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Chapitre Un
De la poussière, tout n'était que poussières. Comment voir quelque chose dans cette tempête qui se soulevait dans un grondement. La poussière faisait place à la matière et des formes commencèrent à apparaître. Tout était, en contrebas, entre le sable et la terre battue.
Maarek Delterr flottait au-dessus de l'arène d'exécution de Geonosis. Deux cents sabres laser étaient allumés, tenus par autant de Jedi. Rassemblés par Mace Windu, ils étaient venus déjouer les plans du Comte Dooku, un Jedi passé du Côté Obscur, le leader de la Confédération des Systèmes Indépendants. Lorsque les droïdes de combat entrèrent dans l'arène, ils signèrent l'arrêt de mort des gardiens de la paix. Autour de Maarek, des milliers de Geonosiens arrivèrent dans une spirale de pépiements et de bruits de frottement d'ailes. Aveuglé, il protégea son visage dans ses bras, comme il l'avait fait de nombreuses fois.
Il se sentit tourbillonner mais tenta malgré tout de voir ce qu'il se passait. Les Geonosiens piaillaient autour de lui, l'assourdissant et faisant bourdonner leurs ailes dans l'air encombré de poussières. En face de lui, son jeune frère Zak avait les yeux écarquillés, observant la scène avec effroi. Il se tenait droit, contrairement à son frère aîné qui semblait adopter une posture de sprinteur au torse nu. Autour de lui, les tours des ruches semblaient toucher le ciel et surplombaient l'arène d'exécution.
En bas, les Jedi tentèrent de repousser les assauts des milliers de droïdes lâchés dans l'arène. Les sabres allaient et venaient, parant et renvoyant les tirs de laser. Les vagues incessantes de tirs de blaster des droïdes de la Fédération emportaient avec elles de vaillants combattants. Qu'adviendrait-il de la galaxie lorsque tous les Jedi seraient morts pour la République ?
Dans la Force, Maarek tentait de capter l'essence de son maître, le Jedi Klatooinien Sta-Den Eekin. Son pouvoir charismatique n'avait pas suffit à calmer les Geonosiens qui étaient autour de lui. Il avait développé ses pouvoirs au cours de ses entraînements intensifs pour la manipulation de l'esprit. La manipulation d'un esprit n'avait rien à voir avec le Côté Obscur, tant qu'on l'utilisait à de bonnes fins. Ici, Maître Eekin tentait de calmer les Geonosiens comme il avait tenté de calmer de nombreuses espèces, comme les Zeesta d'Andoor Six qui avaient fini par signer un traité d'alliance avec la République.
Cependant, le pouvoir ne fonctionnait pas sur ces Geonosiens, ils se retournèrent vite contre lui. D'un coup de sabre latéral, il découpa un guerrier. D'une vague de Force, il envoya voler dix guerriers qui avaient tenté de l'encercler. Cependant, les droïdes de combat avaient commencé à gravir les gradins, dans sa direction. Le Jedi à proximité de son maître, le chevalier Kop'il, un whipid, fut transpercé par une rafale de tirs laser d'un droïde de combat qui se trouvait dans son dos. La poitrine fumante, le Jedi s'affaissa sur lui-même. Sta-Den Eekin attrapa le sabre de son ami et para les différents tirs qui venaient à sa rencontre.
Maarek regarda sur la piste de l'arène, où les autres Jedi combattaient vaillamment contre les droïdes. Mais dans son esprit, ce moment d'inattention laissa le temps aux droïdes de combat de tuer son maître. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'ils virent les droïdes penchés sur le corps et lâchés des rafales de laser. De la bouche de Maarek, il ne sortit aucun bruit, aucun cri, comme si sa voix s'était perdue à jamais. Il regardait cette scène comme il l'avait fait de nombreuses fois. Il regardait impuissant?

En vain ! Voilà ce qui venait à l'esprit de Maarek. Il lisait en son frère comme dans un datapad. Il savait à présent à qui il pensait : à son maître Khaat Qiyn, qui combattait de l'autre côté de l'arène. Cette femme était une combattante expérimentée et utilisait la Forme V du combat au sabre laser. Virevoltant çà et là, cette belle femme aux cheveux ambrés faisait tournoyer sa crinière qui était tombée après qu'elle eut rabattu sa capuche. Elle évitait et se faufilait entre les tirs de laser comme une danseuse et coupait les droïdes qui passaient à sa portée. Sautant une rangée de gradins plus haut dans l'arène, elle utilisa la poussée pour envoyer les droïdes dans les gradins, afin de repousser les autres vagues qui arrivaient à sa rencontre. Hélas, elle semblait être de plus en plus seule. Son plus proche compagnon, un humain chauve qu'on appelait encore il y a une heure Ven Ret, avait été tué dès le début de l'engagement. Elle ne vit aucun sabre laser à plus de deux cents mètres d'elle et dans la Force, elle sentait la mort qui se rapprochait. Elle la sentait au fur et à mesure que ses amis du Temple Jedi mourraient, lorsque les droïdes rayaient leurs noms de l'Ordre Jedi petit à petit. Des cris, des soubresauts, la poussière qui s'élevait du centre de l'arène. Tout à coup, elle sentit une faille dans la Force, une faille qu'elle n'avait pas détectée, trop absorbée à rester en vie en renvoyant les tirs de laser.
Une mini-torpille, qui était casée dans le bras gauche du droïde de combat le plus exposé sur le flanc de Maître Qiyn, fut tirée droit dans sa direction. Sautant sur le côté droit, sabrant au passage un droïde d'un coup bien placé, elle se rétablit trois gradins plus bas. Tournant sa tête sur sa droite, elle sentit une nouvelle faille, mais cette fois-ci, il semblait difficile d'y échapper. Les trois droïdes autour d'elle tirèrent des rafales et Khaat Qiyn fut traversée de part en part par les lasers. Ses yeux se révulsèrent et du sang commença à couler abondamment de sa bouche et de son ventre. Elle y porta la main et regarda le liquide rouge. Les droïdes l'avaient crue déjà morte et ils mirent leurs blasters en position de défense. Hélas pour eux, elle se redressa alors et coupa en deux les trois droïdes qui lui avaient tiré dessus après avoir rassemblé ses forces, puis, elle se retourna et fit face a un quatrième droïde qui tira une mini-torpille droit sur son ventre. Elle eut le temps de la renvoyer avec la Force et le droïde explosa.
Comme une bête traquée, elle sentit encore sa vie menacée. Comme un seul homme, la dizaine de droïdes descendant des gradins supérieurs tirèrent sur la maître Jedi. Son corps vacilla en arrière, dévalant les gradins les uns après les autres jusqu'à échouer sur le gradin le plus bas, qui dominait la piste de l'arène où s'affrontaient Jedi et droïdes. Zak regarda le corps de son maître, qui gisait sans vie, dans son sang. Sa bouche jadis si rose, devenait de plus en plus pâle. Ses yeux restaient figés comme pour admirer une dernière fois ce spectacle bestial, guerrier et inhumain. Petit à petit, son corps sembla disparaître et sa cape s'affaissa sur le sol.
Le jeune Jedi regarda son frère Zak, en face de lui. Dans les yeux de celui-ci, il lut la crainte de la mort, la pitié pour ces combattants de la paix qui s'étaient sacrifiés pour libérer deux Jedi et une sénatrice. Ils avaient eu l'espoir d'arrêter la sécession des systèmes éloignés avec la République.

Maarek se réveilla en sueur, tâtant autour de lui pour allumer la minuscule lampe de chevet. Sa tête bouillonnait et ses tempes frappaient comme si elles allaient exploser. Parfois, les rêves se confondent trop avec la réalité. Les Jedi, eux, ne rêvent pas. Ils ont des visions de la Force, des réminiscences, des souvenirs qui se propagent dans leur inconscient et qui leur rappellent des moments agréables, autant que des moments difficiles? très difficiles. Maarek Delterr avait ce genre de visions depuis la Bataille de Geonosis. Les maîtres du Conseil Jedi, en particulier Mace Windu, ne les avaient pas autorisés à suivre leurs maîtres dans cette mission. Peut-être que Maarek et Zak Delterr y auraient perdu la vie eux aussi? ou peut-être pas. Parfois Maarek se demandait ce qu'il se serait passé s'il avait participé au combat et finalement, il comprenait qu'il n'aurait pas servi à arrêter les droïdes. Mais il aurait au moins voulu être aux côtés de son Maître, même si cela avait signifié mourir. "Il n'y a pas de mort, il y a la Force".
Il se redressa sur son lit anti-grav, trempé de sueur par ses visions et se tourna vers son frère Zak, assoupi dans l'autre lit de la pièce. Le jeune Jedi regardait son jeune frère qui avait souffert comme lui de la perte de son maître, et comme de nombreux autres jeunes Jedi qu'on appelait désormais les Orphelins. Orphelins, ils l'avaient été depuis leur plus tendre enfance, lorsque l'Ordre Jedi était venu les « arracher » à leur famille sur Corsin?
Chapitre Deux
L'Ordre Jedi écumait la galaxie pour rechercher des nouveaux membres. Souvent, les familles considéraient comme un honneur de donner leurs enfants à éduquer aux Jedi. Cependant, depuis un certain temps, les Jedi apparaissaient comme des voleurs d'enfants au berceau et les familles refusaient de plus en plus de donner leurs enfants à l'Ordre. Surtout lorsque éclata la Guerre des Clones.
Delterr. Leur nom de famille était tout ce qui restait comme souvenir probable et vérifiable dans les Archives. Quoi d'autre ? A part quelques bribes de conversations, le sourire d'une mère, et son père, la main sur ses cheveux, qui lui avait dit qu'il serait très heureux et qu'il deviendrait quelqu'un de bien, Maarek n'avait aucun autre souvenir? et son frère encore moins. Les Jedi n'avaient pas le droit de posséder. Aucun possession, à part leurs vêtements et leurs sabres laser, ces derniers étant considérés comme faisant entièrement partie de la personnalité du Jedi. Certains Maîtres bretteurs disaient qu'il s'agissait de la prolongation du bras du Jedi. Un bras redoutable assurément. Mais le sabre laser ne devait être activé que pour la défense de soi et de son prochain, jamais pour attaquer.
C'est à cause de cette règle allant contre la possession que les frères Delterr ne avaient pas d'holos familial et encore moins de lettre. Les familles n'avaient pas non plus le droit d'écrire à leurs enfants?
Un éclair à l'horizon, battu par la pluie incessante, rappela brusquement Maarek à la réalité. Il regarda au-delà de la baie vitrée. La pluie battait sur le duracier du dôme du centre de clonage de Kamino, là où dormait Maarek et les autres Jedi qui avaient été envoyés pour protéger le centre contre les attaques des Séparatistes. Les Jedi devaient être une centaine, pas plus. Maarek n'avait pas compté le nombre de Jedi qui avaient débarqué en même temps que lui sur Kamino, mais une réunion d'Etat-Major ne tarderait pas à lui donner raison. Kamino n'était pas la seule planète attaquée depuis le début de la Guerre des Clones. Corsin aussi avait été attaquée par les Séparatistes, mais indirectement.
Située dans le secteur du Grand Amas de Plooriod, à proximité du Noyau, cette planète avait grandement prospéré par ses exportations en cristaux nécessaires aux répulseurs, ainsi que ses produits agricoles qui étaient directement exportés vers Coruscant. De grandes prairies parcouraient le continent principal et on connaissait Corsin pour son amour de la vie. Lorsque le mouvement Séparatiste se répandit sur certaines planètes de la Bordure Médiane, des réfugiés par millions y accoururent. Le gouvernement central avait ordonné la construction de camps de réfugiés. Rapidement, les conflits d'intérêts se mirent en place et les habitants se donnèrent des nouveaux noms : les Natifs, comme pour mieux se distinguer des réfugiés qui s'appelaient les Nouveaux. Natifs et Nouveaux s'opposèrent au Conseil de Corsin et des luttes intestines s'étaient propagées sur cette planète auparavant pacifique. Maarek et Maître Eekin avaient réussi à calmer les esprits après avoir trouvé un accord à l'amiable? ce qui n'était pas le cas sur de nombreuses planètes où les civils continuaient à pâtir des prodromes de la Guerre des Clones.

La Bataille de Geonosis avait séparé Zak et Maarek de leurs maîtres respectifs. Le Conseil Jedi n'avait pas autorisé les deux natifs de Corsin à partir avec eux. Depuis, leurs morts les hantaient. Ils n'étaient pas les seuls à faire des cauchemars. La rumeur dans le Temple Jedi disait que le jeune Anakin Skywalker en faisait aussi, souvent. Zak aimait beaucoup Anakin, même s'ils ne se parlaient guère. En revanche, Maarek se sentait mal à l'aise en présence du jeune Jedi natif de Tatooine, car Anakin ressemblait à beaucoup de ces jeunes Jedi impatients et impulsifs ? les deux allant souvent de pairs. Hélas, les frères Delterr s'étaient retrouvés sur Kamino en sa compagnie.
Maarek se leva de son lit, passa sa tunique et son poncho par-dessus, puis chaussa ses bottes. Il accrocha son sabre laser à sa ceinture, après l'avoir pris de dessous son oreiller. Regardant un instant son frère, il ne sentait plus aucun mauvais rêve émanant de lui. Le grand frère sourit, rassuré, et ouvrit la porte. Il se retrouva dans un de ces couloirs de Tipoca City. Les couloirs du centre de clonage étaient stériles, d'un blanc aveuglant avec des lignes noires sur le parterre. Tous les couloirs se ressemblaient et parfois, le jeune Jedi se demandait comment les Kaminoans ne pouvaient ne pas se perdre d'un un tel labyrinthe luminescent. Par chance, Maarek avait mémorisé le chemin. Il prit à droite en direction de la nacelle qui parcourait le complexe Kaminoan comme une sorte d'aérotrain intérieur chaussé sur une piste magnétique. Plusieurs stries de couleurs reliées à des boutons indiquaient les arrêts. Tout était indiqué en Basic, mais aussi en Kaminoan. Il sélectionna « Complexe d'Entraînement Militaire des Clones » sur la console et la nacelle fit une embardée qui cala Maarek dans son fauteuil.

Quelques minutes plus tard, Maarek se retrouva sur une passerelle surplombant le Complexe, pour lequel il ne put s'empêcher d'être fasciné une fois de plus. Tout y était organisé à la perfection : cantines, parcours d'entraînement, logements des soldats, officiers subalternes et supérieurs. On pouvait trouver juste en-dessous,les hangars des RT-TT, à destination des milliers de champs de batailles qui ne tardaient pas à se mettre en place au fur et à mesure que la Guerre se précisait. Pour convoyer les troupes, les Kaminoans avaient fait appel à la planète Rothana, une planète peuplée d'une civilisation industrielle qui avait concu les croiseurs Acclamator, capables de décharger troupes et artillerie en un temps record. Maarek avait eu l'occassion de voir à l'?uvre l'embarquement et le déchargement des troupes lorsqu'il était encore sur Coruscant au Temple Jedi. En effet, le Chancelier Suprême Palpatine avait ordonné le déblayement d'une grande partie de bâtiments inoccupés pour faire place à un terrain susceptible d'accueillir les troupes.
C'était le Grand Maître Jedi de l'Ordre, Yoda lui-même, qui avait nommé le Padawan Maarek Delterr, Commandant de la Grande Armée de la République, et son frère Zak, Lieutenant. Il s'était rendu ensuite sur Kamino, accompagné de jeunes Jedi et de plus expérimentés, pour faire connaissance avec leurs nouveaux bataillons.
Le Commandant Delterr recherchait dans la foule des clones, un lieutenant avec un casque bleu. Il était faux de dire que tous les soldats clones se ressemblaient. Ils étaient tous différents au fond d'eux? mais ils avaient le même objectif : défendre la République. En réalité, ils n'auraient très bien pu ne pas avoir ce souci de défense d'un système qui paraissait corrompu aux yeux de certains, comme les Séparatistes. Les Kaminoens leur avaient assignés une tâche spécifique dès leur enfance et ils obéissaient à cela. Mais au fond de lui-même, Maarek savait que les clones servaient de chair à canon à la République. En tant que Jedi, il se devait de sauvegarder la vie de ces soldats et d'en faire réchapper un maximum d'eux au cours du conflit qui s'annonçait meurtrier?
Maarek ne voyait que des casques blancs dans la foule des soldats, ainsi que quelques Jedi qui avaient décidé d'aller faire des man?uvres à l'air libre. Les soldats clones faisaient la queue pour récupérer leurs casques à la visière en T, d'autres mangeaient à la cantine et faisaient l'étalage des blessures qu'ils avaient récoltés sur Thule ou Rhen Var, d'autres se demandaient, en silence, pourquoi leurs camarades avaient été morts pour des planètes inconnus.
Demandant à un surveillant où il pouvait trouver « Jex », alias le clone CT-Bêta 63, celui-ci lui répondit qu'il attendait avec l'escouade au niveau de la salle de simulation. Le complexe militaire de Tipoca City s'étendait sous le dôme principal de la ville. Au-dessus, sous la pluie, les soldats effectuaient des man?uvres en compagnie de leurs commandants et pouvaient accéder facilement aux croiseurs Acclamator des Industries Rothana, parqués dans des hangars. En-dessous de l'aire d'entraînement, se situaient les dortoirs des clones et les réfectoires. Au dernier sous-sol, se trouvait la baie de chargement des RT-TT et la salle de simulation. Il en existait quatre, de la taille d'un hangar de croiseur Acclamator, une à la base de chaque dôme, qui étaient capables de simuler toutes sortes de conditions climatiques du désert aux montagnes enneigées. Grâce à un dispositif sur répulseurs, la salle de simulation était capable de reproduire différents reliefs géographiques.
Le jeune Delterr se présenta devant la salle de simulation située à la base du dôme principal de Tipoca City. Devant celle-ci, Maarek retrouva sa troupe au grand complet ? sauf son frère, qui ne devrait pas tarder à arriver. Jex salua le Général.
- Général, tous les soldats sont au rapport, sauf CT-14/47 qui a été? reprogrammé.
Dans le langage des troopers clones, cela signifiait que le soldat avait eu un problème durant un entraînement et qu'il s'était écarté du protocole des clones. Les cloneurs allaient devoir revoir son apprentissage de A à Z, afin d'éviter que des élans sanguinaires s'emparent de lui.
- Très bien, Lieutenant. Êtes-vous prêt pour notre entraînement hebdomadaire ? demanda Maarek dans un haussement de sourcil.
Le clone se mit au garde-à-vous.
- Bien entendu Général ! Nous sommes prêt à commencer !
Les autres clones opinèrent de leurs casques et Maarek décrocha son comlink.
- Ici le Padawan Maarek Delterr, nous demandons la mise en place du cycle d'entraînement MI-03.
- Bien compris Général, mise en place du cycle d'entraînement demandé, répondit la voix d'un contrôleur Kaminoan.
Chapitre Trois
La grande porte s'ouvrit avec fracas et les soldats entrèrent dans la salle au pas de course. Maarek passa des gants sur ses mains car il commençait à faire froid, comme c'était prévu dans le cycle d'entraînement. A cinq cents mètres en face de lui, se trouvait une batterie anti-infanterie reprogrammée pour tirer des salves à ions qui paralyseraient les soldats clones afin de faire croire à leur mort. Au pied de la batterie, se trouvait des rangées de tranchées occupées par des droïdes de sécurité modifiés. L'objectif était simple : faire semblant de détruire la batterie et faire pareil pour le centre de commandement des Séparatistes.
Maarek avait échoué deux fois et réussit trois fois. Il était plutôt habitué à combattre dans la boue ou bien l'herbe, mais il avait choisi un cycle d'entraînement qui serait à même de le pousser au-delà de ses limites. Il devait réussir cet entraînement pour montrer à ses clones qu'ils pouvaient compter sur lui lorsque la bataille arrivera.
Il sentit une tape dans son dos et il se retourna rapidement. La Force ne l'avait pas trompé : son frère l'avait rejoint.
- Pardon, dit celui-ci vivement, je me suis assoupi plus que de mesure?
- Mais tu es là désormais et c'est ce qui compte. (Il tenta de ne pas montrer sa nervosité à son petit frère et montra du doigt dix troopers clones qui attendaient à sa gauche.) Tu te charges de ce groupe et tu prends d'assaut la crête Ouest, pendant que Jex et ses soldats vont directement sur la batterie. Je prends dix autres soldats pour contourner l'ennemi directement dans les tranchées.
- Compris Maarek.
Son frère lui tourna le dos et alla parler avec Jex. Zak se passa une main dans les cheveux. Il détailla son frère par un regard en biais : les cheveux châtains clairs étaient fins et retombaient sur son front dans une frange inégale. Les yeux verts de Maarek semblaient sonder les visières en T des casques des clones pour mieux voir au fond d'eux et pour mieux juger la valeur de ces soldats. Mais malgré cela, les soldats ne sourcillaient pas. Grand, il dépassait d'une tête Zak. Une cicatrice sur la nuque de son frère lui rappelait cette brûlure qu'il avait reçu après un tir de char d'assaut blindé Séparatiste lors de l'évacuation de Rhen Var. Rhen Var? où le Conseil Jedi leur avait ordonné d'aller méditer après la perte de leurs maîtres respectifs. Les deux frères s'étaient alors retrouvés en compagnie des Orphelins de Geonosis, jusqu'à ce que les Séparatistes envahissent la planète.
Zak réajusta sa tunique Jedi beige et marron et sa cape. Il portait des bottes qui serraient bien ses mollets, comme tous les autres Jedi. Maarek lui, préférait un poncho et une tunique en laine fine d'Ison. Zak détourna la tête de son frère. Il aurait aimé avoir sa carrure et son charisme. Il n'aimait pas sa taille, ses yeux marrons clairs et ses cheveux mi-bouclés qui tombaient à hauteur d'oreilles. Mais plus le temps passait, plus Zak s'acceptait comme Jedi? et comme frère de Maarek.
Une sonnerie rententit dans le hangar et la grande porte commença à se soulever, laissant apparaître un champ de force bleu. Zak se dirigea vers son groupe d'assaut et regarda son sergent. Celui-ci fit un salut militaire impeccable.
- Commandant, nous sommes prêts ! déclara le sergent fièrement.
- Sergent, nous ne devons pas échouer cette fois-ci. Nous devons prendre le centre de commandement.
- Commandant, nous sommes la meilleure armée de la République ! N'ayez crainte, nous vaincrons !
Un léger sourire s'esquissa sur le visage de Zak et pourtant, il éprouvait un malaise lorsque les clones se déclaraient fiers de servir la République. Le sergent se mit derrière lui, et les dix autres clones en colonnes de cinq. Les clones mirent en travers de leurs poitrines leurs fusils blaster DC-15, commun à tous les soldats. Lentement, le champ de force bleu se leva et fit apparaître devant les yeux de tous, un paysage glacé avec des collines, avec à une centaine de mètres, une batterie anti-infanterie. Maarek, en tant que Général, ouvrit la marche au pas de course, allumant son sabre laser. La lame verte de son frère se déploya et indiquant la direction de la cible, il abaissa sa lame vers les tranchées ennemies. Jex et ses clones chargèrent droit vers la batterie. Zak restait quelque peu en retrait afin de pouvoir mieux pénétrer le front dégarni des analogues de Séparatistes.
La batterie anti-infanterie, maniée par des droïdes, tira ses premiers rayons paralysants en direction du groupe de Jex. Trois clones s'effrondrèrent. Les autres clones ouvrirent le feu et des rayons bleus tracèrent des chemins parallèles au sol et frappèrent les droïdes de plein fouet, allant valser directement dans les tranchées ennemies. Tout en avançant, Jex et ses clones faisaient feu de tous leurs fusils pour créer un barrage de feu. Chaque droïde qui sortait de la tranchée y retombait presque immédiatement.
De son côté, Maarek et ses soldats étaient parvenus à contourner l'ennemi, malgré les tirs de barrage des droïdes cachés dans les tranchées, aidés par la batterie anti-infanterie. A côté de Maarek, un sergent fut atteint par un trait de rayon paralysant. Il s'ecroula instantanément. Le jeune Jedi se frappa mentalement la joue pour mieux se reprendre et pour éviter que cet entraînement redevienne un nouvel échec. Il fit signe à ses soldats de se déployer comme un éventail et prit trois soldats avec lui pour pénétrer dans la tranchée la plus à droite.
De son lieu d'observation, Zak voyait l'entraînement viré au « massacre ». Ordinairement, lors de entraînements, les soldats et les Jedi étaient assistés de RT-TT destinés à les soutenir. Mais pas aujourd'hui. Un appel dans la Force venant de son frère secoua Zak de sa rêverie.
- Sergent ?
- Commandant ? répondit le gradé aux épaulettes vertes.
- Il est temps pour nous !
- Bien compris Commandant ! (Il se tourna vers son détachement.) Grenades, ouverture du feu et couverture du Commandant. Tactique 3-1 à courte portée.
Tous les clones opinèrent du chef d'une seule et même personne. Les cinq premiers clones se mirent à gravir la crète en courant, ne semblant pas s'essoufler le moins du monde. Arrivé au point le plus haut, ils jetèrent leurs cinq grenades dans la tranchée centrale qui mène au bunker de commandement. Les cinq clones suivants ouvrirent le feu en glissant dans la neige, mais une tourelle automatique entra en action. Le canon sortit de la neige comme par enchantement et deux clones furent « tués » sur le coup. Les autres clones roulèrent jusque dans la tranchée. C'est le moment que Zak choisit pour entrer en action. Allumant son sabre, il fondit directement sur la tourelle automatique et d'un coup latéral, il coupa en deux l'arme meurtrière. Il éteignit sa lame et fit signe au sergent de sauter dans la tranchée.
Celui-ci sauta dans la tranchée et fit signe à deux clones d'aller se poster à l'intersection des deux tranchées perpendiculaires à la tranchée centrale.
- Posez les mines à ions, puis couvrez le passage. CT 14/521 et 14/463 vous couvreront, déclara le sergent.
- Bien compris, répondirent les deux clones en c?ur.
Le sergent revint vers Zak et hocha la tête. Le jeune Jedi ferme les yeux et fit appel à la Force.


Dans l'esprit de Maarek, une sorte d'appel au travers de la Force retentit. Il entendit alors la voix de son frère. Il prit son comlink.
- Jex ? Ici Maarek. Mon frère a pris la tranchée centrale sans trop de difficultés. Cela veut donc dire que l'ennemi a amassé ses forces dans les premières tranchées.
- Oui Général. Quels sont vos ordres ? demande le lieutenant clone.
- Faites « sauter » la batterie anti-infanterie puis établisez un périmètre de sécurité dans la première rangée de tranchées. Je m'occuperai de la seconde tranchée avec mes soldats.
- Bien compris Général. Bonne chance !
Jex raccrocha la communication et fit signe à ses soldats de prendre d'assaut la batterie. C'est le moment que choisirent les droïdes équipés de blasters à répétitions pour entrer en scène. Les premiers tirs droïdes firent tomber cinq clones. Jex fit signe à tous les clones de se mettre à terre.
Trop tard ! C'était le moment que les droïdes avaient choisi pour réactiver la batterie anti-infanterie. Jex vit au travers de sa visière en T, les soldats du Général Delterr se faire tailler en pièce. Sur la neige, les armures blanches se confondaient avec le décor. Les clones restaient en position statique, comme pris sur le vif. Jex fit signe à l'un de ses derniers soldats de dégoupiller une grenade et de la lancer à proximité de la batterie.
L'explosion se fit dans un bruit étouffé et grâce aux capteurs performants de son casque, le lieutenant CT-Bêta 63 entendit trois droïdes devenir hors d'usage. Il rampa jusqu'à la hauteur de la colline, prit son fusil blaster et mitrailla la zone. Retournant soudainement sa tête vers ses soldats, il hocha la tête pour donner l'assaut.

- Sécuriser la position !
Le sous-officier restant tourna son casque vers lui.
- Impossible Général ! La batterie a?
Maarek fut projeté après l'effet du tir de la batterie anti-infanterie. Il venait de perdre son deuxième sous-officier au cours de cet entraînement. Il regarda derrière lui les clones à genoux qui « sécurisaient » la zone, et ceux qui étaient allongés à même la neige, comme son sous-officier, touchés par un tir de batterie.
- On fonce soldats ! Premier groupe, tirs de couverture. Deuxième groupe, assaut dans la tranchée. Faites attention, des tourelles peuvent être cachées dans la neige soldats !
Les soldats hochèrent la tête à l'unisson et se déployèrent rapidement dans la neige, droit devant eux. Maarek para des tirs sporadiques de droïdes dans sa direction. Il rattrapa son groupe qui allait s'engager dans la tranchée. C'est alors que des tourelles sortirent de la neige et pointèrent leurs viseurs vers les clones. D'un pas rapide, Maarek se plaça devant des clones. Ceux-là s'occupèrent de neutraliser les tourelles à coups de laser bleu, tandis que les rayons rouges leur répondaient, arrêtés par la muraille que Maarek Delterr avait créée au moyen de la lame de son sabre laser.
Sous l'action des tirs des clones, les tourelles se turent. Se rappelant les ordres du Général, les clones sautèrent dans la tranchée. Le premier groupe se tint debout et le deuxième groupe progressa à genoux dans la neige, sous la protection des tirs alliés. Maarek envoya un appel dans la Force à son frère, et relaya son statut à Jex.


Les soldats se lèverent d'un seul coup, trois contournant la batterie sur la gauche, deux sur la droite avec Jex. Un clone en profita pour mettre une pseudo-bombe, qui indiquait que l'objectif numéro Un avait été rempli. Les tirs des clones retentissaient dans la tranchée et les droïdes tombaient les uns après les autres. Jex saute dans le couloir de communications et donna un coup de crosse à un droïde équipé de blaster à répétition. Celui-ci s'écroula contre la paroi enneigée du couloir. Il fit signe aux trois clones de gauche de sécuriser la sortie de la tranchée, aux deux autres de sécuriser la droite. Un click de comlink retentit. Jex s'accroupit contre la paroi.
- Général ? Nous avons pris l'objectif Un, je répète, objectif acquis !
- Compris lieutenant, beau travail ! Nettoyé la zone et venez nous rejoindre en arrière garde, répondit Maarek.
- Tout de suite Général !
Il attendit le cliquetis de fin de communication et fit signe à ses clones de nettoyer le boyau central jusqu'à l'intersection. Ce qu'ils firent.

Zak entendit des bruits de pas dans la dernière tranchée. Il sentit les clones se raidirent et enclencher tous leurs savoirs qui faisaient d'eux des machines à tuer. Les premières mines à ions explosèrent dans les deux couloirs adjacents.
- Sergent, mon frère nous ramène les droïdes de la dernière portion. Je vais tâcher de les retenir et de prévenir mon frère d'arriver au plus vite.
- Compris Commandant. Que faisons-nous ? demanda le clone avec un peu d'inquiétude.
- Tâchez de retenir les éventuels droïdes qu'on pourrait nous envoyer depuis le bunker.
Le sergent hocha la tête et emmena ses dix clones se poster à une vingtaine de mètres en amont. Pendant ce temps-là, on pouvait entendre les mines à ions explosées de temps à autres. Zak émit l'hypothèse que les droïdes faisaient très attention à là où ils pouvaient mettre les pieds. Quand il entendit la dernière mine explosée, Zak ralluma son sabre laser et se précipita dans le couloir de droite.
Les droïdes levèrent leurs têtes disproportionnées par rapport au reste de leurs corps. Ils pointèrent leurs blasters vers Zak. Trop tard ! D'une poussée de la Force, Zak renversa le droïde de tête sur les deux autres qui le suivaient. Se retournant, il vit quatre autres droïdes déboucher dans la tranchée. D'une impulsion de la Force dans ses jambes, Zak fut en un saut à portée des droïdes. D'un coup de sabre, il trancha en deux le blaster du droïde de tête et le repoussa d'un coup de pied dans le thorax métallique. Le droïde s'écroula. Faisant passer son sabre dans sa main gauche, Zak surprit le second droïde qui allait justement attaqué sur son flanc dégarni. Le droïde tira un seconde en retard et le jeune Jedi renvoya le tir directement sur la tête du droïde.

Les soldats de Maarek progressaient rapidement, ne rencontrant presqu'aucune résistance. Il entendit le cliquetis des armes qui arrivait par derrière sa colonne et comprit que Jex venait de le rejoindre.
- Général, où en est le Commandant ?
- Je suppose que mon frère s'en tire plutôt bien, mais aussi qu'il doit attendre les renforts? (Il regarda son chrono attaché à son poignet gauche.) Nous sommes en retard de 30 minutes sur l'horaire ! s'exclama Maarek.
- Je ne pensais pas que nous avions mis autant de temps Général? Je pense que nous devrions aller plus vite?
- J'allais te le suggérer Jex.
Maarek se tourna vers « ses » soldats. Une vingtaine de casque le dévisagèrent, sans émotion.
- Nous sommes près du but soldats ! En avant !
Maarek s'élança dans la tranchée, avec Jex sur ses talons. Toute la troupe tourna à gauche au prochain passage et c'est à ce moment là que Maarek sentit le danger. Il ralluma la lame de son sabre laser, qui s'activa dans un sifflement si caractéristique. « Le sabre, doit être la prolongation de ton bras » avait dit un jour son ancien Maître. Maarek déboula dans la tranchée et vit son jeune frère au prise avec deux droïdes. Il sauta jusqu'à arriver derrière le droïde qui lui tournait le dos. Le droïde n'eut pas le temps de se retourner. A peine avait-il commencé qu'il venait de se retrouver avec un sabre en plein thorax.
Jex venait juste de dégainer son blaster de son étui qu'il tira en pleine tête du droïde que le Commandant Zak Delterr, de la Grande Armée de la République, était en train d'affronter, avec une précision redoutable. Maarek retira sa lame du ventre du droïde en même temps que le droïde que Jex venait de tuer, s'effondra. Les soldats clones dépassèrent les trois officiers et allèrent aider les clones restants du groupe de Zak pour aller prendre d'assaut, le bunker de commandement ennemi. Maarek et Zak éteignirent leurs sabres au même moment, chacun se jaugeant du regard.
- Je n'avais pas vraiment besoin d'aide pour ces deux droïdes, fit Zak avec un peu d'amertume.
- Peut-être pas non, mais nous avons trente minutes de retard sur l'horaire, alors on se fiche pas mal de qui va détruire qui?
Zak soutint le regard de son frère une trentaine de secondes, puis détourna les yeux.
- Quelles sont nos pertes ? dit-il en essayant de reprendre la conversation.
- 20 %, peut-être 30, déclara Jex.
- Pas le temps pour les statistiques, on doit prendre le bunker et finir cet entraînement, coupa Maarek en jouant avec son sabre.
Il dépassa son frère et Jex le suivit. Zak se mordit les dents en se demandant ce qui avait bien pu piquer son frère à un moment pareil. Si l'entraînement avait été la réalité, aurait-il mis autant d'empressement à finir la mission ? Aurait-il accepter un taux de pertes aussi élevé pour le simple plaisir de voir exploser le bunker ennemi ?
Il tourna les talons et suivi son frère. Certains soldats clones commencèrent à courir vers le bunker pour poser la « bombe », sous les tirs de couverture du reste de leurs camarades. Les premiers clones entrèrent dans le bunker et virent des droïdes allongés sur le sol. Le sergent qui avait accompagné Zak prit la bombe qu'il avait dans le sac qui était sur son dos, l'accrocha sur la console centrale et l'enclencha.
Le signal émit par la bombe fut relayé au centre d'observatoire de la salle d'entraînement qui se situait derrière le champ de force bleuté. La voix du contrôleur Kaminoan retentit dans la salle.
- Cycle d'entraînement MI-03 achevé, veuillez sortir de la salle.


Une dizaine de minutes plus tard, tous les « survivants » de l'entraînement se retrouvèrent hors de la salle. Une équipe de médecins Kaminoans entra dans la salle pour aller ranimer les soldats clones assomés par les décharges de rayons paralysants. Jex se tourna vers Maarek et Zak.
- Général, Commandant, je dois vous laisser, le Responsable des Entraînements m'attend pour un débriefing. Je dois analyser nos faiblesses pour que nous recommencions pas à avoir ce taux de pertes? même s'il est jugé acceptable.
- Jex, tu n'as rien à voir avec l'échec de cet entraînement, répondit Maarek en posant une main rassurante sur l'épaule du lieutenant. J'ai voulu jouer au héros en les prennant à revers sur la gauche?
Jex hocha la tête et salua ses supérieurs. Puis il détourna les talons et alla rejoindre ses troupes qui l'attendaient en salle de débriefing. Zak se racla la gorge.
- Tu as voulu jouer au héros, par ta faute, nous nous sommes retrouvés avec?
- J'ai suivi les ordres ! Les ordres étaient de détruire ce bunker, ce que nous avons fait !
- Pas avec autant de morts laissés derrière nous ! s'exclama Zak.
- C'est la guerre Zak, autant t'y faire tout de suite. Nous avons fais tout notre possible pour limiter les pertes de soldats? (Il soupira.) Je suis désolé Zak, nous devons protéger la vie, mais comment protéger la vie de soldats sans pour autant remporter la guerre ?
Zak sembla faire semblant d'élucider la question une floppée de secondes, mais il comprit que son frère avait raison.
- Au moins, essayons de ne pas reproduire ce qui s'est produit aujourd'hui, lorsque les Séparatistes envahiront la base de Tipoca? murmura Zak.
Son frère hocha la tête, et tous les deux, ils se rendirent dans leurs quartiers.
Chapitre Quatre
Zak était parti depuis une heure aux salles de simulation de Jedi Starfighter, tandis que Maarek était resté dans la chambre à méditer sur ses actes, et sur son échec ? partiel ? lors de l'entraînement. Il avait bel et bien compris pourquoi il avait échoué : il avait sous-estimé les droïdes, il avait donc échouer dans la première règle d'un combat. Celle de sous-estimer son adversaire. Le jeune padawan toucha sa tresse, qui lui rappela son grade.
Un jour, lorsqu'il était en entraînement dans une des salles du Temple Jedi de Coruscant pour apprendre le saut, Maître Yoda s'était adressé à sa promotion :
- Un Jedi jamais, ne doit se prendre pour un Maître.
Il avait avancé parmi les jeunes apprentis au rythme du tapotement de sa canne et s'était tourné vers un Jedi à peine plus âgé que Maarek, Mak Lotor.
- N'est-ce pas Mak ? avait demandé le vieux Maître Jedi.
Mak, trop timide pour répondre avait hôché la tête, comprennant que Yoda avait fait allusion à un entraînement antérieure où il avait essayé de renvoyer les rayons de deux sphères d'entraînement. Yoda avait frappé dans ses mains et tout le monde s'était remis à la tâche.
Depuis ce jour, Maarek avait suivi les préceptes de Maître Yoda, même si parfois il lui arrivait de dépasser la limite? comme à l'entraînement.
Dans la Force, il sentit une présence puissante dans la Force, s'approcher de sa chambre. La porte s'ouvrit au moment où il se demandait qui ce pouvait bien être. La Maître Jedi Shaak Ti entra et sourit à Maarek. Celui-ci se mit prestement debout et se gratta la tête, l'air gêné qu'une Maître si distinguée que Shaak Ti puisse venir le voir.
- Bonjour Padawan, dit-elle.
- Bonjour Maître Ti, bredouilla-t-il. Je? euh? je suis?
Elle leva une main pour l'arrêter dans son élan et hocha calmement la tête, tout en reprennant l'air sérieuse. Shaak Ti était une Togruta, de Shili, qui s'était entraînée très durement pour accéder au poste de Maître. Elle n'avait jamais mis de côté son héritage, et l'avait justement mis à profit pour devenir l'une des meilleures Maîtres bretteurs de l'Académie. Maarek admirait souvent ? lors des rares occassions où il avait croisé la Maître Jedi ? les magnifiques appendices crâniens de la Jedi, zébrés de noir en blanc. Ses yeux étaient entourés de blanc, avec un point de la couleur de sa peau juste au-dessus de ses yeux. Elle semblait calme, mais au fond d'elle Shaak Ti gardait un secret que peu de gens connaissaient : sa padawan, Fe Sun, avait été tuée, comme son premier padawan avant elle. Shaak Ti n'avait jamais repris de padawans, et n'en reprendraient probablement jamais. Elle était devenue trop solitaire pour ça.
Elle regardait intensément Maarek, et celui-ci sentit qu'elle voyait en elle comme dans un livre ouvert.
- Je peux comprendre que tu regrettes tes actes, Padawan. Tu étais en effet trop sûr de toi, tu croyais pouvoir vaincre rapidement, tu voulais être efficace. Et cela t'as joué des tours?. (Maarek hôcha la tête, ne sachant que répondre.) Je pense que tu aurais dû mener toi-même tes propres soldats à l'assaut?
Elle se leva doucement, et regarda le jeune Delterr dans les yeux, puis elle posa une main sur son épaule gauche, ce qui, au lieu de le raidir, relaxa Maarek rapidement.
- Je sais ce que cela fait de perdre un Maître, ou un camarade. Mais désormais il faudra que tu te prennes en charge seul. Le Conseil sera là pour t'aider, tous les Jedi, mais personne ne pourra reprendre le rôle de Maître Eekin. Ton frère et toi, vous êtes de très bons Jedi, mais ne vous laissez pas déborder par l'action. Restez dans les cadres de votre apprentissage et ne suivez en aucun cas votre chemin.
- Maître, je?
- Oui ?
- Je voulais savoir? (Il détourna la tête, gêné par la question qu'il allait posé, mais Shaak Ti l'engagea à continuer.) Je voulais savoir pourquoi Maître Eekin ne m'est pas apparu dans la Force, contrairement à d'autres Padawans ou Chevaliers ? Je veux dire? ai-je été un mauvais apprenti pour qu'il refuse de m'apparaître et me guider ?
Shaak Ti, visiblement, ne s'attendait pas à cette question. Mais alors que Maarek pensait qu'elle allait sourciller, elle sourit, bien au contraire.
- Bien au contraire, Padawan. Ne t'en veux pas. Parfois la Force ne prend pas forcément la forme que l'on souhaite. Elle peut se manifester lors d'une vision, ou bien une voix qui te guide. Si Maître Eekin ne s'est pas manifesté, cela veut tout simplement dire que ce n'est pas le moment, qu'il n'est pas encore temps pour toi de connaître ta voie.
Elle retira sa main de l'épaule de Maarek et sourit.
- Mais?
- Le temps viendra, Padawan, bientôt. Ne le sens-tu pas dans la Force ?
Maarek ferma les yeux quelques secondes et puisa dans la Force pour chercher des réponses. Une vision se dessina : une route tracée mais différentes voies qui se chevauchaient, se recoupaient, et aboutissaient à un carrefour où se dessinait une silhouette lumineuse.
- Ce que tu as vu, c'est ce qui va se passer dans les temps à venir. Tu auras des choix à faire, Padawan Delterr. Ne perds pas espoir, dit-elle.
- Non Maître, ce n'était pas dans mes intentions, dit Maarek dans un sourire, rassuré par la vision qu'il venait d'avoir.
- Bien.
Shaak Ti sourit puis regarda la baie vitrée, où une fois encore, la pluie tombait à tout rompre. A la mine de la Jedi, on devinait qu'elle commençait à être lassée de ce temps, mais on sentait aussi tout son intérêt pour l'univers de Kamino et ses eaux tumultueuses. Elle ferme les yeux puis en les rouvrant, elle regarda Maarek au travers de la vitre.
- Je voulais aussi te demander, pourquoi tes soldats t'appelent Général ? s'étonna Shaak Ti.
- Veuillez me pardonner Maître, mais c'est depuis Rhen Var? dit Maarek en baissant les yeux.
- Oui? Rhen Var bien sûr, répondit Maître Ti d'une manière enigmatique.
- Après Geonosis, lorsqu'on nous a appris la mort de nos Maître respectifs, le Conseil des Jedi nous a envoyés sur Rhen Var, mon frère et moi, pour nous ressourcer. Nous étions parmi un contingent de Padawans qui avaient perdu leurs Maîtres.
Shaak Ti fit signe à l'aîné des frères Delterr de continuer. Maarek toucha sa tresse de padawan et ferma les yeux.
- Cela faisait à peine une semaine que nous nous étions installés dans le Temple de la Méditation de Rhen Var avec nos autres camarades, que les Séparatistes ont attaqué la base de la République. Le commandant de la base, le Chevalier Jedi Kai Justiss nous a envoyé un contingent de soldats clones en attendant les cannonières?
Maarek rouvrit les yeux et regarda intensément Shaak Ti, au point que celle-ci comprit la sincérité avec laquelle le Padawan s'ouvrait à lui.
- Maître Ti, j'ai senti la mort de mon Maître dans la Force? j'ai compris. Mais je n'ai pas compris quand j'ai vu mes camarades morts. Il y avait le jeune Nikto Veek qui a été tué le premier, c'est là que j'ai compris
- Compris quoi, Padawan ? répondit Shaak Ti, tout en comprennant à qui faisait allusion Maarek.
- J'ai compris que les Jedi n'étaient pas immortels? J'ai vu aussi les soldats clones envoyés pour nous porter secours qui se faisaient tailler en pièce par les chars droïdes. C'est là que j'ai fais connaissance de Jex.
- Oui, ton lieutenant c'est ça ? demande Shaak Ti.
Maarek hocha la tête.
- J'ai décidé d'organiser la résistance du Temple de la Méditation, en attendant que Maître Justiss envoie des canonnières nous secourir. Tous les soldats clones restants et la dernière poignée de Jedi se sont rassemblés autour de moi et m'ont fait confiance. C'est depuis ce jour que Jex m'appele Général?
Shaak Ti hocha lentement la tête. Maarek s'empressa de rectifier le tir, comme s'il avait dit du mal de son ami.
- Mais il ne faut pas lui en vouloir, Maître Ti !
- Rassure-toi, je ne lui en veux pas, répondit-elle. Je me demandais si c'était une bonne idée que tu les laisses t'appeler Général, alors que tu n'es pas Maître.
Maarek hocha la tête, et Shaak Ti se dirigea vers la porte.
- Merci d'être venue, Maître Ti, dit le jeune Jedi. Puis-je vous poser une dernière question ? (Elle hocha la tête.) Je voulais savoir si je participerai à la défense de Kamino ?
La Togruta sembla éluder la question comme si c'était la première fois qu'elle l'étudiait, puis elle hocha la tête.
- Bien sur, Padawan. Je vais en parler avec Maître Kenobi, qui s'occupe d'attribuer les postes de défense.
La Maître Jedi sortit de la chambre des frères Delterr en faisant balancer ses appendices. La porte se referma dans un bruit de coulissement pneumatique.


Le chasseur Jedi essayait de remonter entre les dix chasseurs droïdes qui l'entouraient, mais l'espace commençait à diminuer peu à peu. Les tirs de laser, étrangement, avait jusque-là été absorbés par le bouclier du chasseur. Plus pour très longtemps. Le chasseur Jedi ne possèdait pas de puissants boucliers, ni une puissance de feu très élaborée. Il était conçu avant tout pour la vitesse, mais un pilote, surtout quant il était Jedi, avait la possibilité de l'emporter sur un cerveau droïde.
Cependant, Zak Delterr relativisait les performances du chasseur Jedi. Le chasseur droïde était beaucoup plus rapide car, selon les espions de la République, il possèdait un carburant tout à fait spécial qui faisait de lui un chasseur d'interception. A côté de ça, le chasseur Jedi faisait office d'un yacht spatial qui aurait du mal à se mouvoir. De plus, le chasseur Jedi possèdait le net désavantage de ne pas avoir d'hyperpropulseur incorporé, mais d'avoir un anneau spécial qui s'accrochait au reste du chasseur. Enfin, son armement. Le chasseur n'avait que deux faibles rayons laser.
En réalité, pour combattre avec un chasseur Jedi, il fallait totalement s'ouvrir à la Force, ce qu'avait fait Zak en essayant de conserver une extrème concentration.
Son moniteur clignota et une présence s'ouvrit dans la Force. Une troisième. Lorsque Zak avait mis les pieds dans le simulateur, deux Jedi étaient occupés à s'entraîner, mais il n'avait pas encore réussit à discerner qui. Après tout, il n'était qu'un Padawan ! Et l'Ordre comptait plus de 10 000 gardiens de la paix.
Il fit un écart sur tribord et essaye de passer en vrille, passant à proximité d'un autre chasseur Jedi qui en profita pour faire une boucle et détruire deux chasseurs droïdes qui frôlaient le bouclier du centre de clonage de Tipoca. Zak tenta de remonter et d'attirer trois autres chasseurs ennemis vers les turbolasers du centre. Les rayons laser zébrèrent le périmètre de son chasseur mais il ne paniqua pas. Il était en harmonie totale avec la Force.
Celle-ci lui conseilla de remonter rapidement. Zak donna un coup de manche vers le bas pour faire remonter le chasseur, et les turbolasers entrèrent en action. Deux chasseurs furent détruits, mais le troisième, le plus proche de Zak, avait « deviné » son action.
- Oh oh, je n'aime pas ça, souffla Zak.
Il regarda son radar tout en pilotant et zigzaguant entre les tirs de son poursuivant. Le radar n'indiquait qu'un chasseur qui était dans les environs, l'autre étant occupé au-dessus du dôme, à environ à un kilomètre. Zak essaya de rejoindre son allié tout en faisant des écarts et en faisant semblant de vouloir s'échapper.
Inutile. Le chasseur droïde l'avait complètement tracé. Comme si l'autre chasseur Jedi avait deviné sa pensée, il se chargea de faire une boucle autour de Zak. Le jeune Padawan en profita alors pour accélérer et partir en vrille. C'est à ce moment là que l'autre chasseur Jedi en profita pour tomber sur le chasseur ennemi et le réduire en pièces. Les restes de la carcasse allèrent couler dans l'océan.
Zak avait compris de qui il s'agissait, il avait reconnu le style de pilotage aussi courageux que fou du jeune Anakin Skywalker. Le jeune Padawan sourit en se rappelant comment Anakin leur avait sauver la vie sur Rhen Var dans sa canonnière de la République.
Un appel dans la Force se fit sentir, et Zak se calibra juste à côté mais légèrement en retrait du chasseur d'Anakin. Apparement, ils semblaient se diriger vers le dessus du dôme principal où l'autre chasseur Jedi malmenait les droïdes. Son pilote avait un style fluide et tirait parti de la Force elle-même, en utilisant ses moindres sursauts, ses moindres aléas.
Le temps de Kamino, en effet, pouvait aider à perturber les ondes des chasseurs droïdes vis-à-vis des ordinateurs stratégiques installés dans les vaisseaux de commandement de la Fédération du Commerce. Mais apparemment, ce n'était pas une option que le simulateur de vol avait pris en compte.
Zak jeta un coup d'?il au moniteur, et vit que la simulation n'allait pas tarder à prendre fin. Il continua de faire équipe avec Anakin Skywalker, tout en laissant l'apparence que le troisième chasseur pouvait se débrouiller tout seul.
Lorsque l'écran devint noir et que la simulation s'arrêta, Zak ouvrit la fausse verrière teintée du simulateur et en sortit. Au total, six simulateurs s'alignaient dans cette vaste pièce. De celui-ci du milieu était sorti Anakin Skywalker qui lui avait fait un signe de la main et venait vers lui. Du simulateur à gauche de celui de Skywalker sortait la Maître Jedi Adi Gallia. La troisième présence était celle du Maître Tsui Choi, que Zak n'avait pas reconnu immédiatement.
Anakin s'arrêta devant lui.
- Zak ! Je suis content de te voir ! Cela fait depuis? Rhen Var non ? s'exclama Anakin.
- Anakin ! Je me disais bien que j'avais reconnu ton style de pilotage ! Merci de m'avoir tiré d'affaire avec le chasseur droïde, dit Zak. Je pense que j'aurais été carbonisé sinon?
Anakin lui adressa un clin d'?il.
- Je pense que vous auriez très bien pû vous en tirer tout seul, répondit Adi Gallia. (Elle regarda Anakin puis se concentra sur Zak.) Padawan Delterr n'est-ce pas ? demanda-t-elle.
- Oui, Maître.
- J'ai bien connu votre défunte Maître, Khaat Qiyn. J'ai été désolée d'apprendre qu'elle? (Elle se tut puis regarda Zak.) C'était une grande combattante, j'ai vu quelques-unes de ses stratégies dans tes man?uvres, dit Adi Gallia.
- Merci Maître Gallia, elle m'a appris beaucoup de choses.
Le Maître Tsui Choi regarda Anakin et Zak.
- Vous comptez vous joindre à nous pour défendre Kamino dans l'espace et dans les cieux ? demanda Maître Choi.
- Mon Maître, Obi-Wan Kenobi, combattra lui aussi dans son chasseur Jedi, dit le jeune Padawan Skywalker. Donc je serai donc à vos côtés.
Tous les regards se tournèrent vers Zak, qui baissa les yeux.
- Ma Maître n'étant plus présente, je? enfin je ne suis pas disposé à pouvoir répondre, dit Zak, gêné. (Il releva la tête et regarda les deux Maîtres.) Je vous laissa la décision.
- Vos talents de pilotage peuvent nous être utiles, Padawan, répondit le Maître Tsui Choi.
- Je pense la même chose, dit Adi Gallia dans un sourire. Bienvenue dans l'escadron de défense Kamino.
Zak sourit et hôcha la tête. Adi Gallia et Tsui Choi s'excusèrent et sortirent de la salle de simulation. Anakin Skywalker mit sa main sur l'épaul gauche de Zak et sourit.
- Les Séparatistes n'ont qu'à bien se tenir, Zak ! dit Anakin. D'après mon Maître, si Kamino tombe, la République perdra assurément la guerre.
- Oui, effectivement, d'autant plus que ce n'est pas dix mille Jedi qui vont pouvoir contenir des millions de droïdes. Kamino est la bataille qui déterminera le futur de la guerre?
Anakin hôcha la tête et invita Zak à sortir de la salle de simulation. Ce dernier sourit et en sortit.

Maarek avait toujours les yeux rivés sur la porte, puis fut brutalement rappelé à la réalité par une bruyante alarme. Les Séparatistes, pensa-t-il. Il sortit de sa chambre et se dirigea vers la salle de conférence.
De leur côté, Anakin et Zak étaient en train de discuter quand l'alarme s'enclencha. Le Maître d'Anakin, Obi-Wan Kenobi, sans bure de Jedi beige, arriva sur ces entre faits et fit signe à Anakin.
- Depêche-toi, la conférence commence !
Anakin hôcha la tête et courut sur les traces de son Maître, Zak à ses talons. Peu de temps après, ils entrèrent dans une vaste salle où une vingtaine de Jedi étaient rassemblés. Au milieu de la salle, un énorme holoprojecteur qui représentait la personne du Maître Quilan Vos, qui avait réussi à alerter la République sur l'imminente attaque Séparatiste.
Zak reconnut son frère coincé entre un Shistavanéen et un Whipid. Il lui fit un signe et son frère répondit dans la Force par une impulsion. Zak laissa Anakin avec son Maître et alla rejoindre le Maître Tsui Choi et la Weequay nommée Kossex. Kenobi fit un grand geste d'apaisement, qui allait aussi de pair avec une vague de Force qui eut pour effet de calmer les petits chuchotements des Jedi à l'approche du combat.
- Mes amis, une flotte Séparatiste est sortie de l'hyperespace il y a quelques minutes, en bordure du système de Kamino. Les satellites en bordure de système viennent à l'instant de comptabiliser cinq vaisseaux de la Fédération du Commerce.
Zak écarquilla les yeux, et il n'était pas le seul. Il fit un calcul rapide : un vaisseau de la Fédération du Commerce transportait environ mille chasseurs droïdes, et autant de droïdes de combat. Pour faire le ratio, la République disposait d'environ 60 000 soldats clones qui n'avaient pas eu le temps d'être entraînés au maximum de leur capacité. Les Séparatistes avaient prévu assez de chasseurs et de droïdes pour réduire à néant les chances de la République de l'emporter.
- La bataille se passera dans le centre de clonage, continua Kenobi, comme dans l'espace et dans le ciel de Kamino. Le centre de clonage ne doit pas être pris par les Séparatistes ! Ou bien nous perdrons la guerre !
Les Jedi approuvèrent tous ensemble, soit par hôchements de têtes, soit par un murmure caractéristique d'un « oui ».
- Bien. Chacun sait ce qu'il a à faire. Les Padawans n'ayant plus de Maîtres viennent me voir pour leur affectation. (Il fit un tour rapide de la salle de conférence.) Que la Force soit avec vous tous.
Ces paroles sonnèrent comme un ultime espoir pour les Jedi. Mais jamais un Jedi ne baissait les bras face à la difficulté. Ils étaient tous confiants désormais, et chacun ferait son devoir même si cela voulait dire, ne faire qu'un avec la Force.
Maarek regardait son frère qui ne se présenta pas devant Maître Kenobi, mais qui justement tournait les talons pour partir avec Adi Gallia et Tsui Choi. Il haussa un sourcil, et se dit que son frère avait trouvé sa voie : piloter un chasseur Jedi et assurer la défense des airs. Maarek, même s'il aimait voler, préférait avant tout assurer la défense au sol contre les droïdes Séparatistes et commander son unité de soldats clones avec Jex.
Le jeune Padawan vint se présenter devant Maître Kenobi, après avoir fait un bref salut à Anakin, lequel lui répondit de la même manière.
- Padawan Delterr, ancien apprenti de Maître Eekin, mort sur Geonosis, trouva-t-il bon d'ajouter.
- Oh? Maître Eekin, fit pensivement Kenobi. Tu es Marrek Delterr alors. Maître Ti m'a dit que tu cherchais à intégrer la défense du centre de clonage.
- C'est exact, Maître, répondit Maarek.
- Bien, alors tu feras équipe avec Maître Monn.
Obi-Wan Kenobi indiqua un Shistavanéen à côté duquel Maarek Delterr avait écouté la conférence. Le jeune Padawan toussota.
- C'est que? je commande mon unité de clones depuis Rhen Var?
- Je le sais, en effet. Mais ton Maître est mort, répondit Maître Kenobi, et il te faut de nouvelles normes pour rester dans les objectifs que t'a fixé l'Ordre Jedi. (Marrek hôcha la tête.) De plus, je te trouve bien jeune pour être Général?
Maarek n'osa pas ajouter ce qu'il avait dit à Maître Ti, pensant que cela aurait été inutile, voire, l'aurait même discréditer aux yeux du Maître. Il accepta l'ordre du Jedi et rejoignit le Shistavanéen qui attendait près de la sortie de la salle de conférence, dans les couloirs stériles de Kamino.
Le Maître Jedi le toisa puis haussa un sourcil. Il fit un sourire qui faisait ressortir ses longs crocs et posa une main velue sur l'épaule de Maarek.
- Delterr, nous allons faire équipe, dit-il un peu rudement avec un accent particulier. Je pense que nous allons bien nous entendre toi et moi.
- Je pense aussi Maître Monn, répondit Maarek un peu gêné par tant de courtoisie. Je vais vous présenter mon? enfin notre unité de soldats.
Voolvif Monn laissa passer en premier Maarek Delterr jusqu'au complexe militaire du centre de clonage de Kamino, où Jex et ses clones les attendaient.
Chapitre Cinq
Maarek se présenta devant Jex qui portait son casque à la main. Il salua le jeune Padawan et Maître Monn, puis ses yeux passèrent du Shistavanéen au jeune humain. Il hésita dans sa question mais la posa finalement.
- Maîtres, vous êtes prêts ?
- Tout à fait prêts? Jex, hésita Voolvif Monn. (Le clone sourit en coin lorsqu'il entendit son nom.) Le régiment est-il fin prêt ?
- Il nous manque encore les tourelles laser portatives, mais elles ne devraient pas tarder. J'ai envoyé six hommes les récupérer. (Il allume son datapad et le mit sur le mode hologramme. Un minuscule plan s'agrandit. Jex désigna le couloir de sécurité 6.) Voilà l'objectif. Les trois plates-formes se rejoignent par trois couloirs au niveau d'un point distant de cinquante mètres du point de rencontre?
Maarek regarda en silence son ami clone qui hésitait sur la meilleure défense à tenir.
- Ton avis Jex ? demanda-t-il gentiment pour inciter le clone à continuer.
Les yeux marrons foncés du clone se tournèrent vers lui.
- Je préconiserais de les attendre au niveau des plates-formes, puis de nous replier jusqu'au point de rencontre. (Monn n'avait encore rien dit et laissa le clone continuer, comme s'il avait deviné son plan d'avance.) Nous pourrions prendre chacun un bataillon et en nous repliant, miner les couloirs. Qu'en pensez-vous ?
Voolvif Monn sentit l'air et ferma les yeux, puis les rouvrit après quelques secondes de silence gêné, malgré le brouhaha incessant des machines de guerre, des marches cadencées des clones qui partaient au combat, ainsi que des ordres des commandants à leurs troupes. Le Shistavanéen regarda les troupes de Jex derrière lui, puis reporta son attention vers ce dernier.
- Je pense qu'il s'agit d'une très bonne stratégie, en espérant bien sûr que nous puissions la tenir jusqu'au bout? remarqua Monn. (Sous le regarde perturbé de Maarek, il s'expliqua.) Ce que je veux dire, c'est qu'il s'agira d'un combat où nous serons en désavantage numérique. Du un contre quatre il me semble? malgré le fait que je déteste les probabilités, je dois admettre que cela me fait froid dans le dos !
Il poussa un rugissement d'homme-loup si fort que Maarek sursauta et fit un pas en arrière, prêt à dégainer son sabre laser à la vue d'une bête. Il s'aperçut que les clones, avec leurs réflexes supérieurs à la moyenne, avaient dégainé leurs armes et enlevé la sécurité des fusils blaster. Mais ils se rassurèrent vite lorsqu'ils virent qu'il s'agissait du Maître Jedi.
Monn se tourna vers Maarek, qui était resté bien silencieux pendant la mise en place du plan d'attaque ? ou plutôt de défense du centre de clonage de Tipoca City.
- Padawan Delterr, un problème ? demanda Monn.
Delterr avait en fait eu une vision de la Force, qui montrait Voolvif Monn agenouillé face aux droïdes de combat de la Fédération, et Jex allongé contre les murs stériles du centre de clonage, un tir de blaster lui perforant la poitrine.
- Maarek ? (La voix de Monn se fit plus insistante, pour le rattacher à la réalité.)- Oui? oui Maître, je pense que c'est un bon plan? répondit Maarek en bégayant.
Voolvif Monn fit semblant de ne pas voir la gêne du Padawan et sourit de toutes ses dents. Ses longues canines éclatèrent au grand jour et il prit son sabre en main, tout en se tournant vers les soldats.
- Soldats de la Grande Armée de la République, aujourd'hui ceux qui essayent de saper les bases de la démocratie vont venir attaquer vos frères, ici même, dans la maison qui vous a vus naître. (Les soldats clones croisèrent les fusils blasters, pendant que les tourelles laser portatives avaient rejoins le régiment.) Battez-vous pour la République, donnez votre sang comme je donne le mien, pour éviter que la Confédération des Systèmes Indépendants fasse de la République son esclave.
Il poussa alors son rugissement d'homme-loup, et les soldats répondirent en levant leurs fusils blaster en l'air et en criant : « Nous sommes la Grande Armée de la République, nous ensemencerons les étoiles ! ». Puis les sous-officiers de l'armée dirigèrent les troupes vers le couloir de sécurité numéro six, l'un des points stratégiques du centre de clonage. Jex menait le régiment, tandis que Voolvif et Maarek suivaient derrière.

Dans la Force, l'aîné des frères Delterr sentit son plus jeune frère l'appeler. Il s'arrêta et leva les yeux vers la rambarde qui surplombait le complexe militaire, à deux mètres au-dessus de lui. Son frère, les yeux brillants, n'allait pas tarder à rejoindre le groupe des chasseurs Jedi qui s'apprêtaient à décoller pour intercepter les chasseurs droïdes. Mais son ?il brillait pour autre chose.
- Maarek? que la Force soit avec toi.
Ces mots résonnaient comme un adieu, une façon de dire à son aîné qu'il ne le reverrait jamais. Mais qui pourrait mourir en premier ? Maarek n'avait pas vu son frère périr dans le ciel de Kamino, pas plus qu'il ne s'était vu étendu, face contre le carrelage de Tipoca.
- Avec toi aussi Zak. Reviens-moi entier?
Zak avait compris que son frère ne pouvait pas répondre autre chose. Il fit un dernier hochement de tête et rejoignit Voolvif Monn en trottinant, tandis que Zak se penchait par-dessus la rambarde pour le voir partir. Allait-il le revoir un jour ? Cette question le hantait, et ce malgré le fait que Maître Yoda ait dit qu'il fallait accepter tant bien que mal la perte d'un proche. « Ainsi va la Force. Accepter de voir rejoindre tes amis dans la Force, tu dois. »
Il le devait oui, mais il ne pouvait cependant pas s'y résigner. Maarek était son frère après tout ! Qui pouvait accepter d'être plongé dans une guerre qui s'annonçait sans fin, sans être à même d'éprouver des sentiments sur ses amis ? Zak mit une main sur sa tempe comme pour effacer de sa mémoire ces sempiternelles questions qui lui trottaient dans l'esprit depuis Rhen Var, depuis même la mort de sa Maître.
Il sentit une main amicale sur son épaule. Il se retourna et vit Aayla Secura avec Tsui Choi. Zak se redressa de la rambarde et fit semblant de refaire les plis de sa bure de Jedi.
- Tu es inquiet, Padawan ? lui demanda Tsui Choi d'une voix douce.
- Non Maître, répondit Zak Je suis simplement heureux de me battre à vos côtés.
- Nous ne nous battons pas Zak, dit Aayla Secura. Nous défendons ce que nous estimons juste, contre ce que nous estimons mal.
- Oui mais? Maître Secura, essaya d'articuler calmement Zak, tout cela n'est qu'une question de point de vue ! Ils n'ont pas tort de considérer la République comme corrompue !
Aayla Secura ne prit pas la mouche après cet argument de Padawan inexpérimenté de la chose politique, et au contraire, soupira calmement.
- Zak, répondit la Twi'lek, nous n'avons jamais dit que nous défendions ceux qui font la République, mais que nous défendions ses valeurs, ce qu'elle incarne pour les peuples et pour l'Ordre Jedi.
- Bien Maître, s'excuse Zak, penaud. Je m'excuse de ne pas avoir?
- Inutile de t'excuser Zak, coupa Tsui Choi. Nous n'enseignons pas la politique dans le Temple Jedi au cours de la formation d'un Jedi, et cela explique peut être le comportement de certaines personnes qui pensent les valeurs de la République totalement réduites en miette par la guerre. (Le Maître Jedi regarda Aayla Secura.) Nous devrions rejoindre les chasseurs, Kossex nous attend.

Zak suivit Aayla et Tsui jusqu'aux hangar des chasseurs Jedi, hangars qui se situaient au niveau des hangars de chargement des croiseurs Acclamator. Ils prirent un turboascenseur qui les emmena jusqu'au niveau voulu. La porte coulissa dans un bruit étouffé et Zak vit alors des dizaines de Jedi et de techniciens clones s'affairer autour des chasseurs. Une Weequay, la Maître Jedi Kossex, s'approcha d'Aayla et de Tsui.
- Mes amis, les chasseurs sont prêts pour le décollage, déclara Kossex. Voudriez-vous faire un petit briefing ?
- Oui, je vais leur dire un petit mot, répondit Tsui Choi.
Zak alla se placer auprès d'Anakin Skywalker, qui était lui-même à côté de son Maître Obi-Wan Kenobi. Ce dernier fit un bref salut de la tête à Zak et le jeune Jedi lui répondit par un sourire. Le Maître Jedi sembla l'oublier la seconde d'après lorsque Tsui prit la parole.
L'Aleena sembla tout à coup captiver l'attention des Padawans comme des Maîtres. Malgré sa taille ? un mètre quarante ? il avait un charisme phénoménal, surtout quand on savait qu'il avait réussi à échapper aux chasseurs stellaires des Yinchorris lors de la Guerre de Yinchorr, qu'il s'était battu vaillamment sur cette planète, et qu'il y avait perdu son apprenti.
- Mes amis, bientôt les chasseurs droïdes arriveront en masse vers le centre de clonage. Nous devons uniquement nous concentrer sur les chasseurs, voire arriver à détruire assez de barges de débarquement pour limiter les assauts des droïdes dans le centre.
Il regarda chaque Jedi les uns après les autres, puis sembla se redresser malgré sa minuscule taille.
- Avez-vous des questions, mes amis ? demanda-t-il. (Anakin Skywalker leva la main, et Obi-Wan sembla être inquiet de la question qu'il pourrait poser, à croire que son Padawan était quelqu'un qu'il fallait faire taire.) Oui Padawan Skywalker ?
- Maître Choi, répondit Anakin, je pense que nous devrions détruire le plus de barge d'assaut en premier, et utiliser nos talents de Jedi pour éviter les chasseurs droïdes?
- Et que feras-tu, le coupa Tsui, lorsqu'une dizaine de chasseurs droïdes te prendront en chasse ?
- La Force est mon alliée, dit Anakin en haussant les épaules.
Zak vit du coin de l'?il Obi-Wan secouer la tête. Puis Kossex prit la parole.
- Bon, alors tous à vos chasseurs, dit-elle d'une voix à la fois douce et puissante. Et que la Force soit avec nous !
Zak ne savait pas trop où aller. Tout le monde avait déjà choisi son chasseur. Il monta dans le cockpit d'un chasseur Jedi situé au milieu de la colonne de droite. Le droïde trilla lorsqu'il entra et le jeune Jedi haussa un sourcil.
- Bonjour? droïde, dit-il en ignorant le nom de ce dernier.
- « R2-J5 pour vous servir », répondit l'écran par le biais duquel le droïde répondait.
Un technicien clone arriva auprès du chasseur Jedi de Zak et leva le pouce. Zak lui répondit, ignorait ce que voulait dire ce geste. Un deuxième technicien retira la pompe à carburant, aidé du premier, et Zak ferma finalement la verrière du cockpit. Des voix sur les communications semblaient donner les statuts des chasseurs, et Zak Delterr répondit qu'il était paré au décollage. Mais il ne s'attendit pas à la communication qui allait suivre.
- Padawan Delterr, sur fréquence privée s'il te plaît, demanda Obi-Wan Kenobi.
Zak bascula sur la fréquence indiquée et écouta ce que Kenobi avait à lui dire.
- Zak, le groupe Bleu est au complet, tu vas voler avec le groupe vert, mené par Adi Gallia.
- Cela veut-il dire, que je ne volerai pas avec Anakin ? demanda le jeune Padawan.
- J'en ai bien peur?
Il entendit le cliquetis si caractéristique d'une communication interrompue, puis se reconcentra sur ses commandes de pilotage. Il vit le chasseur d'Anakin partir à tribord du hangar après le décollage, et il en déduisit que le groupe Vert allait partir à bâbord. Il suivit le reste de l'escadron et ouvrit ses communications.
- Ici Adi Gallia, à tous les chasseurs, voilà nos ennemis !
Le radar du chasseur Jedi de Zak sembla alors s'affoler. Il montrait des points partout, devant, derrière et au-dessus de lui. Il entendit des voix sur les communications qui faisaient état de la même surprise que lui.
- Restez groupés, annonça Adi Gallia. Les coéquipiers restez derrière vos équipiers et servez-leur d'appui lors des attaques. Ne vous dispersez pas, sous aucun prétexte !
Chaque Jedi accusa de réception, tout en observant avec surprise, l'étendue de la flotte d'invasion des Séparatistes. Zak se dit que cette fois-ci, Kamino était bel et bien envahie.

Les barges d'assaut, ces « T » gigantesques qui pouvaient transporter des milliers de droïdes repliés, s'étaient déployées sans problème depuis les vaisseaux de la Fédération du Commerce. Les chasseurs droïdes, eux aussi, s'étaient bien déployés et continuaient d'escorter les barges d'assaut C-9979 jusqu'aux plates-formes d'atterrissage de la planète ennemie. Tout cela, le Comte Dooku l'observait depuis Bakura avec grand intérêt, grâce à un hologramme relayé depuis un vaisseau de la Fédération.
Un autre hologramme à ses côtés dessinait la figure pâle et vieillie de Dark Sidious, Seigneur Noir de la Sith dont le Comte Dooku était l'apprenti, connu aussi sous le nom de Dark Tyrannus. Le plan machiavélique de Dark Sidious fonctionnait parfaitement : il avait ordonné que les plans de l'attaque de Kamino tombent entre les mains de la République, comme pour renfoncer encore plus l'importance du centre de clonage pour l'institution galactique.
Les Jedi, leurs ennemis, allaient périr en nombre aujourd'hui, et peut-être demain. Même si le centre de clonage ne tombait pas entre leurs mains ? et là n'était pas le but des Sith ? ils auraient au moins la satisfaction de sentir les Jedi s'éteindre.
- Tout se passe comme vous l'aviez prévu, mon Maître, dit Dooku.
- Oui? oui, Seigneur Tyrannus, répondit calmement Sidious. Bientôt les Jedi viendront s'écraser contre vos forces d'attaque, et bientôt ils mourront en masse pour défendre l'instrument de notre victoire.
Dooku, bien qu'intelligent et sadique, ne put que rester sans voix face à la franchise de Sidious sur son plan. Oui il voulait la mort de l'Ordre Jedi, mais il souhaitait aussi qu'un maximum d'entre eux, comme Tol Skorr et Kadrian Sey, le rejoignent pour sa lutte contre la République. Mais en même temps, il prenait son rôle de leader des Séparatistes très au sérieux, et malgré les ordres de son Maître, il souhaitait prendre le centre de clonage.
Mais prendre le centre de clonage signifiait mettre en péril les plans de Dark Sidious, et cela Dooku ne le voulait pas. Il se tourna vers un autre hologramme qui avait l'allure d'un Neimoidien. Il en avait aussi la voix.
- Coumte Dooku, li chassours droïdes attaquent les chasseurs Jidi, expliqua le commandant Vrem Boorko. Nos barges d'assaut attoundent votre ordre de déploiement.
- Bien commandant, commencez l'atterrisage sur Kamino.
Il éteignit la communication holographique sécurisée et se tourna vers Dark Sidious, qui affichait le rictus si caractéristique d'un homme qui savait qu'il ne pouvait échouer.

Sur la plate-forme d'atterrissage, le sergent clone menait son escouade comme il l'avait fait sur Thule. Il se félicitait de la victoire de la République sur la lune et espérait bien survivre à l'engagement de Kamino. Un lance-missiles PLEX-1 sur l'épaule, il essayait de deviner la manière avec laquelle la barge d'assaut de la Fédération allait atterrir. Armant le procédé d'acquisition de cibles, il vit le pointeur rouge se placer sur la coque du vaisseau ennemi, puis fit signe à ses subordonnés de se tenir prêts à cueillir les droïdes.
Les lourds patins de la barge se déployèrent dans le vide, aux pieds de l'ouverture des portes du sas qui allait bientôt déverser quantité d'ennemis. Anticipant l'ouverture, le sergent clone lança son premier missile directement dans les boucliers avant de la barge. Il fut surpris de voir que ceux-là avaient été réduits à néant depuis longtemps par les chasseurs Jedi. Le missile, sans l'obstacle que constituaient les boucliers, alla se figer presque au milieu de la porte du sas, envoyant des résidus surchauffés de duracier.
Trois droïdes basculèrent sur la plate-forme, après 5 mètres de chute libre. Les clones, comme s'ils redoutaient de les voir se relever, les achevèrent avec des tirs nourris de fusils blaster. Mais loin de s'avouer vaincu, la barge continua sa route. Des têtes de droïdes de combat et de super droïdes se firent voir par le trou de la porte. Ils pointèrent leurs blasters en contrebas et arrosèrent les clones.
Le sergent répliqua par un nouveau missile directement dans la porte et fit les composants de ses ennemis voler. Dans son casque, il sourit de sa presque victoire, mais il estompa ce sourire lorsqu'il se rappela que les barges pouvaient contenir des centaines de droïdes? Qu'importe ! Seule comptait la survie de la nouvelle génération de clones et la non-destruction du complexe de clonage.
Il fit signe à ses soldats : il mima une grenade dégoupillée et lancée. Ceux-là obéirent à l'ordre et lancèrent leurs grenades dans l'antre de la bête. Le gradé clone entendit des bruits de métal disloqué par le cocktail explosif et fut encore plus satisfait. Jugeant que cet avant goût de guérilla était suffisant, il ordonna l'ordre de retraite jusqu'au commandant Maarek Delterr.
Mais la barge ne l'entendit pas ainsi et avait bien décidé de se venger. Les lourds doubles canons laser avant se pointèrent vers le groupe de clones. Le sergent, dans son casque, écarquilla les yeux et se dépêcha d'atteindre la sortie de la plate-forme jusqu'au couloir. Trop tard. Un bruit assourdissant et répétitif se fit entendre dans son dos, puis des cris, puis le vide. Il se sentit effondré, fauché par un tir qui lui arracha sa jambe droite. A ses côtés, des clones morts, transpercés par les tirs de canons lourds. Le sergent essaya de ramper tant bien que mal vers le couloir mais la barge s'ouvrit.
Des centaines de droïdes de la Fédération du Commerce, fidèle d'entre les fidèles à la Confédération, se déversèrent sur la plate-forme. Il se retourna, comprenant sa dernière heure arrivée. Il aurait évidemment pu faire croire qu'il était mort, car il n'avait jamais vu de droïdes achever les blessés? ni même faire de prisonniers. Mais l'envie de rejoindre ses camarades morts au combat était trop forte : c'était ainsi qu'on l'avait éduqué. Servir ou mourir.
Son blaster accroché à sa ceinture se retrouva dans ses mains et il commença à faire feu sur les droïdes de tête, de simples droïdes de combat alpha. Un premier tir arracha la tête d'un droïde, un second en toucha un à l'épaule, le troisième? Il n'y eut pas de troisième. La réplique des droïdes se fit immédiate : un mur de feu jaillit sur le sergent clone qui, après la chaleur, ne sentit qu'une vague de froid s'emparer de lui.

- Sergent répondez ! cria Maarek dans son comlink.
Il avait évidemment compris qu'ils étaient tous morts, mais inconsciemment, il souhaitait s'assurer qu'il y avait des survivants. Il avait vu depuis sa position, la tête passée outre l'encablure de la porte coulissante du local technique, un clone aux épaulettes vertes ramper vers le couloir. Des clones avaient attendu ses ordres pour secourir le sergent, en vain. Puis, ils avaient finalement compris que Maarek les aurait envoyés à la mort pour sauver leur camarade gradé. Il fallait maintenant attendre l'approche des droïdes, avec une certaine impatience, mais non sans stress.
Des sueurs froides commençaient à agglutiner ses cheveux sur son front, et ce malgré ses exercices de respiration Jedi. La main sur la poignée de son sabre, il se prépara à sortir de sa cachette avec ses troupes pour sauter sur ses ennemis et les détruire? avant qu'ils ne les détruisent. Les cliquetis des pieds métalliques des droïdes se rapprochaient et augmentaient son envie d'en découdre.
« Nous sommes les garants de la paix, pas des soldats » avait dit un jour le Maître Mace Windu, que Maarek respectait au plus haut point. Mais il pensait qu'en ce moment, Maître Windu se trompait : on l'avait nommé Commandant de la Grande Armée de la République, on l'avait envoyé au front. Tous les Jedi disponibles étaient au front et détruisaient des droïdes. N'était-ce pas ça être un soldat ? N'était-ce pas mener ses hommes au péril de sa vie et de leurs vies, pour mener à bien leur mission ? Maarek était un soldat Jedi alors, un guerrier prêt à tout pour gagner? mais pas à sombrer dans le Côté Obscur pour s'allier plus d'un soi-disant pouvoir qui finirait par le corrompre et le ronger de l'intérieur. Patience et courage, c'est cela que lui soufflait la Force en ce moment même. Patience? puis le moment opportun. Une sorte d'alerte retentit dans son environnement, le moment idéal pour se jeter sur leurs ennemis.
Basculant de contre la porte du local technique, il alluma sa lame et pivota sur lui-même afin de faire face aux droïdes. Ceux-là reculèrent comme le leur ordonna leur ordinateur central à la vue de la lame du sabre laser de Maarek Delterr. Les clones entourèrent le Jedi et les droïdes reprirent « confiance » en eux. Avaient-ils plus peur d'un Jedi que des clones ? Maarek ne chercha pas à faire de grandes phrases comme : « Au nom de la République Galactique, je vous somme de vous rendre? », qui auraient sonné creux aux oreilles des droïdes. Le commandant des droïdes de combat aux épaulettes jaunes montra de la tête Maarek et ses clones.
- Un Jedi ! Tuez-le, tuez-le ! cria le droïde de sa voix métallique et artificielle.
Maarek ne fit ni une ni deux. Il plongea sur le commandant droïde, et le coupa en deux de son sabre laser. Les clones, quant à eux, profitèrent de l'effet de surprise pour mitrailler les droïdes.

Au moment même où Maarek Delterr se jetait dans la mêlée, Voolvif Monn patientait, en tailleur et en méditation, dans une des pièces adjacentes au couloir qui menait à la deuxième plate-forme d'atterrissage. Le Maître Jedi possédait un don assez rare, celui de pouvoir créer autour de lui un bouclier de Force qui lui permettrait de se protéger des tirs de laser des droïdes de combat, et surtout des super droïdes, bien plus puissants et précis au niveau des tirs. Son bouclier de Force tiendrait bon le temps que les clones viennent à bout de leurs ennemis. Le Shistavanéen était confiant.
Le capitaine de son bataillon vint l'avertir que les droïdes progressaient dans l'étroit couloir. La Force soufflait à Monn de ne pas activer les mines pour l'instant. Son capitaine avait mis assez d'explosifs pour précipiter la plate-forme dans les eaux tumultueuses de Kamino, et il se demandait pourquoi Oppo Rancisis ou encore Obi-Wan Kenobi ne l'avaient pas ordonné dès le début. Où se seraient posées les barges sans plate-forme ? Une erreur tactique qui allait coûter sans nul doute nombre de vies de clones et de Jedi.
Le Maître Jedi se releva et posa sa main velue sur l'épaule du capitaine. Au travers de la Force, sans qu'il eut à parler, il transmit ses ordres au clone par images. Il sentit le clone se raidir, se demandant comment un être pouvait interférer dans ses projections mentales. Mais le capitaine comprit très bien l'ordre et fit signe à ses soldats de sortir de leurs cachettes, Voolvif Monn en tête du cortège.
Rassemblant la Force qui l'entourait, il la projeta en avant, assemblant molécule sur molécule, en diverses couches, afin de créer une barrière impénétrable, du moins tant qu'il ne serait pas fatigué pour tenir son bouclier. Sans qu'il ait besoin de le dire, les clones accueillirent les droïdes Séparatistes avec des salves bleues de laser, qui allèrent se figer dans les corps squelettiques de leurs ennemis. Ces derniers devinrent vite des pantins désarticulés, jonchant le sol et empêchant, temporairement, la progression de leurs frères de métal dans le couloir.
Activant sa lame verte qui se déploya dans ce vrombissement si caractéristique des sabres laser, Voolvif Monn attaqua, bouclier de Force devant lui, les ennemis de la République. Le premier droïde qu'il rencontra, il lui coupa la jambe puis enfonça son sabre laser dans le plastron contenant la plupart des circuits. Il tourna sur lui-même et abattit son sabre en diagonale, coupant ainsi la tête d'un droïde de combat en deux, et le poignet armé et la jambe d'un super droïde.
A ses côtés, des clones confiants qui progressaient prudemment dans le couloir, derrière le Maître Jedi, balayant les droïdes alpha comme de simples fétus. Et d'autres allaient suivre peu après.

- Zak ? Vous m'entendez ? demanda Adi Gallia.
- Je vous couvre Maître, répondit Zak, un ?il sur son radar. Une nouvelle escadrille vient droit dans notre direction? il semblerait qu'elle provienne du vaisseau de la Fédération du Commerce qui est à tribord.
- Compris Zak, déclara Adi Gallia. A tout l'escadron, laissez tomber les barges, occupez-vous des chasseurs et des vaisseaux de la Fédération. Si nous arrivons à détruire ces derniers, on pourra considérer Kamino comme saine et sauve?
Des chasseurs essayèrent de barrer la route aux Jedi, mais les tirs de la jeune femme dont Zak avait entendu la voix tout à l'heure, avait fait mouche.
- Bien joué Siri ! dit Adi Gallia.
Siri Tachi était l'ancienne apprentie de Maître Gallia. Elle était très insolente vis-à-vis de l'Ordre Jedi et de ses principes, au point qu'elle quitta un jour l'Ordre pour rejoindre une bande d'esclavagistes ! Adi Gallia fut très secouée quand elle apprit la nouvelle du départ de Siri, mais cette dernière n'avait pas pour ultime but de rejoindre les vendeurs d'esclaves : elle avait totalement liquidé le réseau et libéré les esclaves. Elle était ensuite revenue vers sa Maître et avait participé la Bataille de Geonosis dans son chasseur Jedi.
Zak fut heureux d'apprendre que Siri Tachi était à ses côtés. Il avait autour de lui les meilleurs Jedi de l'Ordre dans l'ultime combat qui déciderait de l'issue de cette guerre sans merci. Espérant être à la hauteur des attentes de ses camarades du Temple, Zak décida de se concentrer sur son pilotage. Il fit un écart à bâbord pour éviter les tirs d'un chasseur droïde qui fonçait droit sur lui. Profitant de la vélocité de son ennemi, il fit un demi-tour serré et revint derrière celui-ci. Son collimateur afficha que ses commandes étaient verrouillées sur l'ennemi, puis fit feu.
Le chasseur droïde fut touché par les deux canons laser en plein dans son cerveau. Il se dirigea directement dans les boucliers d'un des vaisseaux de la Fédération du Commerce situé juste en dessous de lui. Revenant vers Maître Gallia, son radar commença à devenir fou. Il lui indiquait de nombreux points qui sortaient de l'hyperespace.
- Oh non, s'écria-t-il dans son comlink. Nous avons cinq croiseurs qui?
- Ce sont les nôtres, Padawan ! s'écria Siri, aussi ravie que surprise.
Une voix puissante tonna dans l'écouteur de son casque. Une voix de Mon Calamari assurément. Il avait fréquenté assez de Mon Calamari au Temple Jedi pour reconnaître leur timbre de voix.
- Ici l'Amiral Baraka, à bord du croiseur Loyauté ! (Baraka était l'un des amiraux à être entré au service de la République dès le début du conflit. Il avait fais ses premières passes d'armes aux côtés d'Adar Tallon et Jan Dodonna, d'autres brillants stratèges.) Maître Gallia m'entendez-vous ? demanda Baraka presque sévèrement.
- Je vous reçois Amiral, répondit la jeune femme.
- Nous avons amené du renfort ! Le Loyauté et mes quatre autres croiseurs vont s'occuper des vaisseaux de la Fédération, déclara le Mon Calamari. Nous vous laissons les chasseurs droïdes?
- Merci beaucoup, répondit Siri Tachi. Je pense que nous allons bien nous amuser?
Zak sourit en coin à la remarque de la Jedi, et poussa son manche en avant. Son piqué l'amena directement au milieu de la cohue des chasseurs V-19 Torrent, lâchés par les croiseurs Acclamator, et des chasseurs droïdes. Il se calibra sur un groupe de deux chasseurs qui avaient pris en chasse un de ses alliés. Son feu nourri dispersa les chasseurs droïdes? qui revinrent en fait sur lui.
Il inclina son chasseur sur tribord en vrille, afin de les amener directement vers le feu des turbolasers des croiseurs de la République. Comprenant l'astuce, visiblement grâce à l'intelligence du cerveau central régissant toutes leurs actions, les chasseurs droïdes firent demi-tour, mais pas assez vite pour Zak qui, totalement plongé dans la Force, avait utilisé ses stabilisateurs bâbord pour accélérer son demi-tour.
Il était déjà sur eux. Il semblait au jeune Jedi que les chasseurs le fuyaient, comme s'ils avaient déjà compris leur erreur. Il sentit un chasseur V-19 le croiseur par-derrière pour foncer sur un ennemi, aussitôt suivi de deux autres de ses confrères. Regardant son radar, Zak décida de s'occuper du premier chasseur qui zigzaguait afin d'éviter ses tirs. Au dernier moment, la Force lui souffla d'appuyer sur la commande de tir. Les rayons laser firent mouche et touchèrent le chasseur en plein dans son réservoir de carburant.
Ce dernier, en explosant, fit jaillir une flamme qui consuma les ailes bâbords du deuxième chasseur. Mais celui-ci ne semblait pas affoler pour autant car la flamme s'étouffa vite dans le vide glacial intersidéral. Obligeant son ennemi à s'incliner sur bâbord, Zak fit feu du côté opposé. Comme il s'y attendait, le chasseur ennemi fit un écart sur bâbord pour éviter au-dessus comme en dessous, les chasseurs V-19 qui l'auraient pris en étau. Devançant le chasseur, le jeune Padawan avait déjà fait feu, et ses tirs vinrent se loger à l'arrière du fuselage de son ennemi, qui explosa.

Il n'y avait pas de répit. Maarek n'avait jamais été aussi concentré sur une tâche que celle qui l'occupait actuellement : détruire les droïdes. Un moment de répit, d'une fraction de secondes, l'autorisa à se demander si tout allait bien du côté de Jex. Il savait pour Voolvif Monn, avec qui s'était créé un lien dans la Force, mais il ignorait pour Jex avec qui il avait un lien, soit, mais pas aussi fort que celui entre un Jedi et son frère.
Qu'ils soient clones ou Jedi, dans cette guerre, ils étaient tous frères d'armes. Tous des frères en armes. Tous prêts à se sacrifier, et le sacrifice était déjà d'actualité. Des corps de clones ? Maarek ne pouvait pas les compter du fait de sa concentration ? étaient allongés sur le sol ou contre la cloison du couloir. Il vit un sergent se faire balayer d'un bras par un super droïde de combat, au moment où lui abattait son sabre en plein sur la tête d'un super droïde. ?il pour ?il?
Ses camarades clones répliquèrent avec leurs fusils blaster mis en mode automatique. Le super droïde de combat s'effondra contre deux autres droïdes, écrasés par le poids. Le sergent gravement blessé, dégoupilla une grenade qu'il lança vers le bout du couloir. L'explosion souffla une dizaine de droïdes, et en détruisit une bonne moitié. Un tir vint se loger en plein dans le casque du sergent, ce qui lui arracha la partie gauche et brûla totalement le visage ensanglanté.
Et tout ça en quelques secondes, s'étonna Maarek, très attristé par la perte du seul gradé de son escouade.
Il sauta dans un groupe de droïdes et fit cent quatre-vingts degrés avec sa lame, balayant les carcasses squelettiques dont les moitiés s'effondrèrent sur elles-mêmes. La bataille du centre de sécurité 6 était loin d'être gagnée, car la barge d'assaut venait juste de finir de déverser son lot de droïdes, pour justement repartir en recharger.

Le Maître Jedi Voolvif Monn n'était pas mieux loti, pas plus que Jex. Ce dernier avait eu le privilège de recevoir les tous nouveaux super droïdes de combat équipés de deux bras armés. Les tirs aux cadences infernales de ces nouveaux modèles avaient fait des ravages dans la plus grosse escouade de clones qui devait défendre l'accès au centre de sécurité 6. Le couloir était devenu un charnier. Pas pour les droïdes, même si leurs corps métalliques jonchaient les dalles du couloir stérile.
Les murs de ce dernier ne l'étaient d'ailleurs plus. Les blessures béantes des soldats clones laissaient des marques de sang sur les murs et le sol. Certains avaient même encore la force de lancer leurs dernières grenades dans la mêlée, s'étonna Jex alors qu'il donnait un coup de crosse à un super droïde de combat pour mieux l'achever avec une rafale de fusil blaster.
Il ne s'était pas inquiété outre mesure lorsqu'ils avaient vu ses frères mourir sur le sol glacé de Rhen Var, mais l'image qu'il avait désormais du couloir était celle d'un couloir de la mort. Il n'avait pas peur de la mort, d'autres le remplaceraient après lui, et la Grande Armée de la République vaincrait les Séparatistes.
Un tir de blaster d'un droïde de combat toucha un de ses camarades à l'épaule. Ce dernier, comme s'il n'avait rien eu, et ce malgré la chair au dehors de laquelle s'écoulait du sang, se releva et continua à tirer sur ses ennemis.
- Tenez bon ! En avant, soldats ! cria Jex.
Les clones eurent un sursaut et les tirs doublèrent d'intensité. Dans l'exiguïté du couloir, ils ne pouvaient pas former le fameux Carré de Geonosis qui avait valu leur victoire, la première, sur les Séparatistes. Mais cela ne les empêchèrent pas de se regrouper et de s'aligner derrière Jex, mitraillant à tout va les droïdes qui tombaient face contre le sol.
« Nous sommes la Grande Armée de la République, nous ensemencerons les étoiles? », se répéta une dernière fois Jex en canardant un super droïde de combat qui l'avait pris pour cible.

Bouclier de Force en avant, Voolvif Monn passait pour une tempête sur son passage. Son sabre balayait les tirs de laser envoyés à sa rencontre, puis étaient retournés vers l'expéditeur. Sa lame verte ressemblait à un flot continu qui balayait les droïdes sans leur laisser le temps de se ressaisir. Il sauta en arrière tout en coupant en deux un super droïde de combat, puis acheva d'un coup sec latéral, l'existence d'un autre ennemi.
Mais hélas, le Maître Jedi s'était trop avancé dans les « lignes » ennemies, et avait perdu de vue ses soldats clones, vingt mètres derrière lui, qui rencontraient des difficultés dues à l'élimination par les ennemis, du capitaine qui commandait l'escouade. Mais même sans cadre, les soldats pouvaient se débrouiller admirablement bien.
Le Bouclier de Force du Maître Jedi l'avait beaucoup protégé des tirs nourris des super droïdes de combat, dont l'ordre devait être d'éliminer exclusivement tous les Jedi qu'ils rencontreraient au cours de leur promenade de santé sur Kamino. Mais le Shistavanéen était loin d'avoir éliminé tous ces supers droïdes. La plupart d'entre eux tiraient au-dessus des droïdes basiques, dans sa direction. L'homme-loup, pour les détruire, devait d'abord anéantir la seconde vague de droïdes. Les clones, derrière lui, avaient réussi à se faufiler en éliminant méthodiquement chaque ennemi, jusqu'à se retrouver derrière leur Général. Avec un feu nourri, la nouvelle vague de droïdes pliait sous le feu bleu des fusils automatiques DC-15. En contrepartie, les super droïdes faisaient un carton à chaque clone qu'ils visaient, écartant du passage les droïdes basiques qui leur bloquaient le passage jusqu'au Shistavanéen.

- Repliez-vous jusqu'au point de rencontre ! cria Maarek à ses soldats.
Ces derniers piétinèrent leurs camarades morts, ainsi que les carcasses de droïdes. Les blessés étaient traînés trente mètres en arrière tandis que Maarek, couvrait la retraite avec son seul sabre laser et la Force. L'union parfaite qu'il entretenait à ce moment-là pouvait lui dire d'où venaient les rayons, et comment les renvoyer, avec parfois une fraction de seconde avant qu'ils ne le touchent.
S'assurant que les soldats étaient bien derrière lui et le couvraient dans sa retraite, il prit le détonateur des mines. Le petit boîtier ne contenait qu'un seul bouton, et Maarek appuya dessus. Devant lui, un éclair de lumière jaillit, ce qui perturba les photorécepteurs des droïdes. Puis un souffle puissant balaya les ennemis de la République dans un torrent de feu. Les carcasses brûlées des droïdes crépitaient encore, certaines avaient été disloquées tant le souffle était puissant. Mais il ne restait rien de leurs ennemis.
Les faibles forces Séparatistes que la plate-forme ne pourraient pas passer, pas tant que le feu brûleraient les jointures des squelettes métalliques. Maarek s'était assuré de pouvoir aller secourir Jex ou soutenir Maître Monn, tout en s'assurant que ses troupes tiendraient la position.
En arrivant au croisement des trois couloirs, il déploya ses forces restantes en leur ordonnant de mettre les tourelles laser en position afin de soutenir le Général Monn et leurs camarades. C'est d'ailleurs en se tournant vers la position du Shistavanéen que la Force l'avertit sur l'imminence du danger.

Essayant d'échapper à l'explosion, Zak fit passer l'énergie des faibles boucliers vers ses moteurs. Quelques secondes avant cette man?uvre, un croiseur de la République avait finalement réussit à venir à bout d'un vaisseau de la Fédération du Commerce après l'avoir pilonner sur son bouclier tribord. Touchant la sphère de contrôle, et à l'intérieur, le noyau du vaisseau, celui-ci commença sa course dans l'atmosphère de Kamino. Les plaques du vaisseau commencèrent leur désagrégation.
Zak vit deux barges C-9979 entrer en collision l'une avec l'autre au moment même où elles allaient sortir du hangar de chargement. Les portes de l'une des barges déversa quantité de droïdes qui foncèrent droit dans l'atmosphère de la planète, se transformant ainsi en minuscules astéroïdes.
Pour mieux le rappeler à la réalité, Siri Tachi passa devant lui.
- Un vaisseau non-identifié approche, Maître Gallia, dit Siri.
- Commandant Merai, vous êtes une honte pour le peuple de Mon Calamari ! s'écria l'Amiral Baraka sur la fréquence de la République après avoir reconnu le vaisseau personnel du natif de sa planète. Comment avez-vous pu rejoindre la lie de la galaxie ?
- Epargnez-moi vos sarcasmes, Baraka ! soupira Merai. La République est devenue corrompue?
- Tout comme l'est la Confédération ! coupa Baraka. A tous les chasseurs, arrêtez ce traître avant qu'il n'attaque le centre de clonage !
Zak se demanda comment le Mon Calamari avait pu deviner les intentions mais cela s'avéra exact. Le vaisseau d'allure Mon Calamari qui évoquait un banc de coraux, pénétra dans l'atmosphère. Adi Gallia ordonna à tout son escadron de le poursuivre.

Le Bouclier de Force avait cédé lorsque Voolvif Monn, l'esprit détourné, n'avait pas pris en considération un tir de laser qui arrivait droit sur son poignet gauche, puis un deuxième, presque au même moment, qui avait sectionné en deux son sabre laser. Le Maître Jedi s'était effondré sans s'en rendre compte. Autour de lui, ses soldats clones avaient été balayés par l'offensive des super droïdes, tout au plus une dizaine.
L'un d'eux étaient penchés au-dessus du Shistavanéen, analysant avec ses photorécepteurs le meilleur endroit où tirer afin de tuer le Jedi. Celui-ci, à genoux sur le carrelage ensanglanté du couloir dont il avait la charge, poussait des râles et soufflait pour contenir l'hémorragie. Le tir avait frôlé son artère et l'avait fait exploser sous l'effet de la chaleur.
Il s'attendait à recevoir le coup de grâce, à ne faire qu'un avec la Force comme nombre de ses camarades sur Geonosis.

Mais la machine de guerre qu'était le super droïde n'avait pas supposé un seul instant que sa proie puisse recevoir du secours. A grandes enjambées, utilisant la célérité, un pouvoir des Jedi qui permettait d'accélérer sa course, Maarek se retrouva directement sur le droïde en quelques secondes. Il enfonça son sabre dans le dos de son ennemi jusqu'à la garde, puis cisailla en deux le corps métallique. Les deux morceaux volèrent comme par magie vers leurs congénères, juste le temps pour Maarek ne saisir le Maître Jedi et de le mettre sur ses épaules.
Celui-ci, à bout de souffle, grognant pour retenir les cris que lui arrachent sa blessure à chaque seconde qui passe, donna à Maarek le détonateur. Celui-ci, à dix mètres devant les super droïdes, appuya sur le bouton. La même expérience que tout à l'heure fit son ?uvre, et l'explosion emporta tous les droïdes dans une boule de feu, qui arracha aussi le support de la plate-forme d'atterrissage. Sous ses pieds, Maarek eut l'impression que le couloir chancelait et allait s'effondrer, mais ce ne fut heureusement pas le cas.
Il était sur le point de rejoindre le reste de ses troupes, lorsqu'il vit devant lui la cohue des clones et des droïdes mélangés : comment les droïdes étaient passés outre ses défenses ? Cela semblait imp? Jex ! Les troupes de Jex étaient?
Il se précipita droit devant, sabre levé et activé, en laissant le Shistavanéen se reposer dans le couloir. Ce qu'il vit n'aurait pas dû se produire : les droïdes que Jex étaient censés contenir avaient passé sa ligne de défense. Tout en parant les tirs des ennemis, il chercha parmi les cadavres celui de Jex. Il vit alors une armure blanche aux épaulettes bleues : l'armure de Jex ! Celle-ci était percée sur le plastron, qui était carbonisé. Jex, dont on avait retiré le casque pour procéder aux contrôles vitaux, avait du sang qui coulaient des commissures de ses lèvres.
Et tout à coup, dans ce moment d'inattention et de pitié pour son vieil ami de front mort dans un couloir de Tipoca City, un lourd coup dans le dos lui envoya une vague de douleur qui le plia à terre. Tout autour de lui devint flou. Il était tombé pile dans l'axe du couloir qui menait au centre de sécurité. Une armure blanche se détachait de ce flou. Une armure blanche aux épaulettes bleues. Maarek éprouva une vive joie en pensant que Jex était finalement vivant.
Puis un voile noir descendit le long de ses yeux.

Le vaisseau de Merai était devenu l'ennemi public numéro un. Tous les chasseurs Jedi de l'escadron d'Adi Gallia lui avait donné la chasse, mais il s'avéra être le plus rapide. Aussi surprenant que cela puisse être, son vaisseau avait la capacité d'aller sous l'eau. En effet, il piqua droit dans les eaux sombres de Kamino pour ne pas en ressortir.
Abasourdi par cette man?uvre, les chasseurs Jedi se dispersèrent en même temps et se mirent à patrouiller au cas où il ressortirait comme par miracle.
- Vous avez vu ça ? demanda un Rodien. Comment un vaisseau peut-il aller sous l'eau ?
- Et que va-t-il y faire ? rajouta Adi Gallia, sceptique. (Elle contacta l'Amiral Baraka.) Amiral, Merai a plongé avec son vaisseau?
- Il cherche à détruire le centre de clonage par en-dessous ! gronda Baraka, furieux de ne pas y avoir pensé auparavant.
- Il ne peut pas, Amiral, répondit poliment la Jedi Corellienne. Les bases de Tipoca City sont équipées eux aussi de boucliers et?
- Alors apprêtez-vous à le recevoir quand il va sortir de l'eau !
Ce fut chose faite après une dizaine de minutes. Les patrouilles de chasseurs Jedi reprirent toutes leurs positions et Zak resta sur l'aile des Maîtres Tachi et Gallia. Ses lasers fusèrent, comme les autres, sur le vaisseau de Merai qui commença à subir de forts dommages. Ses boucliers étaient tombés et le fuselage dorsal noircissait à vue d'?il, à chaque tir qui faisait mouche. Des flammèches sortirent de l'arrière du vaisseau, mais ce dernier reprit quand même de l'altitude.
- Il veut s'échapper ! dit Zak sur le canal de communications.
- Ne t'inquiète pas, Padawan nous le tenons, rassura Siri Tachi.
Mais Merai n'avait nullement envie de se rendre, ni de s'échapper. Il avait ordonné à ses troupes, sur un canal sécurisé, d'évacuer les abords de la planète avec les derniers vaisseaux de la Fédération restants. Puis, il poussa un cri sur un canal qui put être entendu de tous, même de Baraka. Son vaisseau fonça vers les anneaux de propulsion des chasseurs Jedi, qui éclatèrent dans une gerbe de feu, répandant des débris divers vers l'atmosphère et dans l'espace.
Zak eut du mal à les éviter et dû faire demi-tour comme tant d'autres Jedi, en espérant se tirer d'affaire avant que ses boucliers ne subissent trop de dégâts. Il vit depuis son cockpit, les vaisseaux de la Fédération se rassembler et passer en hyperespace pour fuir définitivement Kamino.

Ce fut sur le sacrifice du commandant Séparatiste que s'acheva la Bataille de Kamino.
Chapitre Six
La douleur avait laissé place à un océan de quiétude. Où était-il ? Peu importait, il savourait en ce moment un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis bien longtemps, bien longtemps avant la bataille de Geonosis et la mort de son Maître. Depuis combien de temps était-il inconscient ? Avait-il rejoint la Force ? Il essaya de bouger mais sentit la douleur le rappeler à l'ordre : il était toujours vivant. Une voix tentait de lui parler, lointaine, si distante de lui qu'il n'en comprenait que quelques échos : ceux de son prénom.
Maarek décida d'ouvrir les yeux, faiblement, clignant automatiquement sous l'effet de la puissante lumière blanche de sa chambre. Il poussa un râle roque lorsqu'il essaya de se redresser sur son lit. Des formes étranges, du moins humaines à première vue, le regardaient avec curiosité. Statiquement. Une main reconnaissable à sa chaleur, celle de son frère Zak, lui tapota l'épaule.
- Bienvenue parmi les vivants, fit Zak.
Maarek trouvait la blague loin d'être drôle. Sa bouche pâteuse l'empêchait de prononcer convenablement ses mots, c'est ce pourquoi il choisit de parler par bribes.
- Mon? état ?
- Stable, Padawan, fit une doctoresse Kaminoenne au long cou bleu pâle. Nous avons guéri la plupart de vos blessures au bacta mais il faudrait mieux ne pas trop bouger.
Maarek hocha doucement la tête pour faire signe qu'il avait compris.
- Dans quelques jours, tu auras assez de force pour tirer les oreilles d'un Shistav?
Maarek entendit le grognement du Maître Jedi Voolvif Monn dans le dos de son frère, et vit ce dernier se mordre la lèvre, comprenant qu'il aurait mieux fais de se taire. Voolvif Monn avait un bandage autour de poignet droit, celui qui avait tenu son sabre laser durant la bataille de Kamino. Maarek se souvint du moment où il l'avait sauvé? ainsi que du moment où les ténèbres s'étaient abattues sur lui.
- On a? gagné ? articula le jeune Jedi.
- Oui, Maarek, répondit Monn. Nous? enfin? avons tenu le couloir de sécurité malgré des pertes énormes et de plus, je d?
- Jex ? coupa le Padawan. Où est Jex ?
Zak regarda tour à tour le Shistavanéen et la doctoresse Kaminoenne. Ses yeux reflétaient son inquiétude, ou plutôt un secret. La doctoresse, fragile et gracieuse, pose une main réconfortante sur son front.
- Je suis désolé, Padawan, mais il a succombé à ses blessures.
Son ami dévoué, son cher Jex, avec qui tant de combats avaient été menés, avait finalement rejoint ses camarades au paradis des clones. Il se souvint du moment où il avait été touché, du sang sur le carrelage du couloir, des droïdes piétinants les corps et les soldats faisant de même pour repousser les ennemis mécaniques. Jex avait été pris au piège de ce maelström : une victime, rien de plus.
Qui s'en souviendrait à part Maarek ? Maître Monn ? Le jeune Jedi le soupçonnait non pas d'être sans c?ur, mais de se comporter comme si les clones n'étaient ni plus ni moins que des jouets de guerre. Voolvif Monn était connu au Temple Jedi pour être l'un des plus farouches partisans de l'anti-attachement des Jedi. L'amitié ne voulait sûrement rien dire. Zak ? Son frère n'avait pas eu la même relation avec Jex que lui, et il préférerait sûrement son chasseur Jedi au lieutenant?
La peine qu'éprouvait Maarek en ce moment était difficilement descriptible. Ses larmes ne coulaient pas, mais sa gorge était nouée. Les deux autres Jedi avaient senti son désarroi face à la nouvelle de la mort du clone. Il s'ouvrit de nouveau à la Force et décida de mettre ses pleurs à plus tard. Il avait d'autres questions, et se sentait finalement assez bien pour pouvoir les poser.
- Comment avons-nous gagné ?
- Le commandant Séparatiste, Merai, raconta Zak, s'est suicidé sur les anneaux d'hyperespace des chasseurs Jedi?
Le frère de Maarek raconta avec Voolvif Monn les évènements qui avaient précédé, puis suivi, le suicide de Merai. Le Shistavanéen décrivit le moment où le jeune Padawan avait été touché par les tirs de laser des droïdes de la Fédération du Commerce.
- J'ai vu une ombre, dit Maarek. Qui était-ce ?
- Maître Ti les appele les?
- ? soldats ARC, finit le Maître.
- Anakin et son Maître en ont rencontrés un, ajouta Zak. Ils l'ont appelé Alpha !
- Et qui sont-ils ? demanda le blessé.
- Des soldats entraînés par Jango Fett en personne, expliqua Monn. Ils sont forts, vaillants, n'ont peur de rien ni de personne. Bref, des têtes brûlées. Ils ont aussi une précision au tir de blaster qui est surprenante ! Je n'ai jamais vu ça. (Il grogna de satisfaction.) Maître Ti a demandé au Premier Ministre de Kamino, Lama Su, de lâcher ces spécimens alors qu'elle pensait que le complexe de clonage était perdu.
- Perdu ? fit Maarek. Mais vous aviez dit?
Voolvif Monn leva une patte pour interrompre le jeune Jedi.
- J'ai dit tout à l'heure que nous avons gagné, mais je ne t'ai pas dit comment?
- En tout cas, on a gagné la bataille spatiale ! s'écria Zak, trop heureux d'enfin parler après avoir été obligé de se taire tout ce « temps ». Mais nous avons perdu Maître Kossex et?
L'homme-loup poussa un grognement, et Zak le laissa continuer. La doctoresse en profita pour sortir de la pièce après que Maarek l'eut remerciée d'une inclinaison de la tête.
- Ce sont les soldats ARC qui nous ont fait remporter la victoire, dit enfin le Shistavanéen. Sans eux, Tipoca était perdue. Tous les soldats frais moulus de l'école militaire ont été massacrés par les droïdes. Toutes les plates-formes sur lesquelles ont atterri les transports Séparatistes ont été prises sans perte conséquente du côté ennemi. (Il fit une pause et regarda fixement Maarek dans les yeux, laissant transparaître un sentiment de fierté.) Il n'y a que nous qui avons tenu la position, Padawan Delterr, avec tous les clones de ton équipée sauvage sur Rhen Var. Même si Jex?
Voolvif Monn s'arrêta au moment où la porte de la chambre de l'hôpital militaire s'ouvrait. Un soldat clone, une épaulette bleue sur l ?épaule gauche, le casque sous le bras, entra dans la chambre et salua les Jedi présents dans la pièce.
- Soldat ARC A-36, au rapport, fit-il. Mais vous pouvez m'appeler Mapper, ajouta-t-il avec un sourire.
- Padawan Delterr, je te présente notre sauveur, dit le Shistavanéen.
- Brillant combat, fit Mapper. Un peu suicidaire, mais une très bonne tactique, notamment vos mines sous le plancher. Personnellement, j'aurai opté pour les cloisons avec des mines à fragmentation? (Le clone sembla revenir à lui-même.) Mais je ne suis pas là pour vous faire un cours de stratégie militaire. Je passais pour voir comment vous alliez.
Maarek fit un signe en direction de son flanc blessé.
- Plutôt pas mal, grâce à vous. Je suppose qu'ils nous auraient achevés si vous n'étiez pas intervenu.
- C'est le scénario que j'avais envisagé en effet? Mais je pensais davantage à protéger la nouvelle génération de clones plutôt que vous les Jedi?
Maarek en était bouché bée. Il regarda Voolvif Monn qui échangeait un regard amusé avec lui, et Zak qui fit la moue. Le soldat ARC sembla se reprendre.
- C'étaient les ordres, vous comprenez ? dit Mapper. Ils nous ont été inculqués par Jango Fett en personne : protéger nos frères de nos ennemis. (Puis il ajouta avec un sourire: ) Je n'ai rien contre vous évidemment.
- Vous nous en voyez rassurés, fit Zak les dents serrées.
Un lourd silence tomba dans la pièce et chacun retourna dans ses réflexions. Elles furent interrompues quand Mapper enfila son casque ARC, différents des casques des clones basiques du fait de sa visière en T améliorée, ainsi que par la petite antenne à comlink interne.
- Je dois vous laissez, on m'attend pour le débriefing, fit-il.
- Merci encore de nous avoir sauvé la vie, dit Maarek.
Le clone salua et se retira de la chambre. Le jeune Padawan entendit les bruits de bottes résonner dans le couloir. Les deux autres Jedi décidèrent qu'ils étaient temps de laisser se reposer le Jedi, non sans en avoir été avertis par la doctoresse.

Coruscant, le Joyau Galactique...
« Enfin de retour chez soi ! » C'est ce que se disait actuellement Zak devait le hublot du transport rempli de Jedi blessés ou non, qui attendaient leur transfert vers le Temple Jedi. Une semaine à faire des simulations de vol dans le centre militaire de Tipoca l'avait endurci pour le vol. Les maintes missions répétées encore et encore, de même que les vols réels au-dessus des dômes sombres du complexe, avait fait de lui un vrai pilote. Du moins, c'étaient les mots des Maîtres Choi et Gallia, avant leur départ de Kamino.
Zak aurait aimé être aux commandes de son chasseur Jedi, frôlant et slalomant entre les hautes et gracieuses tours de la capitale galactique, se faufiler entre les speeders, les véhicules de livraisons et les aérotrains, dans les couloirs aériens. Au lieu de cela, il était dans un transport survolant le district d'Elrood, le quartier administratif, vers le Temple Jedi, le saint des saints de l'Ordre et de la Force.
Après plusieurs minutes de vol, le transport CR20 de la République finit par se poser sur la plate forme amovible du hangar du Temple Jedi. Tous les Jedi sortirent les uns après les autres, dans le calme : Padawans, Chevaliers et Maîtres de tous âges et toutes races confondues rentraient chez eux. Comme d'un seul homme, ils se dirigèrent vers le turbo-élévateur situé à l'extrême opposé de là où ils avaient atterri. Après s'être assuré que les Jedi étaient tous entrés dans le hangar, le clone pilote fit décoller le CR20, qui s'éleva rapidement dans les airs et disparut dans les hautes couches du trafic de Coruscant.
Alors qu'il marchait avec son frère derrière les autres Jedi, Zak se tourna vers son frère, inquiet de la situation.
- Tu crois qu'ils vont nous assigner à une nouvelle mission ? demanda-t-il, les yeux brillants d'espoir.
Zak espérait vraiment qu'on allait l'assigner à un escadron de pilotes Jedi afin de combattre de nouveaux les chasseurs droïdes. Cependant, c'était le Conseil qui se chargeait des assignations, et personne ne choisissait ses affectations.
- Je l'ignore, répondit Maarek pensivement, regardant droit devant lui un Maître Jedi Sullustéen embarquer dans un chasseur Jedi. Je suppose qu'ils vont attendre qu'on ait au moins posé nos affaires pour nous faire repartir?
- Mais où ? Et quand ? fit Zak.
- Tu es bien impatient?
- Impatient ? Eh ! Ce n'est pas moi qui voulait quitter Kamino parce que j'avais hâte de reprendre du service ! (Il cala son majeur presque sous le nez de son frère.)
- Ose me dire que tu n'as pas hâte de remonter dans un chasseur Jedi ? demanda son frère la tête légèrement penchée.
- Fasse la Force qu'on nous assigne vite à quelque chose? murmura Zak en entrant dans le turbo-élévateur avec les autres Jedi.
Rapprochant les plis de sa bure de Jedi d'un bord à l'autre, Maarek laissa tomber pensivement sa tête sur sa poitrine. Sa douleur avait cessé et il pourrait bientôt repartir au combat, mais la Force lui soufflait que quelque chose n'allait pas. Quelque chose allait arriver : quand, où et comment, cela la Force ne le disait pas. Mais comme Maître Eekin lui avait enseigné, on devait toujours faire confiance à son instinct. Il n'y avait donc aucune crainte à avoir? pour l'instant.

Le turbo-élévateur ralliait tous les niveaux du Temple Jedi depuis le hangar, situé à l'extrémité ouest du Temple. Les frères Delterr, eux, cherchaient à se rendre trois niveaux en-dessous des Archives Jedi et des bases des tours, au nord du Temple. Pour se faire, une marche à pied de plusieurs minutes était nécessaire. Maître Yoda leur avait appris, tout petits, que si les Jedi n'avaient pas installés des trottoirs roulants, c'était que : « Dans le Temple, en cheminant d'un point à un autre philosopher vous pouvez. » Et c'était vrai : le temps dans l'Ordre, semblait s'arrêter. Pas de précipitation, tout était calme. Mêmes les plus virulentes des conversations philosophiques sur la Force sur une passerelle du Hall du Temple, se passaient dans le calme et presque dans le silence.
Le silence. Toute leur vie avait été inspirée par le silence de la méditation, des entraînements au sabre laser, aux exercices physiques : tout faire en silence. Parfois, Maarek se disait que les peuples de la République n'avaient pas tort à propos des Jedi : ils étaient totalement déconnectés de la réalité. Certains y étaient ancrés, mais étaient forcément marginalisés d'une façon ou d'une autre par le Conseil. Cela avait été le cas avec Qui-Gon Jinn, le Maître d'Obi-Wan Kenobi, Siri Tachi et d'autres. Ces Jedi Gris, comme les appelaient couramment les Maîtres du Conseil, étaient les rares à vraiment s'adonner pleinement à la contemplation de la Force Vivante. Les instructeurs du Temple sur la philosophie des Jedi, notamment Maître Yoda, enseignaient que la Force Vivante était de privilégier l'action plutôt que la négociation. Mais les exemples, comme la Guerre de Yinchorr, avaient fini par montrer qu'il fallait trouver un juste milieu.
Au fur et à mesure du temps, les Jedi avaient fini par le trouver, surtout en pleine Guerre des Clones : on savait désormais qu'il était impossible de négocier avec un droïde de combat, et encore moins avec une légion entière de droïdes. L'action était donc nécessaire. Tandis qu'avec les dirigeants Séparatistes de faibles envergures, on essayait de privilégier la négociation? par la reddition.
Les deux frères Delterr à leur insu, étaient plongés en plein chaos émotionnel et spirituel : qui croire ? Que faire ? Obéir à ses instincts guerrier d'un combattant au sabre laser, ou bien privilégier la méditation ? En pleine Guerre des Clones, on tiraillait les jeunes Padawans à faire attention, à redoubler de prudence, etc. Au point même que cela en devienne frustrant. Zak fixait le sol pensivement en marchant, se disant que le fait qu'il souhaite tant voler lui procure une certaine liberté que ne lui donnait pas le Code des Jedi par ailleurs. Maarek, lui, était tiraillé entre suivre la voie des grands Jedi comme Maître Yoda ou Windu, ou bien suivre ses instincts comme Anakin Skywalker ou bien encore, son frère Zak qui se laissait aller au gré de la Force dans son cockpit. Le rôle du modèle était déterminant dans la vie d'un Jedi, à l'instar de ces jeunes adolescents sur chaque planète qui suivent la voie de leur chanteur de jizz préféré, ou qui adoptent tous une tenue vestimentaire semblable. La conformité d'avec le modèle renforçait le sentiment de Maarek sur cette immuabilité du Code des Jedi.
Les deux frères effacèrent d'un revers de mains invisibles leurs pensées en arrivant à leur destination : leurs quartiers. Étrangement, le responsable de l'organisation du Temple, le Maître Jedi Gotal nommé Heesha'bat'esh, n'avez pas pris la peine de les séparer ; pas plus que les Maîtres du Conseil d'ailleurs. Prohibé est l'attachement pour Jedi, car il mène au Côté Obscur, avait dit un jour Maître Yoda durant un cours. Qu'arriverait-il mentalement à Maarek s'il venait à perdre son frère ? Et pour Zak ? Des questions sans réponse, puisque même la Force était toujours en mouvement et ne permettait pas de voir l'avenir de manière prévisible.
Zak actionna l'ouverture manuelle de la porte de leur quartier. Cette dernière s'ouvrit dans un buzzz étouffé, tel un bruit de vapeur sortant d'une soufflerie. La porte se rétracta sur son encablure droite et une lumière tamisée s'actionna automatiquement au franchissement du pas de porte. Les deux frères jetèrent leurs besaces sur leurs lits anti-grav et Zak s'écroula la tête la première, respirant à plein poumon l'air de sa couverture en laine.
- J'aimerais enfin pouvoir dire, fit-il avec une voix étouffée, enfin de retour à la maison. Mais je sais que ce n'est que provisoire?
- Heureusement que nous n'avons pas tout le confort du Reine de la République, répondit son frère avec malice, sinon tu ne décrocherais plus ta tête de tes draps de soie !
Zak commença par pouffer, puis finit par retourner sa tête de la couverture pour se laisser aller à un rire naturel à gorge déployée. Son frère, bien qu'au début sérieux, finit par se laisser prendre au jeu de ses zygomatiques et laissant sa tension retombée par un rire depuis trop longtemps attendu. Hélas, la répartie vient du gong central du Temple Jedi, qui appelait les jeunes Padawans à leurs cours.
- Cours d'astronavigation, fit Zak le sourire aux lèvres. Et devine avec qui ? demanda-t-il à l'attention de son frère.
- Hum? Maître Choi ?
- Ah? dit Zak pensivement. Cela aurait pu effectivement être lui. Quoiqu'il en soit, c'était Maître Koon : l'astronavigation n'a aucun secret pour lui ! Tu savais qu'un jour, alors que son hyperdrive avait rendu l'âme, il a réussi à se repérer rien qu'avec la Force ? s'exclama-t-il. C'est incroyable ! J'espère qu'il va nous apprendre à faire ça !
- C'est incroyable en effet, fit Maarek se laissant prendre au jeu. Passe une bonne journée en tout cas, mon frère.
- Toi aussi, mon frère, répondit Zak avec un léger clin d'?il.
Le plus jeune des frères Delterr se leva de son lit et quitta la chambre, laissant Maarek seul à ses pensées? qui prirent fin lorsque son ventre cria famine. Il n'avait rien avalé depuis son passage en hyperespace depuis Kamino, c'est-à-dire depuis plus d'au moins dix heures standards. Il prit son poncho en laine, le passa autour de son cou et sortit de la chambre à grandes enjambées, direction la cantine du Temple.

Beaucoup de gens, en particulier à cause des médias comme l'Holonet Galactique ou encore le TriNebulon News, pensaient que le Temple Jedi était un immense vide, avec uniquement un grand hall. De même qu'ils pensaient que les Jedi ne dormaient pas, qu'ils ne mangeaient pas, n'avaient aucun besoin contrairement à eux, etc. Tous ces fantasmes de l'imaginaire collectif était uniquement dû au fait qu'aucun média, depuis la construction du Temple Jedi, n'avait pu accéder à l'intérieur du Temple. Maître Jurokk, le Gardien de la Porte, un Trandoshan, et ses prédécesseurs, les avaient continuellement refoulés.
En réalité, et Maarek était bien disposé pour le savoir, le Temple Jedi était loin d'être un immense vide : une immense cantine pouvant atteindre les 5 000 couverts, plusieurs buanderies dont deux par niveau d'habitation, une vingtaine d'étages avec plusieurs quartiers d'habitations (deux Padawans par chambre, les Chevaliers et Maîtres ayant droit à des chambres séparées), des dizaines de salles d'entraînements, des salles de méditation et de cours, une immense bibliothèque nommée les Archives, trois salles de briefing, etc.
La cantine en question était située sous les quartiers d'habitations. Les plats comme les boissons convenaient à tous les estomacs, avec différents buffets de spécialités selon les espèces, des boissons énergétiques pour les entraînements, etc.
La foule hétéroclite des Jedi faisait la queue devant les différents buffets proposés, mais celle qui était la plus longue était bien entendue celle des humains, espèce la plus répandue parmi les Jedi ? un mystère que Maarek n'avait jamais pu élucider. Dans la foule de la queue des « humains », le jeune Jedi reconnaissait plusieurs espèces dont certaines de la proximité génétique des humains : deux Zeltrons et un Kiffar en grande conversation avec une humaine, un Etti philosophant avec un Twi'lek, et d'autres. Parmi les gens déjà assis, Maarek reconnu le jeune Whie Malreaux en train de? déguster un goûteux cube de gelée verte, Hera Tuix à sa gauche. Il n'arriva cependant pas à identifier le Zabrak à sa gauche. Mais parmi toutes les personnes qu'il avait pu voir, une seule manquait vraiment à l'appel de ses yeux : une charmante Twi'lek, Xiaan Amersu, Chevalier Jedi et unique survivante d'un piège monté par Aurra Sing, la célèbre Tueuse de Jedi. Il sentait sa présence dans la Force mais pourquoi ? L'attachement est prohibé, s'était-il répété pendant toutes ces années, mais pourquoi ne cessait-il pas une fois pour toute de penser à elle ? Je n'ai pas le droit d'aimer, on me l'a assez répété pour que ça m'obsède, pensa-t-il en suivant à la trace l'écho de Xiaan Amersu dans la Force. Et pourtant l'écho s'amplifiait, et plus il s'amplifiait et plus son c?ur battait la chamade dans sa poitrine.
Il utilisa la Force pour se calmer et se retourna lentement. La jeune Twi'lek avançait dans sa direction, mais pas forcément vers lui. Elle le vit et sourit. Il s'inclina poliment par la Force des choses, préférant éviter son regard pour ne pas montrer sa gène à sa vue. D'une voix douce et chaleureuse, elle s'adressa à lui.
- Maarek, je suis heureuse de te revoir !
- Moi aussi, maître Amersu, répondit-il en souriant timidement. Cela faisait depuis après Rhen Var que je ne vous avais pas vue.
- Cette guerre sépare trop de gens, trop de familles, dit-elle tristement. (Dans les yeux de la Twi'lek, on pouvait lire le meurtre de son Maître et son long désespoir dans son lit du Temple, où elle se remémorait cet instant tragique.) Ce sont les civils qui sont les plus démunis. Nous, nous avons la Force, notre unique alliée?
- En effet, maître. Sur Kamino, elle seule m'a aidé à m'en sortir. Mais j'avoue que sans ce clone pour me tirer d'affaire, j'aurai rejoint la Force?
- Maître Monn m'a parlé de ce que tu as fais, ajouta Xiaan dans un sourire. Puis-je dire? tes exploits ?
- Je n'ai fait que mon devoir. J'ai uniquement obéi aux ordres et protéger Maître Monn?
- Je sais Maarek. Je voulais te dire que j'espérais que beaucoup de Jedi suivraient ton exemple au sein de l'Ordre. Maître A'Sharad Hett est de mon avis. Il était là quand Maître Monn a tout raconté.
- Ce qui m'a fait tenir sous le feu ennemi, c'était la possibilité, un jour, de vous revoir au Temple.
Mais qu'est-ce que j'ai dis ? Idiot !
Xiaan Amersu étudia les yeux de Maarek, comme si elle sondait son âme. Mais au contraire de les détourner, il voulut prouver à la Chevalier Jedi que ses sentiments étaient sincères. Elle avait bien sûr deviné. Certains Jedi s'aimaient et s'étaient aimés au Temple : cela n'avait échappé à personne que Maître Adi Gallia avait porté un semblant de deuil lorsqu'elle avait appris la mort de Qui-Gon Jinn, tout comme celui-ci était devenu triste au possible à la mort de Tahl. Les Jedi ne pouvaient échapper à la règle de la galaxie : aimer un être cher, aimer un autre soi-même et le chérir pour la vie. Que pensait Xiaan de tout cela ? Tout à coup, Maarek sembla désespérer de la réponse que pourrait donner la Twi'lek.
Elle sourit poliment à Kai Justiss, qui approchait dans la dos de Maarek Delterr.
- Ah ! Xiaan, je vous cherchais ! fit-il.
Maarek s'inclina poliment devant Maître Justiss lorsqu'il se retourna. Xiaan hocha la tête à l'attention de Kai Justiss et commença à partir.
- Nous reparlerons de tout cela Maarek. J'ai été ravie de te revoir de nouveau sain et sauf.
Non ! Si peu de temps ! Restez je vous en prie !
Mais il était difficile pour un Jedi de contenir ses émotions face à d'autres Jedi. C'était comme s'il avait crié dans la Force et qu'elle l'avait entendu. Elle se retourna et ajouta :
- Très bientôt, je te le promets.
Puis elle sortit de la cantine en direction des turbo-ascenseurs, jetant un dernier regard à Maarek, planté debout au milieu des buffets pour humains.

Sentant les regards de plusieurs Padawans assis à une table à proximité de lui, il préféra s'abstenir de tout commentaire et adopta un profil bas. Ils l'avaient sûrement tous entendu crier dans la Force? C'était le désavantage d'être un Jedi : vos sentiments n'échappaient pas aux autres et vous trahissaient. Difficiles à cacher, même avec la plus grande des volontés. Encore plus difficile à cacher face à un Chevalier, voire un Maître Jedi. Faisant la queue avec les autres humaines et les presque-humains, Maarek se demandait si Xiaan avait été sincère quand elle avait dit qu'ils en reparleraient très bientôt. Pourquoi en douter ? Ce qui pouvait les empêcher de parler de ça un jour ou l'autre, c'était d'être envoyé en mission à l'autre bout de la galaxie pour combattre les Séparatistes? et peut être mourir.
Le jeune Jedi ruminait ses pensées lorsqu'il se servit un steak d'Ortolos, une espèce quadrupède de Xyquine, réputée pour être l'une des meilleures viandes de la galaxie. Avec cela, des légumineux de différentes sortes que Maarek ne put identifier du fait de leur consistance ramollie. Passant d'un stand à l'autre, il finit de choisir son repas et s'en alla choisir une table. A première vue, la cantina du Temple Jedi aurait pu apparaître comme le mélange des genres de la galaxie. En réalité, il n'y avait aucun mélange : les Padawans et apprentis d'un côté, Chevaliers et Maîtres de l'autre. Chacun son âge, chacun son grade. La seule place que le Padawan vit de libre, était une en plein milieu d'un groupe de jeunes gens de son âge.
En avançant vers la table, il reconnut peu à peu des personnes avec qui il avait fait ses classes : Mak Lotor, un jeune humain aux cheveux châtains clairs et aux traits fins, qui avait eu la fâcheuse tendance de se faire reprendre par Maître Yoda ; à sa droite, Kass Tod, une jeune Zabrak à la peau brune et aux cheveux noirs qui avait toujours été proche de Mak et une farouche duelliste. En face de Kass, un jeune Whipid que Maarek n'identifia pas, et enfin, en face de Mak, un Aqualish du nom de Windo Nend. Ils portaient tous la tresse des Padawans, à l'exception de Windo Nend, qui n'avait pas de cheveux, ni de poils?
- Je peux m'asseoir ? demanda Maarek.
Mak releva lentement les yeux et un sourire éclata sur son visage.
- Maarek ! s'écria-t-il. Cela faisait longtemps ! (Il tendit sa main et Maarek la serra chaleureusement. Il salua ensuite tour à tour les autres Padawans de la table.) Comment vas-tu ? Qu'est-ce que tu deviens ?
- Eh bien? Maître Eekin est mort sur Geonosis? déclara tristement l'aîné des frères Delterr. Tout comme la Maître de mon frère, Khaat Qiyn.
- Oui? je l'ai appris lors de la cérémonie, fit Mak la tête baissée. Maîtres Eeth Koth et Tarados Gon aussi sont morts? je les admirai?
- Maître Chankar Kim aussi est mort, fit Windo Nend après avoir avalé une poignée d'algues de Mon Calamari. Sa Padawan, Tallisabeth je-ne-sais-quoi, est devenue orpheline.
- On peut multiplier les exemples s'il n'y a que ça, fit Kass aigrement. Je vous rappelle que bien plus que la moitié des Jedi envoyés sur Geonosis ont trouvé la mort ! On ne va pas les passer en revue !
Un lourd silence s'installa à la table, au milieu du brouhaha des conversations diverses et variées du reste de la cantine. Maarek préféra aiguiller la conversation vers autres chose.
- Qui est ton Maître, Mak ?
- Jeem Tel-Poo?
- Jeem le Sage ? s'exclama Maarek, n'en croyant pas ses oreilles. Celui qui clame qu'il ne faut pas se battre contre les Séparatistes ?
- Ne m'en parle pas, répondit Mak les dents serrées. La dernière fois, je lui ai dit que la République courait à la catastrophe si les Jedi ne menaient pas la Grande Armée de la République sur les fronts de cette guerre. Et tu sais ce qu'il m'a répondu ? (Maarek fit non de la tête.) Que c'était l'Ordre Jedi qui allait à sa perte s'il intervenait ! fit-il. Je n'ai pas osé lui rappeler que les Jedi étaient les garants de la paix et de la démocratie dans l'espace Républicain, comme il me l'avait enseigné?
Kass posa une main affectueuse sur son bras droit, et Mak se détendit.
- Quoi qu'il en soit, répondit le Whipid à la place de Mak, Maître Tel-Poo ne peut pas s'opposer au Conseil, tout comme les autres Maîtres pacifiques de l'Ordre. On nous envoit en mission et ils ne peuvent refuser? A moins de quitter l'Ordre?
- Où allez-vous ? demanda Maarek, se demandant si le Whipid parlait de ce genre de mission suicide qu'on accordait aux Padawans susceptibles de rejoindre le Corps Agricole.
- Sur Almania? avec un groupe de commandos clone, fit le Whipid de sa voix grave. Je dois aller en salle de briefing dans une dizaine de minutes.
Maarek se tourna vers les trois autres pour en savoir plus, désireux de satisfaire sa curiosité et d'imaginer un peu d'actions, loin du Temple Jedi et de sa trop grande sérénité.
- Rothana, fit Mak en regardant Windo Nend. Nos deux Maîtres, ajouta-t-il en balançant sa tête vers l'Aqualish, ont été chargés de superviser la construction d'une flottille de croiseurs Acclamator.
- Je ne crois pas, dit Windo, que ce soit le travail d'un Jedi de superviser ce genre de choses. Mais je suppose que le Conseil sait ce qu'il fait.
- Tu remets en doute les décisions du Conseil ? fit Kass Tod les yeux plissés.
- Non pas, répondit Nend en agitant sa main en signe de dénégation. Mais parfois, on peut se poser des questions, non ?
Kass hocha légèrement la tête en signe de compréhension, rassurée que son ami ne remette pas en cause les décisions du Conseil des Jedi. Cette dernière avait connue, tout comme Mak, une jeune humaine du nom d'Aubrie Wyn qui avait été élevée très jeune par un grand Maître de l'Ordre afin de faire partie un jour du Conseil. Elle leur avait même dit qu'elle avait été entraînée par Mace Windu en personne, au sabre laser ! Maarek avait vu que très rarement le Maître Jedi d'Haruun Kal, mais Maître Eekin avait été l'un de ses collègues instructeur de sabre laser, loin d'être aussi bon que Sora Bulq, et avait transmis une partie de son savoir à Maarek. Ce dernier en avait fait bon usage sur Kamino, mais il devait persévérer dans son entraînement. Peut-être que s'il demandait à Voolvif Monn?
- Pour ma part, fit la jeune Zabrak, je m'en vais pour Thyferra. Je dois escorter avec mon Maître un convoi de bacta jusqu'à l'hôpital de campagne de Drongar?
Elle regarda Mak, mais Maarek n'eut pas besoin qu'elle en fasse plus pour comprendre ce qui se passait entre eux. Il aurait bien aimé être son camarade de classe, et avoir Xiaan Amersu à ses côtés. Il sourit gentiment, mais ce sourire sembla gêner Kass, qui cessa de regarder Mak. Le Whipid, après s'être raclé la gorge, commença à se lever. Windo salua Maarek.
- Cela a été un plaisir, comme toujours, dit l'Aqualish. On se reverra quand on rentrera de nos missions respectives?
Mak et Kass se levèrent en même temps et Maarek resta assis, les voyant doucement s'éloigner vers les turbo-ascenseurs comme l'avait fait la Chevalier Jedi Twi'lek il y a peu de temps. Il leur fit un dernier salut de la main lorsqu'ils bifurquèrent sur la droite, signe auquel ils répondirent. Puis ils disparurent. L'espace d'un instant, un soupir s'échappa de sa bouche, lorsqu'il se rendit finalement compte qu'il était seul malgré tout se monde dans la cantine. La conversation lui avait donné faim, et il entama avec un certain plaisir son steak et ses légumes, prenant enfin un vrai repas et non plus ce porridge infâme, mais bourré de vitamines, que l'on donnait aux clones sur Kamino. Après avoir finalement terminé son repas, il entreprit de se rendre de nouveau à ses quartiers pour prendre du repos, puis d'aller voir Jocasta Nu, la directrice des Archives du Temple Jedi, pour en savoir plus sur la Guerre Virgilienne.


Dans l'une des salles de cours du Temple, Zak étudiait attentivement le schéma technique de l'anneau d'hyperespace dont étaient équipés tous les chasseurs Jedi. Maître Plo Koon, malgré son masque respiratoire et son unique moyen d'expression, sa langue natale, le Kel Dor, arrivait tout de même à se faire comprendre des jeunes Jedi, comme il l'avait fait avec Jace Dallin durant le Conflit Hyperspatial de Stark. Zak était captivé par l'histoire de cette guerre qui s'était passé avant sa naissance et où un simple homme, Iaco Stark, avait réussi à détruire l'unique flotte de la République en insérant un virus informatique.
Le Maître Jedi avait donc expliqué aux jeunes Padawans combien il était important de se focaliser aussi sur la Force pour déterminer son point de départ, c'est-à-dire le moment où l'on fait son saut en hyperespace, et son point d'arrivée, le moment où l'on en sort. Pour cela, il fallait s'immerger totalement dans la Force et laisser son esprit vagabonder entre les étoiles les nébuleuses et autres supernova?
Autant dire que pour un Padawan, cela n'allait pas être aussi simple qu'on pourrait le penser. Les Maîtres avaient la chance d'avoir des années d'expérience et de pratique pour pouvoir s'ouvrir tellement à la Force, mais Zak, tout comme ses camarades, n'avait pas cette chance. Un jour, oui, peut-être, il deviendrait comme Plo Koon : un grand pilote et un sage Jedi. Mais pour l'heure, il fallait faire place à la pratique des exercices.
S'installant en cercle, les Padawans repoussèrent au maximum la ronde jusqu'à ce que leurs bras arrivent à leur écartement maximal. Puis, Maître Koon leur demanda de s'installer en tailleurs, tous autour de la rosace symbolisant l'Unité et la Diversité de la galaxie : des courbes verticales et horizontales parallèles signifiant les destinées secrètes de chaque espèce et les histoires que chacune ont, se croisant en divers endroits de la rosace, marquant ainsi les caractères communs à toutes les espèces de la Galaxie : faire partie d'un tout, la Force.
Zak avait étudié mille et une fois cette rosace, découvrant chaque fois de nouveaux points de rencontre qui l'amenaient de plus en plus à penser qu'il n'était finalement pas différent d'un Whipid ou d'un Etti, ou encore de toutes autres créatures dites primitives. Finalement, il n'était qu'une personne de plus à faire son chemin dans la galaxie. Mais pas n'importe lequel. La voie du Jedi : la préservation de la vie et de la paix.
Se fixant sur l'un des points de la rosace centrale, il fit communion avec ses camarades via la Force. Ouvrant son esprit et son c?ur aux autres, il sentit son esprit vagabonder dans un vortex, ou bien était-ce un tunnel dans son esprit, dans la pièce. Il sentit la présence des autres esprits de ses camarades Padawans dans la pièce. Puis, la pièce devant trop petite, chaque esprit sortit de la pièce par les douze fenêtres, disposées en cercle, de la salle. Quelle destination choisir ? Où aller ? Pourquoi pas Centax Un, voir les clones s'entraîner ? Mais son esprit ne semblait pas répondre : la volonté de la Force le guidait.
Eh ! Pas par ici ! Tel un timonier, il essaya de faire demi-tour en faisant une sorte de trois cents soixante degrés à son esprit pour partir vers la lune de Coruscant. Trop tard en fait. La Force se mit à s'imbriquer dans son environnement, et tout s'accéléra, comme un passage en vitesse luminique. Rapidement, il s'éleva dans l'atmosphère de Coruscant, il dépassa le système et sa ceinture d'astéroïdes. Il voulut ralentir, mais en même temps continuer à accélérer. Un autre esprit à ses côtés avait fait le voyage jusqu'à la lisère du système, mais s'était séparé de lui ensuite. Zak, quant à lui, filait droit sur sa planète natale.
Au plus profond de lui-même, même après ses péripéties dans la galaxie aux côtés de Khaat Qiyn, il avait rêvé de revoir Corsin un jour. Son frère avait eu la chance d'y retourner, mais pas de revoir leurs parents, ces personnes qui n'étaient plus que des fantômes finalement dans ses souvenirs. Mais la planète, elle, était tout un symbole : celui d'une enfance arrachée pour une destinée toute tracée.
Il approchait à vive allure, dépassant chacune des planètes et géantes gazeuses du système de Corsin. C'est alors qu'il la vit, plus resplendissante que jamais. Plus belle qu'il ne l'avait jamais vue. Finalement, il ne l'avait jamais vraiment vue, c'était peut être pour cela que la Force l'avait guidé jusqu'ici. Sous toutes ses coutures, il l'étudia, faisant le tour plusieurs fois au-dessus des pôles, admirant les plaines vertes des trois continents et les mers intérieures. Dans la salle, il souriait, béat de tant de beauté, et ouvrit finalement les yeux après avoir fait le chemin arrière à très grande vitesse, le sang battant à ses tempes.
Ce n'était plus Corsin devant lui, mais Maître Plo Koon, son masque penché vers lui. Un rictus semblait se dessiner sur les joues du Kel Dor, mais Zak n'aurait su l'assurer. Le Jedi se redressa et observa Zak Delterr.
- Zak Delterr n'est-ce pas ? fit le Maître dans sa langue natale.
Le Padawan hôcha la tête, visiblement surpris de se retrouver face au Kel Dor de cette façon. Il pensa que le Maître avait dû le voir sourire béatement et avait dû le sortir de sa méditation pour lui faire encore plus honte?
- Qu'as-tu vu ?
Zak observa autour de lui, et vit que le reste de sa classe avait disparu, mis à part deux élèves studieux qui discutaient avec Maître Gallia des possibilités de vol du chasseur Jedi. Il articula difficilement une réponse, son esprit bouillant encore de cet exercice épuisant.
- Mon monde natal, Maître, répondit-il. Corsin?
- Ah oui, c'est tout proche en effet. Ton camarade Whipid qui était en face de toi a entre-aperçu Toola, mais il n'a pas réussi à entrer dans le système.
- Vous percevez nos visions ? demanda Zak en écarquillant les yeux.
- Je pioche au hasard, se contenta de répondre Plo Koon. Je sens celles sur le point d'éclore, mais je sens aussi les échecs et les frustrations?
- Ai-je échoué ? fit Zak en pensant que le propos du Kel Dor lui était attribué.
- Non bien au contraire ! Tu as entendu l'appel de la Force !
- Pourquoi Corsin ? Je voulais aller sur Centax?
- C'est ce qu'on appelle une? vision de la Force, dit calmement le Kel Dor devant l'impatience de Zak. Elle nous dit ce qui peut ou pas arriver. En l'occurrence, je sens que quelque chose va se passer sur Corsin?
Le sang de Zak lui montait à la tête et un amas de questions allait se déverser de sa boucher si Plo Koon n'avait pas anticipé les questions du Padawan.
- Je ne sais si les Séparatistes vont envahir la planète. Mais quelque chose va se passer dans peu de temps. (Un équivalent de sourire se dessina sur ses joues.) Mais rien ne presse, n'est-ce pas ?
- Je devrais peut-être y aller, fit-il convaincu de l'imminence de la guerre.
- Padawan, coupa Plo Koon d'une voix dure pour le rappeler à la réalité, Corsin est en plein secteur Seswenna, le secteur le plus protégé de l'espace Républicain. Crois-tu qu'une flotte Séparatiste s'aventurerait au milieu de la République pour prendre une planète qui n'est même pas un point clé sur une route commerciale ?
Les propos du Maître Jedi tombaient sous le sens, cela ne faisait aucun doute. Il n'y avait rien qui pouvait intéresser le Comte Dooku et ses sbires sur Corsin, mais Zak ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. Après tout, depuis quand les Séparatistes s'empêchaient d'attaquer un planète sans importance ? Ce ne serait pas le premier cas, et sûrement pas le dernier. Un tas de planètes sans importance faisaient partie de la Confédération des Systèmes Indépendants depuis qu'elles avaient été « ralliées » par la force?
- Que faire Maître ? demanda Zak, ne sachant rien dire d'autre et n'osant pas se lever et partir sans un autre mot.
- Médite sur cela, répondit le Kel Dor, bienveillant. Et continue de projeter ton esprit sur Corsin, peut-être que tu trouveras la solution. (Il sembla hésiter, mais il reprit : ) Tu as bien un frère ? (Zak hocha la tête.) Alors associe-le à tes exercices. A deux, vous devriez être à même de découvrir ce qui va se tramer?
Zak se releva puis s'inclina devant le Maître Jedi. Il sortit ensuite de la pièce et entreprit d'aller retrouver son frère dans leur chambre. Peut être que, comme l'avait dit Plo Koon, ils devraient être capables d'éviter le pire sur Corsin grâce à l'une de leurs visions.
Mais les Maîtres du Conseil se laisseront-ils amadouer par la vision de deux simples Padawans ? C'était le hic dans l'affaire, car jamais un Padawan n'avait pu convaincre un Maître, ou ne serait-ce qu'un Chevalier quant à une de ses visions. Elles s'étaient toutes avérées fausses ou sans impact dans l'avenir. Mais il suffisait d'une fois, et Zak ne perdrait pas espoir?
Chapitre Sept
Holonet News était une source d'informations précieuses pour celui qui voulait tout savoir en temps et en heure de ce qui se passait dans la galaxie, et plus précisément dans l'espace Républicain. La chaîne d'informations galactiques était plus ou moins libre, soumise depuis la Loi de Création Militaire à transmettre les communications militaires. Au fil de la Guerre des Clones, les grands journalistes de guerre se déplaçaient de moins en moins sur les champs de bataille, en grande partie à cause du Chancelier Palpatine qui avait fait observer des restrictions sur leur métier. Ils devaient désormais se contenter des dépêches des Centres de Commandements de la Grande Armée de la République.
Zak Delterr admirait Holonet News pour sa diversité de traitement de l'informations et ses débats. A son grand dam, avant la Guerre des Clones, l'Ordre Jedi n'avait pas pris suffisamment en compte ces dépêches qui faisaient état des conflits politiques ou militaires à l'intérieur même de l'espace Républicain. Le Conseil des Jedi, avec la Crise Séparatiste, avait compris l'intérêt que pouvait suscité une source d'informations en plus comme l'Holonet, en accordant toutefois plus d'attention aux rapports de ses "agents dormants". Ils s'agissaient de personnes redevables à l'Ordre ou ayant une certaine admiration pour les Jedi, qui se proposaient de leur fournir des informations dans les secteurs jugés sensibles. Ce fut notamment le cas peu avant la Conférence d'Eriadu, où un membre du Front Nebula avait fourni des informations au Maître Jedi Quin-Gon Jinn.
Zak n'avait jamais rencontré l'un de ces agents, et même Palpatine et ses Services de Renseignements, ne pourraient, disait-on dans les couloirs du Temple Jedi, découvrir leurs identités. Peut-être n'était ce finalement qu'une légende parmi tant d'autres qui circulaient sur les Jedi, et qui intensifiait la propagande anti-Jedi, montrés du doigt comme étant la "police secrète de Palpatine". Le jeune Padawan se rappelait que la présentatrice vedette d'Holonet News, la ravissante humaine nommée Keela Temmer, avait interviewé un écrivain connu pour ses positions anti-Jedi qui avait publié un ramassis d'info-poubelles qu'il avait subtilement intitulé: Les dessous secrets de l'Ordre Jedi.
La présentatrice avait attiré son regard, non pas pour sa beauté, mais pour l'information qu'elle allait présenté :
"Maintenant nous retrouvons notre envoyé spécial sur Corsin, Tack O'Vam"
O'Vam était un mâle Ho'Din. Natifs de Moltok, les Ho'Din possédaient une longue chevelure tressée qui ressemblait à des serpents. Ils préféraient la nature à la technologie. L'écran de la salle de projection du Temple Jedi se divisa en deux, comme pour confronter l'humain et le Ho'Din.
"Effectivement Keela, Corsin s'apprête à fêter un heureux événement : le Millénaire de la Libération, après que la République ait libéré la planète du joug du tyran Monfda Axer. En l'honneur de cette fête, le Président de Corsin, Forge Pel-Man, inaugurera le nouveau Skyrail, le plus rapide du secteur du Grand Amas de Plooriod, et le deuxième après celui du secteur Seswenna. De nombreux dignitaires seront conviés à cette fête, ainsi que..."
Cela suffisait pour Zak. Corsin était bel et bien la prochaine cible des Séparatistes! La vision qu'il avait eu en scène de méditation avec Maître Plo Koon lui avait donné raison. Mais le Comte Dooku n'enverrait probablement pas une flottille bombarder la planète, sachant que cette dernière était très bien protégée dans son secteur par Coruscant, puisque le Président de Corsin était l'un des protégés de Palpatine, dont il avait l'oreille. Plutôt qu'un blocus, Zak pensait à une attaque terroriste, un genre de prise d'otages. Les hauts dignitaires offraient toujours une cible favorite pour leurs ennemis...

En cheminant de la salle de projection à ses quartiers, il croisa son frère en compagnie de Maître Yoda. Le Grande Maître de l'Ordre paraissait anxieux, mais sourit tout de même quand le jeune homme approcha.
- Ah, voilà le second des frères Delterr, dit-il en posant ses deux petites mains vertes sur sa canne. En grande conversation avec ton frère j'étais. Jusqu'à la salle du Conseil vous devez me suivre, de grandes choses nous avons à nous dire...
Maarek jeta un regard interrogateur à son frère mais ce dernier lui fit signe que tout allait bien. Du moins pour le moment... Etre demandé en Salle du Conseil n'était jamais d'un grand réconfort, mais Zak espérait que c'était pour les féliciter de leurs comportements exemplaires lors de la Bataille de Kamino.
Gravissant marche après marche du Grand Escalier, ils arrivèrent au turbolift qui menait au Conseil, la plus haute des cinq tours du Temple. Maarek reconnut l'humain de gauche: il s'agissait de Kai Justiss, mais il ne reconnut pas le Vurk de droite. Les deux Padawans s'inclinèrent et le Vurk "ouvrit" la porte. En fait, un mécanisme secret était caché dans la cage d'ascenseur, inaccessible pour les non-utilisateurs de la Force. Une précaution de plus contre les ennemis de l'Ordre. Les deux frères suivirent Yoda dans l'ascenseur, puis les portes se fermèrent et l'ascenseur fit une embardée.

Quelques instants plus tard, ils pénétrèrent, derrière Yoda, dans la salle du Conseil. S'arrêtant après la porte, ils s'inclinèrent par politesse devant les membres, qui n'étaient pas tous au complet. Yoda, appuyé sur sa canne, semblait lutter pour aller jusqu'à son siège... mais il ne fallait pas se fier aux apparences. Anakin Skywalker avait raconté à Zak la manière dont le petit être vert avait combattu le Comte Dooku sur Geonosis. Maarek, de son côté, observa les Maîtres: il y avait Mace Windu, qui se tenait pensivement la tête avec sa main droite, fixant les Padawans; Ki-Adi-Mundi, assis majestueusement dans son siège; Oppo Rancisis, dont la queue allait et venait contre un accoudoir de son siège; Agen Kolar, qui souriait imperceptiblement; et enfin, Yoda.
- Padawans, commença Mace Windu pour briser la glace, vous avez été convoqués parce que vous êtes natifs de Corsin. (Sa voix semblait presque sentencieuse.) Il s'y passe quelque chose, un complot Séparatiste, une menace que vous devez éclaircir et arrêter au plus vite. Nous vous envoyons enquêter...
Le Maître Jedi fit une pause et Maarek en profita pour prendre la parole.
- Seul, Maître Windu? demanda-t-il plein d'espoir, espérant qu'on leur confie enfin une mission en solo.
- Non, pas seul Maarek, répondit Yoda. (Il indiqua de sa main gauche une immense Togorienne qui était restée en retrait. Le jeune homme, et encore moins son frère, ne l'avait vu en rentrant.) Ton nouveau Maître je te présente.
Maarek s'inclina automatiquement en regardant la Togorienne. La fourrure blanche et brune sur les avant-bras, emmêlée dans des stries de poils, la même couleur de poils sur la tête, son visage semblait gracieux aux yeux du jeune homme. La féline portait tout de même la bure des Jedi, alors que l'immense majorité de ses compatriotes se baladaient sur Togoria, et dans la galaxie, sans un seul vêtement.
- Je me présente, dit-elle en faisant un pas vers les deux frères, je suis Maître Braalv, Gardienne de Togoria. Je serai votre... tutrice pour cette mission et probablement, ajouta-t-elle dans un basic impécable, pour toutes les autres à venir.
- Maître Braalv, fit Ki-Adi-Mundi pour compléter les présentations, voici Maarek et Zak Delterr, Padawans respectifs des défunts Maîtres Eekin et Qiyn.
La Togorienne poussa un miaulement presque déchirant.
- Maître Qiyn, miaula la Togorienne, nous avons été Padawans ensemble...
Dans ses yeux, Maarek pouvait lire la tristesse d'une non-humaine qui avait vu disparaître quantité de camarades de son âge et de son enfance. Oppo Rancisis se racla la gorge pour rappeler la Maître Jedi à la réalité, et celle-ci sembla secouer sa tête pour effacer les souvenirs douloureux. Yoda esquissa une sorte de rictus, que Zak prit pour de la peine et de la compréhension, comprenant vraisemblablement pourquoi tant de souvenirs chez Braalv remontaient à la surface en même temps. En tant que Maître le plus âgé de l'Ordre, il avait connu tant de Jedi et avait vu tant d'autres disparaître. Pour lui, après tout, peut-être n'étaient-ils que des noms auquel jamais il ne s'était attaché.
- Vous devriez faire au plus vite, dit Rancisis en cessant d'agiter sa queue. Armand Isard vous attend au quartier général des Services de Renseignements pour un briefing complet. Il veut apparemment vous assigner quelqu'un d'autre pour la mission...
- Pardon Maître Rancisis, enchaîna Zak Delterr un peu vite, mais je croyais que nous étions seuls sur cette mission.
- Lorsque la mission touche aux dignitaires planétaires ou aux sénateurs, répondit Agen Kolar, une chose de la Loi stipule que les émissaires de l'Ordre Jedi doivent se rendrent aux SDR pour recevoir une aide supplémentaire pour la mission...
Maître Kolar s'abstint d'ajouter que Palpatine marchait sur les plates-bandes de l'Ordre en ce qui concernait ce genre de mission.
- Que la Force soit avec vous, clôtura Yoda. Vos souvenirs, et vos démons intérieurs, il vous faudra affronter pendant cette mission...
En sortant du Temple pour rejoindre le très secret bâtiment des SDR en compagnie de Maître Braalv et de son frère, cette phrase continuait d'hanter Maarek.


Sumon, capitale de Corsin. 5ème district Sud. Mégabloc 34. Allée du Suron

Un homme de taille moyenne, des habits respectables sur le dos, se présenta à la porte. Après un rapide code, il ouvrit la porte et des sifflements de blasters armés retentirent devant lui. Cinq ombres bien camouflées se préparaient à mener l'une des plus belles prises d'otages de l'histoire de la République. Le mystérieux homme leva les mains, en signe de bienvenue.
- Du calme les gars, ce n'est que moi...
- Tu nous a fait peur Delsk! Ne refais jamais ça! fit une des ombres.
- On t'a pris pour un Jud'! fit une deuxième ombre.
- Du calme les mecs, j'ai été en repérage et je suis passé au pressing, fit-il d'un ton décontracté.
Il ouvrit une housse noire d'où il sortit une tenue militaire d'apparat violette, aux épaulettes jaunes: l'uniforme des vétérans de la Guerre Hyperspatiale de Stark. Delsk n'avait que 19 ans à l'époque lorsqu'il n'était qu'une enseigne sur le Fierté Républicaine, vaisseau de la flotte de la République durant le conflit. Tous les vaisseaux avaient reçu des coordonnées de vol fausses ce qui les avaient plongés de part et d'autre du système de Troiken. L'homme avait eu de la chance car son vaisseau avait réussi à rallier le reste de la flotte qui avait été attaqué par la flotte de Iaco Stark. Forcé d'évacuer le vaisseau, la capsule de sauvetage avait atterri sur la planète et Delsk avait été forcé de se battre. Au cours de la troisième bataille de Qotile, il avait reçu une énorme blessure après qu'un tir de blaster ait annihilé des roches en fusion à proximité de sa joue.
Malgré l'aide des Jedi, et en particulier Plo Koon, Delsk allait garder cette cicatrice à vie, comme nombre d'autres de ses camarades qui avaient aussi perdu un bras, une jambe, un oeil, etc. Il avait été relativement épargné et il se félicitait que les mercenaires de Stark n'aient pas su tirer. Malgré tout, le manque de bacta avait fait de lui un homme répugnant pour les canons de la société. Lors du retour sur Coruscant, un homme du nom de Laslo Dorits, qui avait aussi servi pendant la Guerre, décida de créer l'Assemblée des Vétérans de Stark, un lobby chargé de faire pression pour que la République crée une armée afin d'éviter d'autres catastrophes comme celle-ci. Delsk avait soutenu Dorits, au point de devenir son second. Il avait aussi participé à la Conférence d'Eriadu avec d'autres camarades, notamment la première ombre, nommée Jom'bas, un Etti d'Etti IV.
Regardant son uniforme, il poussa un soupir. Tant d'années pour finalement arriver à servir la Confédération des Systèmes Indépendants... Comment cela avait-il pu se passer? Se regardant dans la glace, il se trouva beau en passant son uniforme. Même en touchant sa cicatrice, elle ne lui inspirait plus de la répugnance. Autrefois, il avait fait des séjours en hôpital psychiatrique. Il avait voulu se trancher les veines avec une vibrolame et il avait échoué de multiples fois. Une fois les derniers boutons attachés, il se retourna vers ses camarades terroristes, qui poussèrent des sifflements amusés.
- T'es beau comme un dieu, Delsk! fit Jom'bas. Tu comptes aller draguer le gratin?
L'homme fit un clin d'oeil et alluma le retroprojecteur avec la télécommande.
- Messieurs, fit-il à l'assemblée, récapitulons notre mission...
Les ombres se levèrent et vinrent se figer dans la lumière, éclairant leurs visages tirés par la fatigue et la mise au point d'un plan qui se voulait infaillible. Pour eux, Delsk avait pensé à tout. C'était peut-être vrai. Même si les Jedi intervenaient, ce qui semblait plus que plausible, le Président mourrait. Mais le chef de l'équipe n'avait encore rien dit à ses camarades, de peur que l'un d'eux soit un espion. Même s'il leur faisait entièrement confiance, mieux valait redoubler de prudence. Pourquoi avoir rejoint les Séparatistes? Tout d'abord, pour l'argent: tout le monde savait ça d'Ison à Telos, les Sépa' payaient mieux que la République, et certains anciens vétérans de Stark qui souhaitaient reprendre du service (pour les moins estropiés...) avaient alors rencontrés ces inhumains clones; cette Grande Armée de la République, chargée de sauver le gouvernement de ses ennemis, était composée de bébés éprouvettes... Delsk, comme d'autres, ne l'avait pas supporté. Les vétérans étaient bons pour devenir de vieux gardiens du Musée Galactique sur Coruscant. On ne leur avait même pas demandé de servir d'instructeurs!
Le leader des terroristes avait alors rejoint la Roue et un Chadra-Fan du nom de Tookarti lui avait confié un emploi: récupérer des informations sur un certain Korto Vos. La tâche ne l'avait pas amusé mais elle était bien payée. Il avait finalement céder au goût de l'argent, et l'agent Séparatiste lui avait donné alors une mission, venant directement du Comte Dooku: tuer le président de Corsin. Lui-même natif de Corsin, et de plus membre du comité des vétérans sur Corsin, il avait été invité à l'inauguration du nouveau skyrail. Quoi de mieux pour assassiner à portée le Président? Et mieux encore: les anciens soldats de la Guerre Hyperspatiale de Stark étaient autorisés à conserver leurs blasters dans les cérémonies officielles. Delsk comptait bien l'utiliser. A bon comme à mauvais escient.


Le speeder qu'avait emprunté les Jedi se gara rapidement dans un hangar bien à l'abri des regards indiscrets, situés à proximité des Monts Manarai. Cachés sous la forme d'une banque d'affaires respectables, les Quartiers Généraux des Services de Renseignements de la République étaient l'endroit où se jouait toute la Guerre des Clones: du simple renseignements à la décision d'envoi de troupes pour une intervention militaire, ou même une bataille, tout passait par Armand Isard et ses agents secrets pour débusquer et traquer l'ennemi. Sous sa coupe, il avait une centaine d'agents qui analysaient chaque écoute de comlink, chaque interception d'informations via les canaux de l'Holonet, chaque compte en banque des ennemis potentiels et encore non-déclarés de la République Galactique. Tout le monde avait intérêt à craindre Armand Isard, et en particulier les Séparatistes.
Des commandos clones en armure de classe Katarn se dirigeaient vers ce qui semblaient être une salle de briefing, abandonnant un grand humain en habits de Jedi. Braalv l'identifia tout de suite. Les trois Jedi sortirent du speeder en remettant machinalement en place les plis de leurs bures de Jedi. Zak observa le décor, plus militaire que bancaire. Des holo-scans analysaient chaque parcelle du corps de chaque individu, détectant ainsi les armes potentiellement dangereuses, ainsi que les traces éventuelles, grâce à des spectrogrammes hyper-sophistiqués, d'ingrédients de bombes. De l'autre côté du garage, des commandos clones en armure de classe Katarn, armés de mitrailleuses laser DC-17m, discutaient avec un grand homme en habit de Jedi. Ils l'abandonnèrent pour se diriger vers un couloir à droite. Le grand homme se tourna vers le groupe et Maître Braalv le reconnut vraisemblablement.
- Maître Zey! dit-elle. Quel plaisir de vous revoir!
- Maître Braalv, le plaisir est partagé, répondit ce dernier.
- Permettez moi de vous présenter mon Padawan, Maarek Delterr et son frère, Zak Delterr. Nous venons pour un briefing de mission pour Corsin.
- Bonjour Padawans, je suis Arligan Zey, responsable des Opérations Spéciales.
- Vous travaillez pour les SDR de la République? s'étonna Zak.
- Oui, c'est moi qui détermine qui doit être envoyé et où. Je commande les escouades de commandos clones, avec l'aide de mon Padawan, Bardan Jusik.
Il étudia les environs et fit signe à un contrôleur qui observait le petit attroupement. Ce dernier hocha la tête et appuya sur un bouton. La porte anti-explosion du garage-hangar s'ouvrit dans une sorte de vortex.
- Suivez-moi, je vais vous accompagner jusqu'à la salle où vous allez recevoir des informations complémentaires, dit Zey.
- Cette mission sera dangereuse Maître? demanda Maarek.
- Tout dépend de ce que vous entendez par "dangereux"...
Maarek ne comprit pas la réponse du Maître: tout à l'heure Yoda et ses démons, maintenant une mission soi-disante dangereuse... Cette mission allait assurément être intéressante. Du moins le jeune homme espérait ne pas être pris dans un feu croisé entre Judiciaires et Gardes du Sénat, qui allaient sûrement couvrir le Président de Corsin. Cheminant dans les entrailles de la "banque", Braalv eut tout le loisir d'observer le comportement des bureaucrates qui s'agitaient devant leurs consoles, comlinks sécurisés à la main. Elle ne comprenait pas pourquoi tout ce petit monde s'agitait, mais la guerre rendait tout le monde nerveux. Il fallait avoir un coup d'avance en matière technologique et ne pas tomber dans les entreprises de désinformations ennemies. C'était la règle du jeu des coulisses de la République. Pendant que le Sénat débattait d'une "éventuelle" attaque préventive sur des planètes Séparatistes, les soldats se battaient, mouraient ou étaient blessés, sur les informations des SDR.
Braalv comprenait enfin pourquoi Armand Isard était tout puissant. D'une main, il décidait quelle information était la plus viable et fiable, et laquelle il transmettrait au Sénat sur ordre de Palpatine afin de renforcer la peur d'un éventuel rapprochement des Séparatistes du Noyau. Il s'agissait souvent de man?uvres militaires Séparatistes datant d'une semaine et qu'Isard venait présenter au Sénat. Il ne fallait pas cantonner la Togorienne au simple rôle d'observatrice Jedi et de mentor de jeunes Padawans: elle avait appris les règles de la guerre sur Togoria, elle savait sortir ses griffes au bon moment en tirant partie de la Force, connaissait les matériels militaires et savait se servir d'un comlink sécurisé, éventuellement pour brouiller les communications ennemies. Sur Togoria, les femelles étaient responsables de la technologie et devenait souvent des ingénieurs expérimentés. La Maître Jedi avait été l'élève de Soon Bayts au centre des communications du Temple Jedi: c'était grâce à lui qu'elle utilisait désormais tout ce savoir.
Arligan Zey arriva finalement devant une porte anti-explosion. Dans la Force, la Togorienne devina de nombreux capteurs de mouvements, d'armes et d'autres. La porte s'ouvrit, devinant un sas. Ils y passèrent tous, les détecteurs montrant sur les écrans des consoles des clones chargés de la sécurité que les Jedi ne portaient que des sabres laser. La première porte se referma et la deuxième s'ouvrit, faisant entrer la lumière du sas dans une salle de briefing plongée dans la pénombre. Deux tables noires étaient disposées en deux hémicycles, l'une en face de l'autre. Au milieu de la salle, un holo-projecteur était disposé et un homme semblait entrer une datacarte dedans. L'une des ombres sembla se lever de son siège pour venir saluer les Jedi.
Lorsqu'il entra dans la lumière, Zak découvrit un homme de taille moyenne, la peau métisse, sans cheveux. Son visage était mince et au travers de ses yeux passait une lueur d'intelligence. Il sourit en tendant sa main.
- Vyn Narcassan, directeur des Informations Collectées et sous-directeur des SDR, fit-il. Désolé du terme barbare, c'est tout ce que nous avons trouvé pour l'instant...
L'homme qui était penché sur l'holo-projecteur s'en releva et vint se présenter. Au contraire de Narcassan, il ne tendit pas la main mais hocha la tête. Ses traits profonds creusaient ses joues, et son visage avait ces traits aristocratiques si particuliers des grands officiers de la République, tout comme ses cheveux très noirs coiffés en brosse.
- Armand Isard, Directeur, fit-il. Si vous voulez bien, installons-nous. (Il désigna d'une main presque évasive une jeune femme, installé sur un siège en bout de table. Elle avait les cheveux noirs et blancs, et des yeux d'une couleur différente sembla-t-il à Zak. Mais dans la pénombre, il ne pouvait y distinguer grand chose.) Ma fille, Ysanne, mon assistante.
Sans rejoindre son siège, Isard fit le tour pour allumer l'holo-projecteur, laissant ainsi le temps aux quatre Jedi de rejoindre leurs sièges respectifs. Une lumière bleutée fut projetée dans la salle de briefing, éclairant les parois grises, dépourvues de baies vitrées.
- Rapport Delta-Echo 42BN658847, code de priorité Alpha
- Rapport sous-réserve militaire. Confirmation d'identité, afficha la machine.
- Agent Armand Isard, code 45 point 2.
Un rapport s'afficha, écrit en basic, la langue véhiculaire de la galaxie. Mais du basic bureaucratique avec une série de code et de chiffres à la place des noms des agents. Une planète s'afficha en-dessous de ce rapport, représentant Corsin. Une flèche en hologramme indiquait la capitale de la planète, sur le troisième continent central.
- Vous connaissez Corsin, mais peut être connaissez-vous moins sa capitale. Avant la Bataille de Ruusan, et lors de l'élection de ce que vous appelez le Tyran, dit Armand Isard aux deux natifs de la planète, la capitale Sumon a été divisée en plusieurs districts avec des colonies autour de la capitale afin de la protéger des éventuelles invasions ennemies, notamment des Jedi et de leurs troupes. (Il effectua un zoom grâce à une télécommande. Sumon et ses quartiers s'affichèrent.) La Place de la Libération est le centre socio-économique de Corsin, et le skyrail l'effleure au niveau de l'entrée Nord-Ouest, se dirigeant ensuite vers les bureaux de l'administration de Corsin. De l'autre côté, le terminus arrive dans les districts sud, à la frontière entre le 4ème et le 5ème.
Il fit un pas en arrière, laissant la place à Vyn Narcassan.
- Vous savez sûrement que tout le gratin sera convié à la réception donnée dans le skyrail: le Président, les ministres, les notables de la ville, seront présents. Ainsi que d'autres invités. Mais votre mission ne consiste pas à potasser le bottin mondain, dit-il crûment, mais bien à vous infiltrer. Nous vous fournirons de fausses identités pour veiller à votre couverture, fit-il à l'attention de la Togorienne. (Un trait foncé sur l'hologramme du parcours du skyrail dessina son trajet.) Nous pensons que les terroristes Séparatistes seront déjà à l'intérieur ou bien se feront passer pour des invités. Je compte sur votre discernement pour les trouver! Le Président ne doit pas mourir, fit-il comme une menace, le Chancelier y tient personnellement.
- Personne ne mourra, répondit calmement la Maître Jedi de Togoria. J'y veillerai personnellement.
Narcassan ne répondit pas et hocha tout simplement la tête.
- Bien. Dans ce cas je laisse la parole à mademoiselle Isard.
Cette dernière se leva, révélant des formes avantageuses sous son uniforme bleu sombre d'officier des renseignements. Elle prit la télécommande et changea le modèle de l'hologramme. Cette fois-ci, il s'agissait du skyrail en lui-même. Une vision à trois cent soixante degrés tournait sur elle-même.
- Le skyrail fait cinq cents mètres de long sur dix mètres de largeur et quatre mètres de hauteur. Et il y a une seule entrée pour arriver discrètement, c'est la trappe d'accès technique. Nous avons veillé à ce que les détecteurs de pression sur le toit du skyrail ne puisse pas alerter les pilotes.
Elle alla se rasseoir et Maître Zey prit la parole.
- J'ai sélectionné personnellement un clone ARC pour vous seconder dans cette mission. Je vous le présenterai tout à l'heure.
Armand Isard réapparut dans la lumière.
- J'espère que vous comprenez que cette mission est de première importance. Bonne chance.
- Que la Force soit avec vous, comme on dit chez nous, murmura Zak, qui se vit infliger un coup de coude discret par son frère.
Les Jedi se levèrent et quittèrent la salle de briefing, et furent remplacés par d'autres et un Jedi que Zak n'identifia pas mais que les Maîtres saluèrent.

Un lieutenant ARC aux barrettes bleues attendait casque à la main à côté du transporteur du hangar supérieur du QG. Il salua le Général Sénior Arligan Zey et présenta ses ordres de missions.
- Matricule A-21 au rapport, Général, fit le clone imperturbable.
- Repos, lieutenant, répondit le Jedi. Voici votre... escorte. (Il devina un sourire sur le visage du clone.) Vous les accompagnerez lors de cette mission. Vous avez eut votre briefing?
- Oui, Monsieur.
- Bien, alors que la Force soit avec vous.
Les trois Jedi hochèrent la tête. Le clone se tourna vers eux. Il désigna les trois Jedi du plus petit au plus grand.
- Zak et Maarek Delterr, et Maître Braalv, ravi de vous connaître. Vous êtes mes supérieurs hiérarchiques, mais il est de mon devoir, ajouta-t-il, de vous dire que nous sommes en retard sur l'horaire. La réception a lieu dans trois heures et le train démarre dans deux heures et demi.
- Très bien lieutenant, allons-y, dit Braalv.
Ils suivirent le clone dans un transporteur républicain de type CR20. Un homme les accueillit à l'entrée.
- Tomas Verlin, votre hôtesse pendant ce vol! Demandez et vous serez exaucés!
- Charmant! fit Braalv. Dans ce cas, une tasse de stimthé, dit-elle en se laissant prendre au jeu.
Maarek prit un stimcaf et Zak déclina l'offre, tout comme le clone ARC. L'écoutille se referma et le transporteur s'éleva en douceur du tarmac de la piste pour finalement s'élever dans les cieux de Coruscant, direction Corsin.

- Par la Sith, mais c'est du suicide?! cria Maarek pour couvrir le vent qui s'engouffrait dans la baie de stockage du vaisseau.
- Allons Maarek, ne faites pas de chichis! Vous êtes un Jedi oui ou non? dit Tomas.
- Un Jedi oui, un commando non!
- Allez commandant, en selle! s'écria le clone en saisissant facilement le jeune homme et en l'installant derrière lui.
A côté du jeune homme et du clone, Zak était accroché à la tunique de la Togorienne.
- Prêts? Bonne chance!
Tomas rabaissa la rampe qui plongea littéralement les motos-jet dans le vide au-dessus de la capitale de Corsin. Les engins avaient été modifiés personnellement par ses soins avec un ajout de cristaux anti-grav pour supporter le poids de la descente. Le CR20 remonta sa rampe, abandonnant les Jedi au destin qui les attendait: celui de sauver des vies.

Delsk resplendissait dans son uniforme violet. Les cordons jaunes de son grade antérieur pendouillaient à chaque fois qu'il marchait. Sa belle carrure transparaissait au travers du textile utilisé pour l'uniforme, au point que certaines dames de la bonne société corsinienne se retournèrent pour contempler le beau balafré. Son blaster, bien à l'abri dans son étui noir en cuir, n'avait pas éveillé les soupçons des gardes de la sécurité qui avait reçu l'ordre de le laisser passer. Le voyage commençait à être agréable: petits fours, champagne des coteaux de l'hémisphère nord, discussions plus ou moins agaçantes sur les nouvelles taxes imposées par Palpatine pour financer l'effort de guerre, le dernier enfant envoyé au COMPOR afin d'aider la République, etc, etc.

A tout cela, Deslk hochait la tête avec appréciation, mais il ne perdait bien évidemment pas son plan de vue. Jom'bas, à ses côtés, avait laissé tomber son attitude de malfrat notoire pour adopter la bonne vieille pose aristocratique qui caractérisait tout bon Etti. Il avait même commencer à faire sa cour à une jeune demoiselle visiblement enchantée de rencontrer un héros de guerre. Delsk en éprouva de la jalousie: si le prestige de l'uniforme faisait son office, tout le monde ne pouvait que remarquer l'énorme cicatrice qu'il avait sur le visage. Mais il se réconforta en se disant que si Jom'bas avait passé la nuit avec la demoiselle, cette dernière aurait été surprise de le voir en possession d'une jambe artificielle.
Le héraut, vraisemblablement puisqu'il prit le micro, réclama l'attention.
- Mesdames et Messieurs, veuillez saluer notre Président, Forge Pel-Man. Suivit de son Premier Ministre et de sa femme, Jerem et Larima Delterr.
Le premier entra en compagnie de quatre gardes officiels, ce qui constituait une bonne escorte. Alors que l'agent Séparatiste pensait que les officiels de Corsin, trop occupés à se goinfrer de petits fours, ne pourraient qu'applaudir modestement, un tonnerre de clappements de mains retentit, faisant presque sourire Delsk de sa remarque.
- Si je l'abats devant eux, se dit-il, alors le moral de Corsin sera doublement atteint.
Son comlink vibra contre sa ceinture et Delsk le tira prestement vers lui pour le mettre à sa bouche.
- J'écoute.
- Nous sommes en place, fit le troisième homme du groupe. Les autres sont partis en tête.
- Bien. Commencez l'opération dans vingt minutes.

Un cri de surprise resta coincer dans la bouche de Maarek, peu habitué aux descentes en chute libre. A-21 avait presque incliné leur moto-jet à la verticale, ce qui avait fait pâlir le jeune homme. Saisissant son grappin magnétique le clone tourna subrepticement sa tête vers le jeune homme.
- Préparez-vous!
Lorsqu'il vit le filin se dérouler à l'infini en direction de l'aéro-train, Maarek sortit également son lance-grappin et fit feu. Avec une rapidité impressionnante, l'embout du filin se colla contre la coque du train et le retardataire s'enclencha immédiatement, à une seconde d'intervalle avec le clone. Soudain propulsé en hauteur, un autre cri de surprise ne parvint pas à sortir de sa bouche. Rapidement, il se retrouva balancé contre la coque de l'aéro-train. Il vit le clone escalader sans efforts pour remonter sur le toit, mais Maarek préféra utiliser la Force pour se propulser et atterrir à proximité de son frère. D'un coup d'?il en contrebas, il vit les motos-jet continuer leurs courses dans les boulevards de la capitale pour finalement déraper et se perdre contre les speeders du trafic.
- Tout le monde est en vie? fit A-21 sur le ton de l'humour.
Zak fit semblant de se tapoter le visage et le corps.
- Je crois que tout est la, répondit-il avec le sourire.
- Bien, coupa Maître Braalv, il ne nous reste plus qu'à nous infiltrer. Elle souleva alors une trappe qui conduisait au conduit technique de l'aéro-train. La progression du lieutenant A-21 se fit plus aisé, en grande partie parce qu'il avait troqué son armure de soldat contre un body beige et un pantalon noir. Il pénétra le premier puis, après avoir vérifié que la voie était libre, fit signe aux trois Jedi de le suivre. Dans l'obscurité totale, le clone alluma une lampe de poche et repéra rapidement le tableau de l'éclairage. Après une rapide fouille et quelques fils débranchés puis une reprogrammation de l'ensemble du système qui dura deux bonnes minutes, l'exacte reproduction de Jango Fett se tourna vers eux.
- Dans une minute trente, nous aurons l'obscurité totale.
- Alors nous pourrons intervenir, compléta la Togorienne. Bon travail, lieutenant.
Ce dernier hocha la tête puis mit sa main sur la poignée. Zak, s'ouvrant à la Force et projetant ses sens, ne sentit pas le danger à l'horizon. Il fit un signe de tête en même temps que Braalv. La main sur la poignée appuya doucement sur cette dernière qui s'ouvrit sans grincement, au grand soulagement de l'équipe. Sortant un blaster, le clone avait entrepris de compter puis commença à courir dans le couloir, suivit des Jedi.
Il fallait protéger le Président.

Une soudaine panne d'éclairage fit éclater des hoquets de surprises mais aussi des cris dans l'assemblée. Certaines personnes cherchèrent à rejoindre les issues de secours, avant de s'apercevoir qu'il n'en existait pas. Delsk sourit alors de la situation dans laquelle il se retrouvait: sans le vouloir, il avait l'occasion d'abattre le Président de Corsin et ses gardes officiels sans que ses derniers s'en rendent compte. Jom'bas avait saisi lui aussi son blaster de son holster, au même moment que Delsk. Le braquant vers l'une des positions du garde de tête qu'il avait mémorisé, il appuya sur la détente pour automatiser le tir en série.
Cinq tirs de blaster fusèrent vers la gauche du vétéran de la Guerre de Stark et un bruit de cadavre tombant, ainsi qu'une odeur de brûlé monta aux narines de l'homme. De son côté, l'Etti avait réussi à tuer l'autre garde, puis à blesser le troisième qui s'écroula avec un cri. Le quatrième garde se plaça devant Forge Pel-Man et se prit l'ultime tir de blaster. Mais c'est à ce moment là que des bruits de pas venant de derrière et de devant arrivèrent aux oreilles des deux Séparatistes, de même que l'éclairage de secours s'alluma en même temps.
Trois Jedi et un homme qui ressemblait étrangement à Jango Fett entourèrent le Président et allumèrent leurs sabres laser. Des lames vertes et bleus projetèrent de la lumière sur les cloisons. Du côté des ennemis de la République, trois autres hommes et un Ishi-Tib vinrent rejoindre Delsk. Le règlement de compte allait commencer.
A-21 pointa son blaster en direction de l'Ishi-Tib et fit feu. Ce dernier s'écroula avec un trou dans la poitrine qui aurait pu laisser passer un bras. Zak et Maarek en profitèrent pour parer les tirs des agents Séparatistes pour les renvoyer dans leurs directions. Ces derniers avaient soulevé des tables pour s'abriter de leurs propres tirs, gardant ainsi les Jedi à découvert.
Braalv entreprit de relever le Président et de le placer derrière elle en reculant. Ses gestes étaient fluides et bien placés afin d'éviter toutes possibilités de meurtre sur la personne du Président. Maarek accompagna sa nouvelle Maître et releva une table avec la télékinésie pour abriter Forge Pel-Man.
- Restez caché ici Monsieur, fit le jeune homme.
Ce dernier, trop choqué par la tentative d'assassinat, secoua la tête de haut en bas pour répondre par l'affirmative. Maarek balaya ensuite le gigantesque wagon du regard et croisa celui de deux personnes que ses souvenirs firent rejaillir: son père et sa mère, étendus face contre terre, pour se protéger. Tout en renvoyant les tirs, il ne pouvait pas s'empêcher de regarder son père et ce dernier de le regarder. Etait-ce cela, les fantômes, dont avaient parlé Yoda?
En se posant toutes ses questions, il avait perdu de vue ce qui se passait autour : d'autres agents Séparatistes, trois, avaient émergés des cuisines de l'aéro-train. Ils pointèrent leurs blasters dans le dos de Maarek. Avant que ce dernier ait eu le temps de se retourner et de replacer son sabre dans son dos pour anticiper les tirs. Jerem Delterr se releva prestement puis dérapa.
- Maarek! cria-t-il.
Trois tirs se figèrent dans la poitrine du père des frères Delterr. Une odeur âcre de chair brûlée monta au nez du jeune Jedi, qui regarda sans mot dire le corps de son père étendu. Il entendit sa mère crier et sangloter, pendant que la colère et les larmes montaient aux yeux du Padawan.
- Maarek, n'oublie pas notre mission, gronda la Togorienne.
Mais il avait oublié le monde qui l'entourait. Il fixait de ses yeux arrogants les deux hommes déguisés en uniformes violets. Prenant son sabre laser à deux mains, il le plaça sur le côté et se lança dans la mêlée en poussant un cri de désespoir. Braalv essaya de le retenir, en vain. Propulsant ses jambes en l'air avec l'aide de la Force, Maarek se retrouva dans le couloir. Sans se retourner, il balaya avec son sabre l'amas de Séparatistes qui essayaient d'empêcher A-21 et les Jedi d'accéder au poste de pilotage. Jom'bas perdit son sabre armé du coup de sabre laser et un deuxième homme fut éventré. Il remarqua que Delsk essaya de s'échapper sous l'emprise de la peur : un Jedi en colère faisait toujours cette impression. Un agent essaya de s'interposer dans la fuite de Delsk, lui laissant le temps de tourner dans le couloir pour monter sur le toit. A-21 l'abattit d'un tir de blaster, trop heureux que l'action s'amorce un peu.
Cinq mètres devant lui, il vit Delsk cavaler dans le couloir et essaya de le rattraper. Mais le balafré était bien plus rapide. Arrivé en bout de couloir avant le changement de wagon de tête, il fut cueilli par deux autres blasters Séparatistes, qu'il fit taire rapidement après avoir coupé la main du premier et donner un coup de sabre dans le ventre dans le deuxième qui poussa un gargouillis ressemblant à du sang coagulant au contact de la chaleur du sabre laser. L'instigateur du complot qui venait de tuer cinq personnes, dont le père de l'aîné des frères Delterr.
Il entra dans la cheminée de secours où un escalier en barreaux conduisait sur le toit de l'aéro-train. En haut des marches, Delsk se retourna et fit feu vers la position de Maarek. Fort heureusement, avec l'aide de la Force, il avait entreprit de reculer prestement une microseconde avant que les tirs de carbonisent le sol. Il revint ensuite dans la cheminée et fit appel à la Force pour se propulser directement en haut. Lorsqu'il posa les pieds sur le toit, il fut accueilli par un coup de vibro-poignard directement dans l'épaule, ce qui lui arracha un cri de douleur comme jamais il n'en était sorti de sa bouche.
Il envoya la Force pour calmer la douleur puis s'aperçut qu'il avait raccroché son sabre avant de sauter. Un coup de poing de Delsk lui factura ensuite une côte ce qui l'obligea à tituber en arrière en direction du cockpit de l'aéro-train. Mais la Force était avec lui, et grâce à elle, il était plus fort et pouvait anticiper les actions de son adversaire...
Son ennemi, se corrigea prestement Maarek.
Au moment où le Séparatiste allait lui infliger un coup de pied dans le ventre, Maarek se tourna prestement et le saisit. Il tourna rapidement le pied de son adversaire en équilibre, qui émit un craquement lorsque l'os se retrouva cassé. Delsk, qui avait supporté la douleur de sa cicatrice pendant la Bataille de Qotile, n'avait pas émis le moindre son, tout juste si Maarek avait pu lire une marque de souffrance. Relâchant le pied de son ennemi, il se mit automatiquement en position de défense pour accueillir une nouvelle attaque. Delsk, quant à lui, tituba en direction de la queue de l'aéro-train. Maarek, lorsqu'il vit sur son adversaire était vaincu, s'approcha de lui.
- Tu as tué mon père! Tu as tenté d'assassiner le Président de Corsin! Tu vas payer pour tes crimes!
- Tu vas me tuer, hein? cria Delsk. Je pensais pourtant que les Jedi ne pouvaient pas tuer.
Maarek ne répondit rien mais sa colère était plus grande : si sa mission était de protéger le Président et de capturer les instigateurs du complot pour interrogatoire, alors il se devait de livrer l'homme étendu sous ses yeux aux Services de Renseignements de la République. Armand Isard et ses agents sauraient mieux que quiconque lui tirer les vers du nez.
- Je ne t'ai pas tué, mais j'aurai pu le faire, déclara Delsk en soufflant. Autrefois, un Jedi m'a sauvé de la mort pendant la Guerre Hyperspatiale de Stark. Mais tu comprendras que ma mission ne permet pas l'échec.
Il reprit alors son vibro-poignard, prit appui sur ses coudes et se releva rapidement. Maarek chercha la poignée de son sabre laser avant qu'il ne se fasse embrocher, regrettant amèrement sur le coup de s'être lancé à la poursuite de Delsk seul. C'est alors qu'un bruit de tir de laser retentit et que l'aéro-train commença à décélérer. Delsk regarda autour de lui mais ne sentit plus ses jambes, plus du tout. Son corps bascula sur le côté vers le vide et Maarek essaya de retenir l'homme par les cordons jaunes de son uniforme, qui cédèrent sous le poids du militaire. Le corps inerte tomba droit dans le vide, tourbillonnant sur lui-même et percutant le sol quelques secondes plus tard. Alors que le train avançait vers le terminus de la ligne, Maarek observait les yeux vide le corps de l'homme et la foule amassée autour de lui sur la Place de la Liberté.
Lentement, la tête baissée, Maarek vit A-21 le blaster baissé.
- Pourquoi as-tu fais ça? lui demanda-t-il.
- Il allait vous tuer, répondit le clone. Cela constitue un argument suffisant?
Il semblait que c'était le soldat qui le disputait alors que c'était à Maarek d'être en colère. Mais il ne releva pas le gant; au contraire, il sembla s'apaiser, comme si la mort de son père avait été vengé.
- Merci, fit-il simplement.
- Tout le plaisir a été pour moi commandant...
Les deux hommes redescendirent dans l'aéro-train, et la Maître Jedi Togorienne cueillit Maarek.
- Pourquoi ne m'as-tu pas écouté? Où te croyais-tu? Je t'ai senti succomber au Côté Obscur à cet instant même! cria-t-elle à l'intention de son nouveau Padawan.
- C'était mon choix, répondit simplement le Padawan, honteux.
- Tu répondras de ce choix devant le Conseil, Padawan.
Le ton formel par lequel la Maître Jedi s'était adressée à lui le fit frissonner.
- Je suis désolé, Maître.
Mais la Togorienne tourna les talons pour rejoindre le Président de Corsin. Zak sembla regarder son frère avec pitié, ou alors avec plus de respect. Le regard triste que Maarek lui adressa fit hocher la tête de Zak, comprenant vraisemblablement le chagrin qu'il avait éprouvé après la perte de leur père. Pendant de si nombreuses années, l'Ordre Jedi lui avait caché ce qu'était des sentiments comme l'attachement ou l'amour. Aujourd'hui, avec la mort de Jerem Delterr, son père, il avait compris pourquoi les Maîtres Jedi et les Chevaliers, ayant la responsabilité de la formation des jeunes Padawans, protégeaient les jeunes apprentis de tels sentiments.

Sur Coruscant, trois jours plus tard
La Salle du Conseil lui semblait bien plus réduite que la dernière fois où il y était entré. Braalv, sur sa droite, avait pris la parole devant les sages Maîtres Jedi du Conseil.
- Il a désobéit à mes ordres. Je lui ai dit de ne pas poursuivre le Séparatiste mais la mort de son père l'a fait basculer. Il cherchait la vengeance.
Le silence s'installa, puis fut brisé par le plus sage des sages, Yoda.
- Hum, prédit je l'avais, averti tu avais été Maarek, de ce qui t'attendais là-bas, dit Yoda.
- Oui Maître. Mais j'ignorais ce que vous appeliez les "fantômes" de mes souvenirs.
- Vous envoyez là-bas nous n'aurions pas dû, dit Yoda. Mais la mission vous avez rempli malgré l'échec de ta résistance au Côté Obscur. Sur ce qui s'est passé, nous te conseillons de bien méditer.
Braalv, visiblement guère enchantée du jugement du Conseil, s'inclina lourdement, suivie de Maarek. Ils se retirèrent, mais Maarek avait senti qu'il s'éloignait de la Togorienne dans le lien qui les avait unis depuis le début de la mission. Il se sentait prêt à lui démontrer qu'il valait mieux que ce simple accident.
Chapitre Huit
Il y avait des jours où Maarek ne comprenait jamais le Conseil des Jedi. Moins de deux semaines auparavant, il comparaissait devant Maîtres Yoda, Windu, Koon, Mundi, etc, pour avoir tué le meurtrier de son père et l'instigateur du complot contre le Président du Sénat de Corsin. A son grand malheur, Maître Braalv avait commencé à s'éloigner de lui à cause de son comportement, comme s'il allait la contaminer avec ses sentiments. Depuis, il ne ressentait plus qu'un immense vide: il n'avait pas vu son père pendant des années, et en à peine une vingtaine de minutes, il l'avait perdu pour toujours. Il comprenait - et il l'avait toujours compris cela dit - pourquoi de tels sentiments tiraillaient les gens. Ses réflexes l'avaient incité à poursuivre le dénommé Delsk pour l'arrêter, mais pas pour le tuer!
Le Conseil des Jedi avait cru qu'il avait délibérément assassiner Delsk de ses propres mains, mais le clone ARC qui l'accompagnait, A-21, n'avait fait que son travail. C'étaient ses réflexes qui avait sauvé le jeune Jedi. Levant la tête, il observa son frère. Ce dernier jeta un coup d'?il furtif comme s'il l'évitait, mais Maarek comprenait bien que Zak contemplait son chagrin en silence. Il lui avait fait part de son soutien : après tout, ils étaient frères! Leur père était une des rares choses qu'ils avaient en commun, et à peine était-il mort, qu'ils pensaient avoir perdu leur mère.
Peut-être pour leur faire oublier leur chagrin, le Conseil des Jedi les avait envoyés sur Vandos III, où l'amiral Arikakon Baraka les attendait pour un briefing de mission. Ils ignoraient encore quoi, mais le simple fait de les envoyer seuls en mission signifiait deux choses : ou bien les Maîtres du Conseil souhaitaient tester une nouvelle fois les deux frères Delterr, qu'ils jugeaient assurément peu sûrs ou trop sûrs d'eux-mêmes, ou bien cette mission était une sorte de rédemption ou de promotion pour l'un ou l'autre. Vandor III était une planète essentiellement aquatique, troisième planète du système de Coruscant, d'où l'installation d'un amiral Mon Calamari dans son élément. On y entraînait les nouveaux clones ARC et les commandos de la République. Zak avait sa petite idée sur la mission et il en fit part à son frère.
- Tu penses à une mission de sabotage? fit Zak en se levant et en arpentant le couloir des passages de la navette ST-XX.
- Oui... ou bien d'arrestation d'un leader planétaire Séparatiste, dit Maarek en faisant la grimace. Je n'aime pas commander les hommes... ils dépendent de moi et j'ai déjà trop perdu...
- Nous avons déjà trop perdu, rétorqua son frère.
- Je ne pensais pas qu'à notre père, Zak. Je pensais aussi à tout notre détachement de clones sur Kamino, à nos frères Jedi sur Rhen Var...
- Ce n'était pas ta faute! Ce sont les droïdes qui les ont tués, pas toi! Et cesse de t'en vouloir pour... père. (Zak se rendit compte qu'il n'arrivait pas à prononcer le nom familier, papa.) Ce sont ces mercenaires engagés par Delsk qui l'ont tué. Il s'est sacrifié pour te sauver! Tu devrais lui être redevable plutôt que de pleurer... Ce n'est pas l'attitude...
- ... qu'on attend d'un Jedi, finit Maarek! Je sais! Combien de fois Maître Yoda nous a dit: "La tristesse mène vers le Côté Obscur. Tout comme l'amour." A chaque fois, on nous rabâche la même chose. Dans quel intérêt?
- Vu la façon dont tu t'emportes, répondit Zak, Maître Yoda a dû connaître des Padawans qui ont sombré dans le Côté Obscur bien plus que toi et moi n'en verrons. Tout précepte à sa raison.
Maarek hocha la tête. Depuis quelques temps, il devenait trop hargneux et une bonne méditation aurait été recommandée. Il s'assit en tailleur dans le couloir et ferma les yeux, le dos des mains sur les genoux : on appelait cela la Méditation du Repos.
- Préviens-moi quand nous arriverons.
Zak hocha la tête et regarda son frère entrer en méditation. La pièce se remplit alors de paix, le jeune garçon sentant la Force affluer en son frère et le calme surpassé l'état de colère.

Vandor III était un complexe militaire assez extravagant. Du moins c'était l'avis de Maarek, qui regardait se dessiner par le hublot un polygone fait de bric et de broc : à la fois des complexes en durs, mais aussi des habitats précaires, dont il n'identifia pas la matière, mais qui devait servir de baraquements aux soldats clones. Au nord du complexe, la mer venait lécher avec ses vagues modestes les plages du complexe. Une dizaine de personnes vraisemblablement en permission semblaient prendre du bon temps. Un peu plus loin, à environ cinq kilomètres, une base flottante qui servait de Quartier Général et de centre d'entraînement sous-marin pour les soldats Scuba, des clones équipés de scaphandres et de fusils blaster sous-marins, voguait paisiblement sur l'eau.
La navette se posa quelques instants plus tard et une enseigne Ishi Tib accueillit les deux Jedi.
- Commandants Jedi, l'Amiral vous attend dans son bureau, veuillez me suivre.
Il désigna un speeder militaire aux rayures rouges sur fond gris métallisé. Les deux Jedi y montèrent et l'Ishi Tib se mit au volant. Tout doucement, l'engin s'éleva d'une quarantaine de centimètres et démarra pour rejoindre le complexe militaire central. Le long de la route, Zak observait les entraînements des clones : une personne qu'il identifia comme le combattant de Tëras Käsi, Phow Ji, entraînait les clones au close-combat. L'un des assaillants se prit un coup de poing dans le plexus mais tituba à peine. Il contre-attaqua vers Ji, qui lui retourna un coup de pied directement dans le tibia droit. Il n'eut pas le temps de voir la suite puisqu'ils arrivèrent aux bureaux du Haut Commandement de la 182ème Légion des Soldats Clones, une division rattachée à la Grande Armée de la République, que commandait Ki-Adi-Mundi.
En gravissant les marches, les deux Jedi virent de nombreuses personnes, humains comme extraterrestres, les saluer militairement et sourire, exprimant un respect certain pour ces gardiens de la paix de la République Galactique et ces combattants de la Confédération des Systèmes Indépendants. Zak avait déjà observé ces pratiques quand il avait rencontré des civils. Les légendes sur les Jedi fondaient la République et tout le monde avait ses histoires sur un Jedi connu ou pas. D'autant plus que l'Holonet avait contribué à médiatiser les Jedi pendant la Guerre.
L'enseigne les conduisit jusqu'à une salle de briefing privé, où les attendait le Mon Calamari, un humain inconnu aux yeux des frères Delterr et un clone qu'ils identifièrent tous deux comme étant A-21. Zak jeta un regard entendu à Maarek qui ne sourcilla pas. Ils s'inclinèrent poliment en entrant dans la salle de briefing, dont la porte se referma après leur passage.
- Jedi Delterr, bienvenue sur Vandor III. J'espère que votre voyage d'agrément s'est bien passé, dit-il d'une voix rauque. Mais passons aux choses sérieuses, vous n'êtes pas venus là pour écouter la météo n'est-ce pas? (Le sourire de l'homme en retrait fit comprendre à Maarek qu'il avait déjà entendu la même chose qu'eux avant.) Je vous présente Joram Kithe, du Département des Dépenses du Ministères des Finances. Et une de vos connaissances, le clone ARC A-21.
Arikakon Baraka se racla la gorge et s'assit dans son siège, derrière son bureau.
- Avant de faire davantage les présentations, je voudrai vous montrer ce pourquoi vous êtes venus, dit-il en s'appuyant sur ses accoudoirs. (Il saisit une télécommande et la pointa vers un holoprojecteur au centre de la pièce.) Vous allez voir, c'est édifiant...
L'hologramme se brouilla pendant une ou deux secondes, puis des coordonnées s'affichèrent:
MESSAGE EN PROVENANCE DE PENGALAN IV // 13:8:4.
Une voix, brouillée, tentait de s'exprimer. Les deux Jedi étaient perturbés par la sensation de peur qui sortait de la gorge de l'homme qui tentait de parler. Visiblement, Joram Kithe et le clone ARC ne semblaient pas être inquiétés plus que ça.
"Me recevez-vous? Me.... us? Je répète : ici le capitaine Chalco, des Milices Républicaines de Pengalan! Nous sommes attaqués depuis trois jours par les Séparatistes nous... (Un bruit de tir d'artillerie coupa le son pendant plusieurs secondes. Maarek et Zak virent l'homme s'effondrer après que la poussière ait pénétré dans le bunker dans lequel il se terrait.) Nous avons besoin d'aide! J'envoie ce code d'urgence sur toutes les transmissions de la Grande Armée de la République! Nous avons besoin d'aide! (Un cri de mort puis des tirs de blaster tout proches retentirent. Ils entendirent des bruits de pas qui se rapprochèrent du bunker.)
- Capitaine, ils pénètrent le périmètre de défense! D'après leur tactique, leur cible est l'usine de productions de missiles!
Le capitaine Chalco hocha nerveusement la tête puis se retourna prestement vers l'holocaméra qui enregistrait le message.
- Ceci s'adresse à l'éventuelle flotte de d'intervention que la République Galactique daignerait nous envoyer: les coordonnées 450-21-D-8 vous permettront de trouver l'usine de missile dans Tur Lokin. Je vous en prie, nous..."
L'image s'arrêta puis Chalco devint statique. Les deux jeunes garçons pouvaient lire sur son visage la mort qui arrivait et ils espéraient que l'homme avait survécu. Il semblait avoir l'âge de Joram Kithe, quoiqu'un peu plus jeune. L'Amiral Baraka indiqua d'une main palmée le fonctionnaire de la République.
- Joram Kithe nous a été attribué par le Ministère des Finances afin d'établir le registre des performances des nouveaux clones ARC. Même si vous avez vu certaines de leurs performances durant la Bataille de Kamino, le Conseil Républicain et le Sénat Galactique ne sont pas convaincus...
- Ils ont anéanti les forces droïdes à eux tout seuls! Que leur faut-il de plus? l'interrompit Zak.
Baraka leva une main palmée.
- Du calme, je n'ai pas fini, répondit-il. Je disais donc qu'ils n'étaient pas convaincus mais Merr-Sonn qui exploite l'usine d'armement sur Pengalan IV, a fait pression sur le Chancelier Palpatine pour qu'il envoie une escouade libérer la planète... ou plutôt l'usine...
- Et? fit Maarek.
- Et vous êtes là pour escorter Monsieur Kithe dans sa mission.
- Eh! On n'a pas signé pour jouer les nounous, s'écria Zak. Nous sommes des Jedi! Des diplomates...
- Vous êtes engagés dans une guerre, Commandant-Padawan, et votre Conseil des Jedi a décidé que vous mèneriez la Grande Armée. Est-ce un point sur lequel vous voulez négocier? Dans ce cas, ce n'est pas à moi qu'il faut s'adresser...
- Vous savez, intervint Joram Kithe en souriant, ça ne me plaît pas plus à vous qu'à moi!
L'homme était de taille moyenne, plutôt musclé et semblait mal rasé, ou du moins était-ce son style. Il avait des yeux marrons et le sourire aux lèvres. La Force ne soufflait pas aux Jedi de se méfier de lui... plutôt d'engager la conversation.
- J'imagine oui, dit Zak. Je comprends maintenant quelle mission de rédemption le Conseil te fait faire, chuchota-t-il à son frère.
- Bien, alors vous partez dans vingt-quatre heures, dit Arikakon Baraka. Vous prendrez l'un des croiseurs de ma flotte, L'Héritage de la Mer et accompagnerez M. Kithe ici présent, le clone A-21, ainsi que cinq autres clones ARC et une escouade complète de soldats clones pour vous couvrir. D'après nos sondes de renseignements, la résistance ne devrait pas poser de problèmes.
- Vous êtes sûrs? demanda Joram. On a quand même vu une légion entière de milice se faire massacrer par les droïdes de combat... ou bien leur résistance et leur tactique était médiocre ce qui explique que la Fédération ait pu atterrir, ou bien les Renseignements se sont trompés.
- Monsieur Kithe, vous êtes nouveau dans le métier. Sachez que les Renseignements ne se trompent jamais. (Il se retourna vers les Jedi.) Bien, je pense que tout a été dit. Je vous souhaite... bonne chance et vous revoir entier pour un débriefing.
- Hum... merci, fit Maarek.
Zak se contenta d'incliner la tête et tous les quatre sortirent, puis firent quelques pas jusqu'à se retrouver au rez-de-chaussée du Quartier Général.
- Bien... et maintenant? demanda A-21.
- Si on leur présentait notre équipe? répondit Joram.
- Bonne idée, j'allais le proposer!
- Le courant a l'air de passer entre vous deux, observa Maarek, narquois.
- Vous savez, dépouillez les clones au sabacc ça renforce les liens, fit Joram dans clin d'?il tandis qu'A-21 lui jetait un regard noir.

Ils arrivèrent aux pieds du croiseur Acclamator nommé l'Héritage de la Mer, flambant neuf, tout droit sorti des industries Rothana où les amis de Maarek au Temple Jedi s'étaient rendus pour superviser l'approvisionnement. Reposant sur trois énormes patins destinés à supporter le poids de la carcasse de plaques de duracier, le croiseur offrait une large baie destinée à accueillir les soldats clones, tous grades compris, ainsi que les canonnières, les RT-TT, etc. Il s'agissait d'une vraie fourmilière. D'un côté, son jeune frère semblait à son aise. Il avait vu quatre chasseurs Jedi entreposés dans la large baie et l'aîné devinait sans problème à quel point il avait hâte de se retrouver aux commandes du vaisseau. Il se tourna vers Joram Kithe.
- Vous savez piloter ce mastodonte?
- Moi? Non, jamais de la vie! J'ai plusieurs choses dans mon CV mais rien de tel. Je me suis rendu sur Commenor afin de suivre un stage nommé le Succès par le Charisme et l'Influence, puis un autre stage dans un régiment des services de sécurité de la planète. Puis, je suis parti sur Muunilinst avant la Guerre pour suivre des cours d'ingénieur en xéno-économie, et je me suis retrouvé sur Mon Calamari pour travailler dans la Production Economique Subaquatique...
- Impressionnant CV en effet, souffla Zak. Rien dans le pilotage?
Joram fit non de la tête.
- J'ai le mal de l'air.
Maarek se retourna vers son jeune frère.
- Je crois qu'il revient à toi de commander cet engin... moi et le pilotage ça fait deux.
- Ne t'inquiète pas, j'ai ça dans le sang. Je vais d'abord voir le supérieur du pont pour l'informer.
Il tourna les talons et courut vers la baie, où il gravit la rampe posée à même le sol. A-21 se racla la gorge et montra une direction.
- Commandant, mes autres frères vous attendent, je crois que nous devrions faire les présentations.
Ils s'avancèrent en direction d'un terrain d'entraînement en ferrobéton où des clones ARC s'affrontaient à la vibro-lame et au vibro-poignard. Les combats semblaient à la fois superflus, de par leur teneur d'attaque-parade qui rendait superficielle toute éventuelle imagination en combat, et puissants, de par les cris que les clones ARC poussaient à chaque échange et par le travail des muscles qu'ils pouvaient observer pendant les exercices. Comme s'ils avaient ressenti sa présence, ils cessèrent les engagements et firent deux colonnes, se saluant pour marquer la fin.
- Clones ARC, je suis Maarek Delterr, Padawan de l'Ordre Jedi et Commandant de la Grande Armée de la République. Vous remplirez avec moi votre première mission. Nous devons détruire un complexe de missiles tombés aux mains des Séparatistes et qui produit à l'heure actuelle les nouveaux missiles à diamants, particulièrement vitaux pour l'effort de la guerre de la République.
Il dévisagea un instant les clones : ils avaient tous la tête de Jango Fett, mais ils n'avaient pas son âge. Ces derniers étaient droits comme des i écoutant attentivement ce qu'il avait à dire.
- Nous approcherons de la planète, puis nous lancerons les canonnières. Ce sera alors à vous de jouer. Vous devrez prendre l'installation de missiles... et la détruire s'il s'avère que la position ne sera pas tenable. Compris?
Ils clamèrent leur accord par un "Oui Commandant" qui fit sourire Joram Kithe. Ce dernier semblait être habitué à l'intelligence collective des clones, mais plus Maarek les fréquentait, moins il comprenait comment des gens qui n'étaient pas dotés des pouvoirs de la Force pouvaient être capables de télépathie. Il continua à observer les clones puis hocha de la tête.
- Bien, alors rendez-vous dans le croiseur. Nous partons demain matin.
Les clones remirent leurs casques surmontés de crêtes bleus et prirent leurs armes, leur seul package, pour remonter la rampe et se rendre dans leurs quartiers assignés au sein de l'Héritage de la Mer. Maarek regarda A-21 les accompagner et s'adressa ensuite à Joram Kithe, qui fronçait les sourcils.
- Oui?
- J'ai un mauvais pressentiment, fit l'observateur. Comme si de nombreux clones n'allaient pas en revenir vivants...
- Pas besoin d'être grand clerc pour voir ça. La guerre fait des morts, et les premiers sont des clones. Ce sont eux les victimes, avec les civils.
- A combien estimez-vous nos pertes?
- Je ne sais pas... en simulation, j'ai réussi à ne pas perdre la main en gardant plus de 80% de mon effectif... mais ce ne sont que des simulations. Sur Rhen Var, la presque totalité de mon bataillon y est mort, ainsi que certains Jedi dont on m'avait affixé indirectement la garde. (Kithe le fixa.) Il se pourrait bien que ni vous ni mon frère et moi n'en sortions vivants.
- Voilà ce que je voulais entendre, grommela l'homme.

Zak faisait les cent pas sur le pont de commandement. Maarek, resté en retrait avec A-21, Joram Kithe et les autres clones ARC, faisait le point pour la mission autour de l'hologramme de Pengalan. Le jeune homme ne s'était jamais retrouvé aux commandes d'un vaisseau de cette importance : le plus gros avait été une canonnière... et encore qu'il ne la pilotait pas. Il avait rencontré le commandant de passerelle, une Zabrak du nom de Zeelan Crei, qui avait servi sous Arikakon Baraka pendant la Bataille de Kamino. Ils avaient parlé de détails techniques et le plus jeune des frères Delterr semblait s'enrichir de connaissances sur les vaisseaux à son contact. La Zabrak lui avait présenté les différents postes de pilotage, artillerie, lancements, etc. Elle lui avait aussi expliqué que les canonnières étaient installées sur des rails de lancement autour du hangar principal. Il avait appris presque par c?ur les plans et la répartition des équipages, au cas où.
Après un débat sur la meilleure manière de prendre par surprise les troupes droïdes installées sur la planète, Zak décida qu'il était temps de quitter la base d'entraînement de la Grande Armée.
- Poste 01, fermez les écoutilles et la baie d'embarquement. Poste 02, allumez les moteurs et les répulseurs, faites-nous quitter la surface. Poste 03, maintenez les clones en état d'alerte. (La Zabrak hocha la tête comme si elle était sa mentor. C'était un peu le cas, puisqu'elle avait une vingtaine d'années de plus que lui.) Maarek, Joram, je pense qu'il est temps pour nos amis, fit-il en désignant les ARC, de rejoindre la baie d'embarquement. Si j'ai bien compris, ils feront partie de la première vague.

Son frère aîné répondit par l'affirmative.
- En effet, c'est sûr eux que tout repose.
- Et sur moi aussi, intervint Joram.
Zak fit un sourire. Le croiseur s'élevait doucement dans l'atmosphère de Vandor III. Il se tourna vers le poste 02 et demanda de passer au maximum sur les turbines. Le croiseur accéléra alors, arrivant en quelques secondes à sa vitesse de croisière puis quittant définitivement Vandor. Il filait rapidement dans l'espace, quittant l'attraction. Zeelan Crei demanda au clone s'occupant du calcul hyperspatial d'entrer les coordonnées. Il confirma plusieurs minutes après que les coordonnées avaient été calculées et que le saut en hyperespace était paré.
Le nouveau commandant de l'Héritage se tourna alors vers le clone.
- A mon commandement, passage en hyperespace... maintenant!
Le navigateur abaissa au même moment l'énorme levier pour passer en hyperespace, un tunnel de lumière d'étoiles se forma autour du croiseur Acclamator, semblant l'engloutir à tout jamais. Puis, une vitesse impressionnante s'exercera pour quiconque l'aurait vu de l'extérieur, projetant le vaisseau en direction de Pengalan.

Etre un prisonnier des Séparatistes n'était pas un statut à jalouser. Non seulement ces derniers n'avaient pas besoin de nourrir leurs troupes, puisque composées de droïdes, mais en plus la nourriture des prisonniers était infecte. Chalco se demandait pourquoi diable le Comte Dooku n'investissait pas dans de la cuisine haut de gamme pour rallier les prisonniers à sa cause: "Engagez-vous, on vous nourrira bien!" Mais le sentiment patriotique à l'égard de la République n'avait jamais flanché en lui, pas plus qu'en la centaine de survivants des Milices de Pengalan. Tous faisaient désormais la queue pour se "nourrir" d'une bouillie de grumeaux verte servie par un droïde cuisinier. Une haie d'honneur était faite par des droïdes de combat B-1 qui surveillaient les prisonniers, leurs têtes allant et venant de gauche à droite de la file de combattants en loques.
Chalco espérait que son message était bien arrivé sur les communications d'urgences républicaines et qu'on viendrait les sauver. Des centaines de fois il avait essayé de dresser une façon de s'évader des clôtures électrifiées, des gardes droïdes, des patrouilles de STAPS et des quelques chars blindés, mais à chaque fois, il ne s'imaginait pas faire cent mètres, et encore moins rallier Tur Lokin pour rentrer chez lui. Cependant, se résigner à abandonner ses hommes c'était faire preuve de lâcheté, et jamais le chef des Milices Républicaines ne consentirait à abandonner ses hommes : il ferait bonne figure, ou il mourrait. Finalement, tel était son choix.
Pour la énième fois de la journée, son aide de camp que Chalco soupçonnait de devenir fou, lui demanda quand est-ce qu'on viendrait les chercher. Sa blessure à la tête n'avait pas cessé d'empirer et les droïdes ne disposaient pas de médecins, encore moins d'une cuve bacta. Chalco l'avait regardé quelques heures plus tard demander ça de plus en plus faiblement, puis ne plus rien demander du tout, sauf sa femme. Le nom de sa femme était devenu un rituel: Lina, Lina, criait-il. Son cri était difficilement supportable et sapait le moral des survivants. Chalco l'avait ensuite regardé mourir subitement, emporté par l'hémorragie cérébrale. Le jeune homme avait poussé un soupir de soulagement, à la fois pour son aide de camp et pour les autres, comme pour lui-même.
Un des lieutenants du capitaine Chalco avait été assigné à l'observation du ciel des alentours de Tur Lokin afin de voir si un vaisseau sortirait de l'hyperespace et viendrait les secourir. Il vint le voir au moment où les droïdes B-1 et B-2 commençaient à s'affoler.
- Capitaine, je crois que la cavalerie arrive!
- C'est une très bonne nouvelle! Informez les hommes qu'on vient nous délivrer.
Mais les espérances du jeune homme s'écroulèrent vite lorsqu'un droïde aux épaulettes jaunes vint fixer l'homme avec ses photorécepteurs.
- Rassembler vos hommes, nous avons reçu l'ordre de vous escorter jusqu'à notre vaisseau.
- Mais ce ne sont pas les lois de la guerre! Vous ne pouvez pas faire ça!
- Des ennemis de la Confédération ont été repérés en orbite de la planète, fit le droïde. Vous avez ordre de nous accompagner avant que les troupes du croiseur ne débarquent.
- Bien... je vais rassembler les hommes...
Chalco ne pouvait prendre le risque de laisser ses hommes se faire tuer par les droïdes s'ils venaient à se rebeller. Il informa son lieutenant de dire aux miliciens qu'ils allaient quitter le camp pour rallier la barge de débarquement des Séparatistes. Puis, il se tourna vers le point dans le ciel bleu, vers son espoir de liberté.

Le navigateur clone se tourna vers Zak.
- Commandant, deux... trois... non quatre missiles tirés dans notre direction, dit-il impassiblement.
- Impact estimé?
- 3 minutes, Commandant.
Zak hocha la tête et se tourna vers son frère et Joram Kithe. La sortie d'hyperespace s'était faite sans aucune anicroche. Mis à part le cargo de classe Lucrehulk qui avait fait débarquer ses troupes droïdes, il n'y avait rien. Mais mille cinq cents chasseurs droïdes feraient la différence. Ils devaient agir vite pour devancer leurs adversaires. Il se rapprocha du navigateur.
- Dérivez l'énergie des lasers vers les propulseurs. Pénétrez dans l'atmosphère.
L'Acclamator décrivit une légère courbe descendante et l'atmosphère commença à se rapprocher dangereusement de par la vitesse du vaisseau. Les boucliers commencèrent à surchauffer lorsque l'Héritage de la Mer arriva dans l'air de Pengalan. Le paysage était sans aucun doute très beau, d'une douceur ordinaire comme les Padawans en avaient longtemps rêvé. Les collines arboraient d'immenses forêts et la capitale était constituée de petits bâtiments qui semblaient être fait pour ne pas rivaliser avec la taille des arbres. Un respect à mère nature, se dit Maarek. Le navigateur redressa la barre pour permettre un atterrissage en douceur. Zak se dirigea alors vers le comlink qui relayerait son allocution à tout le monde.
- Ici le Commandant Delterr, à tous les soldats et tous les pilotes, préparez-vous à l'atterrissage.
Une série de bips fut émise de l'autre côté de la passerelle. Zak savait bien que ce n'était pas les commandants de groupe d'assaut qui répondaient, mais bien les ennemis.
- Commandant, deux... trois... non quatre contacts, fit le contrôleur des radars. Ils se dirigent droit sur nous. Des torpilles, sans aucun doute.
- Estimation?
- Trois minutes, Commandant.
- Changement de plan alors. (Il reprit le comlink.) A tous les pilotes, décollez dès que vos canonnières seront chargées à bloc. Ceci est une évacuation d'urgence!
- Que faites-vous? l'interrompit Joram.
- J'essaye de nous sortir de là. Nous n'aurons pas le temps de détruire ces missiles. Je dois sauver le maximum de soldats pour que la mission soit un succès. Vous ferez partie du premier assaut, avec les ARC. D'accord?
Joram hocha la tête, visiblement mécontent. Les Jedi ne le protégeraient pas des droïdes. Il devrait se débrouiller tout seul.
- Et moi? demanda Maarek.
- On va amener le vaisseau juste au-dessus de la capitale afin que l'assaut soit réussi. Nous devons libérer les prisonniers.
- Je pensais qu'ils étaient dans la capitale, répondit le frère aîné.
- Pas si j'en crois le scan que l'on vient de faire.
Un holo s'afficha et montra une sorte de camp de prisonniers improvisé, dont ces derniers étaient mis en colonne pour marcher vers une barge de débarquement qui les emmènerait à coup sûr comme esclaves vers les territoires Séparatistes.
- Que la Force soit avec vous Joram, fit Maarek.
- Je ne crois pas à ça... mais merci quand même, répondit l'homme.
Il se dirigea vers la coursive et Maarek l'imagina sans peine rejoindre les clones ARC qui étaient chargés de prendre ou détruire l'usine à missile.
- Ouvrez la baie, demanda Zak. (Il vit le voyant vert s'allumer, signal que la baie de débarquement s'ouvrait.) Donnez le signal.
- Signal envoyé.
Un large écho se fit entendre dans toute la surface du croiseur Acclamator: une sirène hurlante appelant les soldats à se préparer à l'assaut. Une fois la barge complètement ouverte, et Zak pouvait suivre cela depuis une caméra installée sur le plafond de la baie, les canonnières républicaines se lancèrent à pleine vitesse depuis le treuil central sur lequel elles étaient toutes attachées. Elles furent soixante-dix à se succéder à une vitesse incroyable, ne donnant aucun répit à un contrôleur de vol formé pour cela.
- Donnez l'ordre au reste de l'équipage d'évacuer le vaisseau dans les dix canonnières restantes. Placez le vaisseau en orbite stationnaire, direction la périphérie de Tur Lukan.
- Impact, impact, impact, répéta le contrôleur.
BAM! BAM!... BAM!... BAM!
Les intervalles se succédèrent rapidement, touchant plusieurs endroits du vaisseau. Les deux premiers missiles touchèrent les turbines, qui explosèrent, Les deux autres touchèrent la face dorsale du croiseur, un autre la base de la passerelle. Cette dernière trembla.
- Estimation des dégâts, cria Zak pour couvrir les alarmes.
- Plus de poussée, Commandant. Nous perdons de l'altitude trop rapidement.
- Raison de plus pour évacuer le plus rapidement.
Il se dirigea vers la sortie avec les clones et son frère, après avoir enclenché le signal de détresse qui se manifesterait sur toutes les communications militaires de la Grande Armée de la République. Peu après, félicitant la vitesse des ascenseurs intra-croiseur, ils débouchèrent dans la baie et foncèrent têtes baissées vers les canonnières restantes où les pilotes attendaient avec un calme irréprochable. Lorsque tout le monde fut à bord, Zak donna le signa du décollage et les pilotes précipitèrent les canonnières dans la baie grande ouverte. L'accélération donna presque la nausée à Maarek qui avait peu l'habitude de voler contrairement à son frère. Ce dernier se tenait à une main à l'un des arceaux qui permettaient de s'accrocher pour éviter d'être propulsé hors du vaisseau.
- Comment va-t-on attaquer les prisonniers, c'est ça que je me demande, fit Zak.
- Demande à ce qu'on nous largue au-dessus de la colonne. Les pilotes aiment à frôler leurs ennemis. Disperse deux groupes de canonnières : l'un fait demi-tour pour attaquer la tête de la colonne, tandis que l'autre attaquera l'arrière et nous lâchera au passage.
- Très bonne idée, fit Zak qui s'empressa de le répéter sur le comlink sécurisé.
Les canonnières se séparèrent et le convoi de tête prit de l'accélération pour dépasser au plus vite les chars blindés et les STAPS des droïdes. Ces derniers avaient repéré l'étrange manège qui se jouait au-dessus de leurs têtes mécaniques et deux droïdes de combat équipés de lance-missiles firent feu sur les canonnières. Les coups firent tous deux mouche: le premier détruisit la canonnière en son centre, envoyant voler dans l'air des clones déjà percés de multitude d'éclats. L'autre toucha l'arrière de la deuxième canonnière au niveau des turbines. Zak songea qu'elle pourrait atterrir en urgence et les clones les rejoindre après. Les canonnières restantes vengèrent leurs frères de sang Mandaloriens avec des tirs de canons composites. Les volées de missiles partirent en direction des chars et les pilotes firent plusieurs passages jusqu'à ce qu'ils n'en aient plus. Une fois épuisés le stock, ils se posèrent à cinq cents mètres de la tête de la colonne pour la retarder un maximum.
Tournant la tête, Maarek vit les canonnières de Joram Kithe et des clones ARC se poser à l'entrée de la capitale planétaire. Il lui souhaita bonne chance dans la Force puis se focalisa sur son attaque. Placée en tête, la canonnière dans laquelle ils étaient tous deux, frères en armes, prit une avancée spectaculaire et dans la Force, les deux frères se contactèrent pour décider du moment propice pour sauter. Les droïdes de combat étaient mêlés aux prisonniers: c'était eux la priorité. Ils laissaient les chars blindés aux canonnières, qui n'en feraient bientôt qu'une bouchée.
- Maintenant!

Le signal indiquait à la fois le saut des frères Jedi mais aussi la descente en rappel des clones. Ces derniers, attachés à un filin qui obligeaient la canonnière à rester en stationnaire, firent des ravages dans les rangs des droïdes massés au-dessous des vaisseaux. Des grenades à plasma explosèrent, mais les miliciens étaient des hommes aguerris au combat. Ils se couchèrent en voyant les minuscules objets tombés au sein des rangs Séparatistes. Lorsqu'elles explosèrent, elles dispersèrent les droïdes en masse de feraille. Les miliciens se ruèrent alors vers les blasters pour se défendre. Une dizaine furent encore en état de fonctionner. Chalco et sa garde rapprochée les prirent pour défendre les plus faible, puis il se retrouva nez-à-nez avec deux adolescents portant des sabres laser.
- Qui êtes-vous? fit-il.
- Zak Delterr, et voici mon frère aîné, Maarek. Nous sommes là pour vous venir en aide.
- Pas trop tôt...
- Mieux vaut tard que jamais, Chalco.
- Vous savez qui je suis?
- On verra un autre moment comment on est venu ici!
Le frère aîné ordonna aux combattants n'ayant plus la force de porter les armes de se mettre sur le bas-côté de la chaussée afin de se protéger. Les frères s'unirent alors dans la Force pour attaquer les droïdes placés de manière disparate. Un STAP essaya de les charger avec ses tirs de canons laser et tua un milicien. Maarek utilisa la Force pour repousser le STAP contre un char blindé. Le droïde fut écrasé par le poids de la compression et le STAP explosa avec le peu de carburant qui lui restait. Cela n'endommagea qu'à peine le char qui se tourna dans la direction des deux Jedi... pour exploser à temps. Une canonnière avait lancé deux missiles à l'arrière de l'engin ennemi qui continua sa course en crachant des flammes.
Chalco et ses hommes restèrent derrière les Jedi tout en les couvrant sur les côtés. Une union sacrée venait de se mettre en place : les uns renvoyaient les tirs, les autres faisaient mouche et ramassaient les blasters au fur et à mesure qu'ils tombaient des mains des droïdes. Mais les chars blindés avaient compris la man?uvre et les chasseurs droïdes commencèrent à pointer dans le ciel. Les canonnières républicaines déposèrent alors leurs troupes à une distance moyenne du convoi chamboulé, de manière circulaire, puis redécollèrent le plus rapidement possible, de même que celles de Tur Lukan, pour intercepter les chasseurs ennemis. Les chars détournèrent leurs canons et l'action de guérilla entrait maintenant en scène. Un tir de mortier lourd explosa au milieu d'une dizaine de miliciens, les tuant sur le coup. Chalco et son aide de camp foncèrent en courant aussi vite que leurs membres le leur permettaient vers la trappe d'accès du char. Ils l'ouvrirent et lancèrent une grenade récupérée sur un cadavre de soldat clone. Ils se dépêchèrent de courir ensuite pour se mettre à l'abri. L'explosion fut du plus bel effet et emporta quatre droïdes.
Les tirs automatiques des chars entrèrent alors en action, mais ils ne pouvaient pas s'aventurer sur l'accotement sous peine d'être renversés hors de la chaussée. Zak et Maarek eurent alors la même idée. Ils se tournèrent vers Chalco.
- Il faut attirer les chars vers le côté de la chaussée, pour qu'ils se renversent, dit Maarek.
- Vous voulez qu'on joue au tir au pigeon? Sans façon!
- C'est le seul moyen de ne pas faire de carnage!
Et sur ces mots, les deux frères s'élancèrent, poursuivis par des chars d'assaut dont on avait l'impression qu'un désir d'écraser les intrus émanait. Cependant, ils se firent rapidement prendre au piège. Les deux chars glissèrent hors de la chaussée et les miliciens amassés sur l'accotement se jetèrent vers les trappes avec une envie folle de désactiver leurs ennemis mécaniques à tout prix.

- A terre! A terre! cria un milicien borgne.
L'explosion le projeta dans les airs et tua deux de ses camarades, fauchés par des morceaux de duracier en fusion. L'idée du Padawan avait fonctionné jusqu'à un certain point : dans la mesure où les chars étaient déstabilisés par l'accotement, ils étaient vulnérables. Mais à partir du moment où ils s'étaient rétablis en contrebas, ils redevenaient supérieurs aux tactiques de guérilla. Lorsque les derniers chars restants avaient atteint le sol, les miliciens étaient remontés sur la route. Maarek et Zak leur firent signe d'avancer en direction de la capitale planétaire, où ils seraient à l'abri pendant quelques temps, si toutefois Joram Kithe avait accompli son boulot.
- Où peut-on se réfugier, Chalco? demande le plus âgé des frères.
- Il y a bien l'entrée de Tur Lukan, où nous avons installé notre poste de commandement, mais j'ignore si on pourra l'atteindre à temps. (Il haussa les épaules.) On peut essayer.
- Rien d'autre comme points stratégiques? Une hauteur?
Le chef des miliciens réfléchit un instant et pointa droit devant lui, au nord-ouest.
- Il y a une colline qui domine à peine la ville, et en-dessous, les réserves d'eau. Si on peut l'atteindre, on pourra la fortifier. Mais nous devons passer auparavant chercher des armes.
Ils baissèrent la tête au moment où un tir de mortier d'un char blindé lourd passa au-dessus d'eux. Il alla soulever un monticule de terre à cent mètres devant eux. La course reprit pendant environ un kilomètre, progressant en trois groupes distincts, pour éviter les tirs qui auraient ravagé la formation. Maarek vit émerger la silhouette de carcasses brûlées, sans nul doute les speeders d'assaut des miliciens qu'ils avaient utilisés contre les droïdes de la Fédération du Commerce. Deux canons laser lourds étaient calcinés mais un dernier gisait canon contre terre de l'autre côté de la tranchée et des boucliers défensifs montés à la hâte.
- Nous avons que dix minutes avant qu'ils ne soient sur nous, fit Zak.
Chalco prit la parole.
- Que tout le monde ramasse ce qui semble en état de marche! N'oubliez pas les rations de survie, cela peut-être utile!
Maarek fit signe à ses soldats clones, cinq minutes plus tard, de se mettre en marche vers la position que lui avait montré du bout du doigt le défenseur natif de Pengalan. Ce dernier lui jeta un coup d'?il, arrivé au pied de la colline.
- Evidemment, ça a moins de gueule que ce que l'on peut imaginer... Mais de là, on pourra tirer à vue les droïdes de la Fédération restant, ainsi que les chars... s'ils n'appellent pas du renfort!
- Oui... j'espère que les canonnières arriveront à les arrêter à temps... (Il prit son comlink, conscient que Joram pouvait lui fournir davantage de renseignements à tout instant.) Joram? Comment ça va de votre côté?
- Je vais bien, mais la majorité de mes soldats sont morts...
- Et les ARC?
- Impeccable! Ils sont très efficaces, en particulier Tooth.
- Qui?
- Tooth, murmura Joram. C'est le nom que j'ai donné au chef, mais je vous expliquerai plus tard.
- Très bien, répliqua Maarek. Où en êtes-vous?
- Nous sommes dans l'usine, nous nous sommes fait passer pour des agents Séparatistes. Je vous recontacte dès qu'on a du nouveau. Terminé.
La communication prit fin et Maarek reporta son attention vers les faubourgs de la ville. Un détachement d'une centaine de droïdes venaient dans leur direction. Quelques droïdes B2, reconnaissables à leurs carrosseries grises métallisées, faisaient partie du lot. Maarek reconnut trois chars d'assaut dont un lourd équipé d'un mortier, qui allaient leur poser des problèmes. Levant les yeux au ciel, il aperçut la bataille entre les canonnières et les chasseurs droïdes qui continuait. Ayant le soleil dans les yeux, il ne put distinguer qui l'emporterait : cela était vital pour savoir s'ils pourraient s'échapper ou pas.
Zak jeta un regard en arrière, alors que son frère fixait l'horizon. La colline offrait une légère dépression dont les miliciens et les soldats clones tirèrent parti pour s'offrir un abri. Allongés à même la poussière et les touffes d'herbes, certains discutaient entre eux, mais la tension était palpable. Le jeune Jedi fit jouer de ses mains comme des percussions et déporta son regard vers l'installation des boucliers de faible capacité et de la tourelle automatique qui offrirait une défense rudimentaire.
Que la Force soit avec nous..., pria-t-il.
Les droïdes avancèrent et arrivèrent au pied de la colline. Les tirs s'intensifièrent. Les boucliers permirent d'absorber l'essentiel des tirs le temps que les miliciens et les soldats ne répliquent. Les détonateurs thermiques, lancés çà et là dans les deux camps firent plus de bruit que de mal. En effet, le cordon républicain était si mince que les détonateurs explosaient loin des soldats. Un tir de mortier ne tarda pas à avoir raison des boucliers. Ces derniers clignotèrent comme s'ils cherchaient à se rallumer et à rallumer la flamme de la défense dans le c?ur des patriotes, puis s'éteignirent, livrant les Républicains au feu ennemi.
C'était la Guerre des Clones dans toute sa splendeur: ni Zak, ni Maarek et encore moins Chalco ne comprenaient ce qui arrivait, jusqu'à l'explosion de l'usine de missiles. Les droïdes eurent un instant d'hésitation comme si l'explosion avait perturbé leurs circuits, et Zak en profita pour lancer la contre-attaque. Sabre laser allumé, il dévala à toute allure la pente puis sauta en direction d'un groupe de droïdes qui le fixaient de leurs photorécepteurs. Ils n'eurent pas le temps de faire feu, malgré leurs doigts mécaniques sur la détente. Le premier coup latéral eut raison de la tête d'un droïde B1; puis un B2 chercha à pointer son poignet doté du canon laser vers le Jedi. Grossière erreur. Il se retrouva avec un moignon en fusion, puis une trace de sabre laser en travers de la poitrine qui toucha les organes électroniques essentiels. Il s'effondra. Le troisième droïde fut plus hésitant à attaquer, mais un milicien l'abattit d'un tir laser.
Soldats clones et miliciens dévalaient la pente. Les premiers, en tête, couvraient les miliciens qui jouaient les frondeurs avec les détonateurs thermiques qu'on leur avait confié. Jouant les casse-cous, ils couraient en zigzag au-devant des chars d'assaut qui tentaient de les abattre. Cependant, le terrain ne leur était pas favorable, comme depuis le départ. Même si les trois-quarts des miliciens étaient morts dans la défense de la planète, le dernier quart semblait déterminer à en finir avec l'envahisseur. Les chars d'assaut explosèrent à plusieurs minutes d'intervalle, et Maarek observa le spectacle avec satisfaction, alors qu'il parait les tirs de blaster des droïdes.

Les canonnières de la République avaient elles aussi profité de l'instant de répit dû à l'explosion de l'usine. La totalité des chasseurs droïdes avait été éliminée et le capitaine responsable de l'Aile de Vol annonça qu'ils devaient faire demi-tour pour retrouver les deux Padawans et les soldats clones, suite à l'appel de Joram Kithe annonçant le départ de lui et les clones ARC dans un transport volé au spatioport de Tur Lukan. La canonnière de tête plongea en direction de la bataille, au pied d'une colline, et montra l'exemple et se rétablissant en vol stationnaire après avoir mitraillé les dernières poches de résistance ennemie. Le capitaine fit un signe à Maarek qui ne tarda pas à approcher et à monter dans la canonnière.
- Nous avons reçu un message de l'observateur Kithe, Commandant. Il dit que la mission a été un succès et demande votre évacuation.
Maarek hocha la tête et était conscient qu'une rapide mise à jour des plans et des décisions étaient à prescrire. Il se tourna vers son frère et Chalco.
- Fais monter tous les soldats clones à bord, fit-il à son frère. Chalco, nous accompagnez-vous?
Le chef des miliciens sembla le regarder un instant.
- Vous ne deviez pas détruire toute influence Séparatiste sur la planète? demanda-t-il.
- J'ai d'autres ordres...
- Qu'allons-nous faire? Et nos familles? Vous y avez pensé?
- Chalco, je suis désolé. Vous pourriez venir avec nous et ensuite revenir sur Pengalan avec une force d'assaut pour libérer votre planète.
- Tout le monde s'en fiche de cette planète! Vous n'en aviez même pas entendu parler avant! Qui se souciera de minables fermiers et mineurs pris en otages par la Confédération? Vous? Vous vous en allez... Holonet? Nous ne sommes rien... Le Sénat Galactique? (Chalco cracha par terre.) Je suis un Loyaliste, et voila comment on nous remercie...
- Chalco, inutile de vous mettre dans des états pareils. Venez avec nous et je vous aiderai à obtenir une force d'intervention pour libérer votre planète...
Chalco l'arrêta d'un geste.
- Inutile, Jedi. La place d'un patriote est aux côtés de sa famille. Mes hommes et moi résisterons autant que possible, mais ne comptez pas sur moi pour venir accueillir les forces de la République quand elles viendront défiler sur nos corps et les carcasses métalliques des droïdes dans les faubourgs de Tur Lukan.
Sur cette diatribe, il tourna les talons et s'en alla, suivant des miliciens encore en vie à cet instant. Zak détourna le regard et monta dans une canonnière autre que celle dans laquelle son frère avait embarqué. La dizaine de canonnières restantes, à moitié vides, s'élevèrent dans l'atmosphère et rallièrent quelques instants plus tard l'espace, dont elles s'étaient protégés en fermant les baies. Faisant route en direction de la sixième planète du système, le Sans Peur sortit de l'hyperespace et ouvrit sa baie pour les accueillir.
Les deux frères avaient réussi leur mission, malgré des pertes énormes et la haine qu'ils avaient élevée au sein de la population pengalienne.

Lorsqu'ils retrouvèrent Coruscant pour le débriefing, c'était comme si de l'oxygène et la quête du repos les avaient secoués dans toutes les directions pour les rappeler qu'ils étaient chez eux. Zak poussa un soupir mélancolique quand Joram Kithe et un autre clone ARC, leur fit face.
- Je vous présente Mapper, fit l'observateur.
- Commandants, salua Mapper.
- Soldat... fit Zak en inclinant la tête. (Il se tourna vers Kithe.) Vous avez réussi votre mission, félicitations.
- Je n'ai pas réussi... A-52, enfin Tooth, a réussi. Il s'est sacrifié pour faire diversion, le temps pour nous de détruire l'installation.
- Alors la République décernera une médaille à notre frère, persifla Mapper.
Joram sourit à la réplique.
- Où allez-vous maintenant? demanda Maarek.
- Pas la moindre idée. Mais j'ai fait mon rapport : j'y ai stipulé que les clones ARC de la trempe de Digger ou Tooth étaient essentiels pour les missions de reconnaissance et d'infiltration. Il serait utile pour la République d'en créer davantage. D'ailleurs, à l'issue du débriefing, ils m'ont carrément demandé si un poste dans les Renseignements de la République m'intéressait.
- Et qu'avez-vous répondu? répondit Zak.
- Textuellement? (Zak fit oui de la tête.) "On verra!"
Ils éclatèrent tous de rire, sauf Mapper, qui ne put s'empêcher de faire un sourire narquois. Maarek tendit la main vers l'observateur.
- Cela nous a fait plaisir de vous rencontrer, Joram. (Il lui serra la main.) Et vous aussi, Mapper. J'espère que nous nous reverrons.
- Je pense que c'est le début d'un long partenariat, mon cher.
Ils se quittèrent peu de temps après. Les deux Jedi arrivèrent au pied du Temple Jedi, de retour chez eux, pour prendre du repos bien mérité.