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La Fin d'un Héro
Depuis le centre de contrôle de l'Etoile Noire, Wilhuff Tarkin prenait tous les jours des nouvelles du monde extérieur. Dans une démarche lente et pesante, le trajet devenait de plus en plus long chaque semaine.

En cette journée régnait la même chaleur habituelle d'un après-midi d'été, lorsque les trois Soleils venaient effleurer la surface de la station orbitale. Le Grand Moff passait son temps, lorsqu'il n'était pas couché, à regarder vers l'horizon. Lassé d'attendre. Lassé de passer ses journées à ramper de pièces en pièces espérant trouver une quelconque occupation dans ce qu'il avait lui-même créé. Il avait passé toute sa vie dans ce projet, et il savait qu'il y finirait ses jours.
Plus rien ne le retenait de partir : l'Empire s'était pour de bon débarrassé de toutes formes de rébellion et régnait enfin en maître sur la Galaxie. Le Grand Moff savait qu'une fois mort il serait toujours porté en héro dans la longue liste de ces célèbres Généraux Impériaux, qui étaient autant méprisés qu'adulés.

Depuis son fauteuil il regardait passer de part et d'autre des officiers, des soldats, vaquant à leurs occupations habituelles. Le vieux Grand Moff passait son temps à rêvasser. Plus personne ne le voyait, et cela ne lui déplaisait pas pour autant. Il voulait bien qu'on l'ignore mais il fallait qu'on le respecte. Qu'on le respecte lorsqu'on le voit.
Son ventre et son dos le faisaient souffrir nuit et jour, et cela ne faisait qu'empirer depuis un mois. Mais c'était surtout de son coeur cette fois que le mal venait.
Préférant souffrir en silence et surtout à la vue de personne, le vieil homme se leva péniblement de toutes ses forces pour prendre le chemin de ses appartements. Sortant de la salle, puis parcourant les couloirs à son allure habituelle, le trajet semblait pourtant plus long que jamais.
Lorsqu'une nouvelle douleur le prit au coeur, le vieil homme s'écroula part terre. Aussitôt les officiers les plus proches vinrent l'aider à se relever. A cet instant, le vieux Grand Moff, leur hurla de le lâcher. S'agrippant au mur par ses mains et essayant de se relever sur ses faibles jambes, Tarkin leur ordonna de s'écarter. Pourquoi venaient ils l'aider ? Par signe de gratitude ? Non, ils le haïssaient autant qu'il les haïssait.
Sa chambre était trop loin pour y arriver tout seul. Et détestant être mise en spectacle, il se dirigea vers la salle de conférence qui lui servait de bureau.
Tout le monde le regarda, puis l'oublia très vite. Sa démarche nonchalante n'étonnait plus personne, les paris étaient d'ailleurs déjà ouverts concernant sa fin plus ou moins proche.
Arrivant difficilement au bureau, il ferma tout de suite le sas une fois entré. Retombant par terre, il prit son temps avant de chercher à se relever. Plus personne ne le voyait alors pourquoi se cacher?
Se traînant jusqu'au bureau, il réussit à se remettre sur une chaise pour s'endormir.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, péniblement, il vit qu'on l'avait installé dans ses appartements, sur son lit. Après avoir repris ses esprits, il tourna la tête et vit le Seigneur Vador à droite de son chevet. Ce n'est qu'après qu'il vit son fils en face de lui.
Il n'était âgé que de 25 ans et Tarkin ne l'avait pas revu depuis si longtemps qu'il fallut du temps au vieil homme pour le reconnaître. Depuis que son fils était entré dans les rangs, il avait perdu sa gaîté d'antant. Son visage n'avait plus d'expression, ses yeux ne brillaient même plus comme avant. Il ne laissait de lui qu'une image dénuée de tout sentiment, froide et dure comme la pierre.
Dans la chambre ne résonnaient que les rales saccadées de la respiration du Seigneur Vader. Le silence régnait dans les couloirs. Et l'on pouvait imaginer que personne n'avait envie d'approcher cet endroit.
Tarkin savait très bien qu'il était arrivé au bout. Là s'arrêtait sa route. Il savait aussi très bien que les deux dernières personnes qu'il voyait ne ferait rien pour empêcher sa mort. On le considérait fini depuis longtemps, personne ne lui avait dit en face mais il le sentait. Plus rien ni personne ne le retiendrait donc. Alors pourquoi continuer à se battre?
Lorsqu'il voulu bouger son bras droit, il sentit que son corps commençait à le lâcher. Il remonta sa main vers sa broche, puis la toucha de ses doigts. Voilà la seule chose qu'il lui donnait du pouvoir. La seule chose qui empêchait les autres de ne pas l'étouffer durant son sommeil, qui les retenait d'en finir avec ce vieil homme qui ne servait plus à rien. Il parcourra son insigne de ses doigts, sentant les contours des grades défiler. Une si haute estime dans une si petite broche.
Passant ses doigts derrière l'insigne, il l'a dégrafa péniblement de son uniforme. Maintenant dans sa main, il tendit son bras péniblement vers son fils.
Voyant qu'on s'adressait enfin à lui après une heure passé aux côtés de son père, son fils tendit le bras vers ce qu'il attendait depuis longtemps. Rongé par l'intérêt, il obtenait enfin, d'après lui, ce qu'il lui était dû.
Maintenant la main de son fils dans la sienne, Tarkin tenta une dernière fois d'obtenir une quelconque compassion de sa part. Cherchant l'attention là où il n'y en avait pas, il n'obtenut ni le moindre regard apaisant, ni le moindre signe d'adieu, de remerciement. Ni le moindre sourire.
Sa main quittant la sienne, quittant son grade, sa fierté, son honneur. Elle retomba lourdement sur son ventre. Le vieil homme partit sans personne pour le retenir, lui adresser un mot, lui adresser le moindre intérêt véritable.




Une si haute estime dans une si petite broche...