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Chap 1 - Coup du sort
La pièce était sobre, seuls quelques meubles fonctionnels utilisaient encore l’espace. Le système de communication avait été spécialement modifié la veille par un technicien Csapla pour n’accepter qu’une communication, celle qui permettrait au maître des lieux d’être fixé sur son sort futur. Tous les effets, tant personnels que professionnels de ce dernier, avaient été fouillés, confisqués ou « neutralisés ».
S’asseyant dans un fauteuil, l’occupant des quartiers se mit à regarder les murs de glace et les systèmes de chauffage désormais sécurisés pour empêcher tout changement de fonction autre que de permettre aux possibles occupants de survivre aux conditions climatiques particulières de Csilla. Les étrangers venant sur ce monde pensaient ce système de chauffage, s’allumant à la présence d’une personne et s’éteignant après son passage, était la preuve de l’entêtement des Chiss à vivre sur une planète hostile. Ils n’avaient pas totalement tort, cependant la plupart oubliaient que sur cette planète gelée, toute construction immobilière faite d’un autre matériau dit conventionnel ne tiendrait pas plus d’une semaine face aux tempêtes glaciales.
Plutôt grand et de forte carrure pour sa race, les cheveux coupés courts et la peau bleue, l’occupant de la pièce acheva l’inspection de son logement devenu sa prison en posant ses yeux rouges sur l’unique porte, sachant pertinemment que deux gardes armés de charricks se trouvaient de l’autre côté, empêchant toute personne de s’approcher.
Le Chiss connut sous le nom de Lend’Ubr’Okini soupira, « comme si j’allais m’enfuir, plutôt mourir que perdre mon honneur » dit-il d’une voix forte à l’attention des micro « dissimulés » dans ses quartiers. En effet le Chiss connaissait parfaitement les méthodes de ses ex-employeurs, il les avait lui-même tant utilisées par le passé...

Grandissant sur Csilla, le Chiss avait passé une enfance heureuse dans le cocon familiale, tout du moins au début, aidant comme il pouvait sa mère et sa sœur pour l’entretien de leurs quartiers luxueux au sein de la famille Sabosen, dévorant dès qu’il avait un peu de temps les livres de la grande bibliothèque Chiss. Un jour son père, Fin’Ost’Osaio membre respecté du conseil, était revenu énervé d’un conseil particulièrement houleux.
- « l’image de marque de l’empire est en train de perdre du terrain dans les colonies et les planètes extérieures, ce nouveau chef diplomate est une plaie pour le bien de notre race» expliqua le père à la mère en tapant du poing sur la table, « dire qu’il est intouchable, il a trop d’influence et qui plus est fait partie de la « famille» ».
Lend’Ubr’Osaio, alors âgé de huit ans, regarda son père :
-« vous êtes alors obligé de le défendre en conseil c’est cela père ? ».
Nosto hocha la tête : -« en tant que Sabosen oui, mais par ma place j’ai pu arriver à obtenir l’autorisation de le suivre dans une de ses missions, je pourrais alors m’assurer de pouvoir l’empêcher de nuire… ne vous inquiétez pas je ne risque rien ce diplomate ne peut rien contre moi » ajouta-t-il prestement devant les regards horrifiés de sa femme et sa fille, Dubro regardant la scène sans comprendre les échanges de regards.
Quelques jours plus tard, toute la famille se rendit au Spatioport d’Ac’Siel, capitale de Csilla, pour le départ en mission de Fin’Ost’Osaio, arrivant devant le vaisseau diplomatique la famille commença ses au revoir quand une petite main saisit la manche de Nosto. Nosto baissant les yeux regarda son fils :
-« Père n’y allez pas, cette personne est mauvaise. »
Nosto regarda dans la direction que son fils montrait, un Chiss de taille moyenne aux sourcils épais et à la posture fière se trouvait à cet endroit. Le père hocha alors la tête :
-« Je le sais mais ne t’inquiète pas, quelque chose de supérieur à tout être vivant veille sur moi. ».
Dubro hocha la tête, ne comprenant pas ce que son père avait voulu dire par là, et le laissa partir avec le diplomate en question, ne sachant pas encore qu’il ne verrait jamais plus son père.
Chap 2 - Une main secourable
Les temps suivants furent durs pour la famille Osaio, non seulement Fin’Ost’Osaio ne revint jamais, ayant été, selon la version officielle, tué par un « étranger ». Mais de plus la famille fut « conviée » de manière musclée, par le nouveau membre Sabosen du conseil, à partir de leurs quartiers ainsi que de la planète. Ils se retrouvèrent ainsi mis dehors par une froide nuit. Après des essais infructueux auprès des autres familles principales Chiss, ou la même réponse froide de refus leur était donnée, les Osaio se résignèrent à devoir quitter Csilla après avoir logé ici et là chez des « connaissances » redevables à Fin’Ost’Osaio. Ainsi ils se retrouvèrent un beau jour au Spatioport de Csilla.
Alors qu’ils allaient embarquer sur le prochain cargo en partance pour une colonie reculée, Dubro, âgé de dix ans, fut attiré par un pressentiment à échapper à la main de sa mère et descendit en courant la rampe d’embarquement, se faufilant entre les jambes des voyageurs alors que sa mère l’appelait de loin, commençant à son tour à remonter le flot de passagers. Dubro suivant son intuition courut sur le quai du spatioport et s’arrêta devant un stand de recrutement de la Flotte de Défense Chiss. Haussant les épaules et tentant le tout pour le tout, Dubro se présenta devant le guichet et attira l’attention du souscripteur, un jeune Chiss âgé d’une quinzaine d’années :
-« Bonjour, désolé de vous déranger mais ce serait pour m’inscrire aux formations que vous proposez. »
Le souscripteur le dévisagea avant de sourire en coin « retourne chez toi petit tu es trop jeune pour cela.»
-« Mais nous n’avons plus de chez nous monsieur, je suis sûr que je peux vous servir à quelque chose en échange d’un quartier où vivre… »
Au bout d’un moment le souscripteur s’énervant s’écria « tu ne pourrais même pas servir à porter des feuilles de filmplast, allez va-t-en et arrête de me faire perdre mon temps. »
Deux événements se produisirent alors en même temps, la mère de Dubro débarqua dans le stand alors que de l’arrière-bureau du stand sortait un capitaine de la flotte de défense. Le souscripteur se mit au garde à vous devant son supérieur pendant que Dubro faisait, en quelque sorte, de-même devant sa mère.
-« Que fait-tu là ? Tu n’as pas à filer comme cela ! Quelle image pour notre famille ! »
-« Que faites-vous là soldat? Vous n’avez pas à crier comme cela ! Quelle image pour notre armée.»
S’écrièrent les deux nouveaux arrivants au même moment. Les deux adultes se regardèrent laissant les deux coupables dans leur silence honteux. Le capitaine et la chef de famille engagèrent alors la conversation commençant en même temps par des excuses et s’entrecoupant sans cesse « veuillez acceptez mes humbles excuses de la part de mon fils/mon apprenti, il est encore jeune/en formation… ». De fil en aiguille, les deux adultes se mirent à discuter de la situation de la famille Osaio et sur l’aide que pourrait apporter le capitaine.

Le capitaine Acka’Lle’Nuruodo était en tournée de recrutement avec son futur remplaçant, et en profitait pour le former aux civilités et aux relations avec les autres. En effet Moc’Har’Nuruodo, prometteur pour la flotte de défense mais à tendance asocial, était le jeune souscripteur que Dubro avait interpellé. Le capitaine Kallen offrit alors que la famille Osaio soit accueillie temporairement au sein de la famille Nuruodo, le temps que la famille se trouve une place, même dans une famille de moindre importance. Kallen devint ainsi l’ami de la famille Osaio et, leur apportant son aide, leur permit de repartir de zéro dans la société chiss plutôt que de finir, comme de nombreuses familles déchues, réfugiés sur une lointaine colonie, dans certes de meilleures conditions météorologiques, mais exposées à tant de dangers extérieurs.

Il fallut encore un an de petits travaux à la famille de Dubro avant que les choses ne s’améliorent pour eux. En effet, un jour, Baf’Eel’Osaio, sœur aînée de Dubro, revint joyeusement ayant trouvé une place à la bibliothèque de Csilla, tant pour elle que pour sa mère, tout en obtenant étrangement l’autorisation pour le jeune Dubro de rester près d’elle.
Cela tombait bizarrement bien selon Dubro, Kallen allant être fortement occupé par ses patrouilles aux frontières de l’empire chiss, les Vagaaris, ennemis jurés des Chiss, faisant de fréquentes attaques sur les colonies éloignées. Au moment où Dubro fit part de sa pensée à Kallen, ce capitaine, qui sans le vouloir était déjà en train de devenir un second père pour Dubro, répondit en souriant en coin :
-«Tu as l’esprit vif. Un jour tu comprendras.»
Les trois membres restants de la famille Osaio se préparèrent alors pour être accueillis par leur nouvelle famille, les Inrokinis. Voulant dire au revoir à leur sauveur Dubro regarda fixement Acka’Lle’Nuruodo dans les yeux et lui déclama :
-« Je m’engagerai dans la Flotte de défense dès que je pourrais, afin de suivre vos traces capitaine.»
Kallen sourit en coin pendant qu’Ocharn, jaloux de l’attention que le capitaine donnait au jeune Chiss qu’il considérait déjà comme un rival potentiel, fusillait Dubro du regard
-« Il y a déjà quelqu’un qui suit mes traces, mais nul doute que tu pourrais être utile, même sans faire partie de la flotte de défense…. N’oublie jamais que toute personne a un rôle à jouer, petit ou grand, visible ou non, dans sa vie et celle des autres. »
Dubro sourit ayant pris, sinon le sens, l’habitude des phrases philosophiques du vieux capitaine. Ce dernier l’avait en effet « nourri » pendant la dernière année d’anecdotes de batailles terrestres et spatiales, et de leçons moralisatrices, implantant à dessein ou non - seul Kallen peut le savoir - la philosophie d’une attaque préventive.
Dubro fit ses au-revoir polis avec Ocharn, les deux jeunes gens, bien que ne se vouant pas de haine, n’avait jamais pu s’entendre autrement que froidement et poliment. Ocharn quant à lui rendit l’au-revoir en jubilant de ne plus avoir cet enquiquinant gamin pour lui voler la place qui lui revenait de droit auprès du capitaine Kallen. La famille Osaio partit ainsi s’intégrer de nouveau parmi une famille influente chiss. Cependant l’apprentissage de Dubro dans la société chiss ne faisait que commencer.

Les deux années qui s’ensuivirent furent simples mais riches en événements comme en connaissances pour la famille Osaio. Acceptée par «la famille» Inrokini et surtout par le mariage de Baf’Eel’Osaio avec Jar’Zel’Okini, Chiss parfois insupportable selon Dubro, mais doté d’un bon fond, les Osaio devinrent par extension membres à part entière des Inrokini. Cependant ce changement avait aussi pour but d’étouffer toute trace de leur ancienne vie. Certains étrangers prendraient cela pour de la paranoïa, mais cette pratique était courante chez les Chiss, des personnes changeant d’appartenance à une famille se doivent de changer leurs noms, une fois intégrés pour que leur passé ne porte jamais préjudice à la « famille » accueillante.
Lend’Ubr’Okini put ainsi aider sa mère et sa sœur dans leur travail d’archivistes à la grande bibliothèque. Cependant il profitait de chaque instant de temps libre pour « dévorer » le plus de livres possibles, principalement ceux concernant l’astronavigation, le vol spatial, la mécanique, mais aussi les rapports concernant les planètes proches de l’empire chiss, délaissant cependant tout ce qui avait trait aux régions dites de l’Alliance Galactique. Dubro méprisait cette région d’où venait le soi-disant assassin de son père. Il apprit cependant la langue de l’AG, le basique, afin de réaliser un jour son rêve de pouvoir comprendre et surtout faire comprendre son erreur à cet humain.
Cette période fut cependant heureuse, permettant même à Dubro de se faire quelques amis, sans compter les passages fréquents, sous divers prétextes, d’Acka’Lle’Nuruodo.
Un jour, Dubro parla avec Kallen de l’humain qui avait tué son père, ce réfugié, ex-soldat de l’Alliance Galactique, tellement en besoin de crédits, avait attaqué la première personne d’allure prometteuse pour la voler. Cette personne s’était, hélas, trouvée être Fin’Ost’Osaio. En effet, Nosto, pour les besoins de son enquête sur le diplomate en chef, dont Dubro ignorait d’ailleurs toujours le nom, s’était retrouvé seul dans ce secteur mal-famé de la colonie P-380. Oh oui, Dubro haïssait les Humains.
Kallen le rabroua alors :
« Ce n’est pas parce qu’un humain t’a fait du mal que tous les humains sont mauvais…. De plus, d’un point de vue stratégique, cela devrait justement être pour toi une raison de plus d’étudier les rapports sur la «Civilisation» de cet individu pour connaître les faiblesses de ce type de personnes….. La vengeance est certes un sentiment puissant et peut te motiver pour atteindre ton but, mais, dans ce cas-là, elle t’empêche de mettre tous les atouts de ton côté….»
Levant les yeux au ciel, ce qui heureusement est très difficile à percevoir chez un Chiss, ces derniers n’ayant pas de pupille à proprement parler, Dubro n’écoutait plus vraiment le capitaine.
Cependant ramenant son regard vers ce dernier, Dubro La vit, Elle, le port altier malgré son jeune âge, les cheveux longs bruns à reflets bleus, un caractère fort transparaissant dès le premier coup d’œil. Comme hypnotisé, Dubro ne put quitter la jeune Chiss des yeux, cela finit par l’obliger à tourner la tête pour continuer à l’admirer, jusqu’au moment où la Chiss sortit de la bibliothèque par la porte principale. Un soupir exaspéré retentit alors, Kallen avait suivi le regard de son protégé et souriait en coin : « ah là là ! La jeunesse. » Dubro venait de voir pour la première fois celle qui serait si importante pour son destin, en bien comme en mal.
Chap 3 - Destin tracé ?
S’il y avait bien un domaine où Major n’était pas confiant, c’était dans l’expression de ses sentiments. Il lui fallut donc un bon moment avant de se décider à prendre contact avec la jeune Chiss, et encore plus à lui avouer qu’il avait envie de faire sa connaissance. Cette dernière s’appelait Celich’Els’Aklaio. Elle aimait lire mais surtout avait besoin sans cesse d’informations sur les mouvements géopolitiques des colonies chiss et autres, ce qui l’amenait à être souvent à la bibliothèque. En effet Chelsa était passionnée par les contacts avec les « étrangers ». C’était d’ailleurs le seul point de conversation que Chelsa et Dubro ne pouvaient aborder, leurs opinions étant diamétralement opposées. Cependant Dubro respectait la curiosité de Chelsa, qui, quant à elle, respectait la focalisation de Dubro sur l’assassin de son père.
Les deux jeunes gens, malgré ce point de discorde, furent rapidement proches, passant leur temps libre, quand ceux-ci coïncidaient, ensemble, explorant, s’instruisant et s’amusant dans la bibliothèque et ses alentours. Les deux amis commencèrent à connaître les environs mieux que personne.

Arriva enfin pour Dubro l’âge légal pour l’inscription à la flotte de défense chiss. Le jour de ses quatorze ans, Dubro se présenta donc au bureau de souscription. Le souscripteur accepta de l’inscrire aux tests d’admission en souriant en coin. Dubro savait parfaitement ce que pensait le Chiss en face de lui, il était de notoriété publique que peu d’Inrokini s’engageait dans l’armée chiss, et ceux qui le faisaient finissaient plus comme techniciens que comme homme de terrains et étaient considérés comme fous par leurs collègues, les Inrokini étant couramment traités de technocrates. Dubro pensa qu’il leur montrerait à tous que ce préjugé était faux. Cette pensée lui ramena en tête ses propres préjugés que Kallen avait soulignés pendant leur discussion sur l’humain qui a tué Fin’Ost’Osaio. Dubro secoua la tête comme pour refuser d’imaginer qu’il avait tort.
Passant les tests au fur et à mesure des mois, Dubro se dirigeait tout de même plus vers un domaine d’astronavigateur ou de pilote que de soldat. En effet Dubro n’était pas vraiment au même niveau physique que les autres jeunes Chiss, cependant il les dépassait largement dans les matières intellectuelles, donc il était en même temps avantagé et désavantagé par ses lectures. Cette période fut, tout du moins au début, dur à supporter moralement, les railleries de ses camarades, et même de certains de ses entraîneurs, sur son incompétence à mettre quelqu’un au tapis étant continuelles.
Même Ocharn, encore en formation, quand il était au centre d’entraînement de la Flotte de Défense, ne se gênait pas pour lui faire sentir leur quasi animosité, récupérant du coup parfois une tape sur la tête si Kallen était là.

Dubro avait le défaut, comme une grande partie des Chiss, d’être très fier. Dubro admirait d’ailleurs son amie Chelsa qui était déjà capable de tout supporter, elle semblait être, pour le jeune Chiss, comme la vallée Tcseh : glacée, immobile, forte, tout événement ne laissant aucune trace visible, et en même temps vivante, et emprisonnant des morceaux de passé pour les garder à jamais en mémoire, à l’image des restes des anciens animaux de Csilla, désormais ensevelis sous des mètres cubes de glace, apparaissant parfois en une vague ombre sur les flancs de falaise.
Dubro, quant à lui, était plus comme la lave qui couve dans le volcan avant l’éruption, à cette période, peut-être leur complémentarité expliquait d’ailleurs leur amitié, et il ne supportait que mal les railleries et davantage encore les regards compatissants des instructeurs qui l’appréciaient. En réaction, Dubro s’entraîna d’arrache-pied dès qu’il le pouvait et se focalisait sur ses avantages naturels : la précision et la rapidité.
Les mois passèrent et vint le jour où la place de Dubro dans la Flotte de défense serait choisie pour sa carrière future. Chaque Chiss passe en effet, à l’âge de seize ans un test qui décidera de sa profession, sauf si le Chiss en question bénéficiait, comme Ocharn par exemple, d’appuis d’influence familiaux. Les Inrokini n’ayant pas réellement de poids en matière militaire, Dubro passa les tests se surpassant, mais n’obtint comme poste que celui de navigateur en passerelle, sa première affectation sur le terrain serait la frégate Keptra, à l’arrière garde de l’empire chiss, loin des principales menaces comme les Yuuzhan Vong ou les Vagaari. La plupart des Chiss de sa promotion y furent aussi affectés afin de parfaire sans risques leur formation.
Chap 4 - Entraînement
La frégate Keptra était postée près de la planète Setlof, ancienne colonie Vagaari. À la prise de la planète par les Chiss, la planète fut partagée en deux zones : la zone civile, où la colonie Chiss était implantée, et l’ancienne zone de colonie des Vagaari qui était utilisée comme terrain d’entraînement.
Les Vagaari, des humanoïdes aux formes grossières, ressemblent par un coup d’œil superficiel à de gros Wampas obèses, les poils, les dents et les griffes en moins. Ils possèdent un langage dont la mélodie peut être comparée à celle des oiseaux mis à part que la plupart des Vagaari ont, même les femmes, des voix tenant plus aux ténors qu’aux sopranos.
Malgré leur air inoffensif, les Vagaari sont un peuple belliqueux s’apparentant plus à des prédateurs qu’à des peluches. Leurs muscles sont noueux, leur double mâchoire cache par ailleurs une double dentition de prédateur, leur bouche étant leur meilleure arme pouvant même leur permettre de tuer des animaux de la taille et la corpulence d’un Vornsk. Mais de plus leur génie génétique et technologique n’a rien à envier à celui des Chiss et le surpasse même.
Seul l’art de la stratégie changeait la donne à l’avantage des Chiss : là où les Vagaari jouaient leur meilleure stratégie connue (la Force brute et une supériorité numérique écrasante), les Chiss réussissaient, tout du moins pour l’instant, par de fines stratégies à les mettre en déroute.

Dubro éteint soudainement l’écran de son poste de travail entendant un « Hem Hem » derrière lui. Se retournant, il pâlit un court instant devant la capitaine Fala’ak’odaio, une des instructrices de la frégate,soit dit en passant la directrice du centre de formation et qui plus est la plus stricte et la plus sévère.
« - Qu’étiez vous en train de faire ? Rallumez cet écran ! » ordonna-t-elle, « tout de suite.»
Dubro s’exécuta penaud devant les sourires de ses camarades, assis aux autres postes de la passerelle du Keptra…. L’instructrice ayant fini de lire ce que l’écran affichait jeta un regard courroucé à Dubro :
« - Croyez-vous vraiment que cela soit le moment pour étudier les civilisations et l’histoire de la planète ? »
Entendant quelques gloussements et l’équivalent Chiss de « il est mal là » autour de lui, Dubro prit son courage à deux mains : « - Oui c’est le moment capitaine. »
Devant les regards effarés des autres élèves, la capitaine s’approcha de Dubro, le regarda et ordonna : « - Expliquez donc pourquoi jeune impertinent ! »
« - et bien les calculs de navigations sont faits pour tous les cas possibles, retraite stratégique, leurre, mise en place pour bombardement, en bref tout ce que vous m’aviez demandé plus les principaux calculs de saut possibles tant en cas de repli précipité que pour un voyage d’agrément, alors je me renseignais sur l’histoire de la planète et l’ennemi le plus probable de la région afin de mieux servir mes supérieurs en cas de crise soudaine en sachant à quoi je risque de faire face. » Dubro reprit alors sa respiration ayant, sous le stress et le regard froid de la capitaine parlé d’une traite.
La capitaine d’ailleurs le regarda avec un regard encore plus froid : « - En quoi cela puisse te servir à toi qui n’est que simple navigateur ? »
« - Et bien tout le monde à un rôle à jouer, en savoir le plus possible sur l’ennemi peut permettre de savoir comment il va agir, et ainsi quels sont les manœuvres qui peuvent et qui ont été efficaces contre eux. Afin de pouvoir les reproduire, il faut les connaître. »
La capitaine sourit en coin et haussant la voix à l’adresse des autres élèves : « - Prenez exemple et vous me ferez chacun un résumé de comment connaître l’ennemi peut vous aidez, chacun selon votre poste, à être plus efficace, et peut aider à la transmission des ordres et à la réactivité en cas d’urgence. »
Dubro resta impassible mais fit mentalement la grimace en voyant les regards haineux de ses camarades à qui il venait indirectement de donner du travail en plus.
Ce genre d’anecdotes ponctuèrent l’entraînement de Dubro, certes cela lui attira la sympathie de certains instructeurs, mais le coupait de toute bonne camaraderie avec les autres élèves. De plus Dubro était toujours coincé au poste de navigateur des « grosses pierres » comme les pilotes nommaient les frégates Chiss, qui ressemblaient d’ailleurs au croisement entre un interdictor boursouflé et un astéroïde, et le jeune Chiss avait d’autres ambitions que de conduire des « pierres » toute sa vie.
Chap 5 - Un homme seul peut changer la donne....
Dubro était persuadé que pour évoluer dans sa carrière, il devait devenir pilote de chasseur, les risques y étant certes plus grands, mais les promotions plus rapides.
Cependant Dubro, très peu apprécié par ses camarades, se faisait généralement descendre en simulation par sa propre équipe, et ne pouvait ainsi pas faire ses preuves.
Il communiquait pendant ses temps libres surtout avec sa famille et Chelsa, renforçant leur lien d’amitié, et il gardait contact avec Kallen qui lui transmettait régulièrement quelques nouvelles du front.
D’ailleurs les nouvelles que recevait le centre de formation se faisaient de plus en plus disparates et insistaient sur les petites victoires. Un jour, Dubro surpris quelques bribes de conversations entre Aako et Kallen, lors d’une visite de ce dernier :
« - c’est inquiétant, » disait Aako « plus ils insistent sur les victoires, plus cela veut dire qu’i y a de sévères défaites, nous n’avons plus de nouvelles des colonies périphériques et leur avancée vers Csilla est inquiétante. »
« - c’est vrai, les combats s’intensifient, les Vagaari nous mettent à mal, mais nous tenons bon, ce ne sont encore que la périphérie qui a souffert, leur avancée sur Csilla est bien retardée et la redoute est prête à accueillir le peuple en cas de besoin. De plus la production de NSSIS est augmentée, vous devriez même pouvoir être fourni sous peu. »
Dubro sursauta, les Nssis, plus communément appelées griffes était le fleuron des chasseurs chiss, cependant les centres de formation à cause du prix des griffes, n’étaient encore équipés que de SMAT, des chasseurs s’approchant d’avantage du skippray que du Tie impérial. Le fait que les dirigeants en équipes des bleus était un signe que cela allait plus mal que ce que Kallen voulait bien le dire, surtout si la redoute, un amas de distorsions spatiales qui servaient comme point de repli en cas de crise majeure, par se faciliter à être défendue, était remise en fonction.
Kallen sourit en coin pendant qu’Aako cherchait d’où venait le bruit de talons dans le couloir dû au sursaut de Dubro. En effet Kallen était habitué, depuis le temps, à la faculté de Dubro de se retrouver à un endroit où il n’était pas souhaité à entendre des paroles qu’il ne devrait pas entendre. « Allons dans un endroit plus sûr… les murs ont toujours des oreilles, volontaires ou non. » dit Kallen. Les deux officiers sortirent donc de la salle où ils étaient après un hochement de tête d’Aako, pendant que Dubro relâchait sa respiration, s’étant collé à un mur au moment où Aako avait failli regarder dans sa direction.

Durant les mois suivants, les nouvelles se firent de plus en plus rares, et les communications finirent même par être interrompues, le centre d’entraînement n’avait plus de nouvelles du front, ni même de Csilla. La plupart des élèves étaient inquiets, même les instructeurs l’étaient, même s’ils faisaient tout pour paraître sereins. Dubro n’échappait pas à la règle mais il ne s’inquiétait pas vraiment pour Csilla, même sans savoir comme, il était persuadé que rien n’était arrivé à Chelsa et donc par extension à sa famille et la planète.
Les instructeurs redoublaient d’efforts pour occuper les élèves et avaient doublé le nombre d’exercices en conditions réelles.
Un jour d’exercice, la frégate était déployée en orbite haute de Setlof, Dubro, derrière son poste de navigation de la frégate, se sentait mal à l’aise, la capitaine Aako lui ayant d’ailleurs proposé d’être relevé. Dubro avait décliné et restait concentré sur son écran. Aako regardait le jeune Chiss inquiète « Il est doué et motivé mais s’il ne peut tenir la pression, il devra être renvoyé chez lui… » Aako allait donner l’ordre à Dubro de quitter son pote pour être relevé quand soudain, le préposé au radar sursauta sur son siège :
- «Attention vaisseaux en approche »
- «Combien ? » réagit Aako.
Les élèves se regardèrent les uns les autres comme tétanisés
-« Combien ?! » répéta-t-elle.
-« Deux vaisseau capitaine, ils nous envoient leur identité….., le premier est le Chtiah, il est en piteux état,…. Le deuxième est le Fod, c’est à se demander comment il reste en un seul morceau…. »
-« Contactez-les ! »
Le responsable des communications hocha la tête « Contact établi »
Le visage d’Ocharn apparut sur l’écran principal de la passerelle et déclama : « Capitaine en second Ocharn, nous sommes poursuivis par des ennemis, préparez-vous vite ils sont sur nos talons… »
Trois choses se passèrent alors : Aako demanda : « Où est Kallen ? », Dubro se pencha sur sa console et tapa un cap sans attendre les ordres, Aako allait le rabrouer pendant que le Keptra commençait à se déplacer, au même moment où une flotte Vagaari apparut derrière les deux vaisseaux endommagés.
Les chasseurs Vagaari en forme de flèche foncèrent vers le Fod, pendant que le vaisseau principal, ressemblant à un Super Destroyer Stellaire en triangle tronqué et hérissé de batteries d’armes, accompagné de deux vaisseaux en forme de sphère aplatie, bardée de pointes qui sont autant d’armes, se dirigeait vers le Chtiah.
Ocharn continua : « Nous avons perdu nos chasseurs, le Capitaine Kallen est entre la vie et la mort à l’infirmerie et le Fod est à l’agonie, fuyez si vous pouvez, nous les retiendrons, prévenez Csilla. »
Aako comprenant ce que faisait Dubro donna en même temps ses ordres : « Lancez les escadrilles, engagez les chasseurs ennemis et retraite doucement vers la base en protection du Chtiah. »
Les trois vaisseaux Vagaari tirèrent sur le Chtiah. Sur la passerelle du Chtiah, Ocharn regardait le déroulement du combat, pensant à Kallen en ce moment allongé dans le coma à l’infirmerie. Quand un tir avait endommagé la passerelle du Chtiah, Ocharn s’était surpris lui-même en prenant le commandement de la frégate dans les secondes qui suivirent et organisa la fuite précipitée, « pourtant ce plan aurait dû marcher ».

[Quelques heures plus tôt]
En effet Kallen et Ocharn en regardant le schéma d’attaque des Vagaari s’étaient aperçus que ceux-ci cherchaient principalement à regagner leur honneur en récupérant leurs colonies perdues… et leur prochaine cible serait sans doute Setlof et son centre d’entraînement, en bref un coup double, l’avancée vers Csilla n’étant qu’une diversion.
-« Ils ont progressé au niveau stratégique, il faut les prévenir d’évacuer » réagit Ocharn
-« Hum…. Nous pouvons faire mieux, il suffit de leur tendre une embuscade ici, » répondit Kallen en montrant un point des cartes spatiales, « pas besoin d’alerter le centre, avec trois frégates et un interdicteur, nous pouvons les mettre en déroute. Nous ne les préviendrons que si ça tourne mal. »
L’embuscade fut ainsi réalisée et au départ porta ses fruits, quatre vaisseaux-sphères et un vaisseau de commandement avait été détruit, mais les pertes avaient été lourdes, les Chiss ayant perdu les trois-quarts de leurs griffes et le Skot, l’interdicteur, et le Palk, la troisième frégate, était mal en point. Cependant un point n’avait pas été prévu : que les Vagaari avaient un groupe de réserve. Et les Chiss se retrouvèrent embusqués quand les vaisseaux actuellement présents autour de Setlof avaient attaqué, réduisant en poussière cosmique le dernier quart des chasseurs et le Skot, le Palk explosant au moment du passage en hyperespace et le Fod et le Chtiah fuyant endommagés….

Une explosion attira soudain l’œil d’Ocharn, le Fod venait d’exploser sous les tirs des chasseurs ennemis, « ça va être notre tour… ». Les tirs des vaisseaux Vagaari s’approchaient dangereusement de la passerelle endommagée du Chtiah, Ocharn ferma les yeux, trois secondes avant que les tirs ne s’écrasent sur la passerelle, il attendit la mort…. Une secousse ébranla tout le vaisseau… « Bizarre j’aurais juré que les tirs nous atteindraient avant le reste du vaisseau…. Bah un coup de chance qui ne durera pas. » pensa Ocharn les yeux toujours fermés…
La Voix d’Aako retentit alors dans les hauts-parleurs : « Capitaine Ocharn, réagissez !!! Notre navigateur vous a fait gagné un répit ! Profitez-en pour faire des réparations !» Ocharn rouvrit les yeux, incrédule, en effet les tirs des Vagaari avaient été arrêtés par le bouclier du Keptra qui s’était placé au-dessus de la passerelle du Chtiah, si proche que l’on avait l’impression que le bas du Keptra allait toucher le haut du Chtiah. « Pilotage au poil près, chapeau bas au navigateur » répondit Ocharn, « ça doit être quelqu’un d’exceptionnel… », « Mais profitons-en. A tout l’équipage, je veux toute la puissance disponible vers les lasers et les boucliers, visez en premier temps les chasseurs vagaari qui pourraient nous prendre à revers.» « Maintenant qu’il ne reste que nous comme cible. »
« Si vous êtes d’accord Capitaine Fala’ak’odaio, nous utiliserons nos boucliers conjoints pour les repousser, votre navigateur est visiblement doué pour les manœuvres ça sera à lui de nous protéger… Pendant les réparations nous serons immobiles…. »
Sur l’autre passerelle Aako regarda son navigateur, « surprenant, avant le combat j’aurais cru qu’il allait nous faire une syncope…. Mais là il a l’air dans son élément… »
« Faisons cela. Vous direz merci au première classe Dubro si l’on s’en sort » dit-elle à l’adresse d’Ocharn qui écarquilla les yeux puis sourit en coin « pas étonnant que Kallen l’ai pris sous son aile », pensa-t-il…. Tout en lançant ses ordres Aako pensa « s’il peut manœuvrer une pierre ainsi…. Pourquoi a-t-il de si mauvais résultat en pilotage de chasseur ? Il faudra que je me penche là dessus…enfin si on s’en sort… »
Par les tirs conjugués et coordonnés des deux frégates et l’aide des Griffes, certes pilotées par des élèves mais qui avaient profité d’attaquer par surprise les chasseurs Vagaari au moment de l’explosion du Fod, qui avait déclenché la colère froide des élèves pilotes, les chasseurs Vagaari furent rapidement réduits à néant. D’ailleurs comme Dubro les leaders des escadrilles 2 et 3 de chasse furent promus par Aako au grade de lieutenant, la première escadrille étant pilotée par le lieutenant instructeur Safko, un pilote vétéran, bourru, peu pédagogue mais doué.
Cependant les vaisseaux sphères et le vaisseau de commandement Vagaari restaient de sérieuses menaces, la bataille n’était pas encore gagnée…
Chap 6 - ...mais plusieurs gagnent un combat.
Dubro se remémorait ce événement quand il entendit soudain un éclat de voix de l’autre côté de la porte, Lend’Ubr’Okini releva la tête, « A-t-il décidé de s’épargner un conseil ? Ce ne serait pourtant pas son genre…. ». Guettant l’ouverture de la porte, le Chiss entendit clairement le bruit de bottes caractéristique de soldat obéissant contre leur gré à un ordre, la porte s’ouvrit et une silhouette entra et s’approcha. Souriant Lend’Ubr’Okini se mit au garde-à-vous « capitaine... ». Ocharn tendit la main pour serrer le poignet de Dubro celui-ci faisant de même, signe de fraternité entre amis chez les Chiss, ces derniers proscrivant généralement même les serrements de mains entre amis sous le principe de l’étiquette. Dubro regarda du coin de l’oeil les deux gardes Sabosen encore de l’autre côté de la porte : « tu est vraiment obligé d’agir ainsi ? Je suis touché que tu viennes me rendre visite dans mes « quartiers » mais je n’aimerais pas que cela t’amène des ennuis… »
-« Il fallait bien les convaincre de mon « autorisation » de te voir » répondit Ocharn.
Dubro sourit en coin, « toujours aussi direct », les deux Sabosen faisait face à quatre soldats de la flotte de défense chiss, fusils Charrics aux poings en train de tenir les Sabosen en joue.
« Mais laisse-leur quand même un peu de confort. Ils ne sont pas méchants. »
Ocharn pouffa et fit un signe à ses hommes qui permirent aux deux Sabosen de baisser les bras. Le chef des hommes d’Ocharn referma alors la porte, laissant les deux amis face à face. Dubro proposa le deuxième fauteuil et le capitaine s’assit.
-« Alors ils ne te traitent pas trop mal ? »
-« Non Tolsca me veut déshonoré et exilé… il n’osera rien me faire tant que le conseil ne m’aura pas juger…. Mais bon je n’ai pas grand-chose à faire à part tourner dans cette cage dorée comme un oiseau dont on enregistre le chant. » « Leurs trois séries de micros tant visibles que cachées sont en places ! » Il n’avait pas besoin de dire sa pensée pour qu’Ocharn comprenne, même si ce dernier n’était pas expert en micros.
Ce dernier sourit en coin : -« je n’ai jamais aimé ses méthodes d’espions, même quand elles étaient à notre avantage, sauf peut-être avec tes « ombres » qui ont une certaine éthique. »
-« D’ailleurs comment vont-il ? »
-« Sol-Mia les tient bien en main et reprend la direction que tu leur as donnés. Pour une non-Chiss c’est celle qui pouvait le mieux te succéder… »
« Ses ombres », cela faisant toujours bizarre à Dubro d’entendre ce possessif. Lui qui considérait plus les « Ombres bleues » comme une seconde famille que comme des soldats sous ses ordres. Leur création datait d’ailleurs dans la théorie de la bataille spatiale autour de Seltof…..

[Seltof, sept ans auparavant…]
Les vaisseaux survivant se faisaient face…. Deux frégates Chiss côte à côte dont une amochée, et trois vaisseaux Vagaari intacts se regardaient en vis-à-vis. Les deux vaisseaux-sphères Vagaari s’avancèrent alors s’éloignant l’un de l’autre pour passer chacun d’un côté des deux frégates.
-« Ils ont retenu la leçon, ils vont nous attaquer sur plusieurs flancs » dirent en même temps Aako et Ocharn.
-« Il nous faudrait les surprendre. » continua Ocharn. « Nous n’avons qu’à attendre puis plonger pour les forcer à se tirer dessus. »
-« Nous sommes trop lents pour ça…. » le rabroua Aako.
-« Il va nous falloir foncer sur les vaisseau de commandement alors » reprit Ocharn « les autres ne s’y attendront pas. »
-« Il est trop solide » vu notre état nous ne tiendrons pas sous leurs tirs…. Et encore le Chtiah »
-« Ca serait possible si nous utilisons encore les boucliers doublés, ce sera mieux qu’être détruit. »
Dubro leva la tête de son poste de la passerelle : « De plus si les chasseurs qui nous restent nous aident à éperonner leur hangar, nous pourrons leur faire beaucoup de dégâts sans en subir trop.
Aako hocha lentement la tête : « Vous m’avez l’air d’avoir déjà un plan en tête tous les deux vous êtes complémentaires…. C’est parti pour le réaliser ! » « Cap sur le vaisseau de commandement dès que les vaisseaux-sphères sont derrière nous. Que les griffes restantes harcèlent leur bouclier. EXECUTION ! » ordonna-t-elle.
Toute la passerelle du Keptra s’appliqua alors à mettre le plan en pratique, la même chose se produisant simultanément sur le Chtiah. Les deux frégates foncèrent sur le vaisseau Vagaari au moment où les vaisseaux-sphères se retrouvèrent sur les côtés des deux frégates chiss. Les tirs fusèrent alors, les Chiss concentrant leurs tirs sur le vaisseau de commandement, ce dernier répliquant comme il le pouvait sur les deux frégates essayant de les détruire avant qu’elles n’arrivent au contact, pendant que les vaisseaux-sphères « courraient » derrière les deux frégates. Les vaisseaux Chiss se mirent à trembler sous les tirs, arrivant en face du hangar du vaisseau Vagaari décélérant pour envoyer de l’énergie aux boucliers.
-« Tous les tirs et torpilles sur le hangar ! » ordonna Ocharn, « Tenez-vous prêts au choc ! »
Les boucliers du vaisseau Vagaari s’effondrèrent, puis les derniers tirs et torpilles commencèrent à déchirer la coque de l’ennemi. Sur les frégates, toutes les personnes s’accrochèrent à ce qui se trouvait à leur portée.
Il y eut d’abord le choc insonore des boucliers tordant le duracier du vaisseau Vagaari. Cependant les boucliers lâchèrent rapidement : « plus de bouclier avant capitaine. » dirent les deux responsables de l’énergie sur les deux vaisseaux.
-« Toutes les batteries avant, feu à volonté » répondirent les deux capitaines. La proximité des vaisseaux en début de collision fit que la mise en marche des batteries si proche du duracier de l’ennemi fasse trembler de toute part les trois vaisseaux. Puis vint le crissement affreux du métal sur le métal, les batteries devenant l’une après l’autre de la tôle froissé il y eut d’un coup moins de tremblement, mais cela n’empêcha pas les deux frégates d’avancer…
-« Scellez les parties avant du vaisseau, ça va faire mal … » Le crissement horrible se fit entendre encore un moment avant que les vaisseaux ne s’immobilisent….
-« C’était bien tenté mais votre plan a échoué messieurs…. » dit en soupirant Aako…
-« Non capitaine ! Feu des batteries Bâbord et Tribord. » crièrent simultanément Dubro et Ocharn. Les opérateurs des batteries ne se le faire pas dire deux fois et les deux vaisseaux l’un au-dessus de l’autre tirèrent pendant que les tremblements recommençaient...
Soudain il n’y eut plus de tremblement, le seul bruit audible étant celui des batteries tirant et d’un coup les deux frégates bondirent en avant, libéré de leur étau volontaire.
Les frégates ralentirent pendant que les responsables des radars regardèrent leurs écrans bouche-bée... « Capitaine ça a fonctionné, le vaisseau ennemi a été coupé en deux… » déclara l’opérateur du Chtiah.
Souriant Aako se tourna vers l’écran montrant le visage d’Ocharn : « bravo capitaine Ocharn…. Bravo enseigne Dubro, quels sont les dégâts de notre côté ? »
Les dégâts étaient tout de même sérieux pour les deux frégates, l’avant de ces dernières était en effet, dans le jargon des soldats de la flotte, totalement « mort », l’armement avant étant détruit et la coque éventrée. Heureusement les sas étanches s’étaient scellés et aucune perte en vie n’était à déplorer.

Aako redevint alors sérieuse : « Messieurs, il nous reste encore une menace de taille à affronter…. »
A ce moment-là, les deux frégates furent prises de secousses par la poupe. Le bond qu’avaient fait les deux frégates ne les avaient pas éloignées suffisamment et les deux vaisseaux-sphères les avaient rattrapées. Leurs surnoms de « Eetpyr » ou en basique de massacreurs leur allaient comme un gant. Ces vaisseaux avaient la taille d’une frégate d’assaut, la forme d’un astéroïde et plus de batteries qu’un destroyer stellaire.
« …J’accepte toute suggestion de nos deux génies ou de tout volontaire pour nous sortir de ce mauvais pas… »
Aako regarda les deux Chiss espérant de leur part une solution miracle, mais elle dut se résoudre à la vue de leurs regards qui signifiaient un haussement d’épaule mental. Trouvant ce même regard sur les autres visages de la passerelle du Keptra, elle lança alors ses ordres : « Alors gagnons du temps…. Mettez tous les boucliers sur l’arrière et le côté tribord, puis nous tournerons en leur envoyant une ou deux salves avant qu’ils ne détruisent nos boucliers, et nous essayerons de les semer. »
«Nous filerons vers où capitaine ? D’un côté c’est le vide spatiale et de l’autre la colonie chiss… » Demanda Dubro.
-«Alors foncez vers nous !»…. Chaque Chiss des deux frégates se regardèrent sans comprendre, interloqués. Une voix venait de sortir des hauts-parleurs et elle n’était à aucune personne des frégates, ni des griffes survivantes.
Une série d’explosion eut lieu et démolit les batteries arrières des « Eetpyr » et une nouvelle série explosa peu après déchiquetant en surface la coque des deux ennemis.

« Qui ? » pensa Aako. Le Keptra faisait déjà marche arrière, boucliers à pleine puissance vers les Eetpyr, le Chtiah l’imitant peu après sous les ordres d’Ocharn.
Les hauts-parleurs se remirent en marche : -« Elève Cimm’ekh’Csapla au rapport capitaine, nous les distrayons avec… - »
-« Des SMATs, seuls ses vaisseaux ont une si bonne cadence de tirs de missiles. C’est les Smats de la base à terre Capitaine Aako. » finirent Dubro et Ocharn à la place de Mekhc.
-« En effet, » continua Mekhc. « Nous suivions le combat de la base et ne pouvions pas ne pas vous aider. J’ai rassemblé des volontaires et nous voilà. »-
-« Cependant ils ne feront pas long feu…il faudrait que les griffes et nos frégates distraient les Vagaari pour éviter qu’ils ne soient pas trop pris pour cible. »- continua Ocharn.
-« Personne ne peut piloter si proche de ces vaisseaux sans être réduit en poussière Capitaines ! Je refuse d’entraîner les élèves dans une mission suicide... »- La voix qui venait de résonner sur la fréquence générale était celle du lieutenant instructeur Datsk.
Aako parla alors : -«Vous préférez que nous mourrions tous ? Ceci est déjà une mission suicide. Des Bleus face à des ennemis aguerris… Obéissez lieutenant… Enseigne Dubro, essayons de faire bouclier de nos frégates… »
-« Oui Capitaine. »
Aako se tourna vers le poste du navigateur : « Où est Dubro ? Que faites-vous à sa place ? »
L’élève était un nouveau qui avait, heureusement pour Dubor, un esprit ouvert et n’avait pas tenu compte des dires des autres élèves avant de se faire sa propre opinion….
« C’est de la Désertion de poste ! Même s’il est imaginatif, il paiera cela » pensa Aako.
-« Il m’a demandé de le remplacer. » répondit l’élève comme si c’était une excuse.
-« Et vous lui avez obéi ? » demanda la capitaine les yeux ronds…
-« Capitaine, ici Dubro, je demande l’ouverture du bouclier pour décollage, et je m’expliquerai quant à mes actions, n’en tenez pas rigueur à Kaf’ago’Nuruodo… »-
-« Décollage ??? »- demanda Aako.
Une griffe sortit alors du hangar ayant reçu le signal d’autorisation, c’était la griffe réservée au capitaine en cas de besoin de fuite précipitée. Cependant son utilisation signifiait normalement l’abandon du bâtiment et la fuite lâche de l’officier supérieur, les capitaines ayant un minimum d’éthique ne l’utilisait donc jamais. Préférant même la faire utiliser par un autre soldat méritant en cas de besoin de transfert vital d’informations aux autorités Chiss.

-« Qui a osé ouvrir le bouclier ? » demande la Capitaine d’un ton qui ne laissait planer aucun doute sur les conséquences futurs de l’acte. Le responsable du bouclier répondit d’un ton qu’il essayait ne pas faire trop innocent : « Aah ? J’ai cru que votre question précédente était un ordre... »
Ocharn retint alors un petit sourire, pendant qu’Aako disait : « Nous réglerons toutes les entorses au règlement si nous nous en sortons vivants ! »
« Espérons qu’il soit plus doué que ses notes ne le laissent penser » se dit Aako « tant Ocharn que lui sont imaginatifs et doués et de plus ils sont déjà presque trop charismatique... Soit ils seront un atout indispensable pour l’Empire Chiss, soit un désastre ambulant. Ou même les deux. »

Il restait quatre griffes et déjà plus que huit SMATs sur les douze qui étaient venus à la rescousse, quand Dubro s’engagea dans la mêlée. Concentré sur le pilotage ce dernier évitait les tirs en s’approchant le plus près possible des batteries ennemis, volant davantage à l’instinct que par réflexion.
« S’il survit à la bataille, il m’amènera des problèmes cet Inrokini de malheur. » pensait Datsk…
-« Leader ? Que faisons-nous à son sujet ? »- demanda Laeon sur une fréquence privée.
-« RIEN ! Battons d’abord ces ennemis, que personne ne touche au chasseur de Dubro. »- répondit Datsk en pensant au jeune Laeon, un élève ambitieux et dangereux par cela, étant prêt à tout pour atteindre ses buts….
-« mais… »-
-« C’est un ordre Laeon, je pulvériserais moi-même celui qui ferait mine de vouloir le descendre….Vous n’agirez pas comme en simulation…- » répliqua Datsk. « Je n’aurais jamais dû les cautionner… » pensa-t-il.

La bataille continua comme ça pendant encore une heure… jusqu’à ce que l’un des « Eetpyr » n’explose et que le dernier ne fuie par l’hyperespace. Les casseurs atterrirent alors dans les hangars des deux frégates pendant que l’euphorie de tous les élèves contaminait l’équipage plus expérimenté du Chtiah. Les deux frégates s’amarrèrent l’une à l’autre, Dubro, Ocharn et Mekhc se rencontrèrent, se serrant les mains et se félicitant de leurs initiatives fructueuses, rejoint peu après par Fagon, le courageux Chiss qu'avait remplacé Dubro à la navigation du Keptra.
Datsk sourit en voyant la joie de la victoire. Il se dirigea ensuite vers la porte principale du hangar, rejoignant Aako qui regardait le spectacle de loin.
Datsk salua la capitaine…
-« Repos lieutenant, je crois que vous avez des explications à me donner sur un certain point... »-
-« Je suis prêt à prendre l’entière responsabilité sur ce point et en un sens je suis déjà soulagé de pouvoir en parler. »-
-« Nous serons mieux dans mes quartiers pour parler de cela. »-
Lançant un dernier regard vers le groupe qui avait permis la victoire, Aako pensa « profitez ! Nous avons gagné une bataille, mais le bilan risque d’être dur à accepter… » Elle franchit alors la porte du hangar, se dirigeant vers l’avant de la frégate, Datsk sur les talons.
Chap 7 - Victoire et Conséquences
Le groupe nouvellement formé des quatre amis fut félicité par tous les membres expérimentés de la Flotte, ainsi que la plupart des élèves. Seul Laeon ne vint pas les féliciter essayant même de retenir d’autre élèves pilotes de le faire.
« - Mais ils le méritent, ils nous ont sauvés la vie. » répliqua l’un d’eux.
« - En griffes, nous aurions survécu de toutes façons, ils n’ont fait qu’utiliser toutes les méthodes orthodoxes possibles. Ils se feront descendre en flammes par les autorités de la flotte. » argumenta Laeon. « Pourtant il est vrai qu’ils sont doués, je les admire, j’aurais aimé pouvoir réaliser ce qu’ils ont fait. » continua-t-il en pensée…
« - Ils ne passeront pas en cour martiale pour cela. On a besoin de personnes comme eux. Sinon les Vagaari dirigeront l’empire sous peu… » contra un des pilotes.
« - Et la Capitaine Aako les défendra » surenchérit un autre.
« - Et si elle ne fait rien, tous les survivants à cette bataille feront pression. » conclut un dernier.
« J’aurais vraiment avoir eu leurs idées. » ponctua Laeon en pensée.

L’euphorie se calma rapidement, les équipages reprenant leurs fonctions avec l’efficacité et la discipline et la rigidité qui caractérisent les Chiss. Le groupe d’amis avait comme disparu de la circulation. Laeon se demandait d’ailleurs où il s’était du coup décidé à arpenter le vaisseau de long en large dans l’espoir de tomber sur eux.
Il finit enfin par « croiser par hasard» Fagon et Mekhc qui attendaient devant la porte de l’infirmerie du Chtiah. L’accueil qu’il reçut fut d’ailleurs celui auquel il s’attendait :
« - Tu n’as rien à faire ici Norchda » sortit Mekhc, fidèle à sa franchise « explosive ».
Laeon fit un effort pour ne pas réagir, l’usage du nom seul entre Chiss étant soit la preuve d’un grand mépris, soit de respect. Cependant le ton employé ne laissait planer aucun doute.
« - J’imagine que tu ne me laisseras jamais passer même si je ne souhaite que les féliciter personnellement… d’ailleurs, bravo à vous deux aussi, sans vous nous aurions eu plus de difficultés… » dit-il en tendant la main.
Fagon hésitait visiblement à serrer cette main, ne sachant pas que penser de Laeon. Mekhc, lui, regardait la main tendue comme si c’était un mynock… Ce dernier finit quand même par rompre le silence…
« - Te connaissant, je sais comme ces mots peuvent t’arracher la langue. Et visiblement tu me connais aussi. Non tu ne passeras pas. Et rengaine ta tentative de paix par intérêt… »
La porte s’ouvrit à cet instant, laissant apparaître Dibro et Ocharn, Aako était visible en arrière plan tenant une main crispée entre ses deux mains….
Dubro s’avança et surprit Mekhc, Fagon et Ocharn en serrant la main de Laeon toujours tendue. Ce dernier étant intérieurement le plus surpris des quatre.
« - J’ai entendu la fin de ce que tu avais dit. Peu importe tes raisons, tu n’es pas mon ennemi » déclama Dubro « Mes ennemis sont ceux que nous avons eu la chance de mettre en déroute aujourd’hui et ce grâce à l’aide de tout le monde »
« - Bon gré ou mal gré. » Rajouta Ocharn.
« - Euh…Merci. » répondit Laeon sans réfléchir.
« - Au moins, ça, ça vient du cœur. »Ricana Mekhc sous un regard foudroyant de Laeon et les sourires en coin des trois autres.
Aako releva alors la tête et ordonna de loin : « - Vous cinq, vous passerez dans mon bureau d’ici une heure… »
« - Bien Capitaine. » répondirent en chœur les jeunes Chiss.
Dubro referma la porte de l’infirmerie et après un hochement de tête, les quatre amis s’éloignèrent laissant Laeon repartir seul de son côté vers ses quartiers. Durant le trajet du groupe vers le réfectoire, Dubro et Ocharn gardèrent un silence de mort coupant seulement Mekhc d’un « plus tard » dès que ce dernier allait poser une question.

[Quelques instants plus tôt]
Dubro et Ocharn entrèrent dans l’infirmerie du Chtiah s’approchant timidement d’un Chiss allongé sur une couchette, Aako discutant avec le médecin chiss.
Kallen ouvrit les yeux : « - Approchez mes amis… »
Les deux jeunes Chiss s’approchèrent davantage, les yeux embués de larmes devant l’état et la voix brisée de leur mentor.
« - Je vois que la bataille vous a rapprochés. » reprit le vieux Chiss bléssé. Il parlait évidemment au figuré, son état ne lui permettant plus de voir quoi que ce soit. En effet durant la première partie de la bataille, la vitre de la passerelle avait explosé à la face du Chiss, le parsemant de débris plus ou moins enfoncés dans sa chair, le privant de sa vue, ce dernier ne devant avoir eu la vie sauve à ce moment par les réflexes d’Ocharn qui l’avait éloigné de la zone en cours de dépressurisation.
« - J’avais peur que votre inimité ne soit un frein à l’épanouissement de vos talents…. Je suis heureux de m’être trompé » continua-t-il, les deux jeunes Chiss ayant comme perdu leur langue…
« Ocharn… je suis sûr que tu seras un maillon puissant de la flotte et tu arriveras à être celui que tu veux être, même si cela ne sera pas forcément reconnu… »
Ocharn hocha alors la tête, sachant bien qu’il ne servait à rien de contredire Kallen quand il se mettait à parler bizarrement ainsi, surtout quand il s’avérait que ce dernier avait raison à plus de 90%...
« Dubro… je ne crois pas que ce soit un hasard que nous nous soyons rencontrés… juste un mot : sois toujours toi-même, même si ta vie ne se déroule pas toujours comme tu le prévois, il y a et aura toujours quelque chose qui veille sur toi. »
« - Quelque chose ? » Craqua Dubro la voix presque aussi brisée que celle de Kallen. « Mais quoi ? Que ce soit vous ou mon père vous parliez souvent de ce quelque chose de supérieur… Et ne parlez pas comme si vous alliez mourir Kallen… Vous serez vite sur pieds… » dit Dubro en suppliant du regard Aako et le médecin non loin.
Ce dernier fit un signe négatif pendant qu’Aako retenait ses sentiments sous un masque presque impassible… seul le coin de ses lèvres et de ses yeux trahissait sa peine.
Kallen reprit son souffle difficilement et fit signe à Dubro et Ocharn de s’approcher davantage avant de leur murmurer quelque chose de telle manière qu’eux seuls l’entendraient. Puis il demanda : « - S’il vous plaît… Sortez maintenant… Aako ? Mon aimée… »
Dubro et Ocharn s’éloignèrent donc pendant qu’Aako s’approchait de Kallen, prenant une de ses mains dans les siennes… Alors que les deux jeunes Chiss allaient sortir de l’infirmerie, Aako éclata en sanglot et ils surent que leur mentor n’était plus…

Le bureau d’Aako était Sobre, un poste de travail et une console était le seul mobilier qui occupait la pièce. Normalement deux sièges en plus du fauteuil de la Capitaine étaient disposés pour les entretiens. « Cependant ce ne sont pas des temps normaux » pensa-t-elle. Deux sièges supplémentaires avaient été ajoutés.
Un bip s’alluma sur sa console. -« Capitaine ? Le sergent Plela’eo’Nochdra est là » dit le garde de faction.
-« Faites-le entrer.»
Laeon entra sous le regard sévère de la Capitaine et salua.
-« Repos sergent … asseyez-vous… » dit-elle. Et pendant que ce dernier s'exécutait elle continua : « Le lieutenant Datsk m’a expliqué l’affaire qui nous concerne…Bien qu’il ait essayé d’assumer toutes les responsabilités ; vous avez une part de responsabilités… J’attends vos explications… »
-« Je n’ai aucune justification Capitaine… » commença Laeon… et il fit son mea culpa….
-« Bien. J’en ai assez entendu… je vous remercie de votre franchise. Vues les circonstances particulières, je ne vous en tiendrai pas rigueur. Mais au moindre faux pas, ce sera la cour martiale. Même si nous ne pouvons nous permettre de perdre un bon élément tel que vous, je ne tolérerai pas un tel comportement plus longtemps… Vous pouvez disposer. »
Laeon se leva et ouvrant la porte retomba nez-à-nez avec Ocharn, qui après un instant lui murmura quelque chose à l’oreille.
Laeon en resta bouche bée, regarda Aako sans rien dire avant de se retourner vers Ocharn et de hocher la tête. Il sortit ensuite en laissant Ocharn, Dubro, Mekhc et Fagon entrer sous le regard perplexe d’Aako « qu’ont-ils pu se dire ? Ce ne serait quand même pas… ? »
Après un entretien des quatre Chiss, la Capitaine sortit quatre enveloppes…
-« Je n’ai pas le temps de faire une cérémonie officielle, les temps qui vont venir vont être dures et chargés, j’ai décidé que nous allions aider sur tous les fronts possibles au combat contre les Vagaari. »
Les quatre Chiss ouvrirent leurs enveloppes respectives en ouvrant des yeux ronds.
-« Capitaine ? » demanda Ocharn « et que faisons-nous pour les suites de nos entorses aux règlements ? »
-« Ceci est la conséquence de ces entorses capitaine Ocharn du Chtiah. Aux vues des résultats obtenus j’ai décidé de prendre les devants, les communications avec le reste de la flotte étant coupées. » répondit Aako « Lieutenant Dubro, vous dirigerez les escadrons recombins de nos deux frégates avec le lieutenant Datsk et le sergent Laeon. Lieutenant Mekhc, vus vos desiderata, vous serez affectés aux troupes au sol. Sergent Fagon, vous aurez à vous former au travail des commandos comme vous le demandiez… Disposez messieurs. »
Les quatre Chiss hochèrent la tête et se levèrent. Ocharn et Dubro parlèrent alors :
« Capitaine ? Vus les risques que vous prenez pour nous, nous nous devons, en plus de vous présenter nos condoléances, de vous avouez ce qu’il nous a demandés avant de mourir… »
« Taisez-vous ! » coupa Aako « Je sais que Kallen vous manquera autant qu’à moi… Je ne veux pas savoir ce qu’il vous a dit, bien que j’ai ma petite idée sur la question. Et même si je ne suis pas entièrement d’accord, je suis sûre que vous êtes les meilleurs pour réaliser cette tâche… »
Les deux Chiss, bouche bée, sortirent à la suite de leurs compagnons…
« Ils oublient que je l’ai connu plus intimement qu’eux… et je suis curieuse de savoir comment ils le reformeront… » pensa-t-elle.
Chap 8 - Bataille décisive et planification
Les deux frégates passèrent deux semaines à réaliser le maximum de réparations possibles, les colons reconnaissants s'étaient d'ailleurs occupés de toute la partie logistique et avaient ainsi permis aux militaires de carrière de se concentrer sur leurs tâches.
Les deux vaisseaux de nouveau opérationnels firent ensuite route vers tous les fronts qu'ils connaissaient. Cependant les deux premières sorties d'hyperespace furent pour le moins démoralisantes pour la petite flotte.
Les vaisseaux se déployaient immédiatement dès la réintégration en espace conventionnel à un klick de l'avant poste Chiss qu'Aako soupçonnait avoir besoin d'aide.
« Comme d'habitude.... attaque éclair. » pensèrent les deux capitaines des frégates.
- Ici le lieutenant Datsk au rapport. Aucun vaisseau allié survivant.
- Ici le sergent Fagon. Aucun survivant dans la base.... ils ont amarré la station et....
- ...c'est une vraie boucherie, il y a des membres arrachés partout, des.... des traces de morsures.... ces « Keltos » en sont à bouffer nos frères d'armes, ils le paieront.
- Du calme sergent Mekhc. Restez objectifs ! ordonna Aako. Votre franc-parler n'est pas de mise ici. »
Cependant tous les visages des Chiss de la passerelle et celui d'Ocharn sur l'écran de communication, constamment allumé, traduisaient la même pensée que ce que Mekhc avait dit tout haut...

Le troisième avant-poste visité, ou plutôt les troisièmes ruines visitées, mélange de duracier et de corps flottant dans l'espace et boucherie dans la base, était encore fumant.
«Nous remontons leur piste. Nous sommes en train de les rattraper... » annonça Aako. «Nous voilà devant un dilemme...soit nous abansonnons l'avant poste suivant et les devançons en sacrifiant des dizaines de bons et loyaux soldats...soit nous continuons sur notre lancée au risque d'arriver une nouvelle fois trop tard. »
Ocharn prit alors la parole.
«- J'aimerais proposer une alternative si vous me le permettez capitaine.
- Je vous écoute, bien qu'il vous soit inutile de demander la permission. Je vous fais confiance.»
Ce "vous" appuyé ne s'adressait pas seulement au capitaine du Chtiah. Dans sa Griffe, Dubro sourit en coin. Dans leurs quartiers, écoutant la conversation grâce à un dispositif spéciale bricolé par le groupe et les reliant au système de communication non-générale du Chtiah, Fagon et Mekhc échangèrent un regard : « elle commence à nous connaître », pensèrent les quatre chiss.
Ocharn continua sur sa lancée, seul un plissement au coin de ses lèvres trahissait sa réaction :
«- Les griffes sont plus rapides et agiles que les frégates. Je propose qu'un groupe de pilotes volontaires aille au dernier avant-poste les alerter et leur demander du renfort. Les Vagaari suivant le même cheminement que nous, on pourra les prendre en tenaille avec les deux groupes.
- C'est un très bon plan, espérons qu'il n'ait pas de failles. Il nous faut des volontaires! dit Aako.»
Dubro allait enclencher son système de communication quand il eut la surprise d'être devancé.
«- Lieutenant Datsk ? Je pense qu'il est inutile de demander des volontaires. Nous le sommes tous !
- Merci Sergent Laeon. Mais nous aurons besoin d'une couverture de chasseurs, coupa Aako avant que Datsk ne put réagir lui-même. Deux vols iront accomplir la mission. Datsk, choissisez ceux qui partent, finit-elle, se concentrant ensuite sur les ordres à donner pour les deux frégates.
- Dubro, Laeon, emmenez vos coéquipiers et dirigez-vous vers Okta.
- Mais...commencèrent les deux chefs de vols.
- Il n'y a pas de mais, nous sommes trop proches de Csilla, il ne faut pas que les Vagaari avancent d'avantages. Je vous fais confiance alors ne discutez pas mes ordres, les interrompit Datsk.
En effet, le lieutenant-instructeur, après la bataille de Setlof, était reparti de zéro avec son groupe de jeunes pilotes et avait réussi à obtenir une certaine cohésion de groupe, les éléments se respectant et se faisant presque assez confiance pour se protéger les uns les autres....

Six griffes passèrent en hyperespace en direction d'Okta. Le lieutenant-instructeur et les griffes restantes se remirent en formation pendant que les pilotes de réserves s'installèrent dans les Smats survivants de la bataille de Setlof pour compléter l'escadron lors de l'arrivée à Falwa, la destination suivante de la flotille... Les vaisseaux se positionnèrent, alors que Datsk, Ocharn et Aako pensaient : "Pourvu que tout se passe bien, peut-être cette bataille sera la dernière contre les Vagaari." Les chasseurs disparurent comme par magie de cette région spatiale, puis les frégates s'étirèrent et disparurent, laissant derrière eux les débris flottants formant un mausolée à la gloire de la destruction des Vagaari.
Falwa, 5 secteurs à l'Ouest de Csilla, deux frégates et six griffes sortirent de l'hyperespace, se mettant en position de combat, six Smat décollant des hangars, alors même que les ordres de manoeuvres commençaient à être lancés par les trois chefs, pendant qu'une voix sur la passerelle essayait de se faire entendre par dessus le tumulte des ordres.
Soudain une voix retentit sur la fréquence générale ...
- Commandant Jossen aux vaisseaux Chiss en approche. Que nous vaut un tel déployement de force? Vous seriez-vous allié à cette engeance que sont les Vagaari?
- Que...? s'exclama Ocharn.
- C'est ce que j'essayais de vous dire capitaine, dit d'une petite voix le responsable des scanners....
L'avant-poste était intact. Après explications il apparut clairement qu'aucune ombre, ne serait-ce qu'un doigt de Vagaari n'était présente dans le système.
"Nous avons un problème...." pensa Ocharn.

"Nous avons un problème...." Pensa Dubro.
Okta dernier avant-poste avant Csilla, à deux secteurs à l'ouest de la planète capitale. Une simple base spatiale servait à la surveillance du secteur.
L'avant-poste était assiégé par les Vagaari. Seulement ceux-ci était en nombres : deux vaisseaux capitaux Vagaari et leur escorte. cependant la proximité de Csilla faisait que cet avant-poste était plus puissamment défendu que les autres, à croire qu'un haut-gradé avait eu la bonne idée d'envoyer exprès des renforts en simple patrouille au bon moment. En effet deux frégates et même un croiseur Chiss avec leurs six escadrons de griffes et la base lourdement armée faisaient face aux ennemis.
Les croiseurs Chiss étaient rares, le fait que l'un d'eux soit engagé dans la bataille en cours était la preuve que celle-ci était d'importance cruciale.
Des carcasses de vaisseaux flottaient déjà dans l'espace. On pouvait reconnaître les restes de deux Eetpyr Vagaari, deux frégates Chiss et d'innombrables carcasses de chasseurs des deux camps.
Les fréquences de communication étaient totalement saturées:
- Leader, j'assure vos arrières....aaargh...
- Cyan 7 à 6, répond Sempc, répond....
- Il est mort Cyan 7! attention derrière toi...
- Capitaine Feesa du Zlisth, à tous les capitaines. Au rapport.
- Concentrez-vous sur leur flanc gauche...
- A tous les chasseurs cap au 326-A.

Dubro passa sur la fréquence d'escadron, réduisant les voix des autres combattants à des crachottements quasi inaudibles.
- Dubro, prend le commandement. Tu est meilleur leader que moi.
- Non Laeon. Pour le pilotage tu es le meilleur, j'essaye de repérer la situation.
- C'est-à-dire?
- Quelque chose me chiffonne.... Les Vagaari escortent chacun de leurs vaisseaux capitaux par deux Eetpyr, non?
- Oui, mais où veux-tu....? Je vois il en manque un alors. Deux carcasses et un encore engagé dans la bataille! Mais où est-il alors?
- Trouvé...il est derrière la base! A toi les commandes!
- A vos ordres lieutenant, répondit Laeon.
Dubro sourit en coin puis suivit les ordres de vol de Laeon. Les six griffes filèrent vers l'Eetpyr qui commençait à déverser un torrent de laser sur l'arrière de la station spatiale Chiss désirant comme l'éperonner, ayant profité du tumulte du front principal pour se "faufiler" derrière la station.
Ils ont progressé au niveau tactique! mais ils sont encore loin d'être à notre niveau. Eperronner une station spatiale, ils vont au désastre. Ils ne peuvent être si idiots....pensa Dubro. Les extrémités des batteries de l'Eetpyr entrèrent en contact avec la station. Et là, au lieu de se tordre dans le grincement de métal s'heurtant, les batteries du vaisseau Vagaari explosèrent soudainement, créant des trous béant dans la station, des tunnels d'arrimage sortirent soudain de l'Eetpyr pour se lier avec la station et déversèrent des groupes de 7 soldats. "C'est ce qu'ils avaient prévu."
- Kelt, tous sur l'Eetpyr, il faut le détruire! Sans la station la bataille est perdue, même si les Vagaaris sont repoussés."

Les six griffes tirèrent alors sur les tunnels, les détruisant pour réduire le flot de soldats de l'Eetpyr transporteur. Puis attaquant la partie "kamikaze" de l'Eetpyr à coups de missiles, les pilotes des griffes eurent la joie de voir leur ennemi exploser.
- Dispersion immédiate! Vite!! cria Laeon.
Les chasseurs Chiss s'exécutèrent, secoués par l'onde de choc qui les envoya partir en vrille, l'un des ailiers de Laeon partant même en vrille et en morceaux. Dubro redressa son chasseur et regarda la situation.
Au loin la bataille faisait rage et les quelques chasseurs Vagaari s'approchant de la station se faisait pulvériser.
Cependant, remarqua Dubro, de moins en moins de tourelles de la station tiraient et les vaisseaux Vagaari, engaillardies, s'approchaient.
"Bon, une station et six pilotes de chasse, euh non cinq pilotes, contre des Vagaari surarmés? Ca doit être faisable."
- Laeon?
- Vu! On y entre. On se crée une piste d'atterrissage et on joue les troupes spéciales? Tu n'est pas fou? On n'est pas l'empire de la main et ses troopers de choc.
- Et bien on va dire que si, mais j'aurais besoin de toi en couverture aérienne et afin d'essayer d'envoyer un message au Chtiah et au Keptra.
- Bien lieutenant. même si je ne garantis rien pour le message, vu l'encombrement des fréquences."

Les chasseurs Chiss piquèrent sur la station spatiale, se créant une aire d'atterrisage, à coups de lasers, éliminant même au passage un groupe de Vagaari entier, sauf une ombre qui plus agile disparut avant d'être pulvérisée.
"A quatres pattes? Drôle de Vagaari. Enfin, nous verrons cela plus tard" pensa Dubro.
Quatres griffes atterrirent, les pilotes sortant de leurs chasseurs en mitraillant au pistolet blaster les alentours le temps de sortir des chasseurs. Dubro récupéra un paquet à l'intérieur de sa griffe en pensant."On verra si j'ai assimilé les cours donnés par Fagon et Mekhc lors de leur entrainement.....S'ils pouvaient être là ...."
Chap 9 - Bataille décisive et Chaos total
Dubro était adossé derrière une table dans le réfectoire de la base Okta. Devant lui s'étendaient des cadavres, dont l'odeur finirait bientôt par le tuer si un rayon de blaster ne le faisait pas avant. Quelques Vagaari et de nombreux Chiss s'étendaient là, des trous de blaster dans le corps, le sang et l'ozone se mêlant dans une odeur envahissant peu à peu toute la salle, ennemis mêlés dans la mort pour l'éternité.
Dubro sentait les tirs ébranler la table qui le soutenait. Son équipier de vol survivant et un des pilotes de Laeon se trouvaient derrière deux autres tables, tirant de temps en temps vers l'entrée....
"Ca n'allait pourtant pas si mal jusqu'à présent." pensa Dubro en regardant la réserve de sa cellule énergétique à moitié vide....

En effet les quatre Chiss pilotes avait pu profiter de l'effet de surprise, les Vagaari ne s'attendant pas à être attaqués par derrière. De plus dans les couloirs étroits de la base, le petit groupe de Chiss avait l'avantage de pouvoir attaquer et défendre facilement. Alors que les Vagaari se gênaient mutuellement dans leur frénésie de massacre de leurs ennemis héréditaires.
Dubro était même au courant de l'avancée de la bataille extérieure par Laeon.... Du moins jusqu'à ce que les jeunes Chiss ne débarquent dans le réfectoire de la base....
Une escouade de Vagaari était aux prises avec quelques soldats s'étant retranchés dans cette pièce. Le corps à corps était bien engagé et sur ce point les Vagaari prenait l'avantage, étant plus prédateurs que les Chiss. De plus, un quadrupède comme celui du hangar courait si vite dans la pièce, déchiquetant des membres de Chiss, leur lacérant le dos, qu'on ne pouvait définir ce que c'était.
Les jeunes Chiss profitèrent de l'effet de surprise pour "égaliser" le score, prenant à revers les Vagaari.
Peu après il restait sept Protagonistes en vis-à-vis, les tirs cessant de temps à autres, le temps que les combattants se repèrent dans ce champ de bataille.
Les quatre Chiss était debout devant l'entrée, l'ailier de Laeon derrière une table à sa gauche, les deux ailiers de Dubro à sa droite. En face d'eux se trouvaient deux Vagaari et une bête à l'affût. Cette bête ressemblait à un énorme molosse et avait un dentition digne d'un rancor miniature, la bête arrivait à la taille des Vagaari qui en moyenne faisaient une tête de plus que les Chiss. Les combattants se regardèrent, se jetant des regards haineux dans un instant de flottement pendant que la bête, montrant les crocs n'attendait visiblement que l'ordre d'attaquer.
Soudain les deux Vagaari se jetèrent derrière le mobilier du réfectoire pendant que la Bête chargeait Dubro et Teln.
Teln était un jeune Chiss plein de fougue et d'assurance, très bon équipier et qui avait souvent épaulé Dubro volant en synchronisme avec son leader de Vol, le complétant avec brio. De plus ce dernier était un bon tireur, dès qu'il avait un manche à balai en main, Teln était quasiment imbattable..... Quand il avait un manche à balai en main.....
Dubro eut juste le temps de penser : "Encore un mort, les pilotes ne sont pas fait pour le combat au contact....Me voilà en train de penser comme Kallen!" en regardant Teln tomber, la gorge et les épaules lacérées par trois énormes traces de griffes, avant de se baisser d'instinct, un tir Vagaari passant au dessus de sa tête par chance.
Par chance était le terme adéquat, en effet, le monstre s'était pris la décharge de l'arme Vagaari alors qu'elle s'apprêtait à bondir sur Dubro et secouait sa grosse tête comme pour chasser une mouche embêtante....
"Mais qu'est-ce que c'est que ce monstre???" pensa Dubro....
Le Vagaari qui avait tiré tomba en arrière, un troisième oeil créé par le tir d'un des deux autres pilotes Chiss.
Dubro tomba à son tour, mais lui, écrasé au sol par deux pattes puissante qui semblaient être en train de lui broyer les épaules comme l'on peut écraser un insecte. De la bave lui tombait sur le visage et il pouvait observer les crocs de la bête de trop près à son goût.
Le Wolkil, animal de compagnie dompté par les Vagaari était aussi un des plus grands prédateur de la planète d'origine des assaillants, soit le deuxième dans la chaîne alimentaire, les Vagaari ne le surpassant que par leur intelligence. Normalement ces sortes d'énormes chiens n'étaient pas censés pouvoir encaisser un tir à bout portant, mais visiblement les Wolkils apprivoisés étaient améliorés au niveau génétique, comme le démontrait le blaster de Dubro enfoncé dans la gueule de l'animal qui n'avait pas bronché à la décharge d'énergie dans la gorge.
La seule marque d'existence du tir se trouvait être une petite marque de brûlure sur le palais du monstre.
"C'est la fin!"pensa Dubro qui cherchait désespérément une arme de fortune d'une main tâtonnante, tandis qu'il essayait tant bien que mal de retenir les mâchoires de la bête, le bras gauche engoncé entre les dents de la créature.
"Trouvé!" jubila-t-il en pensée ... Le Wolkil hurla à la mort reculant brusquement en arrière, laissant des traces profondes dans les épaules ensanglantées du jeune lieutenant....
Rassemblant ses forces, le Chiss releva la tête vers l'animal qui essayait de retirer l'objet planté dans son oeil d'une patte...
Dubro n'avait eu que cela sous la main. Heureusement que la bataille précédente dans le réfectoire avait précipité les couverts dans tous les sens? Cette fourchette était tombée à point nommé.
Le moment de plaisir qu'eut Dubro fut celui de voir le Wolkil s'éborgner lui-même à coup de patte. Cependant l'état de rage de la bête ne promettait rien de bon concernant le futur immédiat du Chiss.
Un cri de douleur retentit sur sa droite puis une ombre accompagnée du bruit caractéristique d'une arme de poing qui s'arme apparue au dessus de sa tête. Dubro regarda vers le haut, vit deux petites pupilles surmontées par deux rangées de dents de carnassier avant de se rendre compte qu'il voyait à l'envers la tête du Vagaari survivant qui avait surgi de derrière sa table voyant le Chiss à terre. Le cri de douleur devait donc être celui de son équipier de vol, Tolac, sans doute mort.
« Mais où est Plon ??? » Le Wolkil allait sauter sur Dubro dans un tel état de rage qu'il en était incontrôlable. Le Vagaari visait la cervelle du Chiss de son arme.
Dubro ferma les yeux et attendit la mort.
Un bruit de détonation survint.
« Ça y est je suis mort !...bizarre j'aurai cru que cela serait plus douloureux?? » pensa Dubro? Il fronça les sourcils en se disant à lui-même « Attend ! Il n'y a vraiment eu qu'un tir de blaster ? »
Osant enfin ouvrir les yeux le lieutenant comprit ce qu'il s'était passé.
Sur la gauche Plon se tenait à coté du Wolkil. L'animal avait d'ailleurs l'oeil intact vitreux. Le pilote habituellement équipier de Laeon avait profité de l'angle mort sur le fauve pour placer un tir de blaster à bout portant dans la partie blessée de l'animal, son canon de blaster fumant encore.
Sur la droite, Tolac tenait son blaster d'un bras las, visant au dessus de Dubro. Tolac avait crié quand un tir l'avait touché à l'épaule. Heureusement ce dernier était bon tireur et avait pu éliminer la dernière menace.
Dubro eut la sensation d'être secoué lorsque deux corps s'effondrèrent lourdement sur le sol du réfectoire

Les trois Chiss reprirent leurs souffles, puis Plon et Tolac s'approchèrent de leur chef. Soudain un tir s'écrasa aux pieds de Plon, un autre groupe de Vagaari apparaissant ameutés pas le bruit de la bataille. Plon agrippa Dubro par les aisselles et l'attira derrière une table pendant que Tolac réalisait un tir de couverture.
- Bon, ricana Plon, sarcastique. Après ce petit échange de position et avec deux blessés, dont un qui ne peut plus tenir une arme, continua-t-il en jetant un regard à Dubro qui sourit pauvrement. On se fait fusiller ou on se laisse dévorer par leur chien-chien ?

Tout n'allait pas si mal jusqu'à présent? pensa Dubro.


Plon et Tolac tiraient de temps à autre, empêchant les Vagaari d'entrer dans le réfectoire. Ils avaient même réussi à abattre deux soldats de l'escouade assaillante. Dubro sortit son comlink ayant confié son blaster à ses amis de fortune. Après trois essais, il arriva à l'allumer. Il lui fallut trois autres essais pour le porter à sa bouche.
- Et à quoi ça va te servir ? demanda Plon d'un ton acerbe. Nous sommes sans doute les seuls survivants de la base !
- Et bien au moins nous mourrons, mais nous serons fixés sur l'issue de la bataille spatiale !
- Mais tu oublies que les comms ne passe pas l'extérieur de la base !
Dubro haussa les épaules, le regrettant immédiatement, les entailles dans ses épaules lui envoyant comme une décharge dans la colonne vertébrale.
- La bataille extérieure est gagnée ! Les Vagaari sont en déroute ! tonna la voix de Laeon dans le comlink. Tenez bon ! On arrive.
- Que? Qui « On » ?? demanda Tolac, incrédule.
Mais la com avait déjà cessé.
- Bien. Il est temps de sortir la grosse artillerie, dit Dubro, sortant le paquet « spécial » préparé pas Mekhc et qu'il avait pris en sortant de sa griffe. Couvrez Moi !
- Hein ? dirent les deux Chiss en choeur.
Dubro se leva et jeta un objet sphérique vers l'entrée avant même que Tolac ni même Plon et encore moins les Vagaari ne réagissent.
- Merci pour la couverture ! dit Dubro en rigolant malgré la douleur que le geste du lancer lui avait causé.
Une explosion retentit faisant pleuvoir des objets et d'autres choses plus visqueuses et Vagaariennes dans toutes les directions.
- Il n'est pas allé de main morte sur la charge, sourit Dubro.
- Qu'étais-ce ? demanda Tolac.
- Qu'est-ce que vous dites ? demanda Plon à son tour.

Peu après les trois Chiss regardèrent vers la porte du réfectoire. Deux Vagaari et un Wolkil étaient encore à peu près intacts et d'attaque. D'ailleurs, ils attaquèrent. Leur charge avait un air bizarre; cela dit leur cris d'attaque devenaient audibles en même temps que les trois Chiss retrouvaient une ouïe normale. Les Vagaari tiraient à tout va et leur bête bondissait vers les trois Chiss. Une série de tirs furent décochés et une enveloppe de flamme entoura le Wolkil.
- Cuit à point ! J'adore cette arme ! déclara une voix connue.
- Arrête de jouer Mekhc ! Personnellement, j'ai fait mouche deux fois et je ne m'en vante pas ! rigola Fagon.
- Du calme les enfants ! ordonna Ocharn, le sourire au coin des lèvres.
Dubro sourit et se laissa glisser le long de la table derrière laquelle il était avant de se permettre de sombrer dans l'inconscience.
Chap 10 - Bataille décisive et guerre administrative
Quand il rouvrit les yeux, Dubro regarda autour de lui. Les murs étaient blanc bleuté presque translucides, des points blancs flottaient derrière l'un des murs plus transparent que les autres. Ou étais-ce devant ses yeux que les points blancs voletaient ? Dû à un mouvement trop rapide de la tête pour se repérer ?
Dubro tenta de passer une main devant ses yeux, mais quelque chose lui empêchaient de bouger le bras droit. Il essaya alors avec le bras gauche mais avec le même résultat.
Soudain quelqu'un lui attrapa la main, quelqu'un avec une main fine mais pour autant ferme.
- Arrête de bouger! Tu vas aggraver tes blessures.
Dubro tourna la tête vers la personne qui venait de parler, et malgré la douleur et la désorientation que le mouvement lui causa, il ne put s'empêcher de sourire.
- Je me disais bien qu'il ne neigeait pas dans l'espace.
Chelsa sourit : "Garde tes Forces, tu sera bientôt très demandé. Je ne peux pas te laisser seul deux petits mois sans que tu ne te fasses remarquer !" rigola-t-elle.
Dubro fronça les sourcils et Chelsa se lança dans un résumé de ce qu'il s'était produit.
Mekhc et Fagon avaient continué, à regret, de nettoyer la base des Vagaari avec les soldats Chiss de Falwa. Pendant ce temps Ocharn et Laeon, aidés des deux pilotes survivants avaient ramené en Urgence Dubro à l'infirmerie du Chtiah.
Ce transfert avait été en même temps des plus simples, et des plus compliqués. La bataille spatiale avait tourné à l'avantage des Chiss par l'arrivée de renforts. En effet Ocharn et Aako avaient réagi rapidement et réussi le tour de force de convaincre Jossen, le dirigeant de la base de Falwa de la nécessité de se rendre dans le secteur d'Okta sur la simple présomption que les Vagaari s'y trouvent.

Les renforts permirent la destruction d'un, puis du deuxième vaisseau mère Vagaari. Étonnamment les derniers vaisseaux Vagaari restant fuirent. Généralement les Vagaari étaient semblables aux Yuuzhaan Vong et combattaient jusqu'au dernier. L'explication vint après : Les Vagaari combattaient sans relâche, mais proche de l'extinction repartaient dans leur vie nomade à travers l'espace tout en se reconstruisant une armée. Ainsi la victoire était acquise dans l'espace, à part pour quelques chasseurs Vagaari qui luttaient encore vainement. Cependant le Transfert de Dubro fut compliqué, les griffes ne comportaient à la base pas la place pour deux personnes et les quelques chasseurs ennemis étaient tout de même loin d'être inoffensifs. Heureusement Laeon, qui transportait Dubro, était le meilleur pilote que les Chiss puisse avoir. Une autre difficulté fut au programme à l'atterrissage lorsqu'il fallu extirper le blessé du chasseur, en effet même si les griffes, contrairement aux Ties n'avait pas l'ouverture sur le haut, la présence du moteur non loin limitait la taille de l'ouverture et aucune civière n'aurait pu passer par celle-ci. Mais l'équipe de soin fut assez prudente pour éviter de devoir démettre une épaule du patient en l'extirpant. Dubro put ainsi recevoir les premiers soins pendant que la bataille s'achevait.


Tous ces événements attirèrent l'attention des hauts gradés de la flotte qui voulurent réaliser une cérémonie officielle pour fêter la victoire. Le conseil Chiss s'en mêla, opportuniste comme a son habitude, pensait Dubro, et voulait avancer la date de la cérémonie. Cependant les militaires, en particulier un, le général Jag Fel, l'humain considéré plus Chiss que la plupart des Chiss eux-mêmes, obtinrent que la cérémonie n'ait lieu que quand la plupart des blessés seraient capables de bouger pour y participer.
Ainsi Dubro finit-il le jour dit dans le cortège d'honneur des militaires, Chelsa à ses cotés jusqu'à ce que madame Aklaio n'intervienne. En effet Chelsa, diplomate de son état ne pouvait, selon les coutumes, rester parmi le groupe de militaires. Elle partit donc en posant un baiser sur la joue de Dubro laissant le Chiss seul avec Mekhc, Fagon et Laeon.
Ocharn et Aako avaient insistés pour que les principaux acteurs de la victoire soient dans les premiers rangs. Bien sûr l'étiquette Chiss était très stricte et jouait sur la composition du cortège. Les trois premiers rangs étaient ainsi composés des plus hauts gradés et dirigeants d'avant poste ayant peu ou prou participé à la guerre. Venait ensuite les commandants, puis les capitaines.

Ce faisant Dubro était donc quatre rangs d'officiers derrière Ocharn. Mekhc lui faisait cependant la conversation :
« Elle tient vraiment à toi cette Chelsa. Tu aurais du voir son état pendant que tu délirais sur ton lit d'hôpital. Ocharn a même subi un interrogatoire en règle sur les événements. Même Aako a eut droit à une série de reproches de sa part car elle t'avait envoyé à la « boucherie », tu aurais vu la tête de la capitaine, même elle n'en menait pas large devant ta copine. »
Dubro sourit et laissa Mekhc continuer à déblatérer après un regard entendu avec Fagon et Laeon.
« Je lui ai pourtant bien dit que ce n'était qu'une amie » pensa-t-il alors que les regards des deux autres semblaient dire « Mais bon tu le connais? »
Mekhc continuait quand une de ses paroles attira l'attention de Dubro.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu viens de dire ??? demanda-t-il au spécialiste du commérage.
Mekhc soupira.
- Tu ne m'écoutes même pas. Je disais que ta Chelsa a même viré un galonné qui voulait te parler, insistant sur le fait que tu avais besoin de repos.
Les deux autres confirmèrent que en effet la rumeur courait.
- Qui cela pouvait-il être pour qu'il accepte d'être renvoyé par une simple diplomate ? pensa-t-il.

Le cortège s'avança alors, descendant symboliquement la grande avenue de Csilla. Avenue qui partait du QG de l'armée pour finir devant une grande estrade où les membres les plus influents des quatre familles attendaient leurs héros.
« Tout ce foin juste pour avoir fait notre devoir ! Ca me répugne » pensa Dubro.
Bien évidemment la foule s'était amassée tout le long du parcours et les hauts gradés jonglaient visiblement entre l'air sérieux et digne de rigueur et leur fierté de Pa'on, un oiseau de P-740 qui dès qu'on le regardait déployait son splendide plumage et se pavanait devant ses observateurs, ou leur envie de se populariser.
Les quatre amis s'étaient mis d'accord pour décider qu'ils laisseraient les hauts grades à Ocharn, qui se retrouvait du coup désigné volontaire du groupe pour être le plus politiquement correct. Mekhc et Fagon ne désirant que se spécialiser dans leur section, Fagon dans le tir d'élite, et Mekhc dans la Démolition. Laeon lui, malgré son ambition, ne désirait qu'être chef d'escadron. Dubro quant à lui préférait rester un peu en retrait de la scène.

Une fois arrivé à destination, le cortège se scinda, les hauts gradés s'asseyant, les sous-officiers se tenant en rang d'oignons derrière eux.
Devant les sièges des hauts gradés avait été montée une estrade parée aux couleurs de l'Empire Chiss. Les diplomates étaient installés à la droite de l'estrade ainsi que les juges et scientifiques. La partie gauche était réservée au libre public.
Fidèle à tout bon politicien de n'importe quelle planète, le conseil Chiss se fit désirer et arriva bon dernier. Le conseil était composé depuis deux décennies de quatre membres, un de chaque famille influente, et pour que la parité soit parfaite, de deux femmes et deux hommes.
Cependant portant leurs habits coutumiers, de grandes bures, distinctes seulement par leur couleur, dont les grandes capuches ne laissaient apparaître que la bouche, le sexe de tel ou tel membre du conseil n'était pas devinable. Bien sûr cet habit avait pour principale fonction de garder inconnue l'identité des membres du conseil pour leur protection. Les familles savaient bien sûr qui les représentaient mais par le passé, il y avait eu de tels imbroglio de complots entre familles que certaines responsabilités de meurtres n'avaient jamais pu être définies du temps où l'identité des membres du conseil était officiellement connue de tous. Cela n'empêchait évidemment pas les complots, mais limitait la liste des suspects à la famille dont le membre du conseil venait de « disparaître ».
Pour un « étranger » suspicieux, il aurait été aisé de dire que n'importe qui pouvait prendre la place d'un membre sans que cela ne se remarque. Cependant les Chiss, bien que peu superstitieux, rendaient des pouvoirs quasi hors-normes au conseil dont les membres dégagaient comme une présence bien spécifique. Certains disaient que l' « Aura » ou le charisme que dégageait un membre du conseil était d'essence, non pas divine, les Chiss étant profondément athées, mais magique. D'autres, sceptiques disaient que les membres du conseil utilisaient des drogues ou tout autre type d'implants technologiques pour avoir une telle présence.
Dubro quant à lui penchait surtout pour une histoire de statut et d'élévation inconsciente au rang de déité des membres du conseil.
Ces derniers justement commencèrent alors leur long discours. En effet Dubro devait reconnaître qu'il était troublant de voir les quatre encapuchonnés enchaîner les phrases les uns à la suite des autres sans coupure dans un parfait synchronisme de telle façon que l'on ne pouvait plus savoir quel membre parlait. Bien sûr cela pouvait être explicable par une très bonne préparation du discours, mais comment donc pouvaient-il couper les phrases des autres sans laisser paraître de discontinuation ? Même un groupe d'acteur d'holofilm n'aurait pas pu donner une si bonne illusion.
Dubro savait que capuche verte correspondait au remplaçant de son père, c'était son point de repère pour savoir qui du groupe parlait.
Vert : « et c'est pourquoi nous souhaitions à tel » « point féliciter nos fidèles » continua une voix de femme que Dubro pensait être capuche rouille qui elle-même fut « coupée » dans sa phrase par capuche bleue « soldats. Ils ont fait preuve du plus grand esprit et courage» «face à ces monstres de Vagaari? » finit capuche bordeaux.

Dubro décrocha son attention du quatuor et leur monologue et regarda vers Chelsa, dans les tribunes des diplomates. Elle lui fit un petit signe de la main et le diplomate assis à sa droite la rabroua d'un simple regard foudroyant et d'une main posée sur le bras de la jeune fille? Le diplomate en question était assez grand, plus grand que Chelsa de peu, il devait être un tout petit peu plus petit que Dubro, il se tenait droit et était faussement concentré sur le discours du conseil. Cependant Dubro arriva à capter un regard sombre de ce dernier vers lui. Mais ce qui le choqua le plus était le siège en question sur lequel était assis le diplomate et comment il s'était permis cette familiarité avec Chelsa. En effet le diplomate était visiblement l'Aristocra en chef, le responsable de toute la branche diplomatie, juste un rang au dessous du rang « suprême » de membre du conseil.
Dubro sentit de suite qu'il n'allait pas aimer cet homme, qui qu'il soit pour les Chiss ou Chelsa, on pouvait presque lire dans son attitude son arrogance et son désir de pouvoir. Enfin c'est ce que voyais Dubro. Mekhc, à coté de lui, trouvait juste que c'était un bureaucrate comme les autres qui ne visait toujours que cela, enfin même si Chelsa était différente avait-il rajouté après un regard en coin de Dubro.
Dubro détourna alors le regard et regarda les autres visages alentour. Peu de personnes se permettaient de quitter des yeux le conseil quand il parlait. En tout cas parmi les « officiels » et les militaires, seul un vieil humain gradé avait repéré l'échange de gestes et regards de Dubro, Chelsa et de l'Aristocra. Le plus étonnant était que l'humain en question était assis parmi l'un des premiers rangs des militaires. Plus exactement au premier rang. « Encore un étranger qui veut se faire remarquer? Mais qu'il soit à cette place ? Il est sûrement à la retraite vu son âge » pensa Dubro. Soudain, quelque chose attira le regard de Dubro vers la scène. Capuche bleue s'était arrêté de parler et laissait les trois autres membres parler pendant que lui dévisageait l'humain en question qui secoua la tête et fit un geste qui voulait dire qu'il s'expliquerait plus tard en privé.
Personne ou presque n'avait vu cet incident, tellement pris à écouter presque religieusement le discours, sauf évidemment les quelques gradés près du vieil homme mais ces derniers faisaient comme si de rien n'était. Dubro, lui, se posait des questions sur ce qu'il s'était passé exactement.

Il su ce qu'il en était exactement que plus tard. Evidemment les cérémonies de victoires chez les Chiss restaient relativement sobres. Aucun peuple ne peut s'empêcher de fêter abusivement sa victoire sur son ennemi héréditaire. Cependant les Chiss, à cause de leur orgueil, limitaient cela au strict minimum. Bien sûr le peuple pouvait s'amuser tout en respectant l'ordre publique, les hauts gradés et les officiels participaient alors à une réception luxueuse. Les sous-officiers comme les sous-fifres des officiels étaient eux chargés du bon déroulement de la société le temps d'une soirée.
Dubro se préparait donc a passer une soirée régulée par les petits tracas causés par de jeunes Chiss ayant trop bu et ayant troublé l'esprit de fête. « Ça va promettre une soirée "excitante" » avait-il avoué à Fagon. Chelsa devait aller à la réception luxueuse, car même diplomate de rang moyen, elle faisait partie des rares Chiss qui se décidaient à suivre cette voie de l'ouverture vers les autres races, hostiles ou pas. Enfin c'était la raison la plus plausible a laquelle pensait Dubro en en refusant d'autres à peine se formaient-elles dans son esprit dès qu'il repensait à la familiarité de l'Aristocra envers la jeune Chiss.

Cependant Dubro reçut au dernier moment un message d'Aako le prévenant qu'il ferait partie des invités d'honneur de la réception ainsi que ses 4 amis et d'autres soldats s'étant révélés particulièrement actifs pendant les dernières batailles. Les promotions ayant alors lieu pendant la réception « pour le plus grand plaisir des huiles » comme disait Mekhc. Une veste noire, portant comme seule distinction une demi bande bleue sur les épaules, reposait sur une chaise proche. Le système sonore de la porte s'activa annonçant une visite. Dubro regarda l'heure Csillienne en se dirigeant vers la porte? «Tiens Chelsa est en avance» pensa-t-il. « Elle qui est tellement ponctuelle. » Sur de son intuition, le Chiss ouvrit la porte : « Entrez » commença-t-il avant de voir passer en trombe un Ocharn visiblement perturbé.
- Que se passe-t-il mon ami ? demanda Dubro.
Pour toute réponse Ocharn montra la porte toujours ouverte.
- Je crois que je suis la cause du trouble de votre ami, dit soudainement la porte. Dubro sursauta et regarda l'entrée où se trouvait un vieil humain en tenue civile qui pourtant avait dans son attitude tous les signes d'un grand soldat.
- Que voulez-vous monsieur? « bon sang je sais qui il me rappelle » Parck Junior -
l'humain, fils devenu agé lui-même de l'ancien amiral impérial qui avait détourné Thrawn du « bon sens Chiss » enfin selon les livres dénigrant l'attaque préventive, sourit :
- Je vois que vous avez fait vos recherches sur l'ancienne organisation de mon père. Je n'en attendais pas moins du cerveau de la troupe.
Dubro secoua la tête en s'adossant au mur.
- Je ne suis pas le cerveau. Nous ne sommes qu'un groupe d'amis plus efficaces ensemble que séparément.
- Votre modestie vous honore ! Cependant le fait est là : le premier geste de votre ami à été de venir vous voir.
- Oui, car nous avons eu le même mentor, et nous savons que nous pouvons nous aider l'un l'autre. Mais au risque de me répéter, que voulez-vous ?
- Il veut nous faire trahir l'empire Chiss, intervint Ocharn.
Dubro le regarda d'un air ébahi et commença à diriger sa main vers le bouton de fermeture de la porte.
- Attendez. Ce n'est pas une demande de trahison. Plutôt une offre de recrutement pour aider l'empire Chiss en cas de péril imminent. Même si ce dernier nous considérait et nous considérerait de nouveau comme hors-la-loi. »
Dubro regarda le descendant de l'amiral « étranger » :
- L'empire de la main? Il n'y a pas besoin d'une telle organisation pour changer les choses. Au revoir, Monsieur Parck.
L'humain secoua la tête.
- Quel idéalisme! Kallen avait raison dans les profils de potentiels recrues! Vous n'êtes pas encore prêts.
Dubro referma la porte sur les dernières paroles de l'humain et se dirigea vers sa chaise y récupérant sa veste sous les yeux d'Ocharn atterré.
- Tu? Tu ? Tu l'as viré comme ça ?..... Kallen?. L'empire de la Main ??...
- Il nous bluffait, Ocharn, dit Dubro en enfilant sa veste. Il a essayé toutes ses cartes.
- Mais rappelle-toi les dernières paroles de Kallen..
- Justement. Et si c'était un piège pour tester notre loyauté ? Ou un test quelconque d'un esprit dérangé ou égocentrique ? Pour Kallen, on le reconstruira, mais je n'ai confiance qu'en nous pour cela. C'est à nous qu'il a confié cette mission.
Ocharn était encore en train de réfléchir à tout cela quand un visiteur arriva.
- Ah? Ca doit être Chelsa ce coup-ci. Nous en parlerons tous ensembles. Ca te va Ocharn?
Ce dernier hocha la tête et, après avoir vérifié que le visiteur était bien Chelsa, les deux Chiss et leur amie diplomate partirent à la réception.
Chap 11 - Désillusion
Système Néocoruscant. Deux ans plus tard.

Le vaisseau diplomatique Chiss, escorté par deux griffes peintes en noir mat, entra dans l'atmosphère de la planète capitale de l'Alliance Galactique.
Dubro espérait pouvoir profiter de son passage sur la planète pour se renseigner sur l'assassin de son père, l'enquête ayant révélé le profil et le visage de l'étranger coupable.
Ouvrant la voie et gardant un fil sur ses scanners, Dubro survola la plate-forme d'atterrissage.
- Accès libre, émissaire Aklaio. Aucune menace en vue.
- Bien reçu Ombre leader, répondit le Capitaine de l'Aklaio.
Dubro sourit pendant que le vaisseau diplomatique se posait. Des choses avaient changés depuis la fin du conflit contre les Vagaari. Dubro avait été nommé major. Par sa nouvelle position dans la flotte de défense, Dubro put créer un groupe spécial appelé les Ombres Bleues.
Bien sûr Dubro avait bénéficié de l'appui de Chelsa et du père de cette dernière, qui se révélait être l'Aristocra Brato'Lsc'Aklaio, celui-là même ayant donné une si fausse mauvaise impression à Dubro deux ans auparavant, membre influent de la famille Sabosen. Avec le soutien de sa « famille » d'adoption : les Inrokinis, et le respect gagné parmi les Nuruodo, la procédure de création ne fut qu'une formalité.
Spécialisés dans la protection rapprochée, les missions « préventives » anti-complots (allant de l'enquête à l'élimination de menaces) les Ombres Bleues remplissaient avec succès missions sur missions. Le groupe attirait sans cesse de nouvelles recrues et disposait ainsi d'une force d'intervention imposante. Le groupe était même en passe de réaliser la dernière volonté de Kallen.
Le noyau dur du groupe était évidemment les cinq amis. Mekhc et Fagon, respectivement devenus commandant-instructeur de la section démolition des forces spéciales et commandant-instructeur de la section tireur d'élite de ces mêmes forces spéciales, étaient sniper et destructeur. Laeon, capitaine d'escadron, était éclair et Ocharn, alias soutien, faisait office de base mobile et de renfort avec le « Chtiah ».
Dubro avait pris pour nom de code son grade. Il était le lien entre chaque membre du groupe et cherchait à être l'un des plus polyvalent.
Il manquait encore au groupe un spécialiste du combat au corps-à-corps, mais aucun Chiss n'excellait vraiment dans le domaine et le groupe s'en passait donc. Bien sûr Major n'était pas dupe et se doutait que Parck Junior était aussi pour quelque chose dans l'aide à la création de ce groupe, mais peu lui importait tant que le groupe existait.
Major et éclair se posèrent de part et d'autres de l'émissaire Aklaio. Sortant de sa griffe, le micro-comlink de Major s'activa.
- Snipeur en position. Tout va bien, la « grosse huile » peut descendre.
- Destructeur déteint trop sur toi. Tu commence a parler comme lui», dit Major en rigolant, «ou alors le fait d'arriver en avance t'a-t-il tourné la tête ? ».
Major n'attendit pas la réponse de Fagon pour faire signe au pilote de l'émissaire. Ce dernier déploya la rampe et un humanoïde à la peau verte, deux cornes orange, un Eickarie se souvint Major, descendit en tenue de combat, suivit de près par Tolsca et sa fille Chelsa.
Major hocha la tête vers le non-Chiss dénommé Su-mil qui lui sourit d'une rangée de dent orange.
« Un pro du combat... dommage qu'il soit un "étranger"».
Tolsca s'approcha de Major en souriant :
- Merci de cette escorte Major Lend'Ubr'Osaio?
- Comment connaissez-vous mon vrai nom ??? demanda Major, interloqué.
- Je sais beaucoup de choses, cher Dubro. Je connaissais votre père et vous lui ressemblez : intègre et honnête. J'espère que vous retrouverez le monstre qui l'as tué. J'avais du respect pour lui. Une fois cela fait vous verrez que même les « étrangers » ont leur utilité.
Major regarda Tolsca de manière suspicieuse, mal à l'aise que l'Aristocra en sache autant sur lui.
Tolsca, voyant l'expression de Dubro, haussa les épaules en souriant :
- Je m'excuse si ma fille n'arrête pas de me parler de vous.
Sur ces mots, Chelsa bleuit jusqu'aux oreilles d'un magnifique bleu foncé, pensa Dubro la regardant, se sentant bleuir à son tour.
Tolsca sourit davantage avant de se diriger vers son comité d'accueil, un groupe de quelques sénateurs de l'Alliance Galactique. Mekhc débarqua alors de l'Aklaio, regarda Major et Chelsa avant de déclamer :
- Oh les amoureux, vous avez bientôt fini de vous regardez tel des Wolwkils prêt à se sauter dessus ?
Il reçut pour toute réponse un coup de coude dans les cotes de la part de Laeon, ses deux cibles détournant le regard et bleuissant encore plus.

Les jours passèrent, de réceptions diplomatiques en réceptions politiques, sans qu'il n'arrive de problèmes au diplomate que les Ombres protégeaient. Un soir sans réception particulière prévue, Tolsca était surveillé par Mekhc et Laeon, en plus de l'Eickarie. Chelsa profita de la soirée pour inviter Dubro dans un grand restaurant. « Ocharn en orbite dans le Chtiah me donnera l'alerte en cas de besoin» avait sorti Dubro comme excuse, tant à sa conscience qu'à Chelsa pour justifier l'acceptation de l'invitation.

Le système de communication de ses quartiers dans l'Aklaio sonnait déjà depuis un bon moment quand une main fine appuya sur le bouton de réponse, laissant apparaître sur l'écran un Ocharn piqué au vif :
- Major ? Nous avons un problème! Qu'est-ce que tu fais ? J'essaye de te joindre depuis une bonne heure. Dubro ?... Oh pardon Chelsa? Je me suis trompé de numéro.
- Non, non, tu ne t'es pas trompé, répondit-elle en baillant, habillée d'un simple drap pour lui couvrir les épaules.
- Oh?..Oh !
- Je te le passe, finit-elle en souriant en coin.
Dubro prit ensuite la communication, finissant de s'habiller.
- Quel est le problème ?
- Euh.. je suis désolé de l'heure et euh de la circonstance mon ami.
- Passons cela s'il te plaît. Quel est le problème ?
- Eh bien, Tolsca a disparu. On a juste sa dernière position. Eclair et Destructeur ne répondent pas.
- Kelt ! Envoie-moi leur dernière position ! J'y vais !
- Bien reçu. Sniper te rejoindra pour te couvrir ! Soutien terminé.
En accrochant son blaster à sa tenue Dubro posa tendrement son front contre celui de Chelsa :
- Désolé que cette soirée se termine ainsi?
- Fait attention à toi surtout? et ramène-moi mon père en vie?

Arrivant sur place, Dubro essaya en vain de joindre Laeon et Mekhc. S'approchant de la dernière position de Tolsca, Dubro se rabattit contre le mur, l'apercevant en train d'échanger plusieurs datacard avec un humain.
Observant de plus près l'humain en question, Major eu un choc et dégainant son blaster, tira sur le lot de datacard, grillant au passage la moitié de la main de l'humain.
Puis s'approchant d'avantage :
- Aristocra? Eloignez-vous ! Cet étranger payera pour avoir tué mon père.
Tolsca, la surprise passée, s'éloigna un peu, laissant Dubro braquer l'humain de son blaster.
- Mais? Vous êtes sûr ? Tous les humains se ressemblent.
- Pourtant c'est bien lui, j'en suis certain. Que faisiez-vous avec lui Aristocra ?
L'humain, se tenant la main, ricana entre ses dents :
- Il trafique avec moi cher monsieur. Les renseignements et surtout les cargaisons d'armes Chiss se perdant sont une mine de crédits pour lui comme pour moi.
Dubro regarda Tolsca incrédule juste avant que ce dernier ne lui tire un rayon paralysant à bout portant.

Dubro s'écroula à terre devant Tolsca :
- Vous êtes comme votre père décidemment, trop honnête et surtout trop confiant. Cet humain n'a jamais été l'assassin de ce cher Osaio. C'est moi qui l'ai tué. Il devenait gênant.
L'humain fit la révérence en ricanant :
- Eh oui, je ne suis qu'un modeste Sénateur de l'alliance.
- Etait, corrigea Tolsca avant de descendre d'un tir en plein front le sénateur humain.
Puis haussant les épaules devant le regard vide du sénateur corrompu s'écroulant, Tolsca continua :
- En un sens vous m'avez compliqué la tâche, avec votre obsession à retrouver l'assassin de votre père? Mais vous m'arrangez aussi Osaio. Vous avez détruit les preuves des trafics avec le sénateur et vous avez aussi « tué » l'assassin de votre père. Une pierre, deux coups, il devenait trop gourmand.
Tout en parlant l'Aristocra glissa le blaster dont le canon était encore fumant dans la main du Chiss paralysé.
« Quant à vous, vous finirez exilé ou condamné à mort pour traîtrise à l'intérêt de l'Empire Chiss et meurtre d'un membre du sénat de l'Alliance Galactique. Vous ne pourrez plus approcher ma fille espèce de Zlat'h», finit Tolsca en crachant sur Dubro, immobilisé.
« Excusez-moi de ne pas rester, mais la police approche. Ne vous inquiétez pas, je vous ferai juger par les Chiss? Vous en serez d'autant plus humilié. »
Sur ces dernières gentillesses, Tolsca s'éclipsa.

Dubro récupéra sa mobilité peu de temps après. Et se relevant doucement, il finit debout, blaster en main devant le cadavre du sénateur humain quand les forces de police de l'Alliance Galactique arrivèrent. Les policiers arrêtèrent un Dubro n'opposant aucune résistance, encore sous le choc de s'être fait avoir ainsi en allant à l'encontre de son instinct concernant Tolsca.