le système était composé de huit planètes orbitant autour d'un soleil. La principale était la troisième, Bakura. Une planète moyenne dotée d'un climat tempéré. Son gouvernement était resté neutre dans la guerre qui opposait l'Empire Galactique et la Rébellion. Pourtant, cela n'empêcha pas l'Empereur Palpatine d'essayer d'imposer son joug en y envoyant le gouverneur Osulbo, qui ne détenait aucun pouvoir réel sur la population. Bakura était le point central de ce système et constituait le centre politique et économique de la région.

La deuxième planète, Kur, était la plus grosse planète du secteur, mais son climat particulièrement aride n'avait attiré que quelques millions d'habitants souhaitant s'enrichir grâce aux exploitations hydroponiques. Ils s'étaient trompés, et les fermes de métayage n'avaient pas connu l'essor escompté. A présent, les démographes constataient un exode massif de ces fermiers vers Bakura.

Il y avait aussi Bak, la planète la plus proche de l'étoile et qui s'avérait moins accueillante que Kur, ainsi que Arden, la quatrième planète - une géante de gaz entourée de sept lunes. La cinquième planète quant à elle, n'était qu'un vaste caillou. Les trois dernières, éloignées de l'étoile, ressemblaient à trois boules gelées.

La sixième était un cube de glace à l'atmosphère irrespirable, car essentiellement composée de méthane. Elle n'avait même pas de nom et était répertoriée sur les listes planétaires sous le code MM47000327. Certains la considéraient comme une lune stérile.

Sur cette planète, un centre de recherche sous bulle avait été construit par l'Empire. Un Seigneur de Guerre allié de l'Empereur y avait réuni dix humanoïdes pour réaliser son projet secret : Genesis. Parmi les scientifiques figuraient deux Rodiens du nom de Meedjo et Reemano, et huit humains. Le chef du complexe se nommait Aaron Lane, un des deux seuls Bakurans. A cette heure, il venait de dicter son rapport au droïde secrétaire CZ-8, comme il devait le faire tous les dix jours. Par la suite, il le transmettait par HoloNet au gouverneur Osulbo, ami proche du Seigneur de Guerre Sonok Terg, que nul ici ne connaissait.

- Voilà, 8P0, tu peux transmettre l'holo-message au gouverneur.

Aaron Lane quitta la pièce et alla dans sa chambre.

En chemin, il croisa Dana Guile, la femme de son meilleur ami As Guile. As était professeur au campus de Salis D'aar, capitale de Bakura, et il regrettait amèrement de ne pouvoir voir sa femme plus souvent. Les participants du projet avaient tout quitté pour se consacrer à Genesis, et même s'ils disposaient de tout ce qu'ils désiraient, rien ne remplaçait les relations familiales.

Aaron et Dana se souhaitèrent une bonne nuit.

Le jeune homme pénétra dans sa chambre et prit son holo-com. Il tapa machinalement un code et l'image d'une ravissante jeune femme s'afficha : Gaeriel Captison, la femme dont il était épris. Ils discutèrent une bonne partie de la nuit. Puis il termina par un « Je t'aime » qu'elle lui rendit, et il raccrocha, se changea et se coucha.

Quand la reverrait-il ? En tant que biologiste moléculaire, il avait énormément de travail et n'avait que très peu de congés. Il sortit une boite de velours corellien qu'il ouvrit. Au milieu, se trouvait un anneau doré. Il avait prévu de la demander en mariage depuis un moment, mais il n'en avait pas encore eu l'occasion. Finalement, il reposa la boite et s'endormit sur une pensée qu'il lui consacrait.

Gaeriel.




*

* *




- [Seigneur Ssi'karis, nous approchons d'un système habité], siffla Belvier Sibwara.

Le jeune homme était debout, face à la verrière principale. Il tenait une tasse de forme conique qui contenait du ksaa, une boisson de couleur rouge fabriquée par les reptiloïdes et réputée pour ses effets relaxants. Belvier n'avait aucunement besoin de se détendre, mais il lui trouvait un goût unique qu'il n'avait reconnu dans aucun autre mélange.

- [Bien, préparez les drones Swarm.]

- [Seigneur, je pense qu'il faut prendre en considération la taille du système. Jamais nous n'avons envahi un tel monde.]

- [Plus il y aura d'humains, plus nous serons puissants.]

Il émit plusieurs sifflements qui sonnèrent aux oreilles du jeune humain comme un rire.

- [Bien, maître. J'espère que vous avez raison.]

Sibwarra se retourna et partit distribuer ses ordres aux sous-fifres reptiliens appelés P'w'eck. Il espéra alors que Ssi'karis ne se réjouissait pas trop vite, comme il l'avait fait des années auparavant.

Belvier et son jeune frère Dev avaient vécu sur Chandrila avec leurs parents. Ils vivaient en paix jusqu'a l'arrivée des impériaux lors de la naissance de l'Ordre Nouveau. Avec sa famille, ils s'étaient enfuis et, trouvant un transporteur sur Nar Shaddaa, avaient émigré sur G'hro où ils s'étaient installés. Après avoir échappé à l'Empire, ils pensaient que rien ne pourrait plus leur arriver.

Ils s'étaient trompés.

Un jour, les Ssi-ruuk débarquèrent, capturant tous les habitants. Ssi'karis comprit que Belvier et son frère possédaient un étrange pouvoir quand il assassina de ses propres mains leur mère, Ydra Killwallen Sibwarra, encore apprentie Jedi. Il les épargna et ils regagnèrent leur monde baptisé Lwhekk. Hélas, le Shreeftut - le Maître de l'Imperium Ssi-ruuvi - ne tarda pas à mourir. Ssi'karis et Sh'tk'ith - un politicien surnommé Écaille Bleue - se disputèrent pour entrer dans les bonnes grâces du successeur. Mais Écaille Bleue avait le bras long et un argument de poids.

Ssi'karis avait aussi la peau bleue, comme tous les membres des castes supérieures. Mais sa queue était brune, et quelques tâches de cette couleur parsemaient son visage. Or, les Ssi-Ruuk bruns étaient souvent tués dès la naissance, car ils étaient le signe d'une mauvaise couvée. Écaille Bleue n'eut aucun mal à convaincre le Shreeftut et le Conseil des Anciens de rejeter Ssi'karis pour cette tare génétique. En secret, il craignait pourtant que celui-ci se fasse reconnaître comme étant le Keeramak, un Ssi-ruu légendaire possédant des écailles de toutes les couleurs et qui abolirait le système rigide des castes.

Ssi'karis perdit donc la face et fut contraint de s'exiler avec ses partisans, ces derniers étant surtout des Ssi'Ruuk verts et bruns des castes inférieures. Ce fut la dernière fois que Belvier aperçut son frère. Depuis ce jour, il sillonnait la galaxie, allant de planète en planète, capturant leurs habitants, transférant leurs esprits dans les drones de combat. Après toutes ces années, ils n'avaient subi aucune défaite.

Dans la Force, il avait eu la vision d'une dernière bataille entre Ssi'karis et Écaille Bleue, puis celle de sa propre mort. Il ne voulait pas d'un tel destin. Dans ce rêve, un autre homme que lui possédait les mêmes pouvoirs. Cet homme lui avait fait une proposition qu'il avait déclinée. Peu après, suivait sa mort. Depuis, il était sûr que quand la situation se présenterait à lui, il suivrait l'inconnu. Il attendait ce moment là autant qu'il le craignait.

Il sentit le vaisseau ralentir et sortir de l'hyperespace : Belvier s'approcha de la verrière : un immense soleil entouré de huit planètes magnifiques se déployait sous ses yeux. Bakura, avec ses trois continents, attirait particulièrement son regard. Il se rappela alors sa planète natale, Chandrila.




*

* *




Le Twi'lek finit son verre, invitant Aigle à entrer dans une pièce où deux lits patientaient. L'étranger retira son manteau et vérifia discrètement que son sabrelaser était bien en place à sa ceinture. Cet acte, bien qu'anodin, attira particulièrement l'attention de Lonay qui ne fit pourtant aucun commentaire. Cependant, l'indice ne lui avait pas échappé.

- Couchez-vous, les droïdes vont apporter le dîner. Ainsi, vous avez besoin des services du Soleil Noir ?

Les deux interlocuteurs prirent place sur les confortables couchettes, mais Aigle ne se sentait pas vraiment à l'aise. En lui, il sentait que l'adrénaline montait, car la mission 1/1 Skyhook débutait réellement avec cette discussion. En fait, elle avait déjà commencé à l'instant où l'Heidegger était sorti de l'hyperespace dans le système de Coruscant.

- Le Soleil Noir nous sert déjà depuis maintes années, Vigo. Et la Rébellion compte une fois de plus sur votre aide, fit l'agent rebelle en choisissant méticuleusement chacun de ses mots pour se montrer persuasif.

- En lisant le message de votre employeur, j'ai appris que vous souhaitiez louer les services de quelques-uns de mes mercenaires.

- En effet, Vigo.

Aigle sortit un holo-projecteur de sa poche et le posa sur la table.

- Voici la liste de ceux que nous aimerions voir participer à notre opération.

Préférant ne pas se recoucher, il s'assit sur le bord du lit, puis alluma l'appareil.

L'hologramme apparut. Une voix robotique énuméra les noms des mercenaires souhaités par En Gee, avec leurs portraits et leur biographie rédigée en basique :

« Medro Lomaruk, un Rodien. Il s'agit du hacker responsable du piratage de Kuat et du braquage de la base du Clan Bancaire Intergalactique. Dans son domaine, il se fait appeler l' «Omnipotent », car aucun code ne lui résiste. Il a été arrêté par la CorSec il y deux mois et est actuellement incarcéré sur Kessel. »

Une image holographique apparut, représentant le buste du mercenaire originaire de Rodia. Son visage vert émeraude supportait deux yeux à facettes et se terminait par une trompe plus longue que les autres membres de son espèce. Sur la joue gauche, il arborait un tatouage tribal ainsi qu'une invocation apotropaïque rédigée en langage hutt.

« Jodo Kast. Le Chasseur de Primes mandalorien qui a arrêté notamment le criminel Net'chate recherché dans trente-huit systèmes pour meurtre. On ignore tout de son passé et on ignore où il a trouvé son armure. Cependant, ses talents sont indéniables. Ses coordonnées m'ont été vendues il y a peu, donc vous saurez où le contacter.»

Ce personnage arborait une armure intégrale qui préservait sa véritable identité. En majorité bleue, sa protection était bordée de lignes argentées. Son casque avait souffert des nombreux combats et il était cabossé en différents endroits, notamment au niveau de la visière en « T » qui était fendue sur toute la longueur. Cependant, son charisme ne s'en trouvait que renforcé, d'autant plus que tous ceux de son peuple avaient été éradiqués par les Chevaliers Jedi. Le fait qu'il soit un survivant participait à son aura guerrière.

« Deracdia, un Dévaronien. Il est l'expert en explosif qui a récemment fait sauter la mine de doonium de Gama-Senn. On dit qu'il a disparu avec son ultime ?uvre, mais des témoins l'ont repéré récemment à Duro où deux chantiers de fouilles archéologiques ont explosés. »

L'apparence du Dévaronien était toujours aussi surprenante. De forte carrure, ce terroriste incarnait l'image du démon. Son visage arborait un sourire diabolique, ses dents en pointes dépassant de sa bouche. Sa peau d'un rouge éclatant contrastait totalement avec ses yeux vert clair. Ses deux cornes striées étaient si longues qu'elles courbaient déjà vers l'arrière. Une de ses oreilles avait totalement été déchirée et un appareil robotisé en remplaçait les fonctions sensorielles.

« Han Solo, un Corellien. Il détient actuellement le record de distance dans la Passe de Kessel... »

- Pour Solo, c'est impossible, répondit rapidement Lonay. Nous savons qu'il travaille pour Jabba le Forestier et nous ne voulons pas d'ennuis avec cette limace de hutt.

Cependant, le droïde ignora la remarque et continua d'énumérer les membres de l'équipe voulue par En Gee.

« Mojiv, un autre Corellien. C'est le fameux pilote qui réalisa la distance Coruscant/Bendali en trente-sept heures. Mes sources racontent qu'il est basé sur Malastare, où il participe aux courses de pods, alors bonne chance pour l'enrôler... si vous parvenez à l'attraper.»

L'homme était le type parfait du Corellien de base, et cela se voyait déjà sur le portrait. Arborant un sourire arrogant à souhait, il tenait son blaster de façon à impressionner ses éventuels opposants. Sa barbe et ses cheveux bruns étaient impeccablement taillés et ses pectoraux saillaient de manière provocatrice sous sa veste.

Aigle ne savait pas que En Gee voulait ces hommes. Aussi fut-il troublé à la mention de Jodo Kast. Il avait bien connu l'homme qui se cachait derrière ce masque : un soldat qui avait servi sous ses ordres il y avait des années. Il ignorait cependant qu'il oeuvrait à présent pour le Soleil Noir, car les rumeurs prétendaient qu'il travaillait pour l'Ordre Nouveau.

L'hologramme s'éteignit et Lonay prit la parole :

- Si je puis me permettre, cela va vous coûter un bon nombre de crédits. Vous pourriez très bien engager des mercenaires quelconques, pour le prix d'un seul de ces originaux.

- La Rébellion en a tout à fait conscience, mais elle sait quelle importance revêt cette opération. Je me chargerai moi-même des transactions dès la fin de la mission, sur leurs comptes personnels, et sur le vôtre, bien sûr.

- Bien, ils seront réunis d'ici huit jours. Je ne peux pas vous louer Solo, je vous l'ai déjà dit. Pour Medro Lomaruk, c'est différent. Je dois d'abord organiser son évasion et Kessel est toujours aux mains de l'Empire...

- Débrouillez-vous comme vous voulez.

- Je ferais tout mon possible.

- Pour l'heure, vous devez prendre contact avec le Mon Calamari Ackbar et lui transmettre ceci.

Aigle tendit une datacarte que Lonay rangea immédiatement dans un pan de son peignoir.

- L'esclave personnel de Tarkin. Comptez sur nous.

Jetant un oeil à sa montre, le mercenaire rebelle s'inclina pour saluer son interlocuteur.

- Veuillez m'excuser mais je dois vous quitter.

- Nous vous contacterons pour vous avertir que la cible aura été prévenue.

- La Rébellion vous remercie. Voici les coordonnées de mon comlink.

Il lui donna une nouvelle datacarte puis, enfilant son trench-coat, il sortit, empruntant le même chemin que pour venir.

Lonay alluma aussitôt un holo-écran où une image d'un Mon Calamari apparut :

- Tremen, veuillez suivre ces directives.

Le Twi'lek enfonça la datacarte dans la console et téléchargea les données à l'humanoïde. Lonay éteignit l'ordinateur.

De l'autre côté, le Mon Calamari visionna le contenu du message, le transforma et se leva, prenant un sac à dos et un fusil de sniper. Enfin, il sortit de sa cache, démarrant son motospeeder. A cette heure, Tarkin était dans sa demeure personnelle, et par conséquent Ackbar aussi.




*

* *




Aaron rêvait. Il rêvait de Gaeriel. Pourtant, son rêve fut bien vite perturbé quand le Rodien Meedjo frappa à sa porte en hurlant.

- Docteur Lane. Docteur Lane. Réveillez-vous ! Attaque !

Aaron ne fit ni une ni deux et il sauta de son lit, sortant de sa chambre en caleçon.

- Qu'y a-t-il, Docteur Larbruk ?

Le Rodien l'amena sous la verrière du plafond du jardin botanique. Meedjo montra l'espace intersidéral.

- Regardez, là ! Beaucoup vaisseaux.

Meedjo, tout comme son frère Reemano, ne maniait pas très bien le langage basique. La Galaxie avait donné naissance à des milliers d'espèces intelligentes, dont beaucoup avaient développé des civilisations hautement évoluées disposant de technologies qui leur permettaient de voyager dans l'espace interstellaire. Pour développer la diplomatie et le commerce entre les espèces, la République avait alors adopté un langage commun : le basique, construit à partir d'une langue humaine issue des Mondes du Noyau.

Les Rodiens cependant, ne pouvaient que difficilement articuler à cause de leur trompe. Pourtant, Meedjo et Reemano avaient été recrutés par l'Empire dans le cadre d'un projet secret entièrement élaboré en basique.

- Nom de... lança Lane, qui resta bouche bée.

Les huit autres scientifiques arrivèrent bientôt à leurs côtés, prévenus par le second Rodien. Tous eurent la même réaction ; ils ne savaient que dire devant un tel spectacle : un gigantesque vaisseau inconnu, entouré de près de cinquante drones, canardait les Stations Gardiens. Ces stations étaient au nombre de douze, ayant pour fonction de détecter les vaisseaux et bolides qui pénétraient le système. A l'extérieur du système, douze autres stations, impériales celles-ci, balayaient l'espace de leur senseur, tout en restant en contact avec les Gardiens - qui relayaient les informations à Bakura, qui elle-même recoupait le tout, suite à un accord officieux passé entre la planète et les responsables impériaux du Projet Genesis. Ces stations étaient baptisées Gardes. Avec ce réseau de protection et de surveillance, il semblait aussi impensable qu'impossible que cet engin non identifié soit arrivé jusque-là. Néanmoins, la Station Gardien VIII était attaquée.

Lane prit les initiatives :

- Meedjo, prenez contact avec Bakura. Il faut avertir le Premier ministre Yeorg Captison ! Qu'il nous envoie l'Escadron Délivrance.

Le Rodien s'était assis devant une console et pianotait sur les touches à l'aide de ses doigts à ventouses.

- Docteur Lane, Captison est en ligne.

- Parfait, passez-le-moi.

Aaron se mit devant l'écran et s'entretint avec le Premier ministre, qui venait de prévenir les membres du Conseil de Sécurité du Sénat. Pour ce qui était des chasseurs, Captison avait déjà contacté Harris, le Ministre de la Défense. Les pilotes quittaient leurs chez-eux et arrivaient déjà au spatioport de Salis D'aar. Soudain, la liaison fut interrompue.

Les étrangers avaient dû déployer un champ de brouillage.




*

* *




Une fois le matériel qui lui servirait préparé, Tremen se dirigea à moto vers la résidence du Grand Moff Tarkin, et se posta devant le mur d'enceinte qu'il escalada. Il aperçut la demeure au fond du jardin. Il remarqua surtout les chiens de guerre cyborréens Neks. Leur longue tête et leurs larges lèvres surplombant des canines aiguisées comme des vibrolames étaient faites pour déchirer la chair. Malgré leur nom vernaculaire, ils n'avaient aucun lien de parenté avec les canidés. Il s'agissait d'anciens ongulés sur lesquels des scientifiques peu scrupuleux avaient testé différents cocktails génétiques au début de la Guerre des Clones dans les laboratoires de l'Union Technologique. Ils n'avaient jamais été utilisés au combat mais un officier impérial nommé Adjudt Consul les avait découverts et les avait généreusement offerts à l'Empereur. Désormais, ils étaient utilisés comme gardiens dans les grandes propriétés, et le Grand Moff Tarkin en élevait une quinzaine pour protéger le domaine qui lui tenait à c?ur.

Tremen s'appliqua à ne pas se faire remarquer puis il sauta sur un arbre où il se réfugia.

Les végétaux étaient très rares sur Coruscant, mais Tarkin appréciait la nature et il en possédait une incroyable collection de spécimens. Cela lui rappelait son palais sur sa planète natale. La demeure immense était décorée abondamment, comme celle qu'il avait sur Eriadu. Les deux maisons permettaient d'organiser des réceptions importantes ; d'ailleurs, celle du Secteur Senex avait jadis accueilli le Sommet sur les taxations des voies commerciales trente-deux ans auparavant.

Tarkin était particulièrement fier de posséder de telles propriétés qui montraient au grand jour ses goûts et son influence. Les tours étaient nombreuses, tout comme les dômes et autres structures architecturales. Aussi, le Grand Moff faisait garder le lieu vingt-quatre heures sur vingt-quatre par des gardes impériaux natifs de son propre monde, les seuls en qui il avait réellement confiance.

Le Mon Calamari repéra les commandos qui faisaient leur ronde, puis il sortit ses macro-jumelles de son sac pour trouver la chambre d'Ackbar.

Il le vit. Au premier étage.

Tremen prépara un magnétophone branché à une mini-parabole qu'il orienta dans cette direction. Il pressa le bouton lecture. Un magnifique chant résonna alors et l'esclave se précipita à sa fenêtre. C'était un chant de baleinodon - une créature aquatique de la famille des cétacés -, compris uniquement des Mon Calamari, et qui demandait à Ackbar d'ouvrir la fenêtre, ce qu'il fit sur le champ.

Bien que les commandos ne puissent pas comprendre, ils se réunissaient déjà. Tremen sortit son fusil à lunette de son imperméable noir et visa. Pressant la gâchette, il regarda le projectile partir et se coller au mur de la chambre d'Ackbar. Ce dernier le prit avec lui, puis il ferma les fenêtres derechef par peur d'être surpris par son maître.

Tremen remballa son matériel et sauta sur son engin.

Les commandos et les Neks se dirigeaient déjà vers la porte principale.

Le mercenaire du Soleil Noir mit les gaz, ne tardant pas à être suivi par quatre éclaireurs qui avaient démarré en trombe. Il accéléra, évitant les coups de blaster qui fusaient près de lui. Il arma un mini-blaster et tira à son tour, abattant un premier impérial. Les autres le rattrapaient.

Impossible de les semer.

Il savait ce qui lui restait à faire. Tremen pressa donc un bouton de son guidon et une boule roula à terre, avant de se figer. En quelques dixièmes de secondes, un tube émergea de la sphère, créant un mur ionique. Le Mon Calamari stoppa les moteurs, puis se retourna en souriant. Il contempla les trois motospeeders qui traversèrent le mur d'énergie. Bientôt, des éclairs se formèrent sur les moteurs. La décharge ionique avait déréglé les circuits électroniques des engins. Désormais incontrôlables, les motos se télescopèrent et s'écrasèrent dans une gigantesque explosion.

Il ralluma les moteurs et continua son chemin, quand il entendit un vrombissement. Deux autres éclaireurs l'avaient suivi par les toits. Ils descendirent et le rattrapèrent bientôt.

Tremen pressentit un problème. En effet, un camion était garé au travers de la route. Des Talz nerveux en déchargeaient des caisses de marchandises. Il braqua son engin et l'inclina sur le côté ; le métal crissa sur le sol. Il parvint à passer miraculeusement sous le véhicule. Les autres ne bénéficièrent pas de cette chance. N'ayant repéré le danger que bien trop tard, ils percutèrent de plein fouet le camion des Talz, et disparurent dans des gerbes de flammes.

La chasse est neutralisée.

Le Mon Calamari regagna bientôt sa cache et se jeta sur sa console, transmettant à Lonay le code annonçant la réussite de la mission.

CHAPITRE III: Délivrance
Sur Bakura, le Capitaine Blaine Harris venait de terminer sa communication avec le Premier ministre. Les ordres étaient clairs : empêcher le vaisseau d'approcher le système. Il bipa de suite les pilotes de l'escadron avant d'enfiler son costume de pilote bakuran, une version très proche de celui des pilotes des chasseurs impériaux. Il s'agissait d'une combinaison noire moulante en tissu anti-radiation, dont le système de survie était géré par l'ordinateur et le médipac situés sur le plastron. Le Capitaine prit son casque de vol sous son bras et sortit de chez lui en courant, grimpant dans son landspeeder dernier cri. Il fit vrombir les moteurs et fonça vers le spatioport.

En chemin, il prit son lieutenant Jaen Sacque, dont le speeder était en rade depuis trois jours. Ce dernier, particulièrement agité, torpilla son supérieur de questions :

- Alors, c'est quoi cette fois ? Des pirates ? Des contrebandiers ? Je suis sûr que les NaQoits sont revenus nous attaquer...

Blaine Harris l'interrompit pour calmer son ardeur.

- Pire que ça ! répondit le Capitaine qui paraissait inquiet.

- Ah ouais ?

- On ne sait pas qui nous attaque mais ils ont presque cinquante de drones de combat.

- Fils de Sith !

Estomaqué, Jaen Sacque ne poursuivit pas.

- Que faire à douze contre cinquante ?

Ils arrivèrent bientôt au spatioport militaire. Ils franchirent la barrière en présentant leur carte et Harris se gara devant le hangar où neuf hommes patientaient. Derrière, douze Chasseurs de Têtes Z-95 étaient suspendus en deux colonnes. Des ailes à géométrie variable et leur fuselage bien conçu assuraient à ces vaisseaux une excellente stabilité tout en réduisant les contraintes subies lors des accélérations brutales et des virages. Ces bimoteurs étaient des modèles qui n'étaient plus fabriqués depuis des années mais ils étaient toujours capables de prouesses inédites entre les mains des meilleurs pilotes.

Ces pilotes appartenaient à l'Escadron Délivrance. Ils étaient la seule défense active de Bakura et bénéficiaient d'un entraînement actif afin de ne pas perdre leurs réflexes. Une semaine auparavant, des bandits NaQoits avaient attaqué un convoi de marchandises à l'entrée du système et ils avaient dû agir rapidement. Ils n'avaient déploré aucune perte malgré la résistance acharnée des pirates.

Tous les membres de Délivrance saluèrent leur supérieur.

- Où sont Knars et Majt ? demanda Harris.

Un pilote prit la parole en suivant les autres qui pénétraient le hangar :

- Knars est au vestiaire. Il n'a pas eu le temps de se changer chez lui. Majt va arriver dans...

Une voix féminine l'interrompit :

- Désolée d'être en retard.

- Bien, les gars, on a fort à faire. Ce n'est pas un entraînement.

Tous montèrent les marches et entrèrent dans le cockpit de leur Z-95. Même s'il souffrait d'une certaine exiguïté, il contenait un éventail complet de systèmes de survie. La verrière permettait au pilote une vision de pratiquement cent quatre-vingt degrés et l'ajout récent d'un écran de visualisation des informations accentuait l'efficacité des Chasseurs de Têtes.

Harris scella son casque et enclencha son comlink sur la fréquence habituelle.

- Délivrance Leader, à vous, les gars.

- Délivrance Deux, c'est Ok.

- Délivrance Trois, idem. On va les fumer, ces bouffons, Cap.

Le Ministre de la Défense ne prêta pas attention à ces remarques et passa en revue les onze pilotes de l'escadron.

- Tout est Ok. On y va !

Harris et Sacque furent les premiers à mettre les gaz. Bientôt, ils désactivèrent la pince qui tenait leur chasseur en l'air. Les vaisseaux d'apparence usée - mais en réalité redoutables - émergèrent du hangar, filant dans l'espace à une vitesse ahurissante.

Douze hommes téméraires partaient en croisade affronter un essaim de plusieurs dizaines de drones.




*

* *




- [Seigneur Ssi'karis, nos radars ont repéré une douzaine de chasseurs filant dans notre direction], lança d'une fosse un lézard d'une espèce plus petite, un P'w'eck.

- [Ordonnez aux drones de les abattre. Nous ne pouvons pas récupérer les pilotes.]

Les P'w'ecks sifflèrent leur accord et communiquèrent les ordres aux chasseurs robotisés.

Belvier Sibwarra se tenait toujours derrière la verrière de transparacier quand il aperçut lui aussi les Z-95. L'instant suivant, il constata que certains drones quittaient l'objectif premier - détruire la Station Gardien VIII afin de laisser les Ssi-ruuk capturer les humains - pour se diriger vers les nouveaux assaillants. Bien qu'il sache que leurs drones usés étaient sensiblement inférieurs aux pilotes expérimentés des chasseurs humains, il attendrait néanmoins l'issue de la bataille avant d'émettre un jugement.

Les douze chasseurs de l'Escadron Délivrance se mirent en formation : trois groupes de quatre Z-95 filaient en triangle vers le vaisseau amiral en adoptant une tactique classique.

Jaen Sacque s'écria soudain :

- Capitaine, les drones ont changé de cibles. Ils viennent vers nous !

- Reçu. Jaen, pars avec Majt, Fireud et Bylon vers le vaisseau-mère et tente de le neutraliser. Nous, on se charge de votre de couverture.

- Ca va pas, c'est du suicide ça !

C'était Fireud.

- Bon d'accord. Fireud avec moi. Knars, va t'amuser avec eux !

- Merci Cap.

- Au moins, ça, c'est de l'enthousiasme ! répondit le Capitaine en poussa le manche vers la droite pour partir dans la direction opposée à celle du groupe mené par Délivrance Deux. Rapidement, il fit pivoter son Chasseur de Têtes pour qu'il suive l'escadrille de Sacque à distance.

Les quatre chasseurs Z-95 de ce groupe se regroupèrent pour traverser les nuées de drones. Ils tirèrent à l'aveugle, et seuls quelques engins se transformèrent en boules incandescentes. Leurs adversaires étaient aussi petits que résistants, et déjà, ils avaient pris en chasse Délivrance Deux. Des éclairs zébrèrent son cockpit quand il fut touché à deux reprises. Au lieu d'abandonner le combat, Jaen partit en vrille, attirant ses limiers dans une spirale mortelle et délaissant ses ailiers. Tainer Bylon, alias Délivrance Six, en profita alors pour viser et tirer. Les salves suffirent à détruire trois des cinq drones, les deux autres se retournant contre lui.

Surgissant de nulle part, Melan Cundertol ajusta son ordinateur de visée et réduisit les deux engins en poussière. Un cri de victoire résonna alors.

- Merci, Bylon !

- Je fais mon boulot, c'est tout !

- Fini de discuter les gars ! Formation serrée, ordonna Jaen.

- Pigé, chef.

Les assaillants se rapprochèrent dangereusement, faisant un premier passage destiné à neutraliser une partie du bouclier de leur cible, la station spatiale. Autour d'eux, la plupart des drones explosèrent sous le feu nourri que leur offraient les autres Délivrance. Leur nombre important faisait que peu importe où tiraient les pilotes des Z-95, ils parvenaient à en détruire. Cependant, le vaisseau-mère larguait d'autres ennemis, ce qui compliquait passablement la situation.

- Concentrez-vous sur le vaisseau amiral ! rappela Blaine Harris, en lutte avec un essaim de drones qui se focalisaient sur le groupe de Délivrance Deux.

- Vous avez entendu le Capitaine ? Alors arrêtez de parler, et suivez mes ordres !

La réaction du lieutenant motiva les troupes, bien qu'elles ne soient pas insubordonnées. Comme dans la plupart des escadrons de chasseurs, les pilotes prenaient leur combat comme un jeu, tout en ayant conscience des dangers. Cependant, c'était là pour eux une manière de redoubler de tenacité.

Pour se placer face aux réacteurs, Jaen fit faire aux autres un demi-tour près des ruines de Gardien VIII. Ils exécutèrent ainsi un deuxième passage auquel Bylon ne survécut pas.

En effet, un drone perdu de vue deux secondes auparavant par Blaine Harris, était apparu face à lui, et les deux engins s'étaient télescopés.

Cette erreur avait coûté la vie à un des pilotes les plus anciens de l'escadron. Le Capitaine se sentit coupable mais il se reprit pour permettre à son lieutenant de poursuivre l'offensive. Ce deuxième passage leur fut bénéfique et le sacrifice de Bylon ne fut pas vain.

Les boucliers ayant cédé, le pilote avait dirigé son chasseur vers les réacteurs. Le vaisseau perdit sa capacité à se déplacer quand les réacteurs succombèrent face aux lasers. Cependant, les systèmes auxiliaires prendraient bientôt le relais. Il fallait neutraliser définitivement les réacteurs.

Harris prit la parole.

- Tous avec moi !

Les sept chasseurs de son groupe filèrent vers les propulseurs pour achever le travail de Jaen Sacque.

- Armez les missiles à concussion. Feu !

Un ensemble de quatorze projectiles vola directement vers les réacteurs qui furent démantelés par l'explosion. Les débris engendrés par la destruction foncèrent droit vers le groupe qui se dispersa méthodiquement afin d'éviter une rencontre mortelle. Le Z-95 de Kol - Délivrance Sept - fut endommagé au niveau des ailes, mais il put se dégager suffisamment pour rejoindre le groupe. Quand Harris lui demanda des nouvelles, il double-cliqua pour montrer qu'il était sain et sauf.

De son côté, Knars lança un commentaire en contemplant l'épave enflammée depuis son cockpit.

- Cette mini-nova sera visible jusqu'à l'autre bout de la bordure !

- Ta gueule, Knars. Pense à Bylon, répliqua Majt.

Les trois chasseurs de Jaen finirent de faire le ménage. Le groupe fonça au sein de l'essaim, jouant de ses lasers pour détruire les vaisseaux ennemis.

Le lieutenant contacta son Capitaine :

- Harris, certains drones ont mal réagi lors de la destruction du vaisseau amiral. Ils sont entrés en collision les uns avec les autres, mais il en reste encore un nombre non négligeable. Il semblerait qu'ils veuillent venir vers nous.

- Ce n'est pas tout !

- Comment ?

- L'engin se dirige droit vers Bakura. Les réacteurs de secours ont pris le relais !

- Comment l'arrêter, boss ? lança Fireud.

- Il n'y a pas d'inertie dans l'espace. A cette vitesse, l'énergie cinétique lors du crash sera telle que l'explosion rasera tout sur plusieurs dizaines de kilomètres. Salis D'aar sera rasée, expliqua Harris sur un ton qui faisait penser qu'il ne s'agissait pas seulement de pessimisme.




*

* *




Particulièrement agité, Ssi'karis ne cessait de siffler des consignes à ses subordonnées. De son côté, Belvier reprit ses esprits, sonné par l'explosion des réacteurs, puis s'approcha du grand reptiloïde :

- [Vous allez bien, maître ?]

- [Oui, mon fils, ces indèles nous ont eus. Je ne l'oublierai pas. Contacte les amiraux Aronass's et Dess'hakavus et dit leur de nous rejoindre sur le pont, s'ils sont encore en vie].

- [Bien, seigneur].

Ssi'karis regarda Bakura, planète magnifique qui s'offrait à ses yeux. S'il parvenait à remettre les boucliers à neuf, l'équipage pourrait survivre au crash. Ensuite, les pitoyables humains succomberaient.




*

* *




- J'ai une idée, les gars, mais je ne suis pas certain que ça va marcher, annonça Jaen Sacque, redonnant courage à ses collègues.

- On t'écoute, Lieutenant, commença Fireud avec un semblant d'espoir.

Il mit son vaisseau sur pilotage automatique et se massa le cou, endolori par la vitesse.

- Allez-y, Jaen, dit calmement le Capitaine Harris.

- Si on fonce vers la proue du vaisseau en lui lançant des missiles...

- On va le ralentir, mais ça ne va pas l'arrêter, interrompit Fireud.

- Laisse-le finir, emmerdeur, rétorqua Majt au tac au tac.

- Bien sûr, ça ne va pas l'arrêter mais ça va le ralentir momentanément. Les missiles exercent une poussée opposée, l'explosion renforcera cette force contraire. Au moment de la détonation, un second groupe devra passer sur le flanc gauche du vaisseau. Fireud va encore dire que c'est du suicide, mais il faudra absolument se trouver à moins de cinq mètres de la coque. Là, il suffira de déclencher les répulseurs ventraux de nos Z-95. On arrivera peut-être ainsi à faire dériver suffisamment cette épave pour qu'elle ne se crashe pas sur Bakura.

- Ok, j'ai pigé, lança Knars.

- Moi aussi.

- Bon plan, mon Lieutenant.

- Arrête, Kol, je vais avoir la grosse tête.

- J'ai le droit à la parole ? intervint Harris. C'est encore moi le Capitaine. Bon, Délivrance Trois à Neuf, avec Jaen. Délivrance Dix et Douze, avec moi. On canarde l'engin et les autres s'occupent de la ?mission suicide?. Allez-y doucement.

Alors que les drones survivants se rapprochaient des pilotes, ces derniers se préparèrent pour leur manoeuvre.




*

* *




Aigle s'entraînait au sabrelaser.

Il se battait contre trois sphères d'entraînement flottantes Marksman-H. Leur puissance de feu étant réglée au maximum, on voyait déjà les impacts des tirs non esquivés par le Chevalier Jedi sur son torse nu.

Les boules accélérèrent et tintèrent. Aigle para les salves en faisant tournoyer son arme. Soudain, il prit une posture plus grave en tenant son sabre à revers. Il laissa la Force couler en lui et s'y fondit. En harmonie avec cette énergie mystique, il se prépara à retourner les attaques des adversaires contre eux.

C'était un des premiers principes de la technique de combat Song-Taï.

Les trois engins attaquèrent simultanément. Faisant faire un arc de cercle à sa lame d'énergie verte, le Jedi renvoya les salves à leurs expéditeurs. Protégées par un bouclier, les sphères ne furent pas détruites car les lasers s'annulèrent. Pourtant, la dernière boule ne survécut pas à l'assaut d'Aigle. En effet, il avait habilement évité le troisième tir quand il parait les autres. Aussitôt, il avait exécuté un salto arrière, se plaçant derrière la sphère. Dès sa réception, il avait abattu son arme sur le petit drone qui s'était écroulé à terre, inerte, ses circuits crépitant dans un concert de décharges d'énergie.

Serein et satisfait, Aigle éteignit son sabrelaser et partit prendre une douche sonique. Des gouttes de sueur perlaient sur son front et il prit plaisir à se laver. Soudain, sa joie s'en trouva renforcée.

Son comlink bipa.

Il savait ce que cela signifiait.

Ackbar est contacté.

Frais et dispo, le Chevalier Jedi rejoignit Dragon et Tigre qui jouaient au sabacc - le jeu de cartes le plus répandu dans la Galaxie -, dans une variante de la version originale, qui se jouait à quatre. Ici, on pouvait jouer non seulement à deux, mais aussi à trois, et à huit. Aigle remarqua que la partie était bien entamée quand il se présenta. Se servant de la Force pour tenter de deviner l'issue de la manche, il esquissa un large sourire en fixant Tigre.

- Ca y est, Ackbar est contacté.




*

* *




Aronass's, le grand Ssi-ruu à peau verte débarqua sur le pont, suivi de près par Dess'hakavus. Le second lézard siffla :

- [Seigneur, je viens d'apprendre que les P'w'ecks ont réparé les boucliers frontaux.]

- [Bien, déviez toutes les énergies vers les champs de protection avant, nous allons nous crasher.]

Au moment où Ssi'karis parla, il remarqua trois chasseurs qui larguaient leurs projectiles vers la proue du vaisseau. Les engins explosèrent à la surface de la coque qui fut ébranlée, les boucliers n'étant pas encore complétement opérationnels. Le vaisseau fut considérablement ralenti.

Les sept autres Z-95 apparurent sur le flanc et activèrent les répulseurs, deux d'entre eux ayant bien du mal à se stabiliser parallèlement au croiseur. Ce dernier changea légèrement de cap, au fil des secondes d'appui contre les champs de répulsion.

Harris, Délivrance Dix et Douze fonçaient toujours vers la proue quand le Capitaine leur donna l'ordre d'esquiver le vaisseau en s'écartant.

Le Ministre de la Défense réussit la man?uvre, tout comme Délivrance Douze. Leur navire piqua à la verticale, s'éloignant de la menace. Melan Cundertol, alias Délivrance Dix n'eut pas la même chance. Quand il voulut se retirer de la trajectoire, une lueur intense l'aveugla. Les reptiles avaient rétabli le bouclier.

Il était piégé entre le vaisseau et le champ de force.

Il n'eut aucune réaction.

Le chasseur se consuma en heurtant le bouclier, et tous entendirent un hurlement de terreur dans leur comlink au moment où le pilote fut désintégré. Jaen, dégoûté, se coupa de la fréquence momentanément, le temps de réaliser qu'ils venaient de perdre un second élément. Le reste du châssis du Z-95 explosa, défonçant la partie droite de la proue du croiseur. Le vaisseau-mère des étrangers se décala alors sur la gauche.

Il avait pris le cap de MM47000327, la sixième planète. Bakura était sauvée.
CHAPITRE IV: Le Rideau se lève
Les dix Z-95 se rassemblèrent, optant pour une formation serrée. Jaen était resté à l'arrière du groupe, toujours assommé par la disparition de Délivrance Dix. Harris détecta le malaise et le contacta sur sa fréquence pour tenter de lui faire oublier le désarroi qui le hantait.

- Jaen, chargez-vous de me nettoyer les derniers drones.

- Message reçu, Capitaine, fit le lieutenant sans laisser transparaître aucune émotion.

Une partie des pilotes firent tourner leur Chasseur de Têtes et exécutèrent un premier passage sur la quinzaine de drones qui restaient dans le secteur. Les derniers missiles à fragmentation furent lancés pour affaiblir le petit essaim. Les membres de l'Escadron Délivrance s'étaient bien rendus compte que malgré la taille réduite des appareils, ils résistaient assez bien aux lasers. Seule leur puissance de tir et leur précision laissaient à désirer, mais il suffisait d'étudier l'état des appareils pour se demander de quoi une flotte neuve aurait été capable.

Les pilotes durent rivaliser d'adresse face à leurs opposants, mais après les dernières manoeuvres effectuées, il ne se passa rien de particulier. Ils étaient tous assez expérimentés, et auraient même donné du fil à retordre à une escadrille de TIE bien entraînée. De plus, leurs boucliers les protégeaient encore un peu, et seuls deux chasseurs subirent des dommages superficiels sur leurs carlingues. Jugeant qu'ils en avaient fait assez, Jaen laissa les trois derniers drones se réfugier vers la septième planète.

Le Capitaine Harris demeura avec Délivrance Douze, et le binôme partit en direction de la station Garde VIII en espérant trouver d'éventuels survivants. Cependant, ils comprirent bientôt qu'ils ne trouveraient aucun être vivant à bord de la plate-forme spatiale : d'immenses trous béants laissés par les tentacules d'abordage permettaient au vide de s'engouffrer à l'intérieur du bâtiment.

Il n'y a plus une âme qui vive...

Blaine Harris ordonna à son coéquipier de faire demi-tour au moment où il vit une dizaine de corps gelés flotter autour d'eux. Ils découvrirent parmi eux un cadavre de Non-humain, une espèce de grand lézard à la peau verte... Harris et Délivrance Douze regagnèrent alors le reste de l'escadron pour escorter l'engin dérivant jusqu'à la planète de glace, sans rien pouvoir faire. A l'entrée dans l'atmosphère inhospitalière, le vaisseau se transforma en une boule de feu incandescente.




*

* *




Depuis le jardin, les scientifiques admiraient l'horrible et paradoxalement magnifique spectacle qui s'offrait à leurs yeux. Ils avaient rarement l'occasion de jouir de loisirs, et ce crash changeait des aurores boréales quotidiennes. Le « météore » ne tarda pas à percuter le flanc d'une montagne de glace. De la vapeur jaillit du trou béant et bientôt, l'engin explosa. Le souffle détruisit tout sur son passage, excepté le Centre, protégé par son champ de force. De nombreuses avalanches se déclenchèrent et la glace remplit la vallée. Le cataclysme véhicula dans l'atmosphère une étrange poussière à la couleur inquiétante, mais celle-ci disparut au terme de quelques minutes...

Constatant la fin du « spectacle », Aaron Lane exigea de ses subordonnés un rapport complet de la structure, avant de partir dans son bureau. Le jeune homme ne comprenait pas les sentiments qui montaient en lui : d'un côté, il était pris d'une angoisse qui lui tordait les entrailles de manière atroce, mais de l'autre, il ressentait une intense excitation qui lui faisait comprendre pourquoi il s'était orienté vers les sciences.

Pénétrant ses quartiers, il se posa dans son siège et sourit. Il n'était pas amusé, loin de là. En fait, il pensait que si les assaillants avaient survécu à la collision, ils viendraient probablement ici, dans le complexe. A ce moment, les scientifiques devraient défendre leur peau, mais ils n'avaient que quelques armes. Et la base ne disposait que d'un canon à ions v-150 fabriqué par les Chantiers Navals de Kuat. Même s'il nécessitait en principe un équipage de vingt-sept personnes, celui-ci avait été en partie automatisé, et une seule pouvait actionner l'arme gérée par des droïdes spécialisés. Prêt à toutes les éventualités, Aaron avait déjà demandé aux droïdes de se préparer à agir.

Il s'enfonça davantage dans son fauteuil et alluma son ordinateur, mais ne put contacter Osulbo. Appelant le Rodien Reemano, ils se dirigèrent ensemble vers le garage chercher du matériel, puis ils escaladèrent la bulle principale pour examiner l'antenne.

- [Le problème ne vient pas de là.]

Ils avaient revêtu une combinaison étanche et dialoguaient à travers l'unité com intégrée à leur casque. Le Non-humain se tenait debout sur une échelle, un ordinateur branché au modérateur de bouclier. La réponse informatique était impossible à interpréter, sujette à divers parasites qui enneigeaient l'écran.

- Il doit y avoir un brouillage. Rentrons, le vent du Nord se lève.

- [Espérons que le vaisseau de ravitaillement ne nous oubliera pas].

- Nous devrons attendre encore neuf jours. Auparavant, nous aurons certainement déjà été inspecter l'épave si nous n'arrivons pas à prendre contact avec Osulbo. Retournons nous coucher. Beaucoup de travail nous attend ce matin.




*

* *




Le jour se levait déjà sur Bakura quand les rescapés de l'escadron rentraient de leur bataille. A présent, le Conseil de Sécurité planétaire suivait avec attention les images enregistrées pas les caméras fixées sur la coque des Z-95. L'assemblée réunissait les membres les plus éminents du Sénat au c?ur la capitale.

- C'est impensable. Nous ne connaissons pas cette technologie, lança le Premier ministre Yeorg Captison.

- Heureusement, l'Escadron Délivrance a triomphé de la menace, ajouta Tom Janos, l'air réjoui mais néanmoins moqueur.

- Mais deux pilotes ont trouvé la mort, continua le sénateur Orn Belden, le doyen de l'assemblée.

Celui-ci jeta un regard sombre au conseiller Janos, le mettant en garde contre son humour noir. Les frères Jan et Virecott De Salis émirent des commentaires à voix basse, et subirent les mêmes réprimandes de la part du Sénateur Doyen. Le Gouverneur Impérial Esuc Osulbo attendit que les querelles cessent pour renchérir le réquisitoire dressé contre le Ministre de la Défense Blaine Harris.

- Et le Ministre Harris devra répondre de ces morts.

Conquis, Tom Janos se leva et poursuivit dans le même sens.

- Cela fait des années qu'il aurait dû arrêter de piloter.

Un autre conseiller, Iskit Tyestin, quitta son siège et donna son opinion :

- Il est trop vieux pour toutes ces acrobaties.

Orn Belden se tourna vers le dernier membre du Conseil de Sécurité, le seul Non-humain de l'assemblée. Humanoïde à la peau pâle, il ne s'exprimait que très rarement en raison des moqueries de certains politiciens. Il représentait la population Kurtzen de Bakura - à peine cinq pour cent de la population - qui vivait dans le district de Kishh sur le continent de Braad. Constatant son désarroi profond, le Sénateur Doyen ne lui demanda pas son avis sur la question.

Soudain, la porte s'ouvrit, laissant un officier s'approcher pour chuchoter quelque chose à l'oreille du Premier ministre. Les deux commandos impériaux affectés à la garde rapprochée du gouverneur braquèrent leur blaster sur le visiteur, puis se ravisèrent.

- Des journalistes attendent votre sortie pour faire une annonce concernant les évènements de cette nuit.

- Bien, avertissez-les que je ferai une conférence de presse d'ici une heure.

L'homme alla rejoindre les reporters pour leur transmettre le message. Dévisageant un à un les membres du Conseil de Sécurité, le Premier ministre Captison reprit alors la parole :

- Mes amis, je pense qu'il est inutile d'ébruiter la nouvelle de l'attaque au-delà de cette pièce.

- Sage décision, dit Orn Belden, particulièrement fatigué par les heurts qui agitaient l'assemblée.

- Qu'allons-nous pouvoir raconter au peuple ? Ils ne sont pas aveugles, fit le conseiller Jan De Salis.

- Nous devrons expliquer qu'une panne dans les stations n'a pas prévenu l'arrivée d'une météorite. Par conséquent, nous avons ordonné à la chasse de décoller afin de la repousser, suggéra le gouverneur. Abstenons-nous de leur donner des détails pour ne pas nourrir le doute de la population.

- Je pense que c'est la meilleure solution, annonça sagement Yeorg Captison. Je déclare la réunion terminée.

Tous les sénateurs quittèrent leur siège pour prendre la sortie de derrière où attendaient leurs voitures. Yeorg Captison demeura seul avec le conseiller Arden, son secrétaire particulier.

- Zilpha, établis-moi la communication avec Blaine Harris.




*

* *




Les dix Chasseurs de Têtes Z-95 restants traversèrent le ciel azuré du Bakura avant de regagner le hangar. Traumatisé, Harris ne parla pas à ses hommes, se sentant coupable du décès des autres. Ayant reçu un peu plus tôt le message du Premier ministre, il entreprit de partir directement vers la Chambre du Sénat sans demander son reste.

Le landspeeder s'arrêta.

Blaine rentra dans le complexe, trouvant Captison debout, tout aussi accablé que lui.

- Je suis désolé pour vos hommes, Capitaine. C'est une bien mauvaise nouvelle, lança le Premier ministre pour atténuer sa peine. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de vous dire que le Conseil de Sécurité trouve votre comportement laxiste. On vous reproche de ne pas appliquer les nouvelles man?uvres.

- Sans moi, vous seriez déjà morts.

- Bien sûr, mais le Sénat va certainement vous juger pour faute professionnelle. La Ligue Indépendantiste vous soutient, mais les autres font tout pour entredéchirer le gouvernement. Ils n'hésiteront pas à remettre mon poste en cause, si vous ne faites pas ce que vous devez. Et si je pars avant la fin de mandat, le semblant de cohésion que je me force de maintenir s'écroulera, et tout notre travail avec.

- Je sais.

- Je pense qu'il ne reste qu'une solution pour vous éviter de perdre la face. Pour nous éviter de perdre la face, Blaine...

Pris au dépourvu, Harris resta silencieux, mais il savait déjà de quoi son interlocuteur voulait lui parler. Yeorg Captison avait raison. L'assemblée était de plus en plus fragile, partagée entre les intérêts de chacun qui s'exprimaient dans les différents partis politiques.

- Ne les laissez pas nous détruire. Je ferai une conférence de presse dans un quart d'heure. Je suis sûr que vous agirez intelligemment.




*

* *




Matth Katarn.

C'était le nom qu'entendaient les premiers commandos arrivés sur place après l'incident de motospeeder. Les imposants Talz étaient déjà interrogés, mais aucun des soldats ne semblait comprendre leur langue. Les hommes s'agitèrent davantage quand ils apprirent qui était l'officier qui prenait en charge l'affaire.

Matth Katarn.

Le personnage en question était un jeune officier d'une vingtaine d'années qui avait connu une rapide ascension dans la hiérarchie militaire grâce à ses contacts hauts placés, mais aussi à ses talents inégalés. Jalousé, ce parvenu était respecté par tous les membres de l'Armée et de la Marine.

Matth Katarn.

Il se déplaçait à bord d'un speeder limousine réservé aux hommes de son rang. Le véhicule blindé s'arrêta net. Un commando en armure sortit et lui ouvrit la porte. L'air sombre, le Commandant Matth Katarn mit un pied dehors. Arborant fièrement les insignes du ConInt, le service de contre-espionnage interne, le jeune officier s'avança vers les débris inspectés par les commandos.

Mesurant à peine moins d'un mètre quatre-vingts, son physique n'était pas particulièrement impressionnant, d'autant plus que sa longue chevelure blanche lui conférait une allure fébrile. Ses yeux vairons étaient pourtant particulièrement envoûtants : l'un était d'un bleu intense, froid comme la glace ; l'autre était rouge comme les flammes. Cette caractéristique semblait souligner toute la dualité du personnage, et par extension, le danger qu'il représentait. Mais tout comme le prédateur arboricole de Kashyyyk qui portait le nom de katarn, Matth était un chasseur, et sa persévérance conjointe à un talent inné lui avaient permis de résoudre avec brio toutes les enquêtes qui lui avaient été confiées depuis son entrée au service de l'Ubiqtorat. Exigeant et éternel insatisfait, il considérait cependant sa première mission comme un échec personnel.

Le secteur était d'ores et déjà bouclé. Intransigeant, Matth Katarn regarda rapidement autour de lui pour comprendre la topographie de lieux et trouver quelles pistes avaient été ignorées par les commandos.

- Alors ? demanda-t-il froidement à l'officier nommé Dark Kane.

Aussi jeune et mystérieux que Katarn, Kane se tenait droit, en train d'analyser les données rassemblées sur un databloc.

Des cheveux d'or bataillaient avec hargne sur son crâne, les différents épis lui conférant un aspect sauvage. Le sourire aux lèvres, il fixait Matth de son regard dérangeant. Ses yeux verts émeraude soulignés par un épais trait de far noir le rendaient menaçant autant qu'ils rappelaient sa subtilité et son aspect malin. Son visage fin évoquait davantage encore sa personnalité, montrant surtout sa grande détermination. Sur sa tempe gauche, il arborait le tatouage du symbole de l'Ordre de la Sith. Un cercle noir, interprété librement comme un oeil ouvert, entouré de rayonnements lumineux imagés. Ce dessin mystique parcourait son front du milieu de son oeil gauche jusqu'à la racine de ses cheveux, les deux extrémités de cette zone n'étant pas dessinées à l'encre noire.

Sa petite taille et son visage imberbe le rendaient comparable à un enfant de treize ans, mais il ne s'agissait que de son apparence générale. Aux yeux de ses hommes, le Capitaine Kane apparaissait comme le meilleur élément pour seconder et contenir toute la majesté du Commandant Matth Katarn.

Kane sourit en découvrant son ami.

- Rien, Commandant. Ces motospeeders ont été neutralisées par un générateur d'énergie ionique. Aucune empreinte digitale ni phéromonale.

- Savons-nous combien ils étaient ?

- Apparemment, il était seul. Nous pensons qu'il projetait d'abattre le Grand Moff Tarkin mais qu'il a été interrompu par les Neks.

- Rien n'est moins sûr. Et pourquoi avoir diffusé le son que nous avons repéré ? Envoyez-moi ces enregistrements au Bureau des Analyses.

- Pourquoi recourir à Ysanne Isard ? Les subalternes du Capitaine Corellien pourraient très bien s'en charger.

Kane ne faisait guère confiance en cette femme que certains se plaisaient à appeler Coeur de Glace à cause son caractère. Il s'étonnait que le Commandant Katarn en réfère à elle pour cette affaire. Ce n'était pas la première fois, et il se demandait si les rumeurs concernant leur filiation étaient fondées. En effet, Isard, comme Katarn, possédait un oeil rouge et un oeil bleu. Aussi, au sein de l'Ubiqtorat, on criait volontiers que Matth était le fils caché de C?ur de Glace.

- Elle confiera les indices au Service de Crypto-Analyse et nous répondra rapidement. Le Corellien et les Guides ne me serviront qu'à corroborer ou infirmer les résultats. Il semble y avoir un complot derrière ce mystérieux attentat. Le jeune Katarn tourna les talons et retourna vers sa voiture, ruminant ses dernières volontés.

- Capitaine Kane, nettoyez-moi tout cela.

Le service de Contre-Espionnage Interne avait pour mission de dépister les espions et les réseaux ennemis commandités par la Rébellion, ou par toute autre organisation ennemie de l'Ordre Nouveau, qui pouvait parvenir à s'infiltrer au sein des Renseignements Impériaux. Ses agents pouvaient, par le biais du Secteur Plexus, avoir accès à toutes les informations susceptibles de les aider dans leur tâche. Il n'était d'ailleurs pas rare qu'ils obtiennent des renseignements plus rapidement que les membres de l'Ubiqtorat.

Ressemblait un peu à une version « miniature » des Renseignements Impériaux, le ConInt était en relation avec tous les échelons de l'organisation. Ainsi, il possédait sa propre section Analyse, dirigée par Sonok Terg, Opérations dirigée par Dark Devil et Espionnage dirigée par «Celui dont on tait le nom». Les limites entre ces différents groupes étaient souvent floues, car le ConInt était réputé pour sa structure souple et informelle.

Les données centralisées dans ce service bénéficiaient d'une protection exceptionnelle contre les ingérences extérieures. Par contre, tous les membres du ConInt pouvaient, quant à eux, avoir accès à n'importe quel dossier. Ce comportement était typique de la façon dont le ConInt gérait ses activités : tous les documents appartenant à un membre du ConInt pouvaient être consultés à tout moment par ses collègues. Cette absence de secret rendait pratiquement impossible l'infiltration du service par des agents ennemis, excepté lorsque ces ennemis appartenaient déjà au service.

En effet, depuis quelques années, les rivalités entre bureaux s'étaient accentuées, culminant avec le vol de dossiers secrets. A l'issue de ce qui avait été appelé ultérieurement l'Affaire Lloyde, la crise était officiellement réglée, mais officieusement, chacun des triumvirs dirigeant le ConInt convoitait le poste de ses collègues. Les actes isolés désormais perpétrés pour gêner les services entre eux ne cessaient plus.

Aussi, l'enquête qui venait de débuter n'inspirait pas Matth, certain que le but de l'attentat ne concernait certainement pas l'assassinat du Grand Moff Tarkin. Une opération de plus grande envergure devait germer quelque part sur le Centre Impérial, et ses instigateurs voulaient distraire le ConInt. Cependant, le Seigneur Katarn n'était pas de ceux qui se laissaient berner facilement. Pourtant, il ne pouvait conclure que cette affaire concernait les hommes du bureau des Analyses ou celui d'Espionnage. Du moins, pas encore...

Pour le moment, les indices accusaient l'Alliance Rebelle.

Ces maudits Rebelles...




*

* *




S'étant joint à la partie, Aigle accompagna ses compagnons pendant deux heures au bout desquelles il dut sortir pour le rendez-vous avec Ackbar. Il s'était désigné lui-même pour remplir ces différentes tâches précédant la phase « purement action » de la mission. C'était pour lui un moyen d'évacuer le stress, mais aussi de garder un oeil sur le bon déroulement des choses.

Il traversa les différents niveaux du sous-sol pour arriver à la surface. La lumière commença alors à percer quand il émergea hors du Corridor Ecarlate. Momentanément aveuglé, il régla la vision que lui procurait son masque pour atténuer les contrastes. Parvenu devant une gare de taxis, il paya un chauffeur jusqu'au Grand Musée Galactique. Le véhicule était enfumé et particulièrement insalubre. Cependant, le fait que l'on ne lui pose aucune question hormis sa destination le conforta. Aigle tentait de dissimuler sa présence dans la Force, car il savait très bien que l'Empereur était à même de le repérer. L'étreinte dérangeante du maître de la Galaxie se faisait d'ailleurs de plus en plus oppressante. Des griffes avides de déchirer la lumière assaillaient sans cesse l'esprit du Chevalier Jedi, mais celui-ci parvenait à repousser ce harcèlement.

Le taxi se rangea sur le bas-côté.

Aigle paya son entrée et partit à grands pas vers la section Jedi du musée. L'Empereur Palpatine gardait ici les reliques des disciples de la Force de toute la Galaxie, ce qui semblait paradoxal car il avait tenté d'éliminer tout ce qui les concernait. En réalité, il s'agissait encore une fois de manipuler son peuple puisqu'il mettait d'abord en exergue le caractère dangereux des Chevaliers Jedi et ainsi, il justifiait ses actes lors des Grandes Purges qui avaient anéanti l'Ordre à la fin de la Guerre des Clones.

L'agent rebelle remarqua un humanoïde encapuchonné qui se tenait devant la statue de Roas Armfen, Maître Jedi mon calamari assassiné par Dark Vador. Aigle vint à sa rencontre, découvrant le visage orangé de l'homme-poisson. Ackbar semblait particulièrement fatigué mais en bonne santé. Assurément, être esclave du Grand Moff n'avait pas que des inconvénients, si l'on partait du point de vue d'un autre esclave.

- Cela ne vous a pas été trop difficile de vous libérer ?

- Non, j'ai un droit de sortie une heure par jour. Accompagné d'une escorte, bien entendu.

Ackbar désigna du menton deux commandos qui attendaient à l'autre bout de la salle, distraits par une ravissante Rodienne qu'il avait payé au préalable.

Aigle lui tendit une datacarte.

- Merci.

- Non, merci à vous. Ces plans sauveront peut-être la Galaxie du joug impérial. Je dois vous laisser à présent. Au fait, bien joué le coup du chant de baleinodon.

Sous son masque, Aigle sourit.

La silhouette du Mon Calamari s'enfonça dans les profondeurs du Grand Musée Galactique. Les deux gardes lui emboîtèrent aussitôt le pas. Aigle jeta un oeil à la Rodienne, puis il fit le tour des différentes sections, pour éviter de paraître louche. Il s'attarda surtout au sein des différentes salles réservées aux Jedi et aux Sith, espérant trouver des informations qui pourraient l'aider à parfaire son entraînement sans sombrer dans le Côté Obscur.

Enfin, il rentra au hangar.

- C'est bon, nous avons les plans.

Dragon se réjouit, tout comme Tigre.

- Super. La fête va commencer !




*

* *




A l'intérieur de sa base automotrice, Matth était assis à son bureau, analysant la sphère d'énergie ionique. Il avait déjà trouvé le numéro de série, ce qui pouvait être une piste pour son enquête. Il faisait parcourir la pièce technologique dans la paume de sa main gauche, espérant trouver un nouvel indice grâce à son sens tactile.

De son côté, le Colonel Az parcourait sur son écran les noms des nombreux marchands d'armes sur Coruscant. Cet officier était le responsable de la garnison permanente affectée au Corridor Ecarlate.

- Ca y est, Commandant.

Matth se leva pour lire le nom du fournisseur par-dessus l'épaule de son subalterne.

- Xistiym Jadaama, de la zone Sud. Un rapport récent du Capitaine Corellien affirme qu'il travaille pour le Soleil Noir. Le numéro et le symbole corellien correspondent à sa marque de fabrique.

- Une chance que le terroriste se soit fourni sur le Centre Impérial.

- La chance n'a rien à voir avec cela. Seule compte la Force. Préparez votre escadron, Colonel. Nous partons dans une demi-heure.
CHAPITRE V: Investigations
Le lendemain à l'aube, Dragon et Tigre s'étaient absentés de leur planque. Ils s'étaient aventurés dans le complexe des archives de la bibliothèque impériale, ayant soigneusement étudié les plans donnés par Ackbar. Autrefois maître populaire et respecté de la Cité Corail de Mon Calamari, Ackbar avait été l'un des premiers de son espèce à être réduit en esclavage par l'Empire. Aussi, il fut très tôt assigné au vaisseau amiral d'une flotte impériale, en tant qu'interprète et valet de pied.

Afin d'impressionner favorablement le Grand Moff Tarkin, un officier lui fit cadeau du Calamarien. Une fois la phase initiale de la conquête terminée, Tarkin laissa à d'autres le soin de soumettre Calamari et rentra chez lui administrer ses territoires personnels ; Ackbar partit avec lui. En tant qu'esclave toujours en éveil, il apprit beaucoup de choses sur l'Empire; en plusieurs occasions, Ackbar eut la possibilité d'examiner des documents militaires secrets, mais son esprit était récemment hanté par l'arme secrète dont avait parlé son maître ; il savait qu'un jour, ces informations pourraient être utiles. Cependant, il ne pouvait aujourd'hui plus attendre : le Projet Etoile de la Mort était opérationnel. Aussi, il devait à tout prix aider les rebelles à combattre cette super-arme, et il commençait par les aider à trouver les coordonnées de deux diagrammes de plans qui pourraient révéler la faille de la lune artificielle conçue par l'ingénieux Bevel Lemelisk.

Dragon enfonça sa main dans sa poche d'où il sortit un droïde miniature Oeil de Mouche, un module de quatre centimètres ayant la forme d'une araignée quadrupède, tenant aisément dans sa paume.

- Tigre, t'es bien sûr que c'est celle-là ?

Il parlait d'une bouche d'aération qui se tenait devant eux. A genoux, l'autre regarda une dernière fois le plan tridimensionnel qui s'affichait dans l'espace. Il posa son doigt à un endroit précis.

- Nous sommes là. A priori, la bibliothèque est là, et le Centre des Services Secrets est là, donc à l'autre bout de cette bouche.

Il la montra, au-dessus d'eux.

- Ok, aide-moi.

Tigre se leva pour lui faire la courte échelle et l'autre découpa rapidement la grille au cutter-laser.

Elle tomba.

Il mit en fonction l'Oeil de Mouche et l'envoya dans le tunnel. Grâce à son générateur d'invisibilité et à sa capacité à léviter, le droïde éviterait les ennuis avec les défenses installées pour éliminer la vermine.

Dragon sortit de sa sacoche quatre holo-projecteurs et en posa un à chaque coin du trou. Bientôt une nouvelle grille virtuelle apparut. L'illusion était parfaite.

Il sauta à terre, dégaina son blaster qu'il régla sur désintégration puis fit de la grille un tas de cendres. Tigre s'abaissa et aspira la poussière avec un appareil qu'il rangea dans sa poche.

- Aucune trace, aucun indice.

- Parfait, rentrons. Les holos placés au bout du couloir et devant les caméras de surveillance vont s'autodétruire dans cinq minutes.

Ils s'activèrent.

Tout-à-coup, à leur grande stupéfaction, deux commandos traversèrent l'hologramme.

- Attention ! lança Dragon.

Les soldats ne comprirent pas de suite ce qui se passa, mais ils eurent le temps de tirer des salves de laser. Dragon plongea, tandis que Tigre jouait de son blaster. Peu après, les commandos gisaient sur le sol. Ils étaient morts : l'un abattu par Tigre ; l'autre une vibrolame dans le c?ur.

Dragon, bien sûr.

- Bien, mais on fait quoi des corps. De la pâté pour bantha ? s'interrogea Tigre.

- Réfléchis un peu. Quand ton blaster est vide, t'en fais quoi ? dit-il en traînant un soldat par les pieds. Tu le jettes à la benne.

Dragon souleva le corps inerte et le balança dans le conduit à ordures.

- Pourquoi pas ?

Tigre l'imita.

- Bon, maintenant, plus de temps à perdre. Il nous reste deux minutes.

Dragon courut chercher les deux dissipateurs soniques à chaque bout du couloir, alors que Tigre soulevait une plaque métallique du sol. Les deux sautèrent dans le tout à l'égout. Tigre fut le dernier à descendre et il souda la plaque pour ne pas laisser de trace de leur passage.

Dragon regarda sa montre.

- Ca y est, les holo-projecteurs se sont détruits. On peut y aller.

Il sortit de sa musette un ordinateur portable. Il l'alluma et contempla l'image de l'intérieur du Centre des Services Secrets. La caméra de l'Oeil de Mouche fonctionnait à merveille.

Les deux mercenaires avancèrent dans les égouts et retrouvèrent leur motospeeders. Chacun chevaucha la sienne. Les deux engins traversèrent le tunnel à vive allure, soulevant la fine couche de vase qui tapissait l'égout.




*

* *




Le Commandant Katarn pénétra la boutique en compagnie du colonel Az, spécialiste en informatique. Ils découvrirent alors un puissant Hutt. Il s'agissait d'une espèce de limace obèse et aux sens exceptionnellement développés, qui dominait la pègre galactique. Les Hutts possédaient une tête bulbeuse, des yeux reptiliens, des bras trapus et un puissant appendice caudal. Incroyablement résistants, ils dépassaient parfois mille ans, et consacraient leur existence à poursuivre la fortune par le biais de toutes sortes d'activités hors-la-loi.

- Je cherche Xistiym, du Clan Jadaama.

- [Vous l'avez en face de vous. Que voulez-vous ? ] les agressa-t-il.

Matth remarqua deux Dévaroniens armés de lames se déplacer sur le mur derrière eux.

- Une liste complète de vos clients. Plus précisément, les clients qui ont acheté un générateur d'énergie ionique WALL 16.

Matth savait pertinnement que la Force ne pouvait influencer l'esprit des Hutt ; aussi prépara-t-il sous sa bure son blaster, afin de persuader le négociant de lui révéler ce qu'il exigeait? Cependant, il fut grandement surpris par la réponse de son interlocuteur non-humain.

- [Bien. Mon droïde va s'en charger. ]

Un droïde comptable émergea d'une alcôve. Une voix robotique s'adressa aux impériaux.

- Nous avons trois clients qui ont acheté ce type d'articles dans les huit dernières semaines.

- Le numéro du WALL 16 est AAX-3.2B.

- Celui que vous recherchez, messieurs, se nomme Moncer Tremen.

- Un Mon Calamari, grogna Az en reconnaissant l'origine du patronyme.

- Oui, monsieur. Il loge à Estan, pas très loin d'ici.

- Merci.

Le Hutt se frotta les mains, et esquissa un large sourire innocent. Il était pleinement satisfait d'avoir évité la confrontation avec l'Empire, mais Katarn releva ce comportement anormal de la part du Hutt. Finalement, il le salua puis retourna à sa base automotrice.

- A Estan, annonça-t-il à son pilote.




*

* *




Blanc, désertique, glacé...

Tels furent les premiers mots qui vinrent à l'esprit du jeune Max Katarn. Il ne voyait qu'une étendue blanche et il n'avait aucune idée de ce que cette vision signifiait. Pourtant, au fond de lui, il ressentait une grande solitude, comme si quelque chose - ou quelqu'un - qu'il aimait l'avait abandonné.

Neige...

Max était désormais au centre du paysage décrit dans son rêve, et la tempête l'empêchait d'ouvrir les yeux. Il fallait qu'il explore cette vision, car il savait qu'elle lui apprendrait ce que serait son avenir. Et à douze ans, vouloir connaître son avenir est une chose on ne peut plus normale. Curieusement, le jeune garçon ne ressentait pas le froid qui aurait dû régner sur cette planète. Laquelle était-ce ? Alzoc III ? Hoth ? Hofn ? Rhen Var ? MM47000327 ?

Peu importait pour le moment.

Une grotte apparut soudainement sur le chemin pris par l'adolescent, qui s'y engouffra. Les ténèbres l'envahirent peu à peu, puis totalement. La vision était finie, il n'en saurait pas plus aujourd'hui.




*

* *




Dès qu'ils arrivèrent, les commandos encerclèrent l'immeuble. Az donna ses ordres et Katarn ne dit rien. Le colonel ne servait pas sous ses ordres car il faisait partie de la garnison locale. Matth, lui, appartenait aux services secrets impériaux et ne faisait qu'assister Az dans son enquête.

Du moins, tant que l'on n'avait pas découvert l'identité des coupables.

- Il y a trois formes de vie dans le bâtiment, Commandant. Tous trois Calamariens. Devons-nous ordonner l'assaut ?

- Oui, il nous les faut en vie.

Les douze commandos avancèrent à pas lents, couvrant toute la surface. Le premier déverrouilla la porte en craquant les codes. Deux autres entrèrent mais ils furent abattus par une mitrailleuse autoguidée suspendue au plafond : le système de sécurité. Un soldat plongea en avant, évitant habilement les salves, puis y répondit par un tir bien placé. La machine fut vite hors-service, puis elle explosa au terme de ses souffrances mécaniques.

Parallèlement, deux éclaireurs s'appliquaient à faire monter leurs motospeeders sur l'immeuble d'en face. Ils devaient maîtriser leurs engins et passer les vitesses au bon moment afin de gravir les différents paliers. Bientôt, ils parvinrent au somment. Accélérant à fond, ils prirent leur envol, traversèrent le ruelle, puis firent éclater les verrières du quatrième étage à l'aide de leurs lasers. Surpris, deux Mon Calamari se mirent à l'abri.

L'un d'eux était Tremen.

Il entendit les coups de feu à l'étage du dessous. Son frère devait déjà être leur prisonnier. Il se douta que le ConInt l'avait retrouvé grâce au WALL 16 qu'il avait dû abandonner sur place, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Il chassa cette pensée de son esprit pour se concentrer sur l'instant présent. Il verrouilla son blaster sur la puissance maximale, puis balança un détonateur thermique dans le tube du turbo-lift. Cette grenade impériale, à base de l'explosif synthétique baradium, engendra un champ de particules qui détruisit tout ce qu'il enfermait. L'engin explosa, emportant dans la mort cinq commandos, piégés sous les massifs blocs de métal.

Couvert par Kallen, son homologue, Tremen plongea dans le tube pour atterrir à l'étage inférieur. Là, il abattit deux commandos pris par surprise. Kallen le rejoignit.

Tous deux se cachèrent derrière les caisses, attendant la venue des derniers soldats, certains que pendant leur ascension, les autres seraient vulnérables. Aucun ne vint. Soudain, ils eurent la sensation que le sol se dérobait sous leurs pieds.

Les impériaux avaient fait sauter le mur porteur. Les Calamariens arrivèrent au rez-de-chaussée, aussi surpris que blessés, mais toutefois en vie. Tremen aida Kallen à se relever mais une ombre apparut. Les deux hommes-poissons furent projetés en arrière par une force invisible.

Leur agresseur marcha vers eux. Vêtu totalement de noir, il incarnait le Lord Nyax des légendes corelliennes, un démon qui venait prendre les vies sans jamais s'arrêter. Tremen ne distingua que ses yeux au travers d'une longue chevelure blanche, puis perdit connaissance.

Un oeil rouge, un oeil bleu.




*

* *




Puisque c'était la fin de la semaine, Max en profita pour prolonger sa nuit agitée. Il se réveilla en sursaut et tomba du lit quand le droïde C-9PO toqua à sa porte. Se débattant dans ses draps, il réussit enfin à voir le robot à la carcasse aigue-marine.

- Ah, c'est toi.

- Maître Max, veuillez vous lever. Votre père étant absent, il m'a chargé de vous réveiller à neuf heures au plus tard. Je me dois donc de lui obéir.

- La ferme, 9PO ! Laisse moi dormir, j'ai pas classe aujourd'hui, soupira-t-il en se couchant à nouveau.

- Je sais bien, maître Max, mais c'est votre père qui?

- Oui je sais.

Il imita Lebad, son paternel : « Si je ne me lève pas tous les jours à la même heure, mon rythme corporel sera déréglé ».

Finalement, Max céda à 9PO. Il repoussa ses couvertures et se leva.

Tout à coup, il entendit une voix familière.

- Max ! Max ! appelait-on.

Le jeune Katarn ouvrit la fenêtre de sa chambre pour voir son ami Mot Guile en train d'hurler de toutes ses forces.

- Eh, Max, magne-toi ! Yeorg Captison donne une conférence de presse devant le Sénat.

- Qu'est-ce que ça peut me faire ?

- Je t'expliquerai. C'est hyper-important !

- Ok, j'arrive.

En quatrième vitesse, Max s'habilla, puis descendit au rez-de-chaussée. Mot lui parla de l'événement en chemin. Les deux garçons courraient aussi vite qu'ils le pouvaient. Le jeune Guile avait observé la bataille toute la nuit à l'aide de ses macro-jumelles.

- Vraiment, tu n'as rien vu ?

- Que dalle !

- Je ne sais pas comment tu as fait pour dormir avec tout ce boucan. Tout le monde était dehors.

- Ouais, mais tu as vu où j'habite, dit-il pour se justifier.

Et puis ma nuit a été quelque peu perturbée, mais tu ne comprendrais pas?
Ils arrivèrent enfin sur la grande place qui faisait face au Sénat où le Premier ministre parlait déjà.

- Zut, on est en retard.

Des centaines de personnes attendaient devant l'auditorium. Max reconnu parmi la foule Onik Gaues et Roviden Belden - ses autres amis - qu'il rejoignit avec Mot.

- ? ainsi, la chasse du Capitaine Harris a repoussé l'aérolithe hors de notre portée. Le bolide s'est écrasé sur la lune. Les événements se sont déroulés ainsi.

Du coin de l'oeil, Captison vit le Capitaine apparaître sur la scène et sembla rassuré :

- Je laisse maintenant la parole au Ministre de la Défense Harris qui a une déclaration à faire.

L'air grave, le Capitaine monta sur le podium et plaça sa bouche devant le micro.

- Tout d'abord, bonjour à tous. Cela fait déjà dix-huit années que je dirige l'Escadron Délivrance et que nous défendons le système. Pourtant, en ce jour sombre où deux de mes collègues et amis ont trouvé la mort, j'ai compris que je n'étais plus apte à commander la chasse bakuranne. Ainsi, je démissionne de mon poste de Capitaine de l'Escadron Délivrance, emportant avec moi cette amère victoire...

Il arracha son insigne de Capitaine. Le Premier ministre sembla satisfait. Blaine avait agi sagement : c'était la bonne décision.

- ... et laisse ma place à la jeunesse. J'élève donc le lieutenant Jaen Sacque au grade de Capitaine. Que les familles des victimes sachent que je les soutiens dans leur malheur. Puissent-elles seulement me pardonner cette ultime erreur.

Harris quitta le podium et la place à pied, suivi par des journalistes qui l'assaillaient de questions. Rapidement, le chef de la sécurité Lewis accourut et repoussa les assaillants.

Jaen sembla étonné de cette décision : son supérieur n'était pour rien dans la mort de leurs camarades, et il le savait pertinemment.

Ils connaissaient le risque.

A présent, il devrait lui-même reformer l'escadron, en commençant par trouver des remplaçants aux pilotes disparus.




*

* *




Sa vision était encore trouble quand Tremen se réveilla sur un siège, attaché. Il reconnut celui qui les avait pris en la personne de Matth Katarn, un Commandant bien connu du ConInt.

Kallen et son frère étaient aussi là.

- Dis-nous pour qui tu travailles, lui ordonna Az. Regarde ton ami, il a refusé et vois ce qui lui arrive.

Il fut horrifié par ce qu'il vit. Son frère était presque mort. Son corps était recouvert de sang. Une créature immonde, un rawwk aux Yeux de Feu - sorte d'oiseau noir dont on disait qu'il portait malheur -, avait les serres plantées dans son crâne saumoné. Le nécrophage était en train de lui dévorer sauvagement l'oeil gauche.

- Qu'en dis-tu ? demanda Az ?

- Jamais je ne vous révèlerai ce que vous désirez savoir.

- Même sous la torture ? lui dit-il en plantant son poignard dans l'épaule.

- Jamais.

Le sérum de vérité étant inefficace sur les Mon Calamari, Az était contraint d'inventer toutes formes de torture pour lui faire avouer. Expert en la matière, il ferait parler Moncer Tremen.

Ayant fini de rédiger son rapport, Matth Katarn se détourna de sa console et regarda sur un autre écran pour savoir où en était le colonel Az.

Toujours au même point.

Agacé, il se leva et pénétra dans la pièce où les Mon Calamari étaient torturés.

- Assez, hurla-t-il.

Il bouscula Az et alluma son sabrelaser à lame blanche. Il décapita Kallen, abrégeant immédiatement ses abominables souffrances.

Le rawwk s'envola, rejoignant l'épaule de son propriétaire - Matth - auquel il avait été offert par son maître, le sombre Dark Devil.

Matth Katarn était un Seigneur de la Guerre, membre d'un Ordre de Jedi Noirs allié de l'Empire, et il ne se laisserait pas arrêter par des terroristes refusant de collaborer. Aussi, il se résigna à utiliser ses talents dans la Force pour parvenir à ses fins. Il rangea son arme à sa ceinture et posa ses mains sur les tempes de Tremen. Il ferma les yeux, invoqua la Force, puis plongea dans l'esprit du Mon Calamari.

Des griffes mentales déchirèrent les faibles défenses psychiques du Non-humain et bientôt, Matth sut tout.

Il sut tout de sa vie.

Tout de son enfance.

Tout de son exil pendant l'invasion de sa planète

Puis tout de sa reconversion en mercenaire.

Il sentit que l'autre le suppliait de le tuer.

Il savait.

Matth retira ses mains. Il reprit ses esprits et effaça les images qui envahissaient ses pensées. Ces résidus mentaux étaient une des raisons pour lesquelles il répugnait à jouer au vampire psychique.

Il savait.

D'un geste incroyablement vif, il mit fin aux jours de Tremen en lui brisant la nuque à mains nues.

- Il travaille pour le Soleil Noir. Son contact est Lonay, un Vigo que nous cherchons à identifier depuis des années.

- La piste s'arrête donc là.

- Oui. Brûlez-moi ces corps.

Le Seigneur de la Guerre quitta la salle, son rawwk sur l'épaule. Il remit ses cheveux d'un blanc neigeux en arrière, puis retourna à ses pensées.




*

* *




Après que la foule soit partie, Roviden Belden - fils du Sénateur Doyen Orn Belden - se dirigea vers Yeorg Captison. Le jeune Katarn le suivit, laissant Mot et Onik derrière lui.

- Pourquoi avoir fait ça ? demanda Roviden en parlant de la démission d'Harris.

- Il y a été obligé, expliqua le Premier ministre. Je lui ai conseillé de faire ça pour empêcher le Sénat et le Conseil de salir son image. Blaine était un bon officier, mais les Bakurans pensent qu'il aurait dû se perfectionner en allant à l'Académie Impériale de Carida.

- Mais Carida appartient à l'Empire, n'est-ce-pas ? fit Max. Ils n'auraient jamais accepté Harris sans certaines conditions.

- Va expliquer ça aux conseillers, dit Captison d'un air découragé avant de dériver sur un autre sujet de conversation.

Le fils de Lebad Katarn rejoignit Gaues et Guile qui s'apprêtaient à rentrer chez eux.

- Vous faites quoi cette après-midi ? leur demanda-t-il, curieux.

- J'ai déjà quelque chose de prévu, annonça Mot.

- Idem, ajouta Onik.

- C'est pas grave, on se revoit demain.

Les trois amis se séparèrent.

Rêveur, Max décida de faire un petit détour par une zone résidentielle, un chemin un peu plus agréable, mais plus long. Il marchait depuis plus d'un quart d'heure lorsqu'il ressentit un picotement au niveau de la nuque. Sachant ce que cela signifiait, il se retourna vivement et vit? un énorme chien !

Du calme?
Il inspira à fond avant de tendre la main. Son père lui avait appris à utiliser la Force pour influencer des esprits primaires et il l'avait fait des dizaines de fois avec des insectes. Mais pas avec un chien.

La taille importe peu?
Max le savait, aussi fit-il confiance à ses capacités. Ainsi il put pénétrer l'esprit de son « agresseur ». Il commença par lui faire comprendre que le mordre ne servirait à rien.

Pourtant, l'animal continuait d'avancer.

Tu t'y prends mal.

Se concentrant encore plus, le jeune garçon s'attaqua aux sens du chien. Au bout de quelques secondes, la bête ne voyait plus un enfant, mais un géant !

- Bouh ! hurla Max en déformant sa voie.

L'effet escompté fut atteint : l'animal s'enfuit en courant.




*

* *




La dixième heure était déjà passée sur MM47000327 quand Aaron Lane réunit tous ses collègues dans la salle de repos. Il leur parla de sa volonté de partir explorer l'aérolithe qui s'était crashé la veille. Pour cela, il demanda deux volontaires qui les accompagneraient, lui et Meedjo. Depuis l'événement qui avait agité leur nuit, il avait tenté en vain de renouer le contact avec Bakura, mais rien n'y faisait. Aussi, il fallait déterminer l'origine du problème. Et rapidement.

Bakura ne s'inquiéterait pas, car le Projet Genesis émanait d'un haut dignitaire impérial et peu d'habitants connaissaient son origine. Aussi, décida-t-il de partir trouver le site du crash. Le voyage prendrait au moins une semaine, mais une bonne partie du chemin se ferait à bord du char de prospection Explorateur.

Dana Guile et Parn Sone levèrent la main, malgré leur connaissance des nombreux risques que comportait la mission.

- Bien, j'ai trouvé mes partenaires. Docteur Larbruk Reemano, vous prenez désormais la tête du complexe. CZ-8, prépare le char d'exploration et les combinaisons thermiques, dit-il froidement au droïde.

Tout comme ses trois compagnons, Aaron gagna sa chambre et prépara le matériel. Il ne lui fallait rien oublier. Surtout pas le danger.




*

* *




Max évita de croiser C-9PO quand il regagna la demeure paternelle. Il savait qu'il était en retard pour les cours qui débutaient en début d'après-midi - cours qu'il avait totalement oublié d'ailleurs.

Il savait aussi qu'il ne serait pas le seul, puisque certains de ses camarades avaient assisté à la manifestation. Cependant, il préférait éviter que le droïde ne fasse son rapport à Lebad. S'emparant de ses affaires de cours, il descendit les marches quatre à quatre quand il distingua la silhouette du droïde protocolaire.

L'enfant rebroussa chemin et regagna sa chambre. Il se résigna à passer par la fenêtre. Se servant de la Force, il atterrit sans problème et courut vers le speeder de Mot qui l'attendait pour le ramener en ville. Cela lui éviterait d'aggraver le retard accumulé.

- Au collège, chauffeur ! clama Max. Mot, qui était à peine plus âgé que Katarn, le regarda étrangement. Son ami était toujours de bonne humeur. Rien ne semblait l'ébranler. Il semblait innocent, vierge de toute rencontre avec les problèmes quotidiens.

CHAPITRE VI: Skyhook
Aigle s'avança calmement sur la corniche, se servant de la Force pour préserver son équilibre. Cela faisait à présent huit jours qu'il était arrivé sur Coruscant en compagnie de Dragon et Tigre, et les agents rebelles commençaient à s'impatienter. Cependant, la journée débutait bien puisque le dernier mercenaire, Meedro Lomaruk, venait de débarquer dans leur hangar, sourire aux lèvres. Aussi, l'agent rebelle était parti aussitôt à la recherche de Mojiv, le pilote corellien. Celui-ci était arrivé le premier, deux jours auparavant, mais il s'absentait souvent pour assister aux courses de pods illégales qui se déroulaient toujours dans les bas-fonds du Centre Impérial.

Le mercenaire était assis sur une poutrelle, les jambes dans le vide et Aigle vint le rejoindre.

- Les derniers membres de l'équipe sont arrivés.

- Laissez-moi le temps de voir le dernier passage des pods. Je sens que le classement va connaître un important changement.

- A quoi le voyez-vous ?

- L'instinct du pilote.

- Celui-là même qui a causé l'accident qui a ruiné votre vie.

- Exactement, et c'est aussi cet instinct qui me pousse à poursuivre la course, même si je dois participer à des compétitions illégales... fit Mojiv en se levant.

A cet instant, trois modules arrivèrent à fond. Chacun des engins faisait un bruit spécifique, et la cacophonie se faisait de plus en plus oppressante. Les véhicules, véritables amas de pièces détachées, étaient en lutte pour la première place. Soudain, celui de tête connut un problème technique. Une pièce se détacha et les coupleurs d'énergie disparurent en fumée. Les deux autres concurrents en profitèrent alors pour le doubler et prendre un avantage que leur adversaire ne pourrait pas rattraper...

- Que vous avais-je dit, Aigle ?

- Je n'ai jamais douté que vous ayez raison. Suivez-moi, l'opération Skyhook est sur le point de débuter.




*

* *




Très nerveux, Muzzer jugea qu'il en avait assez. Le Grand Moff et l'Amiral Barrh se levèrent de leur siège. Le premier sortit son comlink.

- Colonel Stro, amenez ma limousine à la porte B.

Il rangea l'appareil dans sa poche et sortit du complexe, suivit de son subordonné. Le Grand Moff Muzzer était un homme obèse aux tempes dégarnies. Il prétendait être un homme à femmes, mais il ne s'agissait pour ses subordonnés que de vantardise. D'ailleurs, son caractère présomptueux et opportuniste le poussait à trouver des surnoms dégradants à ses subalternes afin de montrer sa supériorité. Haï de ses hommes, il se faisait respecter par une autorité ferme qui les dissuadait de protester. Il était assisté de l'Amiral Barrh, la « Bête Noire » du Conseil et en réalité, l'expression de cette autorité. En effet, c'était par lui que Muzzer agissait. C'était Barrh qui lui garantissait son pouvoir grâce à sa Flotte Invincible. Sans Barrh, Muzzer ne serait qu'un administrateur provincial sans aucune autorité.

Leur voiture arriva devant le complexe, escorté par huit éclaireurs. Le commando THX-1138 surnommé « Bozzle », du nom d'une star pornographique de Coruscant, sortit et ouvrit la porte à ses supérieurs. D'un geste amical, il les pria d'entrer. Barrh prit place aux côtés de Muzzer qui s'affaissa lourdement sur le siège en coin.

Une fois que Bozzle l'eut rejoint, Stro démarra le véhicule.

- Où allons-nous, monsieur ?

- A l'hôtel Fierté Impériale.

- Par quel chemin désirez-vous passer ?

- Par le parc, merci.

Le speeder limousine se fraya un chemin au travers des ruelles bondées, puis pénétra finalement le jardin zoologique et botanique de l'Empereur. En tant que tyran mégalomane, Palpatine gardait là un spécimen de chaque espèce vivante des planètes qu'il avait conquise.

Barrh se retourna, gêné par quelque chose.

- Regardez, Muzzer, ce véhicule nous suit depuis tout à l'heure.

- C'est vrai, je l'avais remarqué. Je vais prévenir les gardes. Ce ne sont peut être que des touristes qui visitent le parc mais je préfère m'en assurer. Je les contacte.

Dans l'autre voiture pilotée par le Corellien Mojiv, le Rodien Medro Lomaruk ouvrit une trappe dans le « sol » de l'engin. Il tenait une mine coureuse, fabriquée par Deracdia. Ces mines ressemblaient à des plates-formes rectangulaires sur répulseurs. Equipées d'un détecteur, il suffisait de déterminer la cible pour qu'elle la suive jusqu'à l'atteindre en la faisant exploser avec elle.

Le Rodien en lâcha trois.

Mojiv accéléra davantage tout en serrant son virage. Cet homme avait la vitesse dans le sang, et ça se sentait, déjà par l'allure à laquelle il parlait. D'ailleurs, Aigle, Tigre et Dragon avaient pu vérifier ses talents puisque deux jours auparavant, il n'avait pas pu s'empêcher d'aller défier des pilotes locaux dans une course illégale dans les bas-fonds, course qui s'était soldée par une intervention des autorités. Les agents rebelles lui avaient alors interdit de recommencer dans le cadre de leur mission, et il s'était contenté d'aller simplement regarder les courses.

Les comlinks des pilotes de motospeeders bipèrent.

- Gardes, veuillez interpeller la voiture qui nous file. Il s'agit certainement de terroristes?

L'un d'eux n'eut pas le temps d'entendre le reste du message car la mine l'avait rattrapé. L'explosion aveugla un autre soldat qui perdit le contrôle de son engin.

A l'avant, un homme tomba, la gorge tranchée. Son collège cria de toutes ses forces :

- Un collet, attention !

Il baissa sa moto de façon à passer sous le câble, mais il fut déséquilibré et il tomba. La limousine le heurta de plein fouet. Il succomba, la nuque broyée.

Au même moment, Muzzer hurlait :

- Ils nous attaquent?

- Nous aussi, continua Stro, qui pressa deux touches sur le tableau de bord.

Le premier enclencha la fermeture des volets blindés qui couvrirent les vitres de transparacier.

- Quoi ? Que dites-vous ? beugla Barrh apeuré.

En nage, Muzzer perdit lui aussi son calme.

Le second bouton fit apparaître du gaz soporifique qui sortit de petits orifices percés dans la porte. Les deux hommes se débattirent mais ils ne tardèrent pas à tomber dans un profond sommeil. Soudain, Stro et Bozzle se changèrent respectivement en Dragon et Tigre, éteignant les holo-costumes composés par Medro et Dragon.

- Au fait, je viens de me remettre d'où vient ce nom. Bozzle... C'est une star du porno ! rappela Tigre à son compère qui apprécia moins le rappel qu'il ne l'avait imaginé.

- Tu ferais mieux de penser à piloter au lieu de parler de tes films préférés !

- C'est ce que je fais, mais ça me permet de me concentrer !

A l'arrière, un autre garde fut tué par une mine coureuse. La dernière mine rencontra un arbre et explosa. Seuls trois soldats demeuraient en vie.

Tout à coup, une ombre sauta d'un arbre baffor. En vol, elle abattit d'un coup de blaster un garde qui s'écroula. Elle se posa sur le toit de la limousine, enclenchant les semelles magnétiques pour ne pas chuter, puis elle se tourna vers les deux derniers éclaireurs.

L'ombre n'était autre que Jodo Kast, le fameux chasseur de primes mandalorien. Vêtu d'une armure bleue cabossée et marquée par les combats, il avait l'aspect d'un prédateur violent et impitoyable en quête d'une proie. Ses épaulettes étaient d'un argent éclatant, tout comme le tour de sa visière en « T », le signe qui le distinguait le plus.

Ses pairs avaient jadis été anéantis par les Chevaliers Jedi à Galidraan plus de cinquante années auparavant, mais il honorait leur code d'honneur en perpétuant leurs techniques de combat. Les héritiers de la tradition de Mandalore étaient à présents en nombre restreint. Excepté lui, il y avait bien sûr le célèbre Boba Fett, et les moins célèbres Tobbi Dalla et Fenn Shysa. Si le premier s'était bâti une réputation en durabéton dans toute la Galaxie et n'avait plus rien à prouver, les deux autres agissaient uniquement sur Mandalore contre l'esclavagisme imposé par l'Empereur.

Jodo Kast, lui, suivait les traces de Boba Fett, même si l'ombre de ce dernier planait toujours sur lui. Il commençait néanmoins à imposer son image si bien que Vador avait fait appel à lui à plusieurs reprises.

Tigre arrêta la voiture.

Kast s'agrippa, lançant un monofilament vers un impérial. Le câble s'enroula autour de son torse. Kast tira dessus et l'autre tomba à terre. Sortant son blaster, il l'acheva de sang froid. Tigre quitta la limousine et tua le dernier d'un coup de pistolaser en pleine tête.

Enfin, la bataille était finie.

Mojiv stoppa la seconde voiture dont Medro sortit. Le Rodien posa des détonateurs sur les lieux du carnage alors que Dragon et Tigre traînaient les corps inanimés de Muzzer et Barrh jusqu'à l'autre voiture où ils les allongèrent sur la plage arrière. Medro retourna à l'engin et sortit sa console portable où un message attendait d'être lu.

- Les gars, c'est Aigle. Comme prévu, des champs de force vous bloquent la sortie.

Jodo Kast rentra dans le speeder qui fila.

Une gigantesque explosion déchira le ciel derrière eux. Leur mission était accomplie.

- [On arrive à la porte E. Où est la sortie la plus proche ?]

- A la porte G. Des vaisseaux du ConInt bloquent la F.

- [Ok, nous arrivons], finit-il en rodien.

Le speeder passa les portes et arriva à la G, où attendaient Aigle et Deracdia, qui avaient neutralisé le bouclier grâce à un inhibiteur de champ. Cela faisait huit jours que les trois mercenaires étaient arrivés au Centre Impérial, et l'opération se concrétisait enfin...




*

* *




Le Commandant Matth Katarn venait d'arriver à la porte F à bord de sa base de commandement automotrice. Il ordonna le déploiement de ses hommes, les troupes du ConInt, qui pénétrèrent la serre. Bientôt, deux escadrons de commandos dirigés par les lieutenants Meggan Aumann et Erarw Snars arrivèrent derrière la voiture pilotée par Mojiv.

Dark Kane, qui les commandait, exigea un tir en rafale. Les lasers fusèrent avec la plus grande précision.

Jodo Kast sortit du speeder et leur répondit, cherchant à en abattre plusieurs, mais il les manqua tous. Ces mystérieux commandos semblaient bien plus efficaces que leurs homologues, ils bougeaient avec une grâce et une habileté rare pour de simples soldats.

Kane fit avancer les vingt-quatre guerriers vers les terroristes.

Mojiv conduisit l'engin à l'extérieur du parc sans jamais lâcher la pédale d'accélération. Scrutant en permanence ses rétroviseurs, il s'arrangea pour prendre les virages au dernier moment, semant un vent de panique auprès des éclaireurs du colonel Az qui le traquaient. Il connaissait très bien sa destination et s'enfonça dans les profondeurs de la planète-cité, pour semer les nombreux TIE/In qui survolaient les lieux.

Ces chasseurs stellaires de supériorité spatiale - fabriqués par la firme Sienar - étaient une fierté de l'Empire. Monoplaces précis et rapides, ils disposaient d'un tir jumelé de lasers. Leurs deux panneaux solaires leur permettaient une plus grande maniabilité que les autres navires de même classe fabriqués par des constructeurs concurrents et garantissaient ainsi aux impériaux une victoire quasi-assurée dans des combats opposants des pilotes de même niveau.

Mojiv ne se souciait d'habitude guère des autres passagers, mais il savait quel était l'enjeu de cette mission et pilotait en mesurant les risques. D'autant plus qu'il devait permettre à Medro de « moucher » les chasseurs qui ne le lâchaient pas. Dragon se joignit alors à lui pour tenter d'abattre les TIE. Il baissa la vitre blindée et se pencha, retenu par Tigre. Il régla ses deux blasters à la puissance maximum. Il ne devait pas manquer sa cible car les armes seraient vidées.

Il pressa la gâchette et la salve partit, touchant un panneau solaire. A cet instant, Medro fit feu et toucha le réservoir. Le carburant s'enflamma et transforma l'appareil en une boule de feu incandescente qui se crasha dans la rue devant eux, engendrant la panique au sein de la foule.

Le Corellien stoppa son véhicule pour faire demi-tour car la voie était bloquée. Cependant, il vit que des motos pilotées par des éclaireurs impériaux les rejoignaient. Excès de confiance ou pure folie, il accéléra à nouveau et fit voler en éclat la carcasse en feu du TIE. Les morceaux volèrent partout lors du choc et le speeder fut relativement ralenti, ce qui ne découragea pas son pilote. Au contraire, Mojiv partit en dérapage, ordonnant à Dragon et Medro d'abattre les hommes qui les poursuivaient.

L'engin se trouvait désormais à l'arrêt au travers de la route, son moteur vrombissant prêt à repartir.

- Butez-moi ces impés en vitesse !

Les vitres ouvertes permirent aux deux tireurs d'abattre les impériaux. Les corps disparurent dans l'explosion de leurs machines infernales. Sur le toit du véhicule, quelque chose s'agita. Le pilote du TIE était en vie, même s'il n'était plus qu'une torche humaine. Son dernier acte fut de lancer un détonateur dans le speeder et de mourir par les flammes. Tigre se débarrassa de la grenade en la jetant. Le détonateur thermique explosa un instant plus tard.

- On repart ! cria Mojiv, qui tapotait ses doigts contre le volant en signe de nervosité.

- Non ! Attends un instant ! fit Dragon en empoignant un fusil-blaster.

Il ajusta la lunette et visa le dernier Chasseur-TIE qui partit en vrille à la suite de deux coups de laser bien placés. Aussitôt, Mojiv redressa le véhicule dans le sens de la voie et conduisit à vive allure, constatant qu'à nouveau, une lance d'éclaireurs les traquait, et de nouveaux chasseurs apparaissaient.




*

* *




Quand Aigle et Deracdia, montés sur leur motospeeder, se séparèrent à la sortie du parc, Jodo Kast détruisit l'inhibiteur de champs et affronta directement les soldats impériaux du colonel Az. Ceux-ci étaient moins doués que les hommes de Kane et se firent moucher rapidement. Se servant de son jet-pack, il se posa au milieu des hommes et les neutralisa à l'aide de sa vibrolame. Les hommes hurlèrent, et ceux qui étaient encore à même de riposter ou de fuir furent abattus systématiquement d'un tir de blaster.

En pleine confusion, Kast appela son vaisseau grâce à une commande tout en arrosant le reste des troupes à coups de lasers.

Le Guerrier de Mandalore arriva rapidement au-dessus de la serre qu'il bombarda avec des charges ioniques. Kast s'abrita pour éviter les débris de transparacier, puis il lança un filin vers le Guerrier. Le Chasseur de Primes rembobina le fil et gagna le cockpit, où il s'installa. Poussant une manette, il accéléra pour prendre en chasse l'escadron de Chasseurs-TIE qui traquait ses amis à bord du speeder. Il verrouilla les cibles et, jumelant ses lasers, il tira de nombreuses rafales.

Trois vaisseaux explosèrent.

Hélas, les autres firent demi-tour et renversèrent la balance. Le Guerrier de Mandalore devint alors une proie de choix.

Du jardin zoologique, le Commandant Matth Katarn regarda les TIE neutraliser lentement les défenses du vaisseau de Jodo Kast avant de l'abattre. Une fois ses boucliers affaiblis, le navire se transforma en une sphère menaçante de plasma. Puis cette étoile filante heurta un immeuble de la compagnie Loronar Corporation qui s'effondra sur lui-même. Très instable, le plasma entra en fusion et explosa. La détonation fut si puissante que d'autres bâtiments furent rasés.

Quelques instants plus tard, les vaisseaux-pompiers accouraient déjà sur les lieux du drame.

Admirant l'agitation qui régnait devant lui, le jeune Katarn se réjouissait de la mort du Mandalorien, mais les autres terroristes avaient fui, et il détestait l'échec. Pour lui, la traque ne faisait que commencer.




*

* *




Aigle était descendu suffisamment profondément pour semer ses poursuivants. Il abandonna sa monture mécanique dans une ruelle sombre et attendit Deracdia au lieu convenu. Le Dévaronien ne tarda pas et ensemble, ils marchèrent jusqu'au hangar où était caché l'Heidegger. Ils reçurent alors une communication envoyée par Dragon confirmant qu'ils étaient arrivés à destination. La première étape du plan était un succès indéniable.

CHAPITRE VII: Méthodes rebelles
Deux agents rebelles étaient assis autour d'une table, entourés de leurs fidèles droïdes, de Medro Lomaruk, de Deracdia et de Mojiv. Tous semblaient stimulés par la mission qui les attendait. La première phase s'était déroulée sans accroc, même s'ils n'avaient plus reçu de nouvelles de Jodo Kast après le crash de son vaisseau dans un immeuble.

Le Rodien était en train de souder une dernière pièce sur un projecteur holographique.

- [Ca y est, j'ai fini.]

Dragon et Tigre s'approchèrent de lui. Il plaça à leurs ceintures un projecteur et les holo-déguisements s'allumèrent. Une fois le point réglé sur ces silhouettes floues, ils étaient devenus Barrh et Muzzer, deux officiers loyaux à l'Empereur.

- [Tout semble parfait], lança le Rodien, satisfait de son ?uvre.

Dragon alla taquiner le vrai Muzzer, ligoté dans un coin de la pièce aux côtés de l'Amiral Barrh.

- Et Dragon, t'es mieux que le vrai, plaisanta Tigre. Hein, mon gros ?

Bâillonné, Muzzer leur fit part de son impression, mais les autres ne comprirent rien à ce qu'il ronchonnait.

- Qu'est-ce que tu as dit ? Je comprends rien, le nargua à nouveau Tigre.

Mojiv se leva à son tour, l'air grave.

- On n'a plus qu'à espérer qu'ils n'aient pas de scanner.

- Toujours aussi optimiste, répondit Dragon en dénotant le caractère cynique de la remarque. Le garde que En Gee a soudoyé le lui a affirmé. Aucun scanner. Et aucune arme à l'intérieur. Pour le reste, l'Oeil de Mouche nous a montré que deux commandos surveillent l'intérieur et que quatre officiers travaillent en permanence dans la salle.

- Pour les armes, c'est réglé, ajouta Tigre en donnant une tape amicale sur l'épaule du droïde.

Assis en tailleur, Aigle était entré en méditation Jedi depuis quelques minutes quand une ombre se présenta au-devant de lui. Il faisait ce rêve depuis maintenant plusieurs semaines, et son trouble s'en trouvait accentué à chaque nouvelle fois. Il se voyait, seul, coupé du monde. Son sabrelaser à lame verte était allumé. Face à lui, il distinguait une forme humaine qui semblait attirer l'obscurité à lui.

Un disciple du Côté Obscur.

Le mercenaire se réveilla, secoué par Deracdia.

Sa vision se dissipa et il se leva. Son visage était en nage.

- Vous allez bien, camarade Aigle ?

- Oui... Juste un mauvais rêve.

- Il faut y aller.




*

* *




Le speeder limousine s'arrêta devant la bibliothèque impériale. Le Grand Moff Muzzer et son second - l'Amiral Barrh - en sortirent, suivis par un droïde de protocole. Muzzer s'aventura dans le complexe avec une suite de quatre commandos. Se dirigeant vers les Archives des Services de Renseignements, il fut arrêté par deux gardes auxquels il présenta son laissez-passer.

- Grand Moff Muzzer, Amiral Barrh. Par soucis de sécurité, nous vous prions de nous remettre vos armes. Elles vous seront remises à votre retour.

Les deux hommes s'exécutèrent et entrèrent dans le bâtiment.

- Votre passe est valable pour une heure, annonça un des soldats chargé de la sécurité.

Les gardes firent demi-tour et la porte se verrouilla.

Les deux officiers s'avancèrent vers un moniteur. Muzzer s'avança et pianota pour orienter les stations-relais vers Bothawui, puis se pencha sur une autre console. Le droïde se brancha entre les deux ordinateurs.

Barrh se retourna et alla discuter avec les deux gardes qui le guettaient de ce côté de la salle.

- Messieurs, pourriez-vous me dire quel numéro a gagné aux courses de blob sur Umgul à la finale de vingt-et-une heure, heure locale. J'ai parié une somme importante sur le Cinq. J'espère que j'ai eu raison.

- Mon Amiral, il me semble que?

Le soldat n'eut pas le temps d'achever sa phrase : Barrh lui avait tranché la gorge avec sa vibrolame. L'autre n'eut pas plus de chance : il finit la lame plantée dans le c?ur. Muzzer se retourna, ouvrant une trappe dans le dos du droïde. Il s'occupa des officiers responsables des communications avec un blaster dissimulé auparavant dans le corps de l'être mécanique.

Les impériaux prirent Barrh pour cible, mais il roula sur le côté, attrapa une arme lancée par son collègue et abattit les deux derniers officiers restants.

Muzzer, quant à lui, prit pour cible les caméras de surveillance. Chaque salve toucha au but. Les facteurs de troubles étaient à présent tous éliminés.

Les deux hommes désactivèrent aussitôt leur holo-déguisement.

- Bien joué le coup des courses, Tigre. T'as bien improvisé.

- Merci, mais la prochaine fois, c'est toi qui iras les distraire.

- Si tu veux. J'ai toujours voulu faire du cinéma.

- Trêve de plaisanterie, au boulot !

- Ce n'est pas une blague ! insista Dragon.

Les deux hommes se dirigèrent à nouveau vers les moniteurs de contrôle.

- C-5PO, tu as craqué les codes de sécurité ? demanda Tigre au droïde.

- Oui, maître. Les sept niveaux d'encodage ont été neutralisés.

Ce dernier s'installa sur une chaise et pianota sur le clavier. Les fichiers se mirent à défiler à toute vitesse.

- Là ! dit Dragon.




PROJET « ETOILE DE LA MORT »




L'arme était finalement appelée Etoile de la Mort - les Rebelles ayant entendu parler d'autres noms, Etoile Noire et Lune Noire, ils se demandaient s'il s'agissait de plusieurs armes différentes, mais apparemment, il s'agissait seulement d'interrogations des dirigeants impériaux pour trouver le nom le plus adéquat pour terroriser les populations.

Les plans se trouvaient sur la planète Danuta.

Ils avaient trouvé !

Le partenaire de Tigre téléchargea les données, puis il revint à la première console. Là, il confirma l'envoi des informations vers Bothawui. En un éclair, elles avaient traversé la Galaxie. Tigre récupéra l'Oeil de Mouche dans le conduit d'aération puis inspecta le sol avant de trouver le passage indiqué par Lonay.

Il l'ouvrit et trouva Medro Lomaruk.

Dragon débrancha le droïde puis introduisit la datacarte Anticorps. Le programme pénétra rapidement la matrice de la console et se répandit dans ses moindres recoins. L'opération fut très rapide, mais elle était vitale. Les données s'effacèrent en quelques secondes : le virus était transmis, et nul ne trouverait traces de leurs passage.




*

* *




Ils étaient partis huit jours auparavant et le char avançait dans l'épais brouillard depuis deux cent deux heures quand ils furent contraints de s'arrêter. L'Explorateur ne pouvait pas escalader le flanc escarpé des Monts de Cristal. Aaron descendit de la tourelle et rentra dans son scaphandre, vérifiant à nouveau la contenance des bouteilles d'oxygène : ils auraient une autonomie de six heures.

Six heures, c'est bien assez.

Meedjo, Parn et Guile l'imitèrent, confiant au droïde CZ-8 le soin de surveiller le char.

- C'est bon, CZ, ouvre le sas.

Dans un ronronnement étouffé, la porte les laissa entrer. La seconde ne tarda pas à s'effacer et déjà, le vent glacial les fouettait. Malgré leur scaphandre, les scientifiques ressentaient la force de cette attaque. Meedjo Larbruk pressa une touche de son poignet-clavier droit. Sur le transparacier de son casque apparurent des signes étranges qui lui indiquèrent la distance les séparant de l'épave :

- Huit-cent cinquante mètres, Docteur Lane. A six-cent trente, il faudra utiliser les jet-packs.

Pour communiquer par comlink, les hommes du complexe utilisaient les ondes hertziennes, système obsolète abandonné définitivement depuis la fin de la Guerre des Clones. Ainsi, ils pouvaient rester en contact permanent car cette man?uvre permettait de détourner les brouillages des visiteurs.

Aaron accusa réception et mena la petite troupe d'explorateurs dans les monts enneigés. Au bout de cent mètres, ils durent s'harnacher à des câbles et se munir de piolets. Ils auraient bien pu utiliser les répulseurs mais cela augmentait la consommation d'oxygène.

Tous escaladèrent le flanc de la montagne.

C'est Meedjo qui eut le plus de mal, car il n'avait jamais pratiqué cette activité et était sujet au vertige. Quand la pente devint inaccessible, ils allumèrent leur jet-pack et s'envolèrent jusqu'au sommet où ils découvrirent une vue d'une splendeur ahurissante.

Un immense cratère de cinq kilomètres de diamètre s'offrait à leurs yeux. Sur les pentes, de nombreux cristaux de quartz rose s'étaient formés grâce au souffle de l'explosion. Au centre du trou était apparu un lac d'une eau bleue incroyablement pure, duquel émergeait la proéminente poupe orangée du vaisseau ennemi. Aaron n'en revenait toujours pas quand il ordonna la descente du mont.

Il commençait à pleuvoir sur la région et un arc-en-ciel se forma, illuminant cette incroyable vallée.

Ils s'arrêtèrent au bord de l'eau, armant leur poignet-blaster. Le Docteur Lane jeta un oeil à Meedjo qui comprit ce qu'il devait faire. Aussitôt, il ralluma ses répulseurs et atterrit sur la coque de métal. Là, il sortit un cutter laser de son armure et découpa la couche de ferraille. Puis il s'aventura dans l'espace ennemi.

Au signal, les autres pourraient le rejoindre.

Parn Sone commença à s'inquiéter mais bientôt, il aperçut la silhouette de son coéquipier.

- Le voilà. Mais que? ? s'interrogea-t-il en le voyant accompagné d'autres créatures en scaphandre.

Les trois scientifiques les mirent en joue mais de nouveaux ennemis émergèrent de l'eau, devant eux, les visant avec leurs poignets-blasters. Aaron voulut reculer quand il remarqua qu'ils étaient encerclés. Des ennemis étaient postés sur le flanc du cratère. Ils étaient piégés.

De l'eau, une dizaine d'étrangers en armure surgirent, menaçant Aaron. Ils avaient une démarche maladroite sur leurs pattes arrière à articulations inversées. Leurs bras antérieurs étaient nettement plus courts et serraient des armes inconnues. Le plus étonnant était la longue queue qui terminait leur colonne vertébrale. Leur casque avait une forme allongée, ce qui signala à Aaron - expert en biologie - que les envahisseurs étaient certainement proches des grands oiseaux coureurs ou des reptiles.

Parmi eux, une silhouette plus petite à l'apparence humaine se distinguait.

L'homme s'approcha d'eux :

- Je suis Belvier Sibwarra. Nous venons en paix.

Sone perdit son sang-froid et tira une salve, tuant une créature sur le coup. Un sifflement aigu fut émis par les autres survivants. Sur l'instant, Meedjo agonisa, égorgé par une vibrolame courbe brandie par un reptiloïde.

Sibwarra sortit un poignard semblable de son armure et se plaça face à Parn. Esquivant un nouveau tir, il lui planta l'arme dans le c?ur. Le sang jaillit de la plaie béante une fois que son meurtrier retira la lame.

Aaron n'en croyait plus ses yeux. Cette simple mission d'exploration s'était transformée en massacre.




*

* *




Aigle patientait dans un conduit d'aération. Arborant une position bien peu confortable, il était couché sur le ventre et tenait un fusil de sniper. Concentré, il attendait juste le moment. Le bon moment.

Un vieillard fantomatique enveloppé dans une tunique de bure noire aux reflets bleus qui appuyait sa main droite sur une canne. Ce personnage charismatique était l'homme à abattre.

Palpatine.

Il voyait l'Empereur en face de lui. La réunion du Sénat Galactique était finie. Le moment approchait enfin.

Aigle vérifia à nouveau qu'il avait retiré le cran de sûreté de son arme et mit Palpatine en joue. La lunette visait le visage décharné du sombre souverain de cette Galaxie perdue. L'agent rebelle savait que des millions de personnes souhaitaient être à sa place, mais il savait aussi qu'il allait décevoir la plupart d'entre eux. Si l'assassinat de l'Empereur pouvait mettre fin à la Guerre Civile, il aurait déjà agi. Mais rien n'était aussi simple, surtout pas la politique.

Dans sa jeunesse, il avait vécu les derniers jours de la République et vu l'esquisse de l'Ordre Nouveau se dessiner. Personne n'avait rien senti venir, mais le nouveau régime mis en place semblait prometteur à ses origines. Même si certaines mesures prises étaient radicales et extrémistes, l'Empire appliquait ses lois de manière ferme. Aigle ne soutenait pas Palpatine, loin de là, mais il savait que rien n'était ni tout noir, ni tout blanc. La République elle-même avait connu son lot de corruption, de conflits intestins et de manipulations. Ceux qui se battaient à l'époque pour préserver une certaine intégrité contre cette face cachée se battaient encore aujourd'hui.

Dans la rotonde du Sénat Impérial, la délégation d'Alderaan représentée par les sénateurs Bail et Leia Organa dressait un véritable réquisitoire contre les répressions.

- Vous, Bail Organa ! Vous, Leia Organa ! Vous, sénateurs d'Alderaan ! Vous osez vous opposer à mon Ordre Nouveau !

- Non ! Palpatine ! C'est votre Ordre qui s'oppose à notre liberté ! Vous autres, fit Bail en dévisageant les autres sénateurs présents dans la rotonde, ne pensez-vous pas que les membres de notre assemblée ont raison de partir les uns après les autres ? Ne pensez vous pas que Chandrila ou Corellia vivent mieux sans la tutelle impériale ? Non ! Parce que la Doctrine Tarkin oppresse ceux qui sont soupçonnés d'appartenir à l'Alliance Rebelle !

- Parce que vous insinuez que Mon Mothma ou Garm Bel Iblis ne sont pas des Rebelles ? lança Ars Dangor, orateur impérial. La Doctrine Tarkin, elle-même, n'est qu'un moyen de préserver l'ordre au sein de notre Empire ! N'avez-vous pas entendu ? Il y a quelques heures à peine, le Grand Moff a été victime d'un attentat ! Ici même, au Centre Impérial !

- Pour sa sécurité, le Grand Moff a préféré regagner Eriadu que d'être une nouvelle fois la victime d'un attentat.

- Les médias se sont en effet empressés d'en parler, Dangor, ne vous inquiétez pas ! Ils parlent d'un commando rebelle infiltré sur Coruscant ? Mais où sont les preuves ?

- Nous savons qu'il s'agit de l'Alliance Rebelle ! Les preuves sont entre les mains du ConInt !

- Pourtant, j'ai entendu parler du Soleil Noir ! Craignez-vous donc le Syndicat du Crime ? Il grandit au sein de l'Empire, mais vous ne le voyez pas !

L'Empereur semblait exaspéré par les propos de Bail Organa, qui reprenait les arguments de Mon Mothma, représentante de Chandrila qui ne se montrait plus à la chambre en raison de son soutien ouvert à l'Alliance Rebelle.

Aigle constata que, comme En Gee le soupçonnait, Palpatine ne tarderait pas à dissoudre le Sénat Galactique, dernier obstacle à sa mainmise totale sur la Galaxie.

- Reprenez votre calme, sénateur Organa, cracha l'Empereur. Il n'existe aucun syndicat du crime de cette ampleur.

Bail Organa ricana intérieurement.

Comme il n'existe aucune Alliance Rebelle...

- L'Empereur prépare un mauvais coup... fit Leia. J'en ai la ferme intuition.

- Tu as raison. Il se contente de laisser Ars Dangor répondre et reste étrangement calme. Il faut faire quelque chose...

Bail fit alors avancer sa capsule pour se trouver face à Palpatine.

La séance va être levée, pensa Aigle.

- Je demande que la session soit reportée !

La plupart des sénateurs parurent surpris par cette demande. Certains huèrent le sénateur Bail Organa. Certes, il était courant de reporter une séance quand l'assemblée était agitée face à des sujets houleux, mais il n'y avait pas encore eu d'incident aujourd'hui.

Bail regarda les entrées de la salle. Des troupes de choc armées y étaient entrées pour bloquer les portes.

- Nous ne reporterons pas cette session, sénateur Organa ! fit Ars Dangor. L'Empereur Palpatine a une déclaration d'une importance extrême à faire.

- Que font ces soldats dans la rotonde ? fit Organa.

- Ils sont là pour veiller afin qu'il n'y ait aucun problème.

- Qu'allez vous faire ? Nous expulser, moi et ma fille ?

- Non. Nous sommes aujourd'hui confrontés à un grave péril. Notre grand Empire qui fédère tant de systèmes stellaires doit en effet faire face à une menace qui peut tous nous anéantir avec promptitude. Comme à chaque fois, nous agirons promptement. Etant donné les agitations qui règnent au sein du Sénat, j'annonce la dissolution prochaine de cette assemblée. Je délèguerai aux gouverneurs sectoriels le pouvoir de faire appliquer fermement la loi et l'ordre.

- Vous ne pouvez pas faire une chose pareille ! Cela relève de la tyrannie !

- Appelez cela comme vous voulez, Vice-Roi Organa. Les derniers vestiges de la République vont être balayés, répondit au tac-au-tac l'orateur. Désormais, seul l'Ordre Nouveau compte, et cet Ordre, vous, vous n'y appartiendrez plus...

Aigle s'attendait à ce qu'un vent d'agitation envahisse le Sénat, mais il n'en fut rien. Les politiciens n'étaient pas gais, ils étaient résolus. Tous quittèrent leur capsule et gagnèrent leur quartier. Palpatine était un fin stratège : il avait amené ses soldats d'élite afin que la nouvelle ne soit pas suivie de panique.

Au travers de sa lunette, Aigle regarda les derniers sénateurs dépités quitter l'immense salle sans perdre sa victime de vue. Les six sentinelles écarlates de la Garde Royale qui encadraient l'Empereur, Vador, son âme damnée, et Ars Dangor, l'orateur, descendirent du podium.

La Guerre Civile prenait une nouvelle tournure.




*

* *




L'Exécuteur Impérial Dark Vador était un colosse à la silhouette reconnaissable. Seigneur Noir de la Sith, il arborait en souvenir de ses pairs un heaume étrange ainsi qu'une lourde armure noire. Sur ses épaules, il gardait une cape de jais dont les côtés étaient reliés par une chaîne. Tous ces détails faisaient de lui le personnage le plus craint et respecté de toute l'administration impériale. Pourtant, ce qui avait forgé son charisme était la légende noire qui concernait ses exactions. On lui prêtait volontiers le massacre de tous les Chevaliers Jedi si bien que le conte corellien du croquemitaine galactique, le Seigneur Nyax, monstre nocturne venant tuer ses victimes dans la nuit noire, sonnait comme une annonce de la venue inéluctable de Vador.

Le Seigneur Noir faisait part à son maître de sa méfiance vis-à-vis des gens d'Alderaan - qui collaboraient selon lui sans aucun doute avec la Rébellion - quand il s'interrompit soudainement.

Grâce à ses talents uniques, il avait senti une présence dans la Force. Aussi se mit-il sur ses gardes. Aigle comprit que le Seigneur Noir de la Sith voulait sonder son esprit. Alors il tira à deux reprises?

Vador avait allumé son sabrelaser, une lame d'énergie rouge qu'il maniait avec brio. Sans mal, il para les deux salves. Les sentinelles se mirent aussitôt à encadrer l'Empereur. Deux d'entre elles escaladèrent habilement les différents étages du Sénat.

Comprenant qu'il ne pouvait plus rien faire, l'agent rebelle abandonna son fusil sur place et pressa une commande. Une explosion retentit dans l'amphithéâtre, mais les gardes rouges ne se découragèrent pas un seul instant. L'arme du crime avait été détruite.

Aigle détalla dans le conduit.







*

* *




Dans le bureau de la base mobile, le Commandant Katarn examinait toujours la structure de la sphère génératrice de champ ionique utilisée par Tremen quand il fut appelé par un de ses subalternes.

- Commandant, nous avons un problème dans le Centre des Archives des Services de Renseignements.

Cela faisait plus d'une semaine qu'il essayait de reconstituer un puzzle dont certaines pièces manquaient toujours. Le Corridor Ecarlate était étrangement calme depuis le dernier incident dans le jardin botanique et zoologique, et il détestait cette ambiance. Aussi avait-il exigé du colonel Az que celui-ci demeure avec lui, tandis que les capitaines Kane et Corellien poursuivaient leur enquête de leur côté avec les escadrons du ConInt. A présent, Az était en train de suivre une piste menant à Jodo Kast.

Matth se jeta sur les écrans qui transmettaient les images du Centre lorsqu'elles se brouillèrent.

Les caméras de sécurité avaient été détruites.

Il contacta alors rapidement le Capitaine Corellien via son comlink.

- Vite, envoyez les escadrons des lieutenants Aumann et Solo !

Il remarqua l'agitation qui régnait au c?ur de la rotonde sénatoriale.

- Non, attendez ! C'est l'Empereur leur cible ! Bouclez la zone du Sénat, je vais au Centre des Archives avec Kane !




*

* *




Aigle arriva bientôt dans les sous-sols mais il comprit bien vite qu'il n'était pas seul.

Les Gardes Royaux l'avaient suivi jusque là.

Il alluma son sabrelaser et se prépara au combat. Les sentinelles arrivèrent. Retirant les capes de parade qui entravaient leurs mouvements, ils se mirent en position, puis ils attaquèrent. Le Jedi para deux coups d'aiguillons de force, fit un demi-tour pour protéger ses arrières et asséna un coup dans le vide, son adversaire avait exécuté un salto pour esquiver l'assaut.

L'agent rebelle roula sur le côté puis utilisa la Force. Le garde fut propulsé en arrière mais il jeta sa lance vers Aigle. Le second Garde Royal se retrouva dans le dos du terroriste et abattit son arme vers sa tête. Le Jedi l'évita en se faufilant entre ses jambes et profita de l'avantage en lui donnant un coup de pied sur la nuque. Une fois en l'air, il leva son arme pour la planter vers le torse de son adversaire.

Ce dernier tomba à terre, terrassé par le Chevalier Jedi. Une odeur de chair brûlée envahit l'atmosphère environnante quand le rebelle retira sa lame d'énergie verte.

L'aiguillon de force plongea vers Aigle, qui - faisant appel la Force - l'attrapa dans sa main gauche. Réalisant un quart de tour sur lui-même, il lui jeta son sabre mais l'impérial l'esquiva avec une habileté déconcertante. L'agent rebelle rappela son sabre à lui et projeta l'aiguillon dans un puits d'évacuation. Le garde sortit deux poignards echani de leurs fourreaux et se précipita vers lui, frappant sans relâche.

Ses assauts et ses parades étaient impeccables, sa technique parfaite.

Aigle fut grièvement blessé au torse ; du sang coula abondamment de la plaie béante. Il serra les dents pour maîtriser la douleur.

Et dire que je me vantais de m'être sorti des cinq dernières missions sans égratignures...

Il resta à genoux quelques secondes puis se releva pour exécuter une parade. Le Jedi cédait du terrain. Les deux adversaires arrivèrent bientôt dans les canaux d'évacuation où une eau impure coulait.

Le Rebelle attaqua à nouveau mais l'autre esquiva sans difficultés avant de lui planter un echani dans la cuisse. S'affaissant dans la vase, le terroriste décida de laisser le poignard là où il se trouvait afin d'éviter une hémorragie trop importante. La sentinelle impériale s'avança, brandissant son arme à deux mains pour l'achever.

Il n'en fit rien. Le Chevalier Jedi plongea son sabrelaser dans l'eau qui commença à bouillir pour se transformer en vapeur. Aveuglé, l'autre rata sa cible. Grâce à la Force, Aigle pouvait toujours voir les mouvements de son agresseur. Profitant de cet avantage, il tenta de fuir, sachant très bien que s'il exécutait le combattant de sang froid, il sombrerait dans le Côté Obscur de la Force. Pourtant, son ennemi ne s'avoua pas vaincu.

Il repéra sa proie et se jeta vers elle. Aigle fit mine de parer, mais il éteignit son sabrelaser. Le Garde Royal perdit l'équilibre et le Jedi plaça le manche de son sabre sur le ventre de son adversaire.

- Laisse-moi fuir et je te laisse la vie sauve, dit-il.

L'autre ne réfléchit pas une seconde et tenta d'abattre son echani dans la colonne vertébrale de l'agent rebelle. Aigle n'hésita pas : percevant la menace, il alluma son arme. La lame naissant du manche perfora les organes du Garde Royal et émergea dans son dos. La sentinelle embrochée tomba dans la vase et son corps fut évacué avec les débris.

Le Jedi retira rapidement le poignard de sa cuisse et cautérisa de suite la blessure en y appliquant la lame de son sabre. Il serra les dents mais ne broncha pas. Puis il poursuivit son chemin, persuadé que les autres gardes ne le trouveraient pas une fois qu'il aurait brouillé toutes les pistes. D'un geste, il fit sauter toute l'installation préalablement minée. Les flammes se chargèrent de consumer les traces de sa visite...

Il rejoignit enfin l'air libre et courut en boîtant vers le repaire de Lonay, le Vigo du Soleil Noir.




*

* *




Lorsque Aaron ouvrit les yeux, il se remémora la mort de Meedjo et de Parn Sone. Par la suite, il avait voulu couvrir la retraite de Dana Guile mais ils avaient été foudroyés par un rayon paralysant. A présent, il regardait les lieux : une vaste pièce où sifflaient trois reptiloïdes. L'humain était lui aussi présent.

Nul ne remarqua de suite que Lane était éveillé.

- [Seigneur Ssi'karis, les P'w'ecks ne peuvent pas réparer les réacteurs. Il y a trop de dégâts], annonça le Ssi-ruu nommé Aronass's.

- [Compris. Dérivez l'énergie des batteries de lasers, celles des boucliers et du bloc moteur dans le chauffage.]

Les reptiles craignaient le froid, il fallait donc qu'ils survivent un maximum de temps pour trouver une solution. Après une semaine passée à tenter de remettre les principaux systèmes en état, les radiateurs avaient perdu leur puissance et l'atmosphère commençait à se refroidir dangereusement.

- [Seigneur, le prisonnier est réveillé !] s'écria Belvier Sibwarra.

Le lézard géant et l'humain s'approchèrent d'Aaron. Ce dernier, le corps endolori par l'effet du rayon, s'aperçut enfin qu'il était attaché sur un siège.

- Que voulez-vous ? demanda-t-il.

Il remarqua que Meedjo et Dana étaient assis sur des sièges identiques au sien. Si la Bakurane respirait encore, le Rodien, lui, semblait bel et bien mort.

- Nous avons besoin de votre aide, expliqua Belvier.

- Jamais je ne vous aiderai ! cria Aaron en lui crachant au visage.

- Jamais ? s'étonna son interlocuteur en s'essuyant. En êtes-vous si sûr ?

Il s'avança vers le siège de Guile et abaissa un levier. Une aiguille pénétra dans la nuque de la femme et son corps fut secoué de spasmes. Elle hurla de douleur quand son corps fut vidé de toute vie.

Aaron ne put contenir sa haine et Ssi'karis fut frappé par une onde de Force.

- Ainsi, tu possèdes le même pouvoir que moi, lâcha Belvier, stupéfait, avant de se reprendre. Alors, refuses-tu toujours notre proposition ?

Ne sachant pas vraiment de quel pouvoir Sibwarra parlait, Aaron hésita, mais quand l'autre fit mine de s'approcher de Meedjo, il se décida. Il ne voulait pas être responsable d'une autre victime, surtout que quelques minutes auparavant il croyait le Rodien mort.

Il connaissait ces gens, il avait vécu avec eux et il ne pouvait les laisser se faire tuer sans réagir.

- D'accord, mais dites-moi ce que vous avez fait à Dana, dit-il en désignant du menton le corps de sa collègue.

- Nous l'avons technitionné. La technition est une technique inventée par les Ssi-ruuk pour transformer l'esprit en énergie. Ainsi, la conscience de votre femelle a été transférée dans un drone de combat. Que voulez-vous savoir de plus ?

- En quoi dois-je vous aider ?

- Comme vous devez vous en douter, les Ssi-ruuk sont des reptiles. Ils ont pourtant le sang chaud. Une variation de température aussi importante que celle qu'ils subissent peut leur être fatale ou, au mieux, les plonger en hibernation. Ainsi, il leur faut trouver une base chauffée pour continuer à vivre.

- Vous voulez que je vous conduise à notre Centre de Recherche, devina Lane.

- Exactement.

- Je ne crois pas avoir le choix. Avez-vous des scaphandres ?




*

* *




Assis à l'arrière de leur speeder limousine, Matth et Kane visualisaient les enregistrements de l'attentat du Sénat. Des agrandissements avaient montré l'origine du tir et un croisement d'informations avec un plan du bâtiment et surtout, l'explosion dans les égouts, avaient permis rapidement aux enquêteurs de parvenir à la même conclusion. Cet acte était lié à ceux perpétrés chez le Grand Moff Tarkin et au Jardin Botanique et Zoologique.

Pour le moment, ils se dirigeaient vers le Centre d'Archives des Services de Renseignements, un lieu qu'ils connaissaient parfaitement.

Les attentats avaient été bien préparés puisque systématiquement, les traces des terroristes étaient effacées. De plus, les pistes ne menaient nulle part, sauf au plus grand syndicat du crime, le Soleil Noir. Matth doutait qu'il s'agisse de cette organisation, qui n'avait rien à gagner à faire assassiner l'Empereur ou Tarkin. A moins que ce ne soit encore une fois que des diversions.

Le Centre d'Archives avait été pris d'assaut. La réponse s'y trouverait sans doute.

- Matth, le colonel Az vient de me fournir une adresse où était parqué le Skipray qui a percuté la tour de Loronar Corporation. Le directeur de l'entreprise a déjà porté plainte et fait marcher les assurances pour que ses contrats n'en pâtissent pas. Il veut que nous étouffions l'affaire.

- Nous avons localisé le hangar de Kast ? Pilote, faites demi-tour. Nous allons surprendre le Mandalorien chez lui.

- Matth, tu as dit Kast ? Jodo Kast ?

- Un pilote a été laissé pour mort au jardin botanique. Il a formellement identifié le coupable comme un Mandalorien. Mon autre source m'a confirmé qu'il s'agissait de Kast.

- Et le Centre des Archives ? Nous n'allons pas y chercher des indices ?

- Ces terroristes ont de l'expérience. Ils savent ne pas laisser de traces. A mon avis, il vaut mieux se concentrer sur les acteurs que sur les actions. De toute façon, j'ai d'ores et déjà chargé le Corellien de nous rejoindre aux Archives. Il se chargera de la prospection.




*

* *




Deux heures plus tard, un groupe composé de treize Ssi-ruuk, de trois P'w'ecks, du Rodien et des deux Humains quitta le cratère du Mont de Cristal. Alors qu'ils entamaient la descente, Aaron s'écarta du chemin avec Meedjo.

Ils se laissèrent glisser sur une plaque de glace et gagnèrent en distance. Arrivés en bas de la vallée, ils coururent à grandes enjambées, même si Meedjo traînait à cause de ses blessures. Les fugitifs profitèrent de la brume pour être hors de vue. Ssi'karis envoya alors cinq de ses soldats à leur recherche. Il réagit tardivement car le froid commençait à ralentir ses réflexes. Aronass's, lui, était pourtant parti aussitôt à sa recherche avec les P'w'ecks. Il s'était avéré particulièrement intéressé par la localisation de la base, et ne voulait pas succomber ici.

Aaron se doutait que le char d'exploration et CZ-8 ne devaient pas être loin, c'est pourquoi il avait tenté cette échappée. Son compagnon - affaibli par sa blessure - ne put continuer. Il décida de fausser les pistes en suivant une autre direction.

Suivant les empreintes, les lézards arrivèrent au croisement où ils se séparèrent. Le Rodien essoufflé tomba dans la neige. Les reptiles découvrirent son corps puis firent demi-tour en le traînant par les pieds. S'ils pouvaient le maintenir en vie pour accomplir la technition et voler ainsi son énergie psychique, ils n'avaient pas à hésiter. Pour eux, la vie était précieuse.

CHAPITRE VIII: Intervention impériale
Il n'y a pas d'émotion ; il n'y a que la paix.

Il n'y a pas d'ignorance ; il n'y a que la connaissance.

Il n'y a pas de passion ; il n'y a que la sérénité.

Il n'y a pas de chaos, il y a l'harmonie.

Il n'y a pas de mort ; il n'y a que la Force.

Tout en se répétant mentalement les préceptes des Jedi, Max réfléchissait à son aventure face au chien. Depuis une semaine, la réaction du canidé l'intriguait. Il avait réussi à le manipuler, et même si « la taille importait peu », il savait qu'il avait fait un pas de plus dans l'utilisation des ses capacités.

A douze ans, il avait presque l'âge d'être choisi comme apprenti par un Maître Jedi. Cependant, il ne se posait pas de questions, sachant très bien que le seul autre Jedi qu'il connaîtrait serait son père. Il était impatient de manier un sabrelaser, même si son père refusait de lui parler de l'Ordre qu'il avait quitté avant les Grandes Purges.

Depuis deux heures, le jeune garçon était assis dans le jardin de la demeure familiale. Il se concentrait sur un insecte auquel il tentait d'inculquer une chorégraphie de mouvements complexes. Il s'agissait d'une idée originale - selon Lebad - puisque celui-ci s'était exclamé un « Max, tu t'es servi du Côté Débile de La Force ? » quand il avait découvert le jeu de son fils quelques mois auparavant. Pourtant, son père avait aussi reconnu l'imagination dont témoignait l'enfant et reconnaissait qu'il s'agissait d'un bon moyen d'apprendre à se servir de la Force.

Il se rappela la scène.

- Max, tu t'es servi du Côté Débile de la Force ?

- D'après toi, c'est le seul côté qui est inné chez moi, non ?

- Ne te vexe pas. Je croyais que tu me reprochais d'être trop sérieux.

- Je préfère finalement quand tu restes sérieux. Si je ne me trompe pas, je ne t'ai jamais demandé de te rabaisser à mon niveau.

Lebad fronça les sourcils pour se donner un air autoritaire.

- D'accord. Pourquoi tu ne fais pas tes devoirs ?

- En réalité, je suis en train de les faire. C'est un exposé d'entomologie et...

- Tu te sers de la Force sans mon autorisation et dans un but ludique !

- Je croyais que tous les moyens étaient bons pour progresser ?

- Nous avons déjà eu cette discussion. Maintenant arrête, s'il-te-plaît.

La discussion s'était terminée ainsi.

Max avait alors pris conscience du malaise de son père en ce qui concernait les Jedi. Il lui cachait des choses de son passé. Aujourd'hui, tout avait changé. Il connaissait plus ou moins l'histoire de son père. Lebad avait depuis repris son entraînement de manière intensive, et encourageait Max à l'imiter jusqu'à ses treize ans, quand il deviendrait finalement le Padawan officiel de Maître Lebad Katarn.




*

* *




Deux rayons lasers fusèrent près du Docteur Lane. Se cachant derrière un rocher, il saisit une grosse pierre, attendit qu'un reptile passe à proximité et lui assena un grand coup. Le Non-humain, toujours conscient mais toutefois déséquilibré, se prépara à tirer avec son poignet-blaster, mais Aaron utilisa inconsciemment la Force pour décupler ses capacités et le mit hors d'état de nuire.

Puis il subtilisa l'arme de son adversaire afin de pouvoir riposter.

Un Ssi-ruu sauta et tira durant la période où il se trouvait en l'air. Effectuant une esquive en roulant sur le côté, le scientifique l'aligna et pressa la détente. L'autre fut projeté, mais il se releva et continua à avancer. Alors le Bakuran s'approcha de lui et l'arrosa de lasers jusqu'à ce que son unité d'alimentation soit vide.

Le lézard était mort, mais Lane n'avait pas prévu l'arrivée d'un P'w'eck, heureusement désarmé. Cette espèce semblait avoir été réduite en esclavage par les Ssi-ruuk. Aussi, ces derniers ne leur faisaient pas confiance.

Ils étaient petits, ne dépassant que rarement le mètre de haut, mais ils avaient un physique robuste qui les prédestinait aux tâches ingrates. Au contraire de leurs maîtres carnivores, les P'w'ecks étaient dotés d'un bec tranchant qui leur permettait de se nourrir de feuillages.

Le petit reptiloïde était apparemment apeuré, mais il plongea vers l'humain qui se jeta sur le sol et donna un puissant coup de coude sur la nuque de son agresseur.

Déjà affaibli par le froid, le P'w'eck tenta dans un ultime effort d'atteindre son adversaire à un point sensible. Avant que Aaron ne s'en débarrasse, il réussit à percer l'arrivée d'air. Le scientifique attrapa le casque du reptile à deux mains et le claqua contre un rocher. Le transparacier explosa. Des morceaux défigurèrent le lézard qui fut achevé par le manque d'air respirable.

Aaron s'éloigna en titubant. L'air se raréfiait déjà dans son scaphandre. La dernière chose que vit le docteur avant de s'évanouir dans la neige fut une immense ombre envahissant le ciel.




*

* *




Ssi'karis ordonna d'accélérer le pas quand ils arrivèrent en vue du complexe, qui était encore installé à plus de dix kilomètres. Il préférait laisser à Aronass's le soin de la chasse, tandis qu'il garantissait sa propre survie.

Bientôt, tous les membres de sa troupe se retournèrent. Belvier se boucha les oreilles et remarqua deux Chasseurs-TIE. Le vrombissement des moteurs était horrifiant.

Deux navettes Lambda se posèrent et un escadron de commandos des neiges sortit de chacune d'elles. Ces troupes impériales portaient une combinaison totalement blanche en dix-huit parties. Un manchon respiratoire connecté à l'armure recouvrait la face avant du casque. Dans leurs dos, ils portaient une unité de conditionnement d'air doté d'un puissant système de chauffage. Dans leurs mains, ils tenaient non seulement des blasters mais aussi des tripodes, de puissants canons à trépied.

Ils ouvrirent le feu.

Se sentant agressés, les Ssi-ruuk répondirent, mais nombre d'entre eux succombèrent à l'assaut des troupes des neiges. Une immense masse noire envahit le ciel : un destroyer de Classe Impériale. Le Capitaine Carrier - vêtu comme les soldats des neiges bien qu'il n'en porte pas encore le casque - demanda l'arrêt de la confrontation.

Un TB-TT - Transport Blindé Tout-Terrain - qui venait d'atterrir, visait les lézards. Carrier se tenait dans le cockpit de cet immense engin de destruction. Machine de guerre quadripode, son blindage résistait à la plupart des lasers. Il émergeait à peine de la caisse de transport déposée par la navette Sentinelle mais tirait déjà.

- Nous ne vous voulons aucun mal, annonça l'officier dont la voix était relayée par un haut-parleur placé à l'avant du TB-TT. Venez dans notre vaisseau afin de trouver un terrain d'entente.

Belvier joua l'interprète de Ssi'karis auprès de l'impérial. Il hurla mais sa voix restait inaudible à l'extérieur. Il fit tourner un bouton de son casque pour se brancher sur la fréquence impériale.

- Mon maître dit qu'il se réjouit de rencontrer votre leader.

- L'Amiral Carrs appréciera sûrement cet entretien.

Tous les guerriers, humains ou non, embarquèrent dans les navettes de classe Sentinelle qui décollèrent vers le destroyer stellaire baptisé Diamant Bleu.




*

* *




Matth Katarn s'engouffra avec ses troupes dans le tunnel. Il débouchait sur un des quartiers les plus malfamés de Coruscant, le Corridor Ecarlate. Il dirigeait ses troupes vers la cache de Jodo Kast.

La Mandalorien avait peut-être laissé des traces de ses relations chez lui. Un jour auparavant, Matth et le colonel Az avaient investi la cache du Mon Calamari Tremen qui était en rapport avec le Soleil Noir. Peut-être Kast était-il un agent de ce syndicat du crime, ce qui laisserait penser que cette organisation serait coupable des derniers problèmes, mais Katarn n'était pas dupe. Il savait que ce n'était pas un acte du Soleil Noir.

Les commandos firent sauter la porte principale du hangar, investissant le hangar en un éclair. Un rat womp bougea furtivement dans un coin. Il fut tué par un soldat.

Matth se retourna, murmurant que leur hôte arrivait.

Blaster au poing, le Chasseur de Primes pénétra dans le bâtiment.




*

* *




A son arrivée, l'Amiral Carrs accueillit le groupe, s'excusant pour la mort des reptiles. Son équipe avait déjà recueilli Lane, alors qu'il errait entre la vie et la mort. Après avoir fait part à Carrs de la méfiance à avoir vis-à-vis des reptiles, il avait été soigné dans une cuve à bacta.

L'Amiral se trouvait sur Tosnbar IV, un monde situé à moins d'un jour d'hyperespace de Bakura, quand il avait été chargé par son maître de venir en urgence sur MM47000327.

L'officier supérieur emmena Belvier Sibwarra et Ssi'karis dans ses quartiers personnels, les fit entrer et s'assit sur son siège, laissant négligemment ses invités debout. Soudain, un gaz soporifique emplit la salle et les deux étrangers tombèrent dans un profond sommeil.

L'Amiral ne fut pas affecté : la moitié de son visage ainsi que ses voies respiratoires étaient composées de matériel cybernétique.

Le Capitaine Carrier arriva dans les quartiers.

- Mon Amiral, les lézards sont prisonniers dans les geôles, comme vous l'exigiez. L'un d'eux a cependant réussi à nous échapper avec deux autres plus petits. Il se dirige en direction du complexe.

D'autres soldats pénétrèrent dans la salle, traînant les « invités » jusqu'aux cellules.

- Bien, nous nous occuperons de son cas en temps voulus. Où en sont les troupes du lieutenant Menis ?

- L'épave est en train d'être extraite et tout sera prêt d'ici ce soir.

- Parfait. Vous pouvez disposer. Et tâchez de m'établir une communication avec Esuc Osulbo.




*

* *




Le visage un peu rond d'un homme aux cheveux grisonnants apparut.

- Dija Carrs, mon ami. C'est donc toi que Sonok Terg a envoyé avec le Diamant Bleu.

- Oui, Esuc, nous avons récupéré l'épave de la lune. Ces créatures nous seront très utiles et je te remercie de nous avoir prévenu. Aaron Lane débarquera d'ici une heure. Je lui confierai mon rapport.

- Je suppose que tu ne restes pas ? Les Bakurans n'apprécieraient pas trop que l'Empire se permette des actions militaires dans leur système.

- J'en suis conscient. Mais comme le Seigneur Terg veut ces créatures au plus vite, mon destroyer ne vas pas tarder à quitter le système. Il ne faudrait pas que Vador ou Devil nous repèrent.

- Je comprends.







*

* *




Le Commandant Matth Katarn se préparait à interpeller Jodo Kast. Il ne devrait pas le tuer, mais les Mandaloriens étaient particulièrement redoutables. Le combat serait intéressant. De quelle façon avait-il pu échapper à l'explosion du Guerrier de Mandalore ? Matth se le demandait encore quand il s'avança auprès du guerrier en armure. Il affichait un sourire forcé pour tenter de négocier sans en venir aux lasers.

Cependant, la partie semblait perdue d'avance.

- Comment osez-vous pénétrer mon hangar sans permission ? interrogea froidement le Mandalorien d'une voix déformée par le modulateur intégré à son casque.

- Calmez-vous, Kast. En tant que membres du ConInt, nous avons l'autorisation de fouiller les bâtiments sur lesquels s'attarde notre suspicion. Nous soupçonnons votre hangar d'avoir abrité un vaisseau de type Skipray qui a servi à un attentat contre des officiers de l'Ordre Nouveau. Les restes du navire nous ont mené jusqu'à vous, Kast, mentit Katarn.

Avec une prestance rare pour un jeune homme de dix-neuf ans, Matth parlait d'un ton calme et froid tandis qu'il sentait la haine envahir son collègue, Dark Kane. Ces preuves étaient bâties en réalité sur le témoignage d'un survivant des attentats.

- Nous savons de source sûre que des rebelles ont loué les services du Soleil Noir. Où sont-ils cachés ?

Son ton se fit plus déterminé, d'autant plus que Kast semblait refuser d'obtempérer.

- Enfoiré de Chasseur de Primes. Vous avez aidé ces terroristes à capturer le Grand Moff Muzzer et l'Amiral Barrh.

Jodo Kast jeta un oeil sur sa droite. Il regarda les commandos démanteler son vaisseau, le Survivant de Mandalore, un autre Skipray. Ce type de navire était fabriqué à l'origine par l'Empire. Il s'agissait d'une vedette issue de la technologie des TIE. Les caractéristiques exceptionnelles de la GAT-12h « Anti-rayons » lui conféraient une puissance inégalée sur le plan tactique. Doté d'un cockpit spacieux et d'un couple aile-moteur pivotable, cette navette servait les intérêts de Kast depuis quelques mois seulement.

Un nouveau commando approcha du Commandant :

- Seigneur Katarn, l'escadron du colonel Az a découvert la base des rebelles : une fumerie d'avabush du Soleil Noir situé dans le secteur Nord Huit.

- Bien, contactez Az. Qu'il n'agisse pas avant mon arrivée.

Matth se retourna vers Dark Kane et fit un geste de la main.

- Il ne nous est plus d'aucune utilité. Kane, éliminez-le.

A ces mots, Kast se dépêtra des deux commandos qui le tenaient en respect, puis tira plusieurs salves qui atteignirent leur but. Les deux soldats s'écroulèrent, des trous fumants dans la poitrine. Il pianota sur une commande et une trappe s'ouvrit dans le ventre du Survivant de Mandalore, un Skipray gris et vert émeraude. Six commandos furent neutralisés par la mitrailleuse-laser.

Ne se retournant pas, Matth franchissait déjà la porte, accompagné de l'escadron du lieutenant Snars.

Kane tendit le bras et Kast sentit une main invisible lui serrer la gorge :

- Abattez-le, lança le Jedi Noir au commando le plus proche.

- Sale fils de la Sith? grogna Kast, lançant un monofilament qui s'enroula autour du bras du soldat qui allait l'exécuter.

Le membre fut tranché net quand il tendit le filin. L'autre hurla de douleur. Jodo Kast plongea en avant, décochant deux micro-missiles de son poignet-blaster. Dark Kane les arrêta d'un mouvement ample de son sabrelaser écarlate.

Kast tira aussitôt deux salves que le Jedi Noir dut parer. Dans le même temps, il lança un nouveau monofilament qui s'enroula autour de la jambe de Kane. Il tira dessus et l'autre tomba à la renverse, avant d'avoir eu le temps de la couper. Tranchant à l'aide d'une vibrolame la gorge d'un commando qui venait aider son maître, Kast détacha le câble de son poignet, le lia à un micro-missile et tira vers le plafond.

En un éclair, Kane se retrouva pendu, la tête en bas.

Le Chasseur de Primes s'élança à travers la salle, évitant le feu impérial, puis il traversa une fenêtre de plastiverre. Kast atterrit sur le sol, cinq mètres en dessous. Protégé par son armure mandalorienne d'un éclat bleu marin, il ne ressentit pas la douleur.

Allumant son jet-pack, il s'élança dans les airs, puis s'arrêta au niveau de la fenêtre.

Dark Kane s'était détaché grâce à son sabre. Utilisant la Force, il amortit sa chute puis il courut vers sa proie, faisant tournoyer sa lame. L'autre arma un détonateur thermique qu'il lança dans le hangar.

- Un cadeau pour vous, pourriture impériale !

Kane para la sphère de son sabre et l'envoya rouler dans le coin du Survivant de Mandalore. Prêt au combat, il fit un saut majestueux à l'extérieur du bâtiment.

Jodo Kast continua son voyage aérien, puis se retourna. Une gigantesque explosion se refléta dans sa visière en « T ». Les flammes se répandirent à tout le quartier et gagnèrent en puissance quand elles pénétrèrent à l'intérieur de cuves de carburant. Au c?ur de l'enfer, le Survivant de Mandalore s'éleva et partit rejoindre son propriétaire.

En bas, Dark Kane luttait pour se dégager des débris. En voyant sa proie lui échapper, il jura.




*

* *




Le retard s'accumulait. Dija Carrs était assis confortablement dans le fauteuil qui gisait au milieu de ses quartiers. Nerveux, il pianotait sur l'accoudoir pour évacuer son stress. Soumis au doute, il avait envoyé le Capitaine N'Las purifier la base de recherche.

En effet, quand ils étaient arrivés avec le Diamant Bleu, ils avaient survolé le dôme et avaient découvert avec stupeur que celui-ci était à moitié recouvert d'une étrange moisissure qui ne cessait d'évoluer. Trois des membres du Projet Genesis avaient déjà été portés disparus, et Aaron Lane en était ressorti grièvement blessé. Carrs lui avait simplement dit que ses collègues de la base devaient être évacués et que celle-ci devait être abandonnée, sans ajouter de détails. D'ailleurs, pour ce qui était des détails, il ne les connaissait pas lui-même. Toujours était-il que le parasite progressait d'heures en heures, et qu'il semblait se répandre non seulement sur la base, mais sur toute la lune, véhiculé par l'atmosphère.

L'interrogatoire de ce Belvier Sibwarra n'avait strictement rien donné, le parasite résultant sans doute d'une réaction chimique ou des radiations qui émanaient du site du crash.

Le lieutenant Menis se tenait à ses côtés, droit comme un « i ».

- Toujours rien, lieutenant ?

- Toujours rien, Amiral. Les communications restent brouillées, mais les troupes du Capitaine N'Las semblent évoluer sans difficulté. Comme vous le suggériez, les destroyers lourds fonctionnent à merveille sur la glace. Puis-je me permettre une question, Amiral ?

- Allez-y.

- Ce N'Las, qui est-ce ?

- Je l'ignore. C'est le nouveau bras-droit de Sonok Terg. Un ancien espion, je crois. En tous cas, Terg ne doute pas de ses capacités, puisqu'il l'a nommé directeur des opérations sur cette mission. Et à vrai dire, je ne doute pas non plus de lui. Après tout, il s'est porté volontaire pour évacuer la base.




*

* *




- Vigo Lonay, je vous remercie de nous avoir aidé, annonça Aigle.

- Votre mission s'est bien déroulée et Jodo Kast est en vie.

- Je m'en doutais. Dans l'explosion du Guerrier de Mandalore, je n'avais senti aucune vie disparaître.

- Les Mandaloriens utilisent souvent ce genre de techniques. Ils font croire à leur mort pour mieux surprendre leurs adversaires. Kast s'est caché dans le parc et a utilisé un hologramme pour simuler sa fuite. Mais le reste vous est connu.

- Bien sûr.

Aigle songea à ses collègues. Pourraient-ils quitter le Centre Impérial alors que l'état d'alerte était donné ? Deux heures auparavant, ils avaient transmis les données à l'Alliance Rebelle. A l'heure qu'il était, ils devaient être dans les files d'attente pour quitter la planète.

Mannha At, le comptable de Lonay, prit la parole, tenant sa console d'ordinateur :

- La prime a été versée.

- Je dois donc à présent vous quitter. Tous les termes du contrat ont été remplis. La Rébellion vous remercie.

- C'est le Soleil Noir qui vous remercie, ce fut un plaisir de traiter avec vous.

Le Non-humain esquissa un sourire cupide en se frottant les mains. Son lekku droit frémissait d'excitation quand son second, le Twi'lek Teje Ma, l'interpella.

- Vigo, nous sommes encerclés par les divisions du colonel Az !

- Quoi ! hurla-t-il de surprise. Ils doivent être là pour moi. Mais comment m'ont-ils retrouvé ?

- On nous a vendu ! Sûrement ce crétin de Tremen.

- Je croyais que vous aviez une confiance aveugle en vos hommes ?

- Un Twi'lek n'accorde sa confiance à personne, mon ami.

Lonay ne pouvait pas se douter que le Mon Calamari n'avait rien dit sous la torture et qu'il était mort. Le traître n'était pas Tremen.

Tous deux se dirigèrent vers une fenêtre. Un Rodien tendit ses macro-jumelles à Lonay, qui, après un bref coup d'oeil, les tendit à Aigle.

- Ce ne sont pas tous des hommes de la garnison locale. Certains appartiennent au ConInt, confirma le Chevalier Jedi. Ils ont au moins quatre escadrons de commandos, un de motospeeders et comme je les connais, il ont sûrement des snipers embusqués sur les toits.

- A priori, ils m'en veulent vraiment ! dit-il en remarquant deux TR-TT, des blindés bipodes dotés d'une forte puissance de feu. Avons-nous un moyen de fuir ?

- Oui, il y en a un. Leurs scanners sont impuissants face à sa couverture en doonium pur, mais il faut ne pas être suivi.

- Ok. Vous utiliserez ce passage pour vous échapper. Je reste.

- [Quoi ! Vous êtes fou !] s'écria-t-il dans sa langue maternelle.

- C'est à moi qu'ils en veulent, mais seul, je ne m'en sortirai pas. Combien d'hommes pouvez-vous me confier ?

- Je dirai? dix-sept. Nous avons deux canons tripodes à répétition modèle Mark II EWHB-10 dans l'arrière boutique.

- Bien, partez. Je m'en occupe.

Lonay pressa une touche sous son bureau et une porte coulissa dans le parterre. Avec ses deux lieutenants, il s'y réfugia.

- J'espère que vous vous en sortirez. [Que la Force vous protège.] souffla le Vigo du Soleil Noir au Jedi.

Bien que les Twi'lek soient de nature sournoise, Aigle sut que Lonay s'exprimait sincèrement.




*

* *




En file indienne, les destroyers lourds progressaient rapidement sur la glace. En principe, ces véhicules étaient destinés à évoluer sur des étendues d'eau, et se montraient incroyablement rapides et manoeuvrables. Sur une idée de Carrs, ils étaient employés par N'Las sur la glace, car une mince pellicule d'eau recouvrait en permanence la neige.

Cinq unités s'arrêtèrent face à la porte sud de la base. Les destroyers étaient des demi-sphères propulsées par des bi-réacteurs. Ils n'étaient dotés d'aucune arme à distance, mais leur puissance de feu n'était pas leur atout dans ce combat : le mystérieux Capitaine N'Las avait besoin d'engins rapides, et la vitesse lui était procurée par ces destroyers.

Stoppés au bas du dôme, N'Las sortit le premier, dans la même combinaison étanche que celle des troupes des neiges, suivi d'un autre soldat qui évoluait dans le même destroyer que lui.

- Iceberg, faites-moi sauter cette porte, fit-N'Las en marchant vers l'arrière.

Un commando des neiges s'approcha et fixa une bombe sur la porte, avant de s'éloigner. L'entrée céda alors, permettant aux destroyers de pénétrer dans le dôme. A leur suite, N'Las et Iceberg entrèrent, puis établirent un champ de force qui comblerait la brèche. Le Capitaine retira son casque, dévoilant son visage. Il était jeune, à peine vingt-trois ans, mais l'expression de sa face témoignait de sa grande expérience. Il se recoiffa à l'aide de gel bleu, puis se tourna vers Iceberg, qui, lui aussi, avait retiré son casque. Blond, les yeux d'un bleu intense, et un visage glacial le définissaient. On l'avait derechef appelé Iceberg, à cause de son caractère froid, mais aussi à cause de son maître d'apprentissage, le terrible « Blizzard », qui travaillait pour les services de renseignement.

- Les plans de la base ont révélé deux brèches dans le dôme, des brèches par lesquelles le parasite semble s'immiscer. Le personnel a dû s'éloigner le plus possible de cette menace. Nous avons repéré deux chambres étanches, et un abri anti-radiations, là où se trouve précisément le canon à ions. Il n'y a pas eu de briefing de mission, car l'opération dépend de l'évolution du parasite. Iceberg, vous prenez la tête de vos troupes et devez retrouver le personnel en vie. Les plans sont enregistrés sur cette datacarte, les consoles des destroyers lourds pourront les lire sans problème.

- Capitaine, quelle sera votre mission ?

- Je dois détruire toutes les traces du projet qui a été élaboré ici. Je suis le seul à avoir le degré d'accréditation permettant de pénétrer ces laboratoires, donc j'irais seul. Une fois notre mission terminée, nous nous retrouverons ici. Nous devrons contacter les navettes Sentinelle du Capitaine Carrier grâce aux fusées éclairantes, et évacuer le personnel. Les destroyers seront ensuite chargés de raser tout l'intérieur de la base. Il faut que nous soyons rentrés impérativement au Diamant Bleu avant la nuit, compris ?

- Cinq sur cinq, Capitaine.

- Allez-y !




*

* *




L'Heidegger arrivait déjà dans la dernière couche de boucliers planétaires quand Tigre se mit à parler.

- Heureusement que le trajet du retour est plus rapide que l'aller. Les impériaux ont dû se rendre compte que les terroristes étaient plus pressés sur le retour. L'attente en orbite sert juste à les dissuader.

- T'as raison. Regarde-là ! répondit Dragon en désignant un vaisseau d'abordage impérial.

- La douane ? Mais il n'y a jamais eu de tels contrôles.

- Alors, ils se doutent de quelque chose !

Le vaisseau arraisonna la corvette calamarienne Mon Izb qui les précédait dans la file d'attente. Une dizaine de minutes après, la navette s'approcha du petit YT-15O.

- On est foutus, se lamenta Tigre en se tenant la tête.



CHAPITRE IX: Entre les griffes du katarn...
Iceberg et ses hommes avaient atteint le centre du complexe et, partout où ils étaient passés, ils avaient remarqué l'omniprésence de cette mousse envahissante. Cette dernière devait avoir des propriétés phosporescentes car les endroits balayés par les faisceaux des torches luisaient encore après leur passage. Les capteurs de radiations avaient dénoté une certaine augmentation du taux de rayonnement. Rien de très dangereux, à peine plus que sur une ville de taille moyenne.

Sauf que le centre de recherche n'était pas une ville de taille moyenne. Et même le récent crash expliquait difficilement l'apparition de ce parasite. Les Non-humains avaient dû amener cette anomalie avec eux. Ce qui inquiétait le plus Icerberg était l'absence de réponse à ses appels. Logiquement, il devait y avoir un Rodien et cinq Humains dans le complexe. S'étaient-ils terrés après le départ de l'expédition ?

L'homme blond n'aimait décidément pas cette situation, et la rapidité à laquelle le « champignon » semblait avoir progressé ne le rassurait pas. Le long de leur trajet, les impériaux avaient placé quelques mines afin que le dôme s'effondre sur lui-même. Et Iceberg avait hâte que les flammes viennent à bout de cet endroit « contaminé ». Et il serait encore plus rassuré quand les destroyers finiraient le travail.

Les commandos des neiges avaient désormais exploré la plus grande partie du complexe, et il ne restait plus que le niveau inférieur. Iceberg descendit avec son équipe et comprit qu'il était près du but. Ici il n'y avait plus aucun bruit, comme si tout le monde retenait son souffle, où venait de subir un grand choc. En atteignant le laboratoire principal, les soldats découvrirent un lieu dévasté.

La mousse verte semblait avoir été repoussée à cet endroit, et n'avait pas atteint les cuves de culture qui avaient été volontairement détruites - sans doute par les scientifiques. On pouvait aussi remarquer un droïde en piteux état qui gisait par terre. Le plus étrange sur certains endroits restait la mousse qui virait au violet. Un sous-groupe partit continuer à arpenter le sous-sol alors qu'Icerberg observait le désastre. Quelques secondes plus tard, un de ses hommes le fit émerger de sa torpeur.

- Nous pensons que l'équipe s'est barricadée dans une salle voisine, Monsieur ! Demandons l'autorisation de faire sauter la porte.

- Avez-vous tenté de les contacter ?

- Oui, Monsieur. Ils ne répondent pas?

- Découpez la porte, ils sont peut-être inanimés. Mais faites-vite : le froid peut les atteindre rapidement.

Avec une efficacité redoutable, les impériaux se ménagèrent un passage jusqu'aux chercheurs. La porte tomba dans un grand fracas et Icerberg attendit que la fumée due à la chaleur se dissipe avant d'entrer dans la pièce. Tout le monde était là apparemment. Oui, il y avait bien cinq corps humains, et apparemment un Rodien, qui devait être le Docteur Larbruk Reemano. Le chauffage ne marchait plus et ils étaient recroquevillés derrière des couvertures de survies, blottis les uns contre les autres au fond de la pièce.

- Identifiez-vous ! lança un des commandos.

- Je suis Selen Drayson, lança une des scientifiques. Je suis accompagné des Docteurs Aerin Latine, Crix Alabor. Salvo Xero, Nomad et?

- Larbruk Reemano, finit Icerberg. Tout le monde va bien ?

- Vous tombez à pique ! Les couvertures nous ont permis de tenir jusqu'ici mais sans vous, nous risquions l'hypothermie ou pire encore, remercia Selen. Les extrémités supportent mal le froid.

- Nous avons quelques combinaisons avec nous ! la rassura l'impérial. Vous pouvez marcher ?

Les chercheurs se regardèrent les uns les autres et firent mine que oui. Iceberg décida alors d'avertir le Capitaine de l'opération de cette découverte.

- Capitaine N'Las, nous avons retrouvé l'équipe. Mais pas le lézard?

- Parfait, comment vont-ils ?

- Ils meurent de froid, mais ça ira pour eux?

- D'accord ! Bon, Iceberg, préparez la stérilisation. Je vais essayer de savoir ce qu'il s'est passé ici puis effacer les informations susceptibles de nous causer du tort.

- Bien compris !




*

* *




Là-haut, sur les hauteurs de la sculpture colossale de l'Empereur Palpatine, une ombre s'animait, accrochée sur les veines de l'épaule gigantesque de duracier noir. L'ombre était humanoïde, une silhouette fragile qui s'extrayait des ciselures saillantes de la sculpture. Un accoutrement épais, chargé de cuirs tissés, de sangles et de harnais aux jambes, alourdi d'armes de toutes natures et de vibrolames meurtrières. Un Jedi Noir. Un prédateur aux m?urs sombres.

L'immobilité qui le gagnait entre deux mouvements évoquait à chaque instant la grâce sinueuse d'un serpent-corail de Yavin IV. Sur les yeux du prédateur, de courtes jumelles à visée infrarouge étaient fixées par un bandeau de sangles tressées. Les jumelles rendaient le visage illisible aussi bien qu'indéchiffrable. Les yeux félins scrutaient les ombres, décryptaient la nuit, apprivoisant rapidement le voile des ténèbres. Alors, immobile, il observait avec attention, tous les sens en alerte. Raide, figé, il veillait et attendait.

Attendait.

Attendait.

- Mon katarn daigne enfin se montrer.

Les mots sortaient lentement, s'échappant de la bouche du prédateur embusqué sur l'épaule de l'édifice impérial. Il achevait à peine sa phrase, une pensée courait déjà dans son influx nerveux? une pensée. Non. Une intuition, véhiculée par le champ énergétique de la Force. Et la pensée qui accompagna cette intuition actionnait déjà les muscles de ses jambes. La Force lui permit un saut majestueux, comme s'il était porté par les vents hasardeux et pourtant maîtrisés.

Agile, un bond lui suffit pour laisser la froide compagnie de l'Empereur immortalisé dans le métal et trouver refuge au sommet d'un immeuble qui dominait toute la zone. Derrière ses jumelles protubérantes, le prédateur regardait de ses yeux scrutateurs l'élégante silhouette du Commandant Matth Katarn. Son aura lumineuse brillait et resplendissait, captant ici et là la puissance oppressante de l'obscurité du Corridor Ecarlate, qui, paradoxalement, ne faisait que renforcer cette étrange lueur?

- A toi de jouer, katarn !




*

* *




N'Las était devant la console principale et jetait un oeil aux dernières données récupérées par les scientifiques. Apparemment, la mousse avait tenté de fusionner avec l'objet de leurs recherches. Ils avaient alors détruit les échantillons mais le « champignon » réussit tout de même à en assimiler assez pour survivre et se propager dans les environs. Urel N'Las savait que toute trace de cet incident devait être effacé.

Inutile de lui préciser ce qu'il avait à faire : il mémorisa les lignes directrices des rapports et effaça le tout. Puis il posa un disrupteur électro-magnétique pour griller tous les systèmes de l'ordinateur central. Ils venaient juste de frôler la catastrophe, et ils devraient raser cette base au plus vite. La stérilisation de la zone empêcherait sans doute la propagation du parasite, car il devenait évident que c'était le sujet de recherche qui l'avait attiré jusqu'ici.

Les deux éléments étaient si semblables, à bien y réfléchir. Il était donc normal qu'ils aient tenté d'entrer en symbiose. Urel trouvait cette perspective intéressante, mais seulement si l'opération était effectuée sous contrôle, et dans un laboratoire. Et pour cela, il fallait d'abord en savoir un peu plus sur chacun des organismes.

Le chef de l'opération décida qu'il était temps d'en finir et rejoint la porte sud de la base.




*

* *




Trois speeders limousines stoppèrent leurs moteurs. Les portes coulissèrent, laissant sortir une marée blanche de commandos. Les trois escadrons s'avancèrent. Matth sortit le dernier, ajustant sa cape. Le lieutenant Strada, dirigeant des éclaireurs des TISC vint le trouver.

- Commandant Katarn, le Capitaine Corellien m'a envoyé un rapport : il n'a trouvé aucune trace de la transmission au Centre des Archives des Services de Renseignements. Nous ignorons ce que les espions sont venus chercher.

- Je lirais ce rapport une fois l'assaut terminé. Dites au Capitaine Corellien d'escorter l'Empereur et l'Exécuteur jusqu'au Palais Impérial. Disposez vos troupes selon la man?uvre de siège. Nous ne devons pas échouer, lieutenant Strada.

- J'ai posté les escadrons de façon à encercler le bâtiment. Tout le périmètre est bouclé. Nos scanners ont détecté un passage communiquant avec un pub nommé le Hutt fumant. Le colonel Az est prêt à le fouiller avec ses troupes dès qu'il aura votre autorisation. Aucun d'entre eux ne pourra nous échapper.

Az était un des chefs de garnison du Centre Impérial, et était chargé du Corridor Ecarlate. Aussi, pour cette opération, il avait été briefé par le Commandant Katarn auquel il devait se soumettre. La collaboration entre les troupes locales et des forces des TISC était fréquente, mais Az n'avait jamais collaboré avec le jeune Matth avant la semaine précédente. Malgré son âge, Katarn était pourtant un brillant stratège et un excellent tacticien, maître de la poliorcétique, qui avait fait ses preuves lors de nombreuses affaires.

Cela faisait trois ans qu'il était entré dans le ConInt, et même si au début, il était conseillé par Devil, il agissait seul depuis déjà une année.

- Combien sont-ils à l'intérieur ?

- Votre espion nous a signalé lors du dernier contact que douze personnes travaillent ici en permanence. Il y a trois heures et demie, cinq autres sont arrivées. Parmi elles se trouvaient les criminels Medro Lomaruk et Deracdia. Les autres étaient deux hommes masqués et un humain barbu vêtu comme un Corellien. Le Vigo Lonay et ses deux lieutenants sont arrivés peu après, mais les deux hommes masqués ont quitté le bâtiment. Il y a une heure, cinq clients, tous des mercenaires à la solde du Soleil Noir, sont entrés par la voie du Hutt fumant. Le terroriste du Sénat est arrivé quant à lui il y a à peu près trois-quarts d'heure.

- Bien. Nous avons enfin une chance de prouver que le Prince Xizor travaille pour le Soleil Noir et qu'il veut faire assassiner l'Empereur. Les troupes sont-elles prêtes ?

Le personnage auquel Matth faisait allusion était le prince de Falleen, un Non-humain particulièrement influent au sein du cercle intime de l'Empereur. Rival autoproclammé de Dark Vador, Xizor était soupçonné d'être à la tête du Soleil Noir, le syndicat de crime le plus important de la Galaxie.

- Prêtes à attaquer, Commandant.

- Ordonnez aux snipers de tirer à vue. Escadron Un, faites sauter la porte. Escadron Deux et Quatre, feu à mon commandement. Escadron Trois et Six, empêchez les passants de nous déranger. Escadron Cinq, Sept, investissez la fumerie à mon ordre. Colonel Az, évacuez le Hutt.

- Bien, Commandant, entendit Matth dans son comlink avant de le ranger.

- Escadron Un, allez-y !




*

* *




Aronass's balança un violent coup de queue dans le torse du commando qui fut projeté contre le mur, les os brisés.

- Emparez-vous de lui, ordonna Iceberg en regardant le lézard se débattre pour échapper à ses hommes.

Iceberg ignorait pourquoi, mais les rayons paralysants s'étaient avérés inefficaces sur lui, mais il était évident que les traces de germes présents sur son corps y jouaient un rôle. Néanmoins, ils étaient parvenus à mettre la main sur le fameux lézard qui s'était séparé du groupe lors de l'assaut du Diamant Bleu.

De toutes évidences, sa volonté de survivre était immense. Il avait échappé quelques heures plus tôt à la première vague d'impériaux qui avaient débarqué, s'était dirigé seul jusque dans la base. Un TIE avait suivi sa trace aisément : en effet, des cadavres de lézards plus petits - des P'w'ecks - avaient été retrouvés, sacrifiés pour servir de nourriture à leur supérieur, qui avait finalement réussi son entreprise de gagner la base. Cependant, les occupants s'étaient isolés, et il n'avait pu se repaître de leur chair pour satisfaire ses besoins. Aussi, cette détresse se manifestait maintenant par une détermination à toute épreuve. Trois soldats étaient déjà hors combat, et deux autres étaient aux prises avec lui.

Il sortit alors son poignard et décida de montrer l'exemple à ses subalternes. En tant que commando des neiges, il avait subi un entraînement rigoureux sous les ordres du capitaine Blizzard. Retirant son casque, il avança, faisant un signe à ses hommes pour qu'ils se retirent.

Avec une grâce féline, Iceberg évita les coups de griffes et entailla une première fois le talon droit du monstre qui rugit. Un coup de queue qu'il évita soigneusement lui permit de réitérer son attaque sur l'autre cheville, puis finalement, deux coups secs mais violents sur l'échine mirent le lézard furieux hors d'état de nuire.

Devant les yeux ébahis de ses hommes, Iceberg venait de faire seul ce qu'ils avaient tenté et manqué en groupe. Finalement, on isola la créature dans une section blindée d'un des destroyers lourds, tandis que les commandos finissaient d'évacuer le complexe et les survivants.

Iceberg mit peu de temps à rejoindre le Capitaine Uerel N'Las et quelques minutes plus tard, les commandos des neiges et les membres survivants avaient évacué les lieux. Quand tout le monde fut assez loin du dôme, les explosifs entrèrent en action. Un incendie gigantesque sembla envahir le complexe avant que les fondations ne cèdent. N'Las observait le spectacle avec une inquiétude non feinte. Des éléments qui n'avaient pas été contrôlés avaient mûri ici et il valait mieux faire de l'excès de zèle pour s'assurer que rien de fâcheux n'arriverait.

- Les destroyers lourds vont entrer en action, prévint Icerberg.

- Qu'ils finissent le travail, finit par dire Uerel.

Les véhicules revinrent sur le lieu de l'explosion et rasèrent tout ce qui pouvait subsister. Cela éviterait un bombardement orbital qui pourrait alerter les Bakurans de ces évènements particuliers. Quand N'Las regarda le complexe pour la dernière fois, il ne restait que quelques traces de l'ancien édifice.

- Mission accomplie, Capitaine ! annonça Icerberg.

- Alors partons d'ici !




*

* *




Aigle se retourna pour chercher le dernier canon à répétition quand une multitude de salves de lasers traversèrent la pièce. Attaquaient-ils ? Non, il perçut la menace dans la fumerie.

Il vit alors se dessiner sous ses yeux la silhouette de Mannha At brandissant une mitrailleuse laser gros calibre. Il arrosait la pièce avec son arme. Aigle remarqua Mojiv, qui gisait à terre, ainsi que quatre autres mercenaires.

Un des clients de Lonay se tenait l'épaule. Aucun de ses organes vitaux ne semblait avoir été touché.

- Cassez-vous ! Cassez-vous ! s'égosilla Aigle.

L'autre ne fit ni une ni deux, descendit les marches et verrouilla la porte, abandonnant sa marchandise. Le Jedi alluma son sabrelaser et le fit tournoyer pour renvoyer les tirs de la mitrailleuse. Mannha At concentra alors ses tirs sur lui, mais son visage, bien que déterminé, ne pouvait cacher sa surprise et sa terreur de se retrouver face à un Chevalier Jedi. Le Twi'lek recula sans perdre Aigle des yeux.

D'un saut prodigieux, l'agent rebelle arriva à côté de At qu'il mutila.

- Sale traître !

La tête du Twi'lek roula à terre.

La mitrailleuse laser se tut...

Le calme aurait dû revenir, mais au lieu de cela, des morceaux de vitre jaillirent dans le bâtiment.

L'attaque avait commencé.

La porte sauta et des commandos s'engouffrèrent dans la pièce, brandissant leurs blasters E-11 à deux mains. La première vague de soldats impériaux joua de malchance. Les premiers furent abattus sauvagement par Medro et les autres désintégrés par un détonateur thermique lancé à leurs pieds par Deracdia.

Seul un Rodien du Soleil Noir tomba sous le feu ennemi.

Percevant un picotement au niveau de la nuque, Aigle anticipa la prochaine offensive grâce à la Force. Guidé par son instinct, il sauta et renversa un bureau, derrière lequel il s'abrita.

- Planquez-vous !

Medro roula à terre et vint se joindre à lui.

Deracdia était en ligne de mire. Mitraillant les impériaux grâce au tripode posté à la fenêtre, il ne sentit pas le danger approcher. Un sniper tira. Le rayon lui traversa le crâne, ne lui causant aucune douleur, puis son corps s'écroula.

Gagnant en confiance, le sniper visa à nouveau, mais Medro l'avait déjà repéré. Il visait sa tête. L'autre son c?ur. L'issue de ce duel se jouerait sur une fraction de seconde. Le Rodien fut le premier à presser sur la détente. La salve fusa, tandis que le tireur d'élite tirait à son tour. Les rayons se croisèrent, puis l'impérial encaissa la salve qui lui traversa le cou. De son côté, Medro plongea pour éviter le laser qui toucha le sol. Sain et sauf, il souffla, en proie à des sueurs froides. Avant de se hisser lentement derrière le canon, il rechargea son blaster.

Murs criblés, air chargé de gaz de combat, façades éventrées d'où crépitait le tripode man?uvré par Medro, dissimulé derrière les murs en ruine, le Hutt Fumant était le théâtre d'une bataille éprouvante. Les soldats impériaux menaient l'assaut de manière intensive de façon à neutraliser les résistants le plus rapidement possible.

Derrière la première ligne des commandos se tenait Matth Katarn, qui suivait avec le plus grand intérêt les données du combat sur un databloc. A ses côtés, Dark Kane recevait en permanence les communications des différents capitaines d'escadron. Derrière eux, le colonel Az tentait de maîtriser la population locale qui commençait à s'accumuler derrière la zone de protection. Se trouvaient maintenant non seulement les évacués qui vivaient dans le quartier, mais aussi les curieux en tous genres, amateurs des fréquents combats de rue et toujours en quête de sensations nouvelles.

Matth savait qu'il fallait agir rapidement avant que les habitants ne créent un quelconque problème. Aussi donna-t-il l'ordre d'un assaut direct où les troupes investiraient les locaux du Hutt Fumant. Recevant les nouvelles directives, les deux lignes de soldats quittèrent leur rang et s'organisèrent selon deux groupes, dont le premier était chargé de protéger le second lors de son avancée sous le feu ennemi.

De leur côté, les tireurs d'élite poursuivaient leur ?uvre de harcèlement et une puissante salve s'abattait en réponse à chaque mouvement ennemi.

La man?uvre esquissée par le Commandant Katarn débuta.

Tenaillé par la peur des tireurs embusqués, Aigle s'avançait à plat ventre, jouant de son blaster pour offrir la couverture la plus grande aux hommes qui défendaient encore le bastion. L'agent rebelle se retourna, anticipant une nouvelle fois un assaut...

Cinq détonateurs thermiques impériaux roulèrent dans la salle. Le souffle de l'explosion tua presque tous les soldats du Soleil Noir. Seuls trois ne furent pas terrassés, en plus d'Aigle et Medro.

La fumée se dissipa, révélant les corps inanimés des mercenaires? mais aussi la présence de deux escadrons et du Seigneur Matth Katarn, qui abattit son sabre à lame blanche sur un pauvre survivant. Aigle ne perdit pas un instant : il alluma son sabre qu'il lança dans la mêlée. Sept commandos furent tués et trois autres tombèrent sous le feu nourri de Medro. Avec la Force, le Chevalier Jedi rattrapa son arme, puis ordonna aux autres de passer par la fenêtre du deuxième étage pour fuir par les toits.

Ils obéirent inconsciemment, mais furent happés par les rayons des snipers.

Quelle erreur avait-il fait ? Matth Katarn courut, sabrelaser éteint, puis exécuta un salto qui le fit rejoindre Aigle. Les snipers visaient et tiraient, mais ils stoppèrent leur feu en voyant leur supérieur.

En bas, les commandos achevaient les soldats à l'agonie.

Matth dévisagea son adversaire comme un prédateur... Il fit tournoyer le manche de son sabre et en révéla le secret. Deux faisceaux blancs jaillirent en vrombissant. Le jeune impérial esquissa un sourire moqueur quand il découvrit l'expression de stupeur qui envahissait le visage de l'agent rebelle. Celui-ci fit naître sa lame verte et la fit tournoyer dans sa main, tout en attendant que l'ennemi se lance à l'attaque.

Les deux lames s'entrechoquèrent. Les duellistes échangèrent de nombreux coups, imaginant de complexes enchaînenements dans le but se se surprendre l'un l'autre. Les sabrelasers se verrouillèrent et chacun eut le loisir de dévisager son adversaire. Aigle fut très surpris de constater que son jeune adversaire avait un ?il rouge et un ?il bleu.

Comme mon fils? pensa-t-il.

Matth frappa avec rage, faisant tournoyer habilement le sabre à deux lames blanches. L'autre para, mais ne trouva pas la moindre faille dans l'offensive adverse. Il feinta et frappa d'estoc, mais l'agent rebelle repoussait chaque fois le sabre qui s'avançait vers lui.

Il joua alors avec ses deux lames, alternant à une vitesse prodigieuse les coups de chacun des sabres. Le Jedi repoussait systématiquement chacun des assauts mais perdait du terrain. Il manqua de glisser sur la pente du toit, d'autant plus qu'il se mit à pleuvoir. Le combat reprit de manière plus intensive quand Aigle se lança à corps perdu dans le combat...




*

* *




- Le ciel en est donc témoin. Tout n'est que vanité. Mais à partir de maintenant, les événements qui risquent de se passer sont porteurs d'un sens très profond.

La voie qui s'élevait était à la fois fortement accentuée et crillarde, comme teintée du ton adopté par la haute société. Elle émanait d'un curieux personnage connu comme étant « Celui dont on tait le nom ». Sa frèle silhouette se découpait sur un toit en amont du combat qui opposait le Commandant Katarn au rebelle appelé Aigle. Les deux duellistes jouaient de leurs sabres avec une extrême facilité, et le ballet mortel faisait vibrer le spectateur en son for intérieur.

Grâce à la Force, il ne manquait rien de ce somptueux affrontement. La lame verte s'abattait avec rage sur la blanche, mais son but n'était que de repousser l'adversaire. Aigle privilégiait la défense et tentait de s'offrir une ouverture qui lui permettrait de fuir. C'était d'ailleurs le propre de l'aigle, qui pour chasser, employait un assaut rapide et discret avant de se retirer, avec ou sans sa proie. Au contraire, le katarn s'acharnait avec fureur sur elle avant de l'achever. Mais aujourd'hui, il n'y avait pas de proie, seulement deux chasseurs. Les deux prédateurs se battaient entre eux, recourant à toutes leurs ressources pour se débarrasser de l'ennemi.

Un éclair zèbra le ciel.

« Celui dont on tait le nom » commença à nouveau à parler à son acolyte abyssin. Le Non-humain restait en arrière, et son oeil cyclopéen scrutait les environs de manière à envisager un éventuel attentat contre son maître.

- Le Katarn et l'Aigle... L'Aigle et le Katarn. Après des années, j'ai enfin rassemblé ces deux inconnues dans la même équation. C'est la voie du sang, la voie du destin, un destin que nul ne peut entraver. Ce qui se passe en ce moment peut changer le cours de l'histoire. Mais écoute-moi, Matth... Ecoute-moi. Quand tu apprendras le passé de ton maître, ainsi que le présent, quand tu découvriras toute la vérité, pourras-tu seulement en supporter le poids ? Matth, si seulement tu savais qui tu t'apprêtes à tuer... L'aigle est infiniment plus malin quand il a en lui quelque chose du katarn. Et oui, jeune katarn, ta proie va s'échapper... car tel est ton destin.




*

* *




Cela faisait des années qu'Aigle n'avait pas affronté d'adversaire réel dans un duel au sabrelaser, et il commençait à croire que ce n'était pas une mauvaise chose.

L'agent rebelle savait qu'il aurait bien du mal à triompher de son adversaire. En effet, la jeunesse et la vigueur du membre de la ConInt compensaient bien les années d'expérience du mercenaire rebelle. Pourtant, le Commandant Katarn fut repoussé par une technique très bien menée.

Aigle avait feinté une attaque au sabre que Matth chercha à parer. Prenant le manche de son arme à revers d'après la technique du Song-Taï, il repoussa la lame de l'autre duelliste, puis lui asséna un puissant coup de pied retourné dans la nuque. Ensuite, il propulsa le Commandant en arrière grâce à la Force.

Le mercenaire profita de cet instant : il prit ses jambes à son cou et sauta de toits en toits, évitant les salves tirées par les tireurs d'élite qui avaient recommencé leur entreprise. Eteignant son sabre, il disparut quand il fut hors de portée.

Quittant les toits, il arriva dans une ruelle sombre où il se fondit dans la foule cosmopolite du Centre Impérial sous l'apparence d'un Talz. Il avait allumé un projecteur holographique comme ceux utilisés par Dragon et Tigre lors de l'infiltration du Centre des Archives. Rapidement, il n'était plus le mercenaire mais un touriste talz, une créature massive couverte d'une épaisse fourrure blanche.

La pluie - qui se faisait plus agressive - facilita sa dispersion au c?ur de la population. Eprouvant les sensations paradoxales de l'assurance et de l'appréhension, Aigle s'éloigna.

Matth arriva sur le dernier toit, mais il avait perdu sa proie de vue. Le vent soufflait.

Il repoussa les cheveux qui agressaient son visage et il fit demi-tour, éteignant la dernière lame de son sabrelaser. Un nouvel éclair envahit le ciel noir, et le jeune homme perçut deux silhouettes qui s'éloignaient sur un toit d'un immeuble du niveau supérieur. Son combat avait donc été observé, mais il n'y prêta guère attention. Il s'agissait d'un détail qu'il enregistra, mais il doutait que cela ait un lien quelconque dans l'affaire.

Il activa alors son comlink et annonça d'une voix morose :

- Le traceur fonctionne. La Force nous guidera?




*

* *




Dragon laissa la navette impériale du Bureau des Douanes - un croiseur de classe Carraque - se diriger parallèlement à l'Heidegger. Elle avait abordé plusieurs navires et menaçait leur couverture. Bientôt, les deux engins furent côte à côte. Tigre pianotait sur l'ordinateur de bord, calculant les coordonnées d'entrée dans l'hyperespace. A cause du dernier bouclier, ils ne pouvaient faire le saut en vitesse luminique maintenant, mais Dragon était confiant.

Un trou apparut dans le champ de force pour laisser passer la corvette Mon Izb qui s'y engagea.

Tigre courut se placer dans le siège du canon ventral qu'il dirigea vers la navette. Il tira à deux reprises. Le vaisseau impérial dériva. A cet instant, Dragon poussa la manette et l'Heidegger arriva sur la droite de la corvette qu'il longea. Il accéléra à fond, tout en vérifiant sur les scanners que le champ d'énergie était toujours levé.

Enfin, ils avaient dépassé le bouclier.

La barrière d'énergie se referma pour leur bloquer le passage mais il était trop tard. Ils étaient passés ! La seule victime du bouclier fut la corvette calamarienne qui se désintégra avant d'exploser.




*

* *




La première chose que fit Max en rentrant du collège fut de prendre un rapide goûter avant de monter en vitesse dans sa chambre. Là, il ouvrit son datapad et regarda le travail qu'il avait à faire pour la semaine. La seule chose qui pouvait lui demander un certain effort était un exposé sur le Capitaine Arden, le fondateur de Salis D'aar. Le jeune Katarn se connecta aux banques de données de la ville et lança la recherche.

Arden, avec un A comme? adoption.

Ce mot avait tenu une grande place dans sa vie, non pas que cela l'ait perturbé d'apprendre qu'il n'était pas le vrai fils de son père. Il avait su cela avant même de savoir lire. Lebad voulait qu'il sache la vérité le plus tôt possible afin que l'enfant ne se pose pas de questions sur ses origines suite à des interrogations de ses camarades. En fait, Max ne présentait aucune difficulté à considérer Lebad comme son père. Le problème, c'était qu'il savait qu'il avait un père et une mère - sans doute morts - qui l'avaient aimé et élevé durant les six premiers mois de sa vie. Des Corelliens, à en croire certains indices, dont la provenance des tissus qui enveloppaient Max le jour où Lebad le trouva.

L'absence d'une mère aurait pu s'avérer gênante, mais Katarn s'en était tiré à merveille. Son fils plaisantait même à ce sujet en disant « Ce père, c'est une vraie mère pour moi. » Et puis il y avait eu C-9PO et bien sûr, quelques nourrices - les six premières années. Une chose restait sûre, l'enfant ne pouvait pas dire qu'il avait été mal éduqué. Seul, son père avait sans doute montré plus d'attention à son égard que les parents de certaines connaissances de Max avaient pu en faire preuve envers leur progéniture.

En effet, beaucoup de gens trouvaient que Lebad Katarn faisait un bon père - son fils en particulier. A un tel point qu'on le soupçonnait parfois d'avoir fait un « stage d'éducation de marmot » durant ses études. Lebad riait de bon c?ur à cette blague, mais Max avait remarqué un certain trouble chez celui auquel il tenait tant.

Il en avait conclut que la seule allusion à l'Académie Impériale devait raviver en lui des souvenirs atroces. La conjoncture à cette époque était si instable, l'Empire commençant déjà à établir son règne de terreur.

C'est pourquoi le jeune garçon avait décidé de ne poser aucune question à Lebad.




*

* *




Dans l'espace libre, Dragon devait à présent man?uvrer pour éviter les destroyers impériaux. Quatre Chasseurs-TIE les prirent en chasse. L'Heidegger effleura le flanc du destroyer stellaire Dernier Falleen, esquivant le feu nourri des chasseurs. Touché à l'arrière, le cargo corellien YV-666 fut ébranlé et secoué de manière violente.

Tigre abattit un TIE qui partit en vrille et perdit ses panneaux solaires. Deux autres chasseurs se transformèrent en boule de plasma.

L'espace noir étoilé laissa bientôt place à un couloir lumineux. L'Heidegger entrait dans l'hyperespace, à l'abri des impériaux. Dragon et Tigre étaient sains et saufs. L'opération Skyhook s'achevait pour eux. Seul Aigle restait encore à extraire du Centre Impérial.




CHAPITRE X: Le Corellien
Le Capitaine Corellien déployait un périmètre de perception qui s'étendait à tout le Palais Impérial, de manière à anticiper une éventuelle menace pour l'Empereur ou l'Exécuteur. Il présidait la marche, suivi de six Gardes Royaux, puis de Palpatine et de Dark Vador, d'un mystérieux personnage appelé Azrakel, de huit conseillers - Kinman Dorianna, Crueya Vandron, Kren Blista-Vanee, Ars Dangor, le Grand Vizir Sate Pestage, Janus Greejatus, T'iaz et Sim Aloo - suivis eux-même de six autres sentinelles impériales. Palpatine disposait de plusieurs centaines de conseillers à sa solde, mais il ne se déplaçait rarement avec plus d'une douzaine. Pestage était le plus proche de sa personne, et ce déjà quand il était sénateur de Naboo. Il lui vouait une admiration profonde et avait créé en son nom l'Eglise du Côté Obscur, une secte mystique basée sur l'adoration des adeptes obscurs de la Force qui évoluaient autour de l'Empereur. Aussi, il semblait particulièrement concentré sur l'intérêt que nourrissait l'Empereur envers le corellien au sabrelaser.
Le jeune homme avait reçu la mission de protéger ces Hauts Dignitaires de l'Ordre Nouveau jusqu'à leur vaisseau, et il n'y manquerait pas. Cependant, il ressentait un malaise en compagnie de ses hommes. Il se méfiait. Véritable berserker à la solde de Palpatine depuis seize longues années, Azrakel lui semblait particulièrement terrifiant, puisqu'il usait en permanence du Côté Obscur pour le moindre de ses mouvements et il craignait qu'il ne perde la tête. Masse de muscles, Azrakel était vêtu d'un costume écarlate, qui surenchérissait la paleur de son derme. Son crâne, rasé jusqu'au sommet, laissait pendre plusieurs mèches de cheveux rouges. Le bas de son visage était protégé par un mystérieux masque respirateur, qui à l'instar du Seigneur Vador, semblait le maintenir en vie. Chacun de ses pas résonnait avec inquiétude, et le monstre créé par l'Empereur jouissait de la crainte qu'il inspirait auprès de son entourage?
Sur les plates-formes d'atterrissage attendaient déjà quatre navettes Lambda, entourées par des commandos. Le Seigneur Noir commença alors à parler :
- Je me permets de regagner le Devastator, mon maître. Je compte engager ma flotte afin de débusquer une nouvelle fois la base de l'Alliance Rebelle.
- Faites, mon ami. Je serais particulièrement satisfait si vous parveniez à me ramener la tête des chefs de la Rébellion.
- Il sera fait selon votre volonté, finit Vador avant de se relever et d'embarquer dans sa navette.
Celle-ci décolla aussitôt, tandis que le vent soulevait les robes des autres personnalités impériales.
- Et vous, que faites-vous, jeune Corellien ?
- Le Commandant Katarn m'a ordonné de vous escorter jusqu'à votre vaisseau. Or, ces engins ne sont que des navettes. Ma mission n'est donc pas encore finie.
- Effectivement. Vous me semblez plein d'ambition, jeune Corellien. Accompagnez-nous donc jusqu'à mon vaisseau, si c'est ce que vous souhaitez...
- C'est en effet ma volonté.
Palpatine éclata de rire. Deux Gardes Rouges montèrent alors à bord de l'engin, usant de leur intuition autant que de détecteurs en tous genres afin de déceler une éventuelle trace de bombe. A cet instant précis, le détonateur se mit en marche et l'engin explosa. Les flammes léchèrent les vêtements de l'Empereur, et le Capitaine Corellien fut littéralement projeté en arrière. La boule de feu roula sur lui, mais il parvint à s'en sortir.
Azrakel ne bougea pas, le feu l'enveloppant sans jamais le toucher grâce à son usage du Côté Obscur.
Il ne l'avait pas encore remarqué, mais les Gardes Royaux formaient déjà un cercle autour de l'Empereur et ses conseillers. Le Corellien se releva et étendit son champ de perception au-delà du Palais Impérial, puis le ramena aux alentours en précisant ses intuitions dans la Force.
- Le terroriste aura certainement voulu savoir si son action a réussi ! Il est forcément dans les parages ! fit le Corellien en s'activant.
Les commandos comprirent qu'ils devaient le suivre. Le jeune Corellien avait repéré le responsable de la menace, et il comptait prouver qu'il méritait une place plus importante au sein de l'Empire.




*

* *




Aaron se tenait debout aux côtés du Gouverneur Osulbo et de ses deux gardes du corps impériaux. Les quatre hommes patientaient au bord d'une plate-forme d'atterrissage du spatioport de Salis D'aar. Le corps de Lane était encore bandé de pansements au bacta, mais il ne souffrait déjà plus de ses nombreuses contusions.
Il scrutait assidûment le ciel azur à l'aide de macrojumelles, et distingua bientôt une navette Lambda, similaire à celle qui l'avait déposé quelques heures plus tôt.
- Voilà donc votre équipe, monsieur Lane.
- Les survivants de mon équipe. N'oubliez pas que trois de mes collègues ont perdu la vie.
- Je n'omets rien de cette histoire, ne vous inquiétez pas. Je ne vais pas tarder plus... Tenez cette datacarte. Y est consigné l'hôtel où vos camarades logeront en attendant mieux. Une somme votée par le Sénat a été versée sur leurs comptes personnels. Rappelez-leur qu'ils n'ont en aucun cas le droit de quitter Salis D'aar, encore moins Bakura. Pour ce qui adviendra de votre projet top secret, nous attendrons les consignes de Sonok Terg.
- Bien entendu, Gouverneur.
- Bonne journée, monsieur Lane.
- Vous aussi, Gouverneur.
Aaron ne se retourna pas quand Osulbo s'éloigna encadré par les deux commandos. Il entendit le bruit du moteur du speeder, puis se concentra sur la navette qui s'approchait. Déjà, ses ailes se repliaient et les répulseurs se mettaient en fonction. Aaron put bientôt distinguer les pilotes au travers de la verrière de transparacier, reconnaissant d'ailleurs le Capitaine N'Las avec lequel il s'était entretenu pendant son court séjour à bord du Diamant Bleu.
Le vaisseau se posa, et la passerelle s'abaissa, tandis que les différents gaz étaient évacués. Le Capitaine N'Las fut le premier à descendre, venant à la rencontre d'Aaron.
N'Las arborait un long imperméable par-dessus son uniforme vert de Capitaine. Il portait aussi sa casquette ainsi qu'une petite paire de lunettes noires et rondes qui lui conféraient un air particulièrement dangereux. Cet aspect était renforcé par le blaster et les deux vibrolames qui pendaient à sa ceinture. Les mains croisées dans le dos, il restait face à Aaron comme s'il cherchait à le défier.
- Monsieur Lane.
- Capitaine N'Las. J'espère que vous me ramenez tous mes hommes.
- J'ai tenu ma parole. Ils sont tous là, excepté le droïde... Nous n'avons rien pu faire pour le ramener. Néanmoins, nous avons copié les données de son servomoteur sur cette datacarte. Tenez, fit-il en la lui tendant.
Aaron se détacha de sa conversation avec le Capitaine impérial pour regarder ses collègues descendre. La première fut Aerin Latine, qui se jeta littéralement dans les bras de Lane. Il la serra dans le creux de son épaule, et accueillit bientôt Selen Drayson, tout aussi heureuse de revoir leur ami en vie.
- Nous vous pensions mort, fit Selen. Les autres vont bien ?
Aaron n'osa pas affronter son regard.
- Ils ont été massacrés...
Les autres docteurs entendirent cette triste réponse et ne parlèrent pas. Seule Nomad, la mystérieuse scientifique aux cheveux courts, osa parler. Il s'agissait d'une femme âgée de la trentaine, mais qui affichait déjà des traits sévères et marqués. Ses cheveux étaient blonds, pâles, si pâles qu'ils paraissaient certains jours blancs.
Elle portait un débardeur blanc qui mettait en valeur ses muscles, ainsi qu'un pantalon beige large qui cachait aussi sa maigreur. Elle était introvertie et se consacrait entièrement à son travail. De ce fait, elle parlait rarement... sauf quand elle en éprouvait le besoin.
- Que faisons-nous, maintenant, pour le Projet Genesis ?
- Rien. Nous attendons.




*

* *




L'escadron de Matth Katarn pénétra le hangar d'où avait décollé l'Heidegger, le cargo qui leur avait échappé la veille. Le colonel Az remercia le fervent citoyen du Centre Impérial qui avait prévenu le ConInt, puis ils examinèrent les moindres recoins du bâtiment dans l'espoir de trouver des indices concernant l'identité des trois mercenaires.
D'après le dernier message de Mannha At, ces terroristes ?uvraient pour la Rébellion. Ils se faisaient appeler Aigle, Dragon et Tigre. Deux d'entres eux avaient fui mais le dernier était toujours en planque sur le Centre Impérial et seul Matth pouvait le reconnaître, puisqu'il l'avait affronté.
Les commandos surgirent d'une pièce de l'étage, accompagnés du Grand Moff Muzzer et de l'Amiral Barrh.
- Messieurs, nous sommes désolés pour ce qui s'est passé. Les désagréments causés pendant votre captivité seront amplement dédommagés. Le département psychologique du ConInt est prêt à vous accueillir si vous sentez le besoin d'aide ou d'assistance. En attendant, vous rencontrerez le Capitaine Corellien qui recueillera vos témoignages.
- Ces maudits rebelles vont me le payer, enragea Muzzer.
Ayant terminé leurs investigations, les impériaux quittèrent la salle. Matth sortit le dernier.
- Colonel Az, contactez-moi le Seigneur Devil. J'ai à lui parler.




*

* *




Le Corellien se servit de la Force pour éxécuter un prodigieux bond par-dessus l'arcade, et il se retrouva juste au-dessus du terroriste. A cet instant, il sortit son sabrelaser et para deux salves de laser grâce à sa lame bleue, puis d'un revers, trancha un bras.
Il reconnut alors la créature qui se trouvait en face de lui.
- Xistiym du Clan Jadaama...
Il s'agissait d'un Hutt sur lequel il avait enquêté des semaines plus tôt, concluant qu'il oeuvrait pour le Soleil Noir, mais ne disposant d'aucune preuve suffisante pour le faire condamner.
Le Non-humain ne désespéra pas de s'en sortir et balança un coup de queue dans l'estomac du jeune homme qui tomba de l'arcade, se rattrapant de justesse du bout des doigts. Pendant ce temps, son sabre lui avait échappé et tombait inexorablement dans le vide...
De nouvelles salves fusèrent autour de lui, couvrant la retraite de Xistiym. Les commandos se chargèrent des deux Dévaroniens qui se planquèrent pour se mettre à couvert. Le Corellien put alors se servir de la Force pour bondir et retomber sur ses pieds. En même temps, son sabre regagna sa paume.
- Tu ne m'échapperas pas, cette fois !
Le Capitaine Corellien avait beau courir aussi vite qu'il le pouvait, il ne parvint pas à rattraper le Hutt qui se déplaçait rapidement malgré sa masse. Bientôt, il vit une silhouette rouge qui se déplaçait sur une corniche quelques mètres plus haut, et cette ombre écarlate le dépassa.
Un Garde Royal !
Non ! Il ne pouvait se faire voler sa proie. Pas devant l'Empereur !
Le jeune homme parvint alors à une interception et il opta pour la voie de droite, certain que le Hutt l'avait emprunté. Il découvrit alors une scène qu'il aurait préférée ne pas voir. Le corps du Hutt gisait au sol, les yeux révulsés. Une lame lui traversait la nuque et ressortait au travers de sa gorge. Le propriétaire de cette arme se tenait debout, appuyé sur la masse gluante du Hutt.
Le Garde Rouge retira sa lame et montra au jeune Capitaine les propriétés de son arme : deux lames rétractables sortant d'un manche. Il fit tournoyer son arme, puis rangea le manche à sa ceinture. Il arborait une magnifique armure rouge qui n'était pas sans rappeler celles des guerriers mandaloriens. Une fois son arme remise en place, il rabattit sa cape et reprit l'allure des Gardes Royaux tels qu'ils figuraient : celle d'hommes puissants et froids, ne vivant que pour une seule chose : servir leur Empereur.
Le Garde Royal s'approcha et doubla son rival dans cette chasse au Hutt. Le Capitaine Corellien resta pétrifié.
- Félicitations, jeune homme, mais sache qu'il existe toujours des monstres plus puissants que toi. Je suis Neeles An'Darkyn.




*

* *




Depuis sa voiture personnelle, le jeune Katarn entra en communication avec son maître. Le Jedi Noir Dark Devil était représenté par un hologramme taille réelle. Son charisme en imposait toujours autant. Vêtu d'un suaire de tissu noir très fin, on ne distinguait pourtant pas son visage. La robe tombait jusqu'au sol et constituait une traîne derrière lui.
Devil pencha la tête sur le côté, faisant ainsi craquer ses os.
- Maître, j'ai été confronté à un Jedi.
Le Jedi Noir ne réagit pas, pensif.
- Il était lié aux Rebelles mais nous a échappé.
- Nous le retrouverons bien assez tôt, fit une voix ténébreuse qui résonna directement dans la tête de Matth via la Force.
Le mystérieux Seigneur de la Guerre avait en effet l'habitude de renforcer ses paroles en communiquant via le langage oral et télépathique. Aussi, chaque son trouvait un écho qui s'apparentait à un coup de crosse sur la tête.
- Oui, mon maître.
- Tu as bien fait de me contacter. Je souhaite que tu me rejoignes sur le Maelström. Le Seigneur Sonok Terg nous a trahi. J'ai reçu ordre de l'Empereur d'aller le punir en conséquence. Une navette viendra te chercher à dix-huit heures. Soit prêt, mon fils.
- Merci, mon maître. Je serais au rendez-vous.
L'image holographique se dissipa.
Matth plongea dans ses pensées. Il fallait retrouver ce Jedi, mais il ne serait plus là. Après avoir sagement réfléchi, il décida de confier l'enquête à Kane. Il faudrait aussi contacter le Capitaine Corellien pour qu'il lui transmette les preuves trouvées au Centre des Archives des Services de Renseignement. Ensuite, celui-ci l'accompagnerait jusqu'à Tosnbar IV, le fief de Sonok Terg.




*

* *




L'Empereur se tenait debout face aux deux Dévaroniens qui avaient été capturés par les commandos, mais ils ne parlaient pas. Derrière eux, les conseillers et le mystérieux Azrakel étaient en train d'embarquer dans une navette, tandis que des droïdes-pompiers s'occupaient d'éteindre l'incendie sur l'épave.
Le Garde Rouge qui s'était présenté sous le nom de Neeles An'Darkyn n'avait pas cherché à voler la vedette au Corellien, et il rejoignit la masse de ses pairs, perdant son identité.
Le Capitaine Corellien arriva, dépité, et gêné que les félicitations de l'Empereur lui soient adressées.
Palpatine se montrait presque chaleureux, puis un air glacial envahit son visage quand il ordonna aux commandos d'envoyer les prisonniers sur la colonie pénitenciaire de Despayre.
- Capitaine Corellien, accompagnez-moi donc à mon vaisseau...
Les Gardes Rouges embarquèrent à leur tour en se divisant dans les deux navettes qui restaient, et le Corellien suivit l'Empereur qui prit place dans un trône installé à l'arrière de son vaisseau. Le jeune homme crut alors comprendre que les trois navettes destinées à regagner le destroyer de Palpatine lui étaient destinées de manière indifférenciée de manière à éviter un attentat prémédité. Aussi, l'Empereur avait le choix d'emprunter la navette qu'il souhaitait selon son humeur. Il s'installa alors dans son fauteuil, deux gardes se plaçant à ses côtés. Le Corellien saisit également qu'il devrait rester debout.
L'engin décolla.
- Quelles sont donc les conclusions que vous tirez des trois tentatives d'assassinat qui ont eues lieu au Centre Impérial ?
- Je ne dispose pas encore de tous les détails, mais je sais que le responsable de celui du Grand Moff Tarkin est lié à celui-ci, puisque le Hutt était lié à l'autre affaire. En ce qui concerne celui du Sénat, je n'ai pas encore analysé la situation.
- Pensez-vous réellement que tous visaient à nous tuer ? Pourquoi ont-ils tous échoué ? Cela ne vous intrigue pas, jeune Corellien ?
- En effet, mais je n'y avais pas pensé.
- Votre supérieur, le Commandant Katarn, avait bien compris. De même que le Seigneur Vador, qui a regagné sa flotte. Le projet de cette mission avait une ampleur bien différente et les attentats n'ont servi qu'à vous égarer dans votre enquête. Ce qu'ils visaient étaient les plans de ceci ! fit Palpatine en allumant un hologramme.
Une sphère séparée en deux par une fosse, disposant sur sa face supérieure d'un superlaser.
- Cette arme a la taille d'une petite lune. Il s'agit de l'Etoile de la Mort, conçue par moi-même et le Grand Moff Tarkin depuis des décennies. Les Rebelles ont appris que cette super-arme était opérationnelle, et ils veulent la détruire... ce qu'ils feront sans doute ! Mais nous aurons trouvé leur base à ce moment, et nous les détruirons !
- Vous savez déjà que l'Etoile de la Mort sera détruite ?
- Bien sûr, le voile du Côté Obscur se lève pour me montrer l'avenir... Mais la puissance de l'Empire n'est que le reflet de celle de son Empereur. Je dispose de bien plus de puissance que toutes les armes que mes ingénieurs élaborent dans leurs laboratoires.
La voix du pilote s'éleva alors :
- Mon Empereur, nous arrivons en vue du Majesté.
L'Empereur sourit alors.
Le destroyer de Classe Impérial Majesté se tenait en orbite de Coruscant aux côtés du Devastator qui commençait déjà à s'éloigner... Le Corellien se permit de gagner le cockpit quand la navette pénétra les hangars.
- Ma mission s'arrête donc là...
- Non, jeune Seigneur de la Guerre. Le Majesté n'est pas mon vaisseau.
Une fois les deux navettes Lambda posées, leurs occupants en sortirent, et le vaisseau s'éloigna avant de faire un micro-saut dans l'hyperespace. A cet instant, le Corellien et l'Empereur se tenaient sur la passerelle de commandemant. Le jeune Capitaine crut rêver quand il découvrit qu'une immense masse recouvrait entièrement le Majesté.
- Voici le Souverain, premier destroyer de Classe Sovereign.
Le jeune homme écarquilla les yeux quand le Majesté fut aspiré dans les hangars du monstre de quinze mille mètres. Gigantesque, ce destroyer avait été élaboré dans le plus grand secret par les Chantiers de Kuat, et même l'Exécuteur Dark Vador en ignorait l'existence. Palpatine se déplaçait à la vue de tous à bord du Majesté, qui exécutait un micro-saut hyperspatial afin de gagner le Souverain, qui demeurait en permanence à proximité des systèmes visités par la personne impériale.
- Un navire à l'image de son propriétaire...
- Votre mission est dorénavant terminée, jeune Seigneur !




*

* *




Aigle - ou plutôt Lebad Katarn - prenait une douche sonique. Agé de presque quarante ans, il n'en était pas moins en pleine forme.
Il quitta la pièce, puis il appliqua sur son torse un pansement au bacta. Cette maudite blessure lui laisserait une trace car elle avait été soignée trop tard. Ca prouvera qu'il ne faut pas trop me chercher, pensa-t-il en souriant à sa propre plaisanterie. Il en vint à regretter que celle de sa jambe - causée par le poignard echani du Garde Royal - ait presque disparue.
Il était à l'hôtel Nuit Impériale où une chambre avait été louée au préalable par les hommes d'En Gee. Pensif, il songea à Max, son fils adoptif.
Il se remémora le jour où il l'avait trouvé, il y avait douze ans.
Lebad méditait dans la forêt entourant sa demeure, lorsqu'une perturbation de la Force le poussa à se diriger vers un arbre.
Il remarqua des impacts de tirs de blaster : une bataille avait dû se dérouler récemment à cet endroit car une odeur d'ozone flottait encore. Derrière un buisson, au creux d'un arbre mort, Katarn découvrit un nourrisson d'à peine cinq mois. A côté du garçon gisait un boomerang auquel étaient attachés trois manches de lames lasers. Poussé par son instinct, il décida de l'adopter. Dans ses langes, il découvrit une plaque métallique sur laquelle il pouvait lire « Max » et un tas de symboles illisibles.
- Désormais, tu t'appelleras Max Katarn, avait-il déclaré.
Cet enfant avait été une lueur dans l'obscurité de sa vie. Quelques années auparavant, il travaillait pour le ConInt. Il vivait des jours heureux avec sa femme Nashira et ses jumeaux Matth et Gayla, jusqu'à la Nuit des Larmes, nuit où il avait tout perdu.
Matth.
Un ?il rouge. Un ?il bleu.
Les pensées de Lebad revinrent alors à son dernier combat. Son adversaire était un Jedi d'une vingtaine d'années.
L'inconnu.
Un ?il rouge. Un ?il bleu.
Il ne pouvait pas s'agir d'une coïncidence. Sa famille avait été enlevée par un des membres du Triumvirat dirigeant le ConInt, un dénommé Sonok Terg. Or, le Jedi qu'il avait affronté travaillait pour le ConInt.
Ce n'était pas une coïncidence. Ce ne pouvait pas l'être. Dans la Force, il n'y avait pas de hasard.
Tout n'était peut-être pas perdu.
Son adversaire utilisait la Force, mais chose étrange, il n'était pas tombé dans le piège labyrinthique du Côté Obscur. Pourtant, les seuls Jedi qui ?uvraient pour l'Empire en étaient de fervents adeptes. Ce jeune homme utilisait le Côté Lumineux comme le Côté Obscur de la Force, mais il n'appartenait à aucun côté. Il semblait avoir trouvé le point d'équilibre que beaucoup de Jedi cherchaient jadis sans jamais trouver. Pouvoir utiliser le meilleur de la Lumière et de l'Obscurité sans jamais faire pencher la balance était un atout considérable.
Grâce à cela, on pouvait atteindre un niveau d'illumination proche de celui atteint par les Grands Maîtres, les anciens membres disparus du Grand Conseil des Jedi.
Lebad oublia cette pensée. Il lui restait deux jours avant de quitter le Centre Impérial à bord du Reine de l'Empire.




*

* *




Matth Katarn attendait. Debout, la tête cachée par un capuchon qui prolongeait sa cape. Le jeune homme patientait au bord d'une piste d'atterrissage du Palais Impérial. Son regard était perdu dans le ciel pluvieux. De nombreuses gouttes ruisselaient sur son visage, mais il s'en moquait. La pluie n'avait pas cessé depuis le combat contre le Jedi. Ce dernier avait fui, mais Matth n'avait pourtant senti aucune peur.
La peur...
Il sourit. Le Côté Obscur existait à cause d'émotions intenses telles que la peur, la colère, la faiblesse ou encore l'envie. Si une once d'obscurité existait en Matth, c'était uniquement à cause de la peur. Depuis sa plus tendre enfance, le jeune Matth Katarn n'avait peur que d'une chose. Lui-même. Il connaissait ses capacités et savait qu'il lui était parfois difficile de se maîtriser. C'était cette peur qui menaçait sa stabilité. La Force était très puissante en lui, mais il ne pouvait pas encore la canaliser pleinement.
Un bruit de moteur gronda et un airspeeder chromé se gara derrière lui. Sa forme effilée lui conférait une allure et une maniabilité exceptionnelle pour un engin de cette taille. Pour cette raison, son pilote l'avait appelé Vaapad, en raison d'une forme évoluée de combat au sabrelaser alliant rapidité et force brute.
Une ombre s'esquissa derrière lui. Le nouvel arrivant était vêtu de la même manière que Matth, et la seule chose qui les différenciait était les cheveux blancs qui dépassaient du col de Katarn.
- Seigneur Katarn, salua l'homme qui se plaça aux côtés de Matth sans même le regarder.
Lui-même ne daigna pas se tourner. Il répondit de manière glaciale.
- Seigneur Corellien.
Ce dernier lui tendit une datacarte qu'il rangea dans une poche de sa tunique.
- Voilà toutes les données sur l'enquête que nous menons, ainsi que mon rapport. Le département psychologique nous enverra son diagnostic concernant l'Amiral Barrh qui a demandé une consultation. Kane a réquisitionné sur votre avis les navires de l'Amiral Motti et du Capitaine Saondr Veissel mais il pense que notre cible est encore terrée au Centre Impérial.
- Bon travail, Ervan, termina Matth avant de s'avancer.
Deux navettes Lambda, l'Eternelle et le Damné descendues des ténèbres du ciel se posèrent devant eux, soulevant l'eau qui stagnait sur la piste d'atterrissage. La porte de la première s'ouvrit et les deux Seigneurs de la Guerre y montèrent. Le second déversa deux commandos qui s'attardèrent à chercher le Vaapad pour le transporter. L'Eternelle n'attendit pas et repartit aussitôt en direction du destroyer de Classe Impérial II du Seigneur Dark Devil.
En direction du Maelström.
CHAPITRE XI: Le Cri de la liberté
La première escale du Reine de l'Empire fut Danatoon, une planète aussi minuscule que magnifique, où poussaient des arbres aux feuilles d'or qui attiraient tant les visiteurs. Lebad Katarn, déguisé en Talz, quitta sa chambre pour arpenter les ruelles de Tayisy Aurea, la capitale.

Les deux jours qui venaient de s'écouler lui avaient paru une éternité. Seul dans sa chambre, il n'avait eu d'autre choix que de regarder les holo-écrans et de méditer. Aussi, ne comptait-il pas s'attarder dans la cité d'or et il quitta rapidement le groupe de touristes, redevenant Aigle, l'agent rebelle. Le responsable de l'expédition s'aperçut d'ailleurs rapidement de sa disparition, puisqu'il tenait le Talz à l'?il depuis le début du voyage. Il le fit chercher activement par ses subordonnés. Etant donné le prestige dont jouissait l'agence de voyage responsable du Reine de l'Empire, il ne pouvait se permettre d' « oublier » par mégarde un de ses clients...

Aigle gagna le hangar où il avait rendez-vous avec ses collègues Dragon et Tigre. S'identifiant devant les portes, il pénétra dans la salle où gisait le vaisseau baptisé l'Heidegger. L'engin reposait dans les airs sur ses répulseurs, et sous lui, trois navettes gisaient, leur cockpit relié par des sas mobiles.

Accueillant, Dragon fut le premier à accueillir Aigle, visiblement déçu par le comportement nonchalent de ses amis.

- Merci de m'avoir attendu au spatioport, les gars.

- De rien, ironisa l'autre pour répondre à la plaisanterie d'Aigle

- Vous n'avez pas rencontré trop de problèmes pour quitter le Centre Impérial ?

- On est là, c'est le principal. Et toi ?

- Pour quitter Coruscant, non... Mais tous nos hommes sont morts, excepté Lonay.

- Non ! s'étonna Dragon en frappant des poings contre le mur.

Il repensa alors à Medro et Deracdia avec lesquels il s'entendait bien. Leur complicité leur avait permis d'agir avec une grande efficacité. Visiblement excédé, Tigre arriva dans la pièce, découvrant la triste mine de ses compagnons d'armes. Il décida de ne pas y prêter attention.

- Tout est Ok, fit-il en essuyant son front au moyen d'une serviette. Salut Aigle ! La forme ? Il y a intérêt parce qu'on décolle maintenant.

- Quoi ?

- C'est toujours la même opération, mais on a une nouvelle mission. En Gee nous a contacté ce matin même quand nous sommes arrivés sur Danatoon.

- Et ?

- On doit récupérer Ackbar. Le matériel est prêt. D'après toi, pourquoi je ne suis pas venu t'accueillir ?

Le droïde C-5PO salua Lebad puis continua de charger les caisses.

- 5PO ? Je croyais que vous l'aviez abandonné au centre des Archives...

- Tu nous prends pour qui ? Ce droïde nous a loyalement servi. Je l'avais programmé pour qu'il puisse regagner l'Heidgger après notre fuite. Sa mémoire a été copiée par un Capitaine du ConInt - le Corellien, je crois - puis il a été envoyé à la casse. A cet instant, il s'est échappé.

- Ce droïde a fait preuve de ressources étonnantes, constata Aigle.

- On embarque les gars ! Le voyage sera court, mais il faut nous entraîner ! fit Tigre, qui se plaça aux commandes de l'Heidegger.

Il pianota sur le clavier et l'YV-666 décolla.

- Où allons-nous ? demanda Aigle.

- Eriadu. Le Grand Moff Tarkin a quitté Coruscant lors de notre passage. Il est revenu chez lui, mais ne va pas tarder à repartir...

- Et nous choisirons ce moment pour l'intercepter.

- Il y a une chose que je ne saisis pas. Nous pouvions faire évader Ackbar quand nous l'avons rencontré. Pourquoi a-t-til attendu jusque maintenant ?

- J'ai posé la même question à En Gee. Tarkin était en train de préparer une liste des mondes à soumettre grâce à cette Etoile de la Mort. Ackbar voulait savoir quelles planètes étaient visées en priorité pour que la Rébellion anticipe les assauts.

- Je comprends mieux à présent. Sa condition d'esclave n'importe pas pour lui : seule compte la liberté de la Galaxie. Ce Mon Calamari devrait être aujourd'hui un Haut Dignitaire de l'Alliance Rebelle.

Tigre commença à calculer les coordonnées d'entrée dans l'hyperespace.

Dragon et Aigle arrivèrent dans les cales du vaisseau. Dans la première pièce, on pouvait voir trois motospeeders dont un en réparation. Sous le sol, les trois sas étaient ouverts, donnant accès à trois Ailes-Y qui étaient suspendues. Il s'agissait d'antiques Ailes-Y BLT-A4 fabriqués par la corporation bothane Koensayr.

- Le tien, c'est celui-là, mon pote, lui montra Dragon en désignant le premier sas.

- Une variante du BLT-A4. Le BLT-S3, un biplace, remarqua Lebad.

- Celui de Tigre est un Longprobe BLT-A4 : il a des senseurs améliorés.

- Le mien est la version classique, tout simplement !

- Pourquoi trois ailes différentes ?

- Peut-être pour équilibrer la lutte.

- Tu dois avoir raison. J'espère que je n'ai pas perdu la main pour piloter cet engin.

- T'en fais pas, il y a un simulateur à côté. La mission y est programmée.

L'appareil était très abîmé mais fonctionnait encore. Il représentait un arc de cercle avec deux portes latérales qui étaient ouvertes. A côté, il y avait encore deux autres modèles, destinés à représenter les autres variantes d'Ailes-Y.

- En Gee n'a pas pu nous en avoir un autre.

- J'ai connu pire que ça... Bon, on essaie.

Aigle enfila un casque et prit les commandes de son Aile-Y à la sortie de l'hyperespace. Les portes se refermèrent et des effets spéciaux archaïques apparurent pour le figurer à bord d'un cockpit. Tigre ne pouvant pas encore rejoindre Aigle et Dragon, c'était donc l'ordinateur qui prenait les initiatives à sa place dans le cadre de cette joute virtuelle.

Une voix résonna dans les écouteurs d'Aigle.

- La navette est en A3 à onze heures.

- Compris, Dragon. On fait un premier passage.

Les trois bombardiers tirèrent plusieurs salves et les boucliers de la navette commencèrent à faiblir.

- Encore un.

Exécutant un demi-tour au large de Eriadu, la planète pénitentiaire où se terrait le Grand Moff Wilhuff Tarkin, le fondateur de la « doctrine Tarkin » - la politique par les armes -, le groupe de terroristes fonça vers la navette Lambda qui encaissa un autre assaut. Aigle dut alors exécuter une man?uvre d'approche et la simulation se mit en pause le temps qu'il lui faudrait pour récupérer Ackbar.

- Dernier passage ! annonça le Jedi quand le simulateur repartit.

La navette explosa sous le feu nourri. Aigle passa au dessus du vaisseau alors que celle de Dragon et celle guidée par l'ordinateur prirent par en-dessous. Enfin, les trois engins de destruction filèrent dans l'hyperespace. La simulation prit fin et les pilotes sortirent confiants.

- Ca devrait aller, fit Dragon.

- S'il n'y a pas d'imprévus, ajouta Aigle.




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Dark Kane avait réquisitionné avec l'appui de Matth Katarn le destroyer stellaire de l'Amiral Motti, l'Allecto. Bien que refusant de suivre les directives du subordonné de Matth, l'Amiral n'avait pas eu le choix. Aussi, il avait décidé de n'endosser aucune responsabilité dans cette affaire. Plus pour calmer ses nerfs que par faim, il dévorait un à un des ?ufs durs de gundark offerts par Motti. Bientôt, le vaisseau arriva en orbite de Danatoon...




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Le saut avait été rapide et l'Heidegger quitta la vitesse luminique. Le couloir de lumière se métamorphosa en un espace sombre constellé de milliers d'étoiles. Au centre de la verrière du cockpit, Tigre s'émerveilla devant la beauté de la planète géante. Eriadu était une grosse planète aux continents paraissant, depuis l'espace, de couleur rose et violette, parsemée sur toute sa surface de mers bleues, un vrai spectacle pour les yeux. Il s'agissait d'un monde pilier de l'Empire, aussi bien en matière de politique que d'économie. Il était le bastion de Tarkin et de nombreux loyalistes adeptes de sa doctrine totalitaire...

Tigre man?uvra pour plonger au c?ur du champ d'astéroïdes de feu. Il s'appliqua à poser l'Heidegger sur le plus gros d'entre eux, puis régla un saut en hyperespace qui s'effectuerait à la fin de leur mission. Ces pierres enflammées en permanence n'étaient pas reconnues comme des astéroïdes par l'administration locale qui préférait les vendre aux touristes comme des pierres de feu. Cependant, le champ s'avérait aussi un piège mortel pour quiconque osait s'y aventurer. Les agents rebelles étaient parfaitement conscients du danger, mais ils ne pouvaient se laisser dériver en orbite en attendant que leur proie daigne se montrer.

La mission s'esquissait enfin.

Ayant pris connaissance de la topographie peu ordinaire des lieux, tous trois gagnèrent le garage et réglèrent une destination sur l'ordinateur de bord de leur Aile-Y. Dragon vérifia les trois unités astromécanos R2 et les fit embarquer à leur place désignée. Chacun leur donna quelques directives, puis s'enfonça dans le siège de son cockpit, bouclant son casque et serrant le manche à balai qui permettait le bon maniement des Ailes-Y.

Depuis le champ d'astéroïde, les prédateurs étaient à l'affût.

Ils attendaient la venue de leur proie : Tarkin.







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Incisif, Kane, le Jedi Noir subalterne du Commandant Katarn, débarqua à Tayisy Aurea. Il avait été alerté par les responsables du Reine de l'Empire de la disparition d'un Talz à la première escale et faisait fouiller la ville pour trouver les traces du fuyard, utilisant pour cela les six escadrons qui lui étaient subordonnés, en plus des troupes locales.

En vain.

Le Talz s'était volatilisé.

- Ghent, quels systèmes stellaires sont à proximité ?

Ghent Zakarisz était l'expert en informatique du groupe des Guides - le dernier des six escadrons composant les TISC - présidé par le Capitaine Corellien. Il s'agissait d'un jeune garçon de onze ans, à peine entré dans l'adolescence. Comme beaucoup de natifs de la planète Baroli, sa peau était grise et ses cheveux bleus. Le haut de son visage était tatoué de motifs à base de cercles et de traits violets. Il avait été recruté alors qu'il s'était infiltré au c?ur des dossiers secrets de l'Ubiqtorat.

- Eriadu, Sullust et Clak'dor VII.

- Eriadu ? Le Grand Moff Tarkin est en ce moment sur Eriadu. On a cherché à l'assassiner au Centre Impérial. Même si rien n'est sûr, autant s'assurer qu'il ne court aucun risque. Capitaine Tulon, cracha-t-il dans son comlink, préparez-vous à partir vers Eriadu.

- Bien, Capitaine.

Dark Kane et Ghent remontèrent dans leur navette et regagnèrent le destroyer. Motti fut alerté de la décision et ordonna à Tulon de calculer les coordonnées d'un saut vers Eriadu. L'Amiral n'avait pas hésité une seconde. Il avait en effet proposé à Tarkin une escorte qu'il avait refusée. A présent, il avait une chance de montrer au Grand Moff le danger d'une telle décision. Bientôt, Kane se présenta sur la passerelle de l'Allecto, et le navire pénétra l'hyperespace.


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Ackbar se trouvait en orbite d'Eriadu, en compagnie du Grand Moff Tarkin et Bevel Lemelisk, le prodigieux ingénieur qui avait mis au point l'Etoile de la Mort. Leur destination était Despayre, la colonie pénitentiaire du système d'Horuz. Le Mon Calamari détenait les commandes de la navette Lambda banalisée qui quittait l'influence gravitique de la planète.

- Qu'attendons-nous, Ackbar ? demanda le Moff d'un ton cassant. Je suis impatient de voir cette forteresse qui va bientôt écraser toute résistance face à l'Ordre Nouveau de l'Empire.

Ackbar sourit intérieurement. Les sarcasmes de son maître ne le touchaient plus désormais. Dans peu de temps, Tarkin ferait moins le fier... et les rôles seraient inversés.

- Paré à entrer dans l'hyperespace, annonça le Calamarien d'une vois terne. Destination : Despayre, système d'Horuz.

Soudain, trois Ailes-Y rebelles surgirent de nulle part et plongèrent vers la navette.




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- Au rapport, lança Aigle.

- Dragon, en attente.

- Tigre, en attente.

- Ok. Réduisez-moi cette navette en miettes !

- Bien compris, Aigle ! répondirent les deux autres.

Les trois chasseurs ouvrirent le feu de leurs canons lasers.




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- Attaque rebelle ! cria Tarkin. Ackbar, passez en man?uvre d'esquive !

Le Calamarien réagit aussitôt - mais au lieu de sauter dans l'hyperespace, il désactiva les boucliers.

- Imbécile ! hurla Tarkin.

- Euh... que sommes-nous censés faire à présent ? s'inquiéta Lemelisk.




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- Les boucliers sont baissés, annonça Lebad.

Six rayons lumineux s'écrasèrent contre la poupe de l'objectif. Des explosions crevèrent la partie arrière de la coque. La navette tangua. Des flammes et de la fumée jaillirent.

- On refait un passage, ordonna Aigle.

Ses coéquipiers accusèrent réception. Les salves atteignirent encore le vaisseau qui fut agité de soubresauts. La navette se mit à partir en vrille sous les rafales des rebelles.




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Tarkin venait de se lever et la secousse le projeta violemment contre la paroi. Il s'effondra sur Lemelisk toujours sanglé dans son siège.

- Nous n'avons plus de boucliers et les moteurs sont touchés, annonça Ackbar. Ils vont revenir pour nous achever. Je tenais à ce que vous sachiez, Grand Moff Tarkin, que c'est moi qui ait préparé cela, pour toutes les souffrances que vous m'avez infligées, à moi ainsi qu'à d'autres.




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- Encore un dernier passage, déclara Aigle. Je passe devant et vous me suivez.

- Leader, la capsule de sauvetage a été larguée.

Katarn sonda la navette et détecta la présence du Calamarien dans la navette.

- Couvrez-moi, annonça-t-il. Je récupère notre contact.

Arrivés à proximité de la navette, les rebelles lancèrent des sas de connexion.

- Leader, ici Tigre. Il y a un destroyer qui vient d'arriver.

- Compris.

Le compartiment du copilote était maintenant occupé par le Calamarien.

- J'ai le colis. On peut détruire la navette.




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Soudain, par un méticuleux coup du destin, le vide se mit à onduler autour du système d'Eriadu et un destroyer stellaire perça l'hyperespace. Il s'agissait de l'Allecto, le navire de l'Amiral Motti à bord duquel Dark Kane traquait Aigle depuis le Centre Impérial.

Le Capitaine Tulon constata rapidement la situation.

- Seigneur Kane, la navette Lambda du Grand Moff Tarkin a été détruite. Doit-on envoyer les escadrons de chasseurs ?

Kane acquiesça, certain que Motti en ferait autant. En effet, l'Amiral avait désobéi aux ordres de Tarkin puisque celui-ci refusait d'être escorté dans son voyage jusqu'à Despayre. Heureusement pour lui, son erreur avait été corrigée grâce aux talents combinés de Kane et de Motti.

- Y a t-il des survivants ? demanda-t-il alors froidement.

- Affirmatif, nos scanners détectent la présence du Grand Moff et de son ingénieur dans une capsule au point A34-Z8. Il me semble que l'esclave personnel de Tarkin n'a pu se dégager.

Tulon, Capitaine subalterne de Motti, relaya alors l'ordre. Au même moment, le lieutenant Raise Wind, lieutenant des troupes aériennes des TISC, se porta volontaire auprès de Kane pour chercher Tarkin et Lemelisk.

Derrière lui, les quatre autres chefs d'escadrons spécialisés étaient présents, vêtus d'armure de troupes de choc classique. Matth n'avait pas besoin de leur présence pour l'assaut des forces de Devil contre la forteresse du félon Sonok Terg. Aussi, avaient-ils été subordonnés à Kane dans le cadre de son enquête. Chacun des cinq lieutenants représentait une arme spécifique. Meggan Aumann, lieutenant des aqua-troupes, les soldats aquatiques. Poros Strada, lieutenant des éclaireurs. Erarw « Blizzard » Snars, lieutenant des troupes des neiges. Cassan Solo, lieutenant des troupes du désert. Raise Wind, lieutenant des air-troupes, les troupes aériennes, dotées également de deux armures de troupes de l'espace pour les missions spéciales. Ils étaient tous sous la coupe du Capitaine Kane.

Tous étaient de brillants soldats, dont les opérations étaient planifiées par le Capitaine Corellien et ses adjoints, les Guides, qui composaient un sixième escadron. Ensemble, ils formaient l'unité des Troupes d'Intervention Spéciales du ConInt dirigés par le Commandant Matth Katarn.




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Deux cris enthousiastes répondirent à Aigle avant que ses ordres ne soient immédiatement exécutés.

Les batteries de turbolaser du bâtiment impérial déchiraient alors l'obscurité en lanières de lumière.

Dès que les Rebelles eurent achevé leur ultime assaut, les trois Ailes-Y rompirent la formation et se replièrent dans trois directions différentes...

Au c?ur du champ d'astéroïdes de feu, C-5PO enclencha les moteurs subluminiques de l'YV-666, et les Ailes-Y exécutèrent la même man?uvre.




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- Les Maraudeurs sont-ils sur le coup ? s'enquit de demander Dark Kane.

Ghent, en l'absence du Capitaine Corellien, supervisait l'escadron logistique Guides. Ce fut lui qui répondit au Seigneur de la Guerre.

- Oui, Capitaine. Regardez ! Une Aile-Y accoste la navette. Le Mon Cal embarque ! Ils sont prêts à sauter dans l'hyperespace.

- Lieutenant Wind, envoyez vos gars récupérer le Moff.

Tandis que le chef des air-troupes quittait le rang et contactait ses hommes pour récupérer les proies des Rebelles, Dark Kane traversa le pont et alluma son comlink :

- Massar N'Tran au rapport, Kane.

- Dites à vos hommes de faire leur possible pour capturer ces Rebelles.

- Doit-on ramener le Mon Calamari du nom d'Ackbar ?

- Inutile, tuez le poisson. C'est lui qui les a prévenus.




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Une fois passé en hyperespace, Aigle baissa la vitre et entama la discussion avec son précieux passager.

- Bonjour, Ackbar, mon nom est Lebad Katarn. Il me semble que nous nous sommes déjà rencontrés.

- En effet, monsieur Katarn.




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Massar N'Tran.

Le Shi'ido esquissa un large sourire et passa sa langue sur ses lèvres, comme un prédateur avant de traquer sa proie. L'humanoïde était vêtu d'une robe qui cachait ses jambes, tandis que tout son corps était recouvert de bandages extensibles, jusqu'à son visage dont seul la bouche et les yeux étaient visibles. Cet accoutrement pour le moins original lui permettait de se métamorphoser comme il le voulait, sans perdre ses vêtements, même si aujourd'hui, cet acte lui était interdit en raison de l'Interdiction de Corps dont il était frappé. En effet, les Shi'ido étaient une espèce métamorphe, caractéristique peu commune dans la Galaxie. De cet atout, le groupe des Maraudeurs avait fait leur marque de fabrique. Aux ordres du Seigneur Devil, ils étaient des assassins de l'ombre, l'élite du ConInt.

Massar N'Tran était le leader des prédateurs, le Maître-Assassin et les autres lui étaient fidèles jusqu'à la mort. D'ailleurs, ils montraient leur soumission en ne portant aucun vêtement, signe de leur infériorité sur leur monde. Ils avaient aussi tous le visage brûlé car ils n'avaient pas le droit d'avoir une identité propre : les noms qu'ils portaient leur avaient été donnés par Massar lui-même.

Le Maître-Assassin se détourna de l'écran holographique.

Massar N'Tran courut vers son chasseur, un antique N-1 Naboo modifié, appelé l'Assassin. Mis au point par l'Escadron d'Ingénieurs de la Flotte Spatiale du Palais de Theed, ce monoplace emportait des canons lasers jumelés et un double magasin de torpilles protoniques dans sa version originelle. Une longue « queue de rat » prolongeant les moteurs faisait partie de la customisation de la propulsion. Le navire de N'Tran gardait donc sa forme initiale, mais au lieu des couleurs jaunes et argent chromé, le N-1 était entièrement recouvert de cristaux de stygium, ce qui lui conférait une couleur bleue laiteuse, et surtout la capacité de devenir invisible.

Il fit décoller son engin et contacta ses hommes à bord des Z-95 modifiés Chasseur et Traqueur, ainsi que la navette impériale de classe Sentinelle Prédateur.

- N'Tran à N'Iamraad. As-tu eu le temps d'infiltrer leur ordinateur de bord pour trouver leur cap ?

Sur l'écran du champ de bataille, Massar N'Tran vit surgir un nouveau destroyer identifié comme le Fou Furieux.

- Les deux premières Ailes-Y ont quitté les lieux trop tôt. Néanmoins, la dernière est partie pour Saniacann.

- Saniacann. Le système est inhabité, non ?

- Il doit s'agir d'un point de rendez-vous, ou bien il compte calculer une nouvelle trajectoire.

- Compris, Maraudeurs. Cap sur Saniacann.

Les quatre vaisseaux déchirèrent l'espace pour passer dans la courbure du continuum.




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Empoignant son transpondeur, Kane abandonna l'Amiral Motti et le Capitaine Tulon sur la passerelle, estimant que c'était à eux de recevoir les remerciements de la part du Grand Moff Tarkin. Il s'éloigna d'un pas rapide vers les hangars. Tandis que Motti distillait des ordres de façon à préparer son vaisseau à gagner Despayre dès que Tarkin et Lemelisk seraient à l'abri à ses côtés, le Capitaine Kane entra en contact avec le Capitaine du Fou Furieux qui suivrait les Maraudeurs dans leur entreprise.

- Capitaine Saondr Veissell, je monte à votre bord avec les TISC. Préparez-vous à suivre les coordonnées laissées par les Maraudeurs, fit Kane en les transmettant depuis son comlink.

- Message reçu, Capitaine Kane. Le traceur que le Commmandant Katarn a fait posé sur Aigle à Coruscant a été repéré.




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Le Commandant Matth Katarn réfléchissait dans ses quartiers du Maelström. Le jeune homme était torse nu, dévoilant une impressionnante prothèse mécanique remplaçant son bras droit. Les souvenirs de son amputation étaient douloureux, ceux du remplacement de son membre encore plus, puisque son allergie au bacta avait posé problème lors de la cicatrisation. Aussi, il avait pris l'habitude de cacher sa main dans un gant noir pour éviter les questions embarrassantes qui le mettraient mal à l'aise.

Assis sur le recoin de son lit, il musclait son bras gauche en soulevant des haltères magnétiques réglées sur le poids de treize kilos. Il avait déjà fait cent tractions, et il sentait à peine son muscle se réveiller. L'exercice quotidien comptait beaucoup pour lui, mais il semblait angoissé et exécutait le mouvement comme un droïde.

Il était perdu dans ses pensées.

L'homme du Centre Impérial. Il avait ressenti un malaise étrange quand il l'avait combattu, une sensation dans la Force qui l'avait déstabilisée, l'empêchant de le tuer. Dans ce duel, il n'avait pas pu se donner à fond car quelque chose le gênait.

Cette impression qu'il vivait quand il se trouvait avec Eeline, une jeune femme qu'il fréquentait à l'Académie de l'Ombre. Dans ces moments, les émotions s'intensifiaient, figeant ses pensées, paralysant son corps. C'était une symbiose entre eux, une fusion des deux corps qui ne faisaient plus qu'un, partageant toutes les pensées de l'autre par le biais de la Force.

Au centre de la pièce, un hologramme tournait dans les airs, révélant la jeune femme assise sur le sol dans les bras de Matth. Souvent, il se perdait dans ses souvenirs, mais aujourd'hui, quelque chose le tracassait davantage... L'Aigle du Centre Impérial.

Le jeune homme sursauta tout d'un coup.

Un instant, il avait senti que quelqu'un violait ses pensées. Il se retourna, croyant voir Ervan sur le pas de la porte. Mais il n'y avait personne... Matth s'interrogeait. Il connaissait Ervan, le Seigneur Corellien, depuis déjà trois années, et le mystérieux personnage le troublait considérablement. Le jeune homme ne s'exprimait que rarement et une colère intense bouillonnait dans son c?ur. Il n'arrivait pas à le cerner, et ce désarroi donnait naissance à la méfiance qu'il nourrissait à l'égard d'Ervan.

Je te tuerais !

Le cri mental résonna dans sa tête, le faisant même lâcher son haltère sur le sol. Un voyant clignotait sur le côté de la porte, signe que quelqu'un souhaitait lui rendre visite. A l'aide de la Force, Matth désenclencha le verrou magnétique, la lumière passant du rouge au vert. Une silhouette attendait. Il s'agissait d'Ervan, qui se tenait, debout, le coude posé contre le mur.

- Matth, le Seigneur Devil te demande, fit-il sur un ton monocorde.

Son visage restait inexpressif, ce qui le rendait particulièrement inquiétant. Il était étonnant de voir comment son attitude était différente sur scène, puisque le loisir préféré de ce jeune homme était de jouer des pièces de théâtre. Dans ces périodes, on pouvait presque croire qu'on était face à une autre personne.

Katarn, en proie au trouble lié à sa vision, parut surpris de la visite du Corellien.

- C'est pour la préparation du briefing, non ?

- En effet. Apparemment, c'est toi qui vas diriger cette mission.

- Très bien. Dans ce cas, tu seras l'instrument de ma victoire.

- Avec plaisir. Cela fait longtemps que je n'ai pas volé au c?ur d'une bataille.

- Ne t'inquiète pas. Pour une bataille, ce sera une bataille...




*

* *




Durant le trajet, Katarn et Ackbar firent un plus ample connaissance. Le mercenaire parla de son fils. Le Mon Calamari de ce qu'il avait appris avec Tarkin, avant de revenir à sa vie passée sur son monde.

Quand Lebad fit sortir son Aile-Y de l'hyperespace, il fut ravi de voir que le Survivant de Mandalore était en orbite autour de Saniacann. Il tenta d'entrer en contact avec Jodo Kast en se branchant sur la fréquence du Survivant.

- Eh, Kast, le héla-t-il, t'as réussi à quitter le Centre Impérial en un seul morceau ?

- Comme tu vois, monsieur l'Aigle, fit l'autre ironiquement. Ca n'a pas été une mince affaire, mais le Soleil Noir m'a aidé.

- Je comprends. Je passe à l'abordage, prépare-toi !

- Je t'attends, vieux brigand !

L'Aile-Y décrivit un arc de cercle et s'avança sous le Survivant où elle s'arrima. Comme sur l'Heidegger, un sas se dessina et leur permit l'accès direct à la cale de la vedette « Anti-rayons ». Lebad invita Ackbar à le suivre pour rencontrer son ami mais tout ne se passa pas comme prévu : l'alarme du Survivant se mit à sonner.

Kast sursauta et gagna le poste de pilotage. Il vérifia les senseurs qui s'affolaient devant la présence de vaisseaux ayant émergés dans le système et se rapprochant dangereusement.

- Des pirates ! Ils nous attaquent !

Le Survivant fut ébranlé par les tirs en rafale qui arrosaient sa coque. Jodo Kast monta les boucliers au plus haut niveau de protection et arma ses batteries de turbolaser pour riposter. Une explosion secoua le radar qui partit en poussière. D'autres parties de la coque volèrent en poussière sous l'effet de nouvelles salves hostiles.

- Ils ont bousillé mon compensateur d'inertie ! gémit le Mandalorien en enclenchant les défenses automatiques.

Il s'affola davantage quand il vit qu'une partie de la carrosserie avait été déchirée.

- Comment ont-ils pu nous repérer ?

- Un traceur, pas d'autre moyen? fit Lebad en se concentrant pour repérer le pisteur sur lui ou sur Ackbar.

- C'est impossible ! J'ai un dispositif qui brouille les signaux des mouchards !

Katarn réfléchit un instant les yeux fermés, puis il s'exclama :

- A croire qu'il ne peut pas brouiller celui-là ! Mon sang a été contaminé par un isotope radioactif qui génère un rayonnement au travers de la Force. Le traître du Soleil Noir a dû verser ce poison dans ma boisson chez Lonay ! Nos limiers doivent posséder un moyen de repérer le signal !

- Je n'aurais jamais cru cela possible?

- Et pourtant, les Purges des Jedi ont permis l'émergence de bien des moyens de remonter la piste d'un Jedi !

Un Z-95 Chasseur de Têtes se mit au dessus du Survivant et laissa sortir un homme. Siete N'Iamraad se colla à la paroi de l'engin et plaça un champ anti-décompression dans l'orifice béant. Puis il s'aventura dans l'engin.

- N'Tran, je suis dans la place.

- Ok, N'Itryffe, harponne l'engin et place le sas.

Soudain, deux tentacules partirent du Prédateur et se plantèrent dans la coque. La navette Sentinelle fut alors tractée vers le Survivant.

- Le sas est placé. On débarque.

Trois créatures quittèrent le vaisseau pour trouver leurs proies. Les Shi'ido obéissaient tous à Massar N'Trann, Maître-Assassin qui bénéficiait de l'Interdiction de Corps. Ce titre l'empêchait d'utiliser ses capacités de métamorphes, mais en échange, il avait acquis le droit de se constituer une suite de treize servants, dont l'identité devait être effacée. La vie des Maraudeurs était réglée par des lois sacrées strictes, héritées de la longue tradition d'assassins qui perdurait sur Shuul.

Vaniss'ido arriva dans le cockpit et mit Jodo Kast en joue. Le Mandalorien dégaina et tira à plusieurs reprises mais l'autre esquiva en roulant à terre. Lebad - qui n'avait pas remis son masque - apparut derrière le Maraudeur, sabrelaser à la main. Entendant le vrombissement de la lame, ce dernier se retourna et appuya sur la gâchette. D'un geste rapide, Lebad, para les rayons et se retourna pour découvrir Opriss'ido et Liiss'ido, deux s?urs jumelles appartenant aux Maraudeurs. Elles se jetèrent sur lui mais il les repoussa.

Leur peau commença à onduler et bientôt, elles se transformèrent en Togoriennes, des humanoïdes félins à la mâchoire très puissante. Déployant leurs griffes acérées, elles bondirent sur le Jedi qui recula devant les assauts répétés. Il arriva dos à dos avec Vaniss'ido changé en Wookie. Ce dernier attrapa le guerrier par la tête et le propulsa contre les parois du vaisseau. Lebad perdit connaissance quelques secondes, mais une rafale de blaster lui fit ouvrir les yeux juste à temps pour voir le Wookie s'écrouler, abattu de sang froid par Ackbar.

Aigle se releva d'un bond et se précipita avec son sabre vers les deux Togoriennes. Opriss'ido succomba devant la lame verte, ce qui attisa la haine de Liiss'ido. Hurlant de rage, elle s'éloigna de ses adversaires tout en s'injectant le contenu d'une ampoule - qu'elle saisit à sa ceinture - dans le bras. L'effet fut immédiat : dans une cri de douleur, elle se métamorphosa en un jeune rancor et commença à lacérer les parois métalliques pour détruire l'engin. Après plusieurs tentatives d'attaque, Jodo Kast comprit que sa puissance de feu ne résoudrait pas ce problème.

- Que fait-on ? demanda-t-il à Katarn.

- Elle souffre, affirma celui-ci après une seconde de silence. Tu as remarqué ce qu'elle a fait avant sa transformation ?

- L'injection ? avança Kast tout en faisant parler son canon pour couvrir leur replis. Tu penses qu'elle aurait utilisé des stéroïdes ?

- Oui, enfin une substance qui lui permettrait de supporter une telle métamorphose. Mais si elle décuple sa puissance, elle semble aussi lui faire beaucoup de mal.

Le Mandalorien vit ce que Lebad voulait dire quand le bras droit du rancor se ramollit, lui arrachant un autre hurlement avant de se reconstituer.

- Je ne crois pas qu'elle arrivera à tenir longtemps, commenta Aigle.

- Ok, réagit le Chasseur de Primes en courant dans la direction opposée à la Shi'ido. Suis-moi vite !

- Tu m'expliques ?

Mais Kast n'eut pas besoin de parler. S'engouffrant dans une cabine, il pianota un digicode et un râtelier s'ouvrit, révélant divers explosifs.

- Tu comptes faire sauter ton vaisseau ?

- Non, pour ça j'avais déjà ce qu'il me fallait, dit le Mandalorien en désignant le détonateur thermique accroché à sa ceinture. Pourquoi tu ne retarderais pas notre amie pendant que je fais le plein ?

- J'y vais? mais avant ça, peux-tu me dire où est Ackbar ? répliqua Lebad, qui venait de remarquer l'absence du Mon Calamari.

- Aucune idée. Il a dû se réfugier quelque part, et il a eu raison.

Sur ce, Katarn alla à la rencontre de la métamorphe, qui reprit l'espace d'un instant sa forme normale afin de passer une porte. Le Jedi profita de cette occasion pour lui envoyer une onde de Force. Liiss'ido fut projetée contre une cloison mais lorsqu'elle se releva, le jeune rancor la remplaça. Elle courut vers Lebad qui alluma son sabre pour se défendre, s'abaissa pour éviter un coup de griffe puis tenta de lui transpercer la mâchoire. Mais l'apparence instable de la Shi'ido lui sauva la vie, car sa tête sembla se dégonfler juste avant le passage de la lame.

- Recule, Aigle ! beugla Kast en surgissant de la cabine.

L'agent rebelle fit une roulade arrière juste avant que le Chasseur de Primes n'envoie une charge minuscule vers la métamorphe. Puis ils coururent ensemble vers la soute avant que le souffle de l'explosion ne les atteigne de plein fouet. Quand ils se relevèrent, ils découvrirent Liiss'ido dans sa forme initiale à l'exception qu'une de ses épaules - et ce qui y était attaché ? avait disparu. Elle tenta d'avancer vers eux avec un dernier râle, mais le blaster de Jodo Kast entra en action et mit fin à ses souffrances. Battre un métamorphe n'était pas chose aisée, et battre un métamorphe dont les capacités étaient boostées par une drogue relevait de l'exploit. Mais grâce à l'action conjuguée des talents du Mandalorien et du Jedi, ils étaient parvenus à reprendre un avantage considérable.

- Tu peux m'expliquer ce qu'était cette métamorphe et ce qu'elle faisait ici ? demanda le Mandalorien.

- C'est une Shi'ido.

- Une quoi ?

- Une Shi'ido. Les hommes de main du Seigneur Dark Devil, sûrement des Maraudeurs.

- Les Maraudeurs? L'Elite du ConInt ?

- Exact.

Le bruit d'une rafale de lasers les surprit, et ils montèrent au poste de pilotage pour observer ce qui se passait. Se retournant vers la vitre du cockpit, Lebad Katarn aperçut une Aile-Y qui « joutait » contre le Chasseur, le Traqueur et l'Assassin.

- Ackbar a réussi à rejoindre mon chasseur et cherche à nous aider apparemment. Vérifie les paramètres de vol et arme les batteries de turbolaser. Je vais l'aider. Tu as l'Elendil, comme je l'ai demandé ?

- Je l'ai tracté depuis Bothawui.

- Parfait ! Donne-moi ton détonateur thermique, je vais en avoir besoin.

Kast s'exécuta et Lebad courut vers le sas qui reliait la navette de classe Sentinelle à la vedette « Anti-rayons ». Là, il enfila une combinaison spatiale, puis alluma sa lame, découpant soigneusement la matière orgnanique qui composait le sas de transfert. La dépressuriation gagna les deux navires, mais les portes du Survivant de Mandalore se verrouillèrent. Lebad se laissa glisser dans le vide spatial, puis saisit son détonateur thermique qu'il envoya. Grâce à la Force, il parvint à diriger le projectile à l'intérieur du navire.

Enfin, le Jedi pressa les touches d'une commande pour ouvrir le cockpit de son Elendil, et s'agrippant au câble qui reliait le Survivant de Mandalore à l'Elendil, il progressa lentement. Se glissant dans le siège du cockpit, il alluma les moteurs avant de rétablir une atmosphère respirable. Le cargo se détacha du câble et fonça vers l'Aile-Y d'Ackbar pour lui montrer sa présence et attirer une partie des Maraudeurs.

Seul Massar N'Tran le prit en chasse. Rapidement, l'Elendil arriva derrière le Prédateur et largua deux torpilles à protons qui explosèrent autour du champ anti-décompression, qui fut affaibli suffisamment pour que Siete N'iammrad soit aspiré dans le vide. Au même instant, le détonateur s'activa et la navette de classe Sentinelle partit en poussière.

- Les forces s'équilibrent ! lança le Jedi à l'intention de ses adversaires.

Lebad évita les rayons laser de Massar qui abandonna la chasse près de l'épave. Fou de rage, le Maître-Assassin pianota sur son clavier et parla :

- Lebad Katarn ! Il me semblait bien t'avoir reconnu dans le poste de pilotage, mais c'est surtout ta voix qui t'a trahi. Tu te rappelles des Maraudeurs, n'est-ce-pas ? Ta femme s'en souvient bien en tout cas. Tes gosses aussi, j'en suis sûr !

- Tu n'es qu'une sale ordure, je vais te crever !

Lebad man?uvra de façon à se placer derrière le N-1 modifié. Il anticipa les mouvements du chasseur pour verrouiller sa cible et tira à plusieurs reprises, mais Massar esquiva en plongeant vers Seniaccan. Ackbar, de son côté, parvint à surprendre le Chasseur en larguant des bombes ioniques. Le dernier Z-95 les percuta et son pilote en perdit le contrôle, avant de disparaître au terme d'un micro-saut hyperspatial. Le Traqueur manqua le téléscoper quand il surgit un peu plus loin.

Le Mon Calamari fut alors ravi de constater que le Survivant de Mandalore lui venait en aide. Les torpilles à fragmentation tirées par Kast avaient achevé le Chasseur dès sa sortie.

- Ackbar, reviens au bercail, mon vieux. On rentre à la maison.

- Compris, Kast.

L'Aile-Y plongea sous la cale du Skipray, laissant les Shi'ido à ses trousses. Jodo Kast éloigna ses prédateurs en tirant quelques salves puis il vérifia les coordonnées du saut dans l'hyperespace.

- Le poisson retourne dans le bocal, Aigle.

- Au plaisir, Kast.

Lebad vit le Survivant déformer l'espace et disparaître. Il évita quelques lasers et largua alors des torpilles à proton sur le dernier Z-95 qui s'immobilisa. Le Jedi confirma les coordonnées d'entrée en vitesse luminique dans l'ordinateur et activa la propulsion.

- Trop tard, Lebad, on sait où tu vas ! cracha Massar N'Tran.

Dans le couloir de lumière, l'Elendil largua des mines pour éviter une éventuelle poursuite. Excellent réflexe, car le pilote du chasseur N-1 Naboo remarqua les explosifs au dernier moment et changea de vecteur pour éviter la menace.

Lebad Katarn fut rassuré. Il choisit plusieurs destinations pour semer les Maraudeurs et se dit qu'il lui faudrait bientôt rejoindre la planète où il retrouverait sa famille actuelle : son fils Max et le droïde de protocole C-9PO.

Cette planète était Bakura.

CHAPITRE XII: La Vague des Temps
La nuit était déjà tombée depuis bien longtemps sur Salis D'aar. L'organisation sous forme de cercles de cette ville lui donnait un aspect surnaturel, en particulier lorsque l'éclairage nocturne diffusait cette obscure clarté. Seuls quelques véhicules survolaient la ville : des habitants de la face éclairée de la planète qui rendaient visite à leurs proches.

Située à trois kilomètres du spatioport, la demeure du conseiller Lebad Katarn se situait à proximité d'un bois et d'un petit lac. Si cet environnement s'avérait magnifique durant la journée, il pouvait devenir très inquiétant une fois que l'étoile de Bakura s'était couchée. Deux globes lumineux éclairaient la façade de la maison, haute de deux étages. Un sous-sol, un garage et une terrasse complétaient le tout.

C-9PO, le droïde, se rechargeait en mode « Veille » dans le salon. En l'absence de Lebad, c'était à lui qu'incombait la charge de Max. Il devait aussi répartir les tâches entre les différents droïdes qui se chargeaient de l'entretien du jardin. Ce dernier endroit était entouré d'arbres qui délimitaient la limite de la propriété, sauf sur un des côtés où un petit ruisseau passait. Le conseiller l'avait utilisé pour irriguer une petite plantation d'arbre à namana - le fruit qui composait la plupart des spécialités locales. Là encore, les droïdes avaient effectué le travail, ce qui valut à Lebad de se faire repérer.

En effet, la première colonie de Bakura avait failli être anéantie quatre-vingt-dix-sept ans auparavant par une série d'êtres mécaniques défectueux, créant une phobie envers eux de la part des colons. Cette peur s'était cultivée de générations en générations pour aboutir à la situation actuelle : peu de Bakurans avaient des droïdes. S'ils en avaient, ils devaient leur fixer un verrou de neutralisation dès qu'ils les amenaient à l'extérieur.

Aussi furent étonnés la plupart des amis de Max lorsqu'ils apprirent qu'en l'absence se son père, c'était un droïde qui veillait sur lui. Cela ne dérangerait pas l'enfant le moins du monde. Depuis le temps que C-9PO et lui avaient appris à vivre ensemble, il y trouvait son compte, le droïde le laissant parfois passer de longues nuits devant un holo-écran, que ce soit pour jouer ou alors communiquer avec des connaissances - bien qu'en général, le jeune garçon ait l'habitude d'entamer la conversation avec des inconnus aux activités plus que douteuses telles que le piratage, les paris illégaux en tous genres ou l'assemblage de pièces faciles à récupérer afin de créer un objet dangereux.

Mais ce soir-là, Max dormait profondément? jusqu'à ce qu'il se réveille soudainement, victime d'un cauchemar. Exténué, en nage et bouleversé, il décida de se lever pour boire un peu. Il passa devant la chambre de son père - vide, puisque Lebad était en « voyage d'affaire » -, descendit un étage et se rendit à la cuisine. Alors qu?il se désaltérait, il entendit C-9PO sortir de sa mise en veille.

- C'est bon, 9PO. Je bois un coup, expliqua-t-il.

Ne posant aucune question, la machine se « rendormit » alors que le jeune Katarn remontait dans sa chambre. Là, il ouvrit la fenêtre et tendit le cou pour observer l'extérieur. Le printemps était déjà bien avancé et l'été approchait, mais la nuit restait fraîche. Sondant le paysage grâce à la Force, Max repensa à la réaction qu'il avait eue lors de son rêve. Encore une fois, lui qui était si calme s'était laissé emporter, avait brutalement cessé de s'autocontrôler avant de se laisser submerger par la colère. Mais là, il s'était réveillé avant de commettre une erreur.

En fait, il avait commis une unique faute, il y avait neuf ans de cela. Alors qu'il dormait paisiblement, un cauchemar avait perturbé son sommeil et l'enfant avait réagi violemment. Lebad - présent ce soir-là - avait essayé d'empêcher son fils d'agir à l'aide d'un contrôle psychique. Mais il échoua, n'ayant pas réussi à ressentir la Force de la même façon que Max. La colère du garçon ne fit pas d'énormes dégâts, il y eut juste une fenêtre qui vola en éclat. Etrangement, il fut d'un calme surprenant après cet incident.

Lebad en arriva à la conclusion suivante : son fils possédait un pouvoir différent de celui des Jedi. Mais manquant d'informations, il conseilla à l'enfant d'éviter de faire appel à cette seconde capacité. Max approuva la décision de son père, se disant que cela restait la meilleure solution et il développa en secret ses pouvoirs de Jedi afin d'apprendre à se contrôler.

Jusqu'alors, ça a marché? mais pour combien de temps encore ? se dit-il alors qu'il refermait la fenêtre et allait se recoucher.




*

* *




Enfermé dans un champ d'énergie sphérique, le Grand Moff Iciry venait de débarquer sur une des nombreuses plates-formes du palais du Seigneur de la Guerre Sonok Terg. Le Moff était assis sur un lévi-siège, car il était affaibli par une grave maladie. Pour stabiliser son état désespéré, une bulle de force conservait l'apesanteur. Ce champ d'énergie était volontairement teinté en bleu pour éviter que quelqu'un ne s'en approche et ne le paie très cher. L'homme n'avait pas plus de cinquante ans, mais il en paraissait plus de cent, du fait de ses joues creusées et son apparence squelettique. De loin, on aurait pu le confondre avec un vrblteur, une créature anthropophage des bas-fonds de Nar Shaddaa qui terrorisait les locaux.

Quand une porte coulissa, le Seigneur de la Guerre apparut, suivi de deux escadrons de commandos en rang. Le Jedi Noir était vêtu d'un long manteau noir, ceinturé au niveau de la taille par plusieurs ceintures, ce qui le différenciait des autres membres de l'Ordre qui préféraient la cape ou la robe longue. Arborant un étrange chapeau rond et plat, Terg masquait le bas de son visage d'une écharpe écarlate, ce qui mettait en avant ses yeux jaunis par le Côté Obscur.

A ses côtés, le Capitaine Uerel N'Las apparut. C'était un jeune homme assez fier de son grade, même si ses ambitions ne s'arrêtaient pas là. Il venait à peine de rentrer d'une mission d'importance capitale dans le système bakuran, à ce qu'Iciry avait entendu lors du message d'annonce de Terg. De taille moyenne, N'Las marchait toujours le torse bombé pour présenter la médaille de l'honneur qu'il avait gagnée à l'Académie de Carida.

Le Seigneur de la Guerre s'avança au devant du visiteur, le saluant d'un signe de la tête.

- Bienvenue sur Tosnbar IV, Grand Moff Iciry.

- Merci, mais oubliez le protocole. Je suis las de ce voyage, annonça le vieil homme maladif d'une voix rauque.

- Vous accepterez donc de vous poser un moment dans des quartiers que nous avons aménagés à votre goût.

L'autre acquiesça, et son siège devança les soldats censés le guider jusqu'à sa chambre. Uerel N'Las le mena dans une tour de l'aile est du palais où il lui présenta sa chambre.

La pièce était en apesanteur, comme il le souhaitait. Les murs étaient décorés de squelettes fossiles de poissons colo, qui constituaient pour lui une véritable passion. Le Grand Moff remercia le Capitaine N'Las, même si ce fut d'un ton glacial comme à son habitude. Le guide s'effaça alors, se demandant si ce caractère agressif était dû à cette maladie qui le rongeait, ou s'il avait toujours été ainsi. Il opta pour la première hypothèse, même si le doute était possible.

Le Moff fit une brève visite des lieux, découvrant les merveilles installées par les hommes de Terg. Une table d'ivoire jonchait le sol et un squelette d'un poisson colo mâle la surplombait. C'était ce qui surprit le plus Iciry, qui avait cherché à tout prix à s'en procurer un exemplaire. Lui-même avait dû débourser un million deux cents mille crédits sur Ando pour un spécimen plus petit.

Il distingua aussi un MD-5, un de ces fameux droïdes médicaux. Cela l'exaspérait qu'on le prenne toujours pour un homme malade, même si c'était le cas. Il désactiva le robot grâce à un bras mécanique qui sortit du socle de sa sphère d'énergie. Enfin, l'Impérial mit son siège en position de lit pour se reposer.

Et il s'assoupit.




*

* *




L'aube se levait à peine quand C-9PO débarrassait la table où les deux amis avaient laissé un véritable carnage alimentaire à l'issue de leur petit déjeuner. A présent, Max était assis face à son ami Mot Guile. Il plongea son regard intense dans celui de son adversaire, signe qu'il préparait un mauvais coup. Les deux adolescents étaient en train de se disputer la victoire au Dejarik, le fameux holo-jeu. Bien que ce ne soit pas les activités intellectuelles que préférait Max, il se démenait bien, comme le lui en avait fait part Mot. C'était ce dernier qui avait insisté pour affronter Max. La veille, il s'était légèrement blessé à l'entraînement de grav-ball et il lui fallait attendre que le pansement au bacta agisse pour pouvoir rejouer. Aussi, il s'était invité chez Katarn qu'il avait d'ailleurs levé du lit.

Max avança Grimtaash le Molatar pour qu'il affronte le prédateur M'onnok. Malheureusement, son personnage virtuel se fit détruire et il fit la moue. Mot contre-attaqua aussi sec en faisant avancer Ng'ok face au Savrip mantellien.

- Tu n'as jamais pensé que l'Empereur avait peut-être conquis la Galaxie pour s'offrir un jeu de stratégie grandeur nature. Quand il déploie une flotte, c'est peut-être comme toi qui vient de préparer ton Ng'ok, remarqua Max sur un ton on ne pouvait plus sérieux.

- Même s'il ne pensait pas à cette comparaison, il faut admettre que diriger autant de mondes qu'il le fait tient du jeu, avec la chance, la triche, les victoires comme les défaites. D'ailleurs, en parlant de défaite, tu viens de signer ton arrêt de mort, finit Mot Guile en achevant la dernière figure du jeu de plateau.

Soudain, l'émetteur holo clignota, signe que Max avait reçu un message. D'ailleurs, un signal sonore révéla qu'un second était parvenu sur le projecteur holographique de son père. Max pressa un bouton et les pièces du Dejarik s'effacèrent pour laisser place à un étrange personnage.

Le message n'était pas adressé particulièrement à Max ou aux Katarn mais à tous les citoyens de Bakura. Le discours intitulé « En cette période de crise... » était tenu par le conseiller de l'Empereur, l'orateur Ars Dangor.

Loyaux sujets,

Nous sommes aujourd'hui confrontés à un grave péril

- Qu'est-ce qu'il a encore trouvé cette fois ? ricana Max.

- Chut, tais-toi, ça a l'air important.

Notre grand Empire qui fédère tant de systèmes stellaires doit en effet faire face à une menace qui peut tous nous anéantir si nous n'agissons pas avec promptitude.

Comme à chaque fois, nous agirons promptement.

La rébellion contre notre bon et juste Empereur a pris des proportions en guerre civile et nous la considérons comme un problème prioritaire.

- A peine exagéré, commenta Max qui s'arrêta aussitôt en voyant le regard grave de Mot.

Afin de pouvoir protéger plus efficacement nos citoyens et nos planètes-membres, l'Empereur a décidé de suspendre les activités du Sénat Impérial dont il assumera les attributions pendant toute la durée de l'état d'urgence. A compter d'aujourd'hui, les Grands Moffs exerceront directement leur autorité sur les systèmes qui leur sont confiés jusqu'à ce que le danger soit écarté.

Nous sommes convaincus que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour nous assister en cette période de crise.

Votre serviteur,

Ars Dangor, Conseiller Impérial.

Les deux jeunes gens demeurèrent bouche bée suite à la fin du message. Ils s'étaient attendus à un discours de propagande pour l'Empire ou contre la Rébellion, mais la nouvelle frappa leurs esprits. Le message était clair : « Appliquez la doctrine de Tarkin ! ». En résumé : « Répression, Répression et... Répression ! ».

Max n'eut même pas le courage de plaisanter. Malgré son jeune âge, il comprenait que la situation était particulièrement grave.




*

* *




Dans sa chambre, Terg s'entraînait au maniement du sabrelaser à la forme I, un genre ancestral très puissant. Le Seigneur de la Guerre n'avait pas d'adversaire et il frappait dans l'air, se tenant toujours face à l'immense baie vitrée qui lui offrait une magnifique vue sur la mer. De son île, Sonok Terg pouvait découvrir un panorama inouï. La mer, toujours agitée, se teintait de vert quand les deux lunes étaient à cinq heures.

Le Seigneur de la Guerre disposait d'une fortune familiale considérable, ce qui lui avait permis d'aménager l'île jugée pendant des siècles inconstructible par les architectes.

L'esprit de Terg était troublé, comme l'océan qui s'étendait à perte de vue devant lui. Une grosse querelle intestine menaçait le ConInt. Jamais le triumvirat n'avait connu une telle crise, même si les heurts entre les trois dirigeants n'étaient pas récents. A présent, il fallait s'attendre à une offensive de la part du Seigneur Devil. Pour l'instant, « Celui dont on tait le nom » restait neutre dans le conflit, mais Terg savait qu'il prendrait parti pour son ennemi juré, comme il l'avait fait par le passé lors de l'Affaire Lloyde.

Ce qui inquiétait Terg était un problème de logistique. Ses navires étaient pour la plupart déployés partout dans le secteur de la Phalange, alors que son rival pouvait attaquer d'un jour à l'autre. Cependant, la stratégie de Devil n'était pas encore claire. Par où commencerait-il à attaquer ? Tant que cette interrogation subsistait, il ne pouvait prendre le risque de ramener sa flotte. D'autres mondes que Tosnbar IV étaient importants. Seenmal et Olnoc Tro comptaient parmi ceux-là.

De là où il se trouvait, le Jedi Noir pouvait distinguer la silhouette bien connue du destroyer de Classe Impérial I Âme Pure, qui restait en orbite proche.

Les derniers jours étaient agités, et les problèmes déferlaient avec la puissance des vagues...




*

* *




Max se précipita dans le garage où il dénicha un vieux sac à dos qu'employait son père quand il entretenait les arbres à namana. Il se débarrassa des quelques outils qui s'y trouvaient, les posant sur un établi. Puis il repartit dans le jardin qui se tenait derrière chez lui, croisant au passage C-9PO qui se dirigeait dans la cuisine pour préparer le dîner. Quand il lui assura qu'il sortait, le droïde fut étonné. Qu'est-ce qui pouvait pousser Max à abandonner un repas, lui qui était toujours le premier à table ?

L'être mécanique s'abstint de poser la question, puisque Max était déjà trop loin pour qu'il l'entende. Il se pencha au pied d'un arbre, puis repartit dans le sens inverse, manquant de rencontrer intimement le sol en trébuchant sur une racine. Le moteur du landspeeder de Mot rugissait déjà. Max se demanda comment son ami avait fait pour que son père lui laisse emprunter aussi facilement son véhicule.

Son propre père, Lebad, ne le laissait même pas encore toucher au landspeeder seul. Mot klaxonna à deux reprises pour signaler qu'il était prêt à partir. Max arriva rapidement.

- Il y aura sûrement de l'agitation au Sénat. Il vaudrait mieux qu'on arrive assez tôt sinon on ne verra rien...

- Je te parie un crédit qu'Osulbo ne sera même pas encore là quand on sera arrivé ! nargua Max d'un ton plein de malice.




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* *




Le Docteur Lane sortait d'un entretien avec le Gouverneur Osulbo, entretien qui s'était écourté à cause d'une affaire urgente à régler. Ils avaient discuté de la nouvelle affectation des survivants de la base de recherche - qui avaient été évacués pour des raisons obscures -, mais rien n'était encore sûr.

Aaron se remettait doucement de ses blessures et était officiellement en vacances. Pour les commencer, il décida de remplir la mission qu'il s'était fixé. Arrivé devant la demeure des Captison, il resta immobile une minute, se demandant s'il ne devait pas faire demi-tour. Empoignant son courage, il sonna. La mère Captison lui ouvrit la porte et lui proposa un café qu'il refusa aimablement. Il se rapprocha alors de son objectif, anxieux.

Il se lança.

Aaron entra dans la chambre de Gaeriel, qui se jeta dans ses bras, les larmes aux yeux. Il préféra ne rien dire, et garda l'alliance qu'il prévoyait de lui offrir dans sa main, espérant que la prochaine fois qu'il la verrait, il pourrait la demander en mariage. Aujourd'hui, il semblait y avoir un nouveau problème dont il ignorait encore tout. Elle renifla, puis se confia en plongeant son regard embrumé dans ses yeux verts.

- L'Empereur vient de dissoudre le Sénat Galactique...

- C'est impossible...

Aaron demeura béat. La nouvelle le choqua, et il comprit l'émotion que ressentait sa compagne. L'annonce publique venait d'être faite dans toute la Galaxie... Gaeriel devait se sentir davantage touchée que les autres, car elle subissait l'influence de son père, Dol Captison. Ce dernier était en effet sénateur de Bakura du temps de la République, et s'il s'était retiré, c'était à cause de la corruption qui régnait au sein de la rotonde. Néanmoins, il n'avait jamais cessé d'exprimer que le Sénat Galactique constituait toujours une barrière aussi infime soit-elle, à l'imagination et à la démence de Palpatine.

- Les Moffs... Ils ont maintenant tous les pouvoirs.

Les Moffs étaient des agents impériaux qui dirigeaient un secteur entier, ces secteurs étant des divisions dont la répartition remontait aux premiers jours de la République. Ils regroupaient à l'origine des systèmes comprenant une cinquantaine de planètes habitées mais ils étaient à présent de tailles diverses. Sur les conseils du Grand Moff Tarkin, Palpatine avait créé les Grands Moffs, nommés par l'Empereur en personne, qui avaient pour mission d'assurer la sécurité dans les secteurs prioritaires, c'est-à-dire les zones de la Galaxie où les habitants tendaient à soutenir l'Alliance Rebelle.

Auparavant, ces derniers voyaient leurs propositions de lois discutées par les Sénateurs qui vérifiaient la constitutionnalité, la conformité à la morale, aux différentes religions, aux coutumes et aux droits de propriété. Ils pouvaient modifier la Constitution Impériale décidée par Palpatine grâce à un sénatus-consulte qui pouvait être ratifié par le peuple sous la forme d'un plébiscite. Cela n'était arrivé que très peu sous la République et une seule fois sous l'Empire pour la question de l'Ubiqtorat - le Service de Renseignements.

Palpatine avait déjà repris à son compte une grande partie des lois votées par le Parti de l'Ordre lors de l'avènement de l'Empire. Il avait atténué le pouvoir politique pour empêcher les propagandes, et avait limité la liberté de la presse, saisissant les journaux d'opposition. Ni Aaron ni Gaeriel n'avaient compris ces événements étant donné leurs âges à l'époque. Pourtant, la société avait radicalement changé.

Aaron avait été endoctriné à l'Académie Carida, puis avait été affecté à un centre de recherche avant de créer la base de MM47000327 pour l'Empire.

Gaeriel était née sur Bakura, faisant de brillantes études avant de se tourner vers la politique.

Chacun avait vécu cette évolution de manière radicalement différente. Cela n'empêchait pas qu'ils ressentent tous deux un sentiment d'échec. Gaeriel se blottit dans le creux de l'épaule de son ami, alors qu'il tentait vainement de la consoler...




*

* *




Quand son comlink DH-107 sonna, le Grand Moff se réveilla. Iciry établit la communication avec son droïde personnel qui filtrait les appels. Le robot, qui s'appelait LEEM, avait été fabriqué par Loronar Corporation et était revêtu de synthéchair. Il attendait son maître à bord de l'Âme Pure, même s'il suivait le Moff dans tous ses déplacements, bien qu'ils soient rares.

- Monsieur, un message du Conseiller Impérial Ars Dangor vient d'arriver.

- Merci, envoie-le-moi sur mon transpondeur.

La plupart des gens auraient pu s'étonner de la politesse qu'Iciry accordait à son droïde, mais le fait qu'il soit son seul compagnon en avait fait un confident, voire un ami. Le Moff lui avait confié une fois qu'il ne le considérait plus comme un droïde. Etrangement, le robot avait alors semblé ému, comme si le fait de côtoyer cet humain lui avait permis de développer une conscience propre au sein de son Intelligence Artificielle, presque une « âme technologique ». L'homme mécanique changeait, il évoluait vers un stade supérieur...

Cela s'était déjà vu.

Des droïdes s'étaient révoltés de leur propre chef à l'encontre de leur créateur. Les plus célèbres de ceux-là étaient les cinq droïdes assassins de série IG issus du Projet Phlutroïd. Iciry était conscient de cette évolution, mais il savait que le domestique lui était fidèle et qu'il le resterait. Pour lui, c'était le résultat de l'évolution des techniques de fabrication de machines qui avaient fait naître un sentiment d'exister au sein de l'intelligence artificielle des robots.

L'évolution était la clé du pouvoir, la clé de la vie. Elle avait permis à des êtres unicellulaires de devenir les humains. Certains avaient continué de muter, devenant presque des dieux, capable de manipuler l'esprit et la matière. Il s'agissait des Jedi. Si LEEM devenait plus fort que ses congénères, Iciry serait ravi, heureux d'avoir permis à son ami d'acquérir le pouvoir.

Le Moff oublia un instant ces considérations philosophiques pour revenir à la réalité. Il découvrit donc l'holo-message, adressé aux Grands Moffs de l'Empire, intitulé « Le Sénat ne nous causera plus d'ennuis ». Il le visionna alors. Une image tridimensionnelle du frêle conseiller vêtu d'une robe mauve et d'une toque caractéristique noire. La voix grave du dignitaire s'éleva dans la pièce.




Loyaux sujets,

Nous comprenons parfaitement que vous vous soyez inquiétés dernièrement à propos de ces rumeurs parlant de rébellion « grandissante ». J'ai même entendu dire que vous aviez du mal à comprendre pourquoi certains membres du Sénat apportaient leur soutien à cette rébellion.

Alors, écoutez-moi bien...

Le Sénat Impérial ne nous causera plus d'ennuis. L'Empereur a en effet dissout définitivement cette institution pervertie. Les derniers vestiges de la Vieille République ont été balayés.

Vous devez comprendre néanmoins que le principe de représentation sénatoriale n'a pas été formellement aboli. Il a simplement été suspendu pour toute la durée de l'état d'urgence. Si cet état devait devenir permanent, alors qu'il en soit ainsi ! Vous, les gouverneurs régionaux de l'Empereur, avez désormais carte blanche pour tout ce qui concerne désormais l'administration des territoires placés sous votre autorité. Cela revient à dire que la puissance impériale va enfin pouvoir s'occuper des mondes les plus « indécis » de l'Empire.

A partir de maintenant, c'est la peur qui maintiendra dans le droit chemin les gouvernements locaux enclins à la traîtrise. Une peur inspirée par le Flotte Impériale... et par notre nouvelle station de combat du type Etoile de la Mort.

Ai-je exprimé la volonté de l'Empereur avec suffisamment de clarté ?

Au nom de l'Empereur,

Ars Dangor, Conseiller Impérial.




Le Moff se frotta les mains et esquissa un sourire. Le Sénat avait toujours été une menace pour l'Empereur bien qu'il ait permis son ascension au cours des événements de la Guerre des Clones. La Rébellion y avait germée, gagnant son influence sur les autres mondes, propageant ses idées. Les représentants de Chandrila, d'Alderaan et de Corellia ne cachaient pas leur opposition à l'Ordre Nouveau. Mais tout changerait à présent. La doctrine du Grand Moff Tarkin pourrait être appliquée dans toute la Galaxie. Les mondes de l'Hypersecteur gouvernés par Tarkin, plus agités, y seraient davantage sensibles.

Satisfait, Iciry quitta la chambre pour visiter Terg dans ses appartements. Lorsque la porte s'ouvrit, il trouva Uerel N'Las qui patientait là, adossé au mur, jouant nerveusement avec une vibrolame. Il remarqua sur le poignet du jeune Capitaine un étrange tatouage qu'il reconnut aussitôt. Un cercle noir garni de seize pointes dont les plus grandes s'intercalaient entre les plus petites.

Le symbole du Soleil Noir.

Ainsi, ce personnage avait été membre du plus puissant syndicat du crime, ce qui expliquait que Sonok Terg place en lui autant d'espoir. Ses capacités devaient être supérieures à celle des autres soldats de son âge. Malheureusement, le Moff douta que recruter des traîtres soit la meilleure idée. Qui pourrait dire si N'Las ne prévoyait pas de quitter l'Empire comme il l'avait fait avec le Soleil Noir ? Il préféra ignorer cette hypothèse, même s'il en ferait part à Terg lors d'un prochain entretien. Avec la crise qui menaçait d'aboutir, il n'était pas question de gaspiller le talent des officiers compétents en les enfermant sous un prétexte non fondé.

- Monsieur Iciry, votre sieste a-t-elle été profitable ? demanda le jeune Uerel N'Las en rangeant sa lame à sa ceinture.

Son ton était empreint de sérénité malgré les troubles à venir. Iciry y dénota le caractère d'un grand homme qui garderait son sang froid jusqu'au bout.

- Oui, Capitaine. Et mon réveil n'en fut que meilleur ! s'exclama le Moff pour la première fois souriant depuis son arrivée.

N'Las ne reconnaissait plus le vieil homme affaibli qu'il avait guidé quelques heures auparavant dans la chambre. Au lieu d'un Moff ronchon et cadavérique, il se trouvait face à une personne en pleine forme et heureuse. Quelle nouvelle avait pu le rendre aussi joyeux ? Il s'interrogea mais n'osa pas pousser sa curiosité auprès de l'invité.

Le Grand Moff faisait avancer son lévi-siège si vite au travers des coursives que le Capitaine N'Las éprouva bien du mal à le suivre jusqu'à la chambre du maître les lieux. Uerel fit entrer leur visiteur, mais il resta à l'extérieur, annonçant dans son comlink qu'Iciry se trouvait dans le sas qui menait aux quartiers-maîtres.

- Monseigneur Terg, le Grand Moff Iciry souhaite s'entretenir avec vous.




*

* *




Comme Mot venait de lui annoncer, la nouvelle avait provoqué un vent de panique sur la population bakurane. En effet, si les Impériaux resserraient leur poigne sur les planètes-membres, qu'en serait-il de Bakura, restée neutre mais accueillant un gouverneur ? La question menaçait le statut de la planète, car les Impériaux enverraient certainement des troupes pour appliquer la répression. Les deux adolescents arrivèrent au centre du Complexe Sénatorial de Bakura. Ils étaient venus rapidement à bord du landspeeder de Mot, et Osulbo n'était même pas encore là.

Max descendit, chantonnant un « J'ai gagné mon pari ! », suivi par le pilote, plus calme - puisqu'il avait perdu un crédit. Tous deux se faufilèrent entre les manifestants qui brandissaient des messages contre la domination impériale. Il était étonnant de constater comment le peuple avait su s'organiser en moins d'une heure standard.

Bientôt, une limousine arriva. En sortit le gouverneur Esuc Osulbo, encadré par les deux pilotes de motospeeder qui lui étaient affectés. Osulbo arrivait souriant, en total contraste avec la situation.

- Mes amis, commença Osulbo, je suis ravi de voir que vous êtes venus si nombreux. Nous sommes réunis aujourd'hui dans une optique de compréhension commune.

- Mais de qui se moque-t-il ? demanda le jeune Katarn, qui sentait l'ambiance générale déteindre sur lui.

- N'ayez crainte, car l'Empire ne vous veut que du bien ! déclara le politicien.

- C'est ça, protestèrent les manifestants. Nous ne sommes pas des imbéciles ! A bas l'Empire !

- A bas l'Empire ! répéta Max.

Esuc continua à proférer des paroles qui se voulaient apaisantes, mais qui manquaient énormément de crédibilité dans le contexte. Le jeune Guile vit bien que Max s'était pris au jeu et il savait que cela ne servirait à rien de le raisonner. Aussi, quand Osulbo lâcha :

- L'Empire et Bakura sont faits pour être unis ! C'est la joyeuse destinée de notre planète !

Max ne put s'empêcher de ramasser une petite pierre qui traînait par terre et la lança sur le gouverneur. Le projectile fila sur ce dernier et détruisit le micro posé sur l'estrade. Celui qui avait été visé resta un instant les yeux ébahis, puis jeta un regard noir au garçon.

- Max ! cria Mot à l'agresseur.

Osulbo courut jusqu'à son speeder s'abriter, alors qu'il chuchotait un ordre aux deux pilotes. Ceux-ci se retournèrent, menaçants. Ils distinguèrent le jeune agresseur qui s'enfuyait déjà dans la foule. Mais les soldats n'étaient pas décidés à le laisser filer. L'un d'entre eux le prit en chasse, tandis que son collègue se pressait vers son véhicule.

Max détala dans le dédale des rues pour se diriger vers la forêt qui menait à la demeure de son père. Il dut pour cela s'engouffrer dans un passage souterrain qui lui fit prendre de l'avance sur ses poursuivants. Il arriva bientôt dans ces bois qu'il connaissait comme sa poche, où il était persuadé qu'il se sortirait de l'embarras dans lequel il s'était fourré délibérément. Il se moquait des Impériaux, mais s'inquiéta de celui qui était parti en motospeeder. Il fut également étonné du sens de l'orientation de l'éclaireur qui était sur ses pas. A l'orée du bois, il aperçut la motospeeder qui fonçait sur sa droite. Ils voulaient le prendre en étaux.




*

* *




Jaen Sacque fut grandement étonné par la nouvelle de la dissolution du Sénat, mais il ne cacha pas sa joie. Soldat de l'Empire bien que natif de Bakura, il adhérait pleinement à la doctrine de l'Ordre Nouveau. Entraîné à Carida, il était revenu sur sa planète d'origine lorsque celle-ci tomba sous protectorat impérial.

Aussitôt la nouvelle apprise, il avait contacté ses partenaires loyalistes pour encourager leur enthousiasme. Son rêve allait enfin être réalisé. Quand il raccrocha le transpondeur, le pilote courut voir son père qui lisait le journal, assis dans un fauteuil en peau de rancor. Yerem était un ancien mineur à la retraite. De longs cheveux gris tombaient sur ses épaules, témoignant de son grand âge. Son dos courbé et ses traits tirés rappelaient son métier difficile, mais il ne paraissait jamais négligé et se rasait tous les jours de près. Depuis la mort de sa femme, il vivait seul avec son troisième fils, les deux autres l'ayant quitté pour faire fortune au Centre Impérial. Quand il vit son fils arriver de si bonne humeur, il s'attendit une nouvelle fois au pire.

- Père, l'Empereur a dissous le Sénat ! Les Moffs ont désormais tous les pouvoirs ! clama t-il, ne tenant plus en place. Je pense que nous aurons enfin les TIE que nous demandons depuis des mois pour remplacer les vieux Z-95.

- Tu ne comprends rien à rien, mon pauvre Jaen. L'Empire est mauvais. Je te l'ai déjà dit et je te le répète : cela n'amènera rien de bien.

- Ne me parle pas comme si j'avais six ans...Rien n'est tout blanc ou tout noir... L'Empereur veut la paix !

Yerem savait que son fils était tombé dans un piège comme des millions d'autres jeunes de son âge. Dès sa fondation, l'Empire s'était donné une vitrine : le COMPORN, où se rassemblaient de jeunes idéalistes qui présentaient l'Ordre Nouveau comme une politique moderne et dynamique. Mais ce mouvement était en fait manipulé par la Commission Sélective, proche de l'Empereur, et servait à des fins propagandistes. Sous couvert d'un message pacifique, elle diffusait un racisme subtil en réveillant de vieilles querelles entre les peuples. Aussi, les plus naïfs ou les moins expérimentés s'étaient laissés endoctriner par ces discours grandiloquents, et Jaen, comme beaucoup de jeunes, n'y avait pas échappé.

- Quoi ? Et par quel moyen ? Par la guerre ?

- Il faut bien calmer les opposants et montrer l'exemple !

Le jeune homme haussa la voix. Avec son père, ils parlaient très rarement, et quand ils le faisaient, la discussion tournait vite au pugilat verbal. Cependant, il respectait celui qui l'avait élevé et s'effaçait toujours de lui-même. Jaen savait que ce que Yerem craignait était qu'il l'abandonne comme ses deux frères.

- Ne me parle pas sur ce ton. Je ne veux pas de pro-impérial dans ma demeure ! Nous avons d'ores et déjà discuté de cela : si tu veux adhérer à cette doctrine fasciste, tu quittes ce lieu immédiatement.

Face à la colère de son père, Jaen ne répondit rien.

- Tu fais mieux de te taire, fils. Et ne me fais plus part de tes pensées impérialistes ! finit Yerem Sacque en gagnant son bureau.




*

* *




Alors que Sonok Terg fendait l'air de la lame écarlate de son sabrelaser, il reçut un message de son plus fidèle Capitaine lui annonçant l'arrivée imminente d'Iciry. Il était satisfait des capacités de son homme de main. Grâce à lui, il avait capté l'holo-message d'Ars Dangor concernant le Sénat, alors que lui-même n'avait reçu que celui destiné aux simples citoyens impériaux. Ses talents d'ancien espion à la solde du Soleil Noir avaient payé. Habilement, il avait introduit à l'insu du Moff un droïde espion dans le lévi-siège. Ainsi, tous les agissements d'Iciry étaient enregistrés et analysés par les hommes de Terg.

Le Seigneur de la Guerre avait recruté N'Las alors qu'il participait à une mission d'investigation pour le compte du Soleil Noir. Il lui avait alors offert d'entrer à son service après un séjour à l'Académie Carida qui l'initierait à la doctrine impériale.

Terg ne regretta jamais son choix.

Il éteignit sa lame et rangea le manche de son sabre dans un fourreau derrière son épaule droite. La silhouette de son invité pénétra alors la pièce.

- Grand Moff Iciry, vous êtes-vous bien reposé ?

- Admirablement bien. Je viens d'apprendre une bonne nouvelle : l'Empereur a dissous le Sénat Impérial. Les problèmes sont finis, mon cher ami !

Terg feinta d'ignorer la nouvelle et afficha son air réjoui.

- L'époque change, et avec elle ses institutions. Cependant, je pense qu'un danger nous menace toujours. Les conflits intestins gagnent la tête du ConInt.

- Je n'ignore rien de l'animosité qui règne entre les triumvirs.

- Mais vous ignorez sûrement quel est le prétexte à la crise. Ce que je vais vous dévoiler devrait vous surprendre...




*

* *




Max prenait un malin plaisir à jouer à cache-cache avec les éclaireurs qui semblaient bel et bien l'avoir perdu. Il se cacha dans un arbre, attirant l'attention d'un des hommes en laissant son sac sur le sol. Le piège fonctionna à merveille. L'éclaireur avança et découvrit le sac. Il regarda dedans et un flash l'aveugla, permettant à Max de le surprendre en se laissant tomber sur son dos, l'assommant sur le coup. Récupérant son sac à dos, il en sortit une bombe de peinture rouge. Il s'appliqua à peindre le symbole de l'Alliance Rebelle sur le torse de l'armure blanche de l'impérial.

Un sourire se dessina sur son visage, même s'il remarqua que la partie droite du dessin était disproportionnée par rapport au reste.

Il va falloir encore m'entraîner... se dit-il, alors qu'il faisait demi-tour pour s'occuper de l'autre prédateur.

- La proie est le chasseur, s'enquit de préciser Max pour gonfler son ego.







*

* *




Mot s'inquiéta de ne pas voir revenir son ami. Cela faisait une demi-heure qu'il s'était enfui et ni lui ni les impériaux n'étaient revenus. La foule au c?ur de laquelle il se trouvait exprimait toujours son appréhension, puisque Osulbo parlementait encore avec les sénateurs. Des rumeurs prétendaient qu'un destroyer impérial était apparu dans le système la nuit de l'accident avec l'aérolithe. L'Empire manifestait déjà plus d'attention à Bakura qu'auparavant.

Cependant, un événement inattendu se produisit. Une détonation affola les manifestants. Une bombe avait explosée dans l'attroupement, entraînant une panique générale. Il y avait plusieurs victimes, à ce que Mot comprit des secours qui étaient intervenus en deux minutes. Une grande partie de la foule fut si choquée qu'elle rentra chez elle sans rien dire.

Mot sut que la situation changeait. Jamais il n'y avait eu de tel attentat terroriste sur Bakura. Jamais la crise ne s'était faite autant sentir. Mot regagna son landspeeder pour rechercher Max, quitte à prendre un grand risque. Il alluma la radio de son engin, découvrant un discours en direct.

« ...le Sénat Galactique a disparu, aucune barrière ne pourra plus contenir la domination de l'Ordre Nouveau. Le monde change. Les manifestations anti-impériales qui se sont déroulées devant le Sénat devaient être réprimées. Notre compagnon s'est sacrifié pour l'Empire, pour que l'ordre gagne notre monde, pour que la Justice et la Loi nous permettent d'accueillir les gens de Palpatine. Nous, la Faction Imperium, revendiquons cet acte bien fondé qui a réprimé le désordre. »

Mot parut encore plus désemparé. Un groupe extrémiste pro-impérial existait sur Bakura ! Il n'ignorait pas qu'une faction préférait l'ouverture à l'Empire, mais ces loyalistes n'avaient jamais commis de telles exactions.

La situation s'aggravait...



CHAPITRE XIII: L'Ecume des jours
Les deux hommes pénétrèrent au plus profond de l'île pour parvenir à un quai où patientait un aérotrain dernier cri. Ils y entrèrent, se posant dans une salle confortablement aménagée. Le véhicule piloté par un droïde démarra alors.

- Vos goûts artistiques sont intéressants, Seigneur Terg.

- Le Capitaine Thrawn m'a dit un jour que la stratégie militaire d'une race se reflétait dans ses choix esthétiques. Je n'ai compris ce qu'il voulut dire que bien plus tard, d'où mon intérêt naissant pour les ?uvres des Non-humains.

- Ce personnage est un dieu en ce qui concerne l'art de la guerre. Nous ignorons d'ailleurs pourquoi l'Empereur a choisi de l'exiler dans les Régions Inconnues.

- Il est vrai que le mystère plane autour de cet homme. L'Empereur semble vouloir dissimuler une pièce maîtresse de son entourage.

- Vous avez sans doute raison.

Soudain, une lumière rouge envahit la pièce, scannant ses occupants. L'opération recommença à six reprises avant que le train ne parvienne à destination. Ils arrivèrent alors dans la salle blindée. Quand les lourdes portes coulissèrent en vrombissant, Iciry manqua tomber de son siège en découvrant ce que Terg cachait au fin fond de sa forteresse.




*

* *




Max se figea quand il ressentit la détonation et la détresse des victimes. Cependant, il dut éluder ces sensations, car l'embarras dans lequel il s'était mis primait sur le reste. En effet, il n'avait pas imaginé que l'éclaireur en motospeeder soit si difficile à repérer. Son comlink bipa alors. Il le dégaina de sa ceinture, puis parla en chuchotant.

- Allô ?

- Max, t'es où ? Je suis en train de te chercher !

- Mot ! Je longe le passage souterrain en speeder. Si tu veux, je te rejoins à la route qui descend vers le spatioport.

- D'accord. A tout de suite !

Max rangea l'appareil dans son sac et partit en courant à travers les bois. L'enfant commençait à s'essouffler - il avait déjà parcouru plusieurs kilomètres. Il utilisa ses réflexes aiguisés et ses sens de Jedi pour choisir le meilleur trajet possible et le plus court, tout en évitant de se faire repérer par l'éclaireur. Il sauta par-dessus le ruisseau qui - il le savait pour l'avoir remonté - naissait dans les montagnes près des mines abandonnées, évita un serpent-dragon qu'il réveilla par inadvertance, avant de surgir des fourrés sur la route. Là, un landspeeder piloté à toute vitesse arrivait vers lui. Mais cet appareil fut bientôt suivi par un motospeeder, celui de l'éclaireur. Si Mot s'attirait des ennuis, le jeune Katarn en était responsable. Aussi attendit-il que son ami s'arrête près de lui et sauta dans son engin. Mais un autre homme surgit des bois, braquant son blaster sur le pare-brise du véhicule. La motospeeder les rattrapa et son pilote rejoignit le commando au torse peint aux couleurs des Rebelles.

- Allez les gosses ! Descendez ! aboya le soldat ridiculisé. Les deux jeunes Bakurans s'exécutèrent sans discuter, alors que les Impériaux baissaient leurs armes.

- Ne craignez rien, nous vous laisserons partir.

- Merci. Mon père m'aurait tué, avança Mot, timide.

- Avant toute chose, vous devez nous promettre quelque chose. Ne jamais plus vous attaquer à des soldats impériaux. La situation nouvelle risque de faire resserrer l'étau impérial sur Bakura, et moi-même je le redoute. Une partie des habitants est déjà plus ou moins favorable à cela. Il y même cette nouvelle faction des loyalistes, la Faction Imperium, qui soutient pleinement la réforme. Je vous conseille donc de respecter au moins cette règle.

- Nous vous remercions, monsieur...

- Altar Strom. Profitez de votre liberté tant que vous le pouvez, finit le soldat impérial alors que Max et Mot les quittait à bord du speeder. Ca ne durera pas...




*

* *




Devant eux se dressait un immense vaisseau longiligne à l'allure organique. Couvertes de cloques, les parois du navire avaient perdu de la teinte jaune-orangée qu'elles avaient dans l'espace, apparaissant dorénavant d'un brun plus terne. Le bâtiment de guerre avait été disséqué par tous les techniciens que Sonok Terg avait pu rassembler. Sur les parois de ce léviathan de métal, des droïdes d'analyse étudiaient les caractéristiques d'assemblage du navire. Dans des alcôves, les capsules jaunes qu'il contenait étaient elles-aussi soumises à tous les tests possibles.

Un homme distingué vint alors à la rencontre des deux arrivants.

- De quoi s'agit-il ? Je... Je n'ai jamais rien vu de semblable, bafouilla Iciry.

- C'est un vaisseau éclaireur ssi-ruuvi. Le deuxième que nous découvrons. D'après les vecteurs d'approche et les calculs hyperspatiaux mémorisés, il proviendrait d'une nébuleuse isolée de la Bordure Extérieure près du système bakuran.

Quand l'homme se présenta face à eux, Sonok afficha sa fierté.

- Voici Raith Sienar.

- De Sienar Fleet System ?

- Lui-même, poursuivit ledit personnage.

- Monsieur, vos travaux sur le TIE-Avancé X1 sont impressionnants.

- Merci, mais attendez seulement de voir mon TIE-Fantôme. Je suis honoré de vous rencontrer, monsieur Iciry. Je vois que vous êtes aussi surpris que moi. J'ai de suite accouru quand Sonok m'a appelé. Une centaine de contrats sont passés à la trappe, mais je ne regrette vraiment pas tous ces parsecs parcourus. Je n'aurais décidément raté ce spectacle pour rien au monde.

- Vous reconnaissez donc les qualités de cette technologie ?

- Si je les reconnais ? Bien sûr ! Elles me font penser qu'un jour je me suis retrouvé sur Zonama Sekot face à des navires totalement organiques. Il ne serait pas étonnant que les concepteurs ssi-ruuvi aient fait jadis un tour sur Zonama afin de s'en inspirer, afin d'élaborer une nouvelle technologie utilisant à la fois les avantages du métal et de l'organique.

Il éclata de rire.

- Bien que ce navire ait un « design org » qui peut s'apparenter à celui des croiseurs Mon Cal, il n'est conçu que de systèmes de haute-technologie assez proches de ceux que nous élaborons actuellement dans mes laboratoires, à Fondor ou sur Kuat. Si vous voyiez le moteur hyperdrive relié à un bouclier déflecteur ! C'est vraiment intéressant, et j'admets que je ne comprends pas moi-même comment il fonctionne. Je confesse que je suis totalement dépassé par leurs sièges à technition...

Sienar paraissait si excité qu'il parlait dans son jargon technique, oubliant que ses interlocuteurs n'étaient pas versés dans la conception de vaisseaux. Il souhaita s'excuser mais fut interrompu.

- A propos, avez-vous retrouvé des passagers ? demanda le Moff en s'approchant pour toucher les parois.

- Oui, poursuivit Sonok Terg. Quelques-uns. Il s'agit de reptiloïdes de grande taille qui se font appelés Ssi-ruuk. Malheureusement, seul un spécimen est en vie. Les autres sont, en ce moment même, examinés par mes meilleurs biologistes. Le plus étonnant est qu'un humain, visiblement originaire de G'hro, les accompagne, et qu'il a adopté leur mode de vie.

- Ceci est passionnant. Possèdent-ils des chasseurs, ces « si-ruc » ?

Ce fut Terg qui répondit.

- Ssi-ruuk. En fait, ils n'ont que des drones dans lesquels ils ont transférés au préalable l'esprit de leurs ennemis. On peut penser qu'ils craignent la mort car leurs croyances mentionnent que seuls les faibles meurent et qu'un démon se nourrit de ceux-ci. Leur rapport à l'eschatologie peut sembler étrange puisque ce démon apparaît aussi comme celui qui les a créés, le démiurge de leur panthéon, qui dicterait par leur Shreeftut, leur « empereur » si on peut dire, les attitudes à adopter. Le nouvel empereur devrait, pendant les six années suivant son accession au trône, faire des conquêtes pour alimenter leur armée. Ce vaisseau transportait les partisans de l'ancien empereur qui ont contesté le nouveau. Ils ont été exilés. Jusqu'à présent, ils avaient conquis des territoires dans leur nébuleuse. Le danger n'est donc pas réel pour l'Empire...

- ... mais il pourrait l'être si nous négligeons leurs prouesses technologiques, termina Sienar comme pour justifier sa participation à l'analyse complète du vaisseau dans lequel il pourrait trouver des idées pour ses futures conceptions.

Pendant la suite de la visite, Iciry, enthousiasmé, écouta attentivement le Seigneur de la Guerre raconter ce qu'il avait pu tirer des dires de l'humain, tandis que Raith Sienar lui révélait ses commentaires sur les capacités du navire.




*

* *




Max passa les bras derrière la tête, perdant ses pensées dans le ciel bleu de Bakura. Puis il croisa le regard de Mot et tous deux échangèrent leurs inquiétudes. Pourquoi les Impériaux les avaient-ils laissé partir alors qu'ils avaient cherché Max pendant presque deux heures. Et quel était le sens des avertissements de cet Altar Strom ? Toutes ces interrogations les troublaient.

- Il y a eu un attentat devant le Sénat.

- Quoi ? fit Max. Rien de grave au moins ?

- C'était un kamikaze de la Faction Imperium, dont a parlé Strom. Il s'est fait explosé. Il y eu trois morts et huit blessés.

- Quelqu'un que l'on connaît ?

- Non, mais c'est grave. Promets-moi de ne plus te mettre dans une situation semblable à celle dans laquelle tu t'es mis.

- C'était pas très intelligent, je sais, mais?

- Pas de « mais » ! Il faut se méfier de tout le monde à présent. N'importe qui peut appartenir à la Faction.

- Tu as des doutes sur quelqu'un ?

- Roviden. Il dit qu'il livre de la marchandise, mais j'ai cru voir des choses louches, la dernière fois, quand je l'ai aidé à décharger. Jaen Sacque est assez virulent aussi. Et puis Iskit Tyestin. Il y en a beaucoup...

- J'ai l'impression que les éclaireurs savaient quelque chose que nous ignorions. Peut-être que des forces impériales vont arriver.

- C'est bien possible, mais j'ose espérer que tu te trompes.

- Moi aussi, termina Max alors que son ami se concentrait sur la route qui menait à sa demeure.

La Faction Imperium avait frappé pour la première fois, causant des victimes et revendiquant l'attentat. Ses partisans étaient des Bakurans loyalistes qui semblaient pleinement conscients des conséquences de l'accueil des Impériaux sur la planète. Il se demanda comment son père réagirait quand il reviendrait sur Bakura. Il se pourrait bien qu'il n'aurait plus à partir hors du système pour combattre les Impériaux. Ils seraient certainement ici même dans l'année.




*

* *




- Alors comme ça, tu es en vacances ?

- Eh oui ! Vacances forcées, pourrais-je dire...

- Si tu es de retour, c'est donc bien lié au crash de la météorite sur MM47000327...

- La météorite ? fit l'autre en affichant un sourire bête.

Il réalisa bientôt qu'il avait failli gaffer en démentant la version officielle.

- Ah oui ! La météorite ! Il paraît qu'une station impériale a été rasée sur son passage. Une des nôtres a également été détruite, tout comme notre centre de recherche. Trois amis très chers y sont morts... Meedjo Romano, Parn Sone et Dana Guile.

- Dana ?

Gaeriel eut le souffle coupé, et de nouvelles larmes commencèrent à perler sur ses joues.

La jeune femme renifla une dernière fois puis prit la main d'Aaron, l'entraînant avec lui. Elle ouvrit une porte et descendit les escaliers qui menaient au sous-sol de sa demeure. Bien qu'elle se soit enfin calmée, ses yeux étaient encore rougis par les larmes. De toute évidence, elle cherchait à détourner la conversation, mais elle ne pouvait s'empêcher de pousser sa curiosité. Elle se retourna et dévisagea son compagnon.

- Mot et son père sont-ils au courant ?

- Pas encore... J'ai demandé à Osulbo de me laisser personnellement m'en charger, mais maintenant, je ne sais pas comment leur annoncer cette triste nouvelle.

- Ce qui est arrivé est terrible...

- Je sais. Le nombre de victimes est important, et celui de familles encore plus grand. Cette semaine est une période funeste pour Bakura.

Le jeune couple arriva enfin dans le garage, où la lumière était déjà allumée. Une ombre progressa sur le mur en face d'eux, puis une silhouette se présenta.

- Papa ? fit la jeune femme, surprise.

- Bonjour Dol.

- Bonjour Aaron. Quel bon vent vous amène sur Bakura ?

- Un bon vent ? A vrai dire, c'est un destroyer impérial...

Les trois ricanèrent à la plaisanterie.

- Vous au moins, vous ne perdez pas votre sens de l'humour.

- Je fais ce que je peux pour rester de bonne humeur.

- Je vous comprends. Cela ne doit pas être évident de travailler loin de tout, loin de tous ses proches.

- En effet, mais chacune de mes pensées leur est consacrée, fit Aaron en lançant un regard en coin à Gaeriel. C'est la seule chose qui m'empêche de sombrer en dépression... plaisanta t-il encore.

- Bon, je vais vous laisser, les tourtereaux.

Soudain, un miaulement attira leur attention. Un autre cri. Puis une petite créature pleine de poils apparut en face d'eux. La visage d'Aaron s'illumina à la vue du minuscule félinx. Gaeriel semblait tout aussi heureuse.

- C'est ce que je voulais te montrer, fit-elle en prenant l'animal dans ses bras.

- Il s'appelle Ron, en l'honneur d'une personne, mais je ne me souviens plus qui...

Aaron sourit. Il savait très bien qu'elle parlait de lui. Il avança à sa suite et découvrit un panier où étaient couchés cinq autres bébés félinx, ainsi que leur mère.

- La famille s'agrandit, fit Dol, resté derrière eux. Mais je préfèrerais que ma descendance ne se limite pas à des félinx, finit-il avant de remonter au rez-de-chaussée.

- Ne vous inquiétez pas, Dol, nous ferons ce qu'il faudra, quand il le faudra... ajouta Aaron en embrassant Gaeriel.




*

* *




Satisfait de sa visite, le Grand Moff Iciry quitta Sonok Terg le soir-même pour regagner son monde, Seenmal, dont il devait renforcer la défense eu égard à l'écume des derniers jours...

Le Seigneur de la Guerre regarda la navette Lambda man?uvrer avant de se poser dans les cales de l'Âme Pure, quand le Capitaine N'Las marcha derrière lui. Terg ne se retourna pas, car il avait perçu le sentiment d'effroi qui gagnait son subalterne.

- Qu'y a-t-il, Capitaine ?

- Un message du Seigneur Devil vient de nous parvenir.

N'Las déglutit avant de poursuivre.

- Seigneur, il nous lance un ultimatum.

A ces mots, Terg sut que tout se déciderait sous peu.

L'époque changeait...

Le destin était en marche...

CHAPITRE XIV: La Bataille de Tosnbar IV
Au fin fond de sa base située sur Tosnbar IV, Sonok Terg attendait une réponse de la part des autres membres du triumvirat. Ssi'karis et Sibwarra étaient attachés juste derrière lui à l'aide de menottes magnétiques. Ils étaient étroitement surveillés par Uerel N'Las, le Capitaine chargé de la sécurité du Seigneur de la Guerre.

Terg se tourna vers lui.

- Mettez-moi en contact avec l'Amiral Toll.

N'Las pianota sur un moniteur et la liaison se fit. Bien qu'imparfaite, l'image holo permettait de distinguer aisément les interlocuteurs.

- Amiral, ordonna Sonok en omettant le protocole, ramenez toute la flotte au quartier général... immédiatement.

- Monseigneur, je ne peux que vous envoyer le Claymore et le Falchion. Tous les autres vaisseaux, y compris le mien, sont déployés suivant...

- Je vous ai donné un ordre, Toll. Ramenez toute la flotte au quartier général ! J'ai toutes les raisons de croire que le Seigneur Devil va tenter de s'attaquer à moi.

- Bien, se ravisa l'Amiral. Le gros de la flotte sera là dans trois heures.

N'Las coupa la communication. Terg lui lança un regard de braise.

- Vous ne m'approuvez pas, Capitaine.

- Monseigneur, en toute sincérité, je pense que vous n'auriez pas dû capturer les étrangers et leur vaisseau sans en avertir l'Empereur.

- Qu'aurait fait Palpatine de ces individus ? demanda Sonok en désignant Belvier et le Ssi-ruu. Ces derniers temps, il était bien trop occupé à essayer de dissoudre le Sénat et ses conseillers l'ont empêché de voir la réalité. C'est Devil le véritable danger. Une fois cet obstacle éliminé, l'Empereur me confiera la direction du ConInt.

- Encore faudra-t-il réussir à repousser le Seigneur Devil.

- Ca, Capitaine N'Las, c'est ce que nous nous apprêtons à faire. Mon cher élève s'est sans doute associé au jeune Katarn. En ce moment ils doivent se rassembler et s'organiser. Nous les attendrons de pied ferme.




*

* *




Terg ne se trompait pas, Devil était bien en train de préparer une attaque massive. A bord de son vaisseau amiral - le Maelström, un destroyer de Classe Impériale II -, il briefait toutes ses troupes. Au centre de la salle de conférence était projeté un plan holographique de la base de Sonok Terg. A la droite de Devil se tenait Matth, en tenue militaire ; à sa gauche se trouvait Ervan, avec toute la prestance d'un Seigneur de la Guerre corellien, bien qu'âgé d'un an de moins que le jeune Katarn. Il avait les cheveux noirs, un peu hirsutes, des yeux marron et des traits tirés. Sur sa ceinture était attaché un sabrelaser. Vêtu comme un pilote, il observait un à un les officiers présents. On pouvait sentir la rivalité entre lui et Matth, tout aussi désireux de plaire à son maître, Devil. Ce dernier expliqua son plan de bataille.

- La flotte que j'ai réussi à composer comporte vingt destroyers stellaires. D'après mes renseignements, Sonok Terg n'arrivera pas à en regrouper plus de quinze. Une fois arrivés en orbite autour de Tosnbar IV, nous devrons affronter au minimum deux destroyers : le Claymore et le Falchion. Il est possible que le Nova commandé par l'Amiral Toll soit aussi présent. Dans ce cas, la lutte durera plus longtemps. Le schéma d'attaque a été élaboré avec l'aide de Matth. Je vais donc le laisser continuer.

Le Jedi Noir se leva et prit la parole. Il se plaça devant Devil, aux côtés de l'Amiral Hairsine Reese, maître de la flotte.

- Nous devons agir vite. L'Escadron As devra escorter l'Escadron Massue. Ces vingt-quatre appareils seront menés par Ervan Le Corellien, qui sera notre Guide.

Katarn se tourna vers son collègue des TISC.

- Tu piloteras le TIE-X1, équipé de boucliers et d'hyperpropulseurs. Nous avons également rajouté deux torpilles, au cas où. Ervan hocha de la tête pour montrer qu'il approuvait.

- Les As et les Massues devront atteindre l'île de Terg et percer une brèche dans la défense afin qu'Ervan puisse pénétrer dans la base. Des hovercrafts suivront sa progression et l'appuieront, mais il agira seul dès qu'il aura pénétré dans la forteresse. Une fois la couverture aérienne de Terg maîtrisée, nous larguerons les TB-TT, les éclaireurs et d'autres hovercrafts. Le récif de corail qui entoure l'île ne ralentira pas leur avancée, bien au contraire. Aux endroits où l'on trouve du corail, le niveau de l'eau est peu profond : au maximum deux mètres. Une compagnie de troupes d'élite nous a été confiée par l'Empereur. Ses membres sont spécialisés dans l'infiltration ; ils aideront Ervan à récupérer les biens volés par Terg. Une fois cette tâche accomplie, nous raserons la base.

- Qui s'occupera du déroulement de la bataille au sol ? demanda le lieutenant Dale.

- Moi, répondit Matth, ainsi que les colonels Coy et Neel. Tous les autres officiers seront occupés à contrôler l'espace orbital et la haute atmosphère.

- Sur ce, reprit Devil, je vous prie de retourner chacun à vos vaisseaux. Vous avez quatre-vingt-dix minutes pour avertir vos hommes et vous organiser. Et surtout, insistez bien sur le fait que les pilotes devront se fier à leurs transpondeurs avant de tirer. Nos adversaires auront les mêmes appareils que nous, et je ne tolérerai pas que nous nous entretuions.

Les officiers se levèrent, saluèrent et partirent hâtivement. Matth avait fini son briefing. Ses yeux brillaient. Il avait hâte que le combat commence, même si ses hommes étaient absents. Pour l'assaut, il dirigerait une équipe de soldats du ConInt. Tournant les talons, il rejoignit le navire qui lui était assigné.




*

* *




Dans un des hovercrafts présents à bord du Maelström, le lieutenant Dale écoutait les dernières instructions. Il put apercevoir un commando entrer dans un quadripode TB-TT. Voilà ce qu'il devait escorter : quarante de ces farouches combattants. Un élan de jalousie l'envahit.

Ils ne s'appellent que par leurs matricules.

Son attention se dériva sur les éclaireurs et leurs motospeeders placés un peu plus loin. Ces petits engins n'étaient pas pour Stirows, un homme aux longs cheveux blancs. Lui, il piloterait un fonceur capable d'atteindre les six cents kilomètres à l'heure. Sur sa planète natale, il s'était amusé à défier les éclaireurs, sachant très bien qu'il n'aurait aucun mal à les semer. Hélas, un Chasseur-TIE qui passait là par hasard le repéra. Stirows fut alors obligé d'accepter de remplir quelques missions pour l'Empire afin d'expier ses fautes. Tout en repensant à ce qui l'avait amené jusqu'ici, il observa les Intercepteurs-TIE de l'Escadron As et les Bombardiers-TIE de l'Escadron Massue.

Bugger, le leader des As, vérifiait si les panneaux solaires de son appareil étaient bien fixés. Il se mit à dévorer des yeux le TIE-X1, dont seuls quelques exemplaires étaient sortis de l'usine. Il s'agissait d'un prototype de TIE qu'utilisait le Seigneur Dark Vador depuis peu. Son pilote, Ervan, paraissait bien jeune. Mais Bugger savait à quoi s'en tenir : il s'était fait descendre quatre fois par le Corellien au simulateur. Keck, le coéquipier de Leader As, entra dans le cockpit de son engin.

- Gloire à l'Empire ! purent l'entendre crier les pilotes présents avant de répéter en ch?ur ces quatre mots.

- Gloire à l'Empire !




*

* *




Sonok Terg était assis sur son fauteuil devant sa console. D'ici, il pouvait superviser la bataille qui se profilait. A ses côtés, Uerel N'Las jouait nerveusement avec son poignard tandis qu'il exposait les forces en présence désignées par des polygones schématiques bleus.

- Le Claymore, le Falchion, le Carida, le Prodige et le Narayan sont en orbite. Des croiseurs d'intervention et de classe Carraque sont également déployés. Tous les transporteurs d'escorte ont déployé leurs TIE afin de former un bouclier défensif. Le Nova arrivera d'ici vingt minutes.

Le Jedi Noir se tourna vers son Capitaine. Sur l'écran, des centaines de points lumineux orange apparurent brusquement, encadrés par des formes plus massives. Ces formes archaïques représentaient la flotte ennemie, et Terg ne le savait que trop bien.

- Il est trop tard. Ils sont déjà là.




*

* *




Matth entra dans la vedette « Anti-rayons » qui lui servirait de poste de commandement. Les techniciens l'avaient modifiée pour qu'elle accueille deux personnes de plus que prévu : les colonels Coy et Neel.

Katarn prit la place du pilote. Enfin il pouvait montrer qu'il était un bon stratège ! Mais avant cela, il devait pénétrer dans l'atmosphère. Les flancs du Maelström libérèrent les As et les Massues menés par Ervan, suivis des barges de débarquement et d'un destroyer de Classe Victoire II : le Flambeur.

- As, en position, lança Ervan.

- Bien compris Guide, répondit Bugger.

Chaque intercepteur se plaça un peu en avant et au-dessus du bombardier qui lui était assigné.

- Nous allons essayer de balayer le Narayan, expliqua le Corellien. Que les Massues se servent de mes systèmes de guidage. A mon signal, balancez un maximum de torpilles.

Il passa entre des chasseurs et des croiseurs ennemis, les As ouvrant une brèche dans la défense adverse. Lentement, la passerelle du Narayan s'approchait de lui. Ervan sortit son système de visée et aligna les générateurs de boucliers. Il transmit les coordonnées aux Massues.

- Feu !

Deux salves partirent. La première anéantit les déflecteurs, la deuxième transforma la passerelle en métal fondu.

C'est pas fini.

Ervan n'avait largué aucune torpille. Il laissa la Force affluer en lui et en envoya une. La passerelle du Narayan fut littéralement séparée du reste du vaisseau et les chasseurs purent alors arroser la carcasse du destroyer. Le Corellien manoeuvra son X1 pour qu'il passe au-dessus du morceau d'épave parti à la dérive. Le reste de l'escadron, moins téméraire, préféra passer au-dessous. De nouvelles explosions retentissaient à l'intérieur du destroyer démantelé à chaque fois que les cuves de gaz étaient gagnées par les flammes. Un As fut littéralement transpercé par une poutrelle projetée par une éruption de liquide de refroidissement.

- Witt ! s'exclama As Quatre, un dénommé Fife, qui volait en binôme avec le monoplace détruit.

- As Trois est mort, annonça Keck, l'As Un.

- Massue Trois, vous volez sous ma responsabilité désormais, ordonna Bugger.

Le pilote accusa réception et As Leader continua de distribuer ses ordres.

- Avertissez le Flambeur que nous pouvons débarquer, le trou laissé par le Narayan va nous permettre de passer.

- Deux escadrilles de TIE en approches ! s'écria Massue Quatre.

- Bien compris, intervint As Leader. On s'en occupe. Guide, t'es avec nous ?

- Plutôt deux fois qu'une.

Ervan se lança dans une série de tonneaux avant de virer juste devant deux appareils du camp adverse, ses lasers déchirant la coque de celui de tête.

Oh, oh, je suis repéré...

Le reste de l'escadron se focalisa sur lui, zébrant l'espace de lasers verts. Quelques tirs furent arrêtés par les boucliers, les autres furent évités.

- Ils sont sur moi !

- Guide, ici As Un, j'arrive.

- Fais vite, Keck.

- Merde !

- Quoi ?

- J'en ai trois derrière moi. Fife ?

- As Quatre au rapport. Qu'y a-t-il ?

- Tu peux aider Guide ?

- Négatif, As Un. Je dois couvrir les Massues et y'a du boulot, crois-moi.

- Guide à As Un. On exécute la manoeuvre TMD.

- C'est du suicide !

- On n'a pas le choix !

As Un et Guide s'éloignèrent, toujours collés par les TIE et firent demi-tour pour foncer l'un sur l'autre.

- Guide, tu décroches de quel côté ? interrogea Keck.

- A droite. Non, attends... à gauche. Oh et puis j'en sais rien ! lança Ervan en plaisantant.

- Je ne rigole pas Guide ! De quel côté ?

Les deux appareils se rapprochaient de plus en plus. Dans moins de quinze secondes, ils entreraient en collision.

- De quel côté alors ? insista Keck en abattant un TIE.

L'autre resta muet.

- Gauche ! Je vais à gauche ! annonça Keck.

Il pouvait presque voir Ervan dans son cockpit, mais ce dernier restait muet.

- Tu as compris Guide ? Je décroche à gauche !

Le X1 se dirigeait droit sur l'intercepteur.

- Va à droite ! aboya le Corellien une seconde avant que son ordre ne soit exécuté.

Les trois poursuivants de Keck percutèrent des appareils alliés - ceux qui suivaient Guide.

- Salopard ! hurla As Un. T'aurais pas pu le dire plus tôt ?

Le rire du Jedi Noir résonna dans son casque.

- Non, ç'aurait pas été assez drôle. Euh, j'ai toujours cinq TIE derrière moi, alors si tu pouvais m'aider...

Des salves de canon à ions bien ajustées exaucèrent le souhait d'Ervan.

- Ca ira, Guide ? retentit la voix de Matth.

- Merci, Commandant.

- Je tenais à te féliciter pour ta superbe man?uvre. Une TMD, qu'est-ce que ça signifie ?

- Très Mauvais Délire.

Matth pouffa puis se reprit. La bataille se déroulait comme il l'avait imaginée, et pour le moment, Ervan semblait suivre les ordres. Katarn affichait déjà à son compte une quinzaine de chasseurs abattus : même si son rôle était de superviser les mouvements de troupes, il pensait qu'il fallait participer au combat pour stimuler les hommes.

- On pourra pénétrer dans l'atmosphère si on se débarrasse du croiseur d'intervention situé à neuf-sept-deux.

- Commandant, ici Massue Leader. On s'en charge.

- Escadron As, avec les Massues, ordonna Bugger.

- Ici Guide, je prends la tête ! Fife et Keck, avec moi.

- As Quatre, bien reçu.

- As Un, idem.

- Ok. Voilà comment nous allons procéder, expliqua Ervan. Comme vous le savez, les croiseurs d'intervention sont puissants, mais un coup bien placé suffit à les mettre H.S.. Je n'ai plus qu'une torpille et je pense en avoir besoin plus tard alors je veux Massue Un et Quatre avec moi.

- Massue Un, derrière vous.

- Massue Quatre, en attente.

- Je vais tirer quelques salves à un endroit bien précis, continua Guide. Vous y lancerez vos torpilles. Compris ?

Les pilotes accusèrent réception d'un double clic.

- Alors on y va ! Que les As et les Massues restants nous couvrent.

Le Corellien augmenta la poussée de ses moteurs. Un intercepteur ennemi arriva latéralement et tira, endommageant les déflecteurs.

Tu vas me payer ça.

Entamant un looping, le jeune Seigneur de la Guerre vira à droite et ajusta sa cible. Un sourire de satisfaction s'afficha sur son visage lorsqu'il pressa la commande des lasers, ajoutant une victime de plus à son tableau de chasse. Puis il fonça sur le croiseur et vola en rasant la coque du vaisseau de guerre. Il passa sous le ventre de l'engin - vérifiant si ses équipiers le suivaient - et analysa les structures situées près des moteurs. Il ralentit un peu de façon à voir autre chose qu'un tapis gris défilant sous son appareil et repéra le module qui contrôlait les armes du croiseur.

- Massue Un et Quatre, soyez prêts.

Il arrosa le module d'une salve de lasers et s'écarta. Quatre torpilles s'écrasèrent dans la région qu'il avait visée. Les moteurs se coupèrent et les armes cessèrent de tirer.

- La voie est libre ! s'exclama Ervan avant d'entrer dans l'atmosphère, suivi de la force de débarquement.




*

* *




- Ils pénètrent dans l'atmosphère ! annonça le Capitaine N'Las qui perdait le calme qu'il essayait de garder. Son employeur, quant à lui, affichait une sérénité en total contraste avec la situation qui s'esquissait. La partie semblait mal engagée pour sa flotte, car Devil disposait de ses dix-huit destroyers stellaires, mais aussi d'une partie de la flotte de « Celui dont on tait le nom » dont il s'était emparé avec l'aval de l'Empereur. Les forces de deux triumvirs pesaient donc contre lui, mais il ne s'avouait pas vaincu.

- Que les canonniers se tiennent prêts, ordonna Sonok Terg. Faites décoller les TIE, déployez les bipodes, les quadripodes, les forteresses flottantes et les Mastodontes. Ne lancez les éclaireurs que s'ils atterrissent. Et demandez à l'Amiral Toll de nous envoyer deux escadrilles de TIE en renfort.

- Bien, Monseigneur.




*

* *




Toll observait les restes du Narayan. Le Flambeur s'était acharné sur le destroyer déjà endommagé par le raid effectué par les chasseurs. Une dizaine d'autres vaisseaux alliés étaient arrivés - dont trois destroyers - mais cela ne suffirait pas à repousser l'ennemi. L'Amiral le savait.

Le Maelström était bien en retrait. De là, Dark Devil pouvait tout organiser. Des puits gravifiques avaient été activés par le seul interdicteur présent, le Fils de Sith. Le message était clair : soit la flotte de Terg était détruite, soit elle se rendait et affrontait la colère de l'Empereur.

Toll avait concentré ses attaques sur le Flambeur, sachant que sa priorité était d'empêcher ses adversaires de débarquer. Mais il devait éviter des pertes inutiles - et cette stratégie lui coûtait beaucoup hommes. Dans les flancs du Nova se trouvaient deux navettes d'assaut Gamma contenant chacune quarante commandos d'apesanteur. Le Flambeur étant trop bien protégé, l'Amiral avait préféré garder cet atout dans sa manche pour une meilleure occasion. Peut-être pouvait-il lancer le Carida - et les deux navettes d'assaut - sur le Maelström ?

- Envoyez trois frégates sur leur vaisseau amiral, ordonna-t-il enfin.

Si cette attaque ouvrait une brèche sur le vaisseau de Dark Devil, la bataille pourrait être gagnée. Mais le Seigneur de la Guerre ne serait pas dupe, il ne se laisserait pas avoir si facilement.

- Dites aux capitaines de ces trois frégates de se concentrer sur l'interdicteur. Transférez les navettes Gamma sur le Carida. Il suivra les frégates et devra détruire l'interdicteur à tout prix.

Soudain, d'autres vaisseaux apparurent au loin et se placèrent de l'autre côté de la planète. Parmi eux, Toll put voir... un autre interdicteur, le Héraut du Désastre. Les choses se corsaient. Même si il détruisait celui situé près du Maelström, il n'était pas sûr de se débarrasser de l'autre. Et il ne pourrait pas s'enfuir.

Sur la passerelle du Désireux - un destroyer de Classe Victoire -, le Général Vergad se délectait du spectacle. La flotte de Terg était désemparée et l'arrivée d'un nouvel interdicteur n'avait pas arrangé les choses. La voix du Capitaine le sortit de ses pensées.

- Le Seigneur Devil nous demande d'intercepter les frégates qui se sont détachées de la formation ennemie.

- Allons-y !




*

* *




Ervan se rapprochait de l'île.

- Des TIE sont derrière nous, l'avertit Bugger.

- Occupez-vous d'eux ! C'est plus mon problème.

Le quartier général de Terg était en fait un amas de bases impériales préfabriquées reliées par des routes. Les pistes d'envol se mirent à vomir des intercepteurs. Un essaim de chasseurs fonça sur le Corellien, mais il poursuivit sa route et abattit même deux appareils.

Il savait ce qu'il devait faire.

Il arma sa dernière torpille et la lança dans un hangar à TIE avant d'arroser une tourelle. Exécutant un looping, il accéléra vers la piste d'envol, ne cessant de tirer. Il dut d'écarter pour éviter les turbolasers mais il il corrigea immédiatement sa trajectoire.

- Je vais entrer ! hurla-t-il.

Et il passa la porte du hangar. Il était désormais dans la base ennemie. Rapidement, il freina, coupa ses moteurs et activa ses répulseurs. Enfin, il fit tourner son appareil sur trois cent soixante degrés en éliminant les TIE qui n'avaient pas encore décollé. Cette intrusion - précédée de l'explosion de la torpille quelques secondes auparavant - avait semé le désordre dans le hangar. Partout, des techniciens et des pilotes couraient, effrayés.

Lorsque le ménage fut à peu près terminé, Ervan atterrit, laissa les déflecteurs activés et sortit du X1. Il prit son datapad et tapa un code pour immobiliser l'engin. Des soldats entrèrent dans le hangar et tirèrent sur l'intrus. Mais ce dernier, bien protégé derrière les boucliers du TIE, saisit calmement son blaster et les tua un à un. Il visait, tirait et se cachait, réitérant la man?uvre machinalement. Une grenade explosa devant lui, et il puisa dans la Force pour détecter son ennemi à travers la fumée. Encore une fois, il toucha au but. Seul, il avait décimé un escadron de commandos.

Il reprit son datapad, s'en servit pour couper les boucliers et activa son sabrelaser. La lame bleue jaillit d'un seul coup. Récupérant un lance-grenades sur un des cadavres, Ervan se dirigea vers le centre de la base. Il ouvrit la porte qui indiquait cette direction et fit face à... huit soldats. Il referma la porte mais ses adversaires essayèrent de la bloquer en la coinçant avec leurs fusils. Le Corellien put alors lancer une grenade dans la fente. Il rouvrit la porte et acheva les survivants d'un coup de blaster à la tête. Une chose était sûre, un véhicule lui permettrait d'atteindre Terg plus tôt. Mais pourrait-il en voler un sans se faire repérer ?




*

* *




- Envoyez les hovercrafts pour appuyer Guide ! aboya Matth. Ils ouvriront la porte aux TB-TT. Ne vous focalisez pas que sur cet endroit, sinon ils y concentreront leurs défenses.

Le lieutenant Dale sentait son c?ur battre la chamade. Son hovercraft se dirigeait droit sur la base ennemie, suivi par quelques lances - une lance équivalait à cinq appareils - d'éclaireurs. Les quadripodes arrivaient juste derrière.

- Ils lâchent des motospeeders ! avertit un des pilotes.

- Ils seront surpris par les fonceurs, fit la voix réjouie de Katarn.

Stirows n'attendait que ça. Il poussa son engin à fond, laissant les éclaireurs derrière lui. Ils n'étaient que vingt pilotes de fonceurs, mais ils étaient appuyés par trois fois plus de motospeeders. Ils ne feraient qu'une bouchée du camp adverse.

Ces derniers se rapprochaient. Stirows fit monter son appareil à une hauteur de trente mètres et descendit un motospeeder. Lorsqu'il en croisa quatre autres, il entama un demi-tour et les poursuivit, les anéantissant un à un.

- Ici Fonceur Stirows, je viens d'abattre une lance.

Le jeune pilote put rejoindre la formation, bien à l'abri derrière un hovercraft. Les lance-missiles de ces véhicules entrèrent alors en action. En réponse, les turbolasers placés sur le littoral de l'île ripostèrent. Le champ de bataille devenait le théâtre du chaos le plus total.




*

* *




- Nos troupes au sol sont-elles en place ? interrogea Sonok.

- Oui, Monseigneur Terg, déclara N'Las. Les TR-TT et les TB-TT ont progressé sur le terrain immergé. Les Mastodontes, les forteresses flottantes et les tanks attendent derrière. Il semblerait aussi qu'un chasseur ennemi ait atteri dans un de nos hangars. Nous n'avons pas de nouvelles...

Terg se leva de son siège et se retourna vers le jeune Capitaine. La colère affluait en lui, et ses bras étaient parcourus par de petits éclairs de Force.

- Comment ? Envoyez immédiatement trois bataillons là-bas !

- J'en ai déjà envoyé deux.

- Et bien envoyez-en deux autres de plus ! renchérit un Terg exaspéré. Nous ne pouvons laisser un ennemi se promener librement à l'intérieur de notre base !

CHAPITRE XV: Zizanie
Bugger abattit encore un chasseur qui s'approchait trop de la première vague de débarquement. La deuxième vague pouvait très bien se défendre elle-même contre des menaces aussi mineures. Devant lui, la navette de Matth lança quelques missiles. Cinq secondes plus tard, ils atteignaient un groupe de quadripodes.

Bon sang, ce type est un as !
Le jeune Katarn n'avait pas le temps de se réjouir, il avait une offensive à mener. Les éclaireurs et les fonceurs avaient certes dégagé la voie, mais au bout de cette même voie, un flot de fantassins attendait. Dans moins d'une minute, la première vague se jetterait à corps perdu dans le conflit.

Dans son quadripode, le soldat d'élite immatriculé RVT-3794, commandé par le Sergent-major BDM-5112 - alias Neeles An'Darkyn - se préparait à l'attaque. Sur la coque, un bruit sourd se fit entendre - sans doute un laser qui n'avait pas réussi à percer le blindage. Le TB-TT s'accroupit et la rampe d'accès se mit en place.

- Chargez ! hurla le Sergent Dale.

Les troupes de choc fondirent alors sur leurs ennemis, ces traîtres qui obéissaient à un ennemi de l'Empereur. Le fusil-blaster de RVT-3794 cracha plusieurs rayons rouges, nettoyant quelque peu la zone d'affrontement. La meute de ceux que Dale avait surnommé les « Chiens de Guerre » déferla comme une tempête, laissant rapidement derrière elle une marée de sang.




*

* *




- La première vague aurait besoin d'une couverture aérienne, remarqua le colonel Neel.

- Impossible, intervint le leader des As. Nous sommes déjà surchargés.

- Peut-être Guide pourrait-il nous aider ? suggéra Coy.

Ervan avait ouvert son comlink. Dès qu'il entendit que l'on parlait de lui, il réagit.

- Ici Guide, je peux essayer de vous ouvrir la porte anti-explosions, mais je vous promets rien. Mon entrée a été quelque peu remarquée, si vous voyez ce que je veux dire.

- Je veux bien te croire, reconnut Matth, mais ton intervention nous éviterait de lourdes pertes.

- Je vais faire de mon mieux, Commandant.




*

* *




- Ils ont réussi à débarquer ? demanda Terg.

- Oui, confirma Uerel. Nos forces réussissent à les contenir.

- Bien, se réjouit le Jedi Noir. Où en est leur deuxième vague ?

- Dans le pire des cas, elle les rejoindra dans un quart d'heure, mais je pense que nous avons au moins vingt minutes devant nous.

- Nous allons éliminer leur deuxième vague, jubila Terg, toujours debout face à l'écran.

- Je vous demande pardon ?

- Demandez aux capitaines du Ténèbres, de l'Obscurité et du Noirceur d'anéantir les forces terrestres qui se dirigent vers l'endroit où ce pilote ennemi a atterri.

N'Las s'exécuta sans être sûr de comprendre ce qu'attendait son maître. Aussi, il se brancha sur des fréquences codées différemment de celles des autres capitaines, et attendit les réponses.

- Je ne connaissais pas l'existence de ces trois vaisseaux, avoua-t-il.

- Normal. Vous n'êtes pas un officier supérieur. Ces appareils sont une surprise que j'ai gardée pour un jour comme celui-ci. J'ai dû certes investir dans ma fortune personnelle, mais je pense finalement que ça en valait la peine.

Le Capitaine du Ténèbres, un Forceur de Blocus transformé en bombardier géant - les capsules de sauvetage avaient été remplacées par des tubes lance-torpilles et les boucliers avaient été renforcés -, sortit son vaisseau de la grotte où il avait été dissimulé et rejoignit ses deux congénères. Ensemble, les trois corvettes armèrent leurs batteries de turbolasers et se dirigèrent vers leurs cibles.




*

* *




- Merde ! s'écria Coy. Alerte aux As et aux Massues ! Trois corvettes de type Forceur de Blocus foncent droit sur la deuxième vague. Vous avez ordre de les éliminer à tout prix.

- Bien reçu colonel, mais vous n'auriez pas un destroyer à nous faire détruire tant que vous y êtes, grinça Bugger.

- Il a raison, reconnut Matth. A tous les pilotes, concentrez vos tirs sur les ailerons stabilisateurs dorsaux. Je viens avec vous.

- Mais nous devons superviser la bataille, protesta Neel.

- Si vous vouliez vraiment la superviser, fallait partir avec la première vague, rétorqua le Jedi Noir. Dale se débrouillera bien sans notre aide.




*

* *




Ervan emprunta un turbolift pour aller au niveau Un. Logiquement, c'était là que se trouvait la salle de contrôle. Il arriva à la réception où les trois personnes présentes ne firent nullement attention à lui. La salle de contrôle était en pleine ébullition mais il n'y avait aucun garde. Le Corellien se rapprocha de la commande d'ouverture de la porte blindée et l'activa à distance avec la Force. Le technicien placé juste à côté fit de grands yeux étonnés et lança la commande de fermeture. Tous les regards convergèrent vers lui.

- Traître ! cria alors Ervan. Il essaye d'ouvrir la porte, arrêtez-le !

Tout le personnel présent se jeta alors sur l'infortuné technicien. Le jeune Seigneur de la Guerre sortit son blaster et les tua.

Tous.

Puis il rouvrit la porte anti-explosions et détruisit tous les circuits électriques qui permettraient à quelqu'un de la refermer, avant de repartir vers le poste de commandement de Sonok Terg.

- C'est bon ? demanda-t-il dans le comlink.

- Génial ! lui répondit le lieutenant Dale sur un ton enthousiaste.




*

* *




- Monseigneur Terg, déclara N'Las, on vient de m'apprendre que les forces débarquées ont réussi à rentrer dans une des bases du littoral - celle où le pilote ennemi à atterri.

- Peu importe. Sans leurs renforts, ils seront perdus.




*

* *




Le Général Vergad observait les trois frégates qui précédaient le Carida. Un croiseur Carraque rattaché au Désireux finit enfin par en détruire une avec une salve de turbolasers qui coupa le vaisseau en deux.

- Rapprochez-vous du Carida et laissez les chasseurs s'occuper des frégates, ordonna-t-il.

- Bien, Général.

Sur la passerelle du Nova, l'Amiral Toll avait tout vu.

- Dites au Carida d'utiliser ses navettes d'assaut pour investir le Désireux. Nous allons peut-être pouvoir semer le désordre dans leur défense, se réjouit-il.

Dès que l'ordre fut transmis au Carida, les deux navettes Gamma et leurs quatre-vingts commandos d'apesanteur passèrent sous le ventre du Désireux - leur gigantesque puissance de feu éloignant les chasseurs qui tentaient de les repousser - et envahirent les soutes du destroyer. Les soldats ne purent rien contre les torpilles à protons et les canons-blasters que détenaient ces redoutables troupes. La vague de destruction se propagea dans les hangars du bâtiment du Général Vergad...

... ce qui eut pour effet de le mettre très en colère.

- Que les chars les repoussent ! cria-t-il.

- Mais, Général, l'utilisation des chars à l'intérieur du destroyer pourrait nous causer de graves dommages !

- Aucune importance. Nous n'allons pas les laisser pénétrer dans mon vaisseau.

Les chars à répulseurs furent alors utilisés contre les commandos infiltrés dans le Désireux, ravageant par la même occasion les soutes du destroyer. La majeure partie des soldats ennemis fut aspirée dans le vide spatial où ils rejoignirent leurs navettes Gamma respectives - quand ils ne se firent pas tuer durant le trajet.

Les commandos restants furent abattus par les troupes présentes sur le Désireux - sauf un, qui avait réussi à se mettre à l'abri derrière une navette Lambda. Il sortit alors - difficilement - de son armure et se dirigea vers la passerelle du vaisseau.




*

* *




Matth s'aperçut très vite qu'il avait un gros problème. Les corvettes corelliennes, rapides et maniables, ne se laissaient pas détruire par les intercepteurs. De plus, ces derniers devaient éviter les tirs de turbolaser de leurs cibles. Les bombardiers, quant à eux, avaient un mal fou à suivre les As.

Katarn réussit enfin à aligner l'Obscurité, ses canons entrant en action. Une salve ionique pénétra les boucliers de l'appareil, coupant la majorité des systèmes de défense. Les As se focalisèrent alors sur le vaisseau désormais inoffensif. Il fut achevé par un missile à concussion provenant de la vedette « Anti-rayons ».

- On nous envoie des chasseurs en renfort, prévint Coy.

- Quand ils arriveront, il sera trop tard, annonça tristement Katarn.

En effet, les corvettes de Terg atteindraient bientôt la deuxième vague.

- Qu'ils appuient la première vague. Les As et les Massues continueront à s'occuper du Ténèbres et du Noirceur.




*

* *




Dust Toll regarda les chasseurs de Devil pénétrer dans l'atmosphère de Tosnbar IV. Son offensive sur le Désireux avait visiblement échoué. Et les deux interdicteurs l'empêchaient toujours de s'enfuir !

Soudain, une idée germa dans son esprit.

Une idée de fou.

Toll se demanda même s'il n'avait pas des racines corelliennes pour penser à une chose pareille. Mais il n'avait pas le choix s'il voulait sauver sa peau. Le Carida avait ouvert un léger passage. L'Amiral ordonna au Capitaine du Nova de s'y engouffrer.

Il devait surprendre l'ennemi...

Il avait trouvé le bon moyen...

Il foncerait sur le Maelström !




*

* *




Près de Keck, As Deux faillit se faire descendre. Il se replaça aussitôt et arrosa le Ténèbres. Mais les deux corvettes se mirent à déverser une tonne d'explosifs sur la deuxième vague, causant d'énormes ravages. Le Ténèbres fut détruit par Massue Sept, mais en s'écrasant, il emporta trois quadripodes alliés. Les TB-TT s'écroulèrent, emportant dans la mort tout leur équipage mais aussi les fantassins qui évoluaient au sol à leurs côtés sur la plage.

Il ne restait plus que le Noirceur, qui se préparait pour un second passage. Il n'en eut pas le temps : les tirs des As, des TB-TT et de Matth en vinrent à bout avant qu'il ne fasse plus de dégâts.




*

* *




Dans la base, Ervan trouva enfin son bonheur : cinq chars sur répulseurs et deux bipodes. Il décrocha son comlink.

- Lieutenant Dale, ici Guide.

- J'écoute.

- Je viens de trouver sept véhicules.

Il les décrivit tout en inspectant les lieux pour voir si aucun ennemi n'était embusqué où si les engins n'étaient pas piégés.

- Certains de vos hommes veulent-ils venir les récupérer ?

- Je vous envoie des commandos. Je superviserai l'intrusion sur l'île à partir de cette base.

- Comme vous voudrez.

Trois minutes plus tard, le RVT-3794 et son groupe rejoignaient le Corellien, qui les attendait. Ils s'installèrent par équipes de deux dans chaque engin. Le sergent-major BDM-5112 se trouvait avec Ervan, qui lui expliqua son plan.

- Nous essaierons de passer inaperçus, précisa-t-il, puis nous sèmerons la confusion la plus totale dans leurs rangs.

Le Garde Royal - revêtu d'une combinaison des troupes de choc - acquiesça sans un mot. Les Gardes Royaux étaient habitués à exécuter leurs missions en silence. Ils communiquaient entre eux par codes, et la plupart du temps, ils partaient en solo pour des missions délicates. Le Corellien regarda BDM-5112. Il gardait la tête baissée, comme s'il se concentrait sur le bruit du moteur. Ses sens étaient en alerte, et il gardait sa main sur la crosse de son fusil-blaster.




*

* *




Sur son fonceur, Stirows abattit encore un éclaireur. D'après le lieutenant Dale et le colonel Neel, la deuxième vague avait faillie être décimée. Les renforts seraient donc moins nombreux que prévus. Le pilote dépassa un bipode TR-TT et tira sur un groupe de soldats. Il ne vérifia même pas s'il en avait tué un et rejoignit son coéquipier.

- La couverture aérienne arrive ! avertit Dale.

- Ca signifie qu'il faut dégager en vitesse de la zone ennemie, traduisit Stirows avant de s'exécuter.

Bien lui en prit car les TIE ne firent pas dans le détail. Certains Mastodontes réussirent à en abattre. Ces véhicules d'assaut -ancêtres des quadripodes- étaient équipés de trois canons-lasers lourds, d'un canon-blaster moyen et de deux lance-grenades. Chacun renfermait une cinquantaine de fantassins. Un peu en arrière des lignes ennemies se trouvaient des forteresses flottantes. Equipées de deux canons-lasers et pouvant transporter une dizaine d'hommes, leur principal atout résidait dans la précision de leurs frappes.

Une fois les TB-TT et les Mastodontes détruits, l'armée de Devil aurait fort à faire avec les forteresses. Dale savait déjà tout ça, mais l'arrivée de la couverture aérienne et l'infiltration d'Ervan derrière les lignes ennemies l'encourageaient.




*

* *




- Que fait Toll ? demanda Terg. Il devait les empêcher d'entrer dans l'atmosphère. Capitaine, mettez-moi en liaison avec lui.

- Il ne répond pas, déclara N'Las.

- Comment ? s'étrangla le Jedi Noir.

L'Amiral ne répondait effectivement pas, il continuait à diriger le Nova sur le Maelström. Si le destroyer de Devil ne s'écartait pas, la manoeuvre aboutirait à la destruction des deux vaisseaux. Sinon, le Nova pourrait s'enfuir. De là, Toll irait sur la Bordure où il essaierait de se faire oublier. Peut-être tenterait-il de rallier à lui les éléments de la flotte qui n'avaient pas pu rejoindre Tosnbar IV à temps ou bien rejoindrait-il l'Alliance Rebelle ?

Sur le Désireux, Vergad avertit Dark Devil du danger.

- Seigneur, le Nova fonce droit sur vous !

- Je sais, Général. Que tout le monde le laisse passer.

- Mais... Seigneur, il va s'enfuir.

- Et la flotte de Terg n'aura plus de vaisseau amiral.

Vergad réfléchit puis sourit. La flotte ennemie serait désorganisée une fois que le Nova les aurait abandonnés, et le triomphe serait total.

- Mes compliments pour cette riche idée, Monseigneur. Cette décision nous assurera la victoire.

L'officier regarda alors hors du champ de l'holo-cam.

- Mais, qu'est-ce...

Son image disparut.

- Communications, appela Devil. Comment se fait-il que nous ayons été coupés ?

- Je, je n'en ai aucune idée, seigneur, bafouilla l'enseigne.

- Alors renseignez-vous !




*

* *




Vergad était couché sur le sol, planqué dans une fosse. Un soldat rescapé des commandos d'apesanteur était arrivé et avait tiré sur les personnes présentes sur la passerelle. Actuellement, il plaçait une grenade près de la baie.

Ryan Vergad prit son blaster à deux mains, le chargeant à la puissance maximale. Il pouvait le tuer... mais il n'aurait pas le temps de désamorcer l'explosif. Il visa et pressa la détente. L'homme fut touché à la gorge et un flot de sang jaillit de la carotide avant qu'il ne s'écroule. Le Général s'enfuit alors vers un endroit où il serait en sécurité - suivi des quelques survivants du massacre. Il verrouilla la porte étanche en sortant de la passerelle de commandement. Quelques secondes plus tard, le Désireux fut secoué. La grenade avait explosé.

Vergad se dirigea vers les soutes - qui avaient déjà été endommagées lors de l'offensive des commandos d'apesanteur - afin d'y dénicher une navette qui lui permettrait de rallier le Maelström. Il lui était difficile d'abandonner le Désireux, qu'il considérait comme son vaisseau, mais il y était trop vulnérable. Il tapa un code d'alerte sur son comlink et déclencha l'évacuation d'urgence. La sirène retentit à bord du destroyer fantôme...




*

* *




Le char conduit par Ervan - suivi par les autres commandos - progressa sans se faire repérer. Dans le chaos de la bataille, personne ne faisait attention au groupe qui avançait vers le poste de commandement de Sonok Terg. Au bout de quelques minutes, le Corellien stoppa son engin.

- Pourquoi vous arrêtez-vous ? demanda BDM-5112. Cette phrase surprit Ervan, car pour le moment, le Garde Royal n'avait parlé que laconiquement. Il parut amusé.

- Là, fit Ervan en désignant un bunker. C'est indiqué qu'il y a un train à répulseurs souterrain.

- En effet, acquiesça le commando.

- Restez ici. Si les choses se gâtent, donnez votre position à Dale, faites du grabuge puis prenez le train à répulseurs. Si tout se passe bien et que des renforts arrivent, c'est pareil, vous me rejoignez par le train. Compris ?

L'impérial hocha la tête.

- Bien. Bonne chance !

- Bonne chance à vous !

Guide sortit du char et entra dans le bunker. Il descendit un étage et arriva devant le véhicule. A part le conducteur, il n'y avait personne dans l'appareil. Le jeune Jedi Noir se dirigea vers lui.

- Amenez-moi au centre de commandement, ordonna-t-il en influençant l'esprit de son interlocuteur avec la Force. J'ai un message urgent pour le Seigneur Terg.

- En route, lâcha l'autre avant d'activer les machines.




*

* *




Matth observa la deuxième vague - certes moins importante que prévue - rejoindre la première. La troisième allait atterrir d'un instant à l'autre. Sur le littoral, les forces de Terg étaient en pleine déroute. Les chasseurs de Devil n'avaient plus à se soucier que de l'artillerie et des forces au sol. Et le lieutenant Dale supervisait mieux ses troupes depuis qu'il avait investi la base infiltrée par Guide.

Le Jedi Noir vérifia ses boucliers. Il pouvait se permettre de survoler l'île pour un vol de reconnaissance. Coy et Neel mouilleraient peut-être leurs pantalons, mais ça n'était pas son problème.




*

* *




L'enthousiasme commençait à envahir Dale. Ses hommes contrôlaient désormais les miradors, utilisant les armes destinées à les repousser. La deuxième vague avait permis la conquête des routes environnantes et la plage était à eux. L'offensive avait été plus importante en ce point précis, surtout avec l'aide de Guide, des As et des Massues. Les fonceurs se débrouillaient bien malgré le fait que leurs pilotes n'étaient pas des militaires de formation. Un dénommé Stirows en particulier avait éliminé à lui seul trois lances d'éclaireurs - soit quinze appareils. Une performance remarquable !

- Et de seize !

Stirows ralentit un peu afin que ses collègues en motospeeders puissent le rejoindre. L'ennemi se méfiait plus des fonceurs désormais... et il devenait forcément plus difficile à tuer.

- Ici le colonel Neel. Que les bombardiers dégagent la route ! Les fonceurs passeront juste derrière, suivis des hovercrafts et des motospeeders.

- T'as entendu ? demanda Stirows à son coéquipier.

La voix de l'officier retentit encore.

- Bordel, Katarn, vous vous sentez vraiment obligé de frôler leurs lasers !

- Vos hommes vous entendent, colonel.

- Oh.

Il coupa la radio.

- Si nous nous faisons descendre, nous ne pourrons plus les diriger.

- Faites-moi confiance ! se contenta de dire Matth avant de voler encore plus bas.

Un peu plus loin, Bugger abattit encore un bipode, aussitôt imité par Fife. Il aurait aimé retourner en orbite, là où il serait plus utile - ici, il n'y avait plus aucun chasseur -, mais il avait déjà utilisé son potentiel de chance pour les semaines à venir. Les As n'avaient perdu que deux appareils et les Massues, un seul. Ces derniers seraient bientôt à court de munitions et devraient se ravitailler - mais Bugger savait que la majorité des pilotes de bombardiers suivraient les conseils de leurs supérieurs, à savoir, ne pas repartir sachant qu'ils avaient déjà pris trop de risques.




*

* *




Lorsqu'il arriva à destination, Ervan descendit du train.

- Retournez là-bas, dit-il au chauffeur. Mes collègues vont arriver. Vous les mènerez jusqu'ici.

Toujours sous l'emprise de la Force, l'homme n'eut d'autre choix que de s'exécuter. Le Corellien le regarda partir et emprunta un escalier qui l'amena à l'intérieur du centre de commandement. Se fiant à son intuition, il activa son sabrelaser et suivit les courants de Force qui émanaient de Sonok Terg.

Le Seigneur de la Guerre avait pris en main le combat qui se déroulait dans l'espace. Son attention se focalisa sur le Nova. Son vaisseau amiral continuait à avancer vers le Maelström - qui s'écarta. Le Nova passa alors entre le destroyer stellaire de Devil et l'interdicteur Fils de Sith avant d'entrer dans l'hyperespace.

- Alors ainsi, Toll m'abandonne, dit Terg à voix haute.

- Nous devrions peut-être nous rendre, suggéra Nlas.

- Que dites-vous ? s'indigna Sonok. Plutôt mourir.

- Mais que fait... commença le Capitaine.

- Quoi ?

- Regardez ceci, Monseigneur.

Sur l'écran principal, on pouvait voir un homme en combinaison de pilote noire. Il devait avoir une vingtaine d'année et il avait... un sabrelaser à lame bleue. L'intrus marchait à grands pas, semblant se diriger instinctivement vers les quartiers reculés de Terg.

- Qui est-ce ? interrogea Terg, soudainement distrait de la bataille.

- Vous me voyez dans l'incapacité de répondre, s'excusa Uerel.

- Envoyez nos hommes sur lui. Tous nos hommes.

- Bien, Monseigneur.

Sur l'écran, le jeune homme se mit à courir.

Ervan sentait qu'il était repéré. En effet, moins d'une minutes plus tard, des gardes affluèrent sur sa position. Il tournoya et renvoya la plupart des tirs sur ses adversaires. Ensuite, il lança une grenade pour dégager le chemin puis son blaster entra en action. Il se réfugia enfin dans une pièce et se ménagea une issue au sabre. Il passa dans la salle voisine, en sortit... et se retrouva derrière ses assaillants, qui lui tournaient tous le dos. Il s'en débarrassa dans un éclat de lame bleutée puis il continua vers son objectif.

Sonok Terg serra son manteau et l'enleva, révélant un torse surdéveloppé. Sa peau était noire, bardée de cicatrices rosées. Une bande de tissu rouge traversait son buste en diagonale, et à cette ceinture pendaient - attachés par des mousquetons - une vingtaine de manches de sabrelasers. Ces trophées étaient ceux d'un groupe de Jedi baptisé l'Esprit, qui s'était caché lors des Grandes Purges, et que lui seul avait massacré. Uerel N'Las parut déstabilisé par ces souvenirs que Terg conservait sur lui. Il ignorait que son employeur avait des passions si morbides.

- Un peu d'exercice me fera le plus grand bien. Je vais m'occuper de cet avorton.

Il saisit son arme et se plaça devant la porte d'où surgirait son adversaire.




*

* *




- Lieutenant Dale, message des troupes d'élite qui ont suivi Guide.

- Que disent-ils ?

- Ils nous donnent leur position et nous avertissent qu'ils vont rejoindre Guide en prenant un train à répulseurs. Un hovercraft les a déjà rejoint.

- Bien. Apparemment, nos troupes continuent à avancer. Un destroyer Victoire a réussi à pénétrer dans les hautes couches de l'atmosphère et le combat spatial...

- ...tourne à notre avantage, annonça Vergad qui se trouvait sur la passerelle du Maelström.

- Dans ces conditions, la perte du Désireux est acceptable, déclara Devil. D'autant plus qu'il n'est pas totalement détruit. Si vous vous débrouillez bien ici, Général, vous commanderez un destroyer de Classe Impérial.

- Cela me conviendrait parfaitement, Seigneur Devil.

- Alors remplacez-moi et dirigez l'attaque. Je serai dans mes quartiers mais, sous aucun prétexte, je ne voudrai être dérangé.

- A vos ordres, Monseigneur.




*

* *




RVT-3794 et le Sergent-major BDM-5112 arrivèrent devant le train à répulseurs.

- Vous êtes là ! remarqua le conducteur. Votre collègue m'a demandé de vous amener à lui. Montez !

Le Garde Royal se tourna vers ses congénères.

- C'est si gentiment proposé.




*

* *




Lorsque Ervan arriva devant le poste de commandement de Terg, la porte s'ouvrit. Le Seigneur de la Guerre attendait derrière, un antique sabrelaser dans la main droite. Une lame d'un rouge intense naquit en vrombissant.

Le jeune intrus eut soudain mal à la tête et sentit le lien avec son maître se raffermir.

- Alors ainsi, Devil a un autre élève, s'étonna Sonok.

- Vous l'excuserez, mais il a beaucoup à faire, expliqua le jeune homme. Il se serait bien occupé de votre cas personnellement, mais il s'est aperçu que je conviendrais parfaitement à cette tâche.

- Je vais te faire ravaler tes paroles, jeune impétueux.

- Impétueux, c'est mon deuxième prénom. Le premier, c'est Ervan. Je dis juste ça histoire que vous sachiez qui allait vous tuer.

Terg brandit alors son sabrelaser à deux mains et tourna autour du Corellien qui rentra dans son jeu.

- Tu es fort en paroles, Ervan. Maintenant, nous allons voir ce que tu vaux au combat !

Et il abattit son arme sur le Corellien.

CHAPITRE XVI: Annihilation
- Ici Fonceur Stirows. Demande permission de rejoindre la base.

- Permission accordée, Stirows. Vous avez fait du bon boulot.

- Merci, Commandant.

Stirows fit demi-tour en exprimant sa joie. Il évita tout de même de voler trop haut : il n'avait pas l'intention de devenir la cible d'une tourelle de turbolasers. Mais le sol était plein de dangers. Aussi le pilote de fonceur ne repéra-t-il pas un soldat sortir d'une forteresse endommagée. Il ne vit pas non plus que ce soldat allait lui tirer dessus.

Erreur fatale.

Stirows fut désarçonné par l'impact du laser et s'écroula sur le sol avant de mourir. Son engin s'écrasa sur les vestiges d'un Mastodonte. Aux yeux de l'Empire, Stirows avait expié ses fautes.

Il était mort pour ça.




*

* *




Une victoire facile, pensa Vergad en se frottant les mains. La flotte adverse étant arrivée au compte-gouttes durant la bataille, les forces de Devil avaient subi peu de pertes. Près du Maelström, des frégates achevèrent un croiseur qui s'approchait d'un peu trop près. Depuis le départ de Toll et du Nova, certains vaisseaux s'étaient résolus à la reddition. Mais la majorité avait préféré se faire détruire. Sans doute la peur des représailles les poussait-elle à un acte aussi stupide. Les intercepteurs du Soixante-quinzième Escadron s'acharnèrent sur un destroyer jusqu'à ce qu'un des dômes explose. Les batteries du Maelström se chargèrent alors de réduire en charpie la passerelle. Le Soixante-quinzième tourna autour d'autres cibles potentielles avant d'engager un affrontement avec des Chasseurs-TIE.




*

* *




Ervan avait paré le coup sans aucun problème.

- C'est pas avec votre pièce de musée que vous allez m'impressionner, lança-t-il en désignant le sabrelaser de Terg.

Ce dernier envoya sa lame sur l'épaule gauche du Corellien qui repoussa l'attaque et avança vers les jambes de son adversaire. Sonok recula et appuya vers le sol le sabre du jeune homme avant de tenter de l'embrocher. L'élève de Devil esquiva, passa sur le côté et fit la roue sur une main. Son pied s'écrasa sur la figure du Seigneur de la Guerre qui tituba. Ervan en profita pour viser la tête mais il fut projeté en arrière : Terg avait généré une onde choc. L'autre combattant se remit sur pied et courut vers le vieil homme. Ses attaques s'enchaînèrent, devenant une suite de coups de plus en plus rapides et puissants. Mais le maître de Devil ne flanchait pas.

Devil...

Ervan sentit la présence de son maître l'envahir. Puis il ne sentit plus rien.

- Tu t'es enfin décidé à venir, se réjouit Sonok. Ravi de revoir mon apprenti.

Dark Devil - dont l'esprit avait investi le corps du Corellien - ne dit rien.

- Tu ne prends pas trop de risques à ce que je vois, continua l'autre. Tu abandonneras comme autrefois le corps de ton élève dès que je l'aurai tué.

Le corps du jeune homme ouvrit la bouche, mais une voix s'était ajoutée à la sienne.

- Parce que vous êtes persuadé que vous vaincrez ?

- Tu vas être fixé. Assez parlé. Que le combat commence !

Et l'enfer se déchaîna. Uerel N'Las crut d'abord qu'une torpille avait atteint le centre, mais il se rappela qu'ils étaient bien à l'abri au sous-sol. Il jeta un ?il humain vers l'humain et le Ssi-ruu captifs : à l'évidence, ils étaient assez surpris de la tournure des événements. Les mains de l'intrus lançaient des éclairs mais les arcs électriques rencontraient des obstacles - leurs semblables, générés par Terg. L'air environnant commença alors à s'enflammer mais il semblait que les deux combattants étaient entourés d'une bulle protectrice.

Ce n'était pas le cas de Uerel. Aussi se réfugia-t-il derrière une console pour envisager sérieusement une idée qui lui permettrait de se tirer de ce guet-apens.




*

* *




- Dites au Flambeur de se retirer, ordonna Vergad. Il a subi assez de dommages.

- Bien, Général. Le Soixante-quinzième a nettoyé la zone autour du Prodige.

- Réduisez-le en miettes.

- L'ordre vient d'être transmis aux canonniers, Général.

Derrière le Prodige, le Falchion explosa : victime d'un croiseur Carraque. Les batteries du Maelström s'activèrent, faisant trembler la passerelle. Quelques Chasseurs-TIE osèrent s'attaquer au vaisseau amiral de Devil, une erreur monumentale qui coûta la vie à tous les pilotes de ces appareils.

Le Flambeur se plaça derrière le Maelström et continua à lancer quelques salves - bien à l'abri derrière l'imposant bâtiment de guerre. Bientôt, les forces de Terg seraient trois fois moins nombreuses que celles de Devil.




*

* *




- Terminus ! annonça le conducteur du train à répulseurs.

Sans se faire attendre, RVT-3794, son Sergent-major Neeles An'Darkyn et ses compagnons descendirent par l'escalier et suivirent les cadavres qui jonchaient le sol : Guide avait balisé à sa manière le chemin qu'il avait emprunté. Une fumée envahissait encore la salle, et ils ne pouvaient pas communiquer grâce à leurs codes gestuels.

- On reste ensemble, ordonna Neeles An'Darkyn. Je prends la tête. Je veux deux hommes pour protéger nos arrières, cinq qui s'occupent du côté droit et cinq du côté gauche. Et ouvrez...

Soudain, un droïde d'entretien surgit d'une porte. Tous les canons des commandos lancèrent une multitude de lasers sur l'infortunée machine, la réduisant en un tas de métal fondu.

- ... l'?il, finit le Sergent-major.




*

* *




Lorsque les deux combattants arrêtèrent de lancer des éclairs, N'Las put observer les traces noires que les attaques avaient laissées sur les murs. Puis il regarda un des seuls écrans encore en état. Les formes géométriques orange envahissaient le périmètre de la base, tandis que les points bleus disparaissaient les uns après les autres.

Ils perdaient.

Ce n'était qu'une question de temps, mais il savait être réaliste. Ils perdaient... et il devait sauver sa peau... et sa carrière. L'intrus et Terg étaient trop occupés pour faire attention à lui. Le capitaine prit alors son blaster et ordonna à l'humain et au Ssi-ruu de le suivre. Puis il sortit dans le couloir. Les cris et les bruits qui lui parvenaient présageaient que d'autres soldats de Devil arrivaient. Il rangea alors son blaster, leva les mains et attendit le silence. Dès que le vacarme s'atténua, N'Las hurla :

- Ne tirez pas, je suis avec vous ! Je viens vous confier ce que vous cherchez.

Un membre des troupes de choc s'avança et lui demanda :

- Qui êtes-vous ?

- Capitaine Uerel N'Las. Je travaillais pour Sonok Terg. Je sais où se trouve le vaisseau inconnu.

- Bien. Je suis le Sergent-major Neeles An'Darkyn, matricule BDM-5112. Menez-nous au vaisseau.

- Avant, je voudrais vous avertir que l'un des vôtres se bat avec Sonok Terg.

- Je suis au courant. Nous avons reçu l'ordre impératif de ne pas intervenir, rétorqua le sergent-major en brandissant son fusil-blaster vers le reptiloïde.

Ssi'karis s'était libéré de ses liens.

Il voulait s'enfuir.

Le soldat en armure blanche qui venait d'arriver était là pour lui.

Le Ssi-ruu fonça sur le commando et abattit sa queue sur le fusil-blaster. L'humain le lâcha sous la force de l'impact. Les Ssi-ruuk, avec leur musculature importante et leur cuir, avaient une morphologie plus résistante que les humains et de bons réflexes. Ssi'karis était persuadé que celui qu'il attaquait serait moins vif à cause de son armure. Mais Neeles An'Darkyn n'appartenait pas au commun des mortels. Il savait se battre même lorsque sa cuirasse entravait ses mouvements. Il abattit son pied gauche dans le ventre du reptiloïde puis son genou droit frappa la base de la queue. Le membre le fouetta au visage, le sonnant malgré le casque qu'il portait. Se remettant en équilibre, Neeles fit un salto - une performance extraordinaire pour un homme en armure -, ses pieds atteignant le Ssi-ruu en pleine tête. Lorsqu'il se rattrapa, Neeles tournoya, faucha son adversaire et enfonça son coude au niveau de la gorge de Ssi'karis qui se mit à suffoquer.

An'Darkyn en profita pour prendre appui sur un mur, sauter et abattre son talon sur la colonne vertébrale du Non-humain. Enfin, il saisit la tête de sa victime et écrasa son genou dessus. Un être humain et bien d'autres espèces auraient succombé à ces coups, mais le Ssi-ruu ne s'évanouit même pas. An'Darkyn brandit alors son echani et menaça la gorge du reptile.

Le Ssi-ruu allait se relever quand une aura bleue l'entoura.

Uerel avait utilisé son blaster pour paralyser Ssi'karis. Belvier se jeta sur son maître et se mit à siffler frénétiquement. Le Sergent-major reprit son fusil-blaster et appela ses hommes. N'Las savait maintenant qui il était. Ou plutôt ce qu'il était. Seuls les membres de la Garde Royale se déplaçaient ainsi.




*

* *




Terg intercepta l'arme d'Ervan un dixième de seconde avant qu'elle ne touche sa jambe. Sonok commençait à fatiguer, aussi fut-il pris de court lorsque le corps contrôlé par Devil posa sa main gauche sur le sol, projeta sa jambe droite en l'air - atteignant le Seigneur de la Guerre au visage -, tournoya en donnant un coup de pied puis se servit de son élan pour abattre violemment son sabrelaser.

Terg perdit son arme, aussitôt rattrapée par Ervan/Devil. Concentrant alors des éclairs de Force, il généra un rayon bleuté qui percuta le Corellien au niveau du sternum, lui coupant le souffle. Enfin, un pan de mur s'écroula sur Guide.

Satisfait, Sonok sourit et en profita pour reprendre sa respiration avant de se diriger vers le tas de débris qui recouvrait le corps de son adversaire. Le Seigneur de la Guerre commença à appeler la Force à lui et des éclairs l'entourèrent. Toute l'énergie se canalisa jusqu'à ses mains. Il allait donner le coup de grâce. Ses muscles se bandèrent, et le Côté Obscur se déversa dans la pièce, puis dans la forteresse, jusqu'à recouvrir totalement la surface de Tosnbar IV.




*

* *




Sortant d'un duel contre trois intercepteurs, Matth, toujours aux commandes de sa vedette, ressentit un profond malaise à travers la Force. Un Jedi Noir canalisait en lui toute l'énergie du Côté Obscur en se nourrissant de la peur, de la colère et des faiblesses des soldats de la planète. Ces émotions intenses créaient la partie sombre de la Force, et à travers elles, Terg avait accès à un pouvoir capable de détruire la planète. Inquiet, Katarn dirigea - contre l'avis de Coy et Neel - son vaisseau vers la tour principale de la forteresse de Sonok Terg. Il devait intervenir avant qu'il ne soit trop tard...




*

* *




Tout à coup, l'univers bascula. Une énergie encore inconnue de Terg apparut, et les morceaux de mur qui se trouvaient sur Ervan lui foncèrent dessus, accompagnés de langues de feu. Sonok en arrêta la plupart, mais un petit éclat lui creva l'oeil gauche, endommageant par la même occasion son cerveau. Le Corellien se releva, entouré d'une étrange aura. La puissance qui émanait de lui semblait incommensurable.

Terg avait rassemblé toutes les émotions menant au Côté Obscur qui existait dans le système solaire et paraissait invincible. Orgueilleux, il ne pensait même pas un instant que le jeune Ervan puisse lui résister, puisqu'en étant un disciple du Côté Obscur, il lui était désormais soumis corps et âme.




*

* *




Le sol tremblait et des éclairs zébraient le ciel, manifestations ultimes de la puissance du côté sombre de la Force. Inquiet, Katarn analysait une nouvelle fois les infrastructures de la forteresse de Terg pour vérifier qu'il ne se trompait pas. L'afflux de Force obscure se dirigeait dans les profondeurs de la base, sous la tour principale. S'il ne se trompait pas, cette tour était organisée autour d'un immense conduit d'aération qui conduisait jusqu'aux entrailles de la planète.

Il stabilisa la vedette au-dessus du puit qui était fermé par un champ protecteur.

- BDM-5112, où êtes-vous ?

- Un traître à la cause de Terg nous guide jusque dans la salle que nous avions identifiée comme le générateur de la base, répondit Neeles An'Darkyn. C'est en fait une salle secrète !

- Je sais, et Ervan et Terg se battent là-bas. Je suis au-dessus de vous, et j'ai besoin d'un accès direct. Trouvez la commande qui désactivera le champ de protection ou Ervan va se faire tuer !

- Négatif... nous ne pouvons pas déverouiller ce bouclier...

- Silence, je ne veux pas savoir pourquoi !

Matth vérifia son équipement - son sabrelaser et son blaster - puis appuya sur le panneau d'ouverture du cockpit. Il s'appuya avec sa main et se laissa tomber dans le vide, sous le regard ébahi de Coy. Il se réceptionna sur la large bordure qui entourait le champ de force, puis partit en courant, tout en hurlant des ordres à ses lieutenants.

- Attendez ici que l'issue soit ouverte ! Et tâchez de ne pas vous faire descendre... Je vais essayer d'arriver avant que cet idiot d'Ervan ne se fasse tuer !

- Message reçu, Commandant.

Le jeune Katarn empoigna le manche de son sabrelaser et découpa la grille d'un conduit d'aération, avant de se laisser tomber dans le tunnel. Il se laissa glisser contre la paroi, accélérant sa vitesse de chute grâce à la Force, tout en anticipant sa trajectoire.

Ervan, tiens bon...

Le choc fut terrible quand ses pieds rencontrèrent le bout du conduit. Instinctivement, il étendit son champ de perception et comprit qu'il avait été repéré par l'ennemi. Il prépara son blaster et son sabre, puis défonça le sol en lançant la Force. Il chuta lourdement et bondit dans les airs, s'appuyant sur une structure invisible. Ses adversaires furent surpris.

Durant son saut, Matth analysa la situation. Il se tenait face à huit scientifiques et deux escadrons de troupes de choc impériales. D'étranges lézards étaient allongés sur des tables de chirurgie. Une mousse émeraude qui semblait contenir des minéraux brillants recouvrait leur torse. Certains étaient en train d'être soigneusement disséqués alors qu'on les maintenait en vie. Avant même qu'un soldat ne presse la détente de son E-11, l'intrus tira deux salves. Les rayons traversèrent la salle d'opération et vinrent se loger dans la gorge de deux commandos. Au sol, il sauta en avant pour éviter le déluge de lasers qui s'abattit dans sa direction. Soudain, un bras armé d'un scalpel-laser s'enfonça dans son épaule, lui entaillant sérieusement l'omoplate. Le scientifique exprima sa victoire d'un cri incisif, mais il fut tué quand la lame blanche du sabrelaser traversa son torse.

Matth se releva et para les nouveaux tirs grâce à son sabre, tandis qu'il s'appliquait à viser ses ennemis. Trois nouveaux hommes tombèrent - deux soldats et un savant. Bientôt, il comprit le stratagème de ses ennemis qui se repliaient vers une coursive. Les portes se verrouillèrent, et il fut isolé en compagnie de cinq guerriers en armure.

Il fit tournoyer sa lame puis en saisit le manche à deux mains, rangeant son blaster dans son holster.

Je vous attends...

Les commandos parurent hésiter, puis ils avancèrent pas à pas vers lui, brandissant leur blaster. Le premier sortit des menottes de sa ceinture multi-fonctions, comme s'il s'apprêtait à capturer Matth. Le jeune Seigneur de la Guerre se glissa en avant, puis son sabre faucha l'air, neutralisant deux guerriers. Les trois autres hurlèrent pour se donner du courage, puis arrosèrent la salle sans aucune précision. C'est à cet instant que la situation évolua... Un Ssi-ruu se releva alors d'une des tables d'opérations. La créature siffla, jeta un regard vers la mousse qui lui recouvrait le corps et poussa un hurlement terrifiant. Aveuglé par la douleur, le reptile usa de ses griffes acérées pour terrasser les trois derniers soldats. Il tenta ensuite d'enlever la substance émeraude et pour cela, il du se lacérer le corps. Puis il remarqua enfin Matth, qui semblait beaucoup moins vulnérable que ses autres proies. Mais il ne se découragea pas. Aronass's, dont la peau verte était désormais recouverte de son propre sang, s'approcha en claquant systématiquement sa gueule...




*

* *




Ervan ne se focalisa pas sur le chaos cosmique déclenché par Sonok Terg, mais il se contenta de cerner l'homme qui se déchaînait face à lui. Car même s'il disposait de pouvoirs considérables, il s'agissait avant tout d'un être humain, et la puissance qu'il déversait se répercutait forcément sur son enveloppe charnelle.

Le jeune homme joua avec ses doigts le long des manches de ses deux sabres, puis passa à l'assaut. L'autre esquiva la première offensive, puis para la seconde tout en repoussant Ervan en arrière grâce à la Force.

Ses muscles étaient bandés au maximum, et ils étaient presque sur le point de rompre. Ses yeux jaunes brillaient telles des braises... Il n'était plus un homme, mais un esprit du Côté Obscur. Son corps ne lui obéissait déjà plus, mais il agissait sur le plan psychique en abreuvant l'esprit d'Ervan d'illusions qui devaient le désorienter.

Ainsi, le Seigneur Corellien pensait se battre contre un adversaire qui se déplaçait à une vitesse qui brouillait ses perceptions, mais en réalité, Terg ne faisait qu'influencer son cerveau.

- Tes illusions ne me font pas peur, Terg !

Sonok Terg apparut alors derrière lui, assénant un violent coup de coude dans sa nuque... Ervan s'écroula face au sol, mais l'instant d'après, il ne se trouvait déjà plus à terre. Sa lame bleue fondit sur le torse de son ennemi, et une profonde entaille y fut dessinée. Terg ne broncha pas et abattit son arme à maintes reprises dans l'espoir d'attraper son insaisissable adversaire. Terg commençait à comprendre comment l'apprenti de Devil parvenait à se soustraire à sa menace... Eteignant les deux lames, Ervan le Corellien s'était lui aussi abandonné à la Force.

Le combat prenait donc une nouvelle ampleur... Deux esprits du Côté Obscur s'affrontaient sur le plan physique grâce à leur vulgaire enveloppe charnelle... Le combat se déroulait à présent aussi bien sur le plan psychique que physique, et aucun des duellistes n'avait encore réussi à prendre l'avantage...




*

* *




Surpris, Matth recula pour analyser le comportement du lézard qui le menaçait. Celui-ci s'arrêta, se dressa sur ses pattes postérieures, puis émit un long sifflement, avant de gagner une posture à quatre pattes. Quelques secondes plus tard, d'autres Ssi-ruuk ne tardèrent pas à reprendre vie. Certains avaient une démarche pataude et manquèrent de tomber sous l'effet des sédatifs qu'on leur avait administrés. Comme Aronass's, ils étaient couverts de sang et d'une étrange moisissure purulante. Leurs blessures étaient néanmoins fermées, signe d'une étrange cautérisation qui devait sans doute être liée à cette mousse. Trois reptiloïdes à la peau brune se précipitèrent alors vers Matth, toutes griffes dehors. Les gueules bardées de dents et toutes les serres s'abattirent sur lui, ne le ménageant pas.

Il ne pouvait pas se contenter de repousser les assauts à l'aide de son sabrelaser. Aussi, trancha-t-il les membres, puis se servit-il de la Force pour étrangler ses trois adversaires affaiblis. Les horribles créatures succombèrent alors à leurs blessures...

Aronass's rugit, puis il surprit Matth quand il tira à l'aide d'un blaster volé à un cadavre de commando. Le jeune Seigneur de la Guerre plongea derrière une table d'opération, puis sonda la salle. Il découvrit que son adversaire l'avait imité. Ainsi, ce monstre se révélait beaucoup plus intelligent qu'il n'y paraissait.

- [Je ne te crains pas !] ne cessait de répéter le Ssi-ruu dans sa langue...

Il se rappelait en effet que son maître Ssi'karis, avait, des années plus tôt, massacré à mains nues Ydra Killwallen Sibwarra, une adepte de cet étrange pouvoir. Il gardait aussi en mémoire que son maître gardait sous sa tutelle le fils de cette femelle, doté lui aussi de la « force ». Ces données lui inspiraient le courage... mais pas assez pour contrer cette peur instestine de mourir sur un monde païen qui le tenaillait. Il n'y avait qu'une seule solution : il fallait fuir ! A l'aide de ses pattes postérieures, il tira à lui le corps d'un commando et lui arracha la ceinture multi-fonctions. Il se saisit des détonateurs thermiques, qu'il activa et fit rouler vers la porte...

L'explosion surprit une nouvelle fois Matth, étonné par les capacités de survie dont témoignait le reptiloïde. Il se dégagea de sa cache, blaster au poing, puis se prépara à mettre en joue sa cible. Mais il découvrit Aronass's en plein combat avec les commandos et les scientifiques qui lui avaient tendu une embuscade. Rapidement, il rejoignit le combat et utilisa son sabre pour achever les soldats et savants épargnés provisoirement par le Ssi-ruu. Le sang gicla sous les coups conjugués de l'arme Jedi et des griffes acérées. Les deux semeurs de mort combattaient dos à dos, et une fois que tous les hommes de Terg furent tués, chacun se retourna machinalement pour en terminer avec l'autre. Aronass's fouetta l'air de sa queue, et Matth tomba en arrière.

Il se ressaisit, se remit rapidement sur pied et plongea sa lame en avant, mais l'autre se révéla particulièrement agile et il évita le coup en se laissant reposer sur son appendice caudal. Prenant son élan, il lança ses pattes en avant, mais l'humain esquiva. Le Ssi'ruuk rebondit contre la paroi et fouetta à nouveau l'air de sa queue. Matth frappa avec son sabre, mais le reptiloïde arrêta son mouvement en écartant ses doigts et en piégeant le manche du sabrelaser.

Le Seigneur de la Guerre fit naître la seconde lame de son arme, puis blessa son ennemi au niveau de l'estomac. Le lézard enragea et accéléra ses mouvements, plongeant ses griffes dans l'épaule du jeune humain. Aronass's éructa quand l'autre lame blanche perfora son abdomen. Il serra son étreinte et enfonça davantage ses griffes dans l'épaule de Matth, puis tenta de parler une dernière fois, s'appliquant difficilement à s'exprimer en basique.

- Je veux ...

Quand le Seigneur de la Guerre retira sa lame, le Ssi-ruu s'écroula sur le côté. Ses yeux se fermèrent, mais il prononça ses dernières paroles.

- ... mourir sur mon monde.

- Je suis désolé, finit Matth en posant un regard sur la créature agonisante.

Il rangea alors son sabre à sa ceinture et régla son blaster sur la puissance maximale, de façon à se frayer un chemin le plus rapidement possible jusqu'à Ervan. Le combat titanesque se poursuivait, mais l'un des combattants finirait bien par s'incliner. Et Matth craignait qu'il ne s'agisse du Seigneur Corellien.




*

* *




Le jeune Ervan sembla se moquer quand un sourire en coin s'afficha sur son visage. Sa témérité était à toute épreuve, et il le prouvait. Le Corellien alluma alors les deux sabrelasers, puis les fit tournoyer en signe de défi. Terg y répondit aussitôt afin d'effacer l'incroyable arrogance dont son ennemi témoignait.

Le triumvir concentra la Force dans ses mains et attrapa les lames que Ervan s'apprêtait à abattre. Des éclairs crépitèrent sur les zones de contact, et les gants de Terg s'embrasèrent... Ses paumes en vinrent à saigner, les os de ses bras à exploser. Ervan accentuait la pression. En un éclair, il rabattit sa lame bleue en arrière, tranchant la paume de Terg, puis d'un revers, il lui coupa le bras au niveau du coude...

Sonok Terg ne recula toujours pas. Au contraire, il tira sur la lame de son propre sabre et propulsa Ervan vers lui, le cueillant au vol de son genou. Ervan éructa, mais il plongea le bout de sa lame dans l'épaule de son adversaire... Le laser traversa le corps et ressortit dans le dos, mais l'autre ne montrait toujours pas sa douleur. Le jeune Corellien retira alors son sabre et se servit de la Force pour rappeler l'autre arme qui vint se loger dans sa main. Il tournoya alors sur lui-même, et les deux sabrelaser traversèrent le corps de Terg au niveau du buste, qui se sépara du reste...

Terg se hissa sur le sol de sa main valide, puis lança des éclairs de Force d'une intensité rare. Ervan les dévia en lançant son sabre qui les repoussa. Il bondit alors et atterrit juste derrière Terg qu'il décapita sans hésitation. La tête roula sur le sol, tandis qu'Ervan éteignait les deux lames.

L'esprit de Terg était toujours présent, véritable incarnation du Côté Obscur. Sa concentration lui avait permis de se transformer en un spectre de l'ombre...

Son adversaire rangea ses armes à sa ceinture et se prépara à un ultime assaut. Au moment où le Seigneur de la Guerre allait frapper, Ervan tendit la main droite : un rayon cent fois plus destructeur qu'un turbolaser en jaillit, transformant Sonok Terg en un mauvais souvenir dans un grand éclat de lumière blanche. Le spectre se tordit de douleur... Le Côté Obscur ne s'était pourtant pas apaisé, et des tentacules sombres surgirent du néant et s'emparèrent de l'esprit de Terg, disparaissant aussi rapidement qu'elles étaient apparues dans un concert de hurlements lugubres.

Mais Ervan ne vit rien de ces horribles incarnations de l'ombre...

Après cette attaque, le Corellien s'était écroulé sur le sol. Il se sentait en paix.

Calme.

En symbiose avec l'univers.

Le contrôle de Devil l'avait abandonné au moment où cette énergie inconnue s'était révélée à lui. Qu'était-ce donc ? Il était si serein. Mais cette situation ne fut qu'éphémère. La présence mentale de Devil et la haine qui se dégageait de la bataille rappelèrent à Ervan ce qu'était le Côté Obscur. Et il redevint un Jedi Noir.

Il avait une mission à accomplir. Il devait récupérer le vaisseau inconnu.

Soudain, la porte s'ouvrit, révélant Matth, le manche de son sabre à la main... Le jeune homme esquissa un sourire quand il découvrit Ervan, puis il s'avança, l'air gêné d'arriver en retard.

- Commandant Katarn, Terg ne nous causera plus d'ennuis.

- Ervan, qu'est-ce qui s'est passé ? Terg allait détruire la planète !

- Tout est redevenu calme, non ?

- En effet.

- C'est le principal !

- Bon, allons récupérer ce foutu vaisseau !

- Reçu, cinq sur cinq, chef !




*

* *




Le Lieutenant Dale regarda le champ de bataille, satisfait. Avec l'arrivée de la troisième vague, il avait réussi à libérer un chemin pour l'acheminement de Guide et de sa cargaison.

- Message à toutes les forces de Monseigneur Terg. Je suis le Capitaine Uerel N'Las, retentit une voix sur la fréquence adverse. Chargé de la sécurité de sa seigneurie, je dois vous annoncer qu'elle est décédée. Sonok Terg est mort. Je vous recommande de cesser le combat.

Aussitôt, les trois quarts des forces ennemies au sol s'arrêtèrent de tirer, donnant l'impression d'un grand silence.

- Le petit Ervan ne s'est pas trop mal débrouillé, se réjouit Dale.

Dans l'espace, la situation était encore meilleure. Tous les bâtiments rendirent les armes à l'annonce de N'Las.

Vergad accepta chaque demande de reddition - les capitaines n'osaient pas demander une seule condition tellement leurs vaisseaux se trouvaient dans un état critique. Les As et les Massues purent rejoindre le Maelström sans encombres.




*

* *




- C'est ici, déclara N'Las en déverrouillant la deuxième porte du sas, en révélant une troisième.

Les treize commandos et le jeune homme qui disait avoir tué Terg le suivaient - ainsi que le Ssi-ruu et Sibwarra. Ervan semblait à peine essoufflé. Il était sorti de la pièce en parlant à Matth, puis avait annoncé sa victoire. N'Las avait alors demandé la reddition de la flotte. Le combat avait tourné court, car les commandos n'avaient eu le temps de désactiver seulement deux des portes blindées qui les menaient à l'emplacement du générateur principal sur les cartes.

La dernière porte que Uerel désignait s'ouvrait avec un digicode. Ervan observa les touches.

- Vous connaissez le code ? demanda-t-il.

N'Las secoua la tête.

- Ce n'est pas grave, marmonna le Corellien.

Il prit alors son sabrelaser et découpa soigneusement la paroi.

- Est-ce que cet endroit est gardé ? interrogea Neeles An'Darkyn.

- Aucune idée, avoua Uerel. Je ne suis jamais allé dans cette zone.

- D'accord. On y va doucement, ordonna le Sergent-major BDM-5112. A mon signal... allez-y !

Le capitaine de Terg et Guide restèrent sur les côtés alors que RVT-3794 donnait un coup de pied dans la paroi prédécoupée qui tomba. Le soldat plongea, aussitôt suivi par ses congénères. Enfin, Ervan entra.

A l'intérieur, une lumière forte éclairait le vaisseau ssi-ruu.

- Restez à l'extérieur ! cria le Corellien à l'adresse de N'Las qui tenait en joue Belvier et Ssi'karis.

L'engin étranger avait une forme rectiligne. Le plafond de la salle devait pouvoir s'ouvrir, à moins que les hommes de Terg n'aient démonté puis remonté le vaisseau à l'intérieur. Dans ce cas, leurs plans seraient très utiles à Ervan. Ses pensées furent interrompues par un éclat mécanique. Un droïde assassin apparut et arrosa le Jedi Noir. Un deuxième fit son apparition et fut pris en charge par les commandos, mais il aligna RVT-3794 qui fut promis à l'Honneur Suprême : mourir pour son Empereur.

Une grenade suffit à neutraliser la menace mécanique. Quand à Ervan, il réussit à s'approcher suffisamment pour couper la tête de l'autre.

- Fouillez les environs, nettoyez-moi la zone et faites gaffe ! aboya BDM-5112.

Rapide comme l'éclair, il pénétra à l'intérieur de l'appareil.

Personne.

Rejoint par Guide, il entreprit de faire un peu de reconnaissance. Neeles remarqua l'absence de fauteuils devant les consoles et vit des sièges étranges - apparemment destinés aux humains - munis d'entraves. Il activa son comlink.

- Sergent-major BDM-5112, nous l'avons, annonça An'Darkyn.

- Bien compris, répondit Dale.

Soudain un grand bruit se fit entendre dans le hangar : un des commandos avait trouvé la commande d'ouverture du plafond. Des portes métalliques grondèrent et rentrèrent dans les parois de la tour. Au-dessus s'étendait un conduit vertical de plusieurs centaines de mètres, recouvert par un champ de protection qui se désactiva lui aussi.




*

* *




Une fois le champ d'énergie disparu, Neel fit atterrir la vedette « Anti-rayons » à côté du vaisseau ssi-ruuvi. Il félicita Ervan pour sa victoire contre Terg et inspecta le vaisseau en sa compagnie.

- Alors nous nous sommes battu pour ça ? fit Coy, fatigué par la bataille.

Ce fut Matth qui répondit.

- Pour ça, oui. Et pour la Gloire de notre Empereur.

Dark Devil rejoignait la passerelle du Maelström. En une heure, des navettes évacuèrent le personnel de la base qui s'était rendu - en majorité des scientifiques - et les forces au sol. L'appareil des Ssi-ruuk fut amené à bord d'un destroyer Victoire.

Au terme de ces soixante minutes, cinq autres destroyers Victoire - munis de missiles à concussion - se placèrent dans les hautes couches de l'atmosphère et bombardèrent le quartier général de Sonok Terg. Puis leurs batteries de turbolasers achevèrent le travail. En un quart d'heure, la base de Tosnbar IV disparut. Elle n'était plus qu'un gigantesque cratère noyé sous des mètres cubes d'eau.

CHAPITRE XVII: Incompréhension
Le Conseil de Sécurité se trouvait une nouvelle fois réuni dans la chambre du Sénat, afin de débattre de la situation alarmante des derniers jours. Les proclamations du peuple contre l'intégrité du Sénat et du Conseil mettait en danger l'ordre sur Bakura. A cela s'ajoutait l'apparition d'une mystérieuse faction terroriste qui avait commis son premier attentat quelques jours auparavant.

Les membres de l'assemblée semblaient consternés par cette réunion extraordinaire qui visait à rassurer la population. Le premier point traité concernait la cérémonie qui serait organisée en mémoire des Bakurans tombés lors de l'assaut des envahisseurs non-humains. Le second était en train d'être débattu, et était autrement plus important : il visait à approfondir l'enquête quant à la Faction Imperium et la provenance de ses armes.

Blaine Harris, soutenu par le sénateur kurtzen, reprit la parole :

- Mes hommes ont découvert que les explosifs utilisés par le terroriste proviennent de Corellia.

- Comment vos enquêteurs peuvent-ils être aussi sûrs de leurs conclusions ?

- L'alliage utilisé par le kamikaze a été élaboré et volé il y a à peine quelques semaines par un groupe inconnu sur Corellia. Il s'agit d'un armement expérimental conçu par l'Empire.

- Bien. Pensez-vous qu'il existe un lien entre la Faction Imperium et ce groupe corellien ?

- Je n'écarte pas cette hypothèse. Mais la sécurité de Corellia n'est pas de mon ressort. La CorSec a cependant décidé de partager ses informations avec mon bureau. Selon eux, l'explosif a été mis aux enchères et acheté par un Hutt, dont l'identité n'a pu être saisie. Mais si l'explosif s'est retrouvé sur Bakura, on ne peut écarter l'hypothèse qu'il s'agit du vieil hutt qui travaille à Salis'D'aar.

- Nous savons très bien que les Hutt versent dans le crime organisé, mais cela m'étonnerait de la part de Tseuma. Je vous rappelle qu'il fait partie de la Société de Bakur, avança Virecott de Salis.

- Bien entendu, mais les Familles n'ont pas toujours ?uvré pour le bien de Bakura. Je vous rappelle que les querelles entre les Arden, De Salis et Cundertol ont cessé il y a à peine plus de vingt ans. Et à cette époque précisémment, Tseuma importait les armes des De Salis et des Cundertol.

- Inutile de nous rappeler le passé, fit Jan de Salis. Nous connaissons tous ici l'histoire des Familles de la Société de Bakur.

- Je ne souhaitais affecter aucun d'entre vous, mais je rappelais que Tseuma le Hutt a peut-être repris ses activités, pour le compte d'un groupuscule fanatique de l'Empire.

- Je pense qu'une enquête sur les activités du Hutt permettrait de laver ces soupçons, fit Orn Belden.

- Tous les transports de marchandises seront arraisonnés et fouillés de fond en comble dès leur entrée dans le système. Quant au repaire du Hutt, je vais l'investir avec quelques hommes en lui exposant la situation, ajouta le Ministre de la Défense.

- Si l'enquête ne nous oriente pas plus, il faudra envisager d'autres solutions... et s'intéresser aux autres transporteurs de Bakura, à commencer par ceux de BakRep. Puis seulement ensuite, nous pourrons nous pencher sur les particuliers qui ont quitté Bakura ces dernières semaines.




*

* *




Flânant dans les rues de Salis D'aar à l'heure où il avait habituellement cours, Max réfléchissait sur le fonctionnement du gouvernement bakuran. Il y avait déjà eu tant de grèves cette année scolaire qu'il passait plus de temps chez lui qu'à l'école. Heureusement, les cours quotidiens prodigués par le droïde C-9PO lui permettaient de ne pas prendre de retard, d'autant plus que son caractère rêveur le faisait souvent s'évader pendant les heures de cours qui lui semblaient interminables.

Ces derniers jours avaient été particulièrement agités. Et ces événements prenaient place en l'absence de son père, parti pour ses affaires. Il s'agissait de sa plus longue absence depuis que Max avait été adopté, mais il savait que Lebad songeait chaque jour à lui, et leur connection au travers de la Force leur permettait de savoir que tout allait bien pour l'autre.

Le jeune garçon marchait au hasard des rues, se fiant à ses pouvoirs pour se diriger vers la maison des Guile. Pendant sa promenade, il écoutait ici et là les discussions des personnes qui écumaient le marché. Apparemment, la population semblait agitée, et elle criait volontiers que le gouvernement leur cachait des choses. A propos de cet astéroïde, auquel personne ne croyait, et surtout au sujet de l'attentat et de la présence « fortuite » des Impériaux quelques jours plus tôt.

Max se doutait, comme les autres, que les mensonges véhiculés étaient destinés à cacher des problèmes plus graves. Une rumeur circulait déjà sur l'HoloNet qu'une guerre intestine rongeait le ConInt, et que les systèmes subordonnés aux triumvirs étaient soumis à un nouveau partage. Le service de contre-espionnage interne reposait sur le binôme antinomique, jouant du secret de son organisation, et de la publicité des résultats. Si l'on se fiait à ce principe, cette guerre intestine dépassait le stade de simple rumeur.

Les yeux tournés sur le ciel, Max se fiait à la Force pour trouver son chemin, quand bientôt, un flocon de neige vint fondre sur sa joue. Il frissonna, puis vit bientôt que tout le paysage autour de lui était couvert de neige, voire même de glace. Etrangement, il ne ressentait pas le froid. L'environnement lui paraissait flou, si bien qu'il n'était même plus sûr de se trouver sur Bakura.

Aussi, il s'arrêta, cherchant à comprendre la logique de cette réalité onirique. Tout semblait encore une fois lié à ses mystérieux rêves, ces rêves qui le hantaient chaque nuit, et qui devenaient de plus en plus fréquents la journée. Son père lui avait expliqué que tout cela était lié à sa connection spéciale dans la Force, mais Max ne comprenait pas d'où venaient ses visions.

Bientôt, tout son corps fut paralysé, et ses jambes ne le portaient plus. Aussi, il s'écroula, ses genoux éclatant au contact des pierres sur le sol. Le sang coula, se mêlant à la neige qui perdit de sa pureté au contact du fluide écarlate. Max retint ses larmes pour lutter contre la douleur intense. Il serrait les dents, mais il ne pouvait plus bouger aucun de ses membres, comme s'ils étaient figés dans la glace.

Puis il rouvrit les yeux, et commença à distinguer une silhouette sous le miroir du sol. Un visage?




*

* *




- Le Ministre de la Défense nous a confié de nouvelles directives, fit Jaen Sacque en inspectant le rang de ses hommes.

Tous étaient alignés, leur uniforme impeccable. Et tous affichaient une mine grave, en raison de la perte de deux de leurs camarades lors de l'affrontement avec les Non-humains.

- Nous devrons procéder à l'identification et à la fouille de tout transporteur destiné à la firme d'import-export dirigée par Tseuma le Hutt. Nous devrons nous montrer on ne peut plus prudents, les cargaisons de ces navires étant peut-être constituées d'armes illégales et hautement dangereuses. Pour préserver l'unité du groupe, je n'ai pas encore choisi les remplaçants de Tainer Bylon et de Melan Cundertol. Pour honorer leur mémoire, je veux que vous donniez le meilleur de vous-même. Des questions ?

Une main se leva, et un homme sortit du rang.

- Knars ?

- Comment serons-nous avertis de l'entrée dans le système des vaisseaux en question ?

- Excellente question. Nous travaillerons pour cela en étroite collaboration avec les stations impériales Gardes, qui nous alerterons après avoir procédé à l'identification des vaisseaux en question. Les navires de Tseuma ne sont qu'au nombre de sept, nous ne devrions pas être trop occupés.

- Pourquoi travaillions-nous avec les Impériaux ? argua Knars.

- Je vous rappelle qu'un accord a été signé à la fin de la Guerre des Familles, et l'Empire a alors acquis un droit de regard sur les activités de Bakura, tout en nous concédant notre neutralité.

- Oui, mais ne trouvez-vous pas que cela fait beaucoup d'Impériaux qui rôdent dans le coin ces derniers temps ?

- Le problème n'est pas là, et nous ne devons pas discuter les décisions du Conseil de Sécurité. Ce n'est pas notre rôle. Nous devons obéir aux ordres sans les discuter. Est-ce une chose que nous parvenez à saisir, Knars ?

- Tout à fait, Capitaine.




*

* *




Max ne put distinguer clairement ce que la vision semblait lui montrer, et le visage s'effaça. Comme le reste du rêve? Il reprit ses esprits en pleine rue. Son pantalon déchiré. Les genoux écorchés et sanglants. La douleur se faisait de plus en plus insistante, mais il parvint à se relever. Cependant, son drame n'était pas passé inaperçu, car la foule était tournée vers lui, et deux jeunes femmes s'approchaient pour l'aider.

Les yeux larmoyants, Max se débattit pour se soustraire à leur intérêt, et il partit en courant malgré ses blessures. Il courait aussi vite qu'il le pouvait, mais rien ne semblait pouvoir l'éclairer sur sa malédiction. D'étranges visions l'assaillaient depuis sa plus tendre enfance, et elles devenaient de plus en plus fréquentes, de plus en plus longues et mystérieuses.

Le jeune garçon arriva alors devant la demeure des Guile, et il sonna à la porte. Son meilleur ami Mot lui ouvrit, découvrant Katarn affaibli.

- Max ? Que t'es-il arrivé ?

- Je suis tombé?

- Vas-y, entre. Je vais te soigner tout ça. Je dois avoir des bandages au bacta quelque part.

Mot ferma la porte derrière Max?




*

* *




- La station Garde I vient de m'avertir : l'Ewok danseur et le Passeur d'Etoiles viennent de quitter l'hyperespace à l'entrée du système il y a quelques minutes. Ils arrivent au niveau d'Arden et se rapprochent de Bakura, fit Jaen Sacque en ajustant son unité de transmission.

Les dix Z-95 filaient dans l'espace en formation, créant un « V » qui semblait vouloir percer l'encre de l'espace.

- Knars, vous prenez la direction du deuxième groupe et vous vous occupez du Passeur d'Etoiles. Je me charge avec le mien de l'Ewok Danseur.

- Reçu cinq sur cinq, Capitaine. Vous croyez que le pilote de votre vaisseau est un Ewok, cap ?

- Très drôle, Knars. Occupez-vous de votre engin, nous en discuterons plus tard?

- Ok, je cède. Alors voyons voir les informations données par l'astroport : le Passeur d'Etoile, vaisseau de classe Starviper conçu par MandalMotors, modifié par le Capitaine Roviden Belden pour le transport de namana. D'accord, vous avez entendu, les gars. Si vous découvrez des grains de namana en forme de blasters, vous me prévenez.

- Knars, je vous somme d'arrêter votre humour stupide? ajouta Majt ironiquement.

- Oui, chérie. Allons-y.

Les cinq Chasseurs de Tête progressèrent à vive allure vers l'engin, Knars cherchant la fréquence adéquate pour transmettre son but à Roviden Belden, le pilote du vaisseau?

- Ici Délivrance Trois, escadron de la sécurité de Bakura. Nous avons ordre d'arraisonner votre navire et de procéder à une inspection de vos marchandises. Il s'agit de la sécurité de système stellaire.

- Ici Roviden Belden, Capitaine du Passeur d'Etoiles. Vous avez l'autorisation de vous posez dans les hangars du vaisseau, fit une voix particulièrement assurée.

- Nous vous remercions de votre coopération.




*

* *




- Tu ne t'es pas raté, Max?

L'autre ne répondit pas, songeur.

- Après ma blessure pendant le dernier entraînement de grav-ball, et la tienne maintenant, je crois que l'équipe est perdue.

- Tu rêves ? Je ne déclare pas forfait pour une blessure aussi minable.

- Ca ne m'étonne pas de la part de Max le Casse-cou. Mais sur ce coup-là, c'était plutôt Max le Rêveur, comme t'appellent tes professeurs.

- Seul ton père m'appelle comme ça.

- Mais mon père est un de tes profs, répondit Mot en souriant. Sérieusement, comment t'as fait pour te blesser comme ça ?

- Je te l'ai déjà dit. Je suis tombé.

Max semblait agacé par les remarques, et Mot sentit la tension s'installer entre eux. Aussi, il laissa tomber, et appliqua le bandage sur la blessure de son ami. Katarn grinça des dents, et une expression tendue mina son visage.

Papa? quand reviens-tu ?




*

* *




Le Z-95 Chasseur de Tête de Jaen se posa à bord de l'Ewok Danseur. Les cales étaient immenses, et permirent à un coéquipier de Jaen de l'imiter sans problèmes. Ayant relaché les gaz et éteint les moteurs de leurs chasseurs, les deux membres de l'Escadron Délivrance quittèrent leur cockpit pour rencontrer le pilote du vaisseau arraisonné. L'homme en question se nommait Marnov. Les cheveux noués sur le côté, il portait de larges lunettes aux verres rouges, dont certains se servaient quand ils pilotaient une motospeeder. Ce qui frappa l'esprit de Fireud fut le bras et la jambe droite du pilote, qui avaient été remplacés par des prothèses mécaniques. Néanmoins, ces membres artificiels ne semblaient guère gêner Marnov dans l'appréhension de son environnement. Il maîtrisait les extensions de son propre corps à merveille, sans doute le fruit d'une longue adaptation?

Le pilote serra la main de Jaen qui retira son casque afin de le passer sous le coude.

- Bienvenue à bord de l'Ewok Danseur, messieurs. Je suis le Capitaine Marnov, responsable de ce batiment. Que puis-je pour vous ?

- Bakura a été victime ces derniers jours d'un attentat impliquant des armes volées dans le secteur corellien, et importées dans notre système. Nous avons reçu ordre d'arraisonner tous les navires venus de l'extérieur du système.

Fireud admira le sang froid de son supérieur qui était parvenu discrètement à calmer le doute de Marnov, en précisant que tous les bâtiments étaient fouillés, ce qui n'était que pur mensonge.

- Cela ne me pose aucun problème. Mes activités pour le compte de Tseuma le Hutt sont totalement légales.

- Si vous le dites, rétorqua Jaen. Nous allons donc procéder à la fouille de toutes vos marchandises.







*

* *




Roviden nettoyait la chambre d'hyperpropulsion en attendant que la fouille des caisses soit terminée. Les mains souillées par la suie, il ne perdait pas son temps et s'avançait sur le planning qu'il s'était fixé à son retour pour Bakura. Ainsi, il pourrait passer plus de temps auprès de sa famille.

Soudain, le ton des voix qu'il entendait monta, et une rixe sembla éclater. Il sortit de son compartiment et marcha rapidement jusqu'au lieu de l'affrontement? déjà, les blasters étaient levés.

- Que se passe-t-il ?

- Capitaine Belden, nous venons de trouver des explosifs dans vos cales. Ainsi que des armes en provenance de Corellia. Que signifie donc cela ? fit Knars en tenant l'appareil qui lui permettait de scanner chacune des caisses.

- Ordonnez-leur de dégager de notre bord, Capitaine, fit l'énorme Talz copilote de Roviden.

- Silence, Despree. Lieutenant Knars, je ne crois que tout ceci est une méprise. Nous ne sommes que des transporteurs, comme les autres pilotes de Tseuma le Hutt. Notre job consiste à livrer un colis, quel qu'il soit, sans demander de précision au client. S'il y a des mecs qui achètent des armes sur Bakura, cela concerne plutôt la politique intérieure de notre planète, pas les transporteurs.

- Transporteur ? Ceci ressemble plutôt à de la contrebande. Vous avez échappé à la CorSec, mais vous ne nous échapperez pas.

- Qu'allez-vous faire ? Nous arrêter ? ricana Roviden en voyant que les cinq membres de son équipage les braquaient lui et Majt.

Despree s'agita.

- Rov, nous avons une communication urgente qui vous attend sur l'unité com du cockpit. Il s'agit du Capitaine Sacque.

- Despree, diffusez-nous cette transmission? je pense savoir de quoi il s'agit.

« Knars, Majt. L'opération est annulée? Je vous donne l'ordre de laisser ces transports passer. »

- Quoi ? Mais vous êtes dingues ? Nous venons de trouver des armes !

« Opération annulée. Ne discutez pas mes ordres. »

- Compris Capitaine, rétorqua Majt, grisée.

- Capitaine Belden, vous avez bien de la chance. Sans doute est-ce lié à votre cher papa, monsieur le Doyen? fit Knars, cynique. Retournons à nos vaisseaux, chérie.

CHAPITRE XVIII: Les Heures Sombres
Avec l'appui indispensable de Dol Captison, Aaron était parvenu à trouver un petit appartement qu'il finissait d'aménager, des meubles lui ayant été prêtés par la famille de Gaeriel. L'homme était pensif, tout en sortant machinalement ses livres de sciences pour les entreposer soigneusement dans la bibliothèque.

- Je savais que j'aurais dû me contenter de manuels digitalisés, dit-il à voix haute. Mais je n'en fais toujours qu'à ma tête, termina t-il en se laissant tomber sur le matelas qui s'affaissa sous le poids.

Il lui était impossible de se concentrer, car il savait qu'il devait apprendre la nouvelle de la mort de Dana Guile à sa famille avant qu'elle ne l'apprenne par le hasard. Cependant, cette annonce devait se faire dans une certaine solennité, afin de montrer qu'il soutenait As et Mot dans leur douloureuse épreuve. Sa souffrance de perdre une amie était minime à côté de la leur? et pourtant, il devait en permanence se retenir de verser des larmes en songeant à toutes les épreuves passées avec Dana. C'était d'ailleurs Aaron qui l'avait présenté à As quand ils étaient jeunes et étudiaient sur Bakura. Cela s'était produit quelques semaines avant la Guerre des Clones, avant le départ d'Aaron pour Coruscant. Puis il était allé à l'Académie Impériale une fois l'âge minimal atteint.

Finalement, il chassa ces souvenirs quand il entendit son estomac gronder, accablé par la faim.

- Pas la peine de grogner, se dit-il, tu as une chose bien plus importante à faire, et tu vas y aller de ce pas !

Quand il ouvrit la porte, il vit que le crépuscule tombait déjà, et que le soleil n'était plus qu'un trait lumineux sur l'horizon?




*

* *




Malgré l'heure tardive, Jaen Sacque travaillait encore. Il se trouvait dans son nouveau bureau, où il examinait les candidatures des personnes censées combler les places laissées par les deux pilotes victimes de l'attaque sur Bakura et par la démission de Blaine Harris. Il pensait qu'il aurait du mal à trouver des hommes assez bons, mais il avait déniché des jeunes gens qui avaient suivi des entraînements sur diverses planètes du Noyau. En tout, cinq personnes avaient retenu l'attention du nouveau commandant de l'Escadron Délivrance.

Cinq candidats possibles, trois places libres...

Il allait devoir faire un choix, ou se baser sur d'autres critères. Le meilleur des aspirants travaillait pour la police de Salis D'aar et côtoyait les membres de l'Ecole de Salis D'aar Sud, il était donc plutôt dans le camp des loyalistes. Jaen savait qu'il y aurait des problèmes avec Knars et Majt, les deux « rebelles » de service, qui ne cachaient pas leurs sentiments quant à la prise de pouvoir de l'Empereur Palpatine.

Il fallait du sang neuf dans cet escadron, et pas de jeunes impertinents. Il était temps de balayer les restes de cette Société de Bakur morte et d'instaurer un peu d'ordre, afin de gagner en efficacité. Sacque voulait des hommes obéissants, réactifs et prêts à tout.

Cinq candidats, trois places...

Mais après tout Jaen était le nouveau Capitaine. Et il pouvait faire les choix qui lui semblaient le plus judicieux pour Bakura. Blaine Harris était justement fort occupé à revoir la défense de la planète. Il fallait bien commencer par appliquer les réformes, et Sacque pensait que son escadron pouvait faire figure de précurseur. Dans ce cas, il n'avait pas d'autres solutions que de relever Knars et Majt de leurs fonctions.

Cinq candidats, cinq places : le problème était réglé.




*

* *




Max avait finalement passé toute l'après-midi chez Mot. Il s'apprêtait à partir lorsque l'intercom retentit. As Guile alla ouvrir et Max put l'entendre parler :

- Entre, Aaron, qu'est-ce qui t'amène ?

- Des mauvaises nouvelles, annonça l'autre d'un ton particulièrement grave.

Le jeune Katarn déboucha devant l'entrée et salua le scientifique.

- Aaron, je te présente Max Katarn, le fils de Lebad Katarn. Max, voici le Docteur Lane.

- J'ai déjà aperçu son père. Bonjour Max, fit-il en serrant la main du garçon.

Soudain, il s'arrêta. Au moment où il toucha l'enfant, il ressentit une étrange sensation. La même chose se produisit de l'autre côté. As Guile ne sut que faire en voyant ces deux personnes se fixer mutuellement alors qu'elles avaient un regard vide.

Ce que Max put entrevoir, ce fut d'abord une légère perturbation de la Force, mais le phénomène ne s'arrêta pas là. Des grésillements sourds et des gargouillis lui parvinrent. Il lui fallut attendre ce qui lui parut une éternité avant de retirer sa main, de reprendre ses esprits et de dire avec une voix tremblante :

- Enchanté, Docteur Lane.

Mot débarqua et la conversation reprit.

- Alors, Aaron, que voulais-tu me dire ?

- As, Mot, ça vous concerne tous les deux. Il y a eu un accident sur la station. Vous êtes au courant, pour l'aérolithe ?

Les Guile hochèrent la tête. Max resta immobile, sentant que la suite n'allait pas lui plaire.

- Des débris ont atterri sur le complexe, et ont détruit un réservoir d'oxygène. L'explosion a causé plusieurs blessés graves, puis nous avons commencé à manquer d'air. Dana me suivait, nous nous dirigions vers le sommet de la station, mais l'incendie avait ravagé les fondations. Une partie de la station s'est écroulée, je suis le seul à avoir survécu? et il s'en ait fallu de peu, si les secours n'étaient pas arrivés?

Un silence suivit. Mot serra les poings et As baissa la tête.

- Je suis désolé As, s'excusa Aaron.

Ce dernier releva les yeux, découvrant un visage embué de larmes.

- J'apprécie que tu sois venu me l'annoncer?

- J'aurai aimé faire plus?

Lane et Katarn virent les Guile se fixer et leur tourner le dos. Devant la tristesse de son ami, Max dut se mordre les lèvres pour ne pas craquer. Puis il fixa le porteur de la nouvelle avec colère. Ce dernier l'invita implicitement à parler dehors, aussi quittèrent-ils le foyer de la défunte Dana, laissant son mari et son fils faire leur deuil.

- Vous leur avez menti ! lâcha l'enfant une fois qu'ils furent assez éloignés.

- Tu maîtrises bien mieux cette « Force » que moi, jeune Katarn. C'est ton père qui t'a entraîné ?

- Ne changez pas de sujet ! Nous reviendrons plus tard à ce que nous avons ressenti à notre premier contact, mais vous n'avez pas été franc avec eux.

- La vérité, dit calmement le scientifique. Je n'ai pas le droit de la dire ! vociféra-t-il. Et elle serait trop dure à accepter.

- Que voulez-vous dire ?

- Ce n'est pas un aérolithe qui s'est écrasé sur la station. Un vaisseau étranger s'est crashé à proximité, et nous sommes allés l'inspecter. Des Non-humains nous ont tués un à un.

- Et comment vous en êtes-vous sorti ?

- J'ai combattu, utilisant mes maigres capacités. Les membres de cette espèce sont résistants, mais ils ont le sang chaud, ce qui m'a donné assez de répit jusqu'à ce qu'un groupe d'Impériaux n'intervienne, me largue sur Bakura et reparte. Je suis tenu au secret, aussi je compte sur ta discrétion, jeune Katarn.

- Vous pouvez me faire confiance, Docteur Lane.

Max lui tourna le dos et s'en alla alors qu'Aaron montait dans son speeder, un véhicule sportif rouge métallisé. Lane, malgré ses maigres capacités, sentait que le jeune Katarn nourrissait une certaine méfiance à son égard, et il avait raison. Il n'avait pas été sincère avec les Guile au sujet de la mort de Dana, mais il était tenu au secret. Cependant, en révélant la vérité à Max, il espérait que celui-ci lui ferait plus confiance.

Le jeune Max n'osa pas approcher des Guile. As prenait son fils dans les bras et ne disait rien. Les deux devraient être assez forts pour supporter cette triste nouvelle. Lui n'avait plus qu'à espérer que son père reviendrait bientôt.




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Pendant la nuit, Salis D'aar fut plongée dans l'obscurité totale. Toutes les lumières avaient été éteintes, signe de deuil national. De l'espace, la capitale, imitée par la plupart des autres cités de la côte sud-ouest du continent Prytis, apparaissait comme une gigantesque tache noire. Ce geste de solidarité se voulait important, car le reste de l'année, ces villes étaient illuminées selon un code strict : le centre était éclairé de lumières bleues pâles, le second cercle de lumières jaunes, et la banlieue de lumières d'un rouge profond, si bien que cette face de Bakura faisait l'objet de la convoitise des touristes qui empuntaient des vols spatiaux afin de voir ce spectacle de leur propres yeux. Si cette attraction n'attirait que des Bakurans, elle se répandait néanmoins parmi les habitants des autres planètes du système, si bien qu'une compagnie nommée Arc-en-ciel en avait fait son fond de commerce. Régulièrement, elle organisait des vols afin de faire découvrir ce spectacle magique.

En ces heures sombres, la magie n'exerçait cependant plus de pouvoirs? Des gens étaient morts, et la planète était plus obscure que jamais.

Une nuit d'encre imprégnée du sang de dizaines de victimes innocentes recouvrait la capitale?




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La matinée se voulait particulièrement capricieuse, annonciatrice des heures sombres. Le temps était orageux, comme l'humeur de la population de la capitale. Une annonce avait été faite dans la nuit sur le canal médiatique principal, annonçant les noms de toutes les victimes du mystérieux incident. La plupart des familles avaient ensuite assailli le Complexe bakuran, cherchant des réponses qu'ils n'obtinrent pas. Afin de calmer les foules, Dol Captison, Ministre du Culte, avait rapidement saisi le problème, et organisé une cérémonie funèbre destinée à faciliter l'acceptation du deuil.

Aux premières heures, le pilote de l'Escadron Délivrance appelé Knars sortit, furieux, du bureau de Jaen Sacque.

- Capitaine de mes ... vociféra-t-il avant de voir Majt, qui attendait devant le bureau.

- Toi aussi, tu es viré, réalisa-t-elle.

- Oui, et va savoir pourquoi !

- J'ai ma petite idée là-dessus, vu que nous sommes les deux seuls concernés. Mais s'énerver ne servira à rien. Il faut aller se plaindre plus haut.

- Où veux-tu en venir, ma petite Majt ?

- Après tout, Blaine Harris a beau avoir quitté l'escadron, commença la jeune femme, il reste notre Ministre de la Défense, et par conséquent le Commandant en chef de l'armée bakuranne. Nous savons qu'il a notre sympathie, alors...

- Alors on va lui expliquer ce que fait son remplaçant, continua Knars.

- Gagné ! Allez, suis-moi, et reste calme surtout.

- Non. Tu oublies la commémoration de ce soir.

- C'est vrai. Tu as raison, mais j'ai encore du mal à réaliser ce qui s'est passé. Dire que deux de nos collègues ont disparu. Deux de nos frères... Nous aurions pu être à leur place !

- Resaisis-toi. Si tu le souhaites, nous irons au Mémorial ensemble...




*

* *




Trempé jusqu'aux os, Max se faufila au milieu de la foule réunie au c?ur du Mémorial de Bakura. Il portait un costume noir impeccable qui s'accordait parfaitement avec l'ambiance sombre qui régnait en ce jour de deuil national. Parvenu au premier rang, il reconnut les Prêtres de l'Equilibre du Cosmos, qui se tenaient devant l'Autel des Disparus, un monument massif constitué de trois immenses blocs de quartz, associés à un incident qui avait tué huit mineurs lors de l'établissement des colons. Il s'agissait d'une structure de deux « murs » qui portaient un tablier. En-dessous de celui-ci, vingt-quatre bougies étaient allumées. Ces bougies de cire bleue pouvaient brûler malgré la pluie en raison de leur composition chimique, qui expliquait aussi pourquoi les flammes étaient teintées de vert. Chacun des cierges s'était vu graver en aurabesh - la version écrite du langage basique - le nom du défunt qu'il était censé symboliser.

Le choix du lieu de la commémoration avait posé problème quelques heures plus tôt. En effet, Dol Captison, Ministre du Culte et Grand Théocrate de Bakura souhaitait, avec l'appui de certaines familles pieuses, que tout se déroule à l'intérieur du Cosmotemple, mais Orn Belden et le Premier ministre s'y étaient opposés, argumentant que certains défunts n'étaient pas affiliés à l'Equilibre du Cosmos, religion majoritairement représentée sur Bakura.

Les Prêtres de l'Equilibre du Cosmos étaient vêtus de gris, arborant dans leurs mains un chapelet de perles noires et blanches, associées à un médaillon représentant le blason du culte : un carré séparé en deux par une diagonale allant vers la droite, la partie supérieure du symbole étant blanche, l'autre noire. Parmi les prêtres, Max distingua Dol Captison. Les cinq prêtres levèrent les mains vers le ciel, brandissant leur médaillon pour invoquer les puissances cosmiques, puis Dol, le Grand Théocrate, se démarqua de ses confrères.

La cérémonie débuta par un discours. La pluie tombait, mais n'ébranlait en rien l'émotion qui régnait dans l'assemblée. Le Sénateur Doyen Belden se tenait droit, faisant face aux familles désemparées par la mort de leurs proches, et présidait les membres du Conseil de Sécurité installés sur la droite.

Dol Captison éleva la voix, et son assurance troubla certaines mères de famille, surprises qu'il ne laisse transparaître aucune émotion. Cependant, il s'agissait là de son métier, et il ne devait pas montrer que la crise l'affectait. Comme son frère Yeorg Captison, Premier ministre, il devait gérer la détresse des Bakurans.

- Nos frères sont morts. Ils ont donné leur précieuse vie pour protéger les autres. Pour protéger les nôtres. Pour défendre le rêve d'une Bakura libre et paisible. Vous êtes morts. Il s'agissait là de votre destin, imaginé par le Pancréateur. Vous nous manquerez. Vous étiez uniques, irremplaçables. Vous étiez les piliers de l'équilibre cosmique, mais le chaos a imposé sa volonté et rompu cet équilibre. Vous ne disparaîtrez pas de nos c?urs ou de nos pensées, votre aura sera toujours sur Bakura pour nous protéger, vous, qui avez donné votre vie. Vous, qui disparaissez en héros.

A cet instant, Dol leva les mains vers le ciel et brisa un collier de perles blanches et noires, symbole de l'Equilibre du Cosmos. Les perles roulèrent sur le sol et partirent dans différentes directions. L'acte était symbolique de la rupture d'harmonie engendrée par la mort de proches.

Max fut assailli par le Côté Obscur. Les énergies négatives étaient très présentes. La détresse, la tristesse, la colère se manifestaient. Toutes les tristes pensées se matérialisaient et conféraient plus de poids à l'obscurité. La vision du jeune garçon s'obscurcit et bientôt, tout devint gris, avec les silhouettes noires qui se distinguaient. Il tomba à genoux, dans une flaque, et perdit connaissance quelques instants. Cependant, la Force l'appela, et il rouvrit les yeux. Une aura blanche se distinguait parmi les ombres. Max chercha son propriétaire et découvrit qu'il s'agissait d'Aaron Lane.

Le problème était que lui aussi ressentait de sombres émotions, alors pourquoi de la lumière émanait-elle de lui ? La question restait en suspens.

Max rouvrit les yeux et découvrit avec stupeur que la cérémonie était arrêtée. Mot l'appelait pour le réveiller, et il l'aida à se lever.

Yeorg Captison fit alors signe à Dol de poursuivre, tandis que Mot s'éloignait avec Max et que la foule s'écartait.

- Que s'est-il passé, Max ?

- Je ne sais pas... Un malaise, ou un truc dans le genre...

En découvrant les yeux embrumés de son ami, le jeune Katarn prit conscience du malheur qui frappait Mot et son père.

- S'il te plaît, Mot... Retourne dire au revoir à ta mère... Laisse-moi, ça va mieux.

- Merci, Max...

Le jeune garçon se retourna et vit son ami qui regagnait sa place, se serrant contre son père, touché par la même tragédie. A cet instant, il vit Lane qui regardait dans sa direction. L'aura avait plus ou moins disparu, mais la sensation était toujours étrange.

Le visage d'Aaron semblait d'ailleurs tout aussi troublé...

Lane était fier de se retrouver enfin aux côtés de Gaeriel, mais il aurait préféré que ce soit en de meilleures circonstances. Il n'était pas tranquille, une impression étrange lui embrumant l'esprit. La source de son mal-être restait indéterminée... Il s'agissait peut être d'une simple crise d'angoisse. Les causes pouvaient être diverses, étant donné les étranges événements qui agitaient Bakura depuis quelques semaines.

Les gardes des différents ministres, sénateurs et autres conseillers s'agitaient autour du parc. Il s'agissait d'empêcher à tout prix la Faction Imperium d'agir. D'ailleurs, la situation faisait sourire Jaen Sacque, qui était au premier rang, afin d'honorer les membres de l'Escadron Délivrance disparus.

Aaron remarqua d'ailleurs l'absence des gardes du corps du Gouveneur Osulbo, certainement pour éviter une éventuelle manifestation contre l'Empire. Son attention se focalisa sur le clan Cundertol, qui se massait devant le cierge de Melan, alias Delivrance Dix. Harris passa avec humilité devant eux et leur fit un signe de tête compatissant. Mais Bastilla, la grande s?ur de Melan, interpréta plutôt ce geste comme un affront. Lane la vit quitter la meute pour se jeter vers l'ancien Capitaine de l'escadron.

- C'est par votre faute s'il est mort ! cria-t-elle en lui martelant l'épaule.

Harris ne dit rien pour se défendre mais tenta de lui saisir les mains afin de la maîtriser. Mais Bastilla se débattait comme une furie, et avant que son père n'intervienne, elle parvint à lui asséner un coup de poing sur la tempe. Alors qu'elle commençait à se calmer dans les bras de son paternel, la majeure partie du clan s'attroupa face à un Blaine désemparé. L'un d'entre eux prit alors la parole :

- Partez, s'il vous plait.

- Je suis désolé de ce qui est arrivé? répliqua Harris avec tristesse.

- N'espérez pas obtenir si facilement notre pardon. Disparaissez maintenant !

Devant autant de sécheresse verbale, le Ministre de la Défense baissa les yeux et s'éloigna. Mais cela ne l'empêcha pas d'entendre entre les sanglots de Bastilla une phrase qui lui déchira le c?ur.

- Il a pris la vie de mon petit frère.

Médusé par l'attitude égoïste des Cundertol, le Docteur Lane décida de ne pas s'attarder et rentra chez lui.




*

* *




La pluie s'était maintenant alliée au vent pour fouetter violemment le visage d'Aaron et tenter de le repousser. Il n'avait que quelques pas à faire entre son speeder de course et la porte de son studio mais ce chemin apparaissait comme un véritable périple. Il s'agissait d'une mission difficile.

Prenant appui sur ses pieds, il réussit enfin à se hisser en haut des trois marches qui menaient au palier. Cherchant sa clé magnétique dans sa poche, il remarqua rapidement que la serrure n'avait pas été verrouillée. Quelqu'un avait pénétré son studio. Il espérait qu'il ne s'agissait pas de squatteurs car l'agent immobilier l'avait informé de la fréquentation illégale de cet appartement par des marginaux. D'ailleurs, il avait reçu une subvention du conseil pour remettre les deux pièces à neuf. Cela faisait seulement une semaine qu'il dormait dans ce studio ; auparavant, il passait ses nuits avec Gaeriel chez les Captison, car il n'avait pas de chez-lui propre. Comme il ne restait que très rarement sur Bakura, l'idée lui était venue de ne plus payer de loyer pour rien. Ainsi, il avait pu investir dans une voiture de sport et pouvait se payer de belles vacances avec Gaeriel quand il était en congé.

L'appartement était composé de deux pièces, en plus des sanitaires et de la salle de bain. La première abritait sa chambre, mais le lit à deux places et les bibliothèques remplies des livres qu'il avait lus pendant ses études la rendait presque inhabitable. L'autre pièce constituait la cuisine.

Préparé à négocier, Aaron tourna la poignée de la porte et la poussa. Il découvrit une silhouette immense, et non pas Gaeriel comme il s'y était attendu. L'étranger était vêtu d'un long manteau blanc qui dissimulait totalement son apparence, excepté sa taille et sa maigreur inhabituelle. Il tourna la tête. En proie à la panique, Aaron ferma la porte derrière lui et alluma la lumière pour surprendre son visiteur.

Laissant tomber son manteau, l'intrus révéla son vrai visage. D'immenses yeux noirs et larges dévisagèrent Lane.

- Vous auriez pu au moins allumer la lumière. Vous m'avez foutu la frousse de ma vie.

- Je vous rappelle que nous autres Kaminoans sommes nyctalopes. La lumière n'est qu'un détail pour nous.

- C'est vrai. Mais comment m'avez-vous retrouvé, et surtout, que faites-vous là ?

- Pour répondre à votre première question, j'ai tout simplement consulté les répertoires des adresses. Quant à votre seconde question, pour tout vous résumer : avant sa mort, le Seigneur Terg m'a chargé de rester auprès de vous.

- Je sais bien l'importance qu'avait le Projet Genesis pour lui, mais certains membres de l'équipe sont morts, et le laboratoire a été évacué pour je ne sais quelle raison. Comment pourrions-nous finir ce que nous avions commencé ?

- C'est pourquoi je suis venu avec cela, fit le Kaminoan en posant une mallette sur la table.

Il composa un code et l'ouvrit, révélant des milliers de crédits impériaux.

- Je comprends mieux, mais il nous faudrait un local, et remplacer les membres perdus sans attirer l'attention sur nous. Je devrais peut-être en référer à Osulbo ; il a toujours été loyal envers Terg et connaissait l'existence de ce projet. Je vais aller le rencontrer, mais ne sortez pas d'ici. Les Non-humains attirent particulièrement l'attention sur Bakura.




*

* *




Lane avait dû attendre qu'Osulbo revienne de « sa petite réunion secrète » selon ses propres mots pour pouvoir s'entretenir avec lui. Ses jambes étaient engourdies car il avait patienté toute la matinée assis dans un siège peu confortable de la salle d'attente. Il était arrivé dès l'ouverture du bureau et avait croisé le gouverneur, mais celui-ci devait s'absenter pour une urgence. Aussi, Aaron l'avait attendu jusqu'à midi. Enfin, il pouvait parler avec le gouverneur de la surprise qui l'avait attendu quand il était rentré de chez Gaeriel la nuit précédente.

- Ainsi, Terg est bel et bien mort. Je doutais encore des informations concernant sa disparition, mais je n'ai plus à espérer.

- J'ai bien peur que nous soyons désormais seuls, le Grand Moff Iciry ayant fermé les frontières de son secteur.

- En ce qui concerne votre requête, j'ai une proposition à vous faire. Le Docteur As Guile est le chef de projet du département scientifique de l'Université de Salis D'aar. Il dispose des équipements nécessaires, et avec les fonds dont vous disposez, nous pourrons aisément trouver ceux qui nous manquent.

- Vous pensez qu'il pourrait rejoindre notre équipe ?

- A vous de me le dire, je crois que c'est votre meilleur ami, non ?

- En effet, mais...

- Votre présence devrait suffire à le convaincre, d'autant plus que sa femme était votre partenaire sur MM47000327. Il devrait être compréhensif, et pourrait servir de lien avec d'autres scientifiques qui pourraient éventuellement compléter l'ancienne équipe. Rappelez-moi, je vous prie, les noms des survivants, Docteur Lane.

- Reemano Larbruk. Aerin Latine. Selen Drayson. Crix Alabor. Salvo Xero et Nomad. Les données informatiques enregistrées par le droïde CZ-8 ont pu être récupérées et sont décodées actuellement par mademoiselle Drayson. Tous sont contraints de rester sur Bakura à cause de leur contrat.

Osulbo se permit un rictus.

- Pourquoi riez-vous, monsieur le gouverneur ?

- En fait, cela fait maintenant des jours que je cherche à les reclasser sur Bakura, et à présent que j'ai trouvé un emploi et une demeure à chacun d'entre eux, un de vos vieux amis tombe de nulle part et nous demande de poursuivre le projet. Cela semble si irréel.

- C'est parce que vous ne connaissez pas l'essence du Projet Genesis, sinon, vous ririez moins.

Le gouverneur ravala sa salive et reprit son sérieux.

- Je vous prends donc rendez-vous avec As Guile et le directeur de l'université.

- Pour As, c'est inutile. Je devais passer le voir de toutes façons.
CHAPITRE XIX: Le Retour
Mon Calamari. De l'espace, cette planète était d'un bleu profond, nuancé à son pôle par un immense maelström qui modifiait l'atmosphère sur ce point.

Mon Calamari. Son histoire était parsemée de conflits entre les Mon Calamari et les Quarrens, les deux races autochtones. Ces mêmes divergences avaient amené la Ligue d'Isolation Quarren à offrir la planète aux Impériaux à la fin de la Guerre des Clones. La planète fut ravagée, les cités détruites et le peuple mon calamari réduit en esclavage... Ackbar avait été l'un des premiers membres de son espèce à être capturé. Depuis, Mon Calamari était toujours exploitée, mais son peuple était en train de se structurer afin de créer une cellule de résistance qui rejoindrait l'Alliance Rebelle. Ackbar avait appris tout cela de la part de Tarkin, et il savait aussi que la planète était en tête de liste des mondes qui seraient détruits par l'Etoile de la Mort. C'était ce qui l'avait motivé à vouloir s'évader et rejoindre les Rebelles.

Le Survivant de Mandalore traversait le système stellaire et entama son approche en pénétrant l'atmosphère humide de Mon Calamari. Jodo Kast lui conseilla de prévenir ses frères de son arrivée, ce qu'il fit aussitôt. Sa voix rocailleuse s'éleva alors.

- Ici Ackbar, à bord du Skipray Survivant de Mandalore. Je demande l'autorisation de me poser sur Pisces Un.

- Bien reçu, Ackbar. Vous avez l'autorisation de vous poser. Nous vous attendions...

Ackbar éteignit le communicateur et afficha un air étonné suite à la dernière phrase de son interlocuteur. L'expression qui envahissait son visage était un mélange de joie et de surprise. Enfin, il allait retrouver son monde et ses frères. Le Survivant de Mandalore se posa donc sur une des plates-formes de la Cité Pisces Un. Jodo Kast quitta son siège de pilote et intima à son passager de l'imiter.

- Nous sommes enfin arrivés sur Mon Calamari, Ackbar.

Une fois débarqués, les deux visiteurs firent face à l'océan qui s'étendait à perte de vue autour de la cité. Un spectacle inattendu se déroula devant eux. Les baleinodons, immenses baleines peuplant les mers de Mon Calamari, effectuaient un complexe ballet en chantant, comme s'ils fêtaient le retour d'Ackbar sur son monde. Les mammifères nageaient, sautaient et plongeaient avec une grande dextérité, tout cela se déroulant sous la tutelle de leur chef albinos, le grand Leviathor.

- Je ne pourrais jamais vous exprimer toute ma gratitude.

- Ne vous inquiétez pas, je ne fais que mon travail.

- Est-ce là une mission courante pour un Chasseur de Primes ?

- Pour un Chasseur de Primes, non. Mais pour un agent rebelle...

- Vous voulez dire que vous n'êtes pas Jodo Kast ?

- Vous avez compris. Mon employeur a préféré que je me fasse passer pour un Chasseur de Primes pour éviter que le Soleil Noir ne tente de nous doubler en tentant de nous vendre aux Impériaux. Si ça avait été le cas, ils auraient payer les mercenaires pour qu'ils se retournent contre les agents rebelles, mais j'aurais été mis dans la confidence et j'aurais prévenu mes collègues...

- Votre précaution est étonnante...

- Et nécessaire... Quand nous ?uvrons pour la Rébellion, il faut se méfier de tout le monde...

- Vous avez raison. Combien de jours dois-je patienter ici avant de rencontrer le dirigeant de l'Alliance Rebelle ?

- Aucun. Mon Mothma est déjà là...

Ils se retournèrent et découvrirent le visage ravi du chef de l'Alliance Rebelle. Celle-ci, les cheveux courts et le visage marqué, montrait néanmoins toute sa joie de rencontrer enfin Ackbar. Elle le prit dans ses bras et lui donna une accolade chaleureuse.




*

* *




Le chasseur N-1 Naboo baptisé Assassin quitta la vitesse-lumière. Il entonna une série de tonneaux et poursuivit son chemin vers le monde qui emplissait sa verrière. Une planète moyenne couverte d'océans et de marécages verdoyants. Derrière lui, un vaisseau plus important surgit de l'hyperespace, un destroyer stellaire baptisé Fou Furieux.

- Le traceur posé par Mannha At au Centre Impérial fonctionne toujours, annonça Massar.

Ses yeux brillaient. Il était avide de cette victoire. Jadis, il avait participé à la capture de la famille de Lebad lors de l'opération qu'on avait appelée la Nuit des Larmes et il voulait achever sa quête en rapportant la tête du Jedi.

- Nous sommes sur Murninkam, un monde tropical très peu peuplé. Nous sommes très loin des voies hyperspatiales traditionnelles. Vous pensez que c'est le genre d'endroit que l'Aigle choisirait pour se réfugier ? fit Kane, visiblement étonné.

- Non, et c'est justement pour cela qu'il est venu ici. Son mentor vous le dirait aussi, Kane.

- Bien reçu, N'Tran. Je prépare l'escadron des troupes des marais du lieutenant Treevor Man et je vous accompagne.

- Je pars survoler la balise.

Le chasseur Naboo devint invisible - quand les cristaux de stygium s'activèrent - et fila vers l'atmosphère, traversant une couche de brume qui renforça sa discrétion. Il repéra le signal et fit un deuxième tour pour s'assurer de ce qu'il venait de voir.

- N'Tran à Kane. J'ai repéré la cache d'Aigle. Il s'agit d'une bâtisse en bois aménagé le long d'une falaise.

- Nous sommes en approche.

Une navette de classe Sentinelle se posa au bout de quelques minutes dans les marécages et aussitôt, douze silhouettes en armure s'engagèrent. Les troupes des marais étaient des soldats formés au combat en zones marécageuses, et portaient pour cela une armure semblable à celle des commandos classiques, mais recouverte d'un camouflage de différentes teintes de couleur verte, ainsi qu'un appareil qui leur permettait de respirer sous l'eau. Il s'agissait d'une des neuf subdivisions des Troupes d'Intervention Spéciales du ConInt dirigées par Matth Katarn. Alors qu'il gérait l'assaut sur Tosnbar IV, Matth avait délaissé à Kane toutes ses troupes pour mener à bien sa mission.

Les soldats avancèrent dans la zone inondée tandis que Kane restait à l'intérieur de la navette. Le vaisseau décolla à nouveau et survola la bâtisse. Le pilote ralentit suffisamment pour pouvoir larguer le Jedi Noir qui atterrit en douceur sur le toit. Il alluma son sabrelaser à lame écarlate et creusa un trou dans le bois humide.

Les soldats encerclaient déjà le terrain. Avec à ses côtés un droïde sentinelle Mark IV - dont une unité était automatiquement attribuée à chaque corps de troupes spéciales -, le lieutenant Treevor Man fit signe à ses troupes d'avancer.

L'un des hommes ouvrit la porte et deux autres le couvrirent. Ils pénétrèrent alors le repaire. Il s'agissait d'une chaumière abandonnée, et elle semblait toujours inoccupée. Dark Kane tomba à l'intérieur du bâtiment et avança vers ce qui semblait être une console d'ordinateur.

Elle était encore allumée. Il découvrit un droïde messager dont les senseurs étaient braqués sur lui. L'engin s'éveilla, puis commença à émettre des cris agaçants, avant que toutes ses diodes ne se mettent à clignoter.

- Merde ! C'est un piège !

Kane se servit alors de la Force pour exécuter un bond prodigieux qui lui permit de surgir par le trou béant qu'il avait emprunté pour descendre. L'explosion souffla les trois soldats qui étaient entrés. Ils furent tués sur le coup, tandis que deux autres furent brûlés à un niveau alarmant. Un dernier avait eu le bras arraché et tenait désespérément son moignon en criant le nom de la mère qui l'avait élevé.

Kane s'était sorti de ce guet-apens sans blessure. Il avait atterri dans l'eau quelques mètres plus loin et se plaignait seulement de quelques cheveux roussis. Aigle s'était joué de lui, et il avait perdu des hommes dans l'investigation de ce repaire piégé.

- Capitaine Veissel, envoyez de suite une équipe médicale. Nous nous sommes fait piégés par Aigle ! Il avait détourné le signal. Annulez les opérations de N'Itryffe et N'Iamraad sur Zaddja et Phaeda. Toutes les escales que nous avons déterminées depuis Saniacann n'étaient que des leurres.

- Opérations annulées, Capitaine Kane. Equipe médicale en route.

- Ce n'étaient que des leurres...




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* *




L'Elendil se posa au spatioport de Irou, sur Sacorria, la planète où les parents de Lebad avaient vécu après avoir quitté Sulon. Katarn emprunta un taxi qui le mena à l'extérieur de la métropole, devant une petite chaumière désormais abandonnée. Le Jedi savait que s'il voulait parler à ses parents, il devait aller à cet endroit. Il disposait d'autres caches identiques dans la Galaxie, mais il avait dû les sacrifier pour semer les Maraudeurs. Il n'avait cependant pas pu se résigner à perdre celle-ci, car c'était la seule connue par ses parents.

Il rentra et alla vers la cheminée, y plongeant la main pour appuyer sur un interrupteur. Une trappe s'ouvrit et révéla une antenne satellite : le seul moyen pour Lebad de communiquer avec sa mère et son père, en déplacement constant depuis l'extermination des Jedi.

L'agent rebelle ne fut pas surpris lorsqu'il vit sur le terminal relié à l'antenne qu'un message lui était destiné.

« Que la Force soit avec toi, mon fils », lançait le paternel.

« Nous nous faisons du souci, avoua la mère. Tu ne nous as pas contactés depuis que Nashira et les enfants? »

Elle s'interrompit, ne réussissant pas à finir sa phrase.

« S'il te plait, continua-t-elle, fais-nous un signe ! »

Lebad soupira et s'en voulut de ne pas s'être manifesté plus tôt. Cela faisait maintenant dix-huit ans qu'il ne les avait pas contactés. Préparant l'enregistrement d'une réponse, il parla devant le terminal.

- Père, Mère, je vous dois la vérité.

Alors il se lança dans un long récit où il donnait tous les détails concernant la disparition - ou plutôt l'enlèvement - de Nashira, Matth et Gayla.

- Pardon de vous imposer ce fardeau? mais il fallait que je vous avoue la vérité. Je ne pouvais plus porter ce poids? et ma décision de laisser de côté ma quête a fait de Matth le type même de personne que je combats.

Soudain, un moteur de landspeeder se fit entendre, et un homme d'un âge certain en descendit. Lebad sortit et l'homme le salua.

- Que cherchez-vous ? demanda l'agent rebelle sans vouloir paraître curieux.

- Je m'appelle Toldo Vool et je voulais savoir si vous n'aviez pas un cutter-laser. Un arbre est tombé sur mon hangar et le mien est en panne.

Soudain, il s'arrêta.

- Nous nous connaissons ?

- Je ne crois pas, répondit Lebad un peut trop sèchement à son goût.

- Vous ne vous rappelez pas de moi ? Vous n'étiez qu'un enfant à l'époque.

- Désolé, monsieur Vool, mais? commença Katarn.

En répétant le nom de son interlocuteur plus lentement, il devina son identité. Il n'avait entendu qu'une fois ce nom, Toldo Vool, mais connaissait sous une autre appellation le personnage qui le portait.

Le visage de l'homme ondula alors pour révéler la façade froide et méprisante d'un Shi'ido albinos. D'une maigreur extrême, la créature paraissait à peine tenir sur ses jambes. De multiples bandes de peau écaillée de couleur violette constituaient le seul vêtement qu'il arborait, cachant les parties les plus intimes de son être, notamment ses yeux.

Le Non-humain était d'une laideur absolue selon les critères humains, tant il s'en approchait mais s'en éloignait également. Le monstre arborait sur son corps diverses pièces de métal dorées, et tenait, au niveau de son abdomen, le manche d'un sabrelaser de la même couleur, pendant à son cou par une simple chaîne. Il montrait fièrement ce sabrelaser, symbole de son appartenance à l'ancien Ordre à présent presque totalement anéanti par Vador et ses limiers.

En effet, du temps de la République, il avait été le premier membre de son espèce à être un Jedi, ce qui fût longtemps sa fierté, jusqu'aux « jours sombres ». Alors que des espèces comme les Humains, les Iktotchis ou les Quermiens comptaient de nombreux membres parmi les protecteurs de la Galaxie, les Shi'ido étaient isolés dans la Force. Cette espèce avait d'ailleurs créé un culte afin de prier leurs dieux de leur envoyer un Jedi pour les rendre égaux aux autres créatures.

En effet, les talents de métamorphe des Shi'ido les avaient rendus méprisables, voire haïs des autres espèces qui les considéraient comme des parias dangereux. A sa naissance, Toldo Vool était devenu le dieu des Shi'ido réincarné, ce qui lui avait valu les plus grands honneurs sur son monde. Il était alors devenu l'un des membres temporaires les plus influents du Conseil des Jedi, et avait formé aux arts Jedi une seule et unique famille à laquelle il s'était dévoué.

Mais quand son dernier élève l'avait quitté quelques années avant l'Empire, tout avait changé, et il s'était isolé pour méditer et trouver la raison qui avait poussé son apprenti à abandonner ses enseignements. A la fin de la Guerre des Clones, un Sith du nom de Dark Vador lui avait donné la réponse à sa question. Il était alors devenu un de ses limiers, recherchant obstinément son ancien élève pour lui épargner sa mort de la main du Seigneur Noir. Sa quête était restée inachevée.

- Il n'y a aucune émotion, il y a la paix. Il n'y a pas d'ignorance, il y a la connaissance. Il n'y a pas de passion, il y a la sérénité. Il n'y pas de chaos, il y a l'harmonie. Il n'y a pas de mort, il y a la Force.

Toldo Vool s'approcha tout en récitant un Code Jedi, puis il s'arrêta face à Katarn :

- Quelle obligeance, Lebad. Déjà enfant, tu étais ainsi. Mon « arbre » était purement métaphorique. Le seul arbre qui m'intéresse est ton arbre généalogique : lignée, hérédité. Préfères-tu me suivre ou voir ici finir la lignée des Katarn ?

Vif comme l'éclair, Lebad s'empara de son sabrelaser qu'il alluma pour éliminer son vil adversaire.

- Voyons, Lebad. Je ne vois pas comment tu peux songer à éliminer physiquement « Celui dont on tait le nom ».

- Pourtant, lors de notre dernier combat, tu n'étais plus qu'une carcasse fumante.

- Il n'y a pas de mort, il y a la Force... Une simple feinte, expliqua le Shi'ido avec une geste vague de la main. Je ne viens pas me battre, Lebad, mais te confesser une inconséquence de ma part. Une erreur vraiment stupide.

- Ce n'est pas la première, dit Lebad, qui rangea son sabre mais resta sur ses gardes.

- C'est vrai, mais celle-ci risque d'être la dernière. Le Côté Obscur nous menace... te menace. Devil a laissé filtrer des informations te concernant à ton fils. Il espère ainsi qu'il va te trouver, et à ce moment, il t'achèvera. Matth n'est qu'un pion que Devil avance sur son échiquier. Il cultive sa rivalité avec un autre Jedi Noir pour l'inciter à devenir le plus puissant, et que cette force lui permette de te retrouver.

- La fin a donc commencé.

- Oui. Devil a entamé une guerre qui ne s'arrêtera qu'une fois qu'il aura tout appris sur ses origines et que ses ennemis ne seront plus. Pour cela, tu dois mourir. C'est ton destin, il est inéluctable. Cependant, ton fils aussi est menacé si Devil comprend que tous les Enfants sont en fait une pièce d'un puzzle qui le conduira à retrouver son passé.

- Alors je dois sauver Matth.

- Non. Il ne craint rien tant que tu restes en vie. En fait, ton fils sert d'appât pour te livrer à lui. Devil sait que tu n'ignores rien de qui il est, et cela le menace. Son principal but est de te tuer.

- Pourquoi me dis-tu cela ?

- Ton fils va se lancer à ta recherche. Tu peux le faire revenir du Côté Obscur et empêcher le massacre, ou alors il te terrassera. Tout n'est pas encore perdu?

- Tu parles uniquement de mon fils? Qu'est-il arrivé à ma fille ?

- Hélas, je l'ignore. Ce sont les généticiens de Terg qui dirigeaient le département scientifique à l'époque.

Lebad se retourna brusquement, allumant sa lame verte. Il sonda les lieux et distingua ceux qui allaient l'attaquer.

- Pousse-toi !

Deux rayons lasers frôlèrent soudaine le métamorphe qui recula d'un bond.

- Vous osez me menacer, bande d'idiots présomptueux, lança Lebad avant de dégainer son blaster et de répondre aux agresseurs.

- Des chasseurs de primes ! s'écria le Shi'ido. Ils sont après moi !

- Tu es tout sauf un homme de terrain, « Celui dont on tait le nom », répliqua Katarn. Moins de discours et plus de coordination, je te prie !

Deux détonateurs explosèrent derrière eux mais le champ d'énergie psychique généré par le Jedi les protégea.

- Des Egorgeurs ! reconnut Lebad.

Il exécuta un bond en avant pour éliminer la créature grâce à son sabrelaser, abattit son arme et se retourna juste à temps pour parer une salve qu'il renvoya à son expéditeur qui s'écroula, un trou fumant dans la poitrine. Katarn découvrit avec stupeur qu'un chasseur de primes était en train d'étouffer « Celui dont on tait le nom » grâce à ses trois articulations, mais il n'eut pas le temps de s'en mêler car il dut s'occuper de deux autres Egorgeurs. En sondant les parages, il s'aperçut qu'il restait trois chasseurs de primes en vie, dont celui qui tenait Vool en respect.

Devait-il sauver « Celui dont on tait le nom » ?

Face à ce dilemme, Lebad repensa à la destruction de sa famille dix-huit ans auparavant, s'embusqua derrière un arbre et s'avança vers l'un de ses agresseurs. Il lança sa lame à travers la cime des arbres et la guida pour qu'elle tue un Egorgeur en lui tranchant la nuque. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit « Celui dont on tait le nom » être relâché par le chasseur qui s'écroula en se tenant la gorge.

Le sabrelaser vint se loger dans la main tendue du Shi'ido et Lebad crut halluciner lorsqu'il vit les deux autres Egorgeurs tomber à genoux alors que leurs tympans explosaient. Vool détacha alors calmement son sabrelaser qui pendait à son cou et le planta dans le pied de l'Egorgeur en train d'agoniser. Il sauta en l'air, les bras croisés, et invoqua le Côté Obscur.

Le Shi'ido projeta une sphère énergétique sur sa victime avant d'atterrir derrière l'Egorgeur crucifié au sol. Il arracha sa lame du sol et égorgea la créature, avant de se retourner pour achever l'autre chasseur de primes en lui tranchant la gorge. Sabrelaser à la main, il fit face à Lebad, qui resta béat devant un tel massacre. Toldo Vool gloussa, tordant son corps comme s'il luttait pour rester debout avec un corps si mince.

- Vois-tu Lebad, dit « Celui dont on tait le nom » en lui renvoyant son arme, j'aurais pu me défendre seul. N'oublie pas ce que te disais ton Maître.

- Je n'ai plus de Maître. J'ai été renvoyé vers les Corps Agricoles l'année de mes quinze ans.

- Et celui qui t'avait pris comme Padawan t'as cherché pendant des années sans prendre d'autre apprenti. Ton Maître et le Conseil savaient que tu avais fait exprès d'échouer au test, mais les troubles dans le Côté Obscur les ont dissuadés de te ramener de force. De toutes façons, tu n'es jamais arrivé à Bandomeer, n'est-ce pas ?

- En effet. Je ne voulais pas devenir un Jedi, mais le métier de fermier ne me convenait pas non plus.

- Tu es pourtant devenu aujourd'hui un Chevalier accompli.

- Les temps changent, et moi avec. Vador a massacré les membres de l'Ordre, mais il faut maintenir la tradition pour que nous le fassions renaître. Si nous disparaissons tous, la Force disparaîtra avec nous.

Un titan humanoïde à l'allure bestiale sortit alors des fourrés et se plaça derrière « Celui dont on tait le nom ». Il s'agissait d'un Abyssin, une espèce de cyclope particulièrement dangereuse originaire du système binaire de Byss et Abyss. C'était sur le premier de ces deux mondes que « Celui dont on tait le nom » avait trouvé ce jeune voleur, au c?ur des bas-fonds. Non assujetti à la puissance omniprésente de l'Empereur sur le monde du Côté Obscur, le jeune monstre non-humain s'était révélé un parfait garde du corps pour lui. Aussi, il le suivait dans l'ombre dans tous ses déplacements, car une éminence aussi importante composait avec de nombreux ennemis, certains dont il ne soupçonnait même pas l'existence.

L'Abyssin sourit à pleines dents en regardant Lebad, puis tourna la tête vers le ciel en humant l'air.

Lebad ne l'avait pas repéré, même avec ses sens aiguisés. Toldo Vool s'éloigna alors avec son garde du corps pour disparaître dans une brume naissante.

- N'oublie pas que ton Maître peut encore t'aider. Les Jedi sont les gardiens de la paix dans la Galaxie. Le Jedi utilise ses pouvoirs pour défendre et protéger, jamais pour l'attaque. Le Jedi respecte toute forme de vie. Le Jedi sert les autres, pour le bien de la Galaxie, il ne les dirige pas. Le Jedi cherche à s'améliorer par la connaissance et l'entraînement.

Las d'entendre les vieux préceptes du Code Jedi, Katarn se rendit alors dans la chaumière, finit son message et l'envoya à ses parents. Les différents relais mettraient un certain temps à le faire parvenir à destination, mais bientôt, ils auraient de ses nouvelles.




*

* *




Aux côtés du Maître-Assassin Massar N'Tran, Dark Kane examinait les débris du repaire. Les cendres étaient encore fumantes, mais ils parvenaient tout de même à progresser jusqu'au droïde qui avait explosé. Aigle était intuitif, incroyablement doué pour se sortir des situations qui le menaçaient.

- Il y a quelques semaines, au Centre Impérial, Matth a senti la présence d'une personne sensible à la Force dès qu'elle est entrée dans l'orbite de la capitale. Il a alors contacté ses différents espions pour trouver une trace de cet intrus. Parallèlement, un mercenaire s'est affiché délibérément en causant des attentats orchestrés avec minutie. La chance a voulu que ce terroriste soit le « sensible » que le Commandant recherchait. Matth aurait dit que c'était la Force, et non la chance, mais peu importe. L'important était d'identifier cette menace pour l'Ordre Nouveau. Quand Mannha At, un espion infiltré au sein du Soleil Noir, contacta Matth, celui-ci chercha aussitôt à le rencontrer, et lui remit le traceur spécial?

- Une poudre de cristal Kaiburr, destinée à amplifier le contact du « sensible » dans le champ mystique de la Force, et de le rendre détectable via un appareil mis au point durant les Purges. Une fois réglé sur la fréquence énergétique dégagée par le Kaiburr dans le corps du Jedi traqué, le détecteur peut repérer la cible à des parsecs de sa position, mais avec une précision étonnante. Je connais cette histoire, comme je connais notre terroriste.

- Vous savez alors comment Aigle a réussi à modifier notre signal ?

- Non, bien entendu. Ce système est sensé être infaillible. Les Jedi étaient souvent morts avant de pouvoir comprendre qu'ils avaient été suivis.

- Apparemment, ce n'est plus le cas? fit Kane en se penchant pour examiner une mystérieuse pierre rouge qui scintillait dans les cendres. J'ignore comment il a agi, mais il a purgé la poudre de son corps, et l'a synthétisé dans ce cristal. A mon avis, il a même créé trois cristaux, ce qui expliquerait les différents signaux.

- Et bien sûr, il a envoyé les pierres dans trois systèmes éloignés de sa direction, mais dans le même secteur pour ne pas attiser nos soupçons.

- Aigle a reçu une formation impériale. Il connaît nos méthodes. Poser un simple traceur n'aurait servi à rien. Un homme tel que lui a dû brûler tous ses vêtements. Il porte en permanence différents brouilleurs. A moins qu'il ne se montre à nouveau, nous ne le retrouverons pas.




*

* *




Après avoir envoyé le message à ses parents, Lebad rechercha le vaisseau des Egorgeurs et prit connaissance de leurs dernières communications.

C'est bon, ils n'ont prévenu personne de ma présence ici.

Grâce à un lévi-traîneau, il amena les corps des chasseurs de primes à leur appareil et programma une destination dans l'ordinateur de bord. Lebad sortit du vaisseau qu'il regarda décoller pour se diriger vers une étoile.

- A présent, je rentre, dit-il dans un soupir.

Les récents événements l'avaient troublé mais les révélations de « Celui dont on tait le nom » l'obséderaient encore quelque temps. Apparemment, les chasseurs de primes étaient aux trousses du Shi'ido, donc Lebad n'avait plus rien à craindre. Il pouvait enfin se rendre sur Bothawui, dernière escale avant qu'il ne rentre chez lui, sur Bakura.

CHAPITRE XX: Les Secrets de l'Ombre
Le Général Vergad appréciait pleinement la situation. Il se trouvait sur Fondor et marchait sur le pont d'un destroyer totalement neuf, et tout aussi silencieux. L'équipage du Désireux n'ayant pas encore été transféré à bord, le Sanguinaire offrait à son premier maître les joies de sa visite.

Quelque part, Luke Ryan Vergad regrettait de ne plus être aux commandes du Désireux, mais il disposait dorénavant d'un destroyer de Classe Impérial, ce qui était un nouveau moyen pour lui d'exprimer tout son génie militaire dans les campagnes. La passerelle n'était pas encore illuminée par toutes les diodes et les différents hologrammes, mais son esprit belliciste voyageait déjà dans l'espace d'une prochaine bataille.

Bientôt, il entendit des voix, puis découvrit le Lieutenant Geniess, un des nouveaux hommes qui lui étaient affectés, suivi du Capitaine Ervan le Corellien. Tous deux portaient plusieurs sacs contenant leur paquetage. Bientôt, des dizaines, puis des centaines d'officiers et de soldats de la Marine et de l'Armée embarquèrent, préparant leurs quartiers, puis vérifiant les installations. Un sentiment de toute puissance envahissait déjà cet équipage surmotivé par sa nouvelle affectation...

L'Amiral Griff, un des responsables des chantiers de Fondor, vint à la rencontre du Général.

- Alors, Général Vergad, que pensez-vous du Sanguinaire ?

- Je pense qu'il reflète particulièrement l'image que je me fais d'un instrument de mort. J'apprécie que vous ayez peint la proue en rouge, cela ne pourra que renforcer la terreur de mes ennemis.

- Il s'agit exactement des directives de Devil. C'est lui que vous devriez remercier.

- Néanmoins, le Sanguinaire n'est rien comparé au nouveau vaisseau que vous construisez...

- Le destroyer de classe Super. C'est un projet imaginé par le Seigneur Vador. L'Executor sera en effet le plus bel engin jamais construit...

- Avec ce vaisseau, Dark Vador sera encore plus puissant, et son aura n'en sera que renforcée.

- Tout comme la vôtre, avec le Sanguinaire...




*

* *




Au terme de plusieurs jours, le Maelström s'éloigna finalement de l'orbite de Tosnbar IV tout en larguant ses déchets. Tout indiquait qu'il allait passer en vitesse subluminique sous peu. Déjà, la flotte s'était dispersée aux quatre coins de la Phalange. Le Désireux, quant à lui, avait rejoint les chantiers navals de Fondor pour être remis en état. Le Seigneur Corellien et le Général Vergad avaient été dépêchés par Devil pour une mission périlleuse sur les installations d'Olnoc Tro.

Le Seigneur de la Guerre approchait de son but à grand pas. Les laboratoires secrets de Terg étaient à présent à sa merci. Leur nombre était bien plus important que ce qu'il n'aurait cru, mais il se concentrerait d'abord sur ceux d'Olnoc Tro, de MM47000327 et de Seenmal. L'affectation des meilleurs chercheurs en biogénétique était révélatrice des préoccupations de son ennemi. Aussi, Devil sentait qu'il allait mettre la main sur les secrets dont il était en quête.

Seul subsistait en orbite haute le destroyer stellaire de classe Impérial I nommé Maeström. Le navire s'affranchissait de l'emprise gravitationnelle de la planète, avec à ses côtés une frégate d'escorte Nebulon-B, le Batailleur et deux frégates de classe Lancier, le Protecteur et le Quitte ou Double. Ces vaisseaux s'étaient montrés discrets lors de la bataille, demeurant dans l'ombre du vaisseau de Devil comme à leurs habitudes. Leur rôle était d'offrir une protection optimale au destroyer stellaire sans passer à l'assaut.

Les quatre navires s'alignèrent dans la même direction, passerelle dirigée dos au soleil. Puis en quelques instants, l'espace se déchira pour ouvrir le corridor hyperspatial vers la Zone du Néant. Le Seigneur Devil souhaitait rendre visite à de vieux amis qui le conseilleraient et le réconforteraient dans ses décisions lors de la guerre contre les subordonnés de feu Sonok Terg.




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* *




Le Sanguinaire décolla, émergeant de son hangar. Plusieurs grues qui n'avaient pas été détachées furent arrachées, mais ne causèrent aucun dommage au monstre de métal qui prenait son envol. De la passerelle, Vergad aperçut l'Executor, engin immense, surpassant en capacité, en puissance et en hommes plusieurs destroyers de Classe Impérial. Il en vint à envier Vador, mais savait qu'à bord de son nouveau vaisseau, il serait un ennemi encore plus redoutable.

A ses côtés, le Capitaine Corellien semblait tout aussi étonné par le prodigieux engin de terreur qui était en train de naître au c?ur des chantiers secrets de Fondor... Mais il savait pertinemment que le Côté Obscur abritait déjà d'autres monstres encore plus puissants...




*

* *




L'agent Aigle, Lebad Katarn, arriva sur Bothawui et déposa l'Elendil dans le hangar où En Gee le récupérerait. Il déposa dans une taverne un datapad avec un compte-rendu très bref de sa mission, à savoir le statut et les pertes. Une fois de plus, il avait pu entrer le mot ACCOMPLIE suivi du chiffre 0. Avec des hommes comme Kram Scaco et Jetle Kimkey, alias Dragon et Tigre, les missions se passaient plutôt bien.

Et en général, tout cela se déroulait dans une assez bonne ambiance. C'était pour cette raison que Lebad restait persuadé que l'Alliance avait un avantage sur l'Empire. Ses membres agissaient de leur plein gré, pas sous la contrainte.

Se dirigeant vers le c?ur de la capitale Drev'Starn, l'agent Aigle rejoignit sa petite navette personnelle et décolla tranquillement du spatioport. Tout était enfin fini.

J'arrive, Max !




*

* *




Assis devant l'holo-écran placé dans sa cabine, Ervan révisait les derniers points que lui avaient appris Vergad. La stratégie n'était pas quelque chose de nouveau pour lui, mais il n'arrivait pas encore à bien prévoir les tactiques qu'il pouvait appliquer et celles que ses ennemis risquaient de lui imposer. Pour le Corellien, il était nettement plus facile d'anticiper sur le court terme en donnant les directives en plein c?ur de l'action.

Mais le but ici n'était pas de diriger un escadron : sur un destroyer, les ordres mettaient du temps à circuler, et le temps que les soldats confrontés à un danger soient prévenus, il était souvent trop tard. Le jeune homme essaya de bien mémoriser les dernières leçons. Vergad lui avait avoué qu'il progressait bien, et que sa motivation semblait réelle, ce qui avait fait rire le Jedi Noir. Ce dernier n'était pas arrivé jusqu'ici sans une détermination que certains auraient plutôt qualifiée d'acharnement.

Epuisé, il jeta un ?il à l'heure et éteignit l'holo-écran : il avait encore le temps de se reposer un peu. Vérifiant que la porte de sa cabine était verrouillée, Ervan posa son sabre sur la table et s'allongea sur sa couchette. Il entra alors dans une transe méditative qui l'aiderait à assimiler les dernières tactiques tout en récupérant. Il n'entendit même pas le vrombissement des propulseurs hyperspatiaux lorsqu'ils se mirent en marche.




*

* *




La station spatiale Scardia était un avant-poste impérial de forme cubique situé dans la Zone du Néant. Un bouclier d'invisibilité masquait sa présence aux navires empruntant cette route, mais le destroyer stellaire qui venait d'émerger de l'hyperespace connaissait le moyen de la repérer. Lançant ses senseurs sur une fréquence spectrale précise, le repaire se dévoila au visiteur. Envoyant un code d'identification précisant que ce dernier n'était autre que le Seigneur Devil, le navire put s'approcher, escorté par les trois frégates.

Du ventre du monstre de métal naquit une navette Lambda, l'Eternelle, pilotée par Matth lui-même, avec à ses côtés Devil. En effet, rares étaient les personnages possédant le degré d'accréditation pour pénétrer Scardia. Les deux Seigneurs de la Guerre se rendaient seuls sur cette station, sans la moindre escorte, signe qu'ils nourrissaient une confiance aveugle envers les propriétaires des lieux. Matth ne savait d'ailleurs même pas qui ils étaient réellement. Il savait juste que c'était un des repaires de l'Ordre Secret. Mais lors de son premier passage ici, les véritables propriétaires étaient absents, et « Celui dont on tait le Nom » s'était chargé de son entrée dans le Troisième Cercle sur la demande de Devil.

L'engin déploya ses ailes pour accélérer vers le cube dont seules les innombrables lumières apparaissaient à l'intérieur du bouclier. La navette Lambda se posa dans le hangar désigné par des consignes holographiques.

Matth sortit à la suite de son maître, son rawwk Geeist perché sur l'épaule droite. L'animal semblait réagir à l'ambiance étrange qui émanait de cette station au c?ur du Néant. Usant de la Force, le Jedi Noir calma l'esprit du volatile qui cessa de battre des ailes. Devil attendait, regardant autour de lui comme si son corps devait capturer l'énergie malsaine qui régnait en ces lieux. Matth le sentait : Devil se nourrissait de l'étrangeté de ce lieu. Aussi, le maître de l'obscurité patienta quelques instants en récitant quelques vers du Code des Sith?

- Il n'y a pas de paix, il y a la colère. Il n'y a pas de peur, il y a la puissance. Il n'y a pas de mort, il y a l'immortalité. Il n'y a pas de faiblesse, il y a le Côté Obscur. Je suis le c?ur de l'obscurité. Je l'instille plutôt à mes ennemis. Je suis le destructeur des mondes. Je connais le pouvoir du Côté Obscur. Je suis le feu et la haine. L'univers entier se prosterne devant moi. Je m'engage dans les ténèbres. J'ai trouvé la vraie vie. Dans la mort et la lumière.

L'architecture rappelait celle utilisée dans les bâtiments impériaux, basée sur un jeu de contrastes entre une ombre oppressante et une lumière cherchant par tous les moyens à s'imposer, métaphore à peine voilée des rapports qui existaient au sein même de la Force.

Repu d'énergie obscure, Devil guida les Seigneurs de la Guerre qui progressèrent vers la porte principale.

- J'ai appris il y a des années que les Acolytes Noirs ne faisaient partie que du Quatrième Cercle de l'Ordre Secret. Il existe un Cercle plus puissant que le nôtre, et plus restreint encore : le Cercle Intérieur, dont les membres les plus fidèles se voient attribuer un rôle spécifique. On connaît les titres sous lesquels ces privilégiés apparaissent : Main de l'Empereur, Oeil de l'Empereur et Voix de l'Empereur. Je sais aussi de source sûre qu'il existe plusieurs Mains, mais pour les Yeux et la Voix, le mystère reste entier. Toujours est-il que « Celui dont on tait le nom » a occupé ces deux titres depuis la fondation de l'Ordre Secret.

- Sa proximité avec l'Empereur pourrait expliquer que sa flotte n'ait pas souhaité entrer dans le conflit du ConInt.

- Certes, l'Empereur lui a sûrement donné ses directives. Cependant, sa neutralité n'est certainement que provisoire. Il prépare assurément son retour en force.

- Pensez-vous que cela suffit à expliquer que l'Empereur nous ait laissé nous emparer de l'armada de « Celui dont on tait le nom » ?

- Je ne sais pas. Le Côté Obscur est trop puissant en lui pour que je perçoive clairement ses desseins. Quoiqu'il en soit, ne mentionnons pas le conflit à bord de la station. Les partisans de Terg doivent être suffisamment agités.

- Bien, maître.

- Te souviens-tu, fils, de ta première venue ici, sur Scardia ?

- Oui. C'était le jour où j'ai quitté l'Académie de l'Ombre et que je suis entré dans le Quatrième Cercle.

- Trois ans ont passé, et rien n'a changé.

- Non, maître.

- Maintenant, silence.

Nul n'était venu les accueillir, mais Devil semblait connaître le chemin pour se diriger dans les couloirs labyrinthiques. Bientôt, au détour d'une coursive émergea un géant de plus de deux mètres. Le crâne dégarni, il arborait une barbe noire soignée, qui descendait sur son ample robe noire scintillante. Il portait au milieu de son torse un curieux pendentif dont Matth n'identifia pas l'origine malgré sa connaissance approfondie de histoire et de l'archéologie.

- Mes excuses, Frère Devil. Nous étions dans la Chambre des Visions Obscures quand nous avons repéré votre navire, dit-il d'une voix mielleuse.

- Excuses acceptées, Haut Prophète Jedgar. Voici mon ancien apprenti, le Seigneur Matth Katarn.

Jedgar avait été le premier visionnaire à suivre Kadann - celui qui deviendrait plus tard le Prophète Suprême - dans son entreprise. Enfant, il avait été mené au Temple Jedi, mais ses visions effrayaient ses camarades, et aucun Maître ne voulut le choisir en tant que Padawan. Il interprêta alors sa clairvoyance et trouva le chemin qui le mena à Kadann dont il devint le garde du corps peu avant la Guerre des Clones, dont il avait prévu les terribles événements. L'Empereur Palpatine arrivé au pouvoir, il forma les Prophètes du Côté Obscur, et Kadann devint leur chef incontesté, tandis que Jedgar devenait son second. Dès lors, il avait la charge de reporter de sa propre main les prédictions des différents prophètes dans le livre intitulé Les Secrets du Côté Obscur.

- Bienvenue sur Scardia, Seigneur.

Matth s'inclina devant tant de politesse, et revint sur les mots prononcés par son Maître : « Haut Prophète ». Ainsi, ils étaient dans le repaire des Prophètes du Côté Obscur, ces mystérieux personnages que peu d'hommes avaient eu l'honneur de rencontrer. Leur ordre avait été créé à l'issue de la Guerre des Clones, et ne se souciait guère des conflits galactiques. C'étaient donc eux les véritables propriétaires de la station.

Le géant indiqua aux visiteurs de le suivre dans les méandres qui les menèrent dans un couloir de vitrines. Au bout de la coursive avança alors une dizaine d'autres prophètes, tous vêtus de manière similaire à celle de Jedgar.

- Seigneur Katarn, les Frères vont vous tenir compagnie pendant que le Frère Devil s'entretiendra avec le Prophète Suprême du Côté Obscur, Kadann. Ensuite, nous procéderons à votre Initiation.

Matth montra son accord d'un hochement de la tête, bien qu'il sut qu'il n'avait pas vraiment le choix. Cette initiation prenait place trois ans jour pour jour après l'entrée dans un Cercle. Cependant, il s'étonna devant tant de secrets, mais espérait en apprendre plus au cours du rituel initiatique auquel il serait soumis. La base était située dans une zone de la Galaxie dont tous connaissaient le nom mais dont peu pouvaient se vanter de savoir la placer sur une carte.

Néanmoins, quand il voyait les merveilles archéologiques contenues dans les vitrines, il comprit que Kadann voulait demeurer à l'écart des pirates. Des collections entières étaient exposées dans les couloirs de cet antre. Une quinzaine d'armures mandaloriennes trônait fièrement parmi les autres artefacts aussi rares que des sabrelasers, des masques tribaux de Tund, les reliques d'un grand prêtre du Krath, une armure d'une sorcière de Dathomir et bien d'autres trésors inestimables, tous classés selon une typologie dont le sens lui échappait, mais qui avait certainement des vertus propitiatoires et apotropaïques. Quoiqu'il en soit, tous ces objets, ainsi que toutes les informations recueillies, ne servaient qu'un seul but : l'appréhension des menaces mettant en danger l'Ordre Nouveau et l'Empereur. Et les adeptes de la Force constituaient le plus grand des dangers. Une rumeur voulait en effet que le Gardien des Etoiles, un Maître Jedi, se soit laissé corrompre par Palpatine au début de la Guerre des Clones. Aussi, il recensa pour lui dans un holocron une liste de tous les adeptes de la Force évoqués ici ou là par l'Ordre Jedi, suivant les moindres pistes, remontant ainsi des millénaires dans le passé, reconstituant toute l'histoire de la religion de la Force. Ce précieux travail était entré entre les mains des Prophètes dès leur création, quand Palpatine avait torturé à mort le Gardien des Etoiles, et ils étudiaient dès lors toutes les pistes possibles autour de ces menaces potentielles.

Même s'il n'avait jamais vu Kadann - le Prophète Suprême quittant rarement Coruscant -, Matth s'interrogea sur les réels talents dans la Force du vieux mystique. En effet, il ne sentait que très peu la Force dans ce lieu plein de mystères.

Devil disparut donc avec le Haut Prophète pour rendre visite au Prophète Suprême du Côté Obscur.

Pendant ce temps, Matth Katarn patienta. Il appréhendait déjà leur visite prochaine à l'Empereur, mais préféra égarer son esprit en pensant à sa compagne, qu'il allait enfin retrouver après trois ans d'absence.

Eeline...




*

* *




Le Seigneur de la Guerre Katarn se tenait droit comme un « I », les mains dans les poches de son long manteau, les yeux bercés par les ondulations spectrales de l'espace. Cette caractéristique avait participé à la désignation de cette partie de la Galaxie comme étant la Zone du Néant. En effet, tels des fantômes oubliés, des lueurs étranges animaient le noir sidéral, le déformant à volonté si bien que les voyageurs préféraient éviter de passer par ce lieu qu'on disait hanté.

Soudain, une voix étouffée capta l'attention de Matth qui se retourna, découvrant Argor, un Prophète rondouillard de petite taille.

- Seigneur Katarn, le Capitaine Kane assistera à la cérémonie via une communication holographique protégée. Si vous souhaitez lui parler avant le début de celle-ci, vous pouvez me suivre.

Matth suivit le vieillard bossu dans une alcôve sombre où gisait l'image tridimensionnelle du Capitaine Kane. Apparemment, compte tenu des interférences, il comprit que son subalterne se trouvait à bord d'un vaisseau en mouvement. Néanmoins, un sourire se dessina sur chacun des visages.

- Laissez-nous, je vous prie, fit Katarn au Prophète qui l'abandonna aussitôt.

La porte coulissante se referma, et le jeune Jedi Noir la verrouilla pour préserver son intimité.

- Kane, que deviens-tu, mon ami ?

- Bah, je me porte plutôt bien. J'ai fait un petit tour dans la Bordure Extérieure? C'est toujours aussi? chaleureux. Et toi, comment vas-tu ? Les nouvelles disent que tu as remporté une grande bataille !

- Tosnbar IV a été une grande réussite, et Sonok Terg est mort.

- Tant mieux. Ce vieux fou commençait à peser sur le ConInt. As-tu été blessé ? Je lis sur ton visage que ça n'est pas la grande forme? Tu sembles préoccupé.

- En effet. Ne t'est-il jamais arrivé d'aimer quelqu'un plus que tout le reste, au point d'en oublier presque ta propre existence. Au point d'en oublier de vivre ?

Le visage de Matth se raffermit alors, affichant soudain un air désemparé et désespéré.

- Tu parles de la jeune Argilenn de l'Académie ?

- Oui. Cet amour m'obsède, si bien que chacun de mes actes est motivé par cette passion. Voilà déjà trois ans que nous nous sommes quitté sur Chel, qu'il n'y a plus aucun contact, et pourtant je l'aime de plus en plus chaque jour. Et chaque jour, je me demande si elle aimerait ce que je suis devenu.

- Commandant des TISC ?

- Non. Froid. Insensible. Cruel.

- Et méthodique. Un tacticien hors pair.

- Cette façade que j'entretiens auprès de tous.

- Nous sommes des Jedi Noirs. Nous avons choisi le Côté Obscur. Il m'a permis de survivre. Toi, il t'a permis d'aimer. Le Code Jedi nous aurait interdit d'en arriver là, mais ça ne veut pas dire que nous sommes mauvais. Nous ne sommes pas comme Devil ou Terg. Nous ne sommes pas comme l'Empereur.




*

* *



- Le Dark Suul va se lever !

De petite taille, Kadann s'imposait par sa prestance aux autres clairvoyants. Barbu, il possédait une large tête et de petits yeux sombres jaunis par le Côté Obscur de la Force. Il avait été approché par Dark Sidious peu avant les Purges des Jedi, et avait accepté de le servir. Cependant, Kadann avait prévu la chute de l'Empire, et Palpatine avait refusé de l'entendre. Aussi, il l'avait désavoué et tous les Prophètes avaient alors gagné la station spatiale Scardia. L'Empereur ne les avait alors plus jamais consulté. S'ils n'avaient pas été éliminés par des agents de l'Empereur, c'était uniquement parce que certains des Hauts Dignitaires appartenaient à cet ordre, tels « Celui dont on tait le nom », Dark Devil ou encore Sonok Terg... et qu'ils bénéficiaient du soutien du Grand Vizir Sate Pestage.

Afin de s'aider dans ses visions, il inhalait de la fumée produite par la combustion d'herbes provenant de la lune forestière d'Endor, le lieu même où il avait vu la mort de l'Empereur...

Kadann, Prophète Suprême du Côté Obscur, s'approcha près de Devil et leva les mains au ciel en invoquant des éclairs de Force. Sa voix se répandit dans toute la salle.

Il se trouvait sur un autel, et face à lui gisait une table sur laquelle était couchée Matth. Aux côtés de Katarn se trouvait le Haut Prophète Jedgar, qui dessinait d'étranges glyphes dans le dos du jeune homme. A droite, était situé un amphithéâtre où siégeaient les Prophètes ; à gauche, un autre réunissait les membres de l'Inquisitorius. Ces derniers étaient les Inquisiteurs, dirigés par Tremayne, le Haut Inquisiteur. Ce groupe hétéroclyte était constitué d'espions au service de l'Empereur. A l'instar des Jedi Noirs et des Prophètes, ils appartenaient à l'Ordre Secret, le fameux ordre nouveau constitué par Palpatine lors de son ascension, dont le visage public était celui de l'Eglise du Côté Obscur. Dans un coin de la salle, une série de huit hologrammes était allumée, chacun représentant à l'échelle humaine un membre de l'Ordre Secret souhaitant assister au rituel mais qui ne pouvait être physiquement présent. Parmi eux figurait Dark Kane, visiblement troublé et fasciné par l'organisation minutieuse de la cérémonie.

- A l'issue de l'épreuve, le sombre et sinistre Acolyte Noir échappera à la mort et reviendra. Le fils de Frère Devil est enfin prêt, mais son adversaire fera tout pour l'en empêcher !

- Il faut l'éliminer ! suggéra le Prophète Gornash, l'homme massif qui s'était opposé au réveil du Dark Suul.

- Non ! Mon fils est prêt ! Qu'il le souhaite ou non, il deviendra le Dark Suul !

Devant lui était ouvert La Création Monstrueuse, et il se mit à lire quelques vers écrits par l'Empereur Palpatine.

Je suis le sabrelaser des puissants.

Je me fonds au c?ur de l'obscurité.

Je m'instille au fond des âmes noires.

Je suis le dévastateur de mondes

C'est alors qu'il recula, et que Dark Devil se mit à lire le deuxième verset. Sa voix était autrement plus impressionnante que celle de Kadann, bien qu'il ne la renforça pas avec la Force comme il le faisait d'habitude pour impressionner son entourage. Tout subterfuge était ici inutile, car toute l'assemblée était constituée d'adeptes du Côté Obscur.

Je suis le Feu et la Glace.

Je suis la mort que j'apporte à mes ennemis.

Je suis la terreur qui envahit le faible.

Je suis la haine que j'éprouve.

Kadann reprit alors la parole une fois que le Maître de l'Initié eut terminé.

Je suis la menace fantôme.

Je suis le spectre du passé.

Je suis celui qui règnera sur la Galaxie.

Je suis le Dark Suul.

Il ne s'agissait encore que de la version manuscrite de La Création Monstrueuse, mais l'Empereur se penchait sur ces textes depuis des années déjà, et il avait entrepris de rédiger le Compendium, un véritable Traité du Côté Obscur, qui comprendrait selon ses paroles plus d'une centaine de tomes. Le premier était le Livre de la Colère, et le second, De la faiblesse des Etres Inférieurs, s'intéressaient à la propre expérience de Palpatine au sein du Côté Obscur. Le troisième, à peine esquissé, traitait des manipulations du Seigneur Noir sur des êtres comme Azrakel, afin de créer le Dark Suul.

Devil esquissa un large sourire quand la litanie s'acheva. A cet instant, il se pencha sur le corps inanimé du jeune Matth Katarn et sourit en découvrant les sombres tatouages que Frère Jedgar venait de dessiner sur le dos de son ancien apprenti. Chacun des vers y avait été tracé en lettres de sang, sous la forme de glyphes sith.

L'?uvre Côté Obscur progressait à grands pas. Les desseins de Devil prenaient forme, et dans l'ombre se profilait une menace qui s'abattrait sous peu sur toute la Galaxie?




*

* *





Soudain, la porte coulissa et un vent glacial souffla, se frayant un chemin jusqu'à Matth.

Une silhouette étrange apparut, cachée au creux d'un manteau lumineux. Il tenait à la main une étrange sphère de cristal gravée de glyphes sith. Au c?ur de cet appareil étrange appelé holocron brillait un feu éternel... Ainsi que la connaissance...

Derrière lui se tenait un impressionnant cyclope abyssin.

- « Celui dont on tait le nom » ! ragea Devil en allumant son sabrelaser.

La lame écarlate vrombissait de manière bien plus intense que celles des sabres habituels. Le diamètre du rayon de lumière était également bien plus large et menaçante.

- Non, pas ici ! le supplia Jedgar en lui intimant de ranger son arme.

Devil le méprisa, focalisant toute sa haine à l'encontre du visiteur obscur. Celui-ci ignora le Seigneur de la Guerre et s'approcha sans un mot vers l'autel où était allongé Matth, toujours plongé dans l'agréable sommeil que lui procuraient les drogues de Kadann. Il caressa le visage du jeune homme, puis se retourna brutalement, dévisageant Dark Devil.

- Tu oses sortir ton arme au c?ur du Sanctuaire, Frère Devil ? Je ne viens pas te défier, mais voir comment va... le fils que je me suis donné !

- Terg vient d'être assassiné et vous osez tous les deux vous présenter ici et interrompre la Cérémonie de la Monstrueuse Création ? gémit Arassaar, premier apprenti de Terg.

- Terg a trahi, et il a payé le prix pour sa trahison ! répondit Devil.

- L'Empereur interdit ce genre de représailles ! fit Arassaar en quittant sa place, suivi des autres disciples de Terg.

Disciple étaient le titre de la catégorie inférieure des membres du Quatrième Cercle.

- L'Empereur m'a donné lui-même ses ordres ! fit Devil en faisant face aux guerriers qui avaient allumé leur sabre à lame écarlate.

Seuls les trois premiers Cercles étaient réunis sur Scardia. En effet, ils comprenaient les jeunes recrues, qui possédaient les titres d'Initiés, de Novices et d'Apprentis. La plupart de ces membres suivaient l'entraînement rigoureux de l'Académie de l'Ombre sur Chel, au c?ur du Noyau Sombre. Une fois l'entrée dans le Quatrième Cercle accomplie, ils avaient la possibilité d'évoluer parmi les plus hautes sphères de l'Empire, et étaient connus dans la hiérarchie comme Disciples, puis Acolytes ; à partir de là, ils apparaisseaient dans l'obédience de l'Ordre Nouveau comme Seigneurs de la Guerre.

Les membres du Cercle Intérieur partageaient eux des secrets que nul n'aurait voulu connaître pour se préserver. Ces mystères étaient connus des Mains, des Yeux, du Seigneur Noir de la Sith, et du Maître Sith, les deux membres de l'Ordre Sith. Ce Cercle dirigeait une grande partie de la Galaxie dans l'ombre, influent discrètement sur des conflits mineurs afin de concrétiser leurs plans. Habiles stratèges, leur identité n'était connue que de l'Empereur lui-même.

Aussi, sur Scardia, les soupçons pesaient sur l'assemblée, car tous étaient officiellement Disciples et Acolytes, et la hiérarchie supérieure se dissimulait parmi eux. Les doutes étaient permis, mais aucun ne révélerait son avantage sur les autres, et aucun ne compromettrait son identité.




*

* *




Lorsque Ervan ouvrit les yeux, il sut tout de suite que quelque chose allait de travers. Tout était trop calme et l'obscurité semblait avoir envahi les lieux. Lorsqu'il tourna la tête, il vit une ombre indistincte qui tenait son sabrelaser. Le Corellien s'apprêta à attaquer mais son adversaire alluma l'arme, éclairant les lieux d'une lueur bleue diffuse.

- N'aie crainte, jeune homme, je viens à toi pour te parler.

- Craindre ? demanda Ervan. Craindre qui ? Ce n'est pas moi l'imprudent qui est venu me défier.

- Tu sembles si sûr de toi, alors que tu as encore tellement à apprendre? si je voulais te défier, tu serais déjà mort. Et je n'aurais pas eu besoin de ceci, ajouta l'homme en agitant le sabre.

Le bourdonnement de l'arme, même s'il était léger, commençait à porter sur les nerfs du Corellien.

- Je doute que vous réussiriez à vous enfuir, dans ce cas. Vous semblez oublier où vous êtes. Peu importe la façon dont vous êtes entré, si vous me tuez, vous devrez passer à travers toute la garnison pour vous enfuir ! En admettant que vous parveniez à quitter le Sanguinaire.

- Je crois pouvoir éviter cela, fit l'ombre en désignant la porte. Ne sens-tu pas les autres ? Je les contrôle? Comment penses-tu que je suis arrivé jusqu'ici ?

Ervan sonda les environs et vérifia les dires de son interlocuteur. Avec effroi, il constata qu'il avait raison. Les soldats présents dans le voisinage de sa cabine semblaient tous plongés dans une léthargie profonde.

- Vous semblez très puissant! reconnut-il. Mais à qui ai-je donc l'honneur ?

- Tu fais face au Seigneur Suul. Dark Suul.

- Et que me vaut cette visite impromptue ?

- Je t'ai surveillé depuis tes débuts, Ervan. Tu es très prometteur, sais-tu ?

- C'est ce qu'on dit, à ce qu'il paraît.

- Nous ne sommes pas si éloignés, toi et moi? nous voulons la même chose !

- C'est-à-dire ?

- Jouer sur le devant de la scène?

L'homme fit tournoyer la lame avec son poignet.

- Nous pourrions être partenaires, plutôt qu'être adversaires. Je suis sûr que nous formerions une équipe parfaite.

- Que voulez-vous au juste ?

- Moi ? Tout simplement prendre la tête !

- J'ai peur de ne pas vouloir comprendre, commenta Ervan.

- Je vais diriger l'Empire, jeune homme, et tu vas m'aider, que tu le veuilles ou non !

Le Corellien se redressa et s'apprêta à se lever. Mais une subtile poussée de Force l'incita à rester assis.

- Ecoute ceux qui te sont supérieurs, Ervan ! Il va y avoir du changement bientôt, et il est grand temps de saisir ta chance. Un nouveau Seigneur de la Guerre va naître, et il réserve une place de choix à ceux qui l'aideront à atteindre le sommet. Par contre, je ne ferais montre d'aucune pitié envers mes opposants, avertit Suul d'une voix froide.

A titre d'exemple, il planta le sabrelaser dans la table. La lame rentra sans difficulté, traversant les quelques centimètres de duracier avec une facilité déconcertante. Ce fut la dernière chose que le Corellien vit avant que ses pensées ne se brouillent et qu'il ne s'étale sur sa couchette.

Il put juste entendre Suul se diriger vers la porte avant d'ajouter :

- Peu importe le chemin que tu désires prendre, tu me serviras. Ne l'oublie pas !

Puis Ervan sentit les ténèbres l'envahir et se laissa aller à un agréable repos. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il était frais et dispo, et se demanda s'il n'avait pas rêvé.

Un coup d'oeil à la table suffit à lui prouver le contraire. En effet, le sabre avait bougé de sa position initiale, mais ce qui gêna encore plus le jeune homme fut le trou visible en plein milieu de la table.




*

* *




Arassaar fut le premier à abattre sa lame sur Devil. Celui-ci tourna sur lui-même, invoquant la Force pour repousser deux autres Disciples, puis para, esquiva et plongea son arme en avant, entaillant la hanche de son ennemi. Celui-ci recula en tenant sa blessure, mais ne s'avoua pas vaincu.

La plupart des fidèles de Sonok Terg menaçaient à présent Devil qui nourrisait toujours à leur égard un profond mépris. En effet, à l'instar de leur maître, ils appartenaient à l'espèce des proches-humains umbarans, des créatures au teint pâle, presque translucide.

Devil fit un bond en avant, frappant dans d'amples mouvements pour se débarrasser de la dizaine de fidèles de Terg qui l'attaquaient. Il apparut de façon mystérieuse derrière un proche-humain qu'il égorgea sans pitié, le laissant tomber sur le sol.

- Venez rejoindre votre frère, disciples du félon !

Arassaar n'en supporta pas plus, et il se jeta à corps perdu contre Devil qui le repoussa d'un revers de sabre.

- Cessez ce combat ! fit Jedgar d'un ton solennel. Oubliez ce conflit et vous serez épargnés.

« Celui dont on tait le nom » approcha alors du médium pour lui sussurer quelques mots.

- Vous vous méprenez, Haut Prophète Jedgar. Cet affront ne peut plus être pardonné. Livrons-les au Dark Suul dans la Fosse.

- Au Dark Suul ? Mais il n'est pas encore né?

- Né ? Chacun possède sa part d'obscurité. Celle qui permet au Dark Suul de se lever existe depuis des années. Le Dark Suul ne naîtra pas? Il ne fera que se réveiller.

Dark Devil, de son côté, abrégea le combat en montrant sa supériorité dans l'art du sabre. Il se déplaçait à une vitesse prodigieuse, évitant les lames ennemies tout en entaillant chacune des articulations de ses agresseurs. En quelques instants, tous gisaient au sol, grièvement blessés.

- Voilà qui témoigne de la faiblesse des enseignements de Terg. Voici qui témoigne de la faiblesse des êtres inférieurs.

- Ouvrez la Fosse, ordonna « Celui dont on tait le nom ».

D'un geste de la main, et en utilisant le pouvoir de la Force, Jedgar abaissa une manette, et aussitôt, le sol s'effaça, deux portes coulissant au milieu de la salle. Devil se retira lentement, tandis que ses victimes étaient précipitées par des Préposés aux Sacrifices dans la Fosse. Une arène circulaire apparut. Un gouffre où se déroulaient régulièrement des sacrifices. Un gouffre où des hommes étaient donnés en pâture aux fauves. Un gouffre où des fauves étaient donnés en pâture à des hommes.

Une dizaine de corps endoloris et ensanglantés gisait au fond de cette antre du démon. Les derniers fidèles de Terg allaient s'effacer sous peu, en même temps que ses souvenirs?

« Celui dont on tait le Nom » fit quelques pas en avant, levant les bras pour invoquer le Côté Obscur. Pour invoquer le Dark Suul.

La foule était sidérée, et peu de ses membres osaient émettre le moindre commentaire. La consternation devenait de plus en plus lourde, d'autant plus que le Côté Obscur se renforçait dans la station. Tel un trou noir, il aspirait toutes les sensations liées à la lumière, les renvoyant sous une forme bien plus sombre et angoissante. Bientôt, certains des Disciples furent pris de panique, ne supportant plus l'étrange ambiance qui croissait dans la Fosse.

Soudain, l'espace sembla se distordre, se déchirant pour laisse apparaître de monstrueuses tantacules noires, à la fois matérielles et immatérielles, véritable condensé chaotique, rejeton des ténèbres incarné en un monstre du Côté Obscur. D'un geste surnaturel, les bras s'agitèrent, puis firent surgir du Néant une masse difforme, convulsée de spasmes réguliers. Née de la mort, l'ombre était pourtant une créature vivante. Au moment où un tentacule se saisit de la jambe d'un fidèle, « Celui dont on tait le nom » esquissa un large sourire, un signe d'autosatisfaction que peu remarquèrent tant ils étaient sur leurs défensives.

Un cri d'agonie signifia la mort de la proie, dévorée par le Côté Obscur de la Force. La masse constituant le corps de la créature se mit alors à grandir, et poursuivit sa croissance quand elle se nourrit d'un second traître.

Arassaar bondit en arrière, sabre à la main, afin d'analyser la situation. Il savait pertinemment qu'il n'avait aucune chance de survivre face à un tel monstre. Un rire sinistre lui fit comprendre que l'un de ses compagnons ne mesurait pas l'ampleur de la situation. A moins qu'il ne se donne du courage en imaginant qu'il possédait une chance de survie. Peu importait. La mort rôdait, et elle fauchait les vies.

Le dernier des hommes inconscients alimenta encore une fois la créature. La réaction fut cette fois-ci bien différente, et le monstre se tordit, tandis qu'un bras humain semblait vouloir sortir de la créature, lui déchirant les entrailles dans un gémissement d'épouvante.

Arassaar comprit qu'il lui fallait agir. Il courut en avant, frappant de sa lame. L'ombre fut tranchée, et un cri perçant témoigna de la douleur de la masse. Cependant, un tentacule surgit du néant et repoussa le sombre disciple contre les parois, les brisant plusieurs côtes.

La créature continuait cependant à se débattre, et bientôt, une silhouette bien distincte apparut des entrailles du démon. Humanoïde, elle semblait se mouvoir parmi les ombres, mais émanait d'elle une étrange lueur bleutée. Deux griffes de lumière surgissaient de son bras droit, tandis qu'une lame de ce qui semblait être un sabrelaser, partait de cette même main. Compromis entre l'ombre écrasante et la lumière aveuglante, le Dark Suul se montrait sous sa véritable apparence. Créature du chaos, du Côté Obscur, elle utilisait la lumière pour parvenir à ses fins.

Guerrier sinistre, Dark Suul abattit les derniers fidèles de Terg en quelques coups de lames. Il fit alors face à Arassaar. Le silence était insoutenable, et le Disciple savait que c'était là son dernier combat. L'ombre avança, laissant son sabre entailler profondément le sol. Puis elle s'arrêta face à lui, se nourissant de la peur, se délectant de la colère, se rassasiant de la faiblesse. Le Dark Suul tendit alors un bras en avant et souleva le corps d'Arassaar dans les airs, tout en l'étranglant grâce au pouvoir de la Force.

Soudain, sous les yeux ébahis de la foule, un membre de l'assemblée se jeta dans la Fosse, ses deux lames dehors. Il s'agissait d'une femme, qui se réceptionna sans mal sur le sol. Sans hésiter, elle plongea sa lame dans l'ombre, la traversant de part en part, puis fendit le corps de son autre sabre.

Abandonnant Arassaar, le Dark Suul se retourna alors en grognant, des dents monstrueuses apparaissant sur tout son corps, prêt à engloutir le Côté Obscur qui habitait son adversaire. Alors qu'elle commençait à faiblir, elle se servit des Orages de Force pour le destabiliser. Il ne broncha pas, mais son attention semblait définitivement captée sur elle?

- Quelle témérité ! Se jeter dans la Fosse d'elle-même alors qu'il n'y a aucune autre issue que la mort, fit Jedgar en ricanant.

- Qui est-elle ? s'enquit de demander Devil.

- Abassa Zalom.

- Une fidèle de Terg ?

- Non. Une Sorcière de Besthirda. Une fidèle de « Celui dont on tait le nom ».

- Alors pourquoi tente-t-elle de sauver ces hommes ?

Arassaar était inconscient, assis dos au mur. Les deux autres survivants ne tentaient pas non plus d'agir. L'un des deux, une très jeune fille, restait recroqueveillée sur elle-même à pleurnicher en évoquant ses cauchemars qui la hantaient alors qu'elle était éveillée. L'autre, choqué, était debout, les yeux fermés, sans doute résolu à la mort.

- Je l'ignore. Les rumeurs disent volontiers qu'elle est une Sorcière de la Sith.

La jeune femme se déplaçait avec majesté, son sabre écarlate fauchant les tentacules de l'ombre avant même qu'elles ne l'atteignent. Le Dark Suul s'occupa quant à lui des derniers sacrifiés, et ses griffes tranchaient la chair à un rythme affolant, si bien que les membres qui gisaient ici et là étaient aussitôt attrapés et dévorés par la créature du Côté Obscur.

Bientôt, Zalom effectua un bond prodigieux dans les airs, se propulsant par-dessus la masse difforme pour se retrouver face à la partie humanoide du Dark Suul.

Jouant de son sabre, elle semblait à nouveau le défier.

Il n'hésita pas un instant, et se lança à corps perdu dans un duel gagné d'avance. Mais il s'étonna de trouver en face de lui une résistance inattendue. En un tour de poignet, la sorcière lui faisait perdre son sabre. Puis elle invoqua comme auparavant les Orages de Force et se déchaîna. Les éclairs zébrèrent la Fosse et aucun des spectateurs ne put voir l'issue de ce duel.

Toujours était-il que quand la lumière se fut éteinte, l'humanoïde gisait empalé sur les deux sabrelasers, et que la créature de l'ombre ramenait le corps à lui pour le dévorer à nouveau. L'ombre procura alors aux spectateurs un spectacle affolant, puisqu'elle commença à se dévorer elle-même, pour enfin disparaître totalement.

Abassa Zalom, à peine étonnée de voir la monstrueuse créature se replier dans les antres ténébreuses du Côté Obscur, se servit de la Force pour bondit hors de la Fosse, et atterrir auprès de son maître.

Une voix s'éleva alors?

- Il n'y a rien que je ne crée qui ne reste sous mon contrôle. Souvenez-vous-en ! Tous ! Le Dark Suul est mon fils, et nul ne se substituera à moi !

Plusieurs blasters se pointèrent alors sur « Celui dont on tait le nom », le menaçant. D'autres empoignèrent leur sabre et en firent naître les lames bourdonnantes.

- Vous pensez pouvoir m'arrêter ? Moi, ?il et Voix de l'Empereur.

Il désigna la jeune sorcière d'un signe de la main, et elle afficha un large sourire malsain tout en embrassant à pleine bouche le Seigneur de la Guerre. Elle était si proche qu'il pouvait sentir à travers sa combinaison la pointe de ses seins.

- Abassa Zalom, Main de l'Empereur. Dark Aides, Main de l'Empereur.

Derrière le couple sinistre, l'hologramme de Dark Aides, un soldat du Côté Obscur revêtu d'une armure intégrale, s'inclina avant d'étindre la communication.

- Fauve, Main de l'Empereur.

L'Abyssin fit quelques pas en avant, fixant un à un les membres de l'assemblée de son ?il unique.

- Nous abandonnons tous l'Ordre Secret, qui n'a plus de raison d'être maintenant que le Dark Suul est prêt à se lever !

A part, Devil sentit la haine monter en lui, comprenant que la situation qu'il avait créée à son avantage par la guerre intestine du ConInt semblait lui échapper totalement.

- Tous les partisans de « Celui dont on tait le nom » font partie du Cercle Intérieur? Que manigancent-ils ?

- Vous trahissez l'Ordre ! aboya Jedgar. L'Empereur ne vous laissera aucun repos. Vous serez traqués jusqu'à la mort !

- Mon rôle était depuis les origines de créer le Dark Suul pour l'Empereur. Maintenant que vous vous tenez prêts à lancer votre opération Obscurité Totale, le Dark Suul s'apprête à revenir, et ma part du contrat est remplie. Jouez avec votre destin autant que vous le souhaitez, mais ne jouez pas avec moi ! fit « Celui dont on tait le nom » en renversant Devil sur le sol, son sabre menaçant sa gorge.

- Traître, quittez Scardia, retorqua Jedgar. Quittez l'Ordre. Agissez à votre guise. L'Empereur ne supportera pas longtemps qu'un de ses pions mène son propre jeu à son insu.




*

* *




Discrètement, Lebad arriva en pleine nuit chez lui, ce qui causa le réveil du droïde domestique.

- Vous êtes rentré, remarqua ce dernier.

- Oui, tout s'est bien passé avec Max ? fit Katarn à voix basse, comme s'il ne voulait pas réveiller les voisins, même si les voisins les plus proches habitaient à un kilomètre.

- Plutôt, répondit la voix de l'enfant, qui descendait les escaliers.

- Tu ne dormais pas ? demanda Lebad.

- Oh, si? jusqu'à ce que je ressente une petite perturbation? Je pense que c'est au moment où tu es entré dans l'atmosphère.

- Quelle heure était-il quand tu t'es réveillé ?

- Une heure vingt environ.

- Ca concorde, fit Katarn, impressionné, alors qu'il déposait son sabrelaser sur la table de la cuisine.

- En fait, continua le jeune garçon, cette histoire de perturbation dans la Force m'inquiète. Une personne aussi puissante que l'Empereur doit être capable de ressentir une puissance telle que toi ou moi, je me trompe ?

- Non, dit Lebad en repensant au moment où il avait tiré sur l'Empereur.

Il avait bien su qu'il n'avait aucune chance de l'abattre.

- En fait je pense que Palpatine connaît ou au moins soupçonne notre existence, mais nous n'agissons pas sur une assez grande échelle pour qu'il nous considère comme une menace, alors il ne se charge pas personnellement de nous.

- Tu m'expliques ? Tu ?uvres quand même pour la Rébellion.

- Oui, mais je ne me dresse pas face à l'Empereur. Je remplis les missions que des gens normaux peuvent accomplir. Et je reste persuadé que l'Empereur le sait. C'est un jeu pour lui, vois-tu ? Des menaces comme moi permettent à son armée de rester en état d'alerte constant.

- Je comprends? déclara Max. Crois-tu qu'un jour, quelqu'un combattra l'Empereur ouvertement, sans se cacher ? interrogea-t-il alors qu'il saisissait le sabre.

- Je l'espère, soupira Lebad. Alors nous pourrons peut-être envisager la destruction de l'Empire comme autre chose qu'une cause perdue.

Il y eut un petit moment de silence.

- Puisque nous ne pouvons être considérés comme une menace par Palpatine alors que tu es un Jedi quasiment accompli, je voudrais suivre les traces de mon père? et subir un entraînement physique cette fois-ci.

Katarn prit son arme des mains de son fils et se plaça face à lui. Pendant des années, il avait pensé que Max ne devrait pas devenir un Jedi, mais deux ans auparavant, son opinion avait changée, et il avait décidé de le prendre sous son aile dès ses treize ans, âge à laquelle les Maîtres Jedi de la République prenaient en charge la formation de leurs apprentis. Max n'avait pas encore l'âge défini, mais Lebad comprit que l'enfant était assez mûr pour apprendre à parfaire ses dons dans la Force. Son fils n'était plus un gamin, et il le savait.

- Tout d'abord, commença-t-il en pointant un doigt sur le front de l'enfant, tu dois apprendre à utiliser ceci. Ensuite, je t'apprendrais à utiliser?

Il dressa le sabrelaser devant son fils et l'activa.

- Ceci !




*

* *




Après une rapide collation, Lebad alla déposer ses affaires puis raccompagna son fils au lit.

- Papa, j'ai une question? fit Max d'un air grave, qui figea l'atmosphère conviviale des retrouvailles.

- Vas-y, je t'écoute, fit son père.

- La Force peut-elle être une malédiction ?

Alerte, Lebad se retourna.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- C'est que? mes rêves sont de plus en plus longs. J'ai l'impression d'être en permanence déconnecté de la réalité.

- Voyons Max. Tout le monde rêve, et ces rêves ne sont pas forcément liés à la Force. Tu as toujours été mon petit rêveur, rassura Lebad en serrant son fils entre ses bras.

Le jeune garçon profita de ce moment de tendresse pour coucher son visage dans le creux de l'épaule de son père, puis tout d'un coup, s'écarta.

- Mais mes rêves sont liés à la Force? Je le sais. Je le sens.

- Je comprends ce que tu ressens, mais je ne veux pas t'inquiéter. Tu as des visions, et ces visions restent des rêves. Je ferais tout mon possible pour te préserver des cauchemars qu'ils deviendront. Je t'en fais la promesse, petit rêveur.




*

* *





Blanc? Tout était blanc? Et chaud, une chaleur intense et agréable?

La Force vivante coulait, rassurante, calme, entretenant sa relation platonique avec l'esprit errant qui partageait son domaine. Matth errait dans les méandres de la lumière, à la recherche de son destin.

La Force vivante coulait, mais elle n'était plus qu'une sphère d'énergie menacée par les vortex des ténèbres qui s'ouvraient ici et là, aspirant sans cesse la lumière dans les ombres du néant. Des voix hantaient ces abysses, les voix des morts, des Jedi Noirs damnés par le Côté Obscur qui attiraient à eux l'initié. Les mains griffues déchiraient ses entrailles, l'enfonçant plus profondémment encore dans leur antre.

Une ombre plus noire encore que les ténèbres attendait, gisant sur un trône de lumière obscure, contemplant dans un calme paradoxal le déchirement du Seigneur Katarn. Matth ne hurlait pas? La souffrance physique n'était rien. Il avait connu les pires tortures, mais aucune n'avait été pire que celle qui restait sa raison de vivre.

Dans le chaos, une voix familière et presque imperceptible résonna :

« Lorsqu'il reste un sentiment qu'on ne peut à aucun prix abandonner, et en aucun cas, c'est que ce sentiment est vrai. L'amour te conduira au Côté Obscur aussi certainement que la haine le fera. Et sur les cendres de cet amour, le Dark Suul se lèvera.»

Les mots résonnèrent, chacune des syllabes l'assomant une nouvelle fois?

Les vortex disparurent. Il y eut un grand éclair blanc puis plus rien. Le néant, les prémisces d'un destin marqué par la mort et la désolation.

Noir? Tout était noir? Et froid, un froid intense et mortel?




*

* *




Cette nuit, Max était très fatigué, mais il ne réussissait toujours pas à dormir. Le retour de son père l'avait chamboulé et excité. Aussi s'allongea-t-il sur le canapé du salon et alluma l'holo-écran. Il ne lui fallut que peu de temps avant qu'il ne s'endorme. Son sommeil fut plutôt serein, mais il ne cessait d'entendre des gargouillis sourds et graves.

Puis il revit le moment où il avait serré la main de Lane.

Il écouta avec attention. Il avait un point commun avec le scientifique, il en était sûr.

C'était un Jedi !

Oui, mais ça, il s'en était déjà rendu compte auparavant.

C'était?

C'était?

Un scientifique qui bossait sur un projet top-secret !

Et pour les Impériaux !

Non. Max savait déjà tout cela.

Il devait approfondir ses recherches, mais le son qui se répétait constamment l'empêchait de réfléchir.

Puis soudain, le flash se fit. Alors qu'il se revoyait une fois de plus en train de serrer la main à Aaron, une grande lumière l'envahit, et les bruits jusqu'alors parasites devinrent des mots chargés de sens.

Tout comme un ordinateur tentant de craquer un code de sécurité, Katarn analysa les paroles qu'il réussissait à comprendre. Et au milieu de ce brouhaha, il perçut un seul mot.

Un message?

Un indice?

Yaren



FIN DU LIVRE I