Star Wars Invention, le Site dédié aux Fan Fictions
Partie 1 - Chapitre 1


Les deux soleils de Tatooïne procuraient à cette planète une chaleur inégalée dans toute la galaxie. Anakin n'aimait guère ce lieu. Il représentait à ses yeux la tristesse et l'échec du décès de sa mère et la douleur de son enfance en esclavage. Un seul événement positif lui permettait de tout de même rendre cette mission supportable : c'est ici qu'il avait rencontré sa femme, il y a de cela près de 14 ans.

- Nous sommes arrivés, déclara Obi-Wan en s'approchant de son ancien apprenti. Tu es sur que ça va aller ? C'est une simple mission de surveillance, je peux m'en charger seul.
- Non... répondit Anakin, les yeux perdus dans ses pensés. Je dois le faire, reprit-il en faisant face à son ancien Maître. Ce n'est qu'une planète comme les autres, ajouta-t-il en se dirigeant vers le sas de sortie du vaisseau.
- Pas pour toi ! Ecoute, si tes sentiments personnels devaient interférer, je...
- Je vais bien, coupa Anakin d'une voix dure et froide. Concentrons nous sur la mission. Je ne souhaite pas y passer la semaine. J'ai senti quelque chose d'étrange en entrant dans l'atmosphère. Quelque chose de troublant... il se passe quelque chose ici, je ressens une grande douleur.
- Cette planète est remplie d'esclaves et de pauvres gens, répondit Obi-Wan en espérant ne pas blesser Anakin avec sa remarque. Nous devons être prudents. La souffrance peut venir de n'importe où.

Les deux Jedi sortirent du vaisseau. Ils étaient attendus par une délégation de gardes gamorréens armés.

- Jabba est visiblement ravi de notre arrivée ! s'enquit Obi-Wan avec ironie.



Anakin ne répondit pas mais adresse un sourire amusé à son ancien Maître. Ils avaient beau ne pas toujours s'accorder sur tous les sujets, ils n'en étaient pas moins un très bon duo. Leurs missions, bien que souvent périlleuses, procuraient à Anakin une entière satisfaction. Parcourir la galaxie et aider les gens étaient des occupations qui lui correspondaient bien et le rendaient heureux. Il était amusant qu'il repense à cela sur Tatooïne quand, biens des années auparavant, il avait déclaré à Qui-Gon Jinn qu'il voulait être le premier à explorer tous les systèmes de cette galaxie. Anakin et Obi-Wan exploraient les territoires connus depuis plusieurs années maintenant et pourtant ils étaient toujours loin d'avoir tout vu. Chaque nouvelle mission et chaque nouveau lieu étaient emplis de surprises et d'aventures ! Hélas, l'esprit d'Anakin ne pouvait jamais se détourner complètement de Coruscant, où se trouvait sa femme qu'il avait du laisser – encore une fois – pour participer à cette mission. Ils étaient mariés depuis 3 ans et pourtant chaque séparation lui brisait le cœur comme au premier jour. Il l'aimait infiniment et ne pouvait imaginer un monde où il en aurait été autrement.
Finalement, Obi-Wan et Anakin se retrouvèrent face à un escalier de pierre. De la musique résonnait dans les couloirs sombres du palais et de nombreux rires faisaient échos. Jabba était réputé pour ses fêtes et la débauche qu'elles suscitaient était légendaire.
Un twi'lek à la peau pâle courut vers les visiteurs du palais, l'air soucieux. Il se présenta dans une langue qu'Obi-Wan ne comprenait pas, mais qu'Anakin semblait parfaitement maitriser.

- Tu vas nous conduire à ton maître, répondit Anakin avec autorité. Tout de suite.

Le serviteur du seigneur du crime ne se fit pas prier deux fois. La réputation des Jedi les précédait. De plus, Jabba serait probablement amusé par leur visite surprise. Le twi'lek conduisit ses hôtes devant Jabba. Il était affalé sur une grande plate-forme de pierre, entourée de multiples femmes peu vêtues – des esclaves, probablement. Aucune femme ne ferait le choix de vivre ici. L'une d'entre elle intrigua particulièrement Anakin. Elle semblait désespérément triste. Ses grands yeux bruns brillaient, comme si elle était perpétuellement sur le point de pleurer. De longs cheveux bruns et lisses tombaient librement le long de ses épaules. Et elle était si jeune ! Une quinzaine d'années, au mieux.

- Mon nom est Obi-Wan Kenobi, et voici Anakin Skywalker. Nous sommes des Jedi, au service de la République Galactique. Nous avons été envoyés ici pour enquêter. Notre conseil a ressenti une grande perturbation émanant de cette planète. Il semblerait que le côté obscur s'y manifeste. Nous demandons votre permission d'enquêter. Je puis vous assurer que notre présence ne vous dérangera pas.

Jabba éclata d'un rire sonore. Une perturbation ! Il n'avait aucune idée de ce que cela pouvait signifier. Pour lui, les problèmes se mesuraient en argent et en cargaisons. Son trafic était florissant pendant la guerre. Peu importe les perturbations que les Jedi pouvaient ressentir.
Un droïde protocolaire à l'aspect délabré s'avança d'un pas et traduisit les propos du seigneur du crime.

- Le grand Jabba le Huth n'a rien remarqué d'anormal. Il ajoute que les affaires sont fructueuses pour lui. Il ne souhaite pas voir la République et les Jedi se mêler de son commerce.
- Nous n'avons pas l'intention d'interférer. Les affaires de Jabba ne nous intéressent pas. Le motif de notre visite concerne une manifestation inhabituelle de la Force, émanant de cette planète, répondit Obi-Wan avec son ton calme légendaire.

Jabba semblait amusé par la situation. Les affaires de la République ne pouvaient pas l'intéresser moins. Il craignait cependant de voir les Jedi se mêler de ses affaires dans une période de guerre aussi fructueuse. La contrebande était monnaie courante et une intervention externe risquait de lui faire perdre beaucoup de clients. Il ne pouvait se risquer à les laisser fouiller librement.

- Le grand Jabba ne souhaite pas de votre enquête. Cette planète n'est pas sous le contrôle de la République, il vous conseil donc de rentrer chez vous. Il donnera également un gala ce soir et vous propose d'accepter son hospitalité avant de prendre la route.
- Répondez à Jabba que nous serions honoré d'assister aux réjouissances de ce soir, déclara humblement Obi-Wan.

Les deux Jedi furent envoyés dans une grande salle ouverte, surplombant une arène. Le « gala » dont avait fait mention Jabba était en fait une série de combats qui permettait à sa cour de se divertir et de faire des paris. Anakin et Obi-Wan avaient reçu la consigne d'attendre et de se « reposer » en attendant l'arrivée de Jabba et de ses autres invités.

- Crois-tu que cela cache autre chose ? demanda Obi-Wan à son ancien apprenti.
- Je ne pense pas, répondit Anakin. Jabba n'a jamais apprécié la présence de la République sur cette planète. Il craint trop pour son commerce. Je ressens quelque chose d'autre cependant...
- Oui, je l'ai senti moi aussi. Nous sommes très proches de ce que nous recherchons. Il se passe quelque chose d'inhabituel ici.
- Mais quoi ? Je ressens rarement ce genre de manifestation. Quelque chose – ou quelqu'un – d'obscur est proche, répondit Anakin, songeur.

Peu de temps s'écoula avant que Jabba ne vienne s'installer sur l'immense dalle de pierre qui dominait le centre de la pièce. Lorsqu'il s'agissait de festoyer avec sa cour, le seigneur du crime ne se faisait jamais prier deux fois.
Les combats organisés ce soir ne plaisaient pas du tout à Anakin. Il n'avait pas besoin de poser la question et savait tout à fait que les personnes envoyées dans l'arène ce soir ne le feraient pas de leur plein gré. Des esclaves, sans nul doute, qui trouverait la mort sous ses yeux, sans qu'il ne puisse les aider. Parfois, il ne comprenait pas trop ce que les Jedi attendaient de lui. Etaient-ils censés rester sans rien faire devant de telles atrocités ? Assurément, ils ne pouvaient pas sauver toute la galaxie. Mais lorsque des crimes étaient commis en face d'eux, il ne lui semblait pas correct de rester assis sans rien faire. Anakin n'avait jamais été le genre d'homme à tenir en place. Peu importait la situation finalement, l'action lui avait toujours semblé la meilleure voie.

La voix de Jabba s'éleva pour annoncer le début des jeux. Un jawa entra dans l'arène, le pas hésitant. Ces créatures originaires de Tatooïne étaient des marchands de camelote. Ils n'avaient pas leur place dans une arène et n'avaient jamais été réputées pour leur force physique. Face au petit être, un rancor féroce et affamé entra dans l'arène. Anakin détourna les yeux. Il n'avait rien d'une âme sensible mais l'inégalité du combat le dégoutait au plus haut point. Un cri d'agonie rententit, provoquant l'hilarité du seigneur du crime.

- A ce rythme, espérons que la soirée ne s'éternise pas, murmura Obi-Wan à son acolyte.

Anakin n'eut pas l'occasion de répondre. La voix de Jabba s'éleva à nouveau pour annoncer le combat suivant. Cette fois-ci cependant, il se tourna vers l'une des femmes qui l'accompagnaient. Il s'agissait de la jeune fille qu'Anakin avait remarquée plus tôt dans la journée. Ses yeux ne semblaient cependant plus tristes et désespérés. Avait-il mal interprété ses sentiments ? A présent, son regard semblait empli d'une profonde noirceur. Elle refusa de se lever et l'un des gardes gamorréens de Jabba la traina jusqu'à l'arène, d'où il la poussa pour qu'elle y tombe. Elle était vêtue d'une simple jupe d'esclave courte et d'une bande de cuir pour lui masquer la poitrine. Un tel attirail n'était définitivement pas la tenue nécessaire pour faire face à un rancor affamé.

- J'ai un mauvais pressentiment, murmura Anakin en se tournant vers son ancien maitre. Elle n'est pas... normale.
- Je l'ai senti moi aussi, répondit Obi-Wan en touchant sa barbe, comme il le faisait toujours lorsqu'il était nerveux.

Le rancor s'avança vers la jeune servante de Jabba, les bras prêts à la saisir. Mais il n'en fit rien. La bête semblait tout à coup horrifiée et se secouait, comme si elle essayait de se libérer d'une emprise. Soudain, son cou se tordit d'un mouvement sec et son corps s'étala sur le sol, inanimé. Obi-Wan et Anakin se levèrent pour mieux voir la scène, incrédules.

- Au moins nous savons maintenant d'où provient la perturbation, déclara Obi-Wan avec stupéfaction. Seul la Force peut expliquer un tel spectacle. Il nous faut interroger cette servante.

La jeune fille fut emmenée par une garnison de gardes. Elle ne semblait pas surprise et les suivit comme si elle connaissait déjà le chemin.

- Je m'en charge, répondit Anakin en se dirigeant discrètement vers les escaliers. Restez ici et distrayez l'assemblée.
- Je dois distraire l'assemblée ? s'exclama Obi-Wan, amusé.
- Je ne suis pas réputé pour ma patience ou pour mes talents d'orateur, répondit l'ancien apprenti en quittant la pièce.

Les couloirs du palais de Jabba étaient sombres et loin d'être accueillants. De nombreux gardes surveillaient les passages qui menaient au sous-sol, mais Anakin avait un avantage sur eux. Il sentait leur présence et se déplaçait furtivement, en évitant d'emprunter les couloirs dans lesquels se trouvaient un gammoréen. La présence dans la Force qui se dégageait de la jeune fille était manifeste et puissante. Ils l'avaient senti depuis l'autre côté de la galaxie, la repérer dans ce dédale sableux n'était donc qu'une formalité. Rapidement, il se retrouva face à une pièce, gardée par deux toydariens.

- Je dois voir la prisonnière, déclara-t-il en passant sa main devant lui pour suggérer sa requête grâce à la Force.
- Jabba nous a prévu que des Jedi viendraient ! répondit l'un d'eux d'une voix rauque. Ton truc avec la main, ça ne marche pas sur nous ! C'est pour ça que Jabba nous a placé ici. La petite dans la cage, là, elle fait des trucs bizarres. Tu ne veux pas t'en approcher, crois-moi.
- Elle peut être dangereuse, j'en suis certain. C'est pour ça que nous devons l'emmener avec nous !
- Jabba y tient beaucoup. Elle lui ramène un paquet de pognon ! Personne ne parierait sur la petite face à un rancor.

Anakin perdait patience. D'abord parce que l'esclavage le scandalisait plus que tout dans la galaxie. Ensuite parce qu'il n'était pas rentré sur Coruscant depuis près d'un mois, et que la fin de cette mission signifierait probablement pour lui un retour à la maison. Et la maison impliquait du temps avec sa femme, qui lui manquait terriblement.

- Tu as 10 secondes pour ouvrir la porte, déclara Anakin avec d'une voix à faire froid dans le dos. La fille vient avec moi.

Les toydariens éclatèrent d'un rire sonore. Il ne prenait visiblement pas la menace au sérieux. Pendant ce temps, Anakin faisait le décompte mentalement. Les deux gardes ne s'écartèrent pas. Erreur. Le Jedi fit voler l'un d'eux à l'autre extrémité du couloir avant d'allumer son sabre laser et de demander encore une fois :

- Ouvre la porte. Tout de suite.

Les petites ailes du garde toydariens s'agitèrent à une vitesse remarquable, tandis qu'il se tourna pour insérer la clé magnétique qu'il gardait sur lui dans la porte. Anakin entra et observa la captive. Elle était accrochée au mur, retenue par deux liens magnétiques qui lui tenaient les bras et les jambes ensembles. Il remarqua une petite console à côté de la porte, qu'il se hâta de déconnecter.

- Mon nom est Anakin Skywalker, je suis venu pour t'aider !

La jeune fille se frotta les poignets avant de relever le visage. Ses yeux étaient maintenant de couleur jaune pâle. Elle semblait très en colère. Elle sortit en courant de sa cellule et s'arrêta devant le toydarien apeuré.

- Donne-le moi, commanda-t-elle d'une voix à glacer le sang.
- Je, je ne...
- Tout de suite ! hurla-t-elle en tendant la main.

Le garde sortit de sa sacoche un petit objet métallique. La jeune fille l'attrapa avec férocité et l'enclencha. Une lame blanche apparut. Anakin remarqua qu'il s'agissait d'une couleur très peu commune, qu'il n'avait que rarement observé. Etait-elle un Jedi ? Un Sith ? Comment avait-elle obtenu cette arme ? Il ne savait que penser de cette situation.
Tout à coup, le toydarien suffoqua. La jeune fille le fixait du regard, les yeux sombres et mauvais. Les ailes du garde ralentirent jusqu'au point où elles n'auraient plus du lui permettre de voler. C'est la servante de Jabba qui le maintenait en l'air, l'étranglant grâce à la Force. D'un coup de sabre, elle trancha la gorge de sa victime, le laissant retomber sur le sol en baissant le bras. Anakin l'observa, incrédule. Il aurait du l'en empêcher, il aurait du intervenir. Mais il n'en avait rien fait. Cette jeune fille l'intriguait. Aucun Jedi de son âge ne possédait ce type de pouvoir. Et ses yeux jaunes ! Quelque chose de maléfique se dégageait d'elle, mais il ne put se résoudre à l'empêcher de tuer son assaillant. Il avait ressentit un jour, il y a plusieurs années, ce désir ardent de se venger, de tuer.

- Il faut qu'on parte d'ici, tout de suite ! déclara-t-il en déclenchant la commande vocale de son commlink. Obi-Wan ? J'ai la fille, mais nous allons avoir des problèmes !
- Le contraire m'aurait honnêtement étonné ! répondit-il avec ironie. Un toydarien affolé est venu dire à Jabba que tu avais volé l'une de ses esclaves favorites. Je me dirige vers le vaisseau, attends-toi à de la compagnie sur le chemin. Mais fais vite, ils ne vont pas tarder à investir le hangar et à nous empêcher de décoller.

Anakin et la jeune fille coururent à travers les couloirs étroits et sombres du palais jusqu'à l'entrée du hangar principal, dans lequel le vaisseau Jedi les attendait.

- Tu deviens lent avec l'âge ! s'exclama Obi-Wan qui les attendait, accoudé aux bras métalliques qui retenaient la passerelle d'entrée du vaisseau. Tu m'avais habitué à des sauvetages bien plus rapide, ajouta-t-il en pressant la commande de fermeture du sas.
- Alors pour commencer je ne suis pas vieux, répondit-il en se mettant au commande du vaisseau. Ensuite, ma lenteur s'explique peut-être par le fait que j'apprends chaque jour un peu plus de vous, mon cher maitre.

La jeune fille s'installa sans dire un mot sur l'un des sièges disposés derrière le poste de pilotage. Elle semblait complètement sous le choc, comme hypnotisée. Dans le feu de l'action, Anakin remarqua tout de même que ses yeux étaient redevenus normaux et avaient retrouvé leur couleur brune.

- On nous tire dessus ! s'exclama Obi-Wan, faussement choqué.
- Comment pourrait-il en être autrement ? demanda Anakin en soupirant. Calculez les coordonnés hyper-espace. Nous allons nous éloigner juste assez de cette planète pour éviter que les sbires de Jabba tente de nous suivre.
- Coordonné 27-35-02, répondit Obi-Wan. C'est assez éloigné, mais je veux un point qui nous permette une liaison claire avec le conseil des Jedi. De plus, cela nous laissera amplement assez de temps pour te poser quelques questions, ajouta-t-il en se tournant pour faire face à leur nouveau passager.
Partie 1 - Chapitre 2


Les étoiles défilaient dans un tout uniforme. Le cockpit semblait coupé du monde, hors du temps. L'hyperespace donnait souvent cette impression d'être à la fois partout et nul part à la fois. Obi-Wan et Anakin avaient retournés les deux sièges de pilotage sur lesquels ils étaient assis pour faire face à la jeune fille qu'ils venaient de sauver.

- Je suis le maitre Jedi Obi-Wan Kenobi et voici mon ancien apprenti, Anakin. Le conseil nous a envoyé car une présence inhabituelle nous est récemment apparue. Nous pensons qu'il s'agit de toi. Peux-tu nous dire qui tu es et d'où tu viens ?
- Je m'appelle Zemfira. Et je sais qui vous êtes. Nous nous sommes déjà rencontrés.

Obi-Wan et Anakin se regardèrent. Ils ne purent masquer leur surprise face à la déclaration de la jeune fille.

- En es-tu certaine ? Peut-être nous as-tu vu sur l'Holonet ? Nous...
- Non. Je n'ai pas eu accès à l'Holonet depuis maintenant près de quatre ans ! répondit-elle, exaspérée de ne pas être prise au sérieux. Je suis Zemfira, apprentie padawan du maitre Jedi Evans Coon. Je me souviens vous avoir vu, au Temple. Le conseil nous a envoyé en mission sur Carrat Prime pour régler une querelle entre commerçants. La mission s'est avérée... plus compliquée que prévu. Mon maitre a été tué et j'ai été capturée par le chasseur de prime Aurra Sing. Elle m'a marquée, comme elle marque toutes ses prises, ajouta-t-elle d'une voix profondément mélancolique.

Zemfira se leva et se retourna pour montrer aux Jedi les marques infligées par le chasseur de prime. Son dos, qui n'était couvert que d'une bande de cuir, laissait clairement entrevoir des profondes marques de brulures, infligées avec un blaster de marquage. Le tout formait un étrange symbole : trois cercles enchâssés.

- Elle m'a fait participer à ces combats dont Jabba est très friand. Il lui a proposé une grande somme d'argent pour pouvoir me garder... depuis quatre ans, il me fait participer à ses jeux.
- Tu n'as jamais tenté de contacter quelqu'un ou de t'enfuir ? demanda Anakin, étonné.
- Comment ? répondit la jeune fille. On m'a volé mon sabre laser ! J'étais sous surveillance de toydariens qui sont insensibles aux pouvoirs Jedi. Et puis la cour de Jabba n'a rien d'amicale. J'ai tenté de m'enfuir, mais n'y suis jamais parvenu. Je n'avais que douze ans lorsqu'il m'a enfermée!

Obi-Wan retourna son siège face au poste de commande. Le vaisseau signalait que le point d'arrivée était proche. Anakin resta assis face à Zemfira. Il était étonné mais aussi particulièrement curieux. Le pouvoir de cette jeune fille semblait dépasser celui de certains chevaliers Jedi adultes et elle n'avait même pas encore achevé son entrainement.

- Nous sommes arrivés, déclara Obi-Wan en stabilisant le vaisseau qui sortait d'hyperespace. Anakin, mets-nous en contact avec le conseil. Nous devons leur faire notre rapport.

L'ancien apprenti sortit de la salle des commandes et se plaça face à une table ronde à projection holographique. Il pianota rapidement un code sur le panneau de commandement et le maitre Jedi Yoda apparut, au centre du système de projection.

- Jeune Skywalker. Heureux de te voir, je suis, déclara le grand maitre Jedi en souriant.
- Maitre Yoda, salua-t-il poliment. Nous avons trouvé la source de votre inquiétude. Il s'agit d'une jeune fille. Une padawan de notre ordre, semble-t-il. Elle déclare être l'ancienne apprentie de maitre Evans Coon.
- Maitre Coon, mort il y a quatre ans, il est. Sa padawan, jamais retrouvée, ajouta-t-il pensif.
- Elle s'appelle Zemfira et a été capturée par un chasseur de prime et revendue à Jabba le Huth pour participer à des combats. Elle semble profondément bouleversée et... troublée, ajouta-t-il avec inquiétude.

Rapidement, Obi-Wan et Zemfira rejoignirent Anakin dans la salle de projection. Les maitres se saluèrent et Yoda posa des questions à la jeune rescapée. Rien ne laissait présager qu'elle ne soit pas qui elle prétendait être et le maitre lui accorda rapidement sa confiance.

- La jeune Zemfira, avec vous vous garderez, déclara Yoda. Pour une autre mission nous avons besoin de vous. Sur la planète Baroonda, vous rendre vous devez. Des rumeurs sur une nouvelle base de ralliement séparatiste nous avons reçues.

Baroonda : planète tropicale de la bordure extérieure. Il était difficile de se rendre plus loin de la capitale de la République. Anakin ne pouvait pas le croire. Il avait passé un mois à rêver de l'instant où on lui permettrait enfin de rentrer sur Coruscant. Sa femme lui manquait atrocement. Ils étaient habitués à des séparations fréquentes et parfois prolongées, mais l'habitude ne rendait pas la chose plus aisée. Malgré tous les longs mois qu'il passait loin d'elle, il avait toujours réussi à la sentir. Il s'agissait d'une connexion à travers la Force qui était née en même temps que leurs sentiments. La plupart des Jedi était entrainé à s'ouvrir à la Force de manière très personnelle. Ils n'avaient pas le droit d'aimer, de s'attacher. Anakin ne pouvait donc pas chercher de comparaison chez les autres. Quoi qu'il en soit, il s'était ouvert à Padmé d'une manière complète et absolue. Grâce à cette connexion, ils pouvaient se ressentir, même si c'était de manière parfois infime, d'un bout à l'autre de la galaxie. Lorsque l'un d'entre eux expérimentait un sentiment fort, de joie ou de peine, l'autre pouvait, dans une moindre mesure, le ressentir aussi.
Ces derniers temps, leur lien ne s'était pas amoindri, mais il avait changé. Il ressentait quelque chose chez Padmé qu'il ne comprenait pas et qui était nouveau. Comme si quelque chose – ou quelqu'un – s'était mis entre eux. Ce sentiment était étrange et rendait le jeune Jedi terriblement nerveux. Il ressentait un besoin violent et presque incontrôlable de comprendre ce qui se passait et de revoir son épouse.
Le visage d'Anakin s'assombrissait à mesure qu'il se perdait dans ses réflexions. Zemfira l'observait et sentait que quelque chose le tracassait.

- De la violence, nous ne voulons pas ! Une solution diplomatique, nous espérons toujours. Cette mission, avec des sénateurs vous ferez, déclara Yoda, qui était toujours en discussion avec Obi-Wan.

Alors qu'il n'avait pas prêté attention au reste de la discussion, Anakin fut soudain pris d'un intérêt marqué. Des sénateurs. Une sénatrice, peut-être ? Bien qu'il trouve cela dangereux, Anakin était toujours ravi de croiser sa femme à l'autre bout de la galaxie. Ils étaient peut-être en mission, mais au moins cela lui permettait de passer du temps avec elle. Le jeune homme tenta de reprendre ses esprits. Personne n'avait dit qu'elle ferait parti de cette délégation. Zemfira l'observait avec plus d'attention maintenant. Il était passé de la tristesse à la joie à la seule mention de la venue d'une délégation de sénateurs. Cela ne manqua pas d'éveiller chez elle une grande curiosité. Quelque chose chez lui semblait peu conventionnel et la fascinait.

۞


Baroonda, la planète tropicale, était recouverte d'étendues d'eau abritant des créatures aquatiques dangereuses et fascinantes et des jungles épaisses et périlleuses. Elle était également réputée à travers toute la galaxie pour les courses de pod-racers qui s'y tenaient régulièrement. Cela fit sourire Anakin. Il avait toujours été adeptes de la vitesse et du danger.
Mais aujourd'hui, ce n'est pas cela qui occupait ses pensées. Une délégation de sénateurs devait bientôt les rejoindre. Il n'avait pas demandé qui en ferait partie. Sa répulsion pour tout ce qui touchait le sénat et la politique était légendaire. Quelle raison aurait-il eu de s'intéresser aux sénateurs qui allaient les rejoindre ? Et puis, Obi-Wan était déjà suffisamment suspect ainsi. Il était inutile d'ajouter un nouvel élément à ce qui était devenu bien trop évident : il aimait Padmé de tout son cœur et aurait quitté l'ordre Jedi sur le champ, si elle le demandait.
Anakin était assis sur des rochers, face à l'océan baroondais qui s'étendait à perte de vue. Zemfira était installée plus loin, seule. Elle semblait complètement perdue. Son inquiétude était palpable. Anakin décida d'aller à sa rencontre et de faire connaissance avec elle. Il ressentait toujours une grande curiosité et cela aurait le mérite de le distraire en attendant leur mission.

- Ton sabre laser est d'une couleur inhabituelle, déclara-t-il sur un ton amical. Il avait décidé que la meilleure manière de briser la glace était de commencer sur des sujets anodins. Les lames blanches sont très rares.
- C'est parce que les cristaux blancs sont peu communs, répondit-elle. On ne les trouve pas sur Ossus, là où la plupart des padawans fabriquent leur premier sabre. Ce cristal vient de Dantooine. Mon maitre m'avait emmené là-bas peu de temps avant sa mort, ajouta-t-elle, pensive.
- Tu me sembles plutôt habile dans les arts Jedi. Comment t'es-tu entrainée, et privée de ton sabre pendant tout ce temps ?
- Je n'étais pas perpétuellement attachée au mur, vous savez ! répondit-elle en souriant. Jabba voulait que j'utilise mon sabre, parfois. Il disait que c'était... amusant, ajouta-t-elle avec dégoût. Je me suis entrainée toute seule.

Un bref silence s'installa entre eux. Anakin était profondément touché par ce qui était arrivé à Zemfira. Il ressentait de la compassion. Après tout, lui aussi avait été sauvé par des Jedi d'une vie d'esclavage sur la planète Tatooïne.

- Qu'est-ce que je vais devenir ? demanda-t-elle d'une voix presque inaudible.
- Les Jedi vont s'occuper de toi. On ne laisse jamais tomber l'un des nôtres. Je suis sur qu'on t'assignera un nouveau maitre et que tout se passera bien pour toi, ajouta-t-il pour la rassurer.

Zemfira ne put lui adresser qu'un maigre sourire. Elle espérait que c'est ainsi que les choses se dérouleraient. Malgré tout, elle savait que quelque chose en elle avait changé. Elle n'était pas la petite fille qui avait commencé son entrainement au Temple Jedi il y a quatre ans. Une facette sombre et dangereuse de sa personnalité s'était réveillée pendant son séjour sur la planète désertique, où elle avait lutté pour sa survie.

- Il y a quelque chose en moi qui n'est pas bon. Quelque chose d'anormal, déclara-t-elle, terrorisée d'avouer cela à voix haute.

Anakin ne répondit pas mais la regarda avec insistance. Elle n'avait pas besoin de lui le dire, il l'avait senti. Le côté Obscur était présent en elle. Les Jedi l'avait senti depuis l'autre bout de la galaxie. Elle ne cherchait cependant pas à s'en cacher.

- Il m'arrive de ne pas comprendre, ajouta-t-elle en dirigeant son regard vers l'océan. Elle avait de la peine à supporter ce regard interrogateur qu'il lui portait. J'ai fait des choses terribles. Vous m'avez vu et j'apprécie par ailleurs que vous n'en parliez pas. A personne.
- Je ne dirai rien, répondit-il pensif.

Qui était-il pour la juger, alors que lui aussi avait été porté par ce sentiment destructeur de vengeance, après la mort de sa mère ?

- Je comprends ta peine. Je comprends ton désir de te venger. Je l'ai ressenti moi aussi. Il m'arrive de toujours le ressentir. Mais agir ainsi ne t'aidera pas à retrouver la paix, ajouta-t-il, autant pour la convaincre elle que lui.
- Qu'est-ce qui vous aide à retrouver la paix ?

Padmé, pensa-t-il sans pour autant le dire à voix haute. Mentionner la femme qu'il n'était pas censée avoir n'était surement pas une manœuvre intelligente. Le jeune Jedi s'interrogea un instant. Qu'est-ce qui lui permettait de trouver la paix ? Bien peu de choses le rendaient heureux. Mais une activité en particulier lui permettait d'ouvrir son esprit à la Force et de se vider de tout ce qui le tracassait. Et ce n'était définitivement pas la méditation.

- Les combats au sabre, répondit-il en souriant. C'est peut-être idiot, mais se focaliser complètement là-dessus m'aide à me reconnecter et à faire le point.

La jeune fille ne répondit pas. Elle ne pouvait savoir si cela fonctionnait puisque son maitre avait été tué peu de temps après la construction de son sabre laser. Elle n'avait pratiqué cet art que pour défendre sa vie, jamais dans le but de se perfectionner.

- Allez, lève-toi ! commanda Anakin, le sourire aux lèvres. On va se changer les idées.
- Vous voulez dire... maintenant ? Au sabre ? demanda la jeune fille, étonnée et quelque peu effrayée.
- Ne t'en fais pas, c'est un entrainement je ne te ferai pas de mal ! répondit-il en déclenchant l'interrupteur qui commandait la lame de son sabre.

Zemfira en fit de même et se mit en garde devant lui. Leurs lames s'entrechoquèrent bruyamment. Les mouvements de la jeune fille étaient lents mais étonnamment adroits. Elle était spéciale, Anakin en était certain. Jamais encore il n'avait vu autant de talent chez un apprenti Jedi aussi jeune. A part peut-être chez lui-même, pensa-t-il en souriant. Au loin, un croiseur de la République s'apprêtait à atterrir près du croiseur Jedi. Les sénateurs étaient arrivés. Anakin le remarqua et son cœur s'emballa. Elle était peut-être présente et il allait bientôt le savoir.

Obi-Wan attendait devant le sas d'ouverture du croiseur républicain. Les mains croisées dans le dos et l'esprit clair, il était heureux de la nature de cette nouvelle mission. Il s'agissait réellement d'un essaie pour rétablir la paix et non pas de la défense d'une base au fin fond de la Bordure Extérieure.
Avant de venir accueillir les sénateurs, il avait passé un moment à observer Zemfira et Anakin. Ils avaient discutés, près de l'eau et s'entrainaient maintenant au sabre laser. Cette scène plaisait à Obi-Wan et le rendait fier de son ancien apprenti. Il avait senti, en peu de temps, que l'esprit de la jeune padawan s'était éclairci. Sa discussion avec Anakin semblait l'avoir adoucie. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, il ressentait la même chose émanant d'Anakin. Ces deux là semblaient s'influencer d'une manière positive. Le maitre Jedi décida de surveiller leur relation avec intérêt. Après tout, la padawan allait avoir besoin d'un nouveau maitre. Et s'ils semblaient s'influencer si positivement... Pourquoi pas ?
Le bruit de la rampe du croiseur républicain sortit Obi-Wan de ses pensées. Sans surprise, il vit les sénateurs Mon Mothma, Bail Organa et Padmé Amidala en sortirent. Le maitre Jedi n'avait jamais été un admirateur de l'effort fournit au sénat pour mettre un terme à la guerre, mais ces trois sénateurs faisaient exception. Il les tenait dans son estime et leur accordait le plus grand respect. Si le chancelier affichait une telle ferveur et se montrait aussi fidèle à la République, nul doute que la guerre aurait été finie depuis longtemps.

- Sénateurs, salua Obi-Wan en s'inclinant devant eux.
- Maitre Kenobi ! répondit le sénateur Organa avec le sourire. Nous sommes honorés de faire équipe avec vous pour cette mission. Des espions de la République ont signalé la présence de dirigeants séparatistes sur cette planète voilà maintenant trois jours. Nous avons toujours l'espoir de les retrouver et d'engager la discussion. Nous aurons besoin de vos talents pour nous aider à les localiser.
- Soyez assurés que les Jedi sont entièrement à votre service. Nous soutenons votre cause et ferons n'importe quoi pour mettre un terme à cette guerre.
- Le roi et la reine de Baroonda ont organisé une réunion à laquelle nous sommes tous conviés ce soir. Nous souhaiterions que vous veilliez au bon déroulement de cet entretien. Ils ont peut-être des choses à nous apprendre sur l'emplacement de la délégation séparatiste. De plus, nous souhaitons éviter tout incident diplomatique. Notre présence risque de déclencher la peur des dirigeants du camp adversaire. Nous souhaitons éviter cela à tout prix, déclara Mon Mothma.
- Cela va de soi, répondit Obi-Wan avec respect. Nous serons postés à l'entrée des bâtiments baroondais et je posterai un Jedi avec vous à l'intérieur pour assurer votre sécurité.


۞


Le petit groupe marchait en s'éloignant du croiseur. Padmé les suivait silencieusement. Ce n'était pas son genre de ne pas s'exprimer, en particulier face au maitre Kenobi qui était l'un de ses plus anciens amis et une personne en qui elle avait une complète confiance. Cependant, aujourd'hui, elle était incapable de parler. Elle venait de passer 15 heures en hyperespace et son anxiété ne pourrait diminuer que lorsqu'elle reverrait enfin Anakin et qu'elle verrait de ses propres yeux qu'il allait bien. Elle suivait ses exploits sur l'Holonet de manière récurrente mais cela n'avait jamais été suffisant pour calmer son inquiétude. Le conseil des Jedi avait déclaré, durant le briefing de la mission, que lui et Obi-Wan seraient chargés de leur protection. Alors pourquoi n'était-il pas là ? Assurément, il devait savoir qu'elle ferait partie de la délégation. Pourquoi n'était-il pas venu l'accueillir ?

- C'est Zemfira. Anakin et moi avons participé à une mission de sauvetage sur Tatooïne et l'avons recueillie. Elle est apprenti padawan, mais son maitre a été tué. Elle est temporairement placée sous notre supervision. Elle se chargera de vous durant la réunion de ce soir. Soyez assuré qu'elle est très capable. Anakin s'occupe d'elle depuis ce matin. Je le soupçonne cependant de le faire plus pour son goût non dissimulé des combats au sabre laser, et non pas par pur dévotion ou amour de l'enseignement, ajouta Obi-Wan avec scepticisme.
- C'était un acte purement désintéressé ! se défendit Anakin qui venait d'accourir pour rejoindre le groupe, suivit de près par la padawan. N'est-ce pas Zéfi ? demanda-t-il en s'adressant à la jeune fille.
- Wesh maitre Kenobi, répondit-elle en souriant. Il m'apprend à faire le vide en moi, ajouta-t-elle en faisant un clin d'œil au Jedi.
- En lui donnant des coups de sabre laser ? C'est une technique particulière pour faire la paix avec soi-même, tu crois pas ? demanda Obi-Wan en croisant les bras, comme il le faisait toujours lorsqu'Anakin faisait quelque chose pour l'agacer.

La remarque de son ancien maitre aurait tout aussi bien pu être adressée à un Jawa sourd, aveugle et endormi. Anakin n'aurait pas pu moins s'en soucier. Padmé. Elle était là. Il savait qu'elle allait venir – ou du moins l'espérait-il de tout son être. Maintenant qu'elle était là, face à lui, il se sentait à nouveau entier. Il était néanmoins frustré lorsque leurs retrouvailles se faisaient en public et que le droit de la serrer dans ses bras et de l'embrasser lui était renié. Il voulait tant la sentir, la toucher. Mais cela allait devoir attendre.
Pendant que le petit groupe se dirigeait vers le bâtiment de la famille royale de Baroonda, il ne pouvait détacher son regard d'elle. Dire qu'elle lui avait manqué aurait été sous-estimer la puissance de ses sentiments. Cependant, la situation semblait anormale. Ce n'était pas la première fois qu'ils étaient réunis après de longue semaine sans pouvoir manifester leur affection. Le lien qu'ils partageaient à travers la Force lui permettait toujours de sentir sa présence et de savoir dans quel état d'esprit elle se trouvait. Aujourd'hui, elle était heureuse, soulagée mais anxieuse. Toujours anxieuse, même après avoir constaté qu'il allait bien et n'était pas blessé. Il se dégageait d'elle un sentiment de culpabilité Qu'avait-elle fait pour se sentir coupable de quoi que ce soit ? Le jeune Jedi ne comprenait pas cette situation et s'en inquiétait. L'élément nouveau qu'il avait ressenti, même à l'autre bout de la galaxie, était-il lié à cette culpabilité qui émanait d'elle ? Quoi qu'il puisse être, Anakin était inquiet. Etait-il possible que les sentiments de sa femme aient changés ? Il ne pouvait attendre de se retrouver seul avec elle pour lui poser la question.

۞

- Je serai à l'extérieure avec Obi-Wan, déclara Anakin à une padawan soucieuse. Rien ne va arriver de mal à personne, ajouta-t-il en posant une main rassurante sur l'épaule de la jeune fille. Ta présence avec les sénateurs n'est qu'une formalité.
- Pourquoi moi ? Vous pouvez les accompagner, vous les connaissez mieux que moi !
- Oui, mais je déteste également la politique, répondit-il en haussant les épaules. Tu vois l'orage et les trombes d'eau dehors ? Je suis bien mieux là-bas que dans une salle remplie de politiciens, ajouta-t-il en se dirigeant vers la sortie. Tu t'en sortiras très bien, ne t'inquiète pas.

Anakin recouvra son visage de la capuche de sa cape. Zemfira avait encore rarement vu un orage d'une telle intensité. Pour préférer cela à des discussions de sénateurs, il fallait vraiment détester la politique. La jeune padawan se dirigea vers la salle centrale du bâtiment royal. Tous les participants n'étaient pas encore en place, mais elle en reconnut un.

- Bonjour ! s'annonça une voix douce. Je suis la sénatrice Amidala de Naboo. J'ai cru comprendre que tu étais la petite protégée d'Obi-Wan et d'Anakin, déclara-t-elle ne souriant.
- Ho, je... je ne sais pas, répondit Zemfira, gênée. Je ne suis avec eux que depuis deux jours, vous savez. Ils me ramèneront sur Coruscant et le conseil décidera de mon sort.
- Fais-leur confiance, répondit Padmé en s'asseyant à la grande table ronde au centre de la salle. Ils ne te laisseront pas tomber.

Zemfira adressa un sourire à la sénatrice et se tint à ses côtés en attendant le début de la séance. La salle de conférence royale était un grand dôme dont le centre était occupé par une table ronde. Les habitations de la planète Baroonda étaient simples mais élégantes. Etre de retour dans un monde civilisé procurait à Zemfira un grand sentiment de satisfaction.
Les discussions concernaient le lieu de cachette d'un groupement de dirigeants de l'alliance séparatiste et la neutralité de la planète dans le conflit. Rien qui ne passionne vraiment la jeune padawan. Elle avait été absente durant toute la Guerre des Clones et le peu d'informations qu'elle avait lui venaient de brigands et de chasseurs de primes de la cour de Jabba. A ce moment, Zemfira se promit qu'elle allait s'instruire d'avantage. Elle avait manqué trop d'événements qui avaient profondément changé la galaxie.
Soudain, elle ressentit un profond malaise. Un sentiment d'étouffement et une soudaine envie de quitter les lieux en vitesse. Ceci n'émanait pas d'elle cependant. Elle baissa les yeux et constata que la sénatrice de Naboo était devenue blanche comme la mort.

- Vous allez bien, sénatrice ? demanda la jeune Jedi, inquiète.

La sénatrice Amidala ne lui répondit pas. Son expression était parlante et semblait indiquer que non, elle n'allait pas bien.

- Venez avec moi, demanda Zemfira en lui tendant une main réconfortante.

Elle escorta la sénatrice jusqu'à l'extérieure du dôme centrale du palais. Là, la jeune femme inspira pleinement, trahissant encore plus son mauvais état de santé.

- Je devrais vous amener à l'unité médicale du palais, je suis certaine qu'ils...
- Non, coupa sèchement la sénatrice en s'appuyant contre le mur pour retrouver son calme. Tout va bien, j'ai seulement besoin de sommeil. Tu veux bien m'escorter jusqu'à ma chambre, s'il te plaît ?
- Vous en êtes certaine ? insista Zemfira, mal à l'aise de remettre en question la sénatrice. Je ne crois pas que cela soit très sage.
- Je sais déjà ce que j'ai, répondit la sénatrice de Naboo, les yeux perdus dans l'étendue de jungle arrosée par la pluie qui se trouvait au-delà des larges fenêtres du palais. Maintenant, accompagne-moi à ma chambre, s'il te plait.
- Très bien, sénatrice.

Les deux jeunes femmes parcoururent rapidement la distance qui séparait la partie officielle du palais, qui servait à recevoir les conférences, de celle dans laquelle se trouvaient les chambres. Celle de la sénatrice Amidala était magnifique. Il s'agissait d'un grand espace ouvert, au sommet de grands arbres et qui surplombait toute la jungle de Baroonda. La pluie teintait sur le toit de pierres et de duracier qui protégeait ses quartiers.

- Je vais vous laisser, déclara Zemfira. Vous êtes certaine que vous n'avez besoin de rien d'autre ?

La jeune padawan n'obtint pas de réponse à cette question. La sénatrice de Naboo courut jusqu'à la salle de rafraichissement et n'eut pas le temps de fermer la porte avant de vomir. Zemfira accourut vers elle et constata que son état avait empiré.

- Ça suffit j'appelle un droïde médecin ! déclara-t-elle en sortant son commlink de sa poche utilitaire.
- Non ! s'exclama Padmé en tentant de reprendre ses esprits. Ne fais pas ça.

Padmé se releva en s'adossant au mur pour ne pas perdre son équilibre. Elle savait très bien à quoi était du son état. Elle savait également qu'aucun droïde médecin ne devait le savoir. Elle tenait à tout prix à protéger son secret. La présence de Zemfira était cependant très inattendue. Elle ne la laisserait pas tranquille dans cette situation si elle n'était pas certaine que la sénatrice était hors de danger.

- Ecoute, Zemfira, commença Padmé, le cœur serré. Je suis enceinte. C'est très récent et cela me rend encore malade. Je n'en ai parlé à personne et je ne tiens pas à ce que les gens de cette planète le sachent. C'est un sujet très personnel et je tiens à ce que les choses restent ainsi. Tu n'as aucun souci à te faire. Je n'ai rien que neuf mois d'attente ne pourront guérir.
- Ho... je vois. Je suis désolée si j'ai pu paraître insistante, répondit Zemfira, très gênée d'avoir ainsi violé l'intimité d'une sénatrice de la République.
- Tu n'as fait que ton devoir. Tu ne pouvais pas savoir et je ne t'en veux pas du tout. Je compte cependant sur ta discrétion. Personne ne doit savoir. Pas même les Jedi, tu comprends cela ? demanda-t-elle, maintenant très sérieuse.

Zemfira hocha la tête avec ferveur. La sénatrice pouvait compter sur sa discrétion. Elle avait néanmoins réussi à éveiller sa curiosité. Etait-il normal pour un sénateur de vouloir cacher sa grossesse ? Assurément, une histoire que la sénatrice ne voulait pas ébruiter se cachait derrière cette révélation.
Partie 1 - Chapitre 3


La nuit était tombée et l'orage s'était calmé. Padmé était accoudée au balcon de sa chambre. Anakin serait là d'un moment à l'autre ! Il la rejoignait toujours le soir, lorsqu'il savait qu'ils pouvaient passer un moment ensemble.
Leur vie se résumait à cela : des instants volés, cachés dans tous les recoins que la galaxie pouvait leur offrir. Peu de gens auraient accepté une telle vie. Padmé et Anakin n'avait pas le choix. Cet amour était tel qu'il l'avait amenée à adorer chaque aspect de leur relation. S'il fallait se cacher dans des recoins sombres pour aimer son mari, alors elle aimerait la nuit.
Aujourd'hui cependant n'était pas un jour comme les autres. En la quittant, un mois plus tôt, il avait laissé plus qu'un sentiment de solitude derrière lui. Il lui avait donné, sans le savoir, son premier enfant. Elle l'avait découvert peu de temps après son départ. La joie qui s'était dégagé de cette révélation s'était couplée à un incontrôlable sentiment d'insécurité. Leur vie était déjà très compliquée. Avoir un enfant n'était pas sage, surtout pas en ce temps de guerre galactique. Et pourtant, rien entre Anakin et Padmé n'était sage. Aussi certainement qu'elle était inquiète, l'ancienne reine de Naboo savait avec certitude que cet enfant était nécessaire.
Les Jedi n'étaient pas autorisés à posséder quoi que ce soit. En dehors de leurs vêtements et de leur sabre laser, rien ne leur appartenait réellement. Et pourtant, c'était un homme qui ne possédait rien qui avait offert à Padmé le plus beau des cadeaux qu'elle ait reçu au cours de son existence.
Un bruit de pas pressés rententit du fond du couloir des escaliers qui menaient à la chambre de Padmé. Elle se retourna en une seconde. Anakin.
La sénatrice n'eut pas besoin d'attendre une seconde de plus avant de courir en direction de l'entrée. Les bras de son mari l'enveloppèrent avec force. Il la porta et la fit tourner dans les airs avec lui. C'était toujours ainsi qu'il l'accueillait et elle adorait cela. Enfin, d'habitude, elle adorait cela. Aujourd'hui, ce tournoiement fit resurgir la nausée dont elle s'était finalement débarrassée. Quand il la déposa sur le sol et l'embrassa avec ferveur, elle ne put lui rendre son étreinte et fut obligée de s'éloigner avec maladresse pour reprendre son souffle.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda Anakin, horriblement inquiet.
- Rien, rien, répondit Padmé en souriant, pour tenter de le rassurer. Je te jure que tout va bien, je suis un peu fatiguée, c'est tout.

Elle s'éloigna et retourna s'accouder au balcon. En fixant son regard sur l'horizon et en humant l'air frais, elle réussit à retrouver son calme. Anakin, lui, cependant, était à des parsecs de la sérénité.

- Ne crois pas que je suis aveugle – ou que je ne te sens pas, déclara-t-il d'un ton inquisiteur. Ça fait un moment que quelque chose semble... changé.
- Changé ? demanda-t-elle, complètement prise au dépourvu.
- Il y a quelque chose de différent dans notre connexion. Depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, j'ai ressenti que tu étais différente. Il y a un nouvel élément entre nous.

Alors il l'avait senti. Même à l'autre bout de la galaxie, il avait senti qu'elle était différente et qu'ensemble, ils avaient créé quelque chose de magnifique.

- Et ça ne me plait pas du tout, ajouta-t-il sombrement.

Padmé ouvrit grand les yeux, choquée. Il avait senti que quelque chose avait changé, mais il n'avait définitivement pas senti quoi. Son regard s'assombrissait. Il ne la fixait plus dans les yeux à présent et la jeune femme sentait un sentiment de profonde tristesse émaner de lui. Elle était cependant particulièrement surprise qu'il réagisse ainsi. Certes, il avait senti quelque chose, mais lui avait-elle donné une seule fois des raisons de douter d'elle ? Le fait qu'il s'assombrisse aussi profondément, uniquement à cause d'un sentiment la blessa profondément.

- T'ai-je donné des raisons de douter de moi, ne serait-ce qu'une seule fois ? demanda-t-elle, agacée.
- Non, jamais ! s'exclama-t-il. C'est pour ça que je ne comprends pas ce qui se passe. Jamais tu ne t'éloignes ainsi lorsque nous nous retrouvons. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? demanda-t-il, maintenant adouci et espérant comprendre la situation.
- De mal ? demanda Padmé, amusée. Non ! Non, tu n'as pas fait quelque chose de mal. Ensuite, tout dépend de ton point de vue, ajouta-t-elle, prenant un malin plaisir à le tourmenter.
- Je ne comprends rien. Absolument rien.

La jeune femme lui sourit et s'approcha de lui. Il la prit immédiatement dans ses bras, lui indiquant qu'il n'était pas fâché, mais simplement déboussolée. Elle huma son odeur, qui lui avait tellement manquée et ferma les yeux. Pendant un instant, l'inquiétude de ce mois passé loin de lui et de la perspective de leur avenir s'effaça.

- Anakin, commença-t-elle en relevant le visage pour le fixer dans les yeux. J'ai une merveilleuse nouvelle à t'apprendre. Tu as ressenti que quelque chose avait changé – et tu avais raison. Tout a changé.
- Et en quoi le fait que tout ait changé soit merveilleux à tes yeux ?
- Je suis enceinte, répondit-elle simplement en souriant.

Inattendu. Plus qu'inattendu. Il avait pensé à un autre homme dans sa vie, à une diminution de ses sentiments pour d'obscurs raisons ou même à une de ces stupides discussions qu'ils avaient parfois au sujet de leur devoir et des Jedi. Mais ça. Enceinte, il n'y avait pas pensé.

- Tu es... enceinte ? répéta-t-il complètement perdu.

Padmé hocha de la tête et retourna se blottir contre lui. Elle avait été inquiète pendant ce mois loin de lui. Elle craignait pour sa place au sénat et pour celle de son mari au sein de l'ordre Jedi. Elle craignait pour son enfant à naitre et la vie que la guerre lui imposerait. Elle n'avait cependant pas pris le temps de réfléchir à la première question qui aurait du lui venir à l'esprit : avait-il seulement envi d'avoir des enfants ?

- C'est une merveilleuse nouvelle ! ajouta-t-il en la serrant avec douceur dans ses bras.

Cette dernière déclaration l'aida à se détendre. Elle le connaissait bien et ne s'imaginait pas que cette nouvelle puisse lui déplaire. Confirmer cela était cependant rassurant.

- Mais comment ferons-nous? demanda-t-elle, soucieuse.
- Tu vas commencer par ne pas t'inquiéter, répondit-il tendrement. Nous trouverons une solution. Les choses ne devront pas changer tant que ça.
- Zemfira est au courant.
- Tu lui as dit ? demanda-t-il, plus surpris que fâché.
- Je n'ai pas eu le choix ! se défendit-elle. Elle était là pendant la réunion et je ne me sentais pas bien. Elle m'a raccompagné à ma chambre et voulait appeler un droïde médecin. Je ne veux surtout pas que des dirigeants du sénat en sachent quoi que ce soit et elle ne m'aurait pas laissé tranquille à moins d'être certaine que j'allais bien. Lui dire la vérité à elle m'a semblé un moindre mal. Evidemment, elle ne sait pas que cela a le moindre rapport avec toi.

Anakin hocha la tête en signe de compréhension. Il connaissait Zemfira depuis peu de temps mais lui accordait sa confiance. Ou tout du moins, il lui l'accordait plus qu'il ne l'aurait accordé à un sénateur.

- Tu sais déjà si c'est une fille ou un garçon ? demanda-t-il pour rediriger la discussion vers un ton plus léger.
- Non, je ne le sais pas. Et je ne tiens pas à savoir, ajouta-t-elle malicieusement.
- Comment ça ? s'exclama-t-il surpris. Tu ne veux pas savoir si c'est un ou une mini Skywalker ? ajouta-t-il en plaisantant.
- J'aimerais que ça reste une surprise, expliqua-t-elle. A ce propos, je t'interdis d'utiliser tes trucs de Jedi pour tenter de répondre à cette question.
- Et comment veux-tu que mes pouvoirs de Jedi aident en quoi que ce soit dans cette situation ?
- Tu m'as dit une fois qu'ils marchaient sur les esprits faibles. Qu'ils te permettaient de lire ou d'influencer les esprits. Je suppose qu'à un moment où un autre, tu vas être capable de l'utiliser sur notre enfant.
- Et tu traites notre enfant d'esprit faible ? s'indigna-t-il en souriant.
- Ce que je veux dire c'est qu'un être à un stade aussi primaire de son existence doit être relativement faible, se justifia-t-elle.
- Mon enfant, même au stade le plus primaire de son existence, ne peut pas être faible, répondit-il sur le ton de la plaisanterie mais non sans cacher sa fierté.

Padmé éclata de rire à la déclaration de son mari qui n'avait rien d'un être humble. Il lui avait tant manqué. En quelques minutes, il avait réussi à écarter toute l'inquiétude qui s'était emparée d'elle au cours du dernier mois. Il était heureux – profondément heureux. Plus encore qu'elle n'aurait osé l'espérer. Jamais encore auparavant elle n'avait imaginé qu'ils puissent former une famille. Pourtant, à cet instant précis, elle ne pouvait imaginer les choses autrement.

Anakin s'approcha d'elle et, pour la première fois depuis la grande révélation de sa femme, l'embrassa. Padmé sentit cependant une différence dans ce contact physique. Il était doux. Trop doux. Leurs retrouvailles pouvaient être passionnées, ardente ou tendre. Mais jamais à ce point là.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle, surprise.
- C'est juste que, tout à l'heure, tu t'es écartée quand je t'ai serrée trop fort.

La douceur de ses propos et la naïveté de son époux face à la situation touchèrent profondément Padmé. Il était l'un des généraux les plus craints de la Guerre des Clones, mais avec elle, il était aussi un futur père soucieux.

- Tu m'as donné le tournis en me portant ! répondit-elle, amusée. Je suis enceinte, ça me rend souvent malade, ajouta-t-elle pour clarifier.

A ce moment, le manque de connaissance sur ce sujet du jeune Jedi sembla l'embarrasser. Il ne s'agissait pas du genre de choses qu'il avait appris au Temple ou avec Obi-Wan.

- Tu n'es pas du genre à faire les choses à moitié ! reprit-elle avec humour. Si notre enfant a déjà hérité une chose de toi, c'est cela ! J'ai été malade presque chaque jour depuis notre dernière rencontre. Mais j'irai bientôt mieux, ne t'en fais pas. Ça ne durera pas neuf mois.

Bien qu'embarrassé, le jeune Jedi s'avança à nouveau vers sa femme pour l'embrasser. Cette situation lui rappelait étrangement leur nuit de mariage, sur Naboo. Ni lui ni elle n'avait encore été aussi intime de leur vie et ils s'étaient tous deux montrés hésitants, voire maladroits. Depuis, les choses avaient radicalement changées. Les Skywalker n'étaient pas du genre à se laisser interrompre par des détails techniques et leur passion n'avait encore jamais été freinée par la peur.

- Touche-moi ! ordonna Padmé, agacée. Je ne suis pas en sucre, tu ne vas pas me briser ! ajouta-t-elle en enroulant ses bras autour du cou d'Anakin.

Elle l'embrassa passionnément et se laissa guider par son étreinte. Il avait seulement besoin d'être rassuré. Rapidement, elle retrouva le Anakin qu'elle connaissait : entreprenant et délicieusement possessif. La nuit promettait d'être belle.

۞

Zemfira et Anakin marchaient le long de la plage de sable fin qui bordait l'extrémité ouest de la ville. Ces promenades et discussions au sujet de la Force étaient devenues une coutume matinale pour eux.
Cela faisait maintenant une semaine qu'ils étaient sur Baroonda et les séparatistes étaient introuvables. Le seigneur Sith les avait très certainement fait quitter les lieux avant l'arrivée de la délégation du sénat. Ce n'était qu'une affaire de jours avant que les sénateurs soient renvoyés sur Coruscant et que les Jedi soient assignés à une nouvelle mission.

- J'aimerais que nous parlions de quelque chose, déclara Zemfira, mal à l'aise.
- Tu sais que tu peux tout me confier, répondit Anakin. N'aie pas peur, ajouta-t-il en souriant.

Zemfira détourna le regard du Jedi qui lui faisait face. Elle désirait lui parler mais le sujet à aborder était délicat. Néanmoins, au cours de la semaine qui avait passé, ils avaient appris à se connaître et elle commençait à lui accorder une solide confiance.

- Sur Tatooïne, lorsque vous êtes venu me chercher. Je n'étais pas moi-même, j'étais... autre chose. Pourtant, nous n'en avons jamais parlé.
- Je ne voulais pas t'obliger à le faire si tu ne te sentais pas prête, répondit-il en haussant les épaules.
- Et je vous en remercie. Mais maintenant, j'aimerais comprendre. J'ai beaucoup de questions, ajouta-t-elle, soucieuse. Ce n'était pas la première fois qu'une telle chose arrivait. Mes yeux... je sais qu'il est arrivé qu'ils changent de couleur. Mais ce n'est pas tout ! Dans des états d'extrêmes colères, mes pouvoirs et ma connexion à la Force semblent... changer.

Anakin attendait cette conversation depuis le jour de sa rencontre avec Zemfira. Elle l'intriguait. Ses pouvoirs étaient spéciaux, elle était singulièrement différente de tous les padawans qui avaient croisé sa route jusque là. Avec le temps et leurs discussions, ce sujet s'était éclairci dans son esprit. Bien qu'ayant grandie seule et n'ayant reçu l'enseignement de personne, Zemfira avait visiblement développé des dispositions à l'utilisation du Côté Obscur de la Force.

- On en parle peu aux jeunes padawans, mais tu sais qu'il y a plusieurs voies d'apprendre et d'utiliser la Force, n'est-ce pas ?
- Le Côté Obscur, répondit-elle à voix basse, comme si elle avait peur d'avouer la vérité. C'est ce que je pensais, ajouta-t-elle pensive.
- Ça ne fait pas de toi une mauvaise personne, Zemfira ! Tu as été abandonnée très jeune et forcée de vivre dans des conditions très difficiles. A partir de maintenant, les choses vont s'améliorer pour toi. Je vais t'aider et je veux que tu saches que tu peux toujours venir me parler de ce qui te tracasse.
- Oui, mais... mon avenir au sein de l'Ordre est toujours incertain, répondit-elle tristement. J'ai entendu maitre Yoda et maitre Obi-Wan discuter, l'autre jour. La plupart des maitres ont déjà un padawan où sont trop occupés par la guerre pour songer à en prendre un.
- La plupart le sont, répondit-il en insistant sur ses mots. C'est pourquoi Obi-Wan a suggéré que tu restes avec nous et que tu deviennes mon apprentie, ajouta-t-il d'un ton légèrement nerveux, attendant sa réaction avec une impatience non dissimulée

Zemfira recentra son regard sur celui d'Anakin. Elle le fixa, les yeux ébahis. Il était difficile de cacher sa surprise. Et sa joie ! Anakin Skywalker était l'un des Jedi les plus réputé de l'Ordre. Ses exploits avaient fait le tour de la galaxie. La jeune fille n'avait eu nul besoin de l'Holonet pour entendre parler de ses prouesses sur les champs de bataille au cours des quatre dernières années. Les contrebandiers et les chasseurs de prime mentionnaient régulièrement son nom dans la cour de Jabba – avec une crainte palpable qui plus est. Skywalker. Le nom en lui-même était devenu une légende.

- Vraiment ? demanda-t-elle comme pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
- J'ai toujours refusé de prendre un apprenti, expliqua-t-il en croisant les bras autour de son torse. C'est une grande responsabilité et c'est un engagement qui nous liera pour plusieurs années. Cependant, je sens que nous pourrions accomplir de grandes choses. Et puis, Obi-Wan n'est pas toujours le partenaire de mission le plus amusant qui soit. Ta présence égaillera peut-être le vieil homme, ajouta-t-il en riant. Enfin, évidemment, si tu l'acceptes.
- Je ne pourrais imaginer de raison de dire non ! répondit-elle en souriant.
- Parfait ! je pense que c'est une bonne décision, ajouta-t-il, maintenant plus sérieux. Les choses dont tu me parles, toutes ces questions que tu as sur ces pouvoirs que tu ne contrôles pas, ce sont des choses qui touchent tous les Jedi à un moment de leur vie. Ne pense surtout pas que cela signifie que tu n'es pas quelqu'un de bien, Zéfi : tu as plus de potentiel que la plupart des Jedi.

Le maitre et l'apprenti regardèrent le soleil se coucher. Une nouvelle alliance était née ce soir. Une union qui allait changer le sort de la galaxie.
Partie 1 - Chapitre 4


Le soleil de Coruscant se couchait. Pourtant, la ville ne semblait pas ralentir. Galactic City ne dormait jamais. Padmé était assise à table avec C3PO pour seule compagnie. Cela faisait maintenant quatre mois qu'elle n'avait pas vu Anakin. Il était constamment envoyé de mission en mission dans les lignes de front de la Bordure Extérieure. Plus le temps passait, plus la guerre semblait s'intensifier. Jamais encore Anakin n'était restée loin de la capitale aussi longtemps sans se voir accorder un moment de répit.
La seule source d'information dont disposait Padmé était l'Holonet et elle en avait horreur. Les rumeurs étaient souvent fausses, déclarant que le « Héros sans Peur », surnom qu'elle détestait, avait été tué avant de revenir sur leur position le jour suivant pour raconter comment il avait réussit à s'écraser – et survivre – in extremis. Ces journalistes ne cherchaient qu'à vendre leurs histoires, le sort de la guerre leur était bien égal. Il n'empêche qu'ils restaient la seule source d'information dont elle disposait. C'est ainsi que, chaque soir, lorsqu'elle se retrouvait seule, Padmé allumait le projecteur holographique de son appartement en espérant entendre les dernières aventures de son époux.
Ce soir-là cependant, rien d'assez intéressant pour les journalistes de l'Holonet ne semblait s'être produit. La sénatrice de Naboo était occupée à classer ses comptes rendus de la journée dans les fichiers de son Holopad lorsque son bébé se manifesta. Il lui donna un coup, qu'elle ressentit comme un tremblement dans son être tout entier. La jeune femme sourit et posa la main sur son ventre. Elle avait bien changé depuis sa dernière rencontre avec Anakin. Voilà maintenant cinq mois qu'elle était enceinte. Leur enfant avait beaucoup grandit, la forçant à masquer sa grossesse sous d'amples robes lorsqu'elle se rendait au sénat.

- Et c'est ainsi que les Jedi les plus connus de la galaxie, le maitre Obi-Wan Kenobi, le chevalier Jedi Anakin Skywalker et son apprentie la padawan Zemfira ont réussi à mettre fin au conflit sévissant sur la planète Umbara, assiégée depuis plusieurs mois.

Cette déclaration retint immédiatement l'attention de Padmé. Elle se tourna vers le projecteur holographique, le sourire aux lèvres. L'image lui réchauffa le cœur. Il était là. Et il allait bien. Elle le voyait, de ses propres yeux. Et il souriait.

- Loin de s'assagir, mon ancien apprenti semble devenir de plus en plus cinglé avec les années, déclara Obi-Wan à travers l'holoprojecteur. Moi qui espérais le voir grandir en sagesse avec la tâche de s'occuper d'une apprentie. Je me rends compte que la folie de Zemfira ne fait qu'amplifier sa folie à lui, ajouta-t-il pour narguer ses acolytes.
- Ce qu'Obi-Wan veut dire, renchérit Zemfira, c'est que son grand âge le force à rester en retrait parfois. On ne conserve pas pour toujours la ferveur de ses vingt ans, ajouta-t-elle en souriant.

Obi-Wan prit son visage entre ses mains, faussement offusqué.

- L'insolence de la jeunesse ! s'exclama-t-il en secouant la tête. Vous aurez ma perte, tous les deux. Et je ne dis pas cela uniquement parce que vous avez détruit trois chasseurs cette semaine... chacun.
- Il y a une explication pour chacun d'entre eux ! se défendit Anakin.
- On me tirait dessus, ajouta Zemfira en haussant les épaules. De plus, j'ai réussi à faire atterrir chacun d'entre eux. Je suis certaine qu'on peut récupérer certaines pièces.
- Ta définition d'un atterrissage est particulièrement douteuse, dans ce cas. Mais tu es l'apprentie d'Anakin. J'imagine qu'on ne pouvait s'attendre à autre chose, ajouta-t-il en donnant une accolade à son ancien padawan.
- Je ne suis pas certain de la manière dont je dois prendre ça, maitre... répondit Anakin en croisant les bras.

Padmé porta la main à son cœur, heureuse. Il était rare qu'Anakin et Obi-Wan acceptent d'accorder des interviews à l'Holonet. L'exemple de ce soir expliquait de plus pourquoi. Ils étaient perpétuellement en train de se chamailler et de plaisanter. Le Conseil des Jedi avait émis quelques réserves quand à ces entrevus journalistiques qui donnaient, selon eux, une image peu fiables des Jedi. Padmé n'était pas en total désaccord avec leur opinion mais adorait quand ils dérogeaient à la règle, lui permettant d'entrevoir l'homme qu'elle aimait de tout cœur sur l'Holonet, ne serait-ce que pour quelques minutes.

- Ces propos ont été recueillis il y a trois jours, dans le siège républicain de la planète Umbara. Depuis, les trois Jedi ont été assigné à la mission de sauvetage du Chancelier Suprême Palpatine. Il est maintenant confirmé que le dirigeant de la République est gardé captif par le Comte Dooku, à proximité de la planète Coruscant. Selon nos sources, les Jedi s'occuperaient de cette affaire en ce moment même.

Il était rare que le cœur de Padmé s'emballe à une telle vitesse lorsqu'Anakin n'était pas contre elle, à la tenir dans ses bras. S'il s'en occupait en ce moment même, il ne faudrait pas plus d'un jour ou deux avant qu'il ne revienne à ses côtés. Cette seule pensée suffit à provoquer chez Padmé un état d'excitation qu'elle n'avait pas ressenti depuis trop longtemps.

۞




- C'est très bien Anakin. Tue-le maintenant, ordonna le Chancelier.

Anakin se trouvait debout, face au Comte Dooku. Les deux bras de son adversaire avaient été tranchés et il était totalement désarmé. Obi-Wan était inconscient, couché sur le sol, blessé par le combat qui venait d'avoir lieu. Zemfira était debout face à Anakin, le regard horrifié.

- Ne faites pas ça, maitre ! s'exclama-t-elle en rengainant son sabre laser. Il est vaincu, il ne peut plus faire de mal à personne.
- Anakin, c'est un Sith ! renchérit le Chancelier. Sa voix trahissait son agacement. Il doit payer pour tout ce qu'il a fait.
- Souvenez-vous de nos discussions... déclara Zemfira d'une voix douce.

Cette simple phrase réussit à capter l'attention du chevalier Jedi. Il releva les yeux vers sa padawan. Leurs regards se croisèrent. Il sentait qu'elle était inquiète du choix qu'il allait faire. Depuis plusieurs mois, ils avaient parcouru la galaxie ensemble. Les discussions qu'ils avaient commencé à avoir sur Baroonda avaient évoluées. Il était son maitre, mais le temps qu'il avait passé avec la jeune fille au cours des derniers mois l'avait fait grandir lui aussi. Elle avait pris une grande importance dans sa vie, comme une petite sœur qu'il voulait à tout prix protéger. Et là, il lui faisait peur. Très peur. Ses yeux sombres et sa posture de domination face à un ennemi qu'il s'apprêtait à assassiner ne lui ressemblaient pas. Et elle n'aimait pas cela. Il ne pouvait pas tuer son assaillant ainsi, bien que tout son être lui hurle de le faire. Il ne pouvait pas le faire si cela signifiait décevoir Zemfira et commettre un crime atroce en face de ses yeux.

- Libère le Chancelier, ordonna-t-il froidement. Et toi, lève-toi ! ajouta-t-il à l'intention de Dooku. Tu vas prendre sa place, ajouta-t-il en le menaçant de son sabre.

Zemfira s'acquitta de sa tâche en souriant. Elle savait que son maitre ne tuerait pas un homme sans défense. Ho, elle savait qu'il en était capable. Mais pas devant elle. Pas si elle l'implorait de ne pas le faire.
Le Chancelier dévisagea la padawan avec des yeux. En un instant, Zemfira sentit son sang se glacer. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Le Chancelier regagna vit son calme et se leva sans dire un mot. Mais l'espace d'un instant, la jeune fille jura qu'elle avait vu de la colère dans le regard du chef de la République.
Anakin força Dooku à prendre la place de Palpatine et renoua les liens magnétiques de la chaise pour garder son nouveau prisonnier captif.

- Faisons vite, déclara Anakin. Il faut aider Obi-Wan et regagner la capitale !

۞

Des dizaines de sénateurs attendaient l'arrivée des héros de la journée. La nouvelle avait vite fait le tour du sénat. Le Chancelier était sauvé et le Comte Dooku captif.
Un transport se posa sur la plateforme d'atterrissage sénatorial.

- Vous ne venez pas ? demanda Anakin à son ancien maitre qui ne sortit pas du transport.
- Non, Anakin, répondit-il en souriant, fier de son ancien apprenti. Tu mérites tous les honneurs aujourd'hui. Dois-je te rappeler que tu as fait prisonnier le Comte Dooku, sauvé le Chancelier et fait atterrir les restes du vaisseau de Grievous ?
- Grâce à votre enseignement, répondit-il humblement.
- Tu as mérité ton jour de gloire auprès des politiciens. En plus, je dois aller faire notre rapport au Conseil.
- Très bien, mais vous m'en devrez une. Et pas parce que je vous ai sauvé une dixième fois, ajouta-t-il malicieusement.
- Neuf fois, corrigea Obi-Wan, faussement offusqué. Cet incident sur Cato Nemoidia ne compte pas.
- Oui, évidemment, se manifesta Zemfira avec humour. En attendant, permettez-moi de vous rappeler que celle qui vous a sauvé la dernière fois sur Umbara n'est autre que votre incroyable padawan.
- Notre incroyablement modeste apprentie, corrigea Obi-Wan avant que la porte de son transport ne se referme.

Les deux Jedi restants s'avancèrent vers la foule de politiciens amassée autour du Chancelier. Les détails ne l'intéressaient pas. Il était finalement de retour sur Coruscant ! Padmé venait toujours l'accueillir, mais il ne la trouvait pas. La perspective d'être bientôt à nouveau à ses côtés brouillait son esprit à tout ce qui se trouvait autour de lui. Il espérait qu'elle l'attendrait dans un recoin des couloirs menant au sénat, comme elle le faisait souvent.
Seulement, aujourd'hui, un nouveau facteur entrait en jeu. Zemfira. Elle était proche de lui, mais jamais il ne lui avait confié sa relation secrète avec la sénatrice. Cette proximité l'amenait également à passer le plus clair de son temps à le suivre partout. Comment allait-il se débarrasser d'elle pour rejoindre sa femme ? Obi-Wan, c'était une chose. Un maitre Jedi adulte dépendait moins de lui qu'une jeune padawan qui n'avait pas mis les pieds sur Coruscant depuis plus de quatre ans.

- Anakin, Zemfira ! s'enquit une voix familière à l'autre bout de l'assemblée.

Les deux Jedi se retournèrent pour faire face au Chancelier de la République. Comme à son habitude il affichait un grand sourire satisfait. Zemfira ne le connaissait que depuis quelques heures, mais elle avait déjà horreur de cette expression de suffisance et de vanité.

- Le Comte Dooku est en route pour sa cellule. Il va être mis sous haute surveillance ! Comme ta jeune apprentie a joué un rôle dans la capture de ce monstre, je me disais qu'elle apprécierait peut-être de faire parti de la délégation de sécurité qui l'accompagnera jusqu'à la prison ?
- C'est une bonne idée ! répondit Anakin en se tournant vers Zemfira pour donner son accord. C'est un moment crucial pour la République et tu as gagné le droit d'en faire parti, ajouta-t-il, très fier de sa protégée.
- Mais ce n'est pas moi qui...
- J'inviterais volontiers Anakin à nous joindre, mais les politiciens ici ont beaucoup de question pour lui. Il est le visage des Jedi au sein du sénat. Toi, en revanche, tu peux profiter de cette occasion pour apprendre, jeune padawan.

Zemfira était soucieuse. Ce vieil homme ne lui inspirait pas confiance. Elle ne comprenait pas une seconde pourquoi son maitre lui accordait son amitié. Pendant les derniers mois, il lui avait souvent parlé de cet homme qui était toujours de bon conseil. Il avait déclaré que Zemfira l'apprécierait également. Il n'aurait que difficilement pu se tromper d'avantage.
La jeune fille suivit le chef de la République à travers la foule de politiciens. Il la confia à ses gardes, qui l'escortèrent pour participer à sa mission.
Anakin resta en retrait de la foule. Il n'avait aucune envie d'attirer l'attention sur lui. Le jeune Jedi cherchait désespérément sa femme des yeux. Il se concentra sur sa présence pour la sentir.
Derrière une colonne, à l'écart de la foule, Padmé observait le Jedi qu'elle avait attendu pendant si longtemps. Il la cherchait, comme un prédateur à l'affut de sa proie. Après un court instant, il ressentit enfin sa présence et se dirigea vers elle. Anakin la serra dans ses bras et la fit tourner en l'air contre lui avant de l'embrasser.

- Tu m'as manqué, déclara-t-il en soupirant, finalement capable de respirer à nouveau. J'espère que tu n'es plus malade ? demanda-t-il en faisant référence à son étreinte.
- Non, répondit la jeune femme en souriant. Nous allons très bien, ajouta-t-elle avant d'embrasser encore le futur père de son enfant. Tu m'as tellement manqué ! ajouta-t-elle en se laissant aller complètement dans ses bras. J'étais tellement inquiète. La rumeur courait que tu avais été tué.
- Je t'ai déjà dit de ne pas faire attention aux bêtises qui se disent sur l'Holonet, répondit-il en la relâchant pour la regarder dans les yeux.
- C 'est la seule source d'information que j'ai qui me rapproche de toi, se justifia-t-elle tristement.

Anakin ne répondit rien. Il la comprenait très bien. Il était exactement comme elle, finalement. Constamment à la recherche d'informations sur Padmé, même au travers de l'Holonet et des comptes rendus du sénat dont il avait horreur.
En se serrant contre elle, il remarqua la différence notable du corps de sa femme. Quatre mois s'étaient écoulés depuis leur dernière rencontre. Quatre très longs mois durant lesquels leur enfant s'était développé et avait gagné en volume.

- Ce n'est pas trop dur de vivre ça toute seule ? demanda-t-il, inquiet. J'aimerais tellement être là pour toi, ajouta-t-il avec mélancolie.
- Je me débrouille, répondit Padmé en haussant les épaules. Le plus pénible, c'est de porter ces tenues amples pour cacher mon ventre. Elles sont très lourdes et me font mal au dos. A la fin de la journée, lorsque je rentre chez nous, je me sens bien.

Anakin l'attira à nouveau contre lui. L'envie de l'embrasser était irrépressible et le rendait complètement fou.

- Non, arrête ! demanda-t-elle, peu convaincue de sa demande. Pas ici, s'il te plaît.
- Je m'en fiche que tout le monde sache que nous sommes mariées, déclara-t-il entre deux baisers. Nous allons avoir un enfant, tu ne crois pas qu'il serait temps de cesser tout cela ? ajouta-t-il en lui caressant doucement le dos.
- Si, répondit Padmé, tristement. Mais nous ne pouvons pas. Pas encore, ajouta-t-elle avec espoir.

Ils n'en avaient pas encore vraiment parlé, mais leur enfant allait logiquement changer leur vie. Anakin ne considérait pas l'option de rester caché et éloigné de sa famille pour toujours.

- Rejoins-moi ce soir, demanda Padmé avec le sourire. J'ai annulé tous mes rendez-vous jusqu'à demain. Nous aurons la soirée et la matinée rien que pour nous deux.

۞

Le Chancelier accompagna Zemfira et trois de ses gardes jusqu'à un speeder. La jeune fille monta à bord, très perplexe. Comment son maitre avait-il pu accorder son amitié à un homme si douteux ? Quelque chose de sombre et de malveillant émanait de lui. Elle le sentait. Etait-ce parce qu'elle même était fortement touché par cette noirceur de la Force ? Peut-être. Il n'empêche que la padawan avait un sens inné pour déceler le mal dans les êtres qui l'entouraient. A cet instant précis, peu lui importait de savoir pourquoi. Elle était obnubilée par ce mauvais pressentiment et souhaitait le comprendre.

- Jeune apprentie, c'est ici que nos chemins se séparent, déclara le Chancelier avec son habituel sourire. Mes gardes vont te conduire jusqu'au bâtiment des cellules où vous escorterez le Comte Dooku.
- Merci, votre Excellence, répondit poliment la jeune fille, sans grande conviction.

Le speeder fila à toute vitesse à travers le trafic dense du milieu de l'après-midi. Quelque chose n'allait pas. Elle le sentait.

۞




Obi-Wan était assis sur son siège, au Conseil des Jedi. Etre assis ici, au milieu des quelques Jedi présents, lui conféra un sentiment de bien-être et de calme qu'il n'avait pas expérience depuis longtemps. Le maitre Jedi n'avait pas réalisé à quel point il avait besoin de repos jusqu'à ce qu'il se retrouve ici.
Anakin se tenait au centre de la salle, tous les regards posés sur lui.

- Comment se passe ta relation avec ton apprentie ? demanda Mace Windu, ne cachant pas son inquiétude.
- Très bien, répondit Anakin en toute honnêteté. Elle progresse à une vitesse fulgurante. Elle est dévouée et obéit aux ordres.
- Une opinion as-tu, maitre Obi-Wan ? demanda Yoda en se tournant vers le maitre qui était le plus apte à juger ce cas.
- Anakin et Zemfira se complètent d'une manière que j'ai moi-même de la peine à comprendre parfois. Ils sont complémentaires et travaillent très efficacement. Mais ce n'est pas tout, ajouta-t-il, le regard soucieux.

Anakin dévisagea Obi-Wan avec inquiétude. Qu'avait-il encore fait ? Evidemment, ils se taquinaient souvent à de nombreux égards. Mais tout cela était toujours resté à un niveau humoristique. Avait-il réellement quelque chose à se reprocher ? Depuis que Zemfira était entrée dans sa vie, il avait détruit deux sabres, certes. Il avait détruit un certain nombre de vaisseau, mais rien d'inhabituel. Au-delà de ses prouesses sur le champ de bataille qui, il l'avouait lui-même, n'étaient pas toujours d'une sagesse à toute épreuve, il avait mûri et évolué depuis que Zemfira était son apprentie.

- Zemfira et Anakin sont tous les deux... différents, concéda-t-il en soignant de bien choisir ses mots pour faire efficacement passer le message. Ils sont plus sombres que la plupart des Jedi que j'ai rencontrés jusque là. Leur tenue vestimentaire parle d'elle-même ajouta-t-il en pointant Anakin. Rares sont les Jedi qui choisissent des couleurs aussi sombres et pourtant, tous deux sont vêtus majoritairement de noir. Là où je veux en venir, c'est qu'il y a un certain côté sombre, dans vous deux.

Anakin ne répondit pas. Il regarde son ancien maitre avec curiosité maintenant.

- Zemfira et Anakin, lorsqu'ils sont réunis semblent... effacer la noirceur de l'autre. Ils se complètent et se tirent mutuellement vers la lumière.
- C'est positif, répondit Mace Windu. Mais dangereux néanmoins, ajouta-t-il en regardant à nouveau Anakin. Cette idée de réunir deux Jedi aux penchants obscurs ne me plait guère.
- Pour les avoir observés pendant ces derniers mois, maitres, je pense pouvoir parler avec le plus de preuves, répondit Obi-Wan pour défendre son ancien apprenti. Je pense que les mettre ensemble a été une très sage décision. Peut-être également l'un des actes les plus sages de la vie d'Anakin, ajouta-t-il en adressant un sourire moqueur à son ami.
- D'accord je suis avec maitre Obi-Wan, déclara Yoda, satisfait. Le jeune Skywalker, clame me semble. La tête là où il se trouve, il a ! Une grande première pour lui cela est, ajouta-t-il avant de clore la discussion.

۞

Le Chancelier Suprême Palpatine était debout face à la grande baie vitrée de son bureau. Cet homme était de nature calme et peu de choses étaient en mesure de le troubler. Encore moins avaient le pouvoir de l'énerver. Aujourd'hui, quelqu'un y était parvenu à faire les deux, cependant. La jeune Zemfira était un élément nouveau et complètement inattendu de l'équation délicate que le seigneur des Sith avait planifiée depuis de nombreuses années. Skywalker, l'élu de la Force, représentait pour lui l'apprenti parfait. Puissant, fougueux, imprévisible parfois mais plus que tout déterminé : tels étaient les qualités qu'ils désiraient s'approprier. Depuis le début de la guerre, Palpatine travaillait sans relâche à provoquer la colère et la haine du chevalier Jedi. C'était chose facile, il avait toujours été tellement impulsif ! Mais aujourd'hui, pour la première fois, il avait été échoué. Pendant des années, les Chancelier avait été le confident d'Anakin. Les conseils du vieil homme avaient toujours été pris très au sérieux, à tel point que le jeune Jedi lui avait accordé une confiance aveugle.
Sa nouvelle padawan tombait très mal ! Elle semblait avoir elle aussi gagné la confiance de l'élu, d'une manière que Palpatine ne comprenait pas entièrement. Lorsqu'il avait ordonné à Anakin d'exécuter le Comte Dooku et qu'elle avait réussi à contenir la colère de son maitre, le Chancelier s'était laissé emporter par un sentiment de colère difficilement répressible. Pourquoi était-elle arrivée maintenant, alors qu'il touchait presque à son but ? Le jeune Skywalker avait traversé trois ans de guerre, trois ans de souffrance qui avaient indubitablement blessé son âme et l'avaient préparé à sombrer du Côté Obscur ! Pourtant, et contre toute attente, Zemfira avait réussi à réveiller quelque chose en lui. Une détestable et navrante lueur d'espoir.
En contemplant l'immensité de Galactic City, le seigneur noir songea à la nouvelle tournure que devait prendre son plan. Si cette padawan avait la capacité de réveiller en Anakin des sentiments de profonde bonté, sa perte aurait certainement l'effet inverse sur le jeune Jedi.
Il serait vraiment dommage pour elle de mourir par la faute du Comte Dooku, qu'Anakin avait décidé d'épargner au dernier moment...
Finalement, ce nouvel élément dans l'équation pouvait représenter la perte du chevalier Jedi. C'était inattendu, mais Palpatine avait réussi à transformer cet imprévu en opportunité.
En souriant, le seigneur noir se demanda si ses gardes avaient déjà exécuté son ordre : libérer le Comte Dooku et éliminer la jeune Jedi.

۞


Anakin n'avait pas mis longtemps à quitter le Temple, après son entretien avec le Conseil. Il était heureux de la tournure des événements. Mace Windu ne s'était pas rangé de son côté, mais cela n'avait rien de surprenant. Ils n'avaient jamais réussi à s'apprécier. En revanche, le soutien inconditionnel d'Obi-Wan et les encouragements de Yoda étaient une agréable surprise.
Ce soir, cependant, rien de tout cela n'avait d'importance. Appuyé contre la barrière du balcon, Anakin observait sa femme démêler ses cheveux. Il aimait particulièrement qu'elle les laisse détacher et ses coiffures compliquées ne la mettaient jamais autant en valeur que ses longues boucles brunes.

- Ani, j'aimerais que notre enfant voit le jour sur Naboo, déclara-t-elle en souriant. Nous irons dans la contrée des lacs. Je m'y sentirais en sécurité, ajouta-t-elle en se tournant vers lui.

C'était une bonne idée. Il pouvait voir à quel point cette idée la rendait heureuse. Cela le rendait heureux, lui aussi. Mais il ne savait pas s'il aurait la possibilité de l'accompagner sans éveiller les soupçons.

- Je pourrais aller assez à l'avance pour préparer une chambre, ajouta-t-elle, radieuse.

Une chambre. Tout devenait plus réel à présent. Lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle était enceinte, la nouvelle était encore très récente. Aucune modification physique n'avait encore affecté sa silhouette. Aujourd'hui, son ventre était bien différent. Il s'en voulait d'avoir été loin pendant tout ce temps et d'avoir manqué ces moments si importants de leur vie.
Ce qui n'avait été qu'une merveilleuse nouvelle il y a quelques mois était maintenant un petit être humain.

- Tu es tellement belle... murmura-t-il en l'admirant.

Et il le pensait vraiment. Elle était différente. Pas seulement physiquement. Evidemment, sa silhouette lui allait à ravir. Anakin ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ne s'agissait pas seulement d'un enfant. C'était une manifestation totalement inattendue mais très appréciée de leur amour. Ils avaient réellement créé quelque chose ensemble.

- Je suis belle parce que je suis amoureuse.
- Non. Non, tu es belle parce que moi je suis amoureux.
- Alors c'est l'amour qui t'aveugle ? demanda-t-elle, surprise.

Anakin ne s'était jamais posé la question. Il l'avait aimé depuis qu'il l'avait rencontrée. Son cœur lui avait appartenu avant qu'il n'ait eu le temps de se développer complètement. A vrai dire, il n'avait jamais posé les yeux sur elle sans être amoureux.

- Je ne l'entendais pas de cette façon, se défendit-il.
- Il n'empêche que c'est quand même un petit peu vrai, répondit-elle en souriant.

C3PO fit éruption dans le salon et interrompit maladroitement la discussion d'Anakin et Padmé.

- Excusez-moi, madame. Le diner est servi. J'ai congédié tout le personnel de maison, comme vous me l'avez demandé, ajouta-t-il d'un ton serviable.
- Merci, 3PO, répondit-elle en s'avançant dans le salon.
- Tu nous as fait faire à diner ? demanda Anakin, affamé.
- Bien sur, répondit-elle en descendant les escaliers qui menaient à la terrasse inférieure de leur appartement. Je n'allais quand même pas manger sans toi, ajouta-t-elle faussement indignée.

Le Jedi la suivit jusqu'à la table que Padmé utilisait pour ses réceptions privées. Alors qu'une grande partie de leur demeure était destinée aux réceptions officielles, cette terrasse était plus intime et Padmé n'avait l'habitude d'y convier que sa famille et ses amis proches.
Il était heureux de partager ces moments privés avec elle.

- Alors, il n'y a pas moyen que tu me racontes ce qui s'est passé pour que tu reviennes avec deux côtes cassés ? demanda-t-elle en s'installant à table.

Padmé faisait référence à une discussion qu'ils avaient eu plus tôt dans la soirée, lorsqu'elle s'était étendue contre lui, sur le canapé, et qu'il avait sursauté de douleur à son contact.

- Je n'ai pas le droit de le dire, se défendit-il en utilisant un argument douteux.
- Pas le droit ? demanda-t-elle, surprise. Tu n'avais pas le droit de m'épouser, pourtant nous sommes à table ensemble et je suis enceinte! ajouta-t-elle pour le provoquer. Les interdictions peuvent certainement être bravées.
- La question n'est pas là, Padmé ! répondit-il en riant. Si je t'explique ce qui s'est passé, tu vas crier, tu vas t'énerver et je vais finir par dormir sur le canapé !
- Et si je promets que peu importe l'histoire que tu vas me raconter, je t'autoriserai à dormir avec moi, est-ce que tu acceptes de me la raconter ? demanda-t-elle de la voix irrésistiblement douce qu'elle utilisait lorsqu'elle voulait arriver à ses fins.
- Pas de reproche alors ?

Sa femme secoua la tête pour lui faire signe que non, elle se contiendrait. Au plus profond d'elle-même, elle savait cependant que cela n'était pas quelque chose qu'elle pouvait entièrement garantir.

- Pas de coups de pieds, de morsures, de cris, ni de tirs de blaster ? ajouta-t-il pour s'assurer qu'elle ne tenterait pas de l'avoir sur des détails.
- Rien, je le promets ! s'exclama-t-elle, impatiente. Dis-moi, maintenant !
- Je ne me suis fait pas fait ça pendant une mission, répondit-il timidement. Le soir avant de quitter Umbara, j'étais vraiment impatient de te revoir. Je savais que nous allions retourner sur Coruscant après avoir secouru le Chancelier et je n'arrivais pas à dormir, ajouta-t-il d'un ton coupable. Zemfira ne dort pas très bien non plus. Alors nous avons passé une partie de la nuit à vérifier le système de sécurité, le protocole d'enclenchement des boucliers et...
- Anakin, va droit au but, s'impatienta Padmé.
- Elle a parié qu'elle pouvait faire l'aller-retour entre la base des vaisseaux et le poste de commandement en moins de temps que je ne mettrais à le faire ! s'indigna-t-il en souriant. Notre dernier pari consistait à savoir lequel de nous deux ferait tomber l'autre en premier dans un combat au sabre... en équilibre sur une branche de Goondrak.
- Je vois que tu t'amuses dans la Bordure Extérieure !
- Evidemment, j'ai gagné, poursuivit Anakin sans tenir compte de la remarque de Padmé. Il fallait donc que je lui accorde une revanche. Nous avons donc pris les speeders de la base et... tu imagines la suite.
- Non... non pas du tout, à vrai dire ! répondit-elle, frustrée.

Padmé avait promis de ne pas s'énerver. Elle tentait donc de maintenir sa promesse, mais les histoires d'Anakin étaient parfois complètement dénuées de sens. Comment pouvait-il se blesser – volontairement - après la fin de sa mission ?

- Les speeders n'était pas vraiment en état d'être poussés à une telle vitesse. Enfin, quoi qu'il en soit, Zemfira et moi avons fait surchauffer les conducteurs et ils ont explosé, ajouta-t-il timidement.
- Explosé ?
- Explosé. J'ai volé, me suis pris un arbre avant de retomber sur le sol. Zemfira a eu plus de chance et a atterri dans un marais. Elle n'a rien.
- Grande nouvelle, répondit Padmé, indignée. Anakin, je ne sais pas si faire un enfant avec toi était la plus sage des décisions. Une version miniature d'un Jedi fou courant partout dans l'appartement ne m'inspire pas la plus grande confiance, ajouta-t-elle pour le taquiner.
- Tu as promis de ne pas être méchante, de te contenir, Padmé !
- C'est vrai. Il n'empêche que je songe sérieusement à engager quelques gardes du corps supplémentaires, après la naissance de notre enfant. Et pas pour me protéger des agressions extérieures, ajouta-t-elle en riant.

Anakin se contenta de rire et ne répondit pas à sa remarque. Elle n'avait pas tort. Il lui arrivait d'être un peu casse-cou. Immature, à l'occasion ? Peut-être. Mais la venue de Zemfira l'avait incontestablement changé. C'était une différence dans cet aspect de sa personnalité que peu de gens avaient remarqué. Padmé ne le comprenait peut-être pas encore, mais il était devenu plus responsable. Au cours des derniers mois, il s'était occupé d'elle et avait développé une relation très spéciale avec sa padawan. Il se sentait responsable de son bien-être et de sa sécurité. Evidemment, la provoquer et faire des paris impliquant des duels au sabre laser au dessus du vide ou des courses à travers la jungle d'Umbara n'était peut-être pas la plus sage des décisions. Néanmoins, à aucun moment, même dans leurs missions et paris les plus risqués, il n'avait cessé de garder un œil sur elle. Lorsqu'un chasseur la prenait pour cible, il détruisait son adversaire, lorsqu'un droïde lui tirait dessus, il assurait ses arrières et lui servait de bouclier. La protéger était devenu une nécessité. Il avait développé un réel attachement pour elle et l'aimait comme sa petite sœur.
Partie 1 - Chapitre 5


Les lumières étaient d'une intensité très faible. Anakin ne savait exactement où il se trouvait. Pourtant, au milieu de ce sombre décor se trouvait une forme familière. Et du sang, beaucoup de sang. Le jeune Jedi ne comprenait pas ce que c'était jusqu'à ce que, venant de nul part, il discerne des pleurs et une plainte, à peine audible.

- Anakin, aide-moi.

Il se réveilla en sursaut. Le jeune homme eut besoin d'un instant pour reprendre ses esprits. Rapidement, il constata qu'il était dans son lit, avec Padmé. Elle n'était pas encore endormie et lisait des comptes rendus du sénat sur son Holopad.

- Tout va bien ? demanda-t-elle, inquiète.

Elle connaissait les problèmes que son mari avait pour dormir. Ses rêves avaient le pouvoir de le tourmenter grandement. Elle en avait horreur et aurait préféré qu'il n'ait jamais eu cette capacité de voir dans l'avenir.

- Zemfira, murmura-t-il en attrapant sa chemise.

Il se hâta hors de leur chambre pour rejoindre le salon, où il avait laissé son commlink.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Padmé en le suivant.
- Je ne sais pas, répondit-il inquiet. Elle ne m'a pas contacté en rentrant de sa mission, c'est très inhabituel.
- Elle n'a fait qu'accompagner une délégation à la prison républicaine. Peut-être qu'elle n'avait tout simplement rien à dire et qu'elle est rentrée au Temple directement, proposa Padmé pour le rassurer.
- Zemfira a toujours quelque chose à dire, répondit-il en activant la commande de son dispositif de communication.

Le son continu indiqua que l'unité de son apprentie n'était pas activée. C'était extrêmement inhabituel. Il lui avait enseigné à toujours rester en contact avec lui. Elle n'avait jamais remis en question cette demande et n'éteignait jamais son commlink.

- Je ne peux pas la joindre, déclara-t-il sombrement. Il faut que je la retrouve !

Padmé se sentait impuissante face à la situation. Anakin semblait profondément tourmenté. Quoi qu'il ait vu dans son rêve, cela ne pouvait pas être bon.

- Est-ce que tu sais seulement où elle est ? demanda-t-elle, inquiète.
- Non, murmura-t-il en se rapprochant de la fenêtre. Elle est partie en mission cet après-midi au centre de détention, ajouta-t-il, tentant de sentir sa présence.

Anakin ferma les yeux un instant. Il se concentra sur son rêve et ce qu'il avait vu. Malheureusement, les images qui lui revinrent à l'esprit n'étaient pas d'une grande aide.

- Anakin, écoute-moi !

Le Jedi rouvrit les yeux, surpris. La voix de Zemfira résonnait dans son esprit. Elle avait besoin de lui. Elle pensait à lui, en ce moment même.

- Anakin ! implorait la voix dans sa tête.

Il se retourna et courut jusqu'à sa chambre pour se rhabiller. Padmé resta un instant dans le salon, perdue. Elle ne comprenait pas exactement ce qui se passait, mais elle sentait qu'Anakin savait ce qu'il faisait. Quelques minutes plus tard, il réapparut dans le salon et se dirigea vers la terrasse et son vaisseau.

- Elle est au centre de détention. Je ne peux pas t'expliquer comment je le sais. Je ne sais pas ce qu'elle a et ce qu'elle essaie de faire, mais je crois qu'elle a des ennuis. Fais-moi juste confiance, je sais ce que je fais.
- Fais attention, demanda Padmé en se mettant sur la pointe des pieds pour lui faire un baiser sur la joue.

A toute vitesse, le chasseur Jedi d'Anakin disparut dans le ciel bondé de Coruscant.

۞

Il ne fallut pas longtemps au jeune homme pour pénétrer dans le bâtiment d'incarcération du la République. Sa position de général et de Jedi l'avait par ailleurs amené à remplir plus d'une cellule de ce lieu. Il avait des codes d'accès prioritaires et n'hésita pas à s'en servir.
L'intérieur de la prison lui donna froid dans le dos. Et pas parce qu'elle était emplie des pires monstres et malfaiteurs de la galaxie. Quelque chose d'autre se tramait ici. L'écran de contrôle de l'entrée principale lui indiqua le numéro de la cellule du Comte Dooku. Sans hésiter un instant, il courut vers le niveau supérieur.
Lorsque l'ascenseur s'ouvrit, il fit face à l'une des visions les plus pénibles et les plus douloureuses qu'il lui fut donné de voir. Sa jeune apprentie était allongée sur le sol, inanimée. Son sabre laser, toujours accroché à sa ceinture, indiqua à son maitre qu'elle n'avait pas engagé le combat. Elle était cependant gravement blessée.

- Zemfira ! s'exclama-t-il en courant vers elle pour vérifier son état.

Anakin activa son commlink et contacta le Temple Jedi.

- Ici Anakin Skywalker, envoyez une unité médicale de toute urgence au centre de détention. Faites vite ! ajouta-t-il avant de ranger son dispositif de communication dans la poche de sa ceinture.

Il ne savait pas comment la déplacer sans empirer son état. La jeune fille était allongée sur le dos. En examinant ses vêtements avec plus d'attention, Anakin constata qu'elle avait été blessée par un sabre laser. Dooku, pensa-t-il avec dégoût.
Dans l'urgence, Anakin décida qu'il n'avait pas le choix. Son état était critique, il fallait la ramener au Temple pour la faire soigner. Il n'avait pas le temps de se poser des questions.
Devant la prison du Coruscant, un transport Jedi attendait la jeune fille blessée pour la ramener au Temple.

۞

Obi-Wan était assis devant la grande baie vitrée qui donnait un accès visuel surplombant la salle d'opération Jedi. Zemfira était couchée au centre, sur la table d'opération. Deux Jedi guérisseurs s'occupaient d'elle. Anakin sortit par le sas hermétique qui donnait accès à l'unité médicale, le visage triste et l'air complètement abattu.

- Quel est le diagnostic ? s'enquit son ancien maitre avec inquiétude.
- Elle a le poumon droit perforé, probablement à cause d'un sabre laser, trois côtes cassés et le bras demi, répondit-il en se laissant tomber sur le banc qui longeait le mur de la salle d'observation.
- Elle va s'en remettre, tu as connu pire que cela ! répondit-il en espérant réinsuffler l'espoir dans son ancien padawan.
- Sa colonne vertébrale a été complètement détruite, ajouta-t-il avec peine, comme si prononcer ces mots le faisait souffrir. Ses os sont brisés.

Obi-Wan ne sut que répondre. S'il était possible de réparer des côtes cassés et un bras demi, remplacer une colonne vertébrale était une opération périlleuse qui n'avait que très peu de chance de succès.

- Ils proposent de lui greffer une nouvelle colonne robotique. Ils peuvent relier les nerfs et la rendre fonctionnelle en utilisant la même technologie que pour mon bras mécanique, déclara-t-il sans grande conviction.
- J'en ai déjà entendu parler, répondit Obi-Wan en venant s'installer à côté de son ami. C'est une opération délicate, mais c'est possible !

Anakin prit son visage entre sa main et de chair et sa main mécanique. Remplacer son bras, c'était une chose. Remplacer la colonne vertébrale d'un être humain en train de mourir, c'en était une autre.

- Nous sommes prêts, Skywalker, déclara la guérisseuse qui allait participer à l'intervention. Si vous voulez rester près d'elle, vous devez entrer maintenant, ajouta-t-elle en lui tenant la porte du sas ouverte.

Anakin ne répondit pas et se contenta d'entrer dans la salle d'opération. Il s'installa sur un siège qui flottait à proximité de la table chirurgicale et tint la main de sa padawan entre les siennes.

- Sois forte, Zéfi, murmura-t-il en serrant sa petite main faible et inanimée.

۞

Les guérisseurs Jedi s'activèrent pour sauver la padawan pendant de longues heures. Un moniteur branché à la jeune fille indiquait son rythme cardiaque. Il s'affaiblissait à mesure que l'opération avançait. Les Jedi ne dirent pas un mot, mais Anakin comprit très vite qu'ils avaient peu d'espoir.

- Insertion de la dernière tige de duracier, déclara l'un d'eux en finalisant un branchement dans le dos de Zemfira.

Les battements de son cœur ralentirent encore un peu. La machine ne se manifestait maintenant que de manière irrégulière et sans grande conviction.

- Battement cardiaque moins de trente par minute. Si elle ne remonte pas très vite, nos efforts ne serviront à rien.
- Ne dîtes pas ça ! s'énerva Anakin en se levant pour calmer son esprit.
- Vingt-cinq battements par minute, renchérit l'autre en posant ses ustensiles sur la table. Vingt-deux, ajouta-t-il tristement.

Les deux guérisseurs s'approchèrent de l'unité de contrôle et se regardèrent tristement. Ni l'un ni l'autre ne voulait annoncer à Anakin que sa padawan était perdue. Ses sautes d'humeur et la rage qui pouvait l'animer étaient connues à travers la galaxie. Personne ne voulait risquer d'en être la victime.

- Skywalker, commença l'un d'eux d'une voix calme, qui se voulait compatissante. C'est terminé, ajouta-t-il en espérant survivre à cette déclaration.

Habituellement, Anakin aurait crié sur les guérisseurs. Ils les auraient menacés et insultés avant de défouler toute sa colère sur le premier qui croiserait sa route. Pas aujourd'hui. Ce n'était pas la fin et il le savait. Il ne pouvait l'expliquer, mais il n'était pas venu jusque là pour la laisser partir.
Sans dire un mot, il s'approcha de la table et posa sa main mécanique sous la nuque de son apprentie. Sa main de chaire se posa délicatement à l'emplacement de son cœur qui ne battait presque plus.

- Tu es encore là, je le sais, déclara-t-il d'une voix presque inaudible. Tu m'as appelé, je suis venu te chercher ! ajouta-t-il en se rapprochant d'elle un peu plus.

Les deux guérisseurs ne pouvaient entendre ce qu'il lui disait. Ils furent surpris de ne pas le voir en colère. Il semblait calme, presque paisible. L'élu de la Force faisait probablement ses adieux à son apprentie.

- Tu m'as dit un jour que ta colère te faisait peur, que tu voulais t'améliorer et arrêter de puiser ton énergie dans le Côté Obscur. Tu ne peux pas partir maintenant, nous avons encore des choses à faire !

Anakin ferma les yeux et se concentra. Il n'avait jamais été le genre de Jedi à méditer, mais aujourd'hui il était entré dans une concentration profonde. Il ressentit un grand calme l'envahir, une énergie protectrice se dégageait de lui. Jamais encore cela ne lui était arrivé et il ne se l'expliquait pas, mais il jurait pouvoir sentir le cœur de sa padawan battre en lui – avec lui.
Les moniteurs de contrôle cardiaque s'affolèrent lorsque les valeurs passèrent subitement de douze à cent vingt battements par minute. Le corps de Zemfira qui était restée jusque là inanimé fut pris d'un spasme qui la souleva de la table.
Les deux guérisseurs s'approchèrent de la table et constatèrent avec stupeur qu'elle était toujours en vie. Anakin gardait les yeux fermés, concentré sur son apprentie. Jamais encore il n'avait ressenti une telle sensation. La Force semblait librement circuler entre elle et lui, comme si leurs deux vies étaient liées pour ne former qu'un seul être, l'espace d'un instant. Il aperçut des images de la salle principale du palais de Jabba, le soulagement de Zemfira sur la planète Hoth après une mission de sauvetage, lorsqu'Obi-Wan l'aida à s'extirper du cockpit écrasé de son vaisseau, le sourire de la jeune fille lorsqu'Anakin lui proposa de devenir son apprentie, sa peur lorsque les gardes du Chancelier se retournèrent contre elle, laissant s'échapper le Comte Dooku. C'était comme si les souvenirs de Zemfira défilaient dans l'esprit de son maitre en flot continu. Il ressentait ce qu'elle ressentait et vivait avec elle ses joies et ses peines.
Les guérisseurs Jedi apportèrent la touche finale à l'opération en refermant les tissus épithéliaux qui avaient été ouverts pour permettre l'accès à la colonne vertébrale de Zemfira.
Une fois la tâche accomplie, Anakin relâcha sa padawan et la Force cessa de circuler entre eux, mais elle était en vie. Les guérisseurs Jedi l'emmenèrent jusqu'à la chambre d'isolement pour la plonger dans une cuve de bacta qui assurerait une guérison accélérée.
Anakin sortit de la salle d'opération, stupéfait. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer et se sentait complètement épuisé. Sans faire attention aux Jedi qui s'étaient amassés dans la salle d'observation, il se dirigea vers le banc qui longeait le mur et se laissa tomber, encore sous le choc.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Obi-Wan, incapable de cacher son excitation.
- Je ne sais pas, murmura Anakin en regardant son maitre avec étonnement. Je pouvais la ressentir – en moi ! Jamais je n'avais entendu parler d'une chose pareil, ajouta-t-il en secouant la tête.
- C'est parce qu'une telle chose ne s'était encore jamais produite ! rétorqua son maitre avec enthousiasme.
- J'ai vu des images, ressenti des émotions, mais pas les miennes, continua Anakin, se remémorant les images que la connexion dans la Force avec Zemfira lui avait montrées. J'ai vu son passé. Je sais ce qui lui est arrivé, ajouta-t-il sombrement.

Cette déclaration attira l'attention de Yoda, qui se tenait avec le reste des Jedi dans la salle. Ce dernier comprit rapidement, en ressentant la peur et la confusion émaner d'Anakin, que ce sujet allait être délicat.

- Parler seul avec le jeune Skywalker, j'aimerais, déclara le maitre Jedi en se retournant pour demander poliment à ses confrères de sortir.

Obi-Wan se leva mais Yoda lui demanda de rester assis.

- Pas toi, Obi-Wan.
- Bien, maitre, répondit-il en se rasseyant.

La salle fut rapidement désertée, laissant les trois Jedi seuls. Anakin ne savait pas comment interpréter ce qu'il avait vu. Il ne pouvait comprendre cette vision et sa première réaction fut de le nier. Cependant, il sentait qu'il était désormais lié à Zemfira. Cette connexion les avait fait partager les souvenirs et les émotions de l'autre. Il n'y avait là-dedans aucun mensonge, aucune supercherie. Chaque image n'était qu'une retranscription pure et simple de vérité.

- Zemfira a été attaquée par la garde personnelle de Palpatine, déclara-t-il froidement, blessé par ce propos.
- Comment le sais-tu ? s'exclama Obi-Wan, stupéfait.
- Je l'ai vu, répondit-il tristement. Je l'ai senti, à travers elle. Ils l'ont attaqué et ont libéré le Comte Dooku. Durant notre duel, je lui ai coupé les deux bras. Je ne comprenais pas comment il avait pu infliger une blessure au sabre laser, mais je l'ai vu dans les souvenirs de Zemfira. Il a utilisé la Force pour l'attaquer et s'est enfui grâce à l'aide de la garde du Chancelier.

Obi-Wan se leva et marcha de long en large en caressant sa barbe dans la salle d'observation. Il faisait toujours cela lorsqu'il voulait méditer sur un problème qui le tracassait.

- Donc le Chancelier serait un traitre, déclara-t-il, perplexe.
- Pourquoi y aurait-il un lien ? demanda Anakin, offensé. Ses gardes peuvent l'avoir trahi, lui aussi, ajouta-t-il, peu convaincu.
- Penses-tu qu'il y a un lien jeune Skywalker ? demanda Yoda.

Anakin ne répondit pas tout de suite et prit un instant pour y réfléchir. Non, bien sur que non, voulait-il déclarer. Mais il n'en était pas convaincu. Pendant des années, il avait considérer cet homme comme un sage conseiller et un ami. Zemfira, en revanche, ne partageait pas cette opinion. A travers ses émotions, il avait senti la peur et le doute que cet homme lui inspirait. Et pour la première fois, il n'avait pas fait que voir cet autre point de vu, il l'avait aussi compris.

- C'est possible, répondit-il tristement. J'ai un mauvais pressentiment, ajouta-t-il en se levant. Il se passe quelque chose.

Obi-Wan et Yoda l'observèrent avec insistance. Anakin n'avait jamais remis en question les agissements du Chancelier. S'il le faisait aujourd'hui, c'est que quelque chose de sérieux devait se tramer.

- Il faut que je lui parle, déclara-t-il avec détermination. Tout de suite, ajouta-t-il.
- Je viens avec toi !
- Non, Obi-Wan, répondit Anakin en lui faisant signe de ne pas le suivre. C'est quelque chose que je dois faire moi-même. C'est important. Je reviendrai, je vous le promets, ajouta-t-il avant de quitter la salle pour se rendre dans le bâtiment du sénat.

۞

Il était très tôt et les couloirs du sénat galactique étaient bondés. La majorité des sénateurs se rendaient à leur bureau avant de commencer les sessions matinales. Anakin se rendit compte qu'il n'avait pas dormi de la nuit. Il n'était pourtant pas fatigué. A cet instant précis, rien ne l'obsédait plus que de parler avec le Chancelier. Se pouvait-il vraiment qu'il soit un traitre ? Que désirait-il exactement ? En se retrouvant en face de la porte de son bureau, Anakin décida que le meilleur moyen de le savoir était de mentir.

- Je désire parler au Chancelier, déclara-t-il au garde sénatoriale posté devant la porte d'accès.

Etait-ce lui qui avait attaqué Zemfira, le jour précédent ? Anakin inspira longuement et se calma. Ce n'était pas le moment de perdre son sang froid.
Le garde s'écarta et laissa la voie libre à Anakin. Le Chancelier était debout et lui tournait le dos, contemplant l'immensité de la ville qui se réveillait devant lui.

- Anakin, je suis content de te voir ! déclara-t-il en se retournant. J'ai des nouvelles déplaisantes. Le Comte Dooku s'est échappé dans la nuit. Des traitres au sein de ma garde personnelle en sont la cause. Nous pensons qu'ils sont affiliés au complot séparatiste et qu'ils l'ont aidé à rejoindre le reste de leur délégation.
- Vraiment ? demanda Anakin d'un ton qu'il tenta de garder aussi neutre que possible. Ma padawan en a subi les conséquences, ajouta-t-il froidement.
- Je n'ai pas eu de nouvelles de Zemfira, déclara le Chancelier.

Il y avait trop de curiosité dans sa voix. Et tous ces événements ne pouvaient pas simplement être des coïncidences.

- Elle est morte, répondit Anakin, tentant toujours de garder sa voix calme pour ne pas trahir ses émotions.
- Mes condoléances. Le Comte payera pour les atrocités qu'il a commis, sois-en assuré.

Le Comte payera. Ces mots ne suggéraient que la vengeance. Ils incitaient à la haine. Comment ne l'avait-il pas vu plus tôt ? Pourquoi avait-il été si aveugle ? Anakin décida de continuer à jouer à ce jeu et étoffa son mensonge.

- Si seulement je vous avais écouté ! J'aurais du tuer le Comte Dooku quand j'en avais l'occasion. Les principes des Jedi ne m'ont attiré que des ennuis. Toute ma vie j'ai été leur esclave. Regardez où cela m'a mené. Zemfira est morte. Mais c'est autant leur faute que celle du Comte Dooku.

Le Chancelier était satisfait. Anakin s'était souvent plaint des Jedi. Il avait manifesté à de nombreuses reprises son incompréhension face à leurs idéaux. Jamais encore cependant il n'avait été exprimé cette haine aussi clairement. La mort d'un nouvel être cher allait achever sa transformation.

- Il y a d'autres voies d'utiliser la Force, d'autres idéaux, déclara-t-il calmement en prenant soin de bien choisir ses mots.
- Que voulez-vous dire ?
- Ne perds pas confiance en la Force parce que les Jedi ne savent pas l'utiliser efficacement. Tes pouvoirs sont puissants, Anakin. Un enseignement différent te permettrait de te réaliser pleinement dans la Force et te donnerait le pouvoir de sauver ceux que tu aimes.

Anakin retint son souffle. Il avait raison. Le Chancelier était responsable de l'attaque perpétrée contre Zemfira. Il avait fait libérer le Comte Dooku et savait qu'il viendrait se plaindre auprès de lui de cette injustice, comme il le faisait toujours. Il s'était servi de lui. Encore. Toujours. Mais Zemfira n'était pas morte et le Jedi voyait clair dans le plan de son soi-disant mentor.
Le silence était pesant. Anakin devait bien choisir ses mots. Le Chancelier était un être, mais il n'en était pas moins un homme intelligent. Le berner ne serait pas chose facile.

- J'ai perdu ma confiance en eux. Je ne pense pas pouvoir leur confier mon entrainement désormais. Ils me dirigent à travers des idéaux auxquels je n'adhère pas.
- Dans ce cas, sois assuré que tu trouveras toujours auprès de moi les conseils dont tu as besoin. Je puis t'enseigner les voies de la Force et te permettre de la maitriser complètement.

Anakin recula d'un pas, horrifié. La situation était plus grave que tout ce que les Jedi avaient pu craindre. Palpatine était un traitre, mais il était également le Seigneur Sith qu'ils recherchaient depuis toutes ces années. Afin d'éviter la catastrophe, il allait falloir agir intelligemment.

- J'ai besoin de méditer, votre Excellence, déclara-t-il calmement pour ne pas trahir ses émotions. Je ressens une grande confusion. J'ai besoin d'être seul, ajouta-t-il en se dirigeant vers la sortie.
- J'ai confiance en toi. Je sais que tu prendras la bonne décision, Anakin.

Le jeune Jedi quitta la pièce et se hâta de rejoindre son speeder. Il fallait qu'il informe rapidement le Conseil de la situation.

۞

Anakin se hâta de rejoindre la salle du Conseil, où Obi-Wan et Yoda l'attendaient. Le reste des Jedi n'avaient pas été convoqués. Pas encore. La situation était si incertaine qu'il fallait agir vite.

- Je sais tout, déclara Anakin en entrant dans la chambre, ne sachant pas par où commencer.

Obi-Wan et Yoda le regardèrent avec intrigue. Ses propos et son humeur étaient plus qu'énigmatiques.

- Le Chancelier est impliqué dans l'attaque perpétrée contre mon apprenti. Il avait prévu de l'éliminer pour provoquer ma colère et m'inciter à céder à ma haine, ajouta-t-il, confus.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Obi-Wan qui commençait à comprendre les implications d'un tel plan.
- Il est le Seigneur Sith que nous recherchions. Il est la cause de la guerre, c'est lui qui est à la base de tout ! s'emporta Anakin.

Un instant, les trois Jedi restèrent silencieux. La situation dépassait leurs pires craintes. Un Sith dans la galaxie était une chose. Un Sith au contrôle de la République en était une autre.

- Le confronter, nous devons. Lui demander de remettre ses pouvoirs et de se livrer à la justice, suggéra Yoda.
- Sauf votre respect maitre Yoda, répondit Anakin, un sourire de dépit aux lèvres. Il ne le fera pas.
- Alors l'obliger, nous devrons, déclara Yoda en se dirigeant vers le hangar. Des Jedi je vais emmener. Obi-Wan, avec moi tu dois venir.

Les deux maitres s'éloignèrent en direction de l'ascenseur qui menait directement de la haute chambre du Conseil au hangar inférieur.

- Skywalker ? demanda Yoda en se retournant pour faire face à Anakin. Avec nous tu viens. D'une grande clairvoyance, tu as été. Ta présence, j'apprécierais.

Anakin resta figé un instant. Il avait à la fois espéré qu'on requiert sa présence et craint qu'on ne le lui demande. Il savait à présence que son mentor n'en était pas un. Cela ne rendait cependant pas la tâche plus aisée et sa trahison le peinait plus qu'il ne voulait l'admettre.

- J'arrive, maitre, répondit-il en suivant les Jedi en direction du hangar.
Partie 1 - Chapitre 6


Yoda avait un jour déclaré que le Côté Obscur de la Force n'était pas plus puissant, mais qu'il était plus facile et plus séduisant. Au moment d'entrer dans le bureau du Chancelier, Anakin se demanda cependant si la Force était séduisante, peu importe la manière de l'aborder. Confronter son ancien mentor, qui avait essayé d'assassiner sa padawan et trahi la République n'avait rien d'excitant. Il ne s'agissait pas d'une mission périlleuse et exotique à l'autre bout de la galaxie. Anakin ne voulait pas le faire. Mais il devait le faire.
Obi-Wan, Yoda et Anakin entrèrent dans le bureau du Chancelier. Le vieil homme les dévisagea mais s'arrêta plus particulièrement sur le visage de son ami. Ancien ami, pour être plus exact. Il comprit très vite que le Jedi l'avait trahi et l'avait dénoncé au Conseil.

- Que me vaut le plaisir, Jedi ? demanda-t-il, bien qu'il connaisse déjà la réponse à la question.
- Votre trahison a été révélée, Chancelier. Vos méfaits doivent cesser immédiatement, ajouta Obi-Wan avec détermination.
- Je crains de ne pas comprendre, répondit sournoisement le Chancelier. En quoi le fait de vouloir réunir les systèmes de la République en un tout unifié est-il un méfait ?

Il était très fort. Adapter la vérité à sa vision des choses était sa spécialité. Mais ça ne prendrait pas. Pas aujourd'hui.

- Chancellier, la guerre n'a pas de raison d'être ! Rendez-vous et vous serez jugé. Je m'assurerai qu'on vous prodigue un procès équitable, déclara Anakin qui ne pouvait entièrement se résigner à le haïr.
- Tu me déçois énormément, Anakin, répondit le vieil homme avec mépris. Je voyais en toi un allié très puissant. Finalement, tu n'es rien de plus qu'un lâche qui préfère laisser mourir les personnes qui comptent à tes yeux plutôt que d'accepter la vérité.
- La vérité ? demanda Anakin en allumant son sabre laser. Comme votre tentative d'assassinat perpétrée contre mon apprentie ? demanda-t-il, empli de colère.

Le Sith se leva et recula. Il dégaina lui aussi son sabre et se mit en position d'attaque. Si Anakin avait fait son choix, qu'il en soit ainsi. La galaxie était peuplée d'âmes perdues qui se plieraient à sa volonté. Il n'avait pas besoin de lui pour arriver à ses fins.
Tout se passa très vite. Le Seigneur noir s'avança vers les Jedi et les attaqua les uns après les autres. Hélas pour lui, Obi-Wan, Yoda et Anakin n'étaient pas n'importes quels Jedi. Dans cette situation, le Chancelier choisissa le repli pour éviter de se faire prendre. D'un coup vif, il porta une attaque violente à Obi-Wan. La lame rouge de son sabre transperça l'épaule du maitre Jedi. Il laissa échapper un cri intense de douleur, qui retint l'attention de ses alliés juste assez de temps pour permettre au Chancelier de s'enfuir et d'ordonner à sa garde de s'occuper de ses assaillants. Une dizaine de gardes entrèrent dans le bureau. Armés et parés au combat, ils ne reculeraient devant rien.

- Ils ont tenté de m'assassiner ! leur avait déclaré le Chancelier.

Malheureusement, c'est ce que tout le monde croirait en apprenant qu'ils étaient venus armés dans le bureau du Chancelier pour tenter de l'arrêter. Anakin aida Obi-Wan à se relever. Yoda les aida en couvrant leur fuite, puis les rejoint. Fort heureusement, le Chancelier n'avait encore eu le temps d'alerter toute la sécurité du sénat et, profitant de cette chance, les Jedi puirent regagner leur transport et s'enfuir en direction du Temple.

۞

Ce matin, le sénat avait été convoqué en séance extraordinaire. Le Chancelier ne requiérait que rarement ce type d'assemblé et cela n'annonçait en général rien de bon. Padmé était assise dans sa nacelle sénatoriale, mais elle n'avait pas le cœur à travailler ce matin. S'il n'y avait pas eu cette convocation, elle ne serait d'ailleurs pas venue. Hier soir, Anakin avait quitté leur appartement, très soucieux, et n'était pas encore revenu. Il lui avait dit de lui faire confiance. Il disait qu'il savait ce qu'il faisait. Mais cela n'enlevait pas pour autant cette peur de le voir blessé que Padmé portait perpétuellement en elle.
Bail Organa vint s'asseoir aux côtés de sa collègue sans dire un mot. Lui aussi était soucieux. Pas pour les mêmes raisons, évidemment, mais au moins elle pouvait déguiser sa mauvaise humeur en prétextant cette réunion.
Il ne fallut pas longtemps au sénat pour être réuni. Le Chancelier était au centre de l'assemblé, prêt à donner le discours le plus intriguant qu'il ait annoncé depuis longtemps.

- J'ai le regret de vous annoncer que nous avons été trahi, déclara-t-il froidement et de manière énigmatique. Les Jedi ont conspiré contre moi, contre le sénat, contre la République !

Padmé sentit son dos se glacer. Elle ne pouvait pas croire ce qu'elle venait d'entendre ! Les Jedi étaient les protecteurs de la paix, comment pourrait-il s'en prendre à la République ? Elle était mariée à l'un d'entre eux. Si quelque chose se tramait contre le sénat, elle l'aurait évidemment su. La sénatrice comprit immédiatement qu'il s'agissait d'un mensonge. Quelque chose d'autre se cachait derrière cette déclaration.

- Hier soir, une délégation de trois Jedi a essayé de m'assassiner, ici même, dans ces bâtiments ! Leurs pouvoirs les ont rendu trop puissants et l'inévitable est arrivé : ils veulent prendre le contrôle de la République et me renverser, continua-t-il alors qu'un brouhaha général d'indignation se propageait dans l'assemblée.
- Je ne peux pas le croire, murmura Padmé à l'intention de son collègue sénateur.
- Les Jedi sont désormais des ennemis de la République, déclara-t-il avec détermination. Je m'assurerai qu'ils soient traqués et éliminés, afin de garantir la paix et la sécurité de tous les citoyens de vos systèmes.

Un tonnerre d'applaudissement retentit dans la salle alors qu'une larme solitaire et silencieuse coula le long de la joue de Padmé. Elle aurait voulu se lever et quitter l'assemblée sur le champ. Malheureusement, un tel comportement aurait attisé les soupçons et elle ne pouvait se le permettre. Elle devrait écouter ces horribles accusations jusqu'au bout, sans flancher. Son habilité à dissimuler ses sentiments en matière de politique était plus que jamais mise à l'épreuve.

- Les séparatistes, récemment rejoints par le Comte Dooku, se sont ralliés dans le système de Mustafar. J'ai déjà dépêché un commando de clones pour les arrêter et éliminer ceux qui menaceraient plus longtemps la République. Le général Grievous a par ailleurs été repéré dans le système d'Utapau. La fin de la guerre n'est plus qu'une question de jours, ajouta-t-il alors que les applaudissements se firent plus sonores.

L'assemblée se conclut mais ne débarrassa pas Padmé de son sentiment de dégoût. Comment était-il possible qu'un homme seul puisse berner une assemblée entière de sénateur ?

- Puis-je vous raccompagner ? demanda poliment le sénateur Organa, remarquant que sa collègue ne se sentait pas bien.
- Non, merci, répondit poliment Padmé. J'ai besoin d'être seule, ajouta-t-elle en se dirigeant vers son transport officiel.

Pendant ce temps, le Chancelier se dirigeait vers la commande vocale personnelle de son bureau. Il allait mettre son plan à exécution.
La silhouette holographique d'un clone apparut au centre de la table de contrôle.

- Executez l'ordre 66, ordonna-t-il froidement.

Le clone s'inclina, comprenant parfaitement l'ordre qui lui avait été donné.
Tout ne s'était pas passé exactement comme il l'avait espéré. Darth Sidious souhait acquérir un nouvel apprenti. Au lieu de cela, il se retrouvait à nouveau avec le Comte Dooku. Ses deux bras avaient été remplacés par des prothèses mécaniques. En cela, il ne différait pas entièrement d'Anakin. En revanche, il était plus âgé et n'offrait pas un potentiel comparable. Sidious décida qu'il s'en contenterait. Par ailleurs, le jeune et arrogant Jedi qui avait fait échouer son plan le paierait. Cher.

۞

Padmé entra dans son appartement pour recevoir la première bonne nouvelle de la journée. Anakin était rentré et il était sain et sauf.
Elle courra pour se perdre dans son étreinte. Elle l'avait vu la veille, mais, compte tenu de la situation actuelle, il lui avait encore plus manqué qu'après une séparation de plusieurs mois.

- J'étais tellement inquiète ! s'exclama-t-elle en le dévisageant, comme pour s'assurer qu'il était bien réel. Qu'est-ce qui se passe ?
- Le Chancelier est le Seigneur Sith que nous recherchions, répondit-il tristement en relâchant son étreinte. C'est lui qui a commandé la tentative d'assassinat contre Zemfira. Il est à l'origine de cette guerre ! ajouta-t-il avec horreur.

Padmé aurait aimé lui dire qu'elle ne pouvait pas le croire, que c'était impossible. Pourtant, elle suspectait le pire depuis longtemps. Elle ne s'était pas imaginé que la situation serait aussi grave, mais elle n'avait pas de mal à le croire non plus.

- Il faut que nous quittions cette planète ! déclara-t-il en la dirigeant vers leur chambre. Tout de suite ! Fais tes affaires. Contact les autres sénateurs connus pour être des opposants à Palpatine, immédiatement. Vous êtes en danger.
- Comment ? demanda-t-elle, stupéfaite. Je ne peux pas m'enfuir maintenant ! Si nous partons, il ne trouvera plus aucune opposition à ses propositions absurdes et la République en souffrira.
- Tu ne peux pas sauver la République, Padmé ! s'emporta-t-il en relâchant sa main. C'est trop tard. Il a pris le contrôle du sénat. Nous devons nous replier et sauver nos vies.

Padmé ne put soutenir le regard de son mari plus longtemps. Elle ne pouvait pas se résigner à croire que le travail de toute une vie avait été inutile. Que quelqu'un allait détruire tout ce pourquoi elle s'était battue. Et tous ces sacrifices qu'elle avait faits, ces mois passés loin d'Anakin pendant la guerre. Tout cela aurait-il été fait en vain ?

- Je ne peux pas abandonner mon devoir ainsi, déclara-t-elle tristement. Des milliards de vies ont besoin de nous !
- Padmé, répondit-il calmement. Je suis en danger ici.

Si quelqu'un menaçait sa vie, Padmé était déterminée et ne changeait que difficilement sa position. Si quelqu'un menaçait la vie de celui qu'elle aimait, en revanche, la situation était complètement différente.

- J'ai trahi le Chancelier. Je lui ai menti et je l'ai dénoncé aux Jedi. Il n'hésitera pas et ne reculera devant rien pour se venger, déclara-t-il avec tristesse.

Padmé commença à réaliser l'ampleur de la situation. Il ne s'agissait plus de devoir. Il était maintenant question de survie.

- Ma demande aujourd'hui n'est pas la même que celle que je t'ai faite maintes fois. Je ne veux pas que l'on fuit tous les deux notre devoir pour être ensemble. Je veux l'on parte d'ici, car si nous ne le faisons pas, nous n'y survivrons pas ! expliqua-t-il avec ferveur.
- Je vais préparer mes affaires. Envoie un message au sénateur Organa et à Mon Mothma. Où nous rendons-nous ?
- Sur Alderaan. Le sénateur Organa est déjà au courant, c'est lui qui a suggéré ce repli et il a offert sa planète comme refuge. Maitre Yoda et Obi-Wan ont déjà envoyé un message pour prévenir les Jedi en mission sur d'autres planètes de notre point de ralliement.

Padmé hocha de la tête avec mélancolie. Au moins, son meilleur allié au sénat était toujours de son côté et avait choisi de soutenir les Jedi.

۞

Alderaan en hiver était d'une beauté que peu de planètes dans la galaxie pouvaient prétendre égaler. De fins flocons de neige tombaient du ciel et recouvraient le sol, formant un manteau blanc qui étouffait les sons et plongeait la planète dans un calme presque parfait.
Zemfira ouvrit les yeux péniblement. Elle ne savait pas où elle était et comment elle y était arrivée. Tout était encore très flou dans son esprit. La jeune fille tenta de se relever et sentit une puissante douleur lui traverser la poitrine.

- Reste calme, demanda Obi-Wan en posant délicatement sa main sur l'épaule de la jeune fille. Tu as des côtes cassés, informa-t-il en l'aidant à se recoucher. Tout va bien, tu te sentiras mieux d'ici quelques jours.
- Où suis-je ? demanda-t-elle, la gorge sèche. Et que s'est-il passé ?
- Nous sommes sur Alderaan, en sécurité. Tu as été blessée durant ta mission sur Coruscant.

Soudain, les images lui revinrent à l'esprit. Les gardes du Chancelier, la prison de la capitale galactique, la fuite du Comte Dooku.

- Non ! s'exclama-t-elle, horrifiée. Je dois prévenir Anakin ! Le Chancelier est un traitre. Ses gardes se sont retournés contre moi, je n'ai rien pu faire.
- Ne t'en fais pas, répondit calmement Obi-Wan. Nous le savons. Le Chancelier est le Seigneur Sith que nous recherchions. Tu as fait preuve d'une grande sagesse et avait raison de t'en méfier.
Zemfira ferma les yeux un instant. Son réveil avait été douloureux et toutes ces révélations étaient venues si vite. Elle n'avait pas pris le temps de réfléchir. Des souvenirs lui revinrent, mais elle n'arrivait pas à les comprendre. Ces images qui traversaient son esprit lui étaient étrangères. Il ne s'agissait pas de ses souvenirs.

- Obi-Wan, je vous en prie. Je suis complètement perdue ! pleura-t-elle en tentant de bouger le moins possible pour ménager ses côtes. Qu'est-il arrivé ?
- Le Chancelier a commandé la tentative d'assassinat dont tu as été la victime dans le but de provoquer la colère d'Anakin. Depuis longtemps, il espérait en faire son apprenti et l'utiliser pour parvenir à ses fins. Mais il a échoué et Anakin t'a sauvé.
- Il m'a sauvé ? demanda-t-elle, surprise.

L'un de ses derniers souvenirs lui revint soudain en tête. Juste avant de perdre connaissance, allongé sur le sol du centre de détention de Coruscant, elle l'avait appelé.

- Il t'a retrouvé en mauvais état, mais grâce à lui, ton opération s'est bien passée. Il a fallu remplacer les os de ton dos par une colonne vertébrale. C'est une opération périlleuse, mais tu as survécu.

Zemfira se souvint. Des images et des émotions l'envahirent. Elle voyait Anakin dans la salle avec elle. Elle sentait leurs cœurs battre ensemble et ne former qu'un.

- Pourquoi sommes-nous sur Alderaan ?
- Tu es très curieuse pour quelqu'un qui se réveille d'un coma de quatre jours, répondit-il. Nous avons échoué dans notre tentative d'arrestation du Chancelier. Il a déclaré au sénat que les Jedi étaient désormais des ennemis de la République. Des clones s'en sont pris au Temple. Nous n'avons pas pu sauver tout le monde, ajouta-t-il, empli d'une insupportable tristesse. Des milliers de clones ont investi le Temple. C'était une attaque sournoise que nous n'avions pas prévue ! Nous n'avons pu ramener avec nous que quelques jeunes Jedi. Beaucoup des nôtres ont été massacré.
- Mais presque tous les Jedi sont en mission ! Il en reste beaucoup, éparpillés à travers la galaxie.
- Palpatine l'avait prévu, répondit sombrement Obi-Wan. Les clones ont reçu l'ordre de nous exécuter.

Zemfira ferma les yeux mais ne put retenir une larme de douleur. Horrifiée, elle ne savait quoi répondre.

- Anakin et moi avons envoyé la consigne à tous les survivants de nous rejoindre ici. Alderaan est la planète du sénateur Organa, nous lui faisons confiance. Ici, nous serons en sécurité. Il nous faut nous réunir pour organiser notre défense.
- Où est Anakin ? demanda Zemfira, soucieuse.
- Il est resté sur Coruscant pour avertir les sénateurs opposés au Chancelier de la gravité de la situation. Il sera bientôt là, ne t'en fais pas.

۞

Le vaisseau de la sénatrice de Naboo se posa sur la plate-forme d'atterrissage officielle de la famille royale d'Alderaan. Elle était accompagnée de la sénatrice Mon Mothma, suivie par le Jedi Anakin Skywalker.
Le sénateur Bail Organa et Yoda attendaient, en face du sas de sécurité, que leurs invités les rejoignent.

- Sénatrices. Je suis soulagée de vous voir saines et sauves ! déclara-t-il en leur faisant signe de le suivre à l'intérieur.

Yoda et Anakin restèrent en retrait. Les deux Jedi avaient d'importants sujets à aborder.

- Ton apprentie réveillée est, déclara Yoda, décidant que de commencer par une bonne nouvelle ne ferait de mal à personne.
- Bonne nouvelle, répondit Anakin en suivant les sénateurs à l'intérieur. J'aimerais la voir.
- Avec Obi-Wan elle a parlé. Au courant de la situation, elle est. Plus tard la voir tu iras.
- Est-ce que d'autres Jedi ont repris contact?
- Maitre Ki-Adi-Mundi et Maitre Secura, répondit Yoda sans grande satisfaction.
- C'est tout ? s'horrifia Anakin.

Le vieux maitre hocha tristement de la tête. Il ne restait que très peu de Jedi. L'Ordre avait été décimé par les clones. Ils n'étaient pas des combattants hors pairs, mais pris par surprises et attaqués par des centaines d'entre eux en même temps, les Jedi n'avaient que de très minces chances de survie. A l'heure actuelle, l'Ordre Jedi autrefois si puissant semblait n'être constitué que de cinq Jedi, d'une padawan blessée et de trois enfants.

- Ta mission, un succès a-t-elle été ?
- La sénatrice Amidala a très mal pris la nouvelle, répondit-il tristement. Elle nous accorde cependant son soutien inconditionnel. La représentante Mon Mothma ne s'est pas opposée à notre demande et nous accorde également son soutien.
- Si nous voulons survivre, de nos alliés, grand besoin nous allons avoir, ajouta Yoda, pensif.
Partie 1 - Chapitre 7


Padmé observait le soleil se coucher au-delà des montagnes d'Alderaan. La beauté de cette vue, aussi surprenante qu'elle puisse être, ne réussissait pas à calmer sa peine. Dans quel monde allait-elle donner vie à son enfant ? Tout s'était passé si vite, elle ne parvenait pas encore à réaliser pleinement la gravité de la situation. Rien n'était plus certain. Elle ne savait même pas si elle pourrait revenir au sénat et continuer à servir sa cause. Depuis toujours, elle avait été l'une des plus ferventes opposantes de la politique du Chancelier. Maintenant qu'il avait révélé sa vraie nature, la vie de la sénatrice de Naboo était plus menacée que jamais.
Le sas automatique qui menait à sa chambre s'ouvrit pour laisser passer Anakin.

- On ne t'a pas suivi ? demanda-t-elle en détournant son regard de la fenêtre pour lui faire face.
- Ne t'en fais pas, personne ne m'a vu, répondit-il en souriant avant de prendre sa femme dans ses bras.

Anakin n'avait nul besoin d'être un Jedi pour sentir la détresse de la jeune femme. La politique avait toujours été sa passion. Avant de le connaître, son poste de sénatrice occupait toute sa vie. Cet état de fait rendait d'autant plus difficile de lui annoncer la mauvaise nouvelle que Bail venait de rapporter.

- Les séparatistes ont été massacrés. Nous soupçonnons Dooku de les avoir trahis et d'avoir effectué cette mission pour le compte de son maitre. Palpatine s'est autoproclamé Empereur, déclara-t-il, ne trouvant pas de manière douce de l'annoncer.
- Cela n'a rien de surprenant. Il travaillait à acquérir plus de pouvoir depuis longtemps. Je pensais que cela allait finir par arriver.
- Comment te sens-tu ? demanda-t-il, pour retourner sur un sujet plus personnel.

Padmé activa la commande qui permettait l'accès au balcon de sa suite. Elle avait besoin de prendre l'air. L'atmosphère de la demeure royale d'Alderaan devenait étouffante.

- Je vais bien, répondit-elle en inspirant longuement. Je te le promets ! La situation est critique. Mais tu vas bien. Je ne sais pas ce que j'aurais fait s'il t'était arrivé quelque chose.

Anakin se rapprocha et enlaça tendrement sa femme. Pendant bien longtemps, il avait souhaité qu'elle lui dise cela. Elle l'aimait, il en était certain, mais le bien-être de la communauté et son poste au sénat signifiaient beaucoup pour elle. Padmé avait toujours refusé de s'enfuir avec lui et d'abandonner son devoir. Il la respectait énormément pour cela. Elle avait une force de caractère et un sens des responsabilités à toute épreuve. Cependant, aujourd'hui, alors que la République s'effondrait, elle survivrait. S'il lui était arrivé quelque chose et qu'elle avait perdu sa famille, elle n'y aurait pas survécu. Elle n'aurait pas voulu survivre. Ce constat suffisait à Anakin pour savoir que, malgré leurs longs mois de séparation, elle le plaçait encore et toujours au-dessus de tout le reste.

- Qu'allons-nous faire maintenant ?

La question la plus basique était également la plus délicate. Les derniers Jedi vivants étaient recherchés dans toute la galaxie.

- Je ne sais pas. Nous avons attendu des survivants suffisamment longtemps. Je ne pense pas que d'autres Jedi nous rejoindront. Nous en parlerons tout à l'heure en réunion avec les autres.
- D'accord, mais toi et moi ? Notre enfant naitra bientôt, nous ne pouvons pas être séparés.
- Ça n'arrivera pas, répondit-il, convaincu. Il faut que l'on parle de ça. Je ne sais pas s'il est toujours judicieux de nous cacher.
- Mais et les Jedi ? Tu n'as pas peur qu'ils te renient ?
- Padmé. Quels Jedi ? L'Ordre n'existe plus. En comptant les enfants et mon apprentie, nous n'atteignons même pas le nombre de dix !
- Pourquoi ressens-tu le besoin d'en parler maintenant ?
- Il y a de très grande chance que notre enfant soit extrêmement sensible à la Force. Le Chancelier... Enfin, je veux dire l'Empereur, voulait que je le joigne, il faut s'attendre à ce qu'il s'en prenne à notre famille.

Padmé porta instinctivement ses mains à son ventre. Elle n'y avait jamais vraiment songé. Elle s'était demandée si leur enfant aurait les yeux clairs de son père et les cheveux foncés de sa mère. Elle s'était demandée s'il s'agirait d'une fille ou d'un garçon. Padmé ne s'était cependant pas inquiétée des pouvoirs qui se développaient en elle. Il était naïf de penser qu'Anakin ne léguerait à leur progéniture que son sourire ou la couleur de ses yeux. Evidemment, l'être le plus réceptif à la Force de la galaxie engendrerait des Jedi.

- Il ne peut pas faire ça !
- Je ne le laisserai pas faire. Ceci dit, un peu d'aide serait la bienvenue. Et puis, nous n'avons plus à cacher que nous sommes ensembles.

Anakin l'enlaça tendrement et caressa ses longs cheveux bruns. Il la trouvait bien plus celle lorsqu'elle les laissait détacher. Ses coiffures sophistiquées représentaient la partie sénatoriale de la jeune femme. Lorsqu'elle était ainsi, portant une simple robe bleu qui ne cachait pas sa grossesse, elle était simplement sa femme. Et il aimait cette sensation. Le constat qu'il pourrait en profiter autant qu'il le voulait était étrange. Il n'arrivait pas encore à réaliser qu'ils n'avaient plus aucune raison de se cacher à présent. Bien que cette pensée soit réjouissante, il aurait aimé que cela arrive dans d'autres circonstances.

- Tu t'imagines que tu vas pouvoir vraiment vivre avec moi ? demanda-t-il en souriant.
- Je ne sais pas trop ce que ça va donner, répondit-elle, incapable de contenir son désir de l'embêter. Tu laisses trainer tes affaires partout et tu passes ton temps à bricoler des vieux droïdes.
- Et tu as une pièce entière pour ranger tes robes, ce qui me dépasse complètement ! répondit-il en riant.
- Nous aurions peut-être du y penser avant de nous marier et de faire un enfant... répondit-elle d'un ton faussement sérieux.
- Nous sommes foutus... répondit Anakin en la serrant contre lui.


۞

Zemfira avait quitté sa chambre et décida qu'il était temps pour elle de faire ses premiers pas avec sa nouvelle colonne bionique. La sensation était étrange. Elle pouvait marcher et sentait comme avant, mais les commandes que son cerveau envoyait à ses membres semblaient différentes. Obi-Wan lui tint la main pour qu'elle ne perde pas l'équilibre et l'accompagna jusqu'à la salle du trône où devait se tenir une importante réunion entre les Jedi survivants et les sénateurs loyalistes.

- Je ne sais pas si j'aime ça... déclara la jeune fille dont la tête commençait à tourner.
- Tu vas t'y faire, répondit calmement Obi-Wan. Ton esprit et ton corps ne sont plus totalement en harmonie, mais avec de la pratique, tu retrouveras ton aisance. Anakin sera de meilleurs conseils que mois. Il avait beaucoup souffert de la perte de son bras.

Zemfira et Obi-Wan entrèrent dans la grande salle. Le bruit de leur pas brisa le silence qui y régnait. Ils étaient en avance, mais quelqu'un les attendait déjà. Anakin se retourna pour faire face à ses amis. Le sourire qui se dessina sur son visage manifestait une joie et un soulagement immenses. Son apprentie était en vie et elle allait bien. Sans attendre une seconde de plus, il coura jusqu'à elle et la souleva du sol pour la serrer dans ses bras. Après un court instant, il la reposa sur le sol et la contempla avec joie.

- Comment te sens-tu ? demanda-t-il, bien qu'il ait l'étrange sensation de déjà connaître la réponse à sa question.
- Je vais bien. Je ne contrôle pas encore très bien mes mouvements, mais je n'ai plus mal.
- Tu t'y habitueras très vite, ne t'inquiète pas.

Les trois Jedi marchèrent en direction de la grande table où devait se tenir la réunion. Anakin était arrivé plus tôt dans un but précis. Beaucoup de choses devaient être dites aujourd'hui. Il ne voulait pas le faire devant le comité complet, incluant les sénateurs.

- Zemfira. Obi-Wan t'a probablement expliqué ce qui s'est passé au Temple durant ton opération, déclara-t-il calmement.

La jeune hocha de la tête. Elle savait ce dont il voulait parler. Elle avait expérience des sensations nouvelles et étranges. Des images et des impressions, des souvenirs qui n'étaient pas les siens avaient traversé son esprit comme des milliers d'éclairs. A cet instant précis, elle le ressentait encore. Pour une raison qui lui était inconnue, elle se sentait plus proche de son maitre que jamais. Ils avaient toujours eu de bons rapports, mais à présent, elle ressentait ce qu'il ressentait, elle pensait comme il pensait. Une sorte de lien très puissant semblait s'être créé entre eux.

- Qu'en est-il de toi ?
- J'ai vu le désert de Tatooïne, un vieux toydarien dans un magasin de ferrailles, le Temple au coucher du soleil et les lacs de Naboo. J'ai vu Obi-Wan – sans barbe, ajouta-t-elle en riant. J'ai vu...

Padmé. Elle savait pour Padmé et les sentiments que son maitre éprouvait pour elle. Mais, après réflexion, elle décida de ne rien dire. Elle préférait qu'il décide d'en parler et ne briserait pas son secret.

- J'ai vu beaucoup de chose, finit-elle par avouer.

Anakin s'avança vers la fenêtre et focalisa son regard sur les montagnes enneigées d'Alderaan. Cette révélation était plus délicate qu'il ne l'avait imaginé. Il n'avait pas honte de ses actes et il aimait sa femme au-delà de la raison. Depuis toujours, il lui avait promis que, si elle le désirait, il quitterait l'Ordre pour elle.
Ce qui dérangeait le jeune Jedi, à cet instant précis, n'était pas que tout le monde sache qu'il avait épousé la sénatrice de Naboo, mais plutôt qu'il l'avait caché pendant presque quatre ans.

- Il y a des choses dont j'aimerais que nous parlions avant la réunion, déclara-t-il calmement.

C'était un début. Engager la conversation, garder son calme, choisir les bons mots. C'est ce que Padmé aurait fait.

- Nous t'écoutons, répondit Obi-Wan qui avait déjà une idée de ce que pourrait être le sujet de la discussion.

Anakin se retourna. Ayant regagné son calme, il décida de faire face à ses amis.

- Vous savez que j'ai toujours été proche de la sénatrice de Naboo. Nous nous sommes connus enfant et nous avons toujours eu un attachement profond.
- Continue, déclara Obi-Wan qui voulait entendre toute l'histoire avant de faire un commentaire.
- J'ai besoin d'elle. Je l'aime, je l'ai toujours aimée, déclara-t-il calmement, ne trouvant pas de meilleurs mots pour exprimer ce qu'il avait en tête.
- Ça n'est pas un secret, remarqua Obi-Wan. Tu ne l'as jamais déclaré ouvertement, mais tu ne l'as jamais complètement caché non plus.
- C'est vrai, concéda Anakin, pensif.

Il n'avait jamais prononcé ces mots. En revanche, chaque sourire à l'annonce d'un retour de mission, chaque regard sombre en quittant Coruscant pour retourner sur les champs de bataille et chaque longue nuit passée seul et sans dormir avaient témoignés de son attachement profond. Pas une seule fois il ne l'aurait renié. Il ne pouvait pas nier son amour pour sa femme, même s'il l'avait voulu.

- Padmé et moi nous sommes mariés juste avant le début de la guerre. Je sais, le Code l'interdit. Je sais, je vous l'ai caché pendant très longtemps. Et oui, je sais que l'attachement est considéré comme nocif pour un Jedi. J'ai fait tout cela, mais comprenez bien que pas une seule seconde je n'ai eu le choix. Je devais le faire, ajouta-t-il tristement.

Et c'était vrai. Ne pas l'avoir près de lui aurait été comme rejeter ce qui faisait de lui l'homme qu'il était.
Obi-Wan ne commenta pas immédiatement la révélation de son ancien apprenti. Un silence pesant s'installa, mais il était nécessaire pour permettre au maitre Jedi de réfléchir. La sénatrice était enceinte. Ses longues robes avaient longtemps caché cet état de fait. Mais, depuis leur arrivée sur Alderaan, elle n'avait plus cherché à le cacher et il était évident que la naissance de son bébé était proche.

- Alors c'est ton enfant que porte la sénatrice ? demanda Obi-Wan, plus par surprise que par réel questionnement.
- Il vaudrait mieux l'espérer, répondit Anakin sur le ton de la plaisanterie, dans l'espoir de détendre un peu l'atmosphère.

Obi-Wan avança d'avant en arrière en triturant sa barbe. C'était une sacrée révélation. Mais pas vraiment une surprise non plus. Anakin n'avait rien de conventionnel. Et son ancien maitre avait su, pendant les longs mois passés à la guerre, que quelque chose se passait entre la sénatrice et son padawan. Il était plus calme. Il était parfois même serein. En fait, elle avait rendu Anakin heureux. Il s'agissait en quelque sorte d'une vérité inavouée entre eux. Si elle avait réussi là où tout le reste avait échoué, il ne souhaitait pas lui enlever le seul élément de sa vie qui le faisait sourire. Alors ils étaient restée silencieux, l'un comme l'autre, et avaient prétendu ne rien savoir. Et c'était bien ainsi.

- Je ne peux pas dire que je suis étonnée, déclara Zemfira en brisant le silence. Je le savais, puisque je l'ai vu.
- Je respecte ton choix de ne pas me l'avoir dit, déclara calmement Obi-Wan, en choisissant bien ses mots. Aujourd'hui, il n'y a aucune menace d'expulsion qui pèse sur toi. J'aimerais cependant que tu saches que, si tu me l'avais dit dans d'autres circonstances, je t'aurais soutenu face au Conseil.

Anakin ne répondit rien. Il n'y avait pas de mot pour exprimer sa gratitude face à une telle prévue d'amitié. Son ancien maitre et lui étaient très liés. Comme des frères. Et son apprentie venait les compléter à la perfection. Ils formaient une très bonne équipe. Une famille.
Famille qui, dans très peu de temps, allait s'agrandir. Et la sécurité de ceux qu'il aimait inquiétait toujours le jeune Jedi.

- Ton enfant devra être mis en sureté, déclara Obi-Wan pour relancer la discussion. Nous devrons tous veiller à ce que l'Empereur ne le découvre jamais. Même si elle désapprouve, Padmé ne doit pas continuer à servir comme sénatrice de Naboo.
- Nous en avons déjà parlé. Elle fera ce qui est nécessaire pour protéger notre famille.
- Il ne s'agit pas que de cela. Tu as le taux de midi-chloriens le plus élevé jamais enregistré dans la galaxie. Si l'Empereur mettait la main sur ton enfant, il pourrait être une terrible menace pour nous tous.

Les trois Jedi ne purent terminer leur discussion. La grande porte qui menait à la salle de trône s'ouvrit pour laisser entrer les trois sénateurs loyalistes, suivis des maitres Yoda, Secura et Ki-Adi-Mundi. Les seuls survivants de l'Ordre Jedi.
Tous s'installèrent à la grande table de réunion pour débattre de la conduite à adopter.
Bail Organa resta debout et décida de présider l'assemblée.


- Pour commencer, j'aimerais vous remercier d'avoir accepté d'assister à cette réunion. Nous prenons tous des risques en cachant des chevaliers Jedi et en nous opposant à la politique de l'Empereur. Le sénateur Fang Zar, de Sern et le sénatrice Chi Eekway, de Wroona, nous accordent tout leur soutien mais n'ont pu être présents. Ils ne sont pas encore reconnus comme des opposants actifs de Palpatine et, pour leur sécurité, nous avons jugé préférable de ne pas éveiller les soupçons.
- Je pense qu'il serait temps de mentionner aux Jedi la nature des réunions auxquelles nous avons pris part avant la crise récente, déclara Mon Mothma de sa voix toujours calme.

Zemfira et Anakin se regardèrent avec surprise. La jeune padawan était surprise de ne pas connaître l'existence de ces réunions, puisqu'elle avait acquis la majeure partie des souvenirs d'Anakin et qu'il était marié à une politicienne. En étudiant plus attentivement son visage, Zemfira compris que son maitre entendait parler de ce sujet pour la première fois, lui aussi.

- Nous avons formé la Délégation des 2000, déclara Padmé, consciente de la surprise et de l'incompréhension de son époux. Il s'agit d'une liste de sénateurs ayant manifesté leur mécontentement face à la politique de Palpatine.
- Cette pétition a été lancée avant qu'il ne s'autoproclame Empereur, ajouta Bail Organa. Aujourd'hui, elle est problématique car elle offre à Palpatine une liste presque exhaustive de ses opposants. Certains sénateurs, tels que Mon Mothma et moi-même avons pris part à sa création de manière informelle. Nous ne l'avons pas signée.

Les Jedi ne répondirent rien. Leur aveuglement face aux événements récents les surprenait toujours. Il n'avait absolument rien vu venir. Anakin sentait de la colère monter en lui. Sa femme ne lui avait rien dit. Pire encore, il n'avait pas besoin de lui poser la question pour savoir que, si tous les sénateurs n'avaient pas signé cette pétition, Padmé, elle, l'avait fait.

- Pourquoi ne pas nous avoir averti ? demanda Anakin.

Par nous, il entendait évidemment lui. Il savait que Padmé et lui avaient toujours eu des points de vue très différents en ce qui concerne la politique et la guerre. Jamais cependant il n'avait imaginé qu'elle se mettrait en danger en participant à des projets de réforme très délicats sans lui en faire part.

- Nous ne savions pas de quel côté vous alliez vous ranger, répondit Mon Mothma. Il nous a paru plus sage à l'époque d'agir dans le secret.
- Quoi qu'il en soit, nos efforts ont été vains. Nous n'avons pas pu sauver la République, reprit Padmé. Cette liste prouve que tous les sénateurs ne sont pas d'accord avec les nouvelles dispositions. Il est peut être encore temps d'agir.
- Je ne pense pas que cela soit sage, répondit sombrement Bail Organa. La proclamation de l'Empire a été étonnamment bien reçue au sénat. Beaucoup de systèmes approuvent ce changement.
- Attendre des temps meilleurs, nous devrions, suggéra Yoda.
- Je suis d'accord. La nouvelle est encore trop récente. Presque tous les Jedi ont péri. De plus, votre camp loyaliste est trop faible pour agir en ce moment, ajouta Ki-Adi-Mundi.
- Que suggérez-vous de faire, maitres Jedi ? demanda le sénateur Organa.
- Nous cacher. Reprendre des forces, nous préparer pour mieux nous défendre plus tard. Une offensive prématurée pourrait bien signifier notre perte, répondit Obi-Wan avec tristesse. Je suggère que les sénateurs qui n'ont pas signé la pétition gardent leur place au sénat. Nous aurons besoin de gens à l'intérieur de l'Empire, qui pourront nous informer des décisions de Palpatine.
- Et les autres ? demanda Padmé, préoccupée.
- Vous pourrez toujours agir de l'extérieur, répondit Aayla Secura. Lorsque le temps sera venu, nous aurons besoin de vous pour ramener la paix et démanteler l'Empire. La galaxie n'est juste pas prête pour un tel renversement pour le moment.

La discussion ne dura pas plus longtemps. Les sénateurs décidèrent de retourner au plus vite à la capitale pour ne pas éveiller les soupçons. Quant aux Jedi, un dernier détail restait à régler pour eux.

- Sur Dagobah, je me rendrai, déclara Yoda. Maitres Mundi et Secura ?
- Nous pouvons nous rendre sur Tatooïne. C'est un endroit parfait pour les fugitifs. Et puis, L'Empire n'y a pas encore d'emprise.

Yoda hocha de la tête en approbation. Les survivants devaient être séparés pour leur sécurité.

- Et les enfants ? demanda Obi-Wan.
- Bail Organa gardera la fille. Les deux autres jeunes Jedi seront gardés par Mon Mothma. Ils vivront une vie normale. C'est ce qu'il y a de mieux pour leur sécurité. Jusqu'à ce qu'ils soient en âge d'être entrainé, répondit Aayla Secura.
- Et pour l'enfant de Padmé ? ajouta Obi-Wan en dirigeant son regard vers la sénatrice de Naboo.

Padmé semblait soucieuse. Les regards de tous ces Jedi posés sur elle la mettaient mal à l'aise.

- Nous resterons à l'écart, déclara Anakin.
- Sur Naboo, ajouta Padmé. Je connais bien cette planète et il y a des coins qui sont très reculés. Personne ne pensera à nous chercher là-bas.
- Et moi ? demanda Zemfira qui était restée très silencieuse jusque là.
- Avec les Skywalker, tu iras, répondit Yoda.

Les Skywalker. C'était la toute première fois que leur identité était révélée de cette façon. Padmé avait beau être la femme d'Anakin, jamais elle n'avait été désignée par son nom.

- Obi-Wan. Avec eux, j'aimerais que tu ailles. De beaucoup d'entrainement nous avons encore besoin. Ensemble, plus fort vous serez.
- Et vous ? demanda Obi-Wan à l'intention du vieux maitre Jedi. Vous serez seul ! s'exclama-t-il, surpris.
- De solitude, j'ai besoin. Aveugle nous avons été. Méditer sur nos erreurs il va falloir.


۞

Anakin préparait le vaisseau que Bail Organa lui avait mis à disposition pour son départ pour Naboo. Il avait pour habitude de revérifier les paramètres avant chaque long voyage. Aujourd'hui, cette tâche habituellement facile lui prit beaucoup de temps. Il préférait revérifier le vaisseau dix fois plutôt que de devoir faire face aux explications de Padmé. Pour le moment.
Un son aigue et prolongé indiqua à Anakin que son droïde astroméchano n'était pas tout à fait satisfait de sa tâche.

- Je sais que tu l'as déjà vérifié. Revérifie-le encore une fois ! Ajouta-t-il en entrant des nouvelles coordonnées dans l'ordinateur de contrôle.

Anakin avait passé beaucoup de temps avec son droïde. Il l'accompagnait dans chaque mission et il lui accordait une confiance aveugle. Après les longues années de guerre auxquels ils avaient fait face ensembles, le jeune Jedi arrivait à comprendre son droïde. C'était étonnant, car les sons émis par les droïdes astroméchano étaient rarement assimilés par les humains. Les deux compères avaient tout naturellement développé un mode de communication. Et aujourd'hui, R2D2 n'était pas de bonne humeur.
Nous sommes deux, mon vieux, pensa Anakin en refermant le clavier du tableau de bord.
Un son discret de pas, suivit d'un clappement répétitif sur le sol, vint tirer le Jedi en colère de ses sombres pensés. Il se détourna du poste de commandement et ne fut pas surpris de voir Yoda l'observer avec attention.
- Maitre, salua-t-il poliment.
- Jeune Skywalker. A parler, nous avons.

Le vieux maitre Jedi s'avança vers le poste de copilote et prit de l'élan pour s'installer dans la chaise.

- Préoccupé, tu es.
- Oui, répondit simplement Anakin en baissant les yeux.
- Préoccupé également je suis, répondit le maitre. Le Code des Jedi, brisé il a été.

Anakin ne s'attendait pas à cela. Il releva soudainement le visage et fit face à Yoda avec stupéfaction.

- Vous ne pouvez pas m'exclure ! Même si vous désapprouvez, je resterai un Jedi.

Anakin prononça ces mots et les regretta immédiatement. Il était en colère. Le maitre n'avait pas choisi le bon moment pour venir lui faire la leçon.

- La raison de ma visite, cela n'est pas, répondit calmement Yoda. Surpris je suis seulement.
- Je comprends, maitre.
- Le Code, pas un seulement une relique du passé ce n'est. Une raison d'être, il a ! Protéger du Côté Obscur, de la colère et de la haine.
- Je sais. Je n'ai jamais approuvé certaines de nos règles.
- Constater cela, je puis, répondit ironiquement Yoda.
- Maitre Yoda... je peux comprendre que l'attachement soit interdit aux Jedi. Je comprends également ces mises en garde que vous nous avez faites concernant la haine, la colère et l'agitation. Ce que je ne peux pas comprendre en revanche, c'est l'interdiction de s'attacher à une autre personne.
- L'attachement conduit à la jalousie et à la haine. La jalousie entraine la peur de perdre, et force le sentiment de possession.
- La possession ? répéta Anakin, incrédule. Padmé désapprouverait complètement, je peux vous l'assurer. Il ne s'agit pas de possession mais de sentiments.
- Ha oui ? demanda Yoda. Ton mécontentement actuel, pas lié à la sénatrice et ses secrets il n'est ?

Mince ! Il avait raison. Anakin avait son point de vue concernant les Jedi et l'attachement, mais pour la première fois, il comprenait là où voulait en venir maitre Yoda. Et quel pouvait être la raison d'être d'une telle règle dans le Code.

- Admettons que vous ayez raison, commença à Anakin, trop fier pour admettre qu'il pouvait avoir tort. N'est-il pas possible selon vous de s'améliorer ? Si nous sommes aussi sages que nous le prétendons, ne pouvons-nous pas envisager que les sentiments soient bénéfiques ?
- Possible cela est, concéda Yoda, pensif. Méditer là dessus, je vais. Un Jedi tu es, Skywalker. Créer un nouvel Ordre il nous faudra. Ta tâche, et celle de ton enfant, ce sera.
- Ma tâche ? s'exclama Anakin avec stupéfaction. Maitre, je ne suis pas le dernier des Jedi, il y a encore d'autres moyens. Je ne pourrai jamais accepter cette tâche !
- Tous ensemble nous travaillerons. Méditer. Grandir. Apprendre. Du temps, nous avons. Mais lorsqu'une nouvelle ère commencera, parti je serai peut-être déjà. Agé, je suis. Fatigué. Quand presque 900 ans comme moi tu auras, moins en forme tu seras.

Yoda se leva et se dirigea vers la sortie. Le vieux maitre était soucieux. Anakin Skywalker avait toujours été un Jedi particulier. Son esprit était toujours tourné vers l'aventure. Vers l'avenir. Il avait un goût prononcé pour l'agitation. Des choses qu'un chevalier Jedi ne devait pas désirer. Cependant, il avait un grand cœur et un bon sens du devoir. Il avait trahi le Code des Jedi en épousant la sénatrice de Naboo, mais depuis ces événements, il n'avait encore jamais déçu l'Ordre. Bien au contraire. Il semblait avoir grandi et évoluait pour devenir un meilleur Jedi.
L'avenir seul montrerait à Yoda et au reste de la galaxie s'il pouvait assumer la tâche qui lui incombait désormais.

۞

Padmé s'installa au poste de copilote. Anakin et elle étaient seuls dans le vaisseau que Bail avait mis à leur disposition pour se rendre su Naboo.

- Zemfira et Obi-Wan ne viennent pas avec nous ?
- Ils doivent escorter Yoda jusqu'à Dagobah. Ils nous rejoindront plus tard, répondit-il froidement.

Padmé le regarda avec insistance, mais il ne daigna pas lui rendre son attention. Elle comprit à ce moment qu'il était réellement en colère contre elle. La jeune sénatrice n'arrivait cependant pas à comprendre sa réaction. Depuis des années, ils étaient tous les deux impliqués dans des missions et des complots. Que ce soit pour lui dans les sièges éloignés de la Bordure Extérieure ou elle dans les machinations du sénat, cela n'avait jamais été un gros problème auparavant.

- Tu ne comptes pas m'adresser la parole jusqu'à Naboo ? La route est plutôt longue, tu le sais, n'est-ce pas ?
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, répondit-il d'un air distrait en mettant les navicomposants en marche.
- Alors qu'est-ce qui peut bien te mettre d'une humeur pareille ? s'exaspéra-t-elle.
- Je trouve que ta démarche était stupide. Tu t'es mise en danger. Toi et notre enfant.
- Anakin ! s'exclama-t-elle, elle aussi en colère. J'aime ce que je fais. C'est mon travail et je mène mes missions à bien comme je l'entends. Il me semble qu'il en va de même pour toi.
- C'est vrai, répondit-il en se remémorant une conversation passée très semblable. J'ai tenu le même discours il y a environ trois ans.

Padmé se retourna vers lui, maintenant curieuse. Où voulait-il en venir ?

- Six mois après notre mariage, nous avons tous les deux pris trois jours de congé pour nous voir. Tu avais peur qu'on ne nous laisse pas tranquille sur Coruscant, alors nous nous sommes rejoints sur la quatrième lune libre du système de Hoth, parce que tu disais que, là-bas, personne ne nous reconnaitrait. Je t'ai écouté, et malgré toutes tes plaintes, tu admettras facilement que je finis toujours par t'écouter. Quoi qu'il en soit, la route depuis Geonosis où j'avais du me rendre avant mon congé était longue et j'ai traversé des zones d'astéroïdes en hyperespace pour arriver plus vite vers toi, ce qui t'a mise très en colère. Tu te souviens ce que tu m'as dit le soir où je suis arrivé ?
- Tu ne vis plus que pour toi-même à présent, répondit-elle en citant mot pour mot sa plainte de l'époque.
- Je vois que nos rôles ont été inversés, sénatrice, répondit-il maintenant plus détendu.

Padmé fixa la grande baie vitrée du vaisseau alors que leur transport se lançait dans l'hyperespace. Les milliers d'étoiles qui les entouraient se fondèrent dans une masse floue pour les porter à l'autre bout de la galaxie, où ils seraient enfin en sécurité.
La jeune femme avait toujours été habituée à être plus sage que lui. Il était le Jedi rebelle et très entreprenant qu'elle aimait tant mais qui lui faisait parfois un peu peur. Elle était la voix de la sagesse, la seule parcelle de raison de l'existence de son mari qui l'incitait à ne pas mettre sa vie en danger de manière perpétuelle. Pas le contraire.

- D'accord, répondit-elle, légèrement vexée. Tu as raison. Mais je ne peux pas te dire que je suis désolée pour ce que j'ai fait. Je devais le faire !
- Je sais. Ne t'inquiète pas. Je ne suis pas fâché contre toi.
Leur vaisseau fila rapidement à travers la galaxie jusqu'à une petite planète bleue. En attendant des jours meilleurs, ils allaient devoir rester cachés.
Partie 1 - Chapitre 8


L'Empereur était assis au nouveau bureau qu'il avait fait construire sur Coruscant. Plus imposant. Plus grand. Plus sombre.
La grande porte de duracier qui lui faisait face s'ouvrit pour faire place au Comte Dooku. Après son échec lors de la fausse tentative de capture qui devait être sa dernière mission, Darth Sidious avait décidé de le reprendre sous son aile. Il avait espéré plus, bien plus. Mais, ne pouvant avoir le jeune Skywalker comme il l'avait prévu, il décida de se contenter de ce qui lui restait.
Le Comte avait été blessé durant son dernier combat. La perte de ses deux bras représentait un affaiblissement majeur de ses capacités que le seigneur Sith déplorait. Evidemment, ses membres avaient été remplacés par des prothèses mécaniques qui lui permettaient de toujours pratiquer les arts Sith et le sabre laser. Mais tout de même. Au moins, il ne manquait qu'un bras à Skywalker, pas les deux !

- La construction de l'Etoile Noire a débutée, mon maitre. Nous sommes parfaitement dans les temps.
- Très bien, mon apprenti. Le général Grievous supervisera la construction de notre arme dès à présent. J'ai une autre tâche à vous confier.
- Il sera fait selon vos désirs, mon maitre.

Le seigneur Sith se leva et parcourut la distance qui le séparait de son apprenti d'un pas lent. Sa capuche tombait lourdement, cachant son sombre visage, rendant impossible de lire ses expressions.

- Les Jedi n'ont pas tous été exécutés, commença-t-il de sa voix sombre et énigmatique. Les corps des maitres Kenobi, Skywalker et Yoda n'ont pas été retrouvés.
- Les Jedi ont été pourchassé à travers toute la galaxie. Il se peut que leur mort ait échappé à nos clones.
- Nous l'aurions senti, répondit le Sith avec mépris. Ils sont encore en vie et nous devons remédier à ce contretemps. Les Jedi se sont moqués de nous.

Darth Sidious plaça sa main sur le dos du Comte Dooku pour lui faire signe de le suivre jusqu'à la grande baie vitrée qui offrait une vue imprenable sur Galactic City.

- Je veux que vous traquiez et éliminiez les derniers Jedi, déclara-t-il de sa voix froide.
- Ce sera fait, mon maitre.
- Ils ne se laisseront pas faire. Je veux que vous formiez un nouvel apprenti. Asajj Ventress était d'un appui précieux avant qu'elle ne devienne hors de contrôle. Formez-en un nouveau et utilisez-le pour arriver à vos fins.

Le Comte s'inclina. L'idée lui plaisait. Il enverrait cet apprenti faire tout le sal boulot et ne ferait que diriger les opérations.

- Je veux que tous les nouveaux-nés possédant un taux de midi-chloriens élevés soient détruits. Nous ne prendrons pas le risque de voir renaitre un nouvel Ordre.

Les deux Sith, surplombant la capitale Galactique, étaient satisfaits. Près d'un millénaire les séparait du dernier âge de gloire Sith. Enfin, ils avaient pris leur revanche. Enfin, leur heure était venu de régner sur la galaxie.


۞


Anakin observait le soleil se coucher par dessus les montagnes de la contrée des lacs de Naboo. Il s'était déjà trouvé ici, à ce même endroit. Il y a bientôt quatre ans qu'il avait épousé Padmé dans ce lieu, sur cette même terrasse.
Ce soir, cependant, elle ne se tenait pas à ses côtés. Elle était épuisée d'avoir donné naissance non pas à leur premier enfant, mais à des jumeaux. Anakin ne s'était certainement pas attendu à cela ! Il espérait avoir une fille et elle espérait un garçon. Finalement, elle avait trouvé le moyen de ne décevoir personne, en leur offrant les deux à la fois.
Une fille et un garçon. Anakin Skywalker était le père de jumeaux. Cet état de fait ne rentrait pas encore tout à fait dans son esprit. Tout s'était passé relativement vite. Heureusement.
Sa femme avait énormément souffert et il l'avait fortement ressenti. Le lien qu'ils partageaient à travers la Force avait été plus fort que jamais. Le jeune Jedi avait fait de son mieux pour tenter de la calmer et d'apaiser sa douleur en se concentrant sur elle.
Tout cela n'avait maintenant que peu d'importance. Elle s'était paisiblement endormie et il n'irait pas la déranger avant qu'elle n'ait pu se reposer.
Anakin repensa à ses enfants, qui eux aussi dormaient paisiblement. Cela ne durerait pas éternellement ceci dit. Il décida donc de profiter d'un moment de calme avant de retourner vers eux.
Les jumeaux n'avaient pas encore de noms. Dans son esprit, ils n'étaient que deux êtres minuscules. Mais sans noms. Il allait en parler avec Padmé dès son réveille. Elle avait sans doute songé plus que lui à ce genre de choses.

Alors que le jeune Jedi se perdait dans ses pensés, un cri vint le ramener à la réalité. Les pleurs de sa fille brisaient le calme absolu qui régnait habituellement dans la contrée des lacs. Cette pensée le fit sourire. Plus jamais cet endroit ne serait calme comme avant.
Lorsqu'Anakin entra dans la chambre, il fut surpris de retrouver le petit être dans les bras de sa mère qui était maintenant bien éveillée. Le droïde C3PO quitta la chambre en s'excusant du dérangement. Il avait tendu la petite fille à sa mère, pour qu'elle n'ait pas à se lever.

- Je suis désolé, déclara Anakin en s'asseyant sur le bord du lit. J'aurais aimé que tu puisses dormir plus longtemps, ajouta-t-il en déposant un baiser sur le front de Padmé.
- Ne t'en fais pas. Je dormirai plus tard. Je ne voulais quand même pas manquer ça. Et puis, je pense qu'elle a faim. Il n'y a pas grand chose que tu puisses faire pour elle dans ces circonstances, ajouta-t-elle en souriant.

En effet, leur enfant avait cessé de pleurer et se nourrissait du sein de sa mère. Anakin ne put retenir un sourire à la vue de sa fille, si petite, dans les bras de sa mère.

- Tu as trouvé des noms ? demanda-t-il, curieux.
- Oui, j'ai quelques idées. Mais tu ne veux pas avoir ton mot à dire ? demanda-t-elle, surprise.
- Non, pas vraiment, répondit-il pensif.

Beaucoup de choses s'étaient produites récemment. Il n'avait pas du tout pensé à cela. Et l'idée que Padmé choisisse les noms lui plaisait énormément.

- J'avais pensé à Luke pour un garçon. Et Leia pour une fille, ajouta-t-elle en caressant la tête de son nouveau-né.
- C'est très jolie, répondit-il en s'étendant dans le lit à côté d'elle. Leia et Luke Skywalker, ajouta-t-il avec fierté.
- Ho, ça je ne sais pas ! répondit-elle, faussement outrée. Je n'ai jamais pris ton nom après le mariage, ajouta-t-elle pour le taquiner.
- Eh bien il serait peut-être temps que tu le fasses, tu ne crois pas ?

La raison pour laquelle elle n'avait pas changé son nom pour le sien était d'ordre pratique. Ils devaient à tout prix garder leur union secrète. Maintenant qu'ils vivaient ensemble dans la contrée des lacs, cette omission n'avait plus vraiment de raison d'être. Tout s'était passé si vite que Padmé n'avait simplement pas songé à ce détail. Changer son nom pour celui de son mari ne lui déplaisait pas. En fait, elle se rendit compte que cela lui ferait plaisir. Ils avaient passé si longtemps à se cacher et à renier qu'ils s'aimaient. Maintenant que rien ne les empêchait d'être ensemble, l'idée de changer son nom pour devenir une Skywalker était plaisante. C'était un symbole. Une manière de vraiment montrer qu'ils étaient devenu une famille.

- Nous ferons les changements nécessaires alors, répondit-elle en caressant la joue d'Anakin qui était couché à côté d'elle.

Le jeune Jedi se releva d'un bond et se dirigea vers sa ceinture utilitaire, qu'il avait laissé posée sur une chaise à l'autre extrémité de la chambre.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Padmé, surprise.
- J'aimerais vérifier quelque chose, répondit-il en revenant vers elle.

Il tenait quelque chose dans sa main. Une toute petite aiguille accrochée à un dispositif de lecture.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Un test. Pour les jumeaux. J'aimerais connaître leur taux de midi-chloriens.

Padmé ne s'y opposa pas. Elle espérait simplement que l'opération ne soit pas douloureuse et qu'elle ne déclencherait pas les hurlements de leurs enfants.
Anakin posa sa main contre la toute petite jambe de son fils. Il tenta de le calmer à travers la Force pour que ce dernier ne sente pas la piqûre. Lorsqu'il planta le dispositif dans la jambe de son fils, le nouveau-né sursauta mais ne se plaignit pas.
Anakin observa le petit écran de lecture avec stupéfaction.

- Alors ? demanda Padmé, curieuse.
- 19'458, répondit Anakin, ébahi.
- Et ce n'est pas bien ?

Padmé ne savait pas réellement ce que ces chiffres représentaient. Elle savait qu'Anakin possédait le plus haut taux de la galaxie, mais ne lui avait jamais demandé combien.

- Non, c'est très bien ! répondit-il en souriant. C'est très élevé.
- A combien s'élève ton taux de midi-chloriens exactement ? Tu ne me l'as jamais dit.
- Tu ne me l'as jamais demandé, répondit-il en riant. Le mien est de 23'957 exactement. Mais celui de Luke est très élevé également. Personne, pas même maitre Yoda, n'a égalé nos résultats.
- Et Leia ? demanda Padmé, maintenant curieuse de connaître celui de sa fille également.

Anakin répéta l'opération sur sa fille. Elle ne tressaillit pas. Sa technique qui consistait à calmer ses enfants à travers la Force semblait efficace.

- 17'841. Un peu plus bas que Luke. Mais très impressionnant tout de même, ajouta-t-il sans pouvoir cacher sa fierté.

Anakin retourna s'installer dans le lit près de sa femme et de sa fille affamée. La fierté qui se dégageait de lui aurait pu illuminer toute la pièce. Jamais personne dans toute la galaxie n'aurait pu engendrer les deux petits êtres qui étaient ici, dans cette pièce. Leur réceptivité à la Force était immense. Ils ne pouvaient être que des petits Skywalker.

۞

Les premiers jours de l'existence des jumeaux passèrent rapidement. La famille Skywalker fut rapidement rejointe par Obi-Wan et Zemfira, qui revenaient de leur périple pour Dagobah.
Padmé offrit aux deux Jedi de séjourner dans les maisons adjacentes à la sienne. Ils ne vivaient chacun qu'une centaine de mètres plus loin, dans des maisons légèrement plus modestes, ce qui permettrait à Anakin de continuer à assurer la formation de Zemfira et de continuer à s'entrainer avec Obi-Wan.

Un jour, lors d'un après-midi particulièrement chaud, Padmé et Zemfira prirent les jumeaux sur la terrasse. Ils étaient tous installés sur la grande place couverte, à l'arrière des jardins, où Padmé avait installé la chambre de ses enfants. Une légère brise venait les rafraichir.
Plus loin, à la lisière de la forêt, les deux jeunes femmes constatèrent qu'Obi-Wan et Anakin s'entrainaient au sabre laser. Zemfira était habituée à cela. Padmé, cependant, n'avait encore jamais vu son mari pratiquer le sabre avec son ancien maitre.

- Ils font souvent cela ? demanda-t-elle, envoutée par la scène qui se déroulait devant ses yeux.
- S'entrainer ? s'étonna Zemfira. Oui, souvent. Il aime pratiquer le sabre avec moi pour m'apprendre, mais je ne suis pas un challenge. Il préfère Obi-Wan car il représente un défi.
- Je ne l'avais jamais vu s'entrainer avant.

Padmé était assise dans un petit canapé et tenait Luke dans ses bras. Il était enveloppé dans une très fine couverture blanche. Quant à Leia, elle était calée dans les bras de Zemfira, qui était assise face à Padmé, à l'opposée d'une petite table basse sur laquelle étaient disposés des fruits originaires de Naboo.

- Ta connexion avec lui est très forte, n'est-ce pas ? demanda Padmé qui avait toujours été intriguée par la relation d'Anakin et de son apprentie.
- Il m'a sauvé. Quand j'étais sur Tatooïne, il est venu me chercher alors que l'on m'avait abandonné depuis longtemps. Notre histoire se ressemble. Un peu. Je pense que c'est pour ça qu'il a accepté de me prendre comme apprenti. L'enseignement n'a jamais vraiment été son truc.
- Non, répondit Padmé en riant. Pas vraiment, en effet.
- Quand il m'a aidé à rester en vie pendant mon opération, je ne sais pas exactement ce qui s'est passé. Mais un lien s'est créé.

Padmé observa l'apprentie d'Anakin avec insistance. Elle était fascinée par ce qu'il avait réussi à faire. L'idée que son mari soit attaché à elle de cette manière lui plaisait beaucoup. Il l'avait sauvée et gagné une véritable amie. Elle faisait pratiquement partie de la famille et elle était ravie qu'il ait créé ce lien avec elle. Anakin éprouvait indéniablement des sentiments très forts pour sa femme. Maintenant qu'il était père, il aimait également profondément ses enfants. Mais la relation qu'il avait avec Zemfira et Obi-Wan était d'une autre nature. Ils le complétaient dans d'autres domaines.
Après un court instant, les Jedi rejoignirent les deux jeunes femmes sur la terrasse. Ils étaient essoufflés de leur entrainement et Padmé ne put s'empêcher de réprimer un sourire. Elle trouvait son mari incroyablement séduisant lorsqu'il s'entrainait.

- Avez-vous testé le taux de midi-chloriens des jumeaux ? demanda Obi-Wan en prenant place à côté de Padmé.
- Oui, répondit Anakin. Il est légèrement en dessous de 20'000, pour chacun d'entre eux.
- Alors ils recevront un entrainement de Jedi, s'émerveilla Zemfira en serrant la petite Leia contre elle.

Anakin observa ses deux enfants l'un après l'autre. Il ne pouvait espérer mieux pour eux. Le jeune Jedi releva les yeux et croisa ceux de son ancien maitre en souriant.

- Ne compte pas sur moi pour ça ! s'exclama Obi-Wan. Un apprenti Skywalker est amplement suffisant pour une vie entière, hors de question que j'en prenne un autre, ajouta-t-il en amplifiant son exaspération.

Zemfira éclata de rire. Il était peu probable qu'Obi-Wan refuse de prendre l'un des jumeaux Skywalker sous son aile.
Ils représentaient, après tout, l'espoir pour l'Ordre Jedi.





Fin de la Partie 1
Partie 2 - Chapitre 1
STAR WARS
Générations Partie 2

Situation: 5 ans après les événements de Générations - Partie 1. L'Empire dévoile sa nouvelle arme: L'Etoile Noire. La Galaxie se perd dans une guerre civile tandis que Le seigneur des Sith, Darth Sidious, fait régner la terreur. Les derniers survivants Jedi et un groupe de sénateurs loyalistes se sont organisés pour défendre la galaxie: l'Alliance Rebelle est née.

Note: Il vaut mieux avoir lu la première partie de Générations pour comprendre cette histoire.




La planète Naboo était habituellement paisible et ensoleillée. Le climat tempéré qui y régnait la plupart de l'année la rendait agréable à vivre. Pourtant, ce soir, un orage violent ravageait la petite planète bleue. Le vent soufflait fort, créant des vagues à la surface des grands lacs qui la recouvraient.
Padmé, assise dans son bureau, attendait une transmission holographique de la plus haute importance. Cinq ans s'étaient écoulés depuis qu'elle avait été forcée de quitter son poste de sénatrice. Pendant quelques mois, elle s'était occupée de ses nouveaux-nés. Bien qu'elle les aime de tout son cœur et qu'elle ne l'ait jamais contesté, être une mère n'était pas suffisant pour elle. Padmé avait besoin de se sentir utile, de faire changer les choses. Il s'agissait de deux parties de sa vie qui ne pouvaient être dissociées. Elle était la mère des jumeaux Skywalker, mais elle était également à la tête de la nouvelle Alliance Rebelle.
Plusieurs mois après la naissance des enfants, l'Empire Galactique avait encore resserré son étau. Darth Sidious avait ordonné la construction d'une base stellaire immense qui aurait le pouvoir de détruire une planète entière. Cette nouvelle avait mis les différents systèmes de l'Empire en ébullition. Plus rien ne pouvait l'arrêter. Si une planète désapprouvait les décisions de l'Empereur, elle pouvait être désintégrée en un instant.
La nouvelle arme de l'Empire n'était cependant pas encore opérationnelle. Les sénateurs loyalistes qui s'étaient réunis il y a de cela cinq ans décidèrent que leur heure était venu. Aujourd'hui plus que jamais, les dirigeants des systèmes membres du sénat désapprouvaient ces agissements.
C'est là que le rôle de Padmé de leader de l'opposition avait pris un tout nouveau tournant. Elle qui avait été forcée de quitter la scène publique agissait désormais dans l'ombre. Elle ralliait les systèmes à sa cause et préparait la défense.
L'Holonet décrivait l'Alliance Rebelle comme « le nouveau mouvement séparatiste ». Padmé avait horreur de cette appellation. Elle savait cependant que l'Empire avait la main mise sur les médias et qu'il s'en servaient allégrement pour la propagande.
L'alarme du dispositif de lecture holographique disposé au centre du bureau de Padmé s'enclencha. L'ancienne sénatrice de Naboo se leva et activa la transmission.
L'image de l'amiral Ackbar, de la planète Mon Calamari, se projeta face à Padmé. Il était responsable de la garde personnelle du prince de sa planète et avait d'importantes informations à transmettre.

- Amiral, salua Padmé d'un ton sérieux. J'attendais votre transmission.
- Représentante Amidala, répondit-il en s'inclinant. Le Prince Lee-Char tient à vous faire part de sa sympathie. Vous avez été une alliée précieuse pendant la Guerre des Clones.
- Et je le resterai pour les conflits à venir. A-t-il reçu la visite de ma déléguée ?
- La Jedi Zemfira nous a quitté ce matin, répondit l'amiral. Elle nous a transmis votre message. Nous comprenons les motivations qui vous poussent à vouloir agrandir votre Alliance. Le prince désapprouve les méthodes de l'Empire autant que vous. Ceci dit, nous joindre à votre cause représente une menace pour tout le peuple de Mon Calamari. Si l'Empereur avait vent de notre trahison, les conséquences seraient désastreuses !
- Je comprends votre inquiétude. Mais si personne ne prend le risque de se soulever contre lui, alors la Galaxie ne pourra jamais plus aspirer à vivre dans la paix. Nous avons encore la possibilité de réinstaurer une République. Mais nous devons le faire ensemble.
- Le Prince Lee-Char accepte votre demande. Vous pourrez compter Mon Calamari parmi vos alliés. Nous comptons malgré tout sur votre discrétion, ajouta-t-il d'une voix inquiète.
- Soyez assuré que l'Alliance sait se montrer très discrète, répondit Padmé, satisfaite de la tournure des événements. Les Jedi sont partis en mission et nous ramèneront bientôt les plans de l'Etoile Noire. Si nous trouvons sa faiblesse, nous serons en mesure de détruire ce vaisseau monstrueux.
- Quand tel sera le cas, soyez assurés que nous mettrons nos forces à votre service, répondit l'amiral Ackbar en saluant l'ancienne sénatrice de Naboo.

La conférence holographique prit fin et Padmé sortit de son bureau. Elle était très satisfaite. Mon Calamari n'était pas doté d'une force militaire très puissante et n'aiderait pas l'alliance à vaincre l'Empire à eux tout seuls. Ils représentaient cependant des alliés supplémentaires et, en ces temps de dictature et d'insécurité, toute aide était la bienvenue.

۞

Le soir venu, l'orage qui traversait avec violence la petite planète Naboo ne s'était toujours pas calmé. Le ciel gris obscurcissait la grande demeure de Padmé. Les lacs parsemés à travers toute la contrée étaient déchainés et les vagues s'écrasaient contre la rive, éclaboussant les environs avec fracas. Le bruit du tonnerre couvrait toute discussion, tandis que les éclairs déchiraient le ciel. Hors de question de manger sur la véranda ce soir.
Padmé avait installé trois couverts à la table du salon intérieur. Ce soir encore, trois places seraient occupées. Anakin était parti depuis près d'un mois. C'est la première fois qu'ils étaient séparés aussi longtemps depuis la naissance des jumeaux.

- Puis-je encore faire quelque chose ? demanda C3PO en posant le dernier plat sur la table.
- Non, merci 3PO répondit Padmé d'une voix douce. Tu peux prendre congé maintenant.

Le droïde quitta les lieux tandis que Padmé se dirigea vers le couloir qui menait à la grande chambre au bout du couloir.

- Luke, Leia ! Le diner est servi ! cria-t-elle avant de retourner dans le salon pour se mettre à table.

Les jumeaux arrivèrent en courant et sautèrent sur leur chaise avec vélocité. Ils étaient affamés. Leur assiette était remplie de fruits et de légumes originaires de la planète dont ils étaient très friands.
Padmé posa les yeux sur ses enfants et son cœur se resserra. Ils lui rappelaient toujours leur père. Et il leur manquait beaucoup. A tous.
Luke avait les yeux bleus d'Anakin et ses cheveux clairs. Leia avait les cheveux et les yeux bruns de sa mère. Obi-Wan disait toujours qu'ils étaient comme deux versions miniatures de leurs parents.

- Vous avez bien travaillé aujourd'hui ? demanda Padmé en découpant des légumes dans l'assiette de sa fille.
- Oui, répondirent-ils en cœur.
- Mais ce n'est pas très drôle de travailler avec les projecteurs holographiques... ajouta Leia en soupirant.

Padmé regarda tristement sa fille mais ne répondit rien. Que pouvait-elle dire ? Ses enfants ne pouvaient pas aller à l'école comme les autres. Ils devaient rester cacher, pour leur bien. Cette pensée brisa le cœur de Padmé. Elle aurait aimé que les jumeaux puissent avoir une vie normale.
Soudain, Luke et Leia relevèrent leurs yeux des plats de nourriture qu'ils avaient en face d'eux. Ils se regardèrent avec insistance, une expression neutre sur le visage.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Padmé, curieuse.

Luke et Leia se levèrent simultanément. Leur visage s'illumina et brillait comme les deux soleils de Tatooïne au milieu de l'après-midi.

- Et où croyez-vous aller comme ça ? demanda-t-elle, sceptique.
- Dehors ! répondit Luke en se dirigeant vers la porte.
- Comment ça ? s'énerva Padmé en les suivant. Vous n'avez pas fini votre repas. Et vous avez vu l'orage ?

Les enfants ne répondirent rien et échappèrent à leur mère en courant vers la porte qui menait à la terrasse.
Padmé était exaspérée. Les jumeaux étaient adorables. La moitié du temps. L'autre moitié, ils pouvaient être très désobéissants. Elle les poursuivit jusque sur la terrasse. Quelle bêtise avait-il encore inventée pour la malmener ?

- Papa ! s'écrièrent simultanément les jumeaux.

En entendant leur exclamation, la jeune femme accourut elle aussi dehors. Il était rentré. Et cela valait bien la peine d'interrompre un repas pour courir sous la pluie de l'orage.
Padmé courut jusqu'à la terrasse où elle se retrouva face à Anakin et leurs enfants. Il était agenouillé face à eux et les seraient dans ses bras. Ne pouvant se retenir plus longtemps, elle courut jusqu'à son mari. Il se releva pour être à sa hauteur et la serra dans ses bras en la soulevant du sol.
Pendant ce temps, Luke et Leia s'enroulèrent chacun à une extrémité de la cape Jedi de leur père.

- Tu m'as manquée, murmura-t-il, le visage collé dans les cheveux de sa femme.
- Toi aussi tu m'as manqué, répondit-elle en soupirant. Tu ne m'as pas prévenu de ton retour ! s'indigna-t-elle en lui tapant légèrement le torse.
- Je voulais vous faire une surprise, se justifia-t-il en haussant les épaules.

Anakin et Padmé regardèrent leurs enfants s'enrouler et jouer dans les vêtements Jedi de leur père en souriant. Ils n'aimaient pas voir leurs parents s'absenter de manière prolongée. Malheureusement, ces absences devenaient de plus en plus répétitives et de plus en plus longues. En particulier pour Anakin, qui accompagnait Obi-Wan et Zemfira à travers la galaxie dans des missions secrètes pour l'Alliance Rebelle.

- Tu as trouvé ce que nous voulions ?
- Oui, ne t'inquiète pas. Obi-Wan est déjà en route pour Alderaan pour prévenir le sénateur Organa. Nous en parlerons plus tard, termina Anakin en déposant un baiser sur les lèvres de Padmé.

Il savait bien à quoi elle faisait référence. Les plans de l'Etoile Noire que lui et Obi-Wan avaient été chargés de voler. Pour le moment, il ne voulait pas en parler. Il avait passé un mois loin de sa famille et il entendait bien profiter d'eux ce soir.

- Nous étions en train de manger, déclara Padmé en souriant. Je vais demander à 3PO d'ajouter une assiette.

Elle se dirigea vers le salon pendant qu'Anakin et les jumeaux la suivaient. Les deux enfants affichaient un grand sourire et semblaient avoir oublié tout le reste.

- Comment avez-vous su que j'étais dehors ? demanda Anakin d'une voix sérieuse.
- On a fait comme tu nous as expliqué. On a senti ta présence, répondit Leia, comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle de la galaxie.

C'était étonnant. Anakin se rappela cependant que, après tout, c'était peut-être bien ce qu'il y avait de plus naturel pour eux. La Force était très puissante. Depuis qu'ils étaient tout petits, Anakin avait eu la capacité de les sentir à travers elle. Ils étaient bien ses enfants et avaient hérités de ses talents. Depuis un peu plus d'un an, il avait commencé à leur parler de ces dons qu'ils avaient. Il leur avait appris à les utiliser également.
Padmé n'approuvait pas entièrement cela. Elle pensait qu'ils devraient être maitre de leur destin et qu'il serait plus sage de les laisser choisir leur voie, sans tenter de les influencer. Si leurs enfants voulaient devenir des Jedi, Anakin aurait tout le temps de les entrainer.
C3PO déposa une quatrième assiette à côté de celle de Padmé. Toute la famille se retrouva à table, réunie pour la première fois depuis un mois.
Ce moment de réjouissance sembla rendre Luke et Leia plus agités et plus espiègles qu'à leur habitude. Le jeune garçon leva la main et fit voler les baies Kujat rouges, dont lui et sa jumelle étaient très friands, de l'assiette de sa sœur.

- Maman ! s'exclama la petite fille, énervée.
- Luke ! s'indigna sa mère. Je t'ai déjà demandé de ne pas faire voler la nourriture de ta sœur hors de son assiette !
- Tu y arrives ? s'émerveilla Anakin, le sourire jusqu'aux oreilles.

Padmé dévisagea son mari. Ses yeux exprimaient son indignation. Comment pouvait-elle éduquer leurs enfants s'il félicitait ce qu'elle réprimandait ?

- Pardon, chuchota Anakin en haussant des épaules.
- C'est facile ! renchérit le petit garçon. Je me concentre très fort sur ce que je veux, je ne pense à rien d'autre et j'arrive à faire bouger des choses ! Je fais comme tu nous as appris, ajouta-t-il, très fier.

Padmé se retourna encore une fois vers son époux avec indignation. Ils s'étaient mis d'accord pour ne pas influencer leurs enfants trop jeunes. Elle voulait qu'ils choisissent librement de devenir des Jedi et qu'ils ne ressentent pas la pression qui découlait de leurs origines. Anakin avait accepté à condition que Padmé en fasse de même et ne les forme pas à devenir de parfaits petits apprentis politiciens.

- Comme tu leur as appris ? répéta Padmé sur un ton inquisiteur.
- Eh bien... ils ont demandé, se défendit Anakin, peu convainquant. Vous ne voulez pas parler d'autre chose ? demanda-t-il en se retournant vers ses enfants pour détourner la colère de leur mère.

Les jumeaux ne semblaient pas comprendre d'où venait le problème. C'est ainsi que Leia décida fièrement de raconter sa journée.

- Les cours que maman nous a organisés sont très difficiles. Il y a beaucoup de choses à apprendre. Je ne comprends pas très bien la politique Naboo et les principes d'élection de la monarchie.

Cette fois, c'est Anakin qui adressa un regard surpris à sa femme. Elle le regarda avec des yeux faussement innocents. S'il n'avait pas le droit d'influencer le choix de leurs enfants, il était entendu qu'elle devait respecter les mêmes règles.

- Qu'as-tu à dire pour ta défense ? demanda-t-il sur le ton de la plaisanterie.
- Je savais que tu tricherais, alors j'ai pris les devants, répondit-elle malicieusement.

Ils avaient tous les deux contourné l'interdiction. Cependant, chacun d'entre eux commençait à se rendre à l'évidence. Ils ne pouvaient pas éviter de les influencer complètement. Padmé ne pouvait pas imaginer que Luke et Leia n'apprennent pas à maitriser la Force en ayant de telles aptitudes, tout comme Anakin ne pouvait pas croire qu'ils puissent tout ignorer de la politique.

۞

Les goutteux d'eau éclaboussaient les fenêtres de la chambre des jumeaux Skywalker. Leur bruit répétitif était parsemé des grondements violents du tonnerre.

- Je n'aime pas l'orage, murmura Luke en remontant la couverture de son lit jusqu'à son menton.
- L'orage ne peut rien te faire, murmura Anakin en déposant un baiser sur le front de son fils.

Le jeune père se dirigea ensuite vers le lit de sa fille. Elle ne semblait pas effrayée par l'orage comme son frère. Leia était une forte tête. Comme sa mère. Il était rare qu'elle avoue avoir peur de quoi que ce soit.

- Faites de beaux rêves, déclara-t-il en quittant la chambre de ses enfants.

Anakin se hâta de rejoindre sa femme dans le salon. Comme elle lui avait manqué ! Il avait toujours eu horreur de la laisser pour partir en mission à l'autre bout de la galaxie.
Padmé était debout, face à la grande baie vitrée qui donnait accès à la terrasse de la propriété. Anakin se plaça derrière elle et la glissa tendrement entre ses bras. Il était plus grand qu'elle et appuya son visage contre l'épaule de sa femme en soupirant de soulagement. Maintenant qu'il la sentait entre ses bras, il se sentait à nouveau entier.

- J'étais tellement inquiet, murmura-t-il.
- Je t'ai dit de ne pas t'en faire. Personne ne sait que nous sommes ici. Toutes mes transmissions sont cryptées. Tu as modifié toi-même le projecteur holographique pour qu'il fausse l'indication de notre position.
- Je sais, répondit-il calmement. Je suppose que je suis juste très mauvais lorsqu'il s'agit de partir loin de toi.

Padmé se retourna et serra son époux entre ses bras avant de l'embrasser. Il y avait des sujets importants dont il devait parler, mais elle voulait profiter du calme que son retour lui procurait, ne serait-ce que pour un instant.

- Zemfira n'est pas encore rentrée ? demanda-t-il en desserrant légèrement son étreinte pour faire face à Padmé.
- Elle est en route. Ton ancienne apprentie a fait du très bon travail. Le prince Lee-Char a accepté de rejoindre l'Alliance.
- C'est une bonne chose, murmura Anakin, pensif. Nous aurons besoin de tous les alliés que nous pourrons trouver pour détruire l'Etoile Noire.

Padmé l'observa avec curiosité. Il s'était absenté un mois entier avec Obi-Wan pour trouver et voler les plans de l'arme de destruction de l'Empire.

- Nous avions raison, cette arme a bien une faille. Nous pouvons la détruire. Mais ça ne sera pas facile, ajouta-t-il, inquiet. J'ai envoyé une copie des plans de construction au capitaine Typho pour qu'il les fasse analyser par les pilotes de Naboo. Obi-Wan est en route pour en faire de même avec les forces stellaires d'Alderaan.

Padmé hocha de la tête pour acquiescer. Ils n'en avaient pas encore parlé, mais elle savait pertinemment que si un combat devait avoir lieu en orbite pour détruire l'arme de l'Empire, Anakin allait y participer. Il était son époux et le père de ses enfants et elle craignait toujours pour sa sécurité, mais elle ne pouvait pas priver l'Alliance de son meilleur pilote.
Partie 2 - Chapitre 2


Le calme de la nuit berçait la petite planète Alderaan. Seul le bruit des moteurs du vaisseau d'Obi-Wan vint perturber ce silence parfait. Il se posa discrètement sur l'une des plateformes privées de la demeure royale. Sa mission était de la plus haute importance et il ne devait pas prendre le risque d'être vu.
Cette planète était neutre et ses habitants n'appréciaient pas l'Empire. Cependant, les espions étaient partout en ces temps de tyrannie et de trahisons. La vigilance était toujours de mise.

Raymus Antilles était le capitaine du Tantive IV, le vaisseau consulaire de la famille royale. Il était un très bon pilote et l'un des plus fidèles éléments que l'Alliance comptait dans ses rangs. Bail Organa lui avait demandé son aide, quelques jours auparavant, pour une mission de la plus haute importance. Des Jedi étaient récemment parvenus à voler les plans de l'Etoile Noire, la nouvelle arme de l'Empire. L'Alliance Rebelle avait décidé de la détruire pour mettre fin à la tyrannie qui avait gagné la galaxie. Antilles, en sa position de capitaine et d'homme de confiance, devait décrypter ces plans et les aider à préparer l'attaque. Les deux hommes attendaient dans une grande salle de projection. L'arrivée du Jedi Obi-Wan Kenobi avait été annoncée.

- Maitre Kenobi ! salua le capitaine du Tantive IV en s'inclinant.
- Capitaine Antilles, Sénateur Organa, répondit le Jedi en s'avançant dans la salle de projection holographique.

Obi-Wan inséra une petite carte dans le lecteur. Une image holographique de l'Etoile Noire en ressortit instantanément. Elle était très détaillée et permettait d'étudier les conduits et les différents reliefs du vaisseau.

- J'ai déjà étudié ce plan avec mon ancien apprenti, le Jedi Skywalker. Il semblerait que la précieuse arme de l'Empire ne soit pas invincible. Nos recherches d'une faille potentielle nous ont menés à nous pencher sur les conduits d'aération.
- Les conduits ? s'étonna le capitaine Antilles. D'après votre plan, il s'agit de cibles minuscules. Etes-vous certain qu'une telle opération soit réalisable ?
- La bouche d'aération principale fait moins de deux mètres de large. C'est petit, mais c'est possible ! Attaquer un vaisseau de cette envergure de manière frontale ne donnera aucun résultat.

Les trois hommes observèrent un moment les plans de l'Etoile Noire. Cette arme avait la capacité de détruire une planète toute entière d'un seul tir. Elle représentait un moyen de pression qui plongeait tous les systèmes dans la peur et garantissait à l'Empire de gouverner sans remise en question. Elle devait être détruite à tout prix.

- Est-elle déjà opérationnelle ? demanda Bail Organa, soucieux.
- Nos recherches nous portent à croire que non, répondit Obi-Wan. Ces plans indiquent qu'elle se trouve en orbite autour de Coruscant. Elle est protégée par des boucliers et toute attaque serait futile. En revanche, nous pourrons facilement la traquer. Je suggère que nous les prenions par surprise, dès qu'elle sera mise en service par l'Empire.
- C'est une manœuvre extrêmement dangereuse, répondit le sénateur avec inquiétude.
- Dangereuse, mais nécessaire, renchérit le capitaine Antilles. Maitre Kenobi a raison. Nous ne pouvons pas tenter une attaque en orbite de Coruscant. Ce serait du suicide.
- L'Empire en aura bientôt fini avec la construction de l'Etoile Noire. Nous devrions réunir toutes nos forces.
- Alors cette heure est arrivée, déclara Bail Organa, songeur.

Depuis plusieurs années, les sénateurs loyalistes avaient incités des alliés à joindre leur cause. A force de se réunir, ils avaient décidé de former l'Alliance Rebelle, qui défendrait les idéaux de la République et prônerait la paix. Padmé, qui avait du quitter son poste de sénatrice, avait pris le commandement de cette organisation. Pour le moment, l'Alliance n'avait pas encore agi pour contrer l'Empire. Ils possédaient cependant une base secrète où se tenaient parfois des réunions. Ils y gardaient également tout leur équipement : des vaisseaux, des armes et des systèmes de boucliers. A présent, l'heure était venue de s'y retrouver pour préparer l'offensive.

- Je vais ordonner à toutes nos hommes de se rendre à la base Rebelle. Transmettez le message à la dirigeante Amidala. Nous nous retrouverons sur Hoth, la Base Echo.
- Entendu, répondit Obi-Wan en s'inclinant devant le sénateur. Je vais également contacter les Jedi Aayla Secura et Ki-Adi-Mundi, sur Tatooïne, pour leur demander de vous rejoindre ici et de vous escorter jusqu'à Hoth, vous et vos hommes.

۞

Zemfira était couchée dans le sable, au bord du grand lac qui longeait la modeste demeure que Padmé lui avait offerte quand elle était venue s'installer sur Naboo. L'ambiance qui régnait sur Naboo après un violent orage était particulière. L'air était encore humide, mais il était chaud. De légères brises de vent venaient caresser le visage de la jeune Jedi.
Elle venait d'effectuer l'une de ses premières missions en solo. Pendant longtemps, elle avait été l'apprentie d'Anakin. Maintenant que l'Ordre avait été détruit, il était cependant délicat de décider de quel serait le moment où elle passerait du statut de padawan à celui de chevalier Jedi. Obi-Wan et Anakin en avaient beaucoup parlé et avaient décidé de lui accorder ce titre. Elle avait donc commencé à effectuer des missions, toute seule.
Un sentiment s'empara tout à coup de la jeune fille. Un mélange d'espièglerie et d'humour qu'elle connaissait bien.

- Ne vous fatiguez pas, je sais que vous êtes là, déclara-t-elle sans bouger, gardant les yeux fermés.

Luke et Leia coururent vers elle, les bras ouverts pour l'enlacer. Leurs rires résonnaient sur la petite plage et couvrirent le bruit timide des vagues discrètes après la tempête. Ils se jetèrent sur la jeune fille et la serrèrent aussi fort que leurs petits bras pouvaient le permettre.

- Tu es rentrée quand ? demanda sans relâcher son emprise.
- Je suis arrivée cette nuit.
- Et tu ne nous as rien dit ! s'exclama Leia.
- Je n'allais quand même pas vous réveiller !
- Mais si ! s'exclamèrent les jumeaux. Tu l'as dit à nos parents.
- Eux, ils étaient encore réveillés, précisa-t-elle.

Luke et Leia aimaient énormément Zemfira. Elle était comme une grande sœur pour eux. Toujours de bons conseils, elle les accompagnait également dans leurs bêtises et sa maitrise de la Force leur avait bien souvent permis de décrocher des fruits qui poussaient sur des branches trop hautes pour les atteindre avec leurs bras. Lorsqu'elle partait en mission, elle leur manquait énormément. Ils devaient fréquemment souffrir l'absence de leur père. Mais lorsque Zemfira s'absentait en même temps, cela rendait la tâche encore plus difficile.
Tous les trois restèrent assis dans le sable sans rien dire, en regardant le grand lac qui s'étendait face à eux. Les jumeaux étaient rarement aussi calmes. S'ils étaient dans cet état, c'est que quelque chose les tracassait.

- Tu es triste, déclara Leia.

Zemfira se retourna vers la petite fille et la scruta avec attention. Elle possédait déjà une connexion à la Force très profonde. Depuis tout petit, Leia sentait les émotions, elle les comprenait et semblait pouvoir influer sur elle. Luke, au contraire, était plus habile pour un emploi de la Force plus « physique ». Il était un vrai casse-cou et ne se privait jamais d'une occasion d'employer ses pouvoirs pour embêter sa sœur.

- C'est vrai, répondit finalement Zemfira.
- Papa et maman aussi sont tristes, ajouta-t-elle d'une petite voix.
- Ils se font du souci pour vous. Des choses sont en train de se passer. Des choses que nous voulons éviter à tout prix.
- Des choses males ? demanda Luke, intrigué.
- Oui, répondit la jeune Jedi avec tristesse. Mais vous ne devez pas vous inquiéter. Personne ne va vous faire du mal, à vous.
- Et nos parents ?

Cette question aussi innocente soit-elle brisa le cœur de Zemfira. Et leurs parents ? Il était indéniable que de nombreux individus à travers la galaxie voulaient leur faire du mal. Répondre cela aux jumeaux aurait été stupide et cruel.

- Ils iront très bien.
- Vous allez partir ? demanda Luke qui semblait toujours inquiet.
- Je ne sais pas.

Ils étaient tellement innocents et en même temps tellement impliqués dans ce conflit. Ils voulaient tout savoir, tout comprendre. Comment pouvait faire Padmé pour passer son temps avec eux et éviter leurs questions inquisitrices ?

- Je sais que vous allez partir, déclara Leia. J'ai entendu nos parents en parler quand ils croient que je dors.

Zemfira la regarda avec tristesse. Qu'allait-il advenir d'eux ? Anakin et Padmé devraient trouver un moyen de les garder en sécurité. Elle leur faisait confiance pour s'acquitter de cette tâche. En revanche, leur expliquer pourquoi ils devaient les abandonner allait être un autre problème. Et les empêcher de pleurer leur départ allait se relever impossible.
La jeune Jedi se retourna et senti une nouvelle présence. Anakin approcha de ses deux enfants et de Zemfira en silence. Son ancien maitre l'avait sauvée, des années auparavant. Depuis, ils partageaient une connexion très spéciale et très puissante. Ils avaient échangés involontairement des souvenirs qui les avaient amenés à se connaître mieux que quiconque. Même séparés par des parsecs de distance, ils pouvaient parfois entendre les pensées de l'autre.
Anakin possédait également une connexion très forte avec Padmé. Celle avec Zemfira était différente cependant. Il ne pouvait l'éviter et ne partageait pas ce lien par choix. C'était devenu une constante dans leur vie, comme un élément naturel de leur existence que ni l'un ni l'autre ne pouvait expliquer.
Luke se dégagea légèrement de Zemfira pour s'allonger contre son père qui l'entoura d'un bras protecteur. Les deux Jedi se regardèrent avec tristesse. Anakin avait entendu leur discussion. Il savait que les choix qu'ils allaient faire ne seraient pas faciles. Mais pour l'instant, il voulait simplement profiter de passer du temps avec sa famille.


۞


La nuit tomba sur la petite planète Naboo après une journée de repos bien trop courte. Zemfira et Anakin se tenaient dans le grand salon de la famille Skywalker et attendaient Padmé qui mettait ses enfants au lit. Les deux Jedi venaient de rentrer de missions et d'importantes décisions devaient être prises.

- Comment s'est passée la mission sur Geonosis ? demanda Zemfira en s'asseyant sur le canapé.
- Mal, comme tu peux l'imaginer. On nous a tiré dessus, on a détruit l'un de nos vaisseaux.
- Rien de trop inhabituel, constata-t-elle ne souriant.

Anakin lui adressa un sourire et ne répondit rien. Au même moment, sa femme entra dans le salon, le visage soucieux.

- J'ai reçu un message d'Obi-Wan, cet après-midi. L'Alliance va se réunir sur Hoth, dans la Base Echo. L'Etoile Noire sera bientôt opérationnelle et nous devons nous réunir pour préparer notre attaque. J'ai déjà contacté nos partisans.
- Quand devons-nous partir ? demanda Zemfira.
- Demain, répondit Padmé. Le plus tôt sera le mieux.

La dirigeante de l'Alliance Rebelle tentait de rester calme et détachée, mais il n'y avait nul besoin de pouvoirs Jedi pour comprendre que cette nouvelle lui brisait le cœur.

- Et les jumeaux ? demanda Anakin tristement.

Les parents des petits Skywalker se regardèrent avec tristesse. Des enfants si jeunes ne pouvaient pas les suivre sur une planète froide et hostile comme Hoth. Ceci impliquait qu'il allait falloir les cacher pendant que les affrontements auraient lieux. Anakin et Padmé étaient tous les deux indispensables à l'Alliance Rebelle. Il n'était pas envisageable que l'un d'eux reste en retrait pour l'opération qui pouvait mettre fin à l'Empire.

- Je pense qu'ils devraient rester sur Naboo. Ils ont toujours vécu ici, je ne veux pas qu'ils soient encore plus perturbés par notre départ.
- Je suis d'accord, mais nous ne pouvons pas les laisser tout seuls !
- Non, en effet, répondit Padmé, pensive. J'ai pensé les laisser avec mes parents.

Anakin n'y avait pas pensé. C'était une bonne idée. Les parents de Padmé ne savaient pas que leur fille était mariée avec lui. Elle leur avait expliqué que le père des jumeaux ne seraient pas impliqué dans leur vie et avait donné très peu de détails. Anakin s'y était fortement opposé au début. Mais Padmé pensait que garder son identité secrète permettrait d'ajouter une protection supplémentaire à leurs enfants. Personne, à part les Jedi et quelques membres de l'Alliance, ne savait que les enfants de Padmé étaient également ceux d'Anakin.
Le jeune homme hocha de la tête en approbation. Il détestait devoir cacher son identité et renier ses propres enfants auprès de la famille de son épouse lui brisait le cœur. Après la fin des conflits et de l'Empire, il se jura que pas un être dans la galaxie ne pourrait ignorer son identité. Tout le monde saurait que Luke et Leia étaient ses enfants.
Pour l'heure, ces mensonges étaient pourtant nécessaires et il allait s'en accommoder.

- Nous les amènerons demain matin avant de partir pour Hoth, déclara Padmé, le cœur brisé par le chagrin.

۞


L'Empereur Sidious avait ordonné à sa navette de l'emmener dans le champ de protection de l'Etoile Noire, en orbite de la planète capitale de son Empire. Il se tenait face à la grande baie vitrée du vaisseau lorsque ce dernier atteignit finalement la zone protégée. Son arme de destruction était parfaite. Elle était le résultat de nombreuses années de travail. Son élaboration était longue et sa construction durait depuis cinq ans mais elle était finalement prête.

- Beau travail, Général Grievous, déclara-t-il en souriant. L'Etoile Noire est-elle complètement opérationnelle ?
- Oui, mon seigneur, répondit le général. Le système de bouclier vient d'être mis en place. Elle est maintenant prête à être utilisée et en parfait état de se défendre.
- Voilà qui est très satisfaisant.

L'Empereur se tourna pour se rendre dans le grand siège noir situé au centre du poste de commandement de sa navette. Il s'y installa et ne cacha pas un grand sourire narquois.

- Notre arme doit être testée. Je veux que le sénat impérial sache que les décisions de l'Empire ne sont pas à prendre à la légère. J'ai constaté un relâchement certain de nos forces, ces derniers temps.
- Vous voulez parler du vol des plans de l'Etoile Noire sur Geonosis ? demanda le général de sa voix froide et synthétique. Le Comte Dooku a pourtant affirmé avoir pris toutes les précautions nécessaires.
- S'il avait effectivement pris ses précautions, les plans n'auraient pas été volés, répondit sèchement le Seigneur Sith. Ce contretemps est sans importance. Les Rebelles se rejoindront bientôt dans leur base sur Hoth.
- Comment le savez-vous ? demanda Grievous, surpris.
- Le nouvel apprenti du Comte Dooku s'est avéré plus utile que je ne l'avais espéré. Je l'ai chargé d'espionner l'Alliance Rebelle.
- Voulez-vous prendre la planète Hoth comme première cible ?
- Non. C'est une planète inhabitée qui n'attirera pas assez l'attention du sénat. Je veux leur faire passer un message et je veux qu'il soit clair. Prenez le commandement de l'Etoile Noire et dirigez-vous sur Alderaan. Le sénateur Organa et sa planète sont accusés de haute trahison. Montrons ce qui arrive à ceux qui s'affilient aux Rebelles, ajouta-t-il d'une voix glaciale.

Le Général Grievous s'inclina devant son maitre avant de quitter le poste de commandement du vaisseau pour rejoindre l'arme de destruction de l'Empire qu'il allait mener à sa première cible.
Partie 2 - Chapitre 3


Zemfira avait quitté la planète très tôt dans la matinée. Son modèle de chasseur Jedi modifié par son ancien maitre l'avait porté silencieusement dans les cieux jusqu'à ce que son image disparaisse complètement de l'horizon.
Anakin et Padmé devaient amener les jumeaux chez leurs grands-parents avant de quitter la planète. Laisser leurs enfants n'allait pas être une chose facile. Rien ne les avait préparé à cela. Ils savaient pourtant qu'ils devaient le faire.
La ville de Theed se réveillait encore lorsqu'ils arrivèrent. Les habitants de la capitale étaient chez eux et se préparaient pour une journée de travail.
La famille Skywalker arriva devant les escaliers qui menaient à la résidence des Naberrie avec regret.

- Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas venir avec vous ? se plaignit Luke.

Anakin se pencha pour prendre son fils dans ses bras. Il le serra un instant et chercha une réponse pour réconforter le petit garçon.

- Nous avons du travail et ça sera impossible pour nous de nous occuper de toi et Leia pendant un moment.
- Longtemps ? demanda-t-il en enfouissant son visage dans le cou de son père.
- Non, pas longtemps ! répondit Padmé qui ressentait le besoin de rassurer son fils. Nous reviendrons très vite pour vous chercher, je vous le promets.

Anakin et Padmé se regardèrent tristement. L'heure de se dire au revoir était arrivée. Faire durer ce moment plus longtemps ne le rendrait pas plus supportable. Anakin reposa son fils par terre et resta agenouillé pour lui faire face.

- Tu vas être fort et veiller sur ta sœur, d'accord ?
Luke hocha de la tête en signe d'approbation. Ses yeux étaient tristes, mais il ne pleurait pas. Le petit garçon était très fier et ne se laissait pas souvent aller.

- Un jour, je pourrais venir en mission avec toi ?
- Oui, quand tu seras grand ! répondit son père en souriant.
- Dans l'espace ? Et j'aurai un sabre laser comme toi ?
- Oui. Un jour je t'expliquerai comment faire et tu fabriqueras le tien.

Anakin et Padmé avaient beau ne pas vouloir influencer leurs enfants dans leurs choix, il semblait évident que la tâche était impossible. Luke mourait d'envie de devenir un Jedi.

- Et je pourrai avoir un bras mécanique aussi ?

Anakin s'attarda un instant sur le visage souriant de son fils. Le Jedi était complètement stupéfait. Comment pouvait-il souhaiter cela ?

- Non, on va essayer d'éviter ça, répondit Anakin d'un rire gêné.

Padmé les rejoignit en se baissant pour se mettre à la hauteur de leurs jumeaux et les quatre Skywalker s'enlacèrent une dernière fois avant de devoir se quitter.

۞

La planète Hoth, habituellement dépourvue de toute forme humaine était le théâtre d'un rassemblement de l'Alliance Rebelle qui n'avait encore jamais été égalé. Leur cachette était un bunker creusé dans les profondeurs de la glace. Il était entièrement recouvert d'une épaisse couche de neige, les rendant invisible depuis l'espace.
La Base Echo n'était pas très grande mais elle suffisait amplement aux partisans qui désiraient se battre contre l'Empire. Ils étaient peu nombreux et leurs chances de succès étaient minces.
Mon Mothma était arrivée tôt dans la journée. Elle avait immédiatement rejoint le poste de commandement où Padmé et Bail devaient la rejoindre bientôt. Les opérations allaient être dirigées depuis la planète. L'Etoile Noire serait prochainement en état de marche. La stratégie des Rebelles était simple : suivre la progression de l'arme de l'Empire et l'attaquer quand il s'y attendrait le mois. Pour parvenir à ses fins, l'Alliance avait réuni une série d'armes et de vaisseaux au cours des cinq dernières années. Il s'agissait de X-Wings, des chasseurs de l'ancienne République ayant été modifiés, et des chasseurs Jedi apportés par les survivants de l'Ordre.

Obi-Wan Kenobi posa son chasseur Jedi dans le grand hangar à vaisseaux de la Base Echo. Il n'était pas venu seul. Sur la route entre Alderaan et Hoth, il s'était arrêté sur Dagobah. Le vieux maitre Jedi Yoda y avait trouvé refuge depuis l'avènement de l'Empire. Il était resté seul, prétextant un grand besoin de méditer. Aujourd'hui, l'Alliance avait besoin de lui. Il avait servi durant la guerre des clones et même s'il n'était pas un grand soldat, son expérience des conflits faisait de lui un leader hors pair. Les deux maitres se rendirent immédiatement dans le poste de commandement, où Mon Mothma et la jeune Zemfira les attendaient déjà.

- Jedi Zemfira ! s'exclama Yoda. Beaucoup grandi, tu as ! Vous revoir tous sains et saufs mon cœur de joie emplit.
- Maitre Yoda, répondit-elle en souriant.
- Anakin et Padmé ne sont pas encore là ? demanda Obi-Wan.
- Non. Ils ont mis les jumeaux en lieu sur avant de partir. Ils arriveront bientôt.

La sénatrice Mon Mothma et les Jedi discutèrent longuement de la tactique à appliquer dans le conflit à venir. L'Empereur avait mis sa station de combat en orbite autour de la capitale impériale. L'attaquer dans ces circonstances serait du suicide.

۞

Le Général Grievous se tenait dans le poste de commandement. L'Etoile Noire était désormais opérationnelle et sa première mission avait été désignée. Alderaan, une petite planète pacifique, était un choix audacieux. Son sénateur était réputé pour sa politique anti impériale et il n'avait jamais caché son désaccord vis-à-vis des décisions de l'Empereur. La destruction d'une planète entière avec pour seul motif une suspicion de trahison de l'Empire allait faire trembler tous les systèmes de la galaxie.

- Général, nous sommes arrivés dans le secteur 3-2-2-4. Alderaan est à portée de tir.
- Procédez selon le protocole, ordonna le général. L'Empereur ne tolérera aucun échec.

L'ingénieur en chef de l'Etoile Noire s'inclina devant le Grievous et retourna à son poste. La destruction d'une planète n'était pas à prendre à la légère. Les coordonnés de positionnement devaient être calculées avec grande précision. Le tir provoquait le vol en éclat de la roche qui constituait la planète. Si l'arme de l'Empire était mal placée, cela pouvait lui provoquer des dégâts considérables.

- Général, une communication pour vous ! déclara le lieutenant du poste de commandement.
- Projetez-la, ordonna-t-il sans même se retourner pour faire face à son interlocuteur.

L'image holographique de l'Empereur Sidious se dessina sur la table de projection.

- Mon Seigneur, salua le général en s'inclinant. Nous sommes en place pour la première mission de l'Etoile Noire.
- Fort bien, répondit le Sith en ricanant. J'attendrai votre signal pour réunir le sénat impérial en session extraordinaire. Cette nouvelle devrait calmer l'opposition.
- Je n'en doute pas, répondit Grievous de sa voix synthétique. Voulez-vous que j'ordonne le retour de l'Etoile Noire sur Coruscant après la destruction ?
- Non, répondit sèchement le seigneur Sith. J'ai une nouvelle cible pour vous. L'Alliance se réunit sur la planète Hoth. Je veux que vous mettiez fin à leur sombre tentative de rébellion. Il est temps de mettre un terme aux survivants d'une époque révolue.

Le Seigneur Sith était très satisfait. Tout se passait mieux encore qu'il ne l'avait espéré. Il pensait que les Rebelles seraient difficiles à éliminer. Ils se cachaient dans toute la galaxie et leur identité n'était pas toujours clairement exprimée. Cependant, ils avaient fait l'erreur de tous se réunir sur une planète. Un simple tir de l'Etoile Noire suffirait à mettre fin à ce mouvement d'opposition.
Jamais son plan n'aurait pu aussi bien fonctionner si le jeune apprenti du Comte Dooku n'avait pas agi aussi efficacement. Il avait collé un mouchard sur la coque du vaisseau de l'ancienne apprentie de Skywalker. La jeune fille était douée, mais elle manquait de clairvoyance. Il semblait qu'elle n'ait pas senti la présence de ce dispositif de traçage. Elle avait offert à l'Empire tous les renseignements sur le positionnement de la famille Skywalker et de l'Alliance Rebelle sur un plateau.

- Et les Jedi ? demanda le général.
- Je m'occuperai d'eux moi-même. Les Jedi ne seront bientôt plus qu'un mauvais souvenir, ajouta-t-il froidement.

۞

Le Comte Dooku se tenait dans l'ascenseur qui menait au dernier étage de la grande tour impériale que le Seigneur des Sith avait fait construire peu de temps après l'avènement de l'Empire. Son jeune apprenti, dénommé Firrenz, était à ses côtés. Ils avaient été convoqués pour une mission de la plus haute importance.
Il y a de cela quelques semaines, Firrenz avait ressenti la présence d'une Jedi, sur la lointaine planète Mon Calamari. Telle était sa mission : depuis des années, il traquait et assassinait les êtres sensibles à la Force pour le compte de l'Empire. Cependant, ce jour-là, son maitre lui avait ordonné de laisser la jeune fille en vie. S'ils parvenaient à la traquer, elle leur serait d'une aide très précieuse pour localiser les Rebelles et les Jedi. Comme à son habitude, Firrenz s'acquitta de sa tâche à la perfection. Il colla un dispositif de localisation sur la coque du vaisseau de la jeune Jedi. Grâce à cela, l'Empereur découvrit rapidement l'emplacement de la cachette de la famille Skywalker et la base secrète des Rebelles.

- Vous avez fait du bon travail, déclara l'Empereur en accueillant le Comte et son apprenti. L'itinéraire de l'apprentie de Skywalker indique la planète Hoth. Des images prises par mes satellites espions indiquent que les Rebelles sont en train de s'y réunir en ce moment même. Le Général Grievous se charge d'eux.
- Et pour les Jedi ? demanda Firrenz d'une voix emplie de haine.
- Zemfira a fait halte sur la planète Naboo. J'ai le pressentiment que ce choix n'est pas anodin.
- Les Jedi risquent bien de rejoindre leurs amis de la Rébellion sur Hoth. Que recherchons-nous exactement ?
- L'enfant de Skywalker. Et je le veux vivant.

۞

La galaxie est froide, immense, cruelle. Dans un univers aussi grand, le malheur et la douleur des autres n'intéresse personne. Pourtant, aujourd'hui, un cri d'horreur retentit dans la galaxie. Un cri qui dépasse les pires cauchemars de tous les êtres vivants de la galaxie et que nul peut ignorer.
Aujourd'hui, la planète Alderaan et tous ses habitants ont été réduits en poussière. Des milliers d'âmes ont perdu la vie en même temps, laissant place à un vide complet, un trou dans l'univers qui ne sera jamais plus complet.
Du pont de l'Etoile Noire, le Général Grievous et ses hommes regardent la scène se dérouler devant leurs yeux avec un mélange d'horreur et de fascination. Jamais personne n'avait possédé autant de pouvoir.

- Mettez-vous en chemin pour la planète Hoth. Notre travail n'est pas encore terminé.

۞

La destruction d'Alderaan résonna en écho à travers la galaxie. Pour la plupart des gens, cette vibration aurait été imperceptible. Mais pas pour les Jedi. Ils n'étaient plus très nombreux, pourtant deux des leurs étaient morts dans l'explosion. Des millions de vie avaient écopé du même sort. Une telle souffrance ne pouvait pas passer inaperçue.
Du cockpit du vaisseau qu'il pilotait jusqu'à Hoth, Anakin ressentit une vibration dans la Force. Un sentiment horrible qu'il n'avait encore jamais senti jusque là. Il ferma les yeux un instant et se concentra pour comprendre d'où venait cette sensation. Sa première crainte fut naturellement dirigée vers Luke et Leia. Mais ce n'était pas cela. Il ne pouvait pas dire où ils se trouvaient et ce qu'ils faisaient à ce moment précis. Il était cependant certain qu'ils étaient en vie. Si sa progéniture, une partie de lui, devait mourir, il le saurait.
Non, c'était autre chose. Quelque chose d'immense, de désastreux.

- Ça va ? demanda Padmé, inquiète.
- Il s'est passé quelque chose, répondit-il froidement, les yeux perdus dans l'immensité de l'espace.

Son regard horrifié affecta rapidement Padmé et il comprit que, elle aussi, craignait pour leurs enfants.

- Non, ce n'est pas Luke et Leia, déclara-t-il immédiatement. Je n'avais encore jamais ressenti quelque chose de semblable. Comme une explosion. Un cri d'horreur suivi du néant...
- Cela n'a aucun sens, murmura Padmé.
- Je l'espère. Je l'espère vraiment... murmura-t-il avec inquiétude.

۞

La nouvelle était tombée très tôt dans la matinée. Mon Mothma reçu la visite de son assistante qui avait de graves nouvelles à lui annoncer. Le sénat était convoqué en séance extraordinaire. L'Empereur avait des nouvelles de la plus haute importance à communiquer.
Etant en déplacement, la sénatrice avait pris ses dispositions. Elle allait assister à la séance par projection holographique. Afin que ses alliés de la Rébellion puissent également entendre les nouvelles, elle avait convié tout le monde dans la grande salle de projection holographique.
Les Jedi étaient assis dans un coin de la pièce, où la portée du rayon holographique de retransmission ne pouvait pas les atteindre. La sénatrice se tenait face au dispositif muni de caméra qui allait la projeter dans le sénat de Coruscant.

- J'ai un mauvais pressentiment, murmura Zemfira. Anakin a senti quelque chose, quelque chose de très fort ! Je ressens souvent des émotions ou des impressions à travers lui, mais aujourd'hui il se passe quelque chose d'inhabituel.
- Douleur. Tristesse. Mort. Tout ça j'ai également ressenti, déclara Yoda, soucieux.
- Quoi que cela puisse être, je ne pressens rien de bon. Le sénateur Organa et toute la délégation d'Alderaan sont très en retard. Ils devraient déjà être arrivé !

Le centre de la table d'holoprojection s'illumina et dessina les formes rondes et aériennes de la nacelle centrale du sénat, dans laquelle se tenait l'Empereur. Sa voix semblait résonner dans le poste de commandement en une infinité d'échos, comme elle l'aurait fait dans la grande salle du sénat.

- L'heure est grave. Sénateurs, sénatrices, des groupements d'opposants se sont créés. Ils font obstacles à l'Empire Galactique et tentent de détruire les fondements de notre système.

Mon Mothma ne put s'empêcher de retenir un rire sarcastique. Les fondements de la République avaient été détruits il y a bien longtemps. Comment pouvait-il accuser l'Alliance de vouloir sauver ce qui méritait de l'être ?

- J'ai le bonheur de vous apprendre que l'Etoile Noire a effectué sa première mission avec succès.

Un murmure d'horreur parcourut les membres de l'Alliance. Ce mauvais pressentiment prenait soudainement tout son sens. L'arme de destruction avait déjà servi.

- Les récentes informations nous ont amené jusqu'au sénateur Organa, de la planète Alderaan. Lui et les siens ont formé un groupe de dangereux terroristes dénommé l'Alliance Rebelle.

Mon Mothma ferma les yeux. Une larme coula le long de sa joue. Bail était un allié précieux, mais il était également un ami.

- J'ai la joie immense de vous annoncer que la menace a été éradiquée. La planète Alderaan a été la première cible de l'Etoile Noire, qui servira désormais l'Empire.

Même depuis le poste de commandement, les Jedi et la sénatrice pouvaient entendre les murmures d'incompréhension et d'horreur qui gagnèrent le sénat. L'Empereur ne régnait pas en respectant les droits de chacun. Mais comment les membres de l'Empire pouvaient-ils s'opposer à ce système quand une telle menace planait sur eux ?

- Les derniers Rebelles seront traqués et éliminés. Leurs alliés Jedi périront avec eux. L 'Empire Galactique deviendra plus puissant et plus sur qu'il ne l'a jamais été.

Mon Mothma coupa les communications. Elle ne pouvait pas supporter d'en entendre d'avantage. Un silence pesant et douloureux gagna l'assemblée. Des alliés précieux avaient été perdus aujourd'hui. Pire encore, des amis étaient morts.

- Leur mort n'aura pas été vaine, déclara Mon Mothma avec tristesse. Soyez assuré qu'un tel acte ne restera pas impuni.
Partie 2 - Chapitre 4


Les Jedi et des soldats de l'Alliance avaient été chargés de patrouiller dans la zone de la base Echo. C'était une procédure habituelle et ils la répétaient chaque soir. Si l'Empire découvrait leur position, la situation serait très dangereuse pour tous les Rebelles. Leur arme de destruction ne leur laisserait que peu de temps pour organiser leur défense.
Anakin effectua sa ronde rapidement. Il était toujours le dernier à partir et le premier à rentrer. Le climat de cette planète lui était insupportable. Ayant été élevé jusqu'à l'âge de neuf ans sur la planète Tatooïne, il n'avait jamais pu s'habituer à des températures aussi froides. Bien sur, il avait parcouru la galaxie en compagnie d'Obi-Wan durant la guerre des clones et ces voyages l'avaient amené dans des contrés inhospitalières. Jamais cependant il n'avait pu s'y habituer complètement.
Lorsqu'il avait quitté sa mère pour devenir un Jedi, il y a de nombreuses années, Padmé l'avait réconforté. Elle l'avait trouvé seul et triste dans le vaisseau et lui avait apporté une couverture pour lui tenir chaud. Aujourd'hui, il était son mari et était devenu un Jedi, mais elle était toujours là pour lui apporter une couverture lorsqu'il avait froid.
Anakin était assis sur des caisses remplies de réservoirs de plasma pour les X-Wings. Il semblait préoccupé. Sa femme s'approcha de lui et l'enveloppa dans une couverture. Elle le serra dans ses bras et appuya sa tête sur son épaule.

- Ça n'a pas l'air d'aller.
- Ne t'en fais pas tout va bien. J'ai un peu froid c'est tout. Je viens d'une planète où la chaleur est presque insupportable. Séjourner dans une base de glace ne devrait juste pas faire partie de ma destiné, lui répondit-il en rigolant.

Le réglage de la température avait toujours été un sujet de controverse. Padmé venait d'une planète tempérée. Elle n'aimait pas particulièrement le froid, mais elle appréciait les températures assez fraiches. Lorsque Anakin rentrait de mission sur Coruscant, la jeune femme pouvait toujours deviner s'il était déjà passé par leur appartement lorsqu'elle y entrait. Il augmentait toujours les jauges du régulateur de température et plongeait leur demeure dans un climat quasi tropical. Ce différend était devenu plus marqué encore lorsqu'ils avaient commencé à vivre ensemble, sur Naboo. Padmé pensait que des températures trop élevées étaient néfastes pour leurs nouveaux-nés. Lui, au contraire, accusait sa femme de vouloir congeler leurs enfants. Ces petites disputes provoquèrent un grand sourire chez la jeune femme. Elle trouvait hilarant que ce grand Jedi puisse se montrer aussi tatillon.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il, intrigué par l'amusement de sa femme.
- Je me disais qu'après plus de sept ans de mariage, il était étonnant que notre plus grand sujet de dispute soit le réglage du chauffage.
- Ce n'est pas une mauvaise chose ! Il n'en a pas toujours été ainsi...

Et il avait raison. Pendant la guerre des clones, de nombreux sujets de discussion étaient à éviter. Ils ne s'entendaient pas sur les solutions à apporter à la guerre et la politique était définitivement un thème à ne pas aborder. Anakin ne comprenait pas non plus pourquoi Padmé refusait de quitter son poste pour qu'ils puissent être ensemble et leur manière d'aborder le devoir différait complètement.

La grande porte du hangar à vaisseau s'ouvrit pour laisser entre Obi-Wan. Il venait de terminer sa ronde de surveillance et semblait soucieux. Il trainait derrière lui la carcasse d'un petit droïde. Anakin et Padmé se levèrent d'un bond et le rejoignirent pour inspecter sa découverte.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Padmé.
- Un droïde sonde, répondit Anakin qui avait déjà vu ce type de droïdes durant ces missions. Ils récoltent des informations pour le compte de quelqu'un, se sont des espions !
- Je l'ai trouvé à l'autre extrémité de la base. Il y en avait d'autres, mais ils se sont enfuis.
- Alors ils savent où nous sommes, murmura sombrement Anakin.

Les droïdes sondes étaient de petites unités volantes munies de capteurs holographiques et thermiques. Ils enregistraient toutes les données d'un lieu et de ses habitants. L'Empire les avait donc retrouvés. Il fallait agir vite.

- Ils vont venir avec des renforts. Je suggère que nous réunissions tous les pilotes. Il faut nous tenir prêt. L'Etoile Noire est peut-être déjà en route !
- Mais comment ont-ils su ? demanda Padmé.

Cette question était également essentielle. Ils avaient agi en toute discrétion et avaient pris toutes les précautions nécessaires. Si l'Empire les avait localisés, c'est que quelqu'un les avait trahis ou qu'ils avaient été suivis. Quelle qu'en soit la cause, il devait la définir.

- Je vais inspecter les vaisseaux, déclara Obi-Wan. Si nous avons été tracé, je veux savoir qui en est la cause !
- N'interrogez pas les membres de l'Alliance, demanda Padmé d'une voix calme. Je ne veux pas qu'ils se sentent accusés ou menacés. La dernière chose dont nous avons besoin est d'un mouvement de panique.

Obi-Wan hocha de la tête et se dirigea vers la grande plate-forme où les vaisseaux étaient entreposés. Il se munit d'un dispositif magnétique qui devait l'aider à repérer les dispositifs espions.
Padmé se dirigea vers la salle de commandement. Elle voulait informer Mon Mothma et le reste de l'Alliance du danger imminent qui planait désormais sur eux. Alors qu'elle arpentait le long couloir de glace qui menait au poste principal, son commlink se mit à biper. Elle s'arrêta un instant pour prendre cette communication. La jeune femme n'eut pas le temps de s'annoncer. La voix terrifiée de sa mère hurlait dans le haut-parleur.

- Maman ? demanda Padmé, inquiète. Qu'est-ce qui se passe ? Luke et Leia vont bien ?
- Ils les ont emmenés ! cria-t-elle.

Padmé n'avait pas besoin de voir sa mère pour le comprendre. Elle pouvait lire la détresse dans sa voix et devinait ses larmes. En un instant, son dos se glaça. Elle ressentit une terreur que jamais encore elle n'avait connue. Ses enfants n'étaient plus en sécurité.

- Qui les a emmenés ?
- Je ne sais pas, répondit sa mère en pleurant. Ils sont venus dans la nuit. Nous n'avons rien pu faire. L'un d'eux était jeune. L'autre plus âgé. Je ne sais pas ce qui s'est passé, je ne comprends pas...

La mère de Padmé n'était pas en état de parler. Ses paroles et ses pleures se mêlaient en un tout incohérent. La jeune femme laissa tomber le commlink sur le sol, incapable de bouger. Anakin arriva en courant. Il avait senti l'ultime détresse de sa femme. Il ne comprenait pas ce qui avait pu la provoquer.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il, apeuré.
- Ils ont emmenés Luke et Leia, murmura-t-elle avec horreur.

Le simple fait de prononcer ces mots lui brisait le cœur. Elle ne pouvait pas le croire. Elle avait tout fait pour mettre ses enfants en sécurité, mais elle avait échoué.
Anakin sentit une rage incontrôlable monter en lui. Une colère si puissante et si profonde qu'il crut un instant qu'il allait perdre la raison. Jamais encore il n'avait fait l'expérience d'une manifestation de haine aussi violente. Pas même lorsqu'il avait vu sa mère mourir dans le camp Tusken, sur Tatooïne. Pas même lorsque Dooku lui avait coupé un bras. Jamais.

- Qui les a emmenés ? demanda-t-il, le regard noir.
- Ma mère ne sait pas qui ils sont. Deux hommes. L'un vieux, l'autre plus jeune.

Anakin n'avait pas besoin de la réponse à cette question. Il savait pertinemment qui pouvait vouloir enlever Luke et Leia. Les Sith les convoitaient depuis toujours. L'Empereur Sidious savait que Padmé allait avoir un enfant. Elle était membre du sénat lorsqu'elle était enceinte et il avait réussi à avoir cette information. Depuis toujours, il avait convoité la descendance des Skywalker.

- Je pars pour Coruscant, déclara Anakin en se dirigeant vers le grand hangar à vaisseau.

Padmé le suivit en courant. Elle ne comptait pas rester ici sans rien faire alors que ses enfants étaient en danger.
Obi-Wan s'avança vers son ancien apprenti, le regard triste.

- La famille de Padmé vient de nous contacter. L'Empereur a emmené Luke et Leia !
- Anakin. Qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda Obi-Wan qui connaissait le tempérament vif de son ancien apprenti.
- Je vais les chercher ! répondit-il, indigné. Vous n'espérez quand même pas que je laisse mes enfants aux mains des Sith !
- Bien sur que non. Mais réfléchis. Si l'Empereur ne voulait pas que nous le sachions, il aurait éliminé les témoins. Pourquoi a-t-il laissé en vie les parents de Padmé ? Je pense que c'est un piège.
- Et qu'est-ce que ça change ? Je ne les abandonnerai pas.
- Evidemment. Mais nous devons agir avec prudence. Je viens avec toi.

Anakin aurait aimé protester. L'Etoile Noire était peut-être déjà en route pour la base rebelle. Ils auraient besoin de Jedi pour mener à bien cette mission et se défendre efficacement. Mais Anakin devait sauver ses enfants. Sur Coruscant, planète aux mains de l'Empire et des Sith. Un peu d'aide ne serait pas de refus, surtout si cela permettait de ramener Luke et Leia sains et saufs.

- Très bien. Zemfira et maitre Yoda s'occuperont de mener l'attaque. Elle est un très bon pilote et Yoda pourra assister l'opération depuis le poste de commandement, répondit Anakin en se retournant pour préparer son vaisseau.

Tout à coup, il s'arrêta et réfléchit. S'ils avaient été suivis, il ne fallait pas qu'ils prennent n'importe quel vaisseau. Etre repéré en approchant de Coruscant ne serait pas une manœuvre intelligente.

- Est-ce qu'on a identifié la raison pour laquelle nous avons été suivi ?
- J'ai retrouvé un mouchard sur la coque d'un vaisseau, répondit tristement Obi-Wan.
- Qui l'a amené ici ? demanda Padmé, curieuse.

Obi-Wan regarda successivement ses deux amis avec tristesse. Il savait que cette nouvelle ne ferait qu'ajouter de la colère à leur esprit déjà tourmenté.

- Zemfira, répondit-il tristement. Mais ce n'est pas sa faute ! Elle ne pouvait pas savoir...
- Elle aurait du savoir, coupa Anakin avec une rage peu commune. C'est elle qui les a amenés ici, c'est elle qui leur a indiqué la position de Luke et de Leia.

L'ancienne apprentie de Skywalker entra dans le hangar. Elle avait senti la colère de son maitre à son égard. Jamais il ne se fâchait contre elle. Ils étaient très proches et rien ne les avait encore amenés à se disputer.

- Toi ! s'exclama-t-il en la voyant arriver. Ce qui arrive est de ta faute !
- Je ne savais pas, murmura-t-elle tristement pour s'excuser. Comment aurais-je pu deviner ?
- Tu es une Jedi ! Sers-toi un peu de tes pouvoirs, rends-toi utile !
- Anakin, arrête ! coupa Padmé en posant sa main sur le bras de son mari. Tu vas dire des choses que tu regretteras. Ça ne sert à rien. Viens. Nous devons partir maintenant !

Le jeune Jedi se laissa faire, mais sa colère était immense. Cette dispute était particulièrement douloureuse pour lui et son ancienne apprentie car ils étaient émotionnellement liés d'une manière unique. Il ressentait à la fois sa haine et la tristesse de Zemfira, tout comme elle ressentait ces deux mêmes sentiments simultanément.

- Cela n'a plus beaucoup d'importance, mais j'ai désactivé la balise de traçage. Tu vas mener les opérations depuis ici. Maitre Yoda sera là pour t'aider. Préviens le reste de l'Alliance. L'Etoile Noire est probablement déjà en chemin. Surveillez tout le périmètre et ne laissez rien au hasard.
- Mais qu'allez-vous faire ? demanda Zemfira qui se sentait dépassée par les événements.
- Nous allons nous occuper des Sith et ramener les jumeaux.

La jeune fille quitta le hangar en vitesse. Autant pour prévenir l'Alliance et mettre leurs forces en action que pour éviter de rester dans la même pièce que son ancien maitre une minute de plus. Obi-Wan se dirigea vers son vaisseau et Anakin en fit de même. Suivi de Padmé.

- Tu ne viens pas avec nous, déclara-t-il, incapable de contrôler ses émotions.
- Tu ne t'imaginais quand même pas que j'allais rester ici sans rien faire ? s'énerva-t-elle.
- Tu ne pourras pas nous aider là-bas ! Pire encore, tu te mettras en danger.
- Anakin ! Ce sont mes enfants. Je les ai portés, je les ai mis au monde et je les ai vus grandir. Aucune force dans cette galaxie ne m'empêchera d'aller les chercher, pas même toi, répondit-elle froidement.

Anakin la regarda suivre Obi-Wan en direction de la plate-forme d'atterrissage des vaisseaux sans dire un mot. Jamais encore elle ne lui avait parlé de cette façon. Jamais elle n'avait semblée aussi désespérée. Pour la première fois, il décida d'abandonner et de lui donner raison. Pas parce qu'il pensait que c'était une bonne idée, mais parce qu'il savait également que rien ni personne n'aurait pu l'empêcher d'aller chercher ses enfants. Et si quelqu'un avait essayé de se mettre sur sa route, il le neutraliserait. A cet instant, il ne souhaitait pas jouer ce rôle pour Padmé.
Il devança sa femme et installa l'échelle d'embarquement devant un autre vaisseau de l'Alliance. Ce modèle possédait deux sièges. L'un pour le pilote et l'autre pour son assistant.

- Si nous devons faire ça à ta manière, tu me laisseras au moins piloter ? demanda-t-il en s'adoucissant un peu.

Padmé ne répondit pas immédiatement. Elle savait qu'elle lui causait énormément de peine et qu'il se ferait doublement du souci en l'ayant à ses côtés pour cette mission. Lui accorder cette faveur ne serait pas de trop. De plus, bien qu'elle sache piloter depuis son jeune âge, elle n'avait aucune envie de se retrouver seule en orbite autour de Coruscant

- Je pense que le mieux est que nous restions ensemble, répondit-elle en se blottissant dans ses bras.

Il la serra fort contre lui. Pendant un instant, il se calma quelque peu et ressentit de l'espoir. Leur mission était suicidaire. Personne, dans toute la galaxie, ne serait assez fou pour tenter une telle opération.

- R2 ! Nous prendrons ce vaisseau pour cette fois.

Le petite droïde qui était resté posté près du chasseur Jedi s'avança en bipant. Quelque chose dans les sons qu'il produisait semblait retranscrire de la contrariété.

- Je sais, mon vieux, répondit Anakin en souriant. Je préfère notre chasseur Jedi aussi, mais nous avons une passagère aujourd'hui.

R2D2 répondit par une série de sons qui semblèrent plus enjôlés cette fois.
Partie 2 - Chapitre 5


La nuit tombait sur Coruscant, plongeant la capitale dans l'obscurité. Le Comte Dooku entra dans le grand bureau de l'Empereur Sidious. Il était satisfait. Sa dernière mission s'était déroulée sans embuches. Tout était parfait. Derrière lui se tenaient Luke et Leia. Ils étaient terrifiés et n'avaient d'autres choix que de le suivre. Firrenz, l'apprenti de Dooku, se tenait derrière eux et gardaient un œil attentif sur les jumeaux.

- Nous pensions trouver l'enfant des Skywalker, déclara-t-il d'une voix enjouée. Je vous ramène des jumeaux !

L'Empereur se leva de son grand siège noir en souriant. Deux êtres vivants au taux de midi-chloriens surélevé était une chance dont il n'avait jamais rêvé. Mais son plan ne s'arrêtait pas là. Il avait volontairement choisi de laisser la vie à la famille de l'ancienne sénatrice de Naboo. Il savait qu'elle serait immédiatement avertie de la disparition de sa progéniture. Anakin se précipiterait dans ce piège et les Sith mettraient définitivement un terme à l'Ordre des Jedi.

- Skywalker sera là bientôt. Ne le sous-estimez pas. Nous avons provoqué sa colère. Il n'hésitera pas à massacrer tous ceux qui se mettront en travers de son chemin.
- Mon apprenti et moi nous chargerons de lui.

L'Empereur contourna le Comte pour étudier les enfants. Ils étaient terrifiés. Leur peur envahissait la pièce comme un épais nuage et masquait toute le reste. Il ne faisait aucun doute qu'ils étaient très puissants. La Force émanait d'eux avec une intensité à laquelle peu d'être vivants pouvaient prétendre.

- Je sens votre peur, déclara-t-il d'une voix sombre. La Force est puissante dans votre famille.

Luke et Leia se regardèrent mais ne répondirent rien. Des frissons de terreur les parcouraient.

- Ne vous en faites pas. Votre père sera là bientôt, déclara l'Empereur avec satisfaction.


۞


Trois X-Wings se posèrent dans le hangar principal de la base Echo. Ils étaient partis récolter des informations sur l'état de la zone. Les Rebelles devaient connaître l'avancement de l'Etoile Noire pour amorcer leur attaque dès qu'elle atteindrait le système de Hoth. Mon Mothma, Zemfira et Yoda attendaient sur la plateforme. Des centaines de pilotes et de soldats de l'Alliance s'étaient postés derrière eux. La tension était à son comble. Le conflit était imminent.

- Nous avions raison, l'Empire nous a retrouvé. L'Etoile Noire est sortie de l'hyperespace suffisamment loin pour que nos radars terrestres ne puissent pas la détecter. Mais elle avance plutôt rapidement. Ils sont à moins d'un demi parsec de la planète. Nous devons préparer notre défense.

Mon Mothma hocha de la tête. Elle se tourna vers l'amiral Ackbar, originaire de la planète Mon Calamari qui avait récemment accepté de rejoindre l'Alliance.

- Amiral ! Réunissez nos hommes dans la salle de briefing. Je vais m'entretenir avec nos techniciens.

L'amiral salua la sénatrice lorsqu'elle quitta le hangar et se retourna vers les pilotes.

- Vous avez entendu la sénatrice. Je veux que chaque vaisseau soit prêt à décoller dans l'heure. Nous avons suffisamment d'astroméchanos pour chacun d'entre vous. Rendez-vous dans la salle de briefing dans 30 minutes.

Zemfira et Yoda retournèrent vers le poste de commandement pour planifier l'attaque de l'Etoile Noire. La jeune fille, habituellement enjouée et bavarde, n'avait pas dit un mot depuis le départ de son ancien maitre.

- Troublée, tu es... constata Yoda.
- Je suis inquiète. Cette arme est très dangereuse. Je ne sais pas ce qui va advenir de nous.
- Troublant cela est. Mais autre chose dans ton esprit je sens, ajouta-t-il en souriant avec compatissance.

Zemfira et le maitre arrivèrent finalement dans le poste de commandement. La glace recouvrait entièrement le sol de la base. La jeune Jedi se laissa tomber avec tristesse sur le rebord du projecteur holographique central. Son visage trahissait une profonde mélancolie.

- Anakin ne m'avait encore jamais crié dessus.
- Inquiet, il est.
- Je sais. Je m'en veux énormément. Je n'aurais pas du agir ainsi. Il a raison. J'ai manqué de vigilance.

Yoda ferma les yeux. Il était pensif. L'heure n'était pas aux lamentations. Zemfira était un élément nécessaire de la Rébellion. Ses compétences de pilote et sa maitrise de la Force faisaient d'elle un atout puissant. Il ne voulait pas qu'elle se morfonde et perde tout contrôle. En particulier dans une situation aussi périlleuse.

- Le jeune Skywalker, impulsif et maladroit il est ! Ses paroles de son cœur ne viennent pas. Une manifestation de sa colère et de sa haine tu as vu.

La jeune fille soupira. Il avait probablement raison. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter du sort de Luke et Leia.

۞

Le chasseur d'Obi-Wan sortit de l'hyperespace à proximité de la capitale de l'Empire, suivi de très près par le vaisseau piloté par son ancien apprenti.

- Ce manque d'accueil me surprend, déclara Anakin en stabilisant son vaisseau qui atteignait l'atmosphère. Coruscant n'avait encore jamais été aussi libre d'accès.
- C'est un piège. Nous sommes attendus par l'Empereur. Restez vigilent !

Les deux petits vaisseaux se faufilèrent à travers les grands immeubles de duracier qui recouvraient la surface de la planète. Aucun d'entre eux n'était revenu ici depuis l'avènement de l'Empire. La ville n'avait pas beaucoup changé mais elle leur semblait particulièrement peu familière.
Padmé ne voulait pas regarder le grand immeuble du 500 Republica où elle avait vécu pendant des années, mais elle ne pouvait se résoudre à fermer les yeux. Malgré tout le mal qui avait été fait ici, des événements heureux y avaient également pris place. Son regard passait d'immeuble en immeuble, de tours en tours. Soudain, le grand dôme du sénat se dessina à l'horizon. Le cœur de l'ancienne sénatrice se serra douloureusement. Mais la sensation s'empira lorsqu'elle tourna son regard plus à gauche. Le temple Jedi qui s'élevait autrefois fièrement au loin avait été détruit. A sa place se tenait une grande tour construite sur un socle circulaire.

- Tu as vu, murmura-t-elle avec horreur.

Anakin ferma les yeux un instant. Une grande tristesse le gagna, mais il la réprima. Ce lieu avait toujours été important pour lui, mais il ne représentait pas tout. Les autres Jedi n'avaient connu que ce lieu. Lui, il avait une femme et des enfants.

- Tu vois cette tour ?
- Je sais, répondit Anakin en redirigeant son vaisseau. Je l'ai senti moi aussi.

Les deux petits vaisseaux se posèrent sur la plateforme d'atterrissage de la grande tour Impériale qui remplaçait le Temple Jedi.
Obi-Wan et Anakin se hâtèrent hors de leur vaisseau. Padmé les suivit de près, son blaster à portée de main. Des clones attendaient leur arrivée de pieds fermes et les encerclèrent rapidement.

- C'était bien trop facile, déclara Obi-Wan en souriant.

Le premier soldat tira sur Anakin, qui dévia son tir avec son sabre laser. Les autres ne mirent pas longtemps avant de suivre le mouvement. Padmé resta collée contre le vaisseau afin d'assurer ses arrières. R2D2 se détacha du vaisseau et se plaça à côté de l'ancienne sénatrice. Elle était venue jusqu'ici et n'allait pas faire marche arrière. La peur qui lui glaçait le dos n'était pas dû aux soldats clones qui lui tiraient dessus. Elle craignait pour ses enfants et voulait à tout prix les rejoindre. Elle n'avait pas de temps à perdre avec ces soldats.

- Dépêchez-vous ! demanda Obi-Wan lorsqu'il eut dévié le tir du dernier clone. D'autres vont venir !

Les deux Jedi, Padmé et R2D2 se dirigèrent rapidement jusqu'à l'entrée de la tour. De grands ascenseurs menaient aux hauteurs du bâtiment. Ils se faufilèrent en toute hâte dans le premier.
Alors que la petite cabine montait, Anakin et Padmé échangèrent un regard inquiet. Le besoin qu'ils ressentaient de protéger leurs enfants était incontrôlable. C'était un instinct sauvage qui avait pris le contrôle sur leur raison et qui les pousserait à ne reculer devant rien.

- Quand nous les retrouverons, Obi-Wan et moi nous nous occuperons des Sith. Emmène Luke et Leia en lieu sur.
- Je ne partirai pas sans toi !
- Ne t'en fais pas. Tout ira bien pour nous. Le plus important pour le moment est de mettre les enfants en sécurité. R2 vous aidera à quitter la tour et à piloter le vaisseau.

Padmé hocha de la tête en signe d'approbation. Jamais elle ne tenterait de réfuter cet argument.

۞

Tous les pilotes de l'Alliance étaient réunis dans la salle de conférence de la Base Echo. L'Amiral Ackbar, secondé par la sénatrice Mon Mothma, dirigeait le briefing.

- L'Etoile Noire a été conçue pour faire face à des attaques massives. Elle est équipée pour se défendre contre de grands vaisseaux et des attaques de grande envergure.

La table de diffusion centrale laissait paraître un hologramme détaillé de l'Etoile Noire. L'Amiral Ackbar le faisait pivoter au gré de ses explications.

- L'Empire n'a pas jugé nécessaire de se protéger d'une attaque rapprochée. Si nous réussissons à l'atteindre, les tirs de nos X-Wings pourront aisément traverser leurs boucliers.

L'hologramme de l'arme de l'Empire laissa place à un autre holgramme, qui représentait la structure du bâtiment.

- Les systèmes d'aération ne sont dotés d'aucune protection. Il s'agit là d'une faille à exploiter qui pourrait mener à la destruction complète de l'arme à l'aide d'une seule torpille à photon.

Les pilotes se regardèrent, incrédules. Passer le barrage des chasseurs TIE et des tirs croisés des sentinelles serait un premier défi. Réussir à tirer une torpille dans un conduit aussi large que leur casque de visée relevait du miracle !

- Un vaisseau se lancera dans le couloir d'accès aux aérateurs pendant que deux autres l'escorteront. Vous n'aurez qu'une seule chance.

L'assemblée n'avait pas de questions. Tout était clair. La mission allait être périlleuse et très délicate, mais ils feraient de leur mieux.

- Pilotes. A vos vaisseaux.
- Que la Force soit avec vous, souhaita Yoda.

Tous les pilotes se levèrent pour préparer leurs vaisseaux à l'attaque. La salle de briefing fut rapidement désertée.
Zemfira se leva et s'empara d'un casque de pilote avant de se diriger vers la sortie.

- Jeune Zemfira. Un mot à te dire j'aurais.

La jeune Jedi se retourna pour faire face au vieux maitre resté en retrait.

- En état de participer à ce combat tu n'es pas.
- Pas en état ? s'énerva-t-elle. Une arme de destruction capable de réduire cette planète en cendre avance sur nous. Peu importe mon état, je dois aller là-haut !
- De la colère et de la haine je sens en toi. Ton esprit aveuglé par la culpabilité il est. Si tu pars avec eux maintenant, en grand danger tu te mettras.

Zemfira se retourna vers la porte. Elle ne supportait pas de faire face au vieux maitre. Il avait très certainement raison. Elle était rongée par la culpabilité et se sentait coupable de l'enlèvement de Luke et Leia. Mais comment pouvait-elle s'asseoir et méditer sur ses actes alors que l'une des plus importantes batailles de l'histoire était sur le point d'avoir lieue ?

- Je dois partir maitre. Je suis navrée, ajouta-t-elle en baissant le visage.

Yoda soupira tristement lorsqu'elle rejoint le hangar. Elle était comme son maitre. Impulsive. Dynamique. Son esprit était tourné vers l'aventure, vers l'avenir. Anakin s'était calmé en vieillissant. Il était toujours un Jedi très singulier et ses méthodes étaient plus que discutables, mais il avait réussi, dans une certaine mesure, à se contrôler. Zemfira était encore si jeune. Il lui restait beaucoup à apprendre.
Partie 2 - Chapitre 6


Anakin et Obi-Wan avançaient dans le long couloir de la nouvelle tour Impériale qui remplaçait désormais l'ancien Temple. Evoluer dans ce lieu sinistre procurait des frissons d'horreur aux Jedi. Il était empli du Côté Obscur. Jamais encore ils n'avaient mis les pieds dans un lieu qui soit à ce point contrôlé par la colère et la haine. Ils pouvaient sentir la Force Obscur comme si elle avait été physiquement présente avec eux.
Padmé tenait son blaster fermement. Elle était attentive et suivait ses amis, se fiant à leur instinct pour retrouver ses enfants. R2D2 l'accompagnait, ses capteurs en alerte afin de prévenir toute attaque.

- R2 ! Essaye de déverrouiller cette porte, demanda Anakin.

Le petit groupe se retrouva face à une porte blindée qui ressemblait en tout point à celle qui menait autrefois au bureau du Chancelier. L'astroméchano se hâta d'effectuer sa mission. Il brancha son outil de déverrouillage à la serrure électronique de la porte, qui céda rapidement. Ce droïde n'était vraiment pas comme les autres. Durant la guerre des clones, Anakin lui avait apporté tout un tas de modifications et lui avait installé de nombreuses fonctions supplémentaires. En repensant à cette époque, il se félicita de ce choix. S'il ne l'avait pas fait, jamais R2 n'aurait été capable d'ouvrir la porte.
Un long couloir menait à un grand bureau décoré de noir et de rouge. Les deux statues à l'entrée représentaient des divinités Naboo et Padmé comprit immédiatement qu'ils étaient au bon endroit.

A l'extrémité de la pièce se trouvait un grand siège noir. Anakin et Obi-Wan s'avancèrent prudemment. En même temps, le fauteuil de l'Empereur se retourna et il fit face aux Jedi. A ces personnes qu'il avait honteusement trahies. Lorsque le couloir prit fin pour s'ouvrir sur l'immensité du bureau, Anakin et Obi-Wan constatèrent que Darth Sidious n'était pas seul. Le Comte Dooku et son nouvel apprenti attendaient patiemment leur arrivée. Ce qui attira plus particulièrement l'attention du jeune Jedi était ce qui se trouvait derrière les deux seigneurs Sith.

- Luke, Leia ! s'écria Padmé avant même qu'Anakin le fasse.
- Maman ! crièrent-ils à l'unisson.

Ils avancèrent leur bras en avant, comme pour la serrer contre eux, mais ils ne pouvaient s'enfuir. Firrenz, l'apprenti de Dooku, les tenait d'une main ferme.

- La plaisanterie a assez durée Sidious, déclara Obi-Wan avec autorité. Vous n'avez aucun droit de retenir ces enfants.
- Détrompez-vous ! Les Jedi sont des ennemis de l'Empire et doivent être éliminés. Je fais une faveur à ces enfants en ne les massacrant pas comme les autres.

A ces paroles, Anakin déclencha immédiatement la lame de son sabre laser. Menacer ainsi ses enfants provoquait en lui un sentiment ultime de rage.

- Tellement de talent. Tellement de pouvoir. Tellement de passion. Quel dommage que tu ais pris la mauvaise décision jeune Skywalker.

Anakin ne pouvait pas répondre. Il bouillonnait de haine. S'il disait un mot, il avait peur de perdre le contrôle. Ses années d'entrainement et tout son temps passé à entrainer Zemfira lui avaient appris qu'il valait mieux se préparer à l'attaque pour se battre efficacement. Les Jedi disaient que la haine et la colère menaient au Côté Obscur. Après tant d'années passées à les écouter, il avait fini par les croire. Jusqu'à un certain point. Aujourd'hui, peu lui importait les préceptes des Jedi ou le sort du reste de la galaxie. Il devait sauver ses enfants.

- J'espère que tu sais qu'il n'est pas trop tard, proposa Seigneur Sith, un sourire sournois sur le visage.

La lame d'Obi-Wan se déclencha à son tour. Les deux Jedi étaient en garde. Ils n'étaient que deux contre trois. Ils allaient devoir agir efficacement. Le Comte Dooku s'avança vers eux.

- Dooku. Vous êtes venu pour perdre les membres qui vous restent ? demanda Anakin avec mépris.
- Tellement d'arrogance ! Kenobi, vous auriez pu l'entrainer mieux que ça.

L'ancien apprenti attaqua le premier. Le Comte le para de sa lame et ils s'engagèrent dans un combat d'une rapidité qui dépassait tout ce qu'ils avaient connu jusqu'à maintenant. Obi-Wan ne laissa pas son ami se défendre seul et les deux Jedi contre le Sith seul commencèrent rapidement à prendre l'avantage.
Du coin de la pièce, Firrenz observait son maitre se battre. Il semblait en difficulté. Les Jedi étaient rapides. Plus rapides que ceux qu'il avait trouvé et massacré dans le passé. Il décida alors d'aider son maitre. Les deux petits Skywalker resteraient sans garde, mais même si leur mère décidait de les emmener, ils ne pourraient jamais quitter le bâtiment en vie.
En une seconde, il lâcha les jumeaux et prit part au combat. Anakin se chargea de lui et Obi-Wan continua à parer les attaques de Dooku.

Luke et Leia coururent vers Padmé et sautèrent dans les bras de leur mère. Ils étaient soulagés, mais la situation les terrorisait toujours.

- Vite ! Il faut partir d'ici, déclara Padmé en se dirigeant vers le grand couloir.

L'Empereur les observa en ricanant. Elle était l'ancienne sénatrice de sa planète et elle avait été, à une époque, une amie également. Il se demanda comment elle pouvait être assez stupide pour croire qu'il les laisserait filer si rapidement.
Alors qu'elle courait vers la porte avec ses enfants, il pressa la commande de fermeture du sas. Tous les trois se retrouvèrent devant la grande porte blindée.

- R2, déverrouille la porte et pirate les codes de sécurité, murmura Padmé dans son commlink.

Le petit droïde s'exécuta et le sas s'ouvrit à nouveau. Padmé, son blaster toujours fermement à la main, fila à toute vitesse dans la direction inverse afin de regagner la plateforme d'atterrissage.
L'Empereur appuya à nouveau sur la commande qui contrôlait la porte de son bureau mais le petit droïde l'avait complètement désactivée. Il fut pris d'une grande colère, mais se calma rapidement. Même si Padmé réussissait à les emmener loin de la capitale, ce qui était peu probable, ils ne représentaient pas un danger. Comment pouvaient-ils être formés si tous les maitres Jedi étaient morts ? Et puis, il n'aurait pas de peine à les retrouver en temps voulu.

۞

Une série de X-Wings survolaient l'atmosphère de la glaciale planète Hoth. L'Etoile Noire était à portée de vue, mais elle n'était pas encore prête à tirer. Fort heureusement pour l'Alliance, une telle arme nécessitait des calculs précis et un angle de tir particulier. Cela leur laisserait peut-être juste le temps d'organiser leur attaque.

- Red 3, paré.
- Red 12, paré.
- Red 5, paré.

Les pilotes avançaient rapidement. L'attaque était imminente. Ils se mirent en formation, conformément au plan, pour qu'il y ait toujours un tireur et deux vaisseaux pour le couvrir.

- Ailerons en formation d'attaque, ordonna le commandant de l'escadron Red.

Les vaisseaux approchèrent l'Etoile Noire à toute allure et leur petite taille leur permit de longer la base de combat à une très petite distance.

- Ils envoient les chasseurs TIE ! s'exclama Zemfira qui le sentit approcher.
- Compris Red 4. Envoyez le premier escadron de tir. Les autres couvrez leur attaque.

Les vaisseaux se dispersèrent alors que le premier groupe entra dans le couloir d'aération pour tenter un tir à photon.
Les chasseurs TIE de l'Empire tournoyaient rapidement dans la zone. Leurs tirs étaient très précis. Leur vitesse leur donnait également un certain avantage. De plus, les tourelles de protection de l'Etoile Noire ne cessaient de tirer en rafales. La mission n'allait pas se montrer des plus aisées.

- On a perdu Red 5 !
- Compris Red 4. Je prends sa place, déclara Zemfira en rejoignant la formation.

La jeune Jedi fit une vrille et s'engouffra dans le couloir d'aération de l'Etoile Noire. Le tireur de torpille à photon était toujours là, mais l'un des vaisseaux qui le couvraient avait explosé et l'autre était en très mauvais état.

۞

Padmé, Luke et Leia, suivis de R2D2, empruntèrent le grand ascenseur qui descendait dans le hall de la tour Impériale. Il s'agissait d'une base gigantesque, de forme circulaire, dans laquelle il était possible d'accéder facile aux plateformes.
Lorsque la porte s'ouvrit, ils s'engagèrent rapidement dans un long couloir.

- Où on va ? demanda Leia d'une petite voix.
- Il faut que l'on trouve un vaisseau et que l'on parte d'ici tout de suite, répondit Padmé.
- Mais et papa ? demanda Luke, inquiet.

Padmé le regarda avec peine. Ils devaient partir vite. Quitter la planète sans lui et sans Obi-Wan lui brisait néanmoins le cœur.
Elle était sur le point de répondre lorsque du bruit se fit entendre, au bout du couloir. Padmé dut réagir au quart de tour pour éviter de ne pas se faire prendre. Elle attrapa ses enfants par la main et les attira dans une petite salle de contrôle technique. Un clone se trouvait à l'intérieur. Il se leva, surpris, et l'approcha pour l'interroger.

- Madame ! Vous n'avez pas le droit d'être ici !

Padmé leva son blaster et tira. Le clone tomba sur le sol, inanimé. Elle avait à tout pris essayé d'éviter une telle situation. Ses enfants étaient si jeunes. Elle ne voulait pas qu'ils soient témoins de la mort, même s'il s'agissait de celle d'un clone.

- Vite, R2 ! Verrouille la porte avant que quelqu'un n'arrive.

Le petit droïde s'exécuta encore une fois en se connectant au sas d'accès. Padmé se mit aux commandes de l'ordinateur de contrôle. Le plan lui indiquait que le seul moyen d'atteindre la plateforme d'atterrissage depuis ce point était d'emprunter le couloir dans lequel ils étaient auparavant engagés. Et il grouillait de clones. Alors qu'elle tentait de trouver une autre solution, un bruit vint la tirer de ses pensées.

- Ouvrez la porte ! Soldat, que se passe-t-il là-dedans ? demanda la voix d'un clone qui appelait depuis l'extérieur de la cabine.
- Ho non, murmura-t-elle, très embêtée.

۞

Anakin faisait face au nouvel apprenti du Comte Dooku. Le jeune homme ne devait pas avoir plus de vingt ans. Il était inexpérimenté et son manque d'entrainement se faisait cruellement ressentir. Le jeune Jedi était stupéfait du manque de surprise que ce combat offrait. Le style de combat du Sith rappelait fortement celui de Asaj Ventress, l'ancienne apprentie de Dooku. Le vieux maitre ne faisait pas preuve d'une grande originalité.
L'Empereur, toujours assis sur son grand fauteuil, faisait face aux deux combats qui prenaient place dans son bureau. Malgré la situation périlleuse, il affichait un grand sourire. Anakin était en colère. Sa haine et sa rage dépassaient tout ce dont il avait été témoin jusque là. Le combat entre Obi-Wan et Dooku lui importait moins que celui de son apprenti. Le Comte était vieux et blessé. Sa mort ne serait pas regrettable.

Obi-Wan donna un coup violent au Comte, qui bascula. Aidé de la Force, il réussit à lui faire perdre complètement l'équilibre. Le vieil homme se retrouva à terre. Son sabre rouge était toujours dressé face à lui, en garde.

- Les choses n'ont pas à se finir ainsi, s'apitoya Obi-Wan. Vous étiez un Jedi ! Il n'est pas trop tard.
- Vous ne connaissez pas le pouvoir du Côté Obscur, répondit le vieil homme en se redressant. Je ne perdrai pas mes pouvoirs ! cria-t-il en ripostant.

Obi-Wan n'eut d'autre choix que de se défendre. Il avait déjà tué des opposants, en particulier durant les longues années de la guerre des clones. Tout ce temps n'avait cependant pas rendu la chose plus facile et il avait horreur de faire du mal aux autres.
Aujourd'hui, cependant, il n'avait pas le choix.
Sa lame et celle de Dooku s'entrechoquèrent avec violence avant que le maitre Jedi ne contrattaque. Il enfonça sa lame dans le flanc gauche de son adversaire. Il tomba sur le sol, une expression d'horreur sur son visage. Dooku gisait maintenant sur le sol, inanimé.
Anakin et Firrenz s'affrontaient toujours. Le jeune apprenti Sith était terrorisé. Son opposant le dominait sans effort et il sentait que l'issue du combat était proche. Et celle-ci ne lui serait définitivement pas favorable.
Anakin assena un coup de sabre violent à son adversaire, qui perdit la maitrise de son sabre. L'arme vola dans la direction opposée du bureau et le jeune homme se retrouva plaqué contre le mur, désarmé. Le jeune Jedi ne cessa pas de lui faire face et le menaçait toujours de sa lame.

- C'est terminé, déclara Obi-Wan en faisant face à l'Empereur. Votre trop grande confiance en vous est votre faille.

L'Empereur éclata d'un rire sonore. Il se leva et se dirigea plus près du lieu où les combats avaient été menés.

- Il y a de cela cinq ans, vous êtes venu me menacer de la même façon. Vous étiez trois et vous avez échoué. Qu'est-ce qui peut bien vous faire croire que la situation serait différente aujourd'hui ?
- Nous avons beaucoup appris, répondit Anakin, qui n'avait presque rien dit jusque là.

L'Empereur ricana avec moquerie. Il plaçait une confiance absolue dans ses pouvoirs. Le Côté Obscur était plus puissant. Il en avait toujours été ainsi et il était temps que les Jedi le comprennent.
Darth Sidious leva ses bras et laissa échapper des éclairs de Force. Anakin avait déjà fait l'expérience de la douleur atroce qu'ils provoquaient. Le Comte Dooku s'en était servi contre lui sur Geonosis au tout début de la guerre. Jamais il n'avait pu oublier cette sensation. Une douleur si forte, si insupportable, qu'elle donnait envie à sa victime de perdre la vie pour ne plus l'endurer.
Obi-Wan et Anakin furent pris par surprise et projettes à l'autre bout du bureau. Ils s'écrasèrent sur le sol et eurent de la peine à retrouver leur esprit.

- Vous ne vous êtes pas suffisamment entrainés, constata l'Empereur avec mépris.
Partie 2 - Chapitre 7


Padmé avait du se cacher dans l'urgence. Des clones arpentaient la tour Impériale et étaient sur le point de la retrouver.
Le soldat tapait contre la porte énergiquement. Il fallait agir vite. La jeune femme décida d'improviser et de tenter sa chance.

- R2 ! Déclenche tous les détecteurs incendies de l'étage. Active le code d'urgence d'évacuation et attire leur attention ailleurs.

Encore une fois, le petit droïde s'enquit efficacement de sa tâche. De simples manipulations lui permirent de déclencher le dispositif d'urgence. Padmé entendit les clones parler derrière la porte.

- Un court-circuit ? demanda l'un d'entre eux.
- Je ne sais pas, mais quelque chose est en train de se passer. Nous ferions mieux de reporter ce problème au commandant, ajouta l'autre.

Padmé s'adossa au mur de la cabine de contrôle et se laissa aller à un long soupir. Cette fois, ils n'étaient pas passés loin de l'arrestation.

- Venez. Nous devons nous rendre aux vaisseaux, vite !

Les jumeaux hochèrent de la tête et suivirent leur mère. Ils auraient aimé la tenir par la main, mais elle restait agrippée à son blaster. Pour se rassurer, ils s'accrochèrent chacun à un côté du droïde R2D2. Cet astroméchano n'était pas qu'un serviteur pour la famille Skywalker, ils étaient aussi un ami. Et il avait sauvé la vie de chacun de ses membres à de nombreuses reprises.
Le petit groupe s'avançait furtivement dans les longs couloirs de la tour Impérial. Padmé ne connaissait pas cet endroit. Elle avait quitté son poste de sénatrice pour diriger la Rébellion et n'avait pas remis les pieds sur cette planète depuis la fin de la République. Si seulement Luke et Leia avaient été retenus captifs dans le sénat, là où l'Empereur possédait autrefois un bureau, leur fuite se serait avérée beaucoup plus aisée.
Alors que Padmé s'apprêtait à diriger ses enfants dans un nouveau couloir, elle fut stoppée nette. Face à elle se trouvait un bataillon entier de clones. Nul doute que l'Empereur avait dépêché des soldats à leur recherche.
La jeune femme fit signe à ses enfants de rester silencieux. Elle les plaqua tous contre le mur. Cette fois ils étaient coincés. De plus en plus de clones investissaient le bâtiment.
Padmé tenta de se calmer en respirant lentement. Elle devait trouver une autre solution. Après tout, elle s'était déjà sortie de situations bien plus périlleuses. Alors qu'elle tentait d'imaginer une autre stratégie, une voix dure et autoritaire la sortit de ses pensées.

- Vous ! Que faîtes-vous là ? s'exclama un clone en pointant son arme contre elle.

Instinctivement, elle se plaça devant ses enfants. Mais c'était peine perdue. Ils étaient trop nombreux. Elle ne pourrait faire face à un commando entier de clones, seule, en protégeant ses deux enfants et munie de son seul blaster.


۞

Anakin s'agenouilla avec peine. Les éclairs de Force lui remémoraient avec douleur son échec de Geonosis. Il avait combattu le Comte Dooku avec trop de hâte et d'impulsivité. Ce jour-là, il avait perdu son bras, mais également sa fierté. Il releva le visage pour faire face à l'Empereur. Celui qui, un jour, avait été un ami et un fidèle conseiller. Il n'était en fait qu'un imposteur et ses actions avaient mis en danger la famille de Skywalker. Le jeune Jedi sentit sa colère monter en lui, encore une fois. Il décida de la contenir. Pas pour la réprimer, mais simplement pour la canaliser et l'utiliser intelligemment.

- Quelle déception. Tu aurais pu maitriser la Force comme nul ne l'avait encore fait ! s'exclama l'Empereur en relaissant un éclair de Force.

Les deux Jedi ne purent réprimer un cri de douleur. Ils avaient été entrainé à résister aux attaques physiques et les terrasser n'était pas chose facile. Les éclairs de Force Sith étaient cependant une arme redoutable.
L'Empereur cessa son assaut un instant et dévisagea ses deux victimes avec mépris.

- Aujourd'hui il est temps de payer votre manque cruel de lucidité, ajouta-t-il en tendant les bras pour reprendre son attaque.

Anakin dirigea son regard vers l'autre extrémité de la pièce. Le sabre laser de Dooku était toujours posé sur le sol. Obi-Wan l'avait désarmé quelques instants auparavant, pendant leur affrontement. Il l'attira vers lui à l'aide de la Force et en prit possession assez vite pour que l'Empereur soit surpris. Le vieil homme lança rapidement ses éclairs, mais Anakin réussit à les parer avec le sabre du défunt Comte.
L'Empereur recula d'un pas. Il ne s'était pas attendu à ce retournement de situation. Personne ne se relevait d'un tel assaut avec une telle furtivité.
Anakin s'avança et bondit comme un nexu affamé vers sa proie. Il trancha les bras de l'Empereur et le vit voler contre son bureau.
Obi-Wan se releva péniblement mais reprit rapidement ses esprits. Il empoigna son sabre laser et se mit en garde devant l'apprenti du défunt Comte Dooku pour l'empêcher de venir en aide au Seigneur Sith.

- Mon manque de lucidité a été de vous considérer comme un allié et un ami, déclara Anakin en faisant référence aux paroles de l'Empereur.

L'Empereur se laissa retomber sur le sol, le dos appuyé contre son bureau. Il était comme un misérable insecte que l'on pouvait écraser à tout instant. Son visage transpirait la peur et l'échec. Le vieil homme était un lâche et sa situation n'inspirait que pitié.

- Tu ne peux pas me tuer ! Si tu me terrasses, tu deviendras ce que tu as juré de combattre. Un Jedi ne tue pas un homme sans défense.

A ces paroles, Anakin se laissa un instant pour réfléchir. Les Jedi ne devaient pas connaître la haine et la colère. Ils devaient maintenir la paix et la justice et se montrer impartiaux. L'Empereur en face de lui avait les bras tranchés. Il était à terre, implorant pour échapper à une mort certaine. Et un Jedi ne devait pas tuer un homme sans défense. Mais l'était-il vraiment ? Il avait montré au cours des dernières années que sa défense la plus efficace ne résidait pas dans son sabre laser mais dans sa capacité à manipuler et à se servir de tous ceux qui l'entouraient. Il avait utilisé Anakin comme un objet pendant de nombreuses années et n'hésiterait pas à le faire encore. Anakin admit alors que l'homme en face de lui était loin d'être désarmé. Il était en pleine possession de son esprit. Son arme la plus dangereuse. Il devait le détruire pour ramener la paix dans la galaxie. Ce n'était pas une option. C'est alors qu'il comprit ce qu'Obi-Wan voulait dire, lorsqu'il interprétait le Code des Jedi de la manière qui l'arrangeait le plus. Il ne s'agissait là que d'une question de point de vue.
Les pensées du jeune homme se dirigèrent alors vers ses deux enfants. Ses magnifiques jumeaux qui, âgés de seulement cinq ans, avaient réussi à bouleverser complètement sa vie. Quel futur pouvaient-ils espérer avec un Seigneur Sith aux commandes de la galaxie ? Anakin ne pouvait pas laisser l'avenir de ses enfants compromis par ce vieil homme.
Lorsque Anakin avança son sabre laser pour mettre fin à la vie du Sith qui se trouvait en face de lui, il ne ressentit pas de la colère vis-à-vis de celui qui l'avait trahi. Ce n'était pas non plus cet amer saveur de vengeance à laquelle il avait goûté lorsqu'il avait massacré toute la tribu Tusken sur Tatooïne, après le décès de sa mère. Il ressentit simplement un soulagement profond. La destruction du mal pour assurer un avenir de paix à sa famille et à tous ceux qu'il aimait était tout ce qu'il souhaitait.
Lorsque le corps du vieil homme se relâcha et qu'il tomba silencieusement sur son flanc gauche, Anakin laissa s'échapper un long soupir. C'était terminé.

- Que fait-on de lui ? demanda le jeune homme en se retournant vers son ancien maitre.
- Il doit être jugé, répondit-il en ne quittant pas l'apprenti Sith des yeux.

Tous les trois sortirent du bureau. Obi-Wan gardait scrupuleusement le jeune homme en face de son sabre, pour lui enlever toute envie de s'échapper.

- Padmé et les jumeaux sont encore là, déclara Obi-Wan d'un ton grave. Il faut les retrouver et quitter cette planète au plus vite ! L'Empereur est mort, mais je sens que nous n'avons pas que des alliés dans ce bâtiment.
- Je pense la même chose, ajouta Anakin, soucieux.

Il était encore retourné par les événements qui venaient de se produire. Il venait de mettre un terme à la vie de celui qui s'était montré un ami très cher pendant de nombreuses années. Ce qu'il avait fait à la galaxie était impardonnable. Et il avait menacé la vie de Padmé et de leurs enfants. Mais il avait également participé à faire d'Anakin l'homme qu'il était aujourd'hui. Son influence ne pouvait pas être reniée.
Maintenant, il fallait se concentrer sur le reste de la mission. Ils étaient encore loin d'être tirés d'affaire.
L'ascenseur s'arrêta au niveau des plateformes d'atterrissage. Anakin se dirigea instinctivement dans une direction et Obi-Wan acquiesça. Il faisait confiance à son ancien apprenti pour localiser sa famille. Luke et Leia étaient une partie de lui. Le jeune Jedi pouvait les ressentir comme nul autre.
Alors qu'ils s'avançaient dans la direction des plateformes, Anakin et Obi-Wan s'arrêtèrent. Leur prisonnier était toujours menacé de la lame du maitre Jedi. Ils entendirent des voix et s'avancèrent. Padmé, Luke et Leia étaient assis sur le rebord de la longue baie vitrée de la tour Impériale. Un commando entier de clones les encerclait. Padmé remarqua les deux Jedi et sourit. Elle ne s'autorisa pas à dire un mot, pour ne pas attirer l'attention des soldats vers eux.

- Qu'est-ce qui peut vous mettre de si bonne humeur ? demanda l'un d'eux en remarquant le sourire de la jeune femme.

Elle ne répondit rien et tenta de rester neutre. La dernière chose à faire était d'attirer l'attention. Obi-Wan et Anakin pourraient se charger d'eux, elle en était certaine.

- Il faut quand même particulièrement stupide pour s'imaginer pouvoir faire s'évader les prisonniers toute seule ! s'exclama un autre, moqueur.
- Qui vous a dit que j'étais venue seule ? demanda Padmé d'un air qui laissa le clone perplexe.

En un éclair Anakin et Obi-Wan coururent vers le groupe et maitrisèrent les assauts des clones. Ils dévièrent leurs tirs en prenant bien garde de ne pas rediriger les lasers vers Padmé et les enfants. Certains clones se montrèrent plus résistants et n'hésitèrent pas à riposter. Leur tentative était cependant vaine et ils furent rapidement anéantis.
Anakin rengaina son sabre et courut vers ses deux enfants qui lui sautèrent immédiatement dans les bras. Il les serra contre lui comme il ne l'avait encore jamais fait. Leurs visages enfouis dans sa tunique Jedi laissaient entendre des soupirs de soulagement. Padmé se baissa pour rejoindre leur embrasse et serra sa famille contre elle avec reconnaissance. Elle n'avait pas osé rêver de retrouvailles aussi parfaites.
Obi-Wan s'avança vers eux et posa une main fraternelle sur l'épaule de son ancien apprenti. Il était très fier de lui. Les événements de la journée lui prouvaient qu'il l'avait bien entrainé. Il avait hésité un instant avant de mettre fin à la vie de Darth Sidious. Ce simple instant avait suffi à prouver au maitre Jedi qu'Anakin ne l'avait pas fait vengeance ou par haine. Il l'avait fait par devoir pour la République et pour sa famille.

- Le prisonnier s'est enfui ! s'exclama Anakin en se retournant vers la position qu'ils avaient occupés avant de faire face aux clones.
- Il est parti, c'est vrai, répondit calmement Obi-Wan. Je ne pouvais pas te laisser t'occuper de tous les clones tout seul.


Anakin était d'accord. Il n'aurait pas aimé faire face à tous ces soldats seuls et mettre la vie de Padmé et des jumeaux en danger. Mais Firrenz avait tout de même été l'apprenti d'un Sith. Il n'était pas très puissant et son apprentissage était loin d'être achevé. Sa maitrise du Côté Obscur était cependant indiscutable. Le laisser en liberté était un très malheureux contretemps.

- Faisons vite ! Il faut quitter cette planète avant que d'autres clones n'arrivent. Tant que la situation politique n'est pas stabilisée, nous sommes en danger ici.

Le petit groupe se rendit dans le hangar pour prendre possession d'une petite navette impériale qui leur permettrait de tous s'enfuir sains et saufs. Ils espéraient que le même sort attendrait leurs amis de la Rébellion.

۞

La bataille faisait toujours rage en orbite de la planète Hoth. Les X-Wings de la Rébellion se mesuraient aux chasseurs TIE de l'Empire avec une vélocité et une agressivité rarement égalée. Zemfira couvrait le pilote qui avançait à toute allure vers la bouche d'entrée du conduit d'aération. Il avait le pouvoir de mettre fin à l'Etoile Noire en tirant avec assez de précision. La tâche n'était cependant pas aisée. Il devait se concentrer sur sa cible et se rendait ainsi complètement vulnérable. La jeune Jedi le suivait de près et détruisait tous les chasseurs qui se mettaient en travers de leur route.

- Red 8, gardez votre position ! ordonna-t-elle à l'autre X-Wing.

Le petit vaisseau à sa droite était chargé de la même mission qu'elle. Ils devaient défendre l'homme de tête coûte que coûte. Le pilote semblait cependant ne plus pouvoir maintenir son cape et son enfin oscillait dangereusement.

- Red 8, répondez ! cria-t-elle, commençant à être gagnée par le stress.
- Je ne peux pas ! se lamenta le pilote dans la radio. Leurs tourelles me tirent dessus, je...

Le pilote ne put jamais finir sa communication. Une violente explosion au niveau du cockpit sépara l'avant et l'arrière de son appareil. Les restes de la carcasse fumante s'écrasèrent contre les rebords étroits du long couloir qui menait à la bouche d'aération de l'Etoile Noire.
Zemfira observa toute la scène avec horreur. Elle était complètement impuissante face à cette situation et n'avait rien pu faire pour l'aider.

- Commandant, Red 8 a été descendu ! s'exclama-t-elle tristement. Il nous faut un autre pilote pour couvrir l'homme de tête.
- Négatif. Notre effectif a déjà été réduit de moitié. Vous devez escorter le chasseur jusqu'à sa cible.
- Bien reçu commandant, répondit la jeune fille en coupant la transmission.

Cette fois, il ne restait plus qu'elle.

- Red 2, ici Zemfira.
- Red 2, bien reçu. Zemfira, c'est Will, ajouta-t-il en souriant.

L'homme de tête était un très jeune pilote de la Rébellion. Il avait moins de vingt ans mais avait été recruté pour ses excellentes aptitudes lors des batailles. Rares étaient les pilotes qui pouvaient prétendre à de telles performances aussi jeunes.

- Will, ça va se jouer à toi et moi. Mets les gaz et fais-moi péter cet engin ! ajouta-t-elle en tirant sur les tourelles qui se dressaient devant eux.

Le jeune pilote installa son appareil de visée et se prépara à tirer. Ils y étaient presque. Encore quelques mètres et le conduit serait à portée de tir.

- Red 2, Red 1, faites attention un bombardier se dirige droit sur vous !
- Possibilité de nous couvrir ? demanda Zemfira, très occupée à éliminer les chasseurs qui grouillaient de partout.
- Négatif. J'ai une douzaine de chasseurs qui ne me lâchent pas ! cria l'autre pilote.

La jeune Jedi soupira. Elle devait trouver une solution rapidement, mais la situation était très compliquée. Ils étaient censés être deux pour défendre l'homme de tête et elle devait déjà effectuer cette tâche toute seule. Comment pouvait-elle en plus prendre en chasse un bombardier ?

- Red 2, attention ! Le bombardier est sur vous !

Zemfira releva les yeux et constata que le vaisseau s'était positionné en plein au-dessus du chasseur de Will. Elle ne pouvait pas le laisser faire. Ils étaient si prêts du but ! Encore quelques secondes et il pourrait tirer ses torpilles à photon. La jeune Jedi décida d'attendre encore, espérant qu'ils pourraient terminer leur mission avant que le bombardier n'atteigne le vaisseau de tête, mais c'était peine perdue. Zemfira se rendit à l'évidence, il toucherait Will avant qu'il n'atteigne sa cible. Elle devait le détruire, mais cette manœuvre la laisserait complètement vulnérables aux tirs des tourelles qui bordaient le couloir. La situation apparut alors clairement devant ses yeux. Ils ne pouvaient pas tous s'en sortir.

- Will ! C'est Zemfira. Ne manque pas ta cible, tu n'auras qu'une occasion !
- Et toi, qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il ?

La jeune fille réorienta son X-Wing pour qu'il fasse une vrille et se retrouve derrière le bombardier. Elle concentra toute sa puissance de tir sur l'engin et le fit rapidement explosé. Un long soupir de soulagement lui échappa avant que des tirs de chasseurs TIE ne secouent son vaisseau. Son astroméchano poussa un long « bip » d'agonie lorsqu'il reçut un tir en plein dans son dôme. Zemfira regarda alors dans la tranchée en dessous d'elle. Will tira ses torpilles à photon qui vinrent s'engouffrer dans le conduit d'aération. Les ordres de quitter la zone se faisaient déjà entendre sur sa fréquence radio. Des cris de joie de la part des autres pilotes égayèrent son cœur, alors qu'elle sentit que la fin était venue. Ses deux ailes gauches se décrochèrent, provoquant une violente déstabilisation du vaisseau. Les chasseurs TIE toujours entiers continuaient à la pourchasser tandis que son vaisseau s'écrasait contre la coque de l'Etoile Noire.
Au loin, Will ne criait pas de joie comme les autres pilotes. Il se retourna et fut le témoin de la plus violente explosion que la galaxie ait connue. L'Etoile Noire vola en mille morceaux et se dispersa comme des milliers d'étoiles étincelantes.

- Zemfira... murmura-t-il avec tristesse.

Elle s'était sacrifiée pour que la mission puisse être un succès. Jamais il ne pourrait oublier la jeune Jedi qui avait sacrifié sa vie pour lui.

۞

A l'autre bout de la galaxie, un petit groupe quittait Coruscant en toute hâte. Anakin se mit aux commandes et passa les points de contrôle de la planète sans trop de difficulté. Ils avaient volé une navette impériale et cette dernière était dotée de toutes les autorisations de transport nécessaires.

- Place-nous hors de portée de leurs radars. Nous allons tenter de joindre l'Alliance, sur Hoth.
- Très bien, répondit Anakin en réglant les navicomposants.

Le vaisseau avançait rapidement, mais ils n'étaient pas encore en hyperespace. Ils ne pouvaient pas le faire tant qu'ils ne connaissaient pas leur destination.

- Vas-y, demanda Obi-Wan en posant une main chaleureuse sur l'épaule de son ami.

Il dirigea son regard vers Padmé et les enfants qui étaient installés à l'arrière du vaisseau, sur la banquette de transport.

- Je peux me débrouiller tout seul pour mettre cette navette hors de portée.
- Je ne parierais pas là-dessus, répondit Anakin en souriant.

Il se leva et se dirigea vers sa famille à l'arrière de l'appareil. Avec tous les événements qui s'étaient enchainés sur Coruscant, il n'avait pas eu le temps de souffler une seconde. Avant de les rejoindre, il s'appuya contre l'encadrement de la porte. Luke et Leia étaient tous les deux couchés contre Padmé. Leurs yeux étaient fermés, mais Anakin pouvait sentir qu'ils ne dormaient pas.
Il aurait pu rester là, à les observer sans bouger, et il aurait été l'homme le plus heureux de la galaxie. Cette mission avait été différente de toutes celles qu'il avait connu jusque là. Elle était bien plus personnelle. Durant toute la guerre, il avait été envoyé pour se battre aux quatre coins de la galaxie. Il avait effectué son devoir sans trop se poser de question. Il faisait ce qu'il avait à faire, mais cela n'allait pas plus loin. Aujourd'hui, il n'avait pas pensé à lui. Toutes ses pensées avaient été dirigées vers ces deux petits êtres qui avaient redéfini le sens de l'univers pour lui.
Padmé releva le visage et regarda son mari avec contentement. Il semblait satisfait. Elle n'avait pas l'habitude de le voir ainsi. Certes, leurs années passées à se cacher dans la contrée des lacs l'avaient adouci. Il n'empêche qu'il avait toujours été tourmenté par les événements et les décisions qu'il devait prendre. Aujourd'hui, pour la première fois, il semblait simplement calme. Et la sensation était agréable.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il en faisant référence au sourire de Padmé.
- Rien, répondit-elle en secouant la tête.

Il s'avança pour s'asseoir au côté de sa famille. Luke se blottit contre son flanc gauche et Leia resta contre sa mère.

۞

Alors que la navette s'enfonçait plus profondément dans l'espace, Anakin ressentit un déchirement profond et complètement inattendu. Il sentit son cœur se briser en un instant, comme si une force inconnue tentait de lui arracher une part de lui-même. Son premier reflexe fut de porter sa main à sa poitrine. La sensation de manque était si violente qu'elle en était physiquement douloureuse. Il grimaça, ne comprenant pas tout de suite de quoi il s'agissait.

- Quelque chose ne va pas ? demanda Padmé avec inquiétude.
- Zemfira... murmura-t-il, le visage perdu dans le vide.

Alors il comprit. Comme un éclair traversant son esprit, il eu un flash et une série d'images envahirent son esprit. Il discerna l'Etoile Noire et une explosion. Des émotions violentes se bousculèrent en lui. De la joie et une insurmontable anxiété. Il vit alors le visage de son ancienne apprentie. Se yeux se fermèrent et en un soupir, elle cessa d'exister.

- Elle est morte... murmura-t-il encore une fois.

Le simple fait de prononcer ces mots le fit souffrir. Il se remémora leurs derniers instants passés ensembles. Il lui avait crié dessus. Il était en colère et l'avait accusé de choses horribles. Cette dispute avait été très pénible pour eux. Leur connexion les forçait à ressentir les sentiments de l'autre. Il avait senti cohabiter en lui à la fois sa colère et la tristesse de la jeune fille.
Il n'empêche qu'il s'était mis en colère et qu'il l'avait injustement accusée.

- Tu es sur ? demanda Padmé, horrifiée.

Anakin hocha de la tête, incapable de prononcer un mot. Il sentit sa tête tourner avec effroi. Une insupportable culpabilité le submergea. Le jeune Jedi se leva alors d'un bond pour rejoindre Obi-Wan dans le cockpit.

- L'Etoile Noire a été détruite. Nous pouvons mettre le cap sur Hoth tout de suite.

Obi-Wan dévisagea son ancien padawan avec étonnement. Anakin ne cesserait jamais de le surprendre. Comment pouvait-il savoir avec certitude que son allégation était correcte ? Ils étaient encore à portée des radars impériaux. Si l'arme de l'Empire n'avait pas effectivement été détruite, ils prenaient un risque considérable.
Le maitre Jedi décida néanmoins de faire confiance au jeune homme. Après tout, sa capacité à voir des événements distants et à ressentir les choses était quasi infaillible. Il pianota les coordonnées du système Hoth sur l'écran de contrôle et prépara la navette à entrer en hyperespace.
Partie 2 - Chapitre 8
Une semaine était passée depuis la destruction de l'Etoile Noire et la fin du règne de l'Empereur. La galaxie était secouée de partout. Pour la première fois depuis des milliers d'années, elle se retrouvait sans gouvernement. La restitution d'un nouveau pouvoir et d'une nouvelle République était une tâche délicate, mais Padmé et Mon Mothma, qui avaient mené l'Alliance jusque là, étaient plus déterminées que jamais. Leur combat n'avait pas encore touché à sa fin.
Anakin, Yoda et Obi-Wan s'étaient retrouvés sur Hoth après la fin des combats. Ils étaient les derniers Jedi vivants. Parmi les trois jeunes enfants qu'ils avaient pu sauver du Temple Jedi, il y a plus de cinq ans, seuls deux avaient survécus. L'un d'entre eux avait péri dans la destruction de la planète Alderaan, sur laquelle il avait été recueilli. Pour eux non plus, rien n'était fini. Une grande partie de la galaxie avait perdu confiance dans les Jedi. Pour de nombreuses personnes, ils avaient faillis à leur tâche. Ils n'inspiraient plus la confiance qui leur avait longtemps été associée. Pour eux, la tâche ne serait pas aisée. Ils devaient reconstruire un nouvel Ordre Jedi.
L'apprenti de Dooku avait pris la fuite sur Coruscant. Les Jedi s'inquiétaient toujours de son destin. Il n'avait pas terminé sa formation, mais la Force était puissante chez lui. Dire que les Sith avaient été complètement exterminés aurait été un mensonge. Il était toujours là, quelque part. Déciderait-il de se venger, ou resterait-il à l'écart ? Nul ne le savait. Il avait fait preuve d'une grande lâcheté et rien ne laissait présager sa réapparition. Malgré tout, la vigilance devrait être de mise.
Pour l'heure, la galaxie célébrait la fin de cinq longues années de tyrannies. L'Alliance Rebelle avait quitté la planète glaciale et austère de Hoth pour se rendre sur Chandrilla, la planète de la sénatrice Mon Mothma. Tout comme les habitants de la planète Naboo, les Chandrilliens avaient toujours été de fervents opposants de la politique de l'Empereur. Lorsque les croiseurs interstellaires de l'Alliance se posèrent sur le sol de Chandrilla, ils furent accueillis en héros.
Cette petite planète était particulière. Tout comme Naboo, elle était propice au calme et à la paix. Elle faisait partie des mondes du noyau, les systèmes les plus influents de la galaxie, mais elle n'avait jamais perdu sa beauté naturelle. Bien que ses habitants disposent d'une technologie aussi avancée que le reste de l'univers, ils ne le manifestaient pas. Chandrilla n'était pas recouverte de grandes villes et d'immeubles. Les habitations de son peuple étaient simples et discrètes. Elles inspiraient la confiance et la simplicité.
Le soir du retour des membres de l'Alliance, une grande fête avait été organisée. La place publique de la petite ville était recouverte de lanternes. Ces dernières étaient remplies avec des lucioles qui illuminaient les alentours et faisaient flotter le dispositif. Les pilotes buvaient des verres et riaient ensembles. Une bande d'enfants jouaient avec des casques de soldats clones et s'en servaient de tambours pour jouer de la musique. L'ambiance était propice à la joie. Partout dans la galaxie, on fêtait la chute de l'Empire.
Pourtant, ce soir, Anakin était perturbé. Il était heureux de voir cette ère de tyrannie prendre fin. Cette nouvelle ère impliquait un monde plus sur pour ses enfants et il se félicitait d'avoir participé à ces changements. Mais la perte de son ancienne apprentie l'attristait plus qu'il ne pouvait le supporter.
Alors que les célébrations avaient réuni tout le monde, il décida de se mettre à l'écart. A la bordure de la ville s'étendait une grande plaine, encerclée par un lac plat dans lequel se reflétait la lune. Il était accoudé au mur d'une petite demeure lorsqu'une présence familière le tira hors de ses pensées.

- Qu'est-ce que tu fais ici, Luke ? demanda-t-il gentiment.

Le petit garçon s'avança et s'accouda lui aussi au mur. Anakin sourit en constatant qu'ils étaient vêtus presque de la même manière et qu'ils se tenaient de la même façon. Il était vraiment sa réplique. En miniature.

- Je voudrais rester avec toi, répondit-il simplement.

Tous les deux ne dirent rien pendant un moment. La vue était spectaculaire. Anakin ne pensait pas qu'une planète puisse rivaliser en beauté avec Naboo, mais Chandrilla se défendait bien.

- Tu es triste ? demanda Luke.
- Oui, répondit Anakin.

Il décida de ne pas cacher ses sentiments. Son fils avait le droit de savoir ce qui le perturbait.

- Parce que Zemfira n'est plus là ? demanda-t-il encore.

Anakin hocha la tête mais ne répondit pas. Il avait encore de la peine à réaliser qu'elle était partie. Lorsqu'elle était morte, il avait ressenti une déchirure profonde. Comme si quelqu'un avait tenté d'arracher une partie de son cœur, et avait succédé.

- Elle me manque beaucoup à moi aussi, murmura Luke avec tristesse.

Anakin laissa descendre doucement ses genoux pour s'asseoir par terre et se retrouver face à face avec son fils. Zemfira était également une part importante de la vie de ses enfants. Elle avait vécu non loin d'eux pendant des années et avait joué un rôle de grande sœur et de confidente pour les jumeaux.

- Tu crois qu'elle pense à moi ? demanda-t-il innocemment.
- J'en suis certain, répondit Anakin en souriant.

Il enlaça son fils et déposa un baiser sur son front en fermant les yeux. Le jeune Jedi laissa s'échapper un long soupir de fatigue. Après tous ces événements, il était extenué. Il avait fait tout ce qu'on avait exigé de lui et à présent, il ressentait un besoin impérieux de se reposer.
Malgré tout, son cœur tourmenté l'empêchait de se laisser aller. Dès qu'il fermait les yeux, il revoyait sa dispute avec son ancienne padawan. Il ressentait à nouveau cette colère et cette culpabilité émanant de chacun d'entre eux.

- Papa, regarde ! demanda Luke dans un murmure émerveillé.

Anakin rouvrit les yeux et pendant une seconde, il jura apercevoir la forme petite et mince de Zemfira. Elle semblait se dessiner à l'horizon, comme un spectre d'une apaisante couleur bleu. Le jeune Jedi secoua la tête pour reprendre ses esprits. Elle avait disparu.

- Tu l'as vue toi aussi ? demanda-t-il à son fils, complètement déboussolé.

Luke hocha de la tête vigoureusement. Il affichait un grand sourire et semblait très satisfait. Il n'était qu'un enfant. La vue de Zemfira avait suffi à l'apaiser. Anakin, cependant, se demanda pourquoi et surtout comment elle leur était apparue. Son esprit vagabondait de théorie en théorie. Il ne pouvait donner d'explication rationnelle à cela. Cependant, il constata qu'un sentiment positif l'envahissait petit à petit. Un contentement qu'il ne comprenait pas, mais qu'il accueillait avec bonheur.
Alors, en fermant les yeux et en se concentrant sur la Force, il comprit que peu importait l'explication qu'il pouvait fournir à cette apparition. Zemfira était présente. Elle ne faisait qu'un avec la Force et il aurait juré sentir cette sensation légère de picotement qui accompagnait chacun de ses rires.

۞


Un long moment passa. Anakin et Luke restèrent silencieux face à la plaine et au grand lac qui bordaient la petite ville de la planète Chandrilla. Le petit garçon se leva finalement et tira sur le bras de son père avec insistance.

- Viens, ils vont faire les feux d'artifices !

Anakin se leva sans dire un mot et suivit Luke jusqu'à la place où se trouvait le reste de l'Alliance et de la population de la ville. Padmé s'avança en souriant. Elle se blottit contre Anakin, tandis que Luke rejoignit sa sœur.
La place était bondée et tout le monde s'était réuni pour assister aux célébrations. Luke et Leia, de par leur petite taille, avaient de la peine à se trouver un emplacement. Anakin et Padmé les observèrent en souriant, attendant avec impatience de découvrir quel stratagème ils allaient inventer pour se dégager de la foule.
Les jumeaux Skywalker coururent jusqu'à une petite demeure. Luke leva les bras et fit flotter sa sœur pour qu'elle atteigne le toit. Elle s'y accrocha et se hissa de ses petites mains pour se stabiliser.
Padmé tenta de rejoindre ses enfants pour leur demander de descendre. Elle n'appréciait pas beaucoup qu'ils utilisent la Force pour s'amuser. Elle l'appréciait encore moins lorsqu'ils l'employaient pour faire des bêtises. Avant qu'elle n'ait le temps de faire un pas, Anakin la retint contre lui d'une main ferme et déposa un baiser dans le creux de son cou.

- Ne t'inquiète pas. Laisse-les faire, il ne leur arrivera rien.

Pendant ce temps, Leia avait effectué la même manœuvre pour faire grimper son frère sur le toit. Elle leva un bras et fit léviter Luke pour qu'il prenne place à ses côtés. Tous les deux éclatèrent de rire et s'installèrent confortablement pour regarder les feux d'artifices depuis leur coin privilégié.

- Et tu approuves ça ? demanda Padmé, un peu exaspérée.
- Bien sur ! répondit Anakin avec évidence. S'ils peuvent le faire, ils doivent en profiter, ajouta-t-il en riant.
- Je ne suis pas certaine que cette leçon te vienne des Jedi, répondit-elle en haussant du sourcil.
- Ha oui ? demanda-t-il, joueur. Je me souviens pourtant que tu apprécies particulièrement que j'use de mes pouvoirs quand ça t'arrange.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-elle avec innocence.
- Anakin, aide-moi à placer ces Holopad sur le haut de l'étagère. Anakin, tu peux décrocher ces fruits du haut de cette branche ? Anakin, mets les assiettes sur la table pour le repas, se moqua-t-il en imitant la voix de Padmé.

La jeune femme se retourna pour lui faire face et le regarda avec autorité.

- Aucune de ces demandes n'implique que tu fasses ce que je demande avec la Force.
- Oui mais c'est bien plus simple ainsi ! se défendit-il en souriant.

Au loin, les premiers feux de joie explosèrent dans le ciel. Les étoiles furent rejointes par des milliers d'étincelles colorées, plongeant le ciel dans un tourbillon de formes et de couleurs.

۞

Plusieurs semaines passèrent. Le Temple Jedi n'existait plus. Le grand appartement du 500 Republica dans lequel séjournait autrefois Padmé avait été réattribué à quelqu'un d'autre depuis longtemps. Anakin, Padmé, Yoda et Obi-Wan étaient revenus sur Coruscant pour participer à la restitution de la République sans pouvoir séjourner dans leur demeure habituelle. La sénatrice Mon Mothma, qui n'avait jamais quitté son poste, les invita à séjourner temporairement dans les appartements disponibles au consulat de Chandrilla.
La joie et le soulagement qui avaient suivis la fin de l'Empire furent vite rattrapés par un brutal retour à la réalité. La galaxie se retrouvait sans gouvernement. Le sénat décida de se réunir et de voter quant à l'attitude à adopter.
Padmé avait quitté le sénat après l'avènement de l'Empire pour protéger sa famille. A présent, elle n'avait plus de raison de se cacher. Une nouvelle sénatrice avait pris sa place et représentait désormais Naboo. Elle assista donc à la réunion sous son titre de représentante de l'Alliance.
La séance dura des heures. Les sénateurs n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur la marche à suivre à adopter pour l'élection d'un nouveau Chancelier. Le brouhaha qui régnait dans le grand dôme du sénat était insupportable et le chaos qui avait gagné l'assemblé semblait sans issue. Padmé observait la scène calmement et fut surprise de voir un sourire se dessiner sur ses lèvres. Peu lui importait les difficultés qui l'attendaient. Elle n'avait pas perdu sa passion pour la République et sa détermination n'avait jamais été aussi grande.



Anakin, Obi-Wan et Yoda passèrent la journée dans une salle de briefing du consulat de Chandrilla. L'Ordre n'était plus et tout était à reconstruire. De nombreuses questions restaient en suspens.

- Que pensez-vous de la prophétie ? demanda Obi-Wan, curieux. Les Sith n'ont pas été détruits, l'apprenti de Dooku a pris la fuite !
- De destruction, la prophétie ne fait pas mention, répondit Yoda, qui avait visiblement déjà médité sur la question.
- Que voulez-vous dire ? demanda Anakin, stupéfait.
- La prophétie un retour de l'équilibre elle mentionne. De l'harmonie, jamais de la destruction il n'a été question. Le Côté Obscur, anéanti il n'est pas. Mais pour les Jedi un nouvel espoir nous avons.

Obi-Wan et Anakin se dévisagèrent avant de regarder encore une fois maitre Yoda.

- Les jeunes Skywalker. Très jeunes ils sont. En temps voulu, ce Nouvel Ordre ils aideront à reconstruire. La Force, très puissante dans votre famille elle est. Un nouvel Ordre, un nouvel équilibre.
- La prophétie ne fait donc pas mention de la destruction des Sith ?
- De destruction ? s'étonna Yoda. Equilibre et destruction, pas un bon assemblage ce n'est.

Anakin n'avait jamais vu les choses sous cet angle. Toute sa vie, on l'avait bassiné avec la prophétie de l'Elu. Il n'appréciait pas particulièrement d'être singularisé de cette manière. On lui avait toujours rappelé que l'Elu était celui qui ramènerait l'équilibre dans la Force. Comme la plupart des Jedi, il avait toujours associé cela à la destruction des Sith.

- Que va-t-il advenir de moi ? demanda-t-il d'une petite voix.

Obi-Wan et Yoda le dévisagèrent. Ils comprirent immédiatement à quoi sa question faisait référence. Il avait failli au Code. La sanction était l'exclusion. Cependant, les circonstances étaient très inhabituelles. Ils n'avaient pas pu l'exclure alors que l'Ordre n'existait plus. Aujourd'hui, alors qu'ils étaient sur le point de le reformer, qu'allaient-ils faire de lui ?

- Un avis, tu as ?
- J'aimerais avoir l'opportunité d'exprimer mon point de vue, si vous le permettez, proposa Anakin d'une voix calme qui ne lui ressemblait pas.
- Nous t'écoutons, répondit Obi-Wan avec intérêt.

۞

Padmé pénétra dans sa demeure de substitution à la fin de la journée. Un grand balcon lui donnait une vue imprenable sur les grands immeubles du sénat et de ses environs. La journée avait été longue. Elle ne pouvait pas se souvenir de la dernière fois où elle avait assisté à une séance qui dura aussi longtemps.
Afin de se consacrer à cette activité, elle avait confié Luke et Leia à C3PO pour la journée. Elle n'était pas certaine que le droïde protocolaire revienne sain et sauf de cette expérience. Cette pensée la fit sourire.
Anakin avait également beaucoup à faire. Tous les deux avaient quitté l'appartement en vitesse, tôt dans la matinée. Obi-Wan, Yoda et lui devaient se réunir pour discuter de l'orientation que devait prendre le nouvel Ordre Jedi. Padmé soupira. Il restait tant à faire.
Un bruit de pas la tira hors de ses rêveries. Elle se retourna et sourit en regardant Anakin s'approcher d'elle. Il se plaça dans son dos et l'enlaça tendrement.

- Tu as passé une bonne journée ? demanda-t-il en déposant un baiser sur sa nuque.
- Une bonne journée, certainement. Mais une longue journée également, répondit-elle en souriant.

Anakin la serra contre lui. Pendant un moment, il fut juste heureux de la tenir et de regarder le soleil se coucher. Cette scène en apparence si familière, si banale, était pour une grande première. Ils avaient été mariés pendant des années, mais jamais ils n'avaient passé une journée à travailler pour se retrouver calmement sur leur terrasse le soir.

- Nous avons l'air tellement normal, murmura-t-il avec satisfaction.
- Toi et moi, nous ne serons jamais normaux, répondit-elle malicieusement. Et pour rien dans la galaxie je ne souhaiterais qu'il en soit autrement. Alors, raconte ! Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?
- Rien de très particulier. Nous avons beaucoup parlé. Tout est à reconstruire. Nous allons devoir reformer un Ordre, former des Jedi. Tout ce que nous étions a été détruit. La reconstruction va mettre du temps.
- Et pour les Sith ?
- L'apprenti de Dooku s'est enfui. Nous ne savons pas où il est. Il faudra rester vigilent. Sa formation n'a pas été achevée. Nul ne sait ce qui adviendra de lui.

Padmé hocha de la tête. La fuite de Firrenz lui rappela que l'Empire avait été détruit mais qu'il resterait toujours une menace, quelque part. Pour reconstruire une nouvelle République, ils ne devaient pas oublier les erreurs du passé et ne pas se leurrer en pensant que rien ni personne ne pouvait les atteindre.
Une question de taille restait également en suspens. L'attachement était prohibé aux Jedi. Anakin avait épousé Padmé en secret peu avant le début de la guerre des clones. Il avait menti à l'Ordre Jedi pendant des années. Lorsque Luke et Leia vinrent au monde, il avoua ses actes à Yoda et Obi-Wan. Mais, à ce moment, l'Ordre avait été presque complètement anéanti. Ils ne pouvaient pas le faire renvoyer, puisque leur institution n'existait plus vraiment. Aujourd'hui, ils s'apprêtaient à reconstruire un nouvel Ordre. Pour la première fois depuis cinq ans, la question de leur mariage et de leurs enfants redevenait d'actualité.

- Et pour ta place dans l'Ordre ? demanda Padmé, la gorge serrée.
- Un Nouvel Ordre implique un nouveau Code. Je n'ai jamais été très conventionnel, comme Jedi. Je suis impulsif et têtu, alors que l'on nous a toujours appris à être calme et sage. Je n'ai rien de classique et sur bien des points, j'allais à l'encontre du Code. Je ne peux pas désapprouver ces règles, car même si je ne les applique pas toujours à la lettre, je comprends leur raison d'être. En ce qui concerne l'attachement, j'adhère à ces principes également. Je comprends pourquoi nous n'avons pas le droit de posséder quoi que ce soit et je suis également prêt à m'y plier. Maintenant, en ce qui concerne l'attachement émotionnel, je désapprouve. Je t'aime de tout mon cœur. Depuis le jour où je t'ai rencontrée sur Tatooïne, j'ai su que tu jouerais un grand rôle dans ma vie. Cependant, pas un jour, pas une seule seconde, je ne t'ai considérée comme une possession.

Anakin s'éloigna et commença à faire les cents pas sur le balcon. Il réfléchissait à la bonne manière d'exprimer ses propos.

- Tu es nécessaire à mon existence et je t'aime, mais tu es libre et je n'ai jamais considéré que tu puisses m'appartenir. J'ai exprimé mon point de vue à maitre Yoda et Obi-Wan. Je suis d'avis que les sentiments, aussi puissants qu'ils puissent être, sont bénéfiques.
- Et qu'est-ce qu'ils en pensent ? demanda Padmé en retenant son souffle.
- Eh bien disons que le Code du Nouvel Ordre Jedi sera juste un petit peu différent de l'ancien, répondit-il en souriant.

Padmé s'avança vers lui en souriant et le serra dans ses bras. C'était une bonne nouvelle. Elle savait que cela ne changerait pas leur relation, mais elle était heureuse de pouvoir enfin la vivre au grand jour.

- Et toi ? demanda-t-il, curieux. Que vas-tu faire maintenant ? Tu ne peux plus représenter l'Alliance maintenant que l'opposition a pris fin.
- Je sais, répondit-elle en souriant. J'ai quelques ouvertures, ajouta-t-elle en lui adressant un clin d'œil.
- Quelles ouvertures ?
- La sénatrice Mon Mothma fait partie des trois politiciens en liste pour reprendre le titre de Chancelière. Les résultats du vote seront donnés demain, à la première séance. Elle m'a offert le poste de Vice-Chancelière de la Nouvelle République.
- Vraiment ? demanda Anakin en souriant.

Il était très heureux. La politique était un sujet qu'il ne portait pas dans son cœur. Il devait cependant reconnaître que cela faisait partie de Padmé et que cette occupation faisait d'elle la personne qu'il aimait tellement. Il espérait de tout cœur que la sénatrice Mon Mothma soit élue et que Padmé puisse la suivre dans cette voie. Néanmoins, il ne put retenir une remarque.

- Deux femmes aux commandes de la République. Que va-t-il advenir de nous ? se moqua-t-il.

Padmé lui donna un coup de poing dans le bras, et se remémora avec douleur que son bras droit était fait de duracier. Le jeune Jedi ne put se retenir d'éclater de rire à la moue vexée de sa femme. Il se rapprocha alors d'elle et pris son visage entre ses mains.

- Je plaisante, ajouta-t-il en souriant. Je suis vraiment content qu'on te propose ce poste. Je suis certain que tu seras parfaite.

Il déposa un léger baiser sur ses lèvres et soupira.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Padmé, curieuse de sa réaction.
- Le calme de notre soirée est définitivement révolu, répondit-il en se dirigeant vers le salon de leur petit appartement.

Luke et Leia rentrèrent en courant. Le bruit de leurs rires et les plaintes de C3PO remplirent l'appartement auparavant silencieux. Le droïde de protocole semblait complètement perdu. Il ne marchait pas tout à fait droit et tentait de reprendre ses esprits.
Les jumeaux coururent vers leur mère pour la saluer, alors qu'Anakin se dirigeait vers le pauvre C3PO.

- Ça va aller ? demanda-t-il en riant.
- Oh ! Maitre Anakin ! s'exclama-t-il. Je ne comprends pas ces petits humains ! Ils m'ont enfermé sur la terrasse la moitié de la journée et ont menacé de me débrancher !
- Ils ont fait ça ? demanda Anakin en regardant ses enfants en riant.
- R2D2 a pris la fuite, monsieur. Je ne l'ai pas revu de la journée. J'ai bien peur qu'ils n'aient altéré ses circuits.

Anakin éclata de rire et s'approcha de sa famille. Il allait falloir changer de solution. Les circuits de C3PO finiraient grillés avant la fin de l'année si quelqu'un d'autre ne prenait pas la relève.
Epilogue


Dix ans plus tard.

La Vice-Chancelière Padmé Amidala Skywalker était assise à son bureau. Elle attendait avec impatience la de venue de sa fille, Leia. La jeune fille avait été récemment élue princesse de Theed, une place que sa mère avait autrefois occupé, avant d'accéder au trône. Elle était certaine que Leia ferait de grandes choses. Depuis toute petite, elle lui avait appris à rester fidèle à ses principes et à toujours se battre pour les causes qui lui tenaient à cœur. Le parcours de la jeune fille ressemblait beaucoup à celui de sa mère, à l'exception que Leia avait suivi, en parallèle de son éduction politique, une formation de Jedi. Elle était un cas à part car elle ne faisait pas parti de l'Ordre. Elle ne vivait pas sur Coruscant et n'avait pas beaucoup de temps à consacrer à son entrainement. Ses pouvoirs étaient néanmoins très puissants et la clairvoyance que la Force lui apportait en faisait une négociatrice hors pair. A l'âge de seulement quinze ans, elle dépassait en sagesse et en intelligence bien des sénateurs et des représentants du sénat.
Aujourd'hui, elle allait revenir sur Coruscant depuis la première fois depuis son sacrement. Padmé ne pouvait pas cacher sa fierté.

- Vice-Chancelière. La Princesse Leia, pour vous, annonça Dormé sur l'interphone de liaison.
- Faites-la entrer, demanda Padmé.

Elle tremblait d'impatience. Ses enfants étaient ce qu'elle avait de plus précieux. Sa famille n'avait néanmoins rien de conventionnel. Luke et Leia avaient quitté le domicile familial très jeunes. La jeune fille passaient de longues périodes à l'Université de Theed et au palais de Naboo, où elle avait achevé sa formation politique, tandis que son frère passait tout son temps au nouveau Temple Jedi pour parfaire son entrainement de Jedi. Ainsi, elle chérissait chaque instant passé en leur compagnie et chaque retrouvaille.
Leia entra dans le bureau de sa mère en courant et la serra dans ses bras. Elles ne s'étaient pas revues depuis plusieurs mois. Il y a tant de choses qu'elles voulaient se raconter.
La Princesse récemment élue portait une longue robe blanche et était coiffée dans le style traditionnel de Naboo. Padmé était très fière que sa fille ait suivi ses traces tout en développant ses capacités à travers la Force. Anakin ne tarissait pas d'éloge à son sujet non plus. Il proclamait qu'elle était l'une des seules politiciennes digne de confiance et que cela était à mettre sur le compte de sa formation de Jedi.

- Tu es magnifique ! s'émerveilla Padmé en observant sa fille. Je suis très fière de toi. J'ai vu la cérémonie de couronnement sur l'Holonet. Je m'excuse de ne pas avoir pu y assister.
- Ne t'en fais pas ce n'est rien. Tu viendras pour mon sacrement de Reine, ajouta-t-elle en lui adressant un clin d'œil.

Padmé éclata de rire. Sa fille avait choisi une carrière politique. Elle avait les yeux et les cheveux foncés de sa mère. Sur bien des aspects, elle ressemblait plus à Padmé qu'à Anakin. Son lien de parenté avec son père était malgré tout indéniable. Son sourire et son assurance qui frôlait parfois l'arrogance lui venaient directement de lui.

- Tu vois toujours ce garçon ? demanda Padmé en souriant.

Leia se figea. Lors de son dernier séjour sur Coruscant, elle avait rencontré un jeune homme. Il lui plaisait beaucoup, mais leur statut social était quelque peu différent. Il était contrebandier et parcourait la galaxie de bout en bout, remplissant parfois des missions douteuses. Elle n'aurait pas du s'intéresser à ce genre de personne, mais son côté provocateur et l'imprévisibilité de ses actes la fascinaient. Il avait des yeux rêveurs, des cheveux foncés et étaient un peu plus âgé. Il exerçait sur elle une attirance qu'elle ne pouvait pas expliquer.

- Nous nous voyons à l'occasion, répondit-elle d'un ton innocent.

Elle avait mis sa mère au courant de cette fréquentation peu de temps après leur rencontre. Elle lui faisait confiance et savait qu'elle ne s'y opposerait pas. Après tout, Padmé avait épousé un Jedi, un homme plus jeune qu'elle avec lequel toute relation était prohibée. En matière de relations amoureuses, elle n'était pas tout à fait en position de placer des interdictions. De toute manière, elle ne cherchait même pas à le faire. En revanche, le cas de son père serait plus délicat.

- Tu n'as toujours rien dit, n'est-ce pas ? demanda-t-elle soucieuse.
- Non, ne t'en fais pas ! Mais il va bien falloir le mettre au courant un jour. D'ailleurs, comment s'appelle ce garçon ?
- Han Solo, répondit Leia d'une voix timide. Et je pensais que... tu pourrais lui annoncer la nouvelle ?

Padmé hocha de la tête en souriant.

- C'est donc moi qui doit faire le sal boulot ? demanda-t-elle, perplexe.
- Il sera plus calme si c'est toi qui le fais.
- C'est entendu, répondit Padmé. Ton frère vient dîner ce soir. Viens avec lui. Nous pourrons faire cela ce soir.

Leia acquiesça en souriant. La soirée promettait d'être intéressante.

۞

Le nouveau Temple Jedi était de taille plus modeste que l'ancien. Il était toujours situé au même emplacement de la ville et avait été reconstruit après la destruction de la tour Impériale que Darth Sidious avait érigée à ce même endroit.
Le Code des Jedi n'avait pas beaucoup changé. Il avait seulement évolué. En particulier en ce qui concernait l'attachement émotionnel à d'autres êtres. Anakin avait beaucoup insisté sur ce point et avait défendu sa position avec sagesse. En dehors de cela, les règles de cette institution millénaire restaient semblables à ce qu'elles avaient toujours été. L'Ordre était tout de même différent. Le nombre de Jedi était très restreint. En dix ans, seuls quelques membres avaient été formés. Parmi les trois enfants qui avaient été sauvées pendant l'attaque de l'ancien Temple Jedi, seuls deux avaient survécu. Ils avaient grandis et étaient maintenant de jeunes chevaliers Jedi. Le Conseil, autrefois constitué de douze membres, ne comptait maintenant que les trois Maitres Jedi de l'Ordre: Obi-Wan, Yoda et Anakin. Ils prévoyaient d'élargir ce cercle dès que d'autres Jedi atteindrait ce statut. En attendant, leur priorité était de former de nouveaux membres.
Luke Skywalker était un élève prometteur. Il avait hérité des pouvoirs de son père mais également de son tempérament explosif. Il était parfois impatient et nerveux. Heureusement, une grande part de Padmé s'était également transmise en lui et la nervosité du jeune homme était compensée par la douceur de sa mère et sa capacité à agir avec sagesse.
Peu de temps après l'avènement de la Nouvelle République, Luke avait commencé sa formation. Il avait fallu qu'un maitre le prenne en charge. Anakin avait songé à assurer la formation de son fils, mais il réalisa rapidement que, s'il était devenue le maitre Jedi avisé qu'il était aujourd'hui, il le devait en grande partie à Obi-Wan. Il s'était occupé de lui depuis son plus jeune âge et lui avait permis de devenir meilleur. Anakin ne pouvait souhaiter mieux pour son fils et demanda à son vieil ami d'assurer la formation du jeune Luke. Le vieux maitre bougon avait commencé par protester. Il avait argumenté en déclarant qu'il était trop vieux pour supporter un nouvel apprenti aussi imprévisible. Mais il se rendit vite à l'évidence. Entrainer un nouveau Skywalker était un challenge qu'il ne pouvait pas refuser.

Anakin observait la salle d'entrainement depuis le balcon qui la surplombait. Luke et Obi-Wan s'entrainaient au combat au sabre laser. La scène le fit sourire. Cette scène était comme une réplique d'une époque reculée. Le jeune Luke, avec ses cheveux clairs et ses yeux bleus, ressemblait beaucoup à son père. Il avait par ailleurs hérité de son sabre laser. Anakin lui en avait fait cadeau lorsqu'il avait débuté sa formation.
Obi-Wan était face au jeune Luke, son sabre en garde devant lui, parant chacune de ses attaques. Il y a environ vingt ans, il faisait la même chose avec le jeune padawan Anakin Skywalker.

- Tu dois apprendre à te servir de ton esprit plutôt que des tes yeux ! conseilla Obi-Wan en parant encore une fois une attaque du jeune Luke.
- Je me sers de mon esprit ! se défendit-il en rendant ses assauts plus pressants.
- Non. Tu regardes mes mouvements et tu agis en conséquence. Tu ne les anticipes pas.
- Je vois bien ! répondit-il, légèrement frustré.
- C'est très exactement ce que je viens de dire, Luke. Tu vois, mais tu ne comprends pas, répondit le vieux maitre en rengainant son sabre laser.

Luke attacha son sabre à sa ceinture en souriant. Les enseignements d'Obi-Wan étaient toujours donnés de manière énigmatique. Tout conseil devait être médité. Selon Anakin, cela empirait en vieillissant.

۞

Padmé rentra tôt du sénat. Elle congédia ses servantes et son équipe de sécurité. Rapidement, elle se changea pour porter une robe plus confortable. Lorsqu'elle était sénatrice, elle avait eu des obligations vestimentaires. Une personne de son rang impliquait des attentes élevées. Maintenant qu'elle était Vice-Chancelière de la Nouvelle République Galactique, ces standards avaient encore évolués. Ses robes étaient d'une richesse infinie, mais elle pesait également lourd. A la fin de la journée, elle était ravie de s'en débarrasser pour porter ses robes traditionnelles de Naboo.
La jeune femme sortit de la penderie et retrouva son époux dans le salon. Anakin n'avait pas pour habitude de rentrer si tôt à leur domicile.
Elle s'avança vers lui et le serra dans ses bras. Après toutes ces années passées à ses côtés, elle le trouvait toujours incroyable. Il la faisait rêver avec les histories qu'il lui racontait, des missions de négociations à l'autre bout de la galaxie, dans des contrées exotiques et pleines d'aventures.

- Leia est arrivé ? demanda-t-il en souriant.
- Elle est passée à mon bureau ce matin. J'ai demandé aux jumeaux de venir nous rendre visite ce soir. Ils viennent pour le dîner.

Anakin la serra à nouveau contre lui et ferma les yeux. Sa fille lui manquait. Il ne la voyait pas souvent mais suivait sa progression à travers l'Holonet. Elle était probablement la seule politicienne, en dehors de Padmé, pour laquelle il manifestait de l'intérêt.

- Je me réjouis. Tu as déjà commandé le repas pour ce soir ?
- Je peux cuisiner, tu sais, répondit-elle en souriant.
- Je t'en prie. Padmé. Tu es ma femme et je t'aime de tout mon cœur. Tu es une politicienne brillante et tu ne te débrouilles pas trop mal avec un speeder. Tu as beaucoup de qualités, mais la cuisine n'en fait définitivement pas partie.

La jeune femme croisa les bras et se retourna en affichant une mine faussement vexée. Elle savait qu'Anakin avait raison. Peu de temps après leur mariage, elle avait appris par l'Holonet qu'il rentrerait sur Coruscant pour quelques jours. Ils étaient mariés depuis très peu de temps et elle voulait lui faire une surprise en lui préparant un repas. Elle avait pensé qu'il apprécierait un dîner en sa compagnie. Au final, il avait effectivement apprécié sa compagnie. Mais ils avaient du se faire livrer leur repas par une compagnie gastronomique de Coruscant, car Padmé avait complètement raté sa préparation.
Cette histoire les faisait toujours beaucoup rire. La jeune femme se défendait en avançant qu'elle ne pouvait pas être douée dans tous les domaines.

- Je vais demander à l'équipe de cuisine de nous livrer le dîner, répondit-elle en faisant mine d'être vexée.
- Sage décision.

Anakin se pencha vers elle et déposa un léger baiser sur ses lèvres.

۞

Luke et Leia arriveraient bientôt. Padmé décida qu'il était temps de parler à son époux du premier petit ami de leur fille. Après tout, elle était une politicienne de grande expérience. Elle pouvait certainement trouver un moyen d'amener ce sujet de manière à le rendre parfaitement anodin.

- Nos enfants ont tellement grandi, déclara-t-elle en s'appuyant à la balustrade du balcon, aux côtés d'Anakin.
- Je sais, répondit-il en secouant la tête, l'air pensif. Mais pour moi ils resteront toujours petits.

Cette réponse décrocha un grand sourire chez Padmé. S'il savait...

- A ce propos. Tu savais que Leia avait rencontré quelqu'un ?

Anakin dévisagea sa femme. Il n'avait jamais eu l'air aussi incrédule. Pas même lorsque Padmé lui avait avoué ses sentiments pour lui, dans l'arène de Geonosis. Pas même le jour où on lui avait accordé le rang de Chevalier Jedi. Pas même non plus lorsqu'il avait appris que Padmé était enceinte et qu'ils allaient avoir des enfants.

- Qui ? demanda-t-il simplement, incapable de former une phrase complète.
- Oh, je ne l'ai pas encore rencontré. Je sais simplement qu'il s'appelle Han Solo et qu'il est contrebandier, répondit-elle en souriant.
- Notre fille sort avec un contrebandier ? demanda-t-il avec effroi.
- C'est un problème ? demanda Padmé, innocemment.
- Est-ce que c'est un problème ? s'exclama Anakin. Eh bien, oui, sans doute ! Ils ne devraient pas être ensemble. Elle a été élue Princesse de Theed !

Padmé éclata de rire. Le statut de leur fille et celui du garçon qu'elle appréciait étaient effectivement très dissemblables. A ce niveau, elle devait tenir de sa mère. Padmé avait visiblement un goût prononcé pour ce qui était interdit.

- Qu'est-ce que tu trouves drôle ?
- Un Jedi et une sénatrice, tu trouves ça mieux ?
- Padmé. Serais-tu en train d'essayer de me comparer à ce contrebandier ?
- Peut-être un peu, répondit-elle innocemment. Il n'y a pas de mal à ça ! Et Leia tient vraiment à ce que tu approuves son choix.

Anakin ne répondit rien. Il leva les yeux au ciel et se demanda ce qu'il avait fait pour que la Force lui inflige ça. Finalement, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il se rappela de sa rencontre avec Padmé, lorsqu'il avait neuf ans. Elle était reine de Naboo et il était esclave. Après tout, qui était-il pour juger ?
La porte de l'appartement s'ouvrit et Luke et Leia entrèrent. Ils étaient affamés. Padmé se dirigea vers eux pour les accueillir et adressa une dernière remarque à son mari.

- Elle est jeune, laisse-la tranquille.
- C'est un ordre ?
- Un simple conseil, répondit-elle en lui adressant un clin d'œil.


Dans un appartement du grand immeuble de résidence du sénat, les membres de la famille Skywalker partageaient l'un des rares repas où ils pouvaient se permettre de se réunir. Demain, ils devraient tous retourner à leur devoir. Ils avaient encore beaucoup à faire. La Nouvelle République était jeune et fragile. Elle avait besoin du Nouvel Ordre Jedi pour la protéger et de politiciens idéalistes pour la guider.
De nombreuses aventures attendraient encore les générations à venir.



Fin de la Partie 2 et de l'histoire
۞