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Juste une larme...
Juste une larme...


Je me présente Loni Drono, pilote de mon état. Je suis un humain de Kuat, grand brun aux yeux verts. Mes parents m'ont toujours reprochés ma fougue et ma tendance à aller plus vite qu'il ne faut. L'histoire que je vais vous conter se déroule durant la Guerre Civile Galactique. J'étais alors un jeune homme plein d'espoir et je nourrissais l'ambition de devenir un jour Leader d'un escadron d'X-Wings. L'Empire avait humilié ma famille, le jour où ils avaient pris possession de tous nos biens « pour L'intérêt général ». Bien décidé à leur faire payer, je m'étais engagé dans les rangs de la Rébellion pour laver l'honneur de mes ancêtres. Je fus affecté à une base de la Bordure extérieure cachée au sein des Astéroïdes Silken. Nous étions basés au cœur même d'un astéroïdes, une base qui se fondait naturellement dans l'environnement. L'un des inconvénients c'était qu'elle bougeait tout le temps, et que les manœuvres d'approche étaient souvent très délicates. J'étais affecté à un escadron, du nom de Dark Bird Squadron, où j'étais ailier 7. Jusqu'à ce terrible jour.

Nous venions de rentrer d'une éprouvante mission sur Kothlis, au cours de laquelle notre ailier 9 avait perdu la vie en couvrant notre retraite. L'ailier 9, pour ceux qui ne le savent pas, et celui qui dirige le Vol 3 de l'escadron, c'est à dire les ailiers 10, 11 et 12. J'attendais depuis longtemps une promotion, et c'est donc avec joie que j'appris que je devenais l'ailier 9. J'avais une lourde responsabilité. J'avais la responsabilité de trois vies. Trois amis de longue date. Enfin deux, car effectivement, l'ailier 11, un Arkanien du nom d'Arone Simo était plus un rival qu'un camarde. Nous étions du même grade et il enviait depuis plus longtemps que moi ce poste. Mais son tempérament brutal, son caractère exécrable et ses multiples passages en prison lui avaient valu de rester au poste qu'il était. Il m'en voulait profondément, je pouvais le lire au fond de son regard laiteux. Chaque battement de cœur il semblait me maudire encore plus. Mais il fallait passer au-delà de mes sentiments pour cet énergumène et je me devais d'être à la hauteur et de veiller sur lui, comme sur un ami très cher. Bien que j'eus beaucoup apprécié la disparition d'un tel individu, je me devais de le garder en vie, hélas... Pour faire mes preuves, le Haut Commandement de la base décida d'envoyer mon escadron, et donc mon Vol, sur une mission d'escorte. Trois portes-containers contenant des pièces détachées de X-Wing en direction de notre base. Mission basique en apparence, juste histoire de rassurer les personnes inquiètes et de faire taire les mauvaises langues. Ah, si seulement tout c'était passé comme prévu...

Nous décollâmes donc, l'escadron lancé à la vitesse maximum dirigé vers le point de saut. Le leader commença à nous parler, les mots sensés rassurer et tout et tout, mais au fur et à mesure qu'il parlait, mon stress s'accroissait. Mon cœur battait la chamade et j'entendais le sang pulser dans mes oreilles. Pour quelle raison cela se passerait-il mal? Je riais nerveusement pour me donner du courage alors que je lançais la commande d'hyperpropulsion. Après quelques minutes passées en vitesse supraluminique, nous débouchâmes dans un coin perdu de l'Espace, avec aucune planète et aucune station à l'horizon. Tout se présentait plutôt bien. Le bip régulier de mes instruments sonnait à mes oreilles telle une fanfare qui défilait dans la rue. Un chaos qui étrangement m'apaisait. Aucun bruit, silence radio. Quelques astéroïdes flottaient, ça et là, un peu plus loin. Le transport aurait dû arriver avant nous, mais nous ne le voyions toujours pas. Bah, ce n'était sûrement rien de grave, pensais-je. Une défaillance dans l'hyperpropulsion, ou peut-être un autre petit souci technique, mais rien de bien dramatique. C'était du moins ce que nous supposions tous. Trente minutes passèrent sans signe de la navette. Régulièrement, mon Leader envoyait des messages à la base, mais ils n'en savaient pas plus. Pas mal pour une première mission... Les conversations allaient bon train, on plaisantait histoire de ne pas penser aux autres, pour ne pas nous demander ce qu'ils foutaient et imaginer le pire. Mais le patron ne voulait pas céder. Il fallait les attendre, et s'ils avaient besoin d'aide, il fallait les aider. Après une nouvelle heure d'attente, les choses bougèrent enfin.

Tandis que nous parlions de boissons alcoolisées pour les uns, d'entreprise héroïques pour les autres, nos senseurs s'affolèrent subitement, signalant une sortie d'Hyperespace. Effectivement, à peine quelques secondes après que l'alarme ait retenti, nous pûmes voir le vaisseau cargo émerger de la vitesse-lumière, à toute allure. On pût entendre des soupirs de soulagement venant des autres pilotes, mais une question demeurait. Pourquoi ce retard? Mon Leader commença alors une discussion... Amicale. Du moins, essaya-t-il:
« -Quand même! Qu'est ce que vous fichiez?! Une plombe et demie de retard! Allez grouillez, on à une...
-Fuyez! Put-on alors entendre sur toutes les radios.
-Pardon? S'étrangla notre chef.
-Les Impériaux, ils vont arriver!
-Les...?! »
Il fut coupé par l'alarme de sortie d'hyperespace qui retentit de nouveau. Un destroyer stellaire Impérial, ainsi que toute sa chasse, venait de sortir de l'Hyperespace. Après les cris de joies, se furent des cris de stupéfaction, des étranglements qui rythmèrent cette arrivée. Les ennuis n'étaient pas loin.
« -Saut en HE à mon signal. Go! » s'écria notre Leader. Mais personne ne réussit à franchir la vitesse lumière, les moteurs ne semblant pas vouloir démarrer. Je pestai tandis que l'un de nous jura plus fort que les autres. Il avait vu une chose qui allait tous nous mettre en rogne. Très en rogne: la fuite était impossible à cause d'un Interdictor qui venait d'arriver. Là, nous étions dans une merde noire. La bataille était imminente. Il allait falloir être bons, très bons. Nous nous regroupâmes par Vols. J'allais être en première ligne pour me faire exploser. Après des missions à avoir été en retrait et à recevoir des ordres, la balance allait être inversée. Pour le meilleur et pour le pire. Déjà, trois escadrons de chasseurs TIEs fonçaient sur nous, tirant lorsqu'ils étaient à portée, une salve de lasers mortels. Nous virevoltions dans l'espace, luttant pour notre survie. Mais à cet instant, plus rien ne comptait si ce n'était mon vaisseau, l'adversaire, mon Vol, et moi. La base pouvait exploser je m'en foutais éperdument. C'était ma peau qui était en jeu. Et je comptai bien la vendre chèrement. Très chèrement. Je tirai le manche à balai vers moi pour tenter une chandelle et éviter de percuter le TIE. Désormais, tous mes instruments hurlaient à l'unisson, me prévenant de tel ou tel danger arrivant dans la seconde. Mais je n'avais pas le temps de m'en soucier, je n'avais le temps de me soucier d'aucune de ces alarmes. Alors que j'amorçai la phase descendante de mon looping, je laissai mon vaisseau sur le dos et roulai sur l'aile gauche. Je me retrouvai de cette manière derrière mon adversaire. Je n'en fis qu'une bouchée, après l'avoir verrouillé. Son vaisseau disparut dans une magnifique boule de feu. Quelle belle mort pour une ordure d'Impérial. C'est là que je le vis. Le seul Intercepteur TIE du groupe, fonçant à travers la bataille. Et plus précisément sur moi. Je n'eus pas le temps d'esquisser un mouvement qu'il tira sur moi. Dans un réflexe de survie, je tirai la poignée d'éjection placée sous mon siège. Je fus propulsé à plusieurs G hors de mon vaisseau qui s'embrasa juste à cet instant. Si j'étais resté encore quelques secondes, c'eût été la fin. A cet instant, j'étais plus vulnérable que jamais. J'entendis les cris de mon ailier signalant ma disparition. Et notre Leader me demander si j'allais bien. Mais je n'arrivais pas à répondre. Un TIE me fonçait droit dessus. Le salaud comptait bien m'achever, histoire que je ne fasse plus de victimes au sein des rangs Impériaux. Mais c'était sans compter sur mes amis. Et même ceux qui ne l'étaient pas. Car effectivement, c'est avec stupeur que je vis le vaisseau de Arone se diriger vers le TIE qui me menaçait. Le X-Wing de l'Ailier 11 était en proie aux flammes. Il risquait d'exploser d'un moment à l'autre. Pourquoi ne s'éjectait-il pas? Lorsque les deux vaisseaux entrèrent en collision je vis une explosion énorme se créer. Mon casque s'opacifia afin que je n'aie pas les yeux brûlés. Je vis les décombres voleter autour de moi, impuissant. L'un d'eux me toucha à l'épaule droite. Je hurlai de douleur, le morceau d'acier brûlant traversant mes chairs. J'avais dû sombrer dans l'inconscience, car je n'avais aucun souvenir d'avoir vu Arone s'éjecter. Et pourtant, ce fut bien l'Arkanien que je vis se diriger vers moi. Au départ, je pensais qu'il était indemne et j'en étais soulagé. Mais ce fut une déception lorsque je vis sa tunique constellée d'impacts. Le fou avait réussi à se traîner jusqu'à mes côtés. L'homme qui m'avait tant haït venait de me sauver au détriment de sa propre vie. Méritais-je d'être sauvé? Après tout, j'avais aussi tué des gens, je méritais au moins autant, si ce n'était plus, de mourir que les Impériaux. Ce fut donc le visage ruisselant de sueur que j'accueillis le corps de mon compagnon d'arme. Il vivait encore et me regarda de son profond regard laiteux. Ses yeux, autrefois d'un blanc glacial, étaient couleur vermeil. Un mince filet de sang coulait de sa bouche. Je le vis bouger les lèvres.
-Loni...
-Ferme-là, on va te sortir de...
-Désolé d'avoir été si désagréable. Dit-il en me coupant.
-Non, t'inquiètes, on va repartir de bon pied!fis-je stupéfait par ses propos et les miens.
-Vrai?
-Aussi vrai que je suis l'Ailier 9!
Nous regardâmes la bataille, laissant un blanc. Ça se présentait mal. Je sentis alors Arone bouger.« Merci Loni. Merci, beau... Merci beauc...oup... » fit-il d'une voix faible. A cet instant, il ferma les yeux et sa tête alla reposer au fond de son casque. Ne pas pleurer, ne surtout pas pleurer! Je ne pensais que cela tandis que je serrais le corps de l'Arkanien en répétant « De rien... ». J'étais seul devant l'immensité spatiale et mes minutes étaient comptées. La fuite à mon épaule me gelai chaque instant un peu plus, m'enfermant dans une torpeur dont je risquais de ne jamais sortir. Et puis, l'étincelle de vie qui m'animait reprit vigueur lorsque je vis une partie de la flotte de la base émerger de l'Hyperespace. Nous étions sauvés, pour les vivants. La vue du Croiseur Mon Calamari Rebel's Creed, accompagné de deux frégates Nébulon-B, fit déguerpir les Impériaux. Mais la lutte avait été sanglante, des deux côtés. Une navette vint récupérer les pilotes éjectés. Je fis un scandale pour emmener le corps d'Arone. Mon ailier aussi avait été abattu, mais il était indemne. Ce n'était pas le cas de notre Leader qui s'était écrasé contre la passerelle de l'Interdictor. Cette journée était une journée noire dans mon histoire. Encore une. Kale, mon ailier posa sa main sur mon épaule non atteinte:
« Vois le côté positif mon vieux: on est des héros! » Je le regardai alors, au fond des yeux. Il recula alors, intimidé.
« Non Kale, ce ne sont pas nous les héros. Pas les vivants. Les vrais héros ce sont ceux qui sont morts aujourd'hui, hier, et qui mourront demain... » Il me regarda alors, les yeux ronds, tandis que je versai enfin une larme pour ses héros disparus.
Juste une larme.