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Chapitre 1
L'ordre de passage en hyperespace venait d'arriver sur la console de commandement. Louam Portom ne tourna qu'à peine la tête pour le transmettre, tout le monde sur le pont étant aux aguets. Dix vaisseaux, au plus, étaient déjà partis quand le Lourdes' Pride passa à son tour en hyperespace ; vers une destination qu'aucun ne connaissait, mais dont les coordonnées étaient déjà entrées depuis longtemps dans l'ordinateur. Les vitres n'étaient désormais plus que couvertes d'étoiles, de traits blancs, de lumière enfin.

Le saut avait eu lieu normalement ; un hologramme s'afficha devant Portom : leur objectif. Il se retourna cette fois complètement pour faire face à ses hommes. Un instant il les regarda avant de prendre la parole. Il ne put s'empêcher de sourire en voyant les oreilles de la majeure partie d'entre eux. Non, de la totalité se rappela-t-il presque inconsciemment.

- Femmes et hommes du Lourdes' Pride : nous nous dirigeons vers Troiken. Là nous affronterons les contrebandiers. Leur nombre exact ne nous est pas donné, mais la surprise est avec nous.

Il se retourna, appuya sur quelques touches. Certains le regardaient, d'autres restaient concentrés sur leurs instruments. Seul, il n'y avait pas grand-chose à faire lors du trajet, mais dans un vaisseau il y avait toujours quelque chose à vérifier, un boulon à resserrer. Certes, ici cela avait un certain côté obsolète étant donné que ce vol était le premier, aussi bien pour l'équipage que pour l'embarcation. Chacun avait sa manière d'y réagir, chacun était plus moins consciencieux.

- Nous arriverons sur place dans une dizaine d'heures. Je veux un rapport toutes les heures dans ma cabine. Lieutenant, vous avez le pont.

Ceux qui écoutaient le capitaine retournèrent à leurs occupations. Qu'attendaient-ils de leur capitaine : un mot particulier pour chacun d'entre eux, le sentiment de ne pas regarder leurs écrans pour la dixième fois depuis leur arrivée autour de Coruscant pour rien ? Portom quitta la pièce sans un autre regard, et personne pourtant ne s'en souciait. Ils avaient tous le sentiment de participer à quelque chose de grandiose, bien qu'aucun ne puisse vraiment l'énoncer clairement.

Il fallait désormais rendre sa planète fière. Fière de quoi, si ce n'est participer probablement au premier combat de la République. Une petite guerre en somme, dans une économie sur le point de craquer, où le nombre de familles ruinées, détruites, disparues n'a plus de sens. C'est en nombre de planètes ravagées que la catastrophe est maintenant comptée. Leur fierté viendrait de leur efficacité, efficacité à réagir aux ordres de leurs officiers, efficacité dans la précision des tirs, efficacité à tuer.

Le Lieutenant Gak avait déjà transmis le premier des dix rapports que son Capitaine allait recevoir. Comme à son habitude, il parcourut la salle d'un regard de mépris que personne ne s'embêtait à défier, avant de commencer à s'asseoir dans le fauteuil du Capitaine. Ce moment de gloire personnelle, il aurait tout donné pour l'avoir encore et encore. Il était cependant lucide, et sans en abuser il refusait toute promotion de Capitaine de peur de perdre cette sensation de jouissance en prenant place. Cela l'occupa dix bonnes minutes, et il lui fallut cinq autres pour se rendre compte de la tragédie de la situation : il avait le pont pour lui seul, pendant presque dix heures.
Chapitre 2
Envoyer un rapport lui prenait trois fois plus temps que prévu. Il relisait les données deux fois avant de les envoyer, elles en devenaient obsolètes et il envoyait alors des informations qu'ils n'avaient pu ne serait-ce que lire. Sa frustration était complète, personne sur le pont ne prêtant attention à ses états d'âme. Tous savaient que la seule préoccupation du Lieutenant était de parader dans ce nouveau bâtiment ; que les choses n'étaient pas ce qu'elles semblaient, cela était le dernier des soucis des techniciens.

À travers le vaisseau reluisant, chaque soldat savait l'importance de leur présence ici. Mais personne ne se plaisait à reluquer la beauté du neuf, ou la beauté tout court. Ils étaient dans une machine créée par des êtres pensants, pour tuer d'autres êtres pensants. Tous savaient qu'ils se battraient pourtant jusqu'à la mort, pour défendre les idéaux de la République ; et certains se rendaient aussi compte que ceux d'en fasse feraient de même. Deux camps, chacun étant prêt à payer de sa vie le modèle qu'il défend, et refusant de penser qu'un accord est possible. Telle est la teneur de la guerre.

Personne ne savait que ce qu'ils entreprenaient n'avaient jamais été fait. La République s'était toujours suffi à elle-même pour se défendre, mais pour beaucoup ce qui protégeait la République était la République. Pour d'autres il était inconcevable qu'une organisation gouvernementale comme la République ait pu survivre sans une armée portant ce nom. Pourtant chaque monde assurait sa propre sécurité ; chacun avait son armée, avec son Etat-Major et toute sa hiérarchie. Pour la première fois, toutes ses forces avaient été rassemblées pour frapper comme une seule, sous une seule bannière.

Quant à savoir si cet étendard était celui de la République, voici une question que pas un sur plus de mille vaisseaux ne pensaient à se poser. Un seul homme pouvait se la poser, mais il connaissait déjà la réponse. Ranulph Tarkin, général mais avant tout sénateur. Même si tout le monde devait l'appeler par le premier et non le deuxième. Pour un général, Ranulph Tarkin ne pense qu'à une seule chose : sa future ascension au sein du Sénat, grâce à sa décision et sa victoire prochaine.

La crise que cause Iako Stark n'est pour Tarkin qu'un moyen comme un autre. L'occasion se présente, il la saisit. S'il était un Jedi, il verrait là l'implication de la Force. Mais Ranulph Tarkin ne croit en rien, à l'exception de sa victoire imminente et des ovations sénatoriales. D'ici la fin de la journée, beaucoup de ses espoirs se seront envolés, ses projets décapités avant d'avoir pu naître, et malgré son extrême arrogance il sera l'espace d'un instant ce qu'il aurait dû être depuis le début : un général qui commande ses troupes, et obéit au pouvoir en place.

Le Lieutenant Gak relit les données, appuit sur le bouton "Envoi". Il réalise brutalement, se lève enfin. Il regarde autour de lui sans voir, complètement stupide, au milieu de ceux qui peut-être lèvent la tête pour le regarder. Tous hésitent, certains s'avancent. Seul encore au courant de la catastrophe, il imagine de nouveau les romans épouvantables qu'il voit inexorablement se réaliser devant lui. Le pont est encore illuminé par la lumière des étoiles du voyage en hyperespace, et le Lieutenant Gak vient d'envoyer son quinzième rapport au Capitaine Louam Portom.
Chapitre 3
Par souci de panique plus que par précaution, Gak déclenche l'appel aux postes sur tout le vaisseau. Quand le Capitaine n'est toujours pas là après dix minutes, le Lieutenant envoya deux soldats le chercher. La porte du pont s'ouvrit d'un mouvement brusque.

- Capitaine sur le pont !

Tout le monde se leva et se tint au garde-à-vous. Chacun regardait droit devant lui, mais certains remarquèrent les marques sur le visage du Capitaine. De toute évidence ce dernier s'était endormi.

- Repos. Puis le Capitaine se positionna devant les fenêtres d'observation. "Qu'est ce qui se passe Lieutenant que je n'ai pas lu dans vos rapports ?
- Cela fait plus de quinze heures que nous sommes en vol hyperspatial Monsieur.

Portom ne réagit pas tout de suite, preuve que c'était la première fois qu'il se trouvait confronté à un imprévu. Des milliers de pensées lui traversèrent la tête. La seule chose qu'on lui avait apprise c'est que cela voulait dire qu'ils auraient dû passer à travers la planète, autrement dit qu'ils auraient dû exploser en milliards de particules. La phrase retentit sur tout le pont ; certains vérifièrent leurs écrans pour ne constater que la tragique vérité. Funestement, le Lieutenant Gak du Lourdes' Pride venait de tuer un homme par la simple force de sa voix. Un cri fut poussé sur le pont, et quand tout le monde se retourna, chacun put apercevoir l'un d'entre eux, étalé sur le sol.

Son corps était agité de spasmes réguliers, avec des crises plus importantes. Une se fit sentir puis finit, un flot de sang coulant du nez de l'officier de pont. Une secousse faisait bouger le corps de temps à autre, et la mare de sang s'agrandissait sur le sol sans que personne ne bouge. Le sang arriva finalement au pied du Capitaine qui reçut comme une décharge électrique. Il donna une série d'ordres, avec une voix qui empêchait quiconque de riposter. Cela permit surtout à tout le monde de reprendre ses esprits et de reprendre le contrôle du vaisseau.

Le corps fut transporté à l'infirmerie, l'état d'alerte descendut d'un cran, les calculs vérifiés, le sol nettoyé. À peine le soldat eut fini de retirer la tache, que le signal de sortie de l'hyperespace retentit à travers le pont. Personne ne réagit tout de suite, et Portom lui-même dut enclencher les freins. Tout doucement les traits blancs se précisèrent et redevinrent des étoiles. Chacun regardait assidûment cet espace, essayant de reconnaître où ils se trouvaient bien qu'aucun n'ignore la vanité de la tentative.

Seule une planète apparaissait devant eux. Rapidement une autre alarme retentit, et chacun reprit son poste, l'un cherchant des données d'astronavigation, l'autre calculant une possible position? La réponse ne se fit pas attendre, et c'est d'une voix sûre, une voix de celui qui sait que les problèmes sont sur les épaules de quelqu'un d'autre que l'inexorable se fit entendre.

- Capitaine nous sommes attirés par cette planète !
Chapitre 4
- Engagez les moteurs à répulsion, propulsion à 110 % ?

- ? moteurs enclenchés ! ?

- ? stoppez tous les autres moteurs ! Transférez toutes les énergies secondaires vers les moteurs à répulsions !

- On se rapproche toujours ! Intégrité du vaisseau compromise ! Fusion des moteurs dans ? dix minutes et douze secondes !

- 115 % ! Maintenant !

Alors que le vaisseau entier tremblait, chacun ne tenant à son poste que par des miracles de physique, l'atmosphère jaune devant eux se rapprochait. Soudain, des points noirs se formèrent ; le bâtiment se tourna malgré lui pour arriver latéralement dans la stratosphère, des éclairs jaillirent des dépressions et s'arrimèrent sur l'esquif. Bien que cela aurait paru impossible à n'importe qui, les tremblements redoublèrent d'originalité et d'intensité. Doucement, accroché avec une seule main à sa console, le Capitaine Louam Portom poussa le bouton engendrant l'arrêt immédiat de l'énergie.

L'espace d'une seconde le pont ne fut plus éclairé que d'une lumière jaunâtre malsaine.

Puis le courant revint. Les turbulences avaient cessé et le Lourdes' Pride s'enfonça dans cette couche qui ne daigna même pas s'écarter. Doucement cette couche remonta, et une vision d'horreur apparut devant les femmes et hommes du vaisseau. Leur descente s'arrêta, et c'est à loisir qu'ils purent contempler le spectacle.

Les éclairs entouraient toujours la machine, et le ciel était recouvert à perte de vue par ces nuages platinés ; plus bas, on ne voyait que des pics de ce qui semblait être de la roche, connectés les uns aux autres par ce qui pourrait être des ponts. À certains endroits, tels des vaisseaux nasaux humains, des taches rouges déchiraient le ciel. À l'horizon, on pouvait voir une épaisse fumée ocre montée pour atteindre les hauteurs et nourrir ces démons d'or et de sang.

- Lieutenant.

La voix douce et faible du Capitaine emplit le pont, mais resta cependant sans réponse. Il se retourna vivement et s'aperçut que Gak ne se trouvait plus sur la passerelle. Il se dirigea rapidement vers la porte qui s'ouvrit à son approche, mais il ne découvrit qu'un couloir vide. Il passa un regard strict à travers la pièce et fut surpris de rencontrer le regard de chacun des soldats présents sur le pont. D'un pas lent, il retourna à son poste d'observation. À peine avait-il posé les mains sur la barre qu'une alarme se déclenchait ; par réflexe, il les retira, s'attendant à ce que le bruit s'arrête.

- Capitaine ! Une capsule de sauvetage est en train de se détacher du vaisseau !

- Le Lieutenant Gak est à bord Capitaine !

Tous regardèrent alors l'écran principal où l'une des caméras extérieures affichait le voyage du petit appendice. Immédiatement après la désolidarisation, un éclair jaillit du sol et entoura l'embarcadère de l'infortuné Lieutenant.

- Sa vitesse augmente grandement Capitaine ! Un temps. Il a compensé en coupant ses moteurs, vitesse normale.

Le visage déchiré par la frayeur, tous furent témoins de la montée soudaine de la fumée ocre qui engloba la capsule de sauvetage. Quand elle disparut enfin, rien ne restait de ce morceau du Lourdes's Pride, dernier témoin de l'existence du Lieutenant Gak.
Chapitre 5
Selon l'horloge interne du vaisseau, le jour se levait. Louam Portom aurait voulu voir son monde natal se réveiller. S'il sortait de sa cabine personnelle, il n'aurait pas même prêté attention à ce paysage inchangé. Mais seul, il ne s'intéressait à rien, pas même au verre d'alcool qu'il avait illégalement fait entrer sur son vaisseau. Complètement ahuri, il attendait.

Une délicate sonnette retentit enfin ; il s'était passé plusieurs heures ainsi, mais pour lui, c'est comme si le soldat qu'il attendait revenait tout juste après avoir franchi la porte en quittant la pièce. Il permit au scientifique de rentrer dans sa cabine, sans prendre même la peine de ranger son verre. Le volontaire se plaça au garde-à-vous devant le bureau.

- Capitaine ! comme vous l'avez ordonné, j'ai inspecté les données d'astronavigation afin de trouver une cause à notre arrivée ici.

Lentement, Portom leva la tête. Étant sur le point de commencer sa phrase, le soldat resta un instant bouche bée devant l'absence de sentiment dans l'expression de son interlocuteur. Il se reprit enfin, et continua son exposé.

- Les coordonnées qui étaient entrées dans l'ordinateur de bord étaient correctes. Le Sénateur Ranulph Tarkin ne nous a ni trahis ni ne s'est trompé. J'ai alors commencé des relevés de cartes pour?

- Allez aux faits soldat.

La voix du Capitaine lui sembla sortir de tellement loin, qu'encore une fois le silence régna sur la pièce. Même, lorsque le rapport reprit son cours, un léger bafouillage ne put que se faire entendre, dernière bravade de l'ancien maître de ces lieux.

- O? oui Capitaine ! J'ai trouvé l'existence d'un virus implanté dans notre système de navigation. Juste au moment du départ, les coordonnées ont été changées pour des données aléatoires. Nous avons eu extrêmement de chances de pouvoir en réchapper Monsieur.


La surprise illumina momentanément le visage de Louam Portom, avant qu'un profond rire ne secoue tout son corps pendant une longue minute. Ne sachant que faire, la recrue regarda autour de lui discrètement, cherchant un regard, un soutien dans une pièce totalement vide. Sentant les derniers soubresauts de l'éclat, le soldat reporta son attention sur son supérieur. Ils se regardèrent pendant longtemps, le volontaire bougeant désormais légèrement ses doigts dans son dos en un désespérant appel à l'aide. Enfin, en regardant un tiroir qu'il ouvrait, le Commandant du vaisseau reprit.

- Dites-moi, à combien avez-vous travaillé sur ce projet ?

- Complètement seul Monsieur, bombant légèrement le torse.

- Très bien vous pouvez vous retirer.

Et pendant que ce dernier se remettait au garde-à-vous, le Capitaine, qui n'avait pas prévu ce geste, tournait la tête vers son tiroir. Conformément au règlement militaire, les jambes du soldat se décalèrent vers la porte avant que le reste du corps ne suive. Le visage déchiré par l'horreur l'angoisse et la peur, sa magnifique man?uvre martial se retrouva figée, brisée dans son élan. Louam Portom tira à trois reprises en plein dans le c?ur de l'ancien réserviste.
Chapitre 6
Cantine des sous-officiers et soldats du rang

Depuis leur arrivée, une fois que le voile s'était levé sur la situation désolée, une grogne naissait parmi les hommes et femmes du Lourdes' Pride. Il leur était évident que le capitaine et ses plus proches lieutenants leur cachait une partie de la vérité. Ils préféraient, et de loin, tout tenter, même si cela devait amener le vaisseau à se désagréger entièrement.

Le cinquième lieutenant Thorlan a été à l'origine de ce mouvement ; ses revendications étaient simples : savoir le véritable état des choses, et ce qui était arrivé à ce chercheur disparu peu après s'être retrouvé avec un travail pour le Capitaine. L'annonce officielle de sa défection satisfaisait bien peu de monde.

Thorlan, au moment le plus fort de la mobilisation, vit sous ses yeux des mouvements radicaux émergés et prendre petit à petit de plus en plus de monde sous sa coupe. Pauvre victime des évènements, le cinquième lieutenant ne savait que faire pour empêcher l'enlisement du conflit qui se dirigeait selon lui vers un massacre d'innocents.

Dans une dernière tentative, il réunit les soixante-quinze membres du mouvement. Il leur tint un discours difficile, que peu comprirent réellement. Lui-même s'y était perdu très rapidement. Certains pourtant, peut-être parmi les plus fous, comprirent la teneur du message, l'inutilité d'un combat et suivirent Thorlan dans cette ultime bravoure.

C'est donc une délégation de vingt-cinq hommes et femmes, avec à leur tête le meneur dépassé qui se rendit dans les quartiers des officiers. La discussion y fut courte mais endiablée. Devant l'inébranlable volonté qui se dressait devant eux, les officiers ne purent que laisser le passage libre.

C'est ainsi que le Lourdes' Pride perdit vingt-cinq de ses membres dans une tentative de s'établir à la surface de cette hostile planète. L'équipage entier regarda le départ, à l'exception du Capitaine, enfermé dans sa cabine depuis plusieurs jours.

L'équipage entier vit certains hésiter, ramenés à leur raison par Thorlan ; et sans qu'un autre mot ne soit prononcé, il vit aussi les capsules se détacher une à une vers la couche ocre, insondable qui recouvrait la surface.
Chapitre 7
[Merci de noter qu'à partir de ce chapitre les détails crus peuvent choquer les plus jeunes lecteurs.]

L'apparente mort de Thorlan et de son groupe resta gravé dans les esprits. Pendant plusieurs jours, pas un mot ne fut prononcé, de rares regards échangés, d'un coin de l'?il. Le premier à parler fut B4-G1, le droïde de protocole. La simple question qu'il posa et la réponse qu'il reçut soulagèrent la totalité du vaisseau.

L'action qu'il avait voulu héroïque fut déviée, et le cinquième Lieutenant Thorlan, même porté disparu mort, se vit retiré son dernier moment de gloire. Les commandants du vaisseau furent accusés d'avoir envoyé là une partie d'entre eux pour pouvoir s'enfuir plus facilement.

Car c'était sûr maintenant : le Capitaine et ses premiers Lieutenants avaient trouvé un moyen pour rentrer à la maison, mais il leur fallait laisser derrière eux le Lourdes' Pride. L'armurerie du bâtiment fut prise d'assaut en premier.

Les officiers et certains fidèles sentaient venir la révolte et les attendaient de pied ferme. Alors que les mutins s'avançaient, une porte s'ouvrit brusquement, un canon parut et un tir partit. Celui qui se tenait en tête du convoi s'écroula de tout son long. Le premier à se révolter fut le premier à mourir.

Le combat s'engagea rapidement, dans chaque pièce, chaque recoin. Les atrocités qui suivirent faisaient partie des combats. Certains eurent la chance de mourir. Les plus chanceux reçurent un tir de blaster en pleine poitrine. D'autres moururent à la suite de coups et blessures : la tête lentement fracassée à coup de manche, les os brisés un par un, ?

L'engagement avait commencé dans les cris et la rage, il finira dans le sang et les pleurs. De l'équipage de départ, il restait à peine plus du tiers. Les survivants loyaux à la chaîne de commande mirent les autres dans la cantine afin de les surveiller. Par petits groupes, ils sortaient sous étroite surveillance.

Ils devaient maintenant nettoyer entièrement le vaisseau, offrir une décente sépulture à tous les morts, bons ou mauvais, gentils ou méchants, beaux ou moches. La seconde partie du travail fut de retirer tout le sang des murs. Beaucoup perdirent leur dignité et vomissaient les rations immondes qu'ils devaient manger.

Certains perdirent plus discrètement la raison. Même avec la sanction de la mort, un garde ne peut être tout le temps sur le qui vive. Un prisonnier en particulier était félicité pour son travail de nettoyage parfait. Personne ne savait que le résultat était dû à ce que, dès qu'on ne le regardait plus, le prisonnier en question léchait les murs couvert de sang.

Pendant les moments où on lui accordait un peu d'intimité, il se recouvrait le corps des entrailles ramassées avant de les envoyer dans le compacteur, il se tatouait la peau avec le sang récoltait, décrivait des dessins invoquant des puissances occultes inexistantes sur le corps.

Cet homme fut le dernier à être tué à bord du [i]Lourdes' Pride{/i].
Chapitre 8
La cantine des soldats était vaste, et sur les parois se situaient plusieurs panneaux d'accès aux commandes électriques du vaisseau. Il arrivait souvent qu'une unité R2 fut envoyée pour réparer un point précis.

Pendant l'une de ses réparations, le prisonnier victime d'une défaillance de sa raison rentrait justement d'une de ses périodes de travail. A la vue du droïde, certains racontent que ses yeux étaient exorbités, juste avant que le sang n'y afflue en grande quantité.

Il se propulsa à travers la salle et quand il arriva à hauteur de la machine, il sortit un outil qu'il cachait sous sa veste. D'un grand mouvement circulaire, il atteignit sa cible en hauteur. Perdant son équilibre l'unité R2 s'écroula sur le sol. Mais avant que quelqu'un ait pu empêcher quoi que ce soit, le droïde se retrouva complètement détruit, éparpillé dans toute la pièce.

Il se retourna alors violemment pour faire face à ses camarades. Le laps de temps dura une éternité pour beaucoup, et le fou scrutait chacun de son regard perçant et malade. Mais un ancien révolté se sentit menacé, comprit rapidement que désormais rien ne pouvait arrêter son ancien compagnon dans sa folie meurtrière.

Il se jeta sur lui, le plaqua sur le sol. Profitant de la surprise, il réussit à le désarmer et à assener les premiers coups de poings. En résistance, le prisonnier au sol releva la tête au moment même où celui au-dessus armait pour la première fois son bras. Il reçut le choc de plein fouet, et cogna sa tête si brutalement sur le plancher que celle-ci se fracassa.

Un mince filet de sang commença à couler, mais même sans cela, personne ne pouvait ignorer que le fou était mort. Il était écrit cependant que chacun devait être atteint par le même mal. Au son mat produit par la tête, la jouissance de sentir les os craquer sous les doigts, l'exaltation de sentir son pouvoir de vie et de mort prirent possession de celui qui l'instant d'avant était presque en situation de légitime défense.

Il continua de frapper, encore et encore. Il ne se serait jamais arrêté si personne ne l'en avait empêché. Le fou fut propulsé dans l'atmosphère comme tous les autres morts, l'autre fut enfermé à part, cloîtré, clôturé, barricadé de l'extérieur par ceux avec qui il avait mangé à la même table.

Le seul qui restait complètement impassible à tous les évènements qui venaient d'avoir lieu était le chef du vaisseau, le Capitaine Louam Portom. Seul lui aussi dans sa cabine, il sentait sa raison perdre le combat petit à petit. Il était le seul à détenir le secret qui les condamnait tous, et il voulait accomplir certaines actions avant de devenir forcené son tour.
Chapitre 9
Depuis qu'il savait qu'ils étaient condamnés, le Capitaine Louam Portom n'avait quitté sa cabine. Plus personne n'y entrait, et les officiers aux commandes commençaient à arriver à court d'options pour expliquer l'absence de leur chef.

Louam était un soldat ; il était né pour ça, il le savait. Le premier bâtiment que sa planète produisait participait à une action de grande envergure pour la République. C'était pour le futur qu'ils travaillaient. Avec son échec, il savait que son monde ne participerait plus aux actions de la République.

Les pensées de son monde natal, du château de son roi, et surtout l'idée même qu'il ne pourrait jamais, lui ou aucun autre membre de son équipage, revoir ou reposer pied là-bas rendait Louam Portom un peu plus fou à chaque seconde.

Il sentait sa raison le quitter ; il avait pris pour habitude de regarder constamment l'heure pour voir le temps. Les périodes d'égarement où il n'était pas conscient s'allongeaient de plus en plus. Il le savait, s'il ne mettait pas fin à ces jours, il finirait dans un asile.

Un asile? Encore faudrait-il qu'il y ait un asile ! En défense, ces soldats le tueraient. Assassiner par ses propres hommes, pour leur propre survie, qu'il avait jurés de protéger. Quelle ironie !

Il ne pouvait mourir sans qu'aucun ne sache ce qu'il se passait. Mais le courage lui manquait pour l'annoncer de vive voix. Il alluma son bureau personnel et commença à rédiger. Cela lui prit plusieurs jours. Il entendit la mutinerie dehors, les coups répétés à sa porte, ?

Mais il ne s'arrêtait pas. Cela lui prenait assez de temps sans être dérangé. Quand il eut fini il regarda la date à laquelle il avait commencé : sept jours standards. Il lui avait fallu sept jours pour écrire une simple lettre d'adieu et d'excuses d'à peine deux pages.

Il faillit rigoler, mais cela n'avait plus de sens maintenant. Il referma doucement son écran, mais pas jusqu'au bout pour que celui qui découvrirait la scène ait l'idée de regarder là. Il sortit son arme personnelle.

Il se souvint du jour où sa femme lui avait offert ce cadeau. C'est plus une arme de décoration tu sais, avait-elle cru bon d'ajouter. Il rentra le canon dans sa bouche ; " Ouais, de décoration? ", et pressa la détente.
Chapitre 10
" Si vous recevez ceci, c'est que comme nous vous avez été victimes comme notre vaisseau, le Lourdes' Pride, et son équipage de la terrible attraction de cette planète. Nous avons été coincés ici plusieurs mois, donc je pense qu'à l'heure où je dicte ce message, nous devons être à peu près un an après la guerre civile engendrée par Iaco Stark.

Tout dépend quand vous arrivez ; si les réserves sont assez suffisantes mon hologramme s'est affiché. Dans le cas contraire, c'est juste ma voix que vous entendez. Je suis le second scientifique de ce bâtiment, Skeetel, Numéro d'Identification 328 7-A-642 B. Je suis passé premier lorsque Thorlan, mon supérieur a disparu.

La raison officielle était qu'il avait tenté de quitter le vaisseau et avait été aspiré vers le sol pour ne jamais revenir. J'ai découvert la vérité, bien plus terrible encore. Notre Capitaine, Louam Portom, s'est suicidé ; il se trouve que je passais à côté de sa cabine à ce moment-là. Quand je suis entré j'ai vu ce corps sans vie, avec un trou à la place de la nuque.

J'ai parcouru l'intégralité de ces documents, et des derniers travaux de Thorlan. De son dernier en particulier. Vous trouverez toutes les informations nécessaires à la fin de cet enregistrement. Pour faire court, nous avons été victimes d'un virus qui a modifié de façon aléatoire nos coordonnées de saut d'hyperespace. En théorie nous pourrions dire que nous avons été chanceux de nous en sortir. La réalité est bien plus sadique.

Comme vous qui entendez ce message, nous avons été victimes de l'attraction de cette planète ; tous nos efforts ont été vains pour essayer de nous en détacher, et personne ne pouvait trouver où nous étions. Nous étions condamnés à une mort lente et inéluctable. En tant que scientifique, je me dois de penser en avance sur mes semblables. C'est donc seul que j'ai pris les décisions suivantes.

Depuis notre départ de Coruscant, tout a été enregistré, compacté et placé dans la mémoire de cet enregistrement. Vous aurez donc une série de données et peut-être trouverez-vous une sortie à cet enfer. Dans le cas contraire, j'espère qu'au moins l'un d'entre vous aura le courage de faire ce que j'ai entrepris.

J'ai décidé de sacrifier tout l'équipage qui reste, c'est-à-dire trente-huit hommes et femmes. Les ressources qu'ils utiliseront réduiraient de manière considérable le temps pendant lequel ce message peut être transmis. Ainsi, c'est pendant plusieurs siècles, voire un ou deux millénaires si mes calculs sont corrects, que ce message sera disponible.

J'ai convoqué tout l'équipage dans une pièce ; du gaz y sera injecté et ils mourront tous. Les trois unités restantes, deux R2 et un droïde de protocole B4-G1, s'occuperont des corps afin d'utiliser les énergies qu'ils tiennent dans leur sein.

Que ce soit vous, deuxième vaisseau prisonnier, ou quiconque, si vous trouvez le moyen de partir, merci de donner cet enregistrement et tout ce qu'il contient à notre planète natale dont les coordonnées sont dans les données. J'arrête là cette transmission et m'en vais rejoindre mes frères et s?urs pour mourir avec eux."

End Transmission